La Première Nation de Cowessess découvre 751 tombes anonymes
CHAQUE ENFANT COMPTE
Le chef Cadmus Delorme de la Première Nation de Cowessess a annoncé le 24 juin que 751 tombes anonymes ont été découvertes dans un cimetière situé près de l’ancien pensionnat indien de Marieval. Le pensionnat a été en fonction de 1899 à 1997 dans la région où vit aujourd’hui la Première Nation de Cowessess. L’État colonial et l’Église catholique ont obligé les enfants autochtones de toute la Saskatchewan et du Manitoba à rester dans ce pensionnat. La GRC et d’autres pouvoirs de police ont menacé les familles autochtones d’emprisonnement si elles ne leur remettaient pas leurs enfants.
Lors d’une conférence de presse, le chef Cadmus Delorme a déclaré : « Il ne s’agit pas d’une fosse commune. Ce sont des tombes non marquées. » Il a dit que certaines des tombes avaient auparavant des marqueurs, mais que le prêtre responsable du cimetière a ordonné leur retrait dans les années 1960 avant que la Première Nation de Cowessess ne prenne le contrôle du site. Le chef Delorme a dit que les récits des gardiens de vérité locaux parlent à la fois des enfants et des adultes qui sont là.
Le chef Delorme a déclaré que la Première Nation s’est associée à des équipes techniques de l’École polytechnique de la Saskatchewan pour fouiller 44 000 mètres carrés à l’aide d’un radar à pénétration de sol. Des restes humains ont été détectés à 751 « points de réaction », avec une marge d’erreur possible de 10 à 15 %. De plus, les résultats du radar ne montrent pas clairement si les corps à chaque « réaction » proviennent de plus d’une personne. Les équipes techniques seront en mesure de fournir un nombre vérifié dans les semaines à venir. Il a déclaré que l’annonce marque la phase I de la recherche et de l’identification des personnes qui ont été enterrées près de l’école Marieval. L’histoire orale de la communauté dit que d’autres sites de sépultures existent, ce qui nécessite des recherches plus approfondies dans toute la région.
Le chef Delorme a déclaré que la communauté souhaitait établir les noms des personnes se trouvant dans les tombes au cours des prochains mois. Il a ajouté que la communauté traiterait le site « comme une scène de crime », car des enfants autochtones ont été enlevés de force et enfermés, et beaucoup ont ensuite disparu, et aussi parce que l’église a enlevé les pierres tombales, ce qui est un crime grave en soi.
Un crime contre l’humanité
L’exécutif de la Fédération des nations autochtones souveraines (FSIN) adresse ses sincères condoléances et ses prières à la communauté de la Première Nation de Cowessess ainsi qu’aux survivants du pensionnat indien de Marieval et à leurs descendants.
« Le cimetière du pensionnat de Marieval a été géré par l’Église catholique romaine de 1886 à 1970. Pendant cette période, les enfants qui ont fréquenté le pensionnat de Marieval et qui sont décédés ont été enterrés sur ce site. Dans les années 1960, l’Église catholique a enlevé les pierres tombales et aujourd’hui, nous avons plus de 600 tombes non marquées, explique Cadmus Delorme, chef de Cowessess. Il ne s’agit pas d’une fosse commune, mais de tombes anonymes. Notre objectif final est de localiser, d’identifier et de poser des noms en l’honneur de nos êtres chers. »
« Des centaines d’enfants des Premières Nations sont allés au pensionnat indien de Marieval et n’en sont pas sortis. Malheureusement, ce n’est que le début. Il y aura des centaines d’autres tombes et sites d’enterrement non marqués sur les terres des Premières Nations, sur les sites des anciens pensionnats indiens, a déclaré Bobby Cameron, chef de la FSIN. Il y a des milliers de familles dans nos territoires visés par un traité qui attendent que leurs enfants reviennent à la maison. La Saskatchewan comptait le plus grand nombre de pensionnats et le plus grand nombre de survivants. Il y en aura des centaines d’autres. »
« Notre communauté est en deuil et nos familles souffrent. Chacun de nos membres de Cowessess a un membre de sa famille enterré là. La douleur que nous ressentons est réelle, déclare le chef Delorme. Veuillez respecter la vie privée de nos familles et de notre communauté en cette période très éprouvante. »
Déclaration du chef Michael Sack, chef de la Première Nation Sipekne’katik de la Nouvelle-Écosse (Indian Brook)
Il faut rendre des comptes sur ce qui est arrivé à des enfants autochtones innocents dans ce pays – il s’agit clairement de crimes contre l’humanité. L’année dernière, pour la première fois dans l’histoire, le monde a pu prendre conscience en « temps réel » de ce qui arrivait à notre peuple. La violence, le harcèlement, les menaces de mort et les dommages matériels ont été filmés, largement diffusés, et ont provoqué la consternation de centaines de milliers de personnes dans le monde entier[1]. La technologie est ce qui a fait la différence avec ce que nous savons être le résultat d’un racisme systématique envers les peuples autochtones depuis le début de la colonisation. Ces enfants vulnérables et précieux de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan n’ont pas eu l’avantage d’avoir quelqu’un qui raconte leur histoire et dévoile ce que nous savons être l’un des actes les plus horribles et diaboliques commis par une institution dans l’histoire de l’humanité. Ma communauté et moi-même sommes solidaires de tous les dirigeants autochtones et insistons pour que l’Église et le gouvernement du Canada expient ces crimes.
Note
1. Le chef Michael Sack fait référence à l’attaque contre les pêcheurs autochtones et leurs moyens de subsistance modérés en Nouvelle-Écosse. Pour plus d’informations, voir : « Tous les yeux sur la Mi’kma’ki », Le Marxiste-Léniniste, 24 octobre 202.