Numéro 242 octobre 2019
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Il faut donner une nouvelle direction à la politique étrangère du Canada
Forum de discussion et piquetage d’information contre la conférence anti-Venezuela qui se tient à l’Université Concordia
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Ces derniers jours, les Canadiens et les Québécois ont été témoins de l’intensification des activités des grandes puissances pour justifier toutes sortes d’attaques contre le Venezuela et la souveraineté de son peuple: une déclaration incendiaire le 24 septembre à l’ONU du président de la Colombie Ivan Duque, qui accuse le gouvernement vénézuélien de « génocide » et de protéger des narcotrafiquants et des guérillas qui prépareraient une attaque contre son pays; la conférence prévue le 8 octobre du faux ambassadeur du Venezuela à Montréal; l’adoption d’une résolution par le Groupe de Lima, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à l’instigation du Canada et de trois autres pays, appelant à la création d’un groupe d’experts chargés d’enquêter sur les violations des droits de l’homme commises au Venezuela.
Tous les efforts sont faits, de concert avec les États-Unis, pour déstabiliser la région, isoler Cuba et le Venezuela et justifier une nouvelle intervention au nom de la responsabilité de protéger et d’autres prétextes.
Cela doit être dénoncé fermement. Joignez-vous à la discussion et venez vous informer sur ce qui se passe. Des représentants de différentes communautés expliqueront comment ils font face à ces prétextes visant à justifier l’ingérence et l’agression. Discutons du rôle honteux que joue le Canada dans tout cela. Le Canada doit être une zone de paix, pas de guerre.
Oppposons-nous au sale travail des agents du changement de régime violent au Venezuela et à leurs commanditaires canadiens
Joignez-vous à une discussion qui aura lieu à Montréal le vendredi 4 octobre et au piquet d’information le mardi 8 octobre contre le sale travail des agents de changement de régime violent au Venezuela et leurs commanditaires canadiens. Ces actions sont en réponse à la tenue d’une conférence anti-Venezuela qui a lieu dans le contexte de la campagne électorale et qui prétend vouloir résoudre la crise actuelle dans ce pays. Cette conférence a lieu le 8 octobre à l’initiative de l’Institut d’études sur le génocide et les droits de l’homme de l’Université Concordia et de la section montréalaise du Conseil international du Canada. L’orateur principal est Orlando Viera-Blanco, que les organisateurs appellent à tort ambassadeur du Venezuela au Canada. Il a été nommé par le président autoproclamé Juan Guaido. La reconnaissance de Guaido par le Canada constitue un acte d’ingérence flagrante dans les affaires intérieures et souveraines du Venezuela.
La règle veut que le corps diplomatique n’intervienne pas dans la campagne électorale canadienne, mais cela ne semble pas s’appliquer à Viera-Blanco, qui fait partie des forces de l’opposition soutenues par l’étranger qui tentent de renverser le président du Venezuela, Nicolas Maduro, élu selon les règles de la Constitution. La conférence du 8 octobre vise à créer un soutien pour cette cause injuste au Canada. Pour illustrer de quoi il s’agit, rappelons qu’à son retour d’un voyage récent en Israël en tant qu’invité officiel de ce gouvernement, Viera-Blanco a dit qu’Israël était l’exemple à suivre pour le Venezuela.
Tout cela fait partie d’une offensive lancée lors de la 74e session de l’Assemblée générale des Nations unies pour renforcer le siège du Venezuela sous l’égide des États-Unis et convaincre le Conseil de sécurité d’approuver les mesures de coercition illégales actuellement en vigueur et le recours éventuel à la force contre le gouvernement de Nicolas Maduro. Le 23 septembre, les ministres des Affaires étrangères de 16 pays d’Amérique latine et des États-Unis, tous signataires du Traité interaméricain d’assistance réciproque, également appelé Traité de Rio, se sont réunis à New York pour approuver l’activation de dispositions de ce traité contre le Venezuela. Vestige de la guerre froide, le traité de Rio a été imposé à l’Amérique latine et aux Caraïbes par les États-Unis en 1947 en tant qu’instrument pour « endiguer le communisme » dans leur « arrière-cour ». Suivant la même logique que le chapitre V de la charte de l’OTAN, il engage les États signataires envers la défense collective si l’un d’entre eux fait l’objet d’une attaque armée et autorise un éventail de mesures punitives pouvant aller jusqu’à la force militaire. Il a déjà été utilisé par les États-Unis pour envahir la République dominicaine, la Grenade, le Panama et le Nicaragua.
Le Canada n’est pas signataire du Traité de Rio, mais il s’est dit en faveur de son utilisation lors d’une réunion de l’Organisation des États américains (OÉA) en septembre. Le Canada soutient que le Venezuela représente « une menace évidente pour la paix et la sécurité dans la région » – une formulation conçue pour obtenir l’appui du Conseil de sécurité même si cela a échoué lamentablement à plusieurs reprises..
Le 25 septembre, le président de la Colombie, Ivan Duque, qui est présentement engagé dans la destruction du processus de paix dans son pays et préside au massacre impuni d’anciens membres de la guérilla et de dirigeants sociaux, a consacré l’essentiel de son discours à l’ONU à peindre la Colombie comme la victime d’une « attaque armée imminente » du Venezuela. Sa « preuve » repose sur des photos qui, dit-il, montrent des guérillas colombiennes opérant au Venezuela. En quelques heures, ces photos ont été exposées au monde entier comme étant des activités menées en Colombie, pas au Venezuela. (Il importe de noter que la Colombie est le premier et actuellement le seul « partenaire mondial » de l’OTAN en Amérique latine.) Dans son discours à l’Assemblée générale, Donald Trump a apporté ses propres mensonges à la cause, s’attaquant à Cuba, que lui et Duque tiennent responsable de leur incapacité à mettre à genoux le gouvernement, les forces armées bolivariennes et le peuple du Venezuela.
C’est dans ce contexte qu’a lieu la réunion à Concordia organisée par un ramassis de personnalités canadiennes et vénézuéliennes militant pour le changement de régime. Le président du Conseil international du Canada, qui commande l’événement, est le dernier ambassadeur du Canada au Venezuela, Ben Roswell, qui s’est fait une réputation à violer les normes de la diplomatie en utilisant l’ambassade comme base d’ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela. Depuis son retour au Canada en 2017, il sert d’expert interviewé dans les médias en faveur de ce qu’il appelle « l’approche exclusivement canadienne de la promotion de la démocratie » du gouvernement Trudeau au Venezuela. Ceci est présenté comme un contraste avec l’approche américaine et sa menace d’intervention militaire, bien que le but soit le même.
L’autre organisateur, l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de l’homme, est à l’origine d’un projet intitulé « La volonté d’intervenir », coprésidé par le général Roméo Dallaire. Il a pour mission de « prévenir un autre Rwanda » en encourageant l’intervention étrangère pour mettre fin aux atrocités et aux violations des droits de la personne, sur la base de la doctrine controversée de la « responsabilité de protéger », que le Canada promeut pour justifier des agressions et des interventions étrangères au nom de causes humanitaires. L’invitation à la rencontre indique que Viera-Blanco discutera des « risques de crimes d’atrocités de masse et de l’incapacité du gouvernement actuel de s’acquitter de sa responsabilité de protéger ».
Les Canadiens s’opposent à cette vile activité proguerre menée sous le diktat américain. L’ingérence du Canada au Venezuela doit être soulevée dans le contexte électoral par ceux qui veulent que le Canada soit un facteur de paix et non de guerre et d’agression.
Déclaration à propos de la conférence anti-Venezuela l’Université Concordia à Montréal
– Mouvements ALBA Canada –
L’Institut montréalais d’études sur les génocides et les droits de la personne de l’Université Concordia a annoncé la tenue d’une réunion le 8 octobre sous le titre « La crise au Venezuela : une discussion avec l’ambassadeur du Venezuela au Canada ». Le fait que la personne qu’ils ont annoncée comme orateur n’est pas l’ambassadeur légitime du Venezuela, désigné par le gouvernement légitime du Venezuela, montre clairement que la réunion fait partie de l’assaut en cours dirigé par les États-Unis contre le Venezuela et le gouvernement du président Nicolas Maduro.
L’avis de convocation est conçu pour désinformer et créer le maximum de confusion au Canada au sujet des problèmes auxquels fait face le peuple vénézuélien en raison des sanctions brutales et illégales et du blocus qui visent à le punir pour son soutien au gouvernement élu.
La suggestion que l’orateur invité de cet événement est l’ambassadeur du Venezuela est un mensonge éhonté. Il n’a pas été nommé par le gouvernement légitime du président Nicolás Maduro, mais par le « président » autoproclamé d’un parti d’opposition soutenu de l’étranger, que les États-Unis et le Canada ont constitué en un gouvernement parallèle à la suite du dernier coup d’État manqué.
La réunion se tient au milieu d’une élection fédérale pour appuyer la participation active du gouvernement canadien à l’assaut mené par les États-Unis contre le Venezuela. Outre son soutien aux sanctions illégales et au blocus imposé par les États-Unis qui constituent une punition collective des populations et un crime contre l’humanité, la ministre des Affaires mondiales Chrystia Freeland applique une politique agressive utilisant des « moyens diplomatiques » pour paralyser le travail de l’ambassade du Venezuela à Ottawa afin d’exercer le maximum de pression sur le gouvernement vénézuélien.
En janvier 2019, Affaires mondiales a commencé à refuser des visas aux diplomates vénézuéliens au Canada dans le but de s’ingérer dans leurs activités légitimes, ce qui a entraîné la fermeture des consulats du Venezuela à Vancouver, à Toronto et à Montréal.
Le 2 juin 2019, Freeland a annoncé que le Canada fermait « temporairement » son ambassade au Venezuela et que le Canada avait l’intention d’évaluer le statut des diplomates vénézuéliens au Canada nommés par le président Nicolás Maduro.
Depuis lors, des institutions publiques et privées des États-Unis et du Canada ont pris des mesures systématiques pour empêcher l’ambassade du Venezuela de s’acquitter de ses fonctions consulaires et autres. L’ambassade du Venezuela à Ottawa est le seul bureau représentant le gouvernement du Venezuela et est responsable du traitement de toutes les demandes de visas, passeports et autres documents officiels pour le Canada et les États-Unis.
Outre les attaques des gouvernements américain et canadien, FedEx a récemment notifié l’ambassade du Venezuela qu’il ne traiterait plus aucun paquet ni colis destiné à des adresses situées aux États-Unis. Plusieurs banques ont également demandé au chargé d’affaires de l’ambassade de fermer tous les comptes de l’ambassade transigés en dollars américains.
Toutes ces mesures résultent du blocus financier, économique et commercial des États-Unis destiné à étouffer le Venezuela sur tous les fronts, y compris en ciblant l’ambassade au Canada qui, malgré toutes les attaques, s’est acquittée avec honneur de ses fonctions.
Dans l’avis de convocation du 8 octobre, les déclarations hypocrites selon lesquelles le Canada appuie les Vénézuéliens dans leurs « efforts pour réaliser des réformes politiques et économiques » et le « rétablissement de la démocratie par des moyens pacifiques et négociés » ne peuvent dissimuler les crimes commis par les États-Unis et le Canada contre le peuple du Venezuela. La confusion que des réunions comme celle de Concordia ont pour but de créer, à un moment où les États-Unis et les forces qu’ils commandent sont en train d’essayer de saboter les chances des Vénézuéliens de résoudre leurs problèmes pacifiquement par le dialogue, sert à intensifier le siège du Venezuela et de son peuple et constitue un prélude à l’usage de la force.
Mouvements Alba Canada appelle tout le monde à se joindre au piquet d’information organisé le 8 octobre devant l’Université Concordia pour protester contre les activités anti-Venezuela promues par le gouvernement du Canada et les institutions canadiennes.
(Traduction : Le Renouveau)
Non au gangstérisme impérialiste! Exigeons la fin du siège brutal imposé au Venezuela!
– Margaret Villamizar –
Le 11 septembre, lors d’une réunion régulière du Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OÉA), les États-Unis et 10 pays d’Amérique latine signataires du Traité interaméricain d’assistance réciproque, également appelé Traité de Rio, ont adopté une résolution recommandant l’invocation de ce traité contre la République bolivarienne du Venezuela, cette dernière étant censée représenter « une menace manifeste pour la paix et la sécurité » dans les Amériques. Cinq autres pays qui sont également signataires et un autre se sont abstenus.[1] Le 23 septembre, à une rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays membres à New York, 15 d’entre eux ont approuvé l’application d’autres sanctions, mais sans demander le recours à la force. L’Uruguay s’est opposé à la motion et a annoncé son intention de se retirer du traité tandis que Trinité-et-Tobago s’est abstenue.
Le traité de Rio, instrument d’intervention étrangère
Ce traité, une relique de la guerre froide décrit comme un pacte de « défense » mutuelle, a été imposé en 1947 à l’Amérique latine et aux Caraïbes par les États-Unis en tant qu’instrument pour « endiguer le communisme » dans leur « arrière-cour ». Le traité engage les États signataires à la défense collective si l’un d’entre eux fait l’objet d’une attaque armée, conformément à la même logique que celle décrite au chapitre V de la charte de l’OTAN, selon laquelle une attaque contre l’un est une attaque contre tous. Le Traité de Rio permet l’autorisation d’une série de mesures punitives de nature diplomatique et économique allant jusqu’au recours à la force militaire. À la réunion du 11 septembre de l’OÉA, un amendement proposé par trois pays pour exclure l’option militaire contre le Venezuela a été rejeté.
Cette dernière tentative de rassembler une force régionale pour intervenir contre le Venezuela et lui donner un vernis de légitimité a été dirigée par les États-Unis de concert avec le gouvernement colombien qui s’emploie aujourd’hui à détruire le processus de paix dans son propre pays, alors que d’anciens guérilleros et dirigeants sociaux sont massacrés en toute impunité presque sur une base quotidienne. Le « gouvernement » parallèle et le « président », que les États-Unis et le Canada ont tenté sans succès d’imposer au peuple vénézuélien, ont été accrédités illégalement pour représenter le Venezuela à l’OÉA.
La pièce maîtresse de la réunion qui a été convoquée pour le 11 septembre était une harangue du ministre colombien des Affaires étrangères, décrivant son pays comme une victime, affirmant être menacé à cause de « groupes armés colombiens illégaux » et de « nouveaux groupes narcoterroristes » qui seraient prétendument hébergés, armés et entraînés sur le territoire vénézuélien avec le soutien du gouvernement vénézuélien et de ses forces armées.
Le rôle du Canada
Le Canada n’a pas pu prendre part au vote à la réunion de l’OÉA à Washington ou à celle de New York le 23 septembre car, comme un certain nombre d’autres États membres de l’OÉA, il n’est pas signataire du Traité de Rio. Toutefois, le Canada et plusieurs autres pays qui forment le soi-disant groupe de Lima mis en place par les États-Unis pour soutenir leurs efforts de changement de régime au Venezuela – et dans lesquels le Canada joue un rôle de premier plan – ont été les premiers à se prononcer en faveur du contenu de la résolution destinée à ouvrir la voie à une escalade et à donner un air de légalité au siège criminel déjà imposé au Venezuela.
Le représentant du Canada a commencé son intervention à l’OÉA en condamnant ce qu’il a appelé le « régime illégitime de Nicolas Maduro », reprenant les allégations du ministre colombien des Affaires étrangères à l’effet que le gouvernement du Venezuela « protège des organisations narcoterroristes et délinquantes ». Ces allégations ont tôt fait d’être démenties, étant basées sur un document manifestement falsifié attribué aux Forces armées bolivariennes du Venezuela. Signalant l’appui du Canada à l’invocation du traité de Rio utilisé par le passé par les États-Unis pour légitimer leurs invasions de la République dominicaine, de la Grenade, du Panama, du Nicaragua et d’autres pays, le représentant du Canada a convenu qu’il « existait une menace manifeste pour la paix et la sécurité dans la région » posée par des groupes armés colombiens qui opéreraient librement au Venezuela et a déclaré que le Canada partageait l’intérêt de la Colombie à réprimer de telles organisations.
En adoptant une politique d’apaisement envers le gouvernement de guerre des États-Unis au lieu de faire respecter le droit international et les normes de la diplomatie, le gouvernement Trudeau s’est retrouvé plongé dans un bourbier qui sent mauvais. Les propos hypocrites de Chrystia Freeland, chef du groupe de Lima, qui affirme que le Canada appuie le peuple vénézuélien et oeuvre en son nom pour une « transition pacifique » vers « la démocratie », sont démentis par les faits. Il n’y a rien de pacifique, de démocratique ou de légal à organiser un coup d’État contre un gouvernement librement élu par son peuple, et si cela ne fonctionne pas, assiéger le pays avec des menaces d’invasion et des mesures coercitives visant à affamer son peuple, le priver de médicaments. C’est fait pour essayer de le forcer à cesser de se battre pour défendre sa souveraineté et son droit d’être devant la menace d’invasion que les États-Unis continuent de brandir.
Ce à quoi le Canada participe est du gangstérisme impérialiste pur et simple. Ça ne doit pas passer !
Il est clair qu’il est urgent de donner une nouvelle direction à la politique étrangère du Canada – une direction qui ne contredit pas le désir des Canadiens de faire de leur pays une force pour la paix dans le monde et d’avoir des relations amicales avec tous les peuples au lieu de s’ingérer dans leurs affaires. Sans politique étrangère indépendante, le Canada n’aura aucun moyen de sortir du bourbier dans lequel il s’est mis suivant une politique d’apaisement envers les impérialistes américains, principale menace passée et présente à la paix et à la sécurité dans les Amériques et dans le monde. La nécessité d’extirper le Canada de la machine de guerre des États-Unis est un sujet qui mérite d’être sérieusement discuté dans ces élections.
Margaret Villamizar est la candidate du PMLC dans la circonscription de Windsor-Ouest.
Note
1. L’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, les États-Unis, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Paraguay, la République dominicaine et le Salvador ont voté en faveur de la motion. Le Costa Rica, le Panama, le Pérou, Trinité-et-Tobago et l’Uruguay se sont abstenus. Les Bahamas n’étaient pas présentes.
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