Idle No More a appelé à une semaine nationale d'actions en appui au droit des Mi'kmaq de pêcher sur leurs territoires non cédés. L'appel souligne que « l'inaction des gouvernements fédéral et provincial et de la GRC pour protéger les Mi'kmaq est une violation des droits inhérents des autochtones, des droits issus de traités et de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cela n'est pas de la réconciliation. » Il y a plus de 250 ans, le Traité de paix et d'amitié de 1752 a enchâssé le droit des Mi'kmaq de chasser et de pêcher sur leurs terres et d'y pratiquer le commerce. En 1999, une décision historique de la Cour suprême du Canada, R c. Marshall, a reconnu que les Mi'kmaq et les Malécites avaient le droit de chasser, pêcher et cueillir pour gagner une subsistance convenable. Les gouvernements retardent depuis 20 ans la mise en oeuvre de la décision des tribunaux, notamment en refusant de définir ce que constitue une « subsistance convenable ». La loi de la Nouvelle-Écosse interdit toujours aux Mi'kmaq de vendre ce qu'ils récoltent bien que cela fasse partie de leurs droits issus de traités. Entre-temps, le ministère des Pêches a accordé à Clearwater, le plus grand producteur de mollusques en Amérique du Nord, un quasi-monopole de la pêche au homard dans la région, au détriment des pêcheurs autochtones et non autochtones et de la conservation de la pêche elle-même. Face à l'inaction du gouvernement, la Première Nation de Sipekne'katik est devenue la première à lancer sa propre pêche autoréglementée comme moyen de subsistance convenable à l'occasion du 21e anniversaire de la décision Marshall, le 17 septembre 2020. Depuis le lancement de la pêche, elle a été victime d'intimidation, d'attaques violentes et de vandalisme, pendant que la GRC ne faisait que regarder. Halifax, Nouvelle-Écosse |
Des agents de Pêches et Océans foncent sur un bateau de pêcheurs Mi'kmaq à Burnt Church, Nouveau-Brunswick, en 1999. |
Les Mi'kmaq connaissent bien la violence et le racisme organisés par cet État. À la suite de l'arrêt Marshall en 1999, les pêcheurs Mi'kmaq de la Première Nation Esgenoopetitj (Burnt Church) au Nouveau-Brunswick ont fait face à trois ans de menaces, de violence et d'arrestations pour avoir affirmé leurs droits de pêche ancestraux et issus de traités. À ce moment-là, les Canadiens étaient scandalisés de voir des séquences vidéo d'agents de la GRC et du ministère des Pêches et Océans qui fonçaient sur les bateaux de pêcheurs Mi'kmaq et mettaient leur vie en danger pour « faire respecter la loi ».
Il y a un mois, face aux attaques, l'Assemblée des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse a déclaré l'état d'urgence. Le gouvernement Trudeau n'a pas agi pour mettre fin à la violence. Les agents de la GRC sont restés là, ont observé et filmé. Étaient-ils prêts à intervenir si la résistance des Mi'kmaq « devenait violente » ? Il semble bien que ce soit le cas. Le contraste avec l'intervention de la GRC en territoire des Wet'suwet'en n'a pas échappé à l'attention des Canadiens.
Les Mi'kmaq ne sont pas intimidés. Le chef Mike Sack de la Première Nation Sipekne'katik et les pêcheurs de cette communauté déclarent qu'ils continueront de faire valoir leurs droits. Ils disent que le Canada doit non seulement reconnaître leurs droits, mais les défendre. La résistance de la Première Nation Sipekne'katik a inspiré d'autres, comme la Première Nation Membertou du Cap-Breton, à faire de même.
L'affirmation de leurs droits par les peuples
autochtones jouit d'un large soutien des peuples
du Canada et du Québec.
Parallèlement aux attaques en Nouvelle-Écosse, un juge de l'Ontario a ordonné aux défenseurs de la terre des Six Nations de Grande Rivière de quitter la région appelée 1492 Land Back Lane sur le territoire de la rivière Grand, sur les terres des Six Nations près de Caledonia, sous peine d'arrestation. La Police provinciale de l'Ontario semble se mobiliser encore une fois pour la répression violente des défenseurs de la terre autochtones.
Tous ces problèmes trouvent leur source dans l'héritage colonial raciste que l'on appelle Canada. Lorsque la nouvelle de la violence en Nouvelle-Écosse a éclaté, j'ai immédiatement pensé à des agents de police infiltrés qui se livraient à de sales coups, comme c'est habituellement le cas. Chaque fois que les travailleurs sont confrontés à l'insécurité de leurs moyens de subsistance et de leur avenir, les agents de l'État en viennent à blâmer les minorités nationales, les peuples autochtones et les immigrants pour leurs problèmes. De cette manière, les gouvernements, les entreprises et les riches oligarques, ceux qui détiennent réellement le pouvoir et établissent la direction de l'économie, essaient d'éviter la responsabilité et une nouvelle direction. Pire encore, le gouvernement et les pouvoirs policiers, qu'il s'agisse de la police locale, de la GRC ou de l'armée, sont appelés à imposer une « paix » raciste et à remettre les choses en ordre comme s'ils étaient des parties désintéressées.
Chef cri Mistahi Maskwa (Big Bear) |
Nous voyons bien que la mission initiale de la GRC était de supprimer les peuples autochtones des Prairies. Voir la photo ci-contre du grand chef cri des Prairies Mistahi Maskwa (Big Bear) emprisonné, humilié et enchaîné juste avant sa mort en 1888. Son « crime » était d'avoir dirigé la résistance de son peuple à l'assaut de l'État canadien colonial raciste.
L'industrie de la pêche en mer a été exploitée et détruite pendant des décennies par de grandes entreprises privées avec l'aide des gouvernements à tous les niveaux qui leur donnent le feu vert sur le plan de la loi. La vie d'un pêcheur est précaire et « saisonnière » et l'industrie est passée en quelques générations de petits bateaux à une pêche en grande partie commerciale, alors que la pêche côtière était constamment menacée de destruction par les géants de la pêche en haute mer. La vie des gens a été bouleversée, comme à Terre-Neuve avec la destruction de la pêche à la morue. Pour tenter d'échapper à cette tourmente, les gens font des pieds et des mains, cherchent à survivre et à trouver des solutions.
Une partie de la recherche de solutions consiste à déterminer qui est responsable des problèmes et quelle force et quelle conscience sociales fourniront une voie vers l'avant et donneront naissance au nouveau. L'élite dirigeante fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher les travailleurs de voir qu'ils sont la solution en trouvant et en forgeant une nouvelle direction prosociale pour l'économie et le pays. Une des méthodes les plus courantes pour contrecarrer l'ambition du peuple à trouver des solutions qui servent ses intérêts communs est de diviser le peuple et de dresser les gens les uns contre les autres plutôt que contre l'élite dirigeante, son État colonial et ses pouvoirs de police.
Le fait que la pêche autochtone ne représente qu'une petite partie des prises de homard est une preuve irréfutable qu'il y a anguille sous roche, c'est-à-dire une incitation délibérée à la haine et aux tensions envers les peuples autochtones par ceux qui sont au pouvoir. La ministre fédérale des Pêches, Bernadette Jordan, a attisé les flammes de la façon habituelle à peine voilée des libéraux en disant essentiellement que les Autochtones braconnent le homard. Jordan, qui est également la députée d'une communauté de pêche rurale en Nouvelle-Écosse, a déclaré que la conservation « sous-tend tout ce que nous faisons », ajoutant que les stocks de homard de la Nouvelle-Écosse demeurent sains. De cette manière détachée, les libéraux entendent se cacher derrière l'environnementalisme comme moyen de justifier le déni des droits ancestraux des peuples autochtones. « Nous n'irons jamais de l'avant avec un plan qui menace la santé de l'espèce », a déclaré Jordan. Elle n'a pas répondu directement lorsqu'on lui a demandé si le droit issu du traité de pêcher pour gagner sa vie s'étendait à la pêche en dehors de la saison du homard réglementée par l'État.
Lorsque les attaques actuelles contre les pêcheurs autochtones ont éclaté en septembre, Jordan a clairement indiqué qu'Ottawa était opposée à toute pêche en dehors de la saison réglementée. Quant à la définition de ce qui constitue des droits ancestraux et issus de traités, et même à la décision du tribunal colonial concernant le droit à une « subsistance convenable » pour les pêcheurs autochtones, Jordan a déclaré que la question doit être tranchée par des négociations avec chaque Première Nation. Elle a dit qu'une définition « mur à mur » n'était pas une option. C'est bien cela, lier les mains de toutes les Premières Nations en les forçant à consacrer du temps et des ressources à des avocats et à des frais juridiques pour plaider devant les tribunaux coloniaux tout en déchaînant dans la pratique la violence raciste et en privant les peuples autochtones de leurs droits ancestraux et issus de traités.
Se cachant derrière le verbiage libéral habituel au lieu de parler clairement de ce qui lui passe par la tête, Jordan a déclaré : « C'est une question très complexe et elle varie d'une communauté à l'autre. Nous ne pouvons pas dire aux Premières Nations ce qu'est un moyen de subsistance convenable. »
Vous ne pouvez pas dire aux Premières Nations comment vivre ? ! ! Votre État colonial raciste n'a jamais cessé une seconde de dire aux peuples autochtones comment vivre. S'ils ne suivent pas votre diktat et vos règlements, ils sont jetés en prison ou tués !
Imaginez ! Blâmer les peuples autochtones pour la destruction de l'environnement et la surpêche ! Incroyable ! Qui sont les libéraux et leurs tribunaux pour dire aux Premières Nations quel genre de subsistance elles peuvent avoir ! ? Est-ce « convenable », « moyen », peut-être un pourcentage du total des pêcheries ? Devrions-nous leur assigner une valeur en dollars comme le font les impérialistes pour tout ? Avez-vous dit au propriétaire milliardaire de Clearwater Seafoods qu'il ne devrait exproprier qu'une quantité « convenable » de la valeur que ses pêcheurs et autres travailleurs produisent ? Les riches oligarques comme les empires des familles Irving et McCain renfrognent devant toute réglementation ou contrôle de leur « droit » de tirer le maximum de profit de leurs opérations.
Ces agents du gouvernement libéral sont une farce, mais aussi une bande de racistes coloniaux condescendants qui complotent toujours dans le dos du peuple. Avons-nous besoin d'une autre enquête sur la violence récente contre les peuples autochtones en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et partout au pays, comme l'a montré l'Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ? Vous, les libéraux, n'avez même pas encore abordé les conclusions des autres enquêtes menées par l'État, comme la Commission McDonald sur les actes illicites de la GRC.
Le gouvernement Trudeau et le gouvernement Harper avant lui n'ont pas agi pour mettre fin à la violence contre les peuples autochtones. Dans ce cas en Nouvelle-Écosse, vos agents de la GRC sont restés à l'écart tout en regardant et filmant la violence contre la Première Nation Sipekne'katik. Cela me porte à croire que la GRC est prête à intervenir si la résistance des Mi'kmaq s'intensifie et à intervenir pour intensifier la violence comme elle l'a fait ailleurs, comme à Caledonia. Cette même année, nous avons vu la GRC arrêter violemment les défenseurs de la terre du territoire des Wet'suwet'en en Colombie-Britannique.
Les Canadiens ont une longue et fière histoire de défense contre la violence organisée par l'État, avec des organisations comme le Comité de défense indien et le Front du peuple. Lorsqu'ils ont été attaqués dans les années 1980, les gens d'origine indienne dirigés par le camarade Hardial Bains se sont d'abord et avant tout défendus sur la base d'une mobilisation politique maximum du peuple pour défendre les droits de tous. Ils ont activé le facteur humain/conscience sociale pour défendre les droits de tous parce que c'est là que réside notre sécurité, certainement pas dans l'État colonial raciste et ses pouvoirs de police.
Racisme et impunité policière
Le 9 octobre, le premier ministre du Québec François Legault a annoncé la nomination d'Ian Lafrenière au poste de ministre des Affaires autochtones. Celles et ceux qui réclament justice pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et réparation dans les cas de traitement raciste des personnes d'origine autochtone, comme dans le cas de Joyce Echaquan et de nombreuses autres victimes de violence policière, ont dénoncé la nomination de cet ancien policier qui s'est fait un nom au Québec comme agent des communications et des relations avec les médias au Service de police de Montréal (SPVM). Son rôle a toujours été de présenter sous un meilleur jour les activités policières dénoncées par le peuple.
Ian Lafrenière, député de l'Assemblée nationale de Vachon et adjoint au Parlement du ministre de la Sécurité publique, a représenté le SPVM au printemps 2012 pour défendre les activités répressives de la police contre les étudiants et leurs alliés, notamment l'usage de gaz lacrymogènes et les arrestations violentes.
En 2015, lorsque des étudiants du cégep de
Maisonneuve ont été stigmatisés comme un « nid de
radicalisation » parmi les jeunes, Ian
Lafrenière est intervenu pour justifier la
présence de la police sur le campus, invoquant le
besoin de recueillir des informations sur une
quelconque menace immédiate.
En juin 2016, il a été muté au poste d'adjoint au chef de la Division du renseignement du SPVM. Il a aussi été un officier d'affaires publiques réserviste pour l'armée canadienne. Il est ensuite devenu formateur pour l'UNESCO dans plusieurs pays d'Afrique. Il a également participé à des missions de formation policière en Tunisie, en Somalie, au Rwanda, au Mali, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Gambie et en Ukraine.
Plus récemment, devant la tragédie du traitement raciste fait à Joyce Echaquan avant qu'elle décède à l'hôpital de Joliette, sa position de ne pas reconnaître le profilage racial et le racisme inhérent aux arrangements étatiques actuels a été dénoncée par de nombreuses organisations. Selon Ian Lafrenière, il est « trop tôt » pour parler de racisme dans le système de santé.
Pour les victimes du racisme d'État et de la
brutalité policière, la nomination de Lafrenière
au poste de ministre des Affaires autochtones
ajoute l'insulte à l'injure et montre que vous ne
pouvez pas espérer de justice d'un système dont
les pouvoirs de police sont déployés contre vous.
(Photos : LML)
Des militants et des résidents du quartier de Malton dans la Région de Peel, à l'ouest de Toronto, continuent de réclamer la fin de l'impunité policière face au retard inexcusable pris pour rendre justice aux familles des trois hommes qui ont été tués par balle par la Police régionale de Peel plus tôt cette année.
Jamal Francique, âgé de 28 ans, a été tué lors d'une « interaction » avec des agents de la Police régionale de Peel (PRP) le 7 janvier 2020 à Mississauga, qui fait partie de la Municipalité régionale de Peel. L'affaire a immédiatement été transférée à l'Unité des enquêtes spéciales (UES), l'organisme ontarien responsable d'enquêter sur les incidents à l'origine de décès ou de blessures pouvant avoir été causés par un crime commis par un agent de police. Un communiqué de presse publié par l'UES le 24 juillet 2020 indique que « le travail sur le terrain est pratiquement achevé » et que l'identité de « l'agent impliqué », celui qui a effectivement tiré et tué M. Francique, est connue.
La Loi sur les services policiers de l'Ontario impose au directeur de l'UES l'obligation de recommander des accusations criminelles contre un agent en service dont on sait qu'il a tué ou blessé quelqu'un dans tous les cas où il existe des « motifs raisonnables » de porter des accusations. Cependant, cela fait plus de neuf mois que M. Francique a été tué et au moins deux mois depuis que le travail sur le terrain a été « pratiquement achevé » et que le tueur a été identifié. Pourtant, aucune raison n'a été donnée à la famille ou au public pour expliquer pourquoi les accusations n'ont pas été annoncées.
D'Andre Campbell, 26 ans, a également été tué lors d'une « interaction » avec la Police régionale de Peel à Brampton, qui fait également partie de la Municipalité régionale de Peel, le 6 avril 2020. Dans un communiqué de presse publié par l'UES le 11 juin 2020, il est indiqué que l'identité de l'« agent impliqué » est connue et que l'UES dispose des déclarations des quatre autres agents de police présents ainsi que de quatre membres de la famille de M. Campbell. Cela fait maintenant plus de six mois que M. Campbell a été tué et plus de quatre mois que l'UES a des « motifs raisonnables » d'inculper le tireur. Pourtant, aucune explication n'a été donnée à la famille ou au public pour le retard dans la mise en accusation.
Ejaz Choudry, 62 ans, père de quatre enfants, était seul dans son appartement à Malton, un quartier de Mississauga, lorsqu'il a été tué lors d'une « interaction » avec la Police régionale de Peel le 20 juin 2020. Trois agents de la Police régionale de Peel ont grimpé une échelle menant au balcon du deuxième étage, ont poussé la porte de l'appartement et, en quelques secondes, ont commencé à tirer dans l'entrée. Ils sont ensuite entrés dans l'appartement où l'un d'eux a tiré sur M. Choudry à deux reprises et l'a tué, même si la victime ne présentait aucun danger pour personne. L'événement a été filmé sur vidéo par un voisin qui habite de l'autre côté de la rue. Dans un communiqué de presse publié par l'UES le 21 juin 2020, l'UES a reconnu être en possession de la séquence vidéo. Le communiqué de presse a également confirmé que l'« agent impliqué » avait été identifié et que les deux autres avaient été interrogés. Cela fait maintenant quatre mois que l'UES dispose de preuves suffisantes pour porter des accusations contre l'agent qui a tué M. Choudry, mais aucune réponse n'a été donnée à la famille ou à la communauté quant aux raisons pour lesquelles le tireur continue d'échapper à toute poursuite criminelle et, vraisemblablement, a été autorisé à continuer à exercer ses fonctions dans la communauté.
Un autre incident scandaleux s'est produit le 10 mai dernier, qui a cette fois causé des blessures graves à une autre victime innocente. Deux agents de Peel ont répondu à un appel de violence familiale dans une résidence de Mississauga. Au cours de l'interaction avec la police, les policiers ont déchargé leurs armes à impulsions électriques sur Chantelle Krupka et son conjoint Michael Headley.
Alors qu'elle était au sol, Mme Krupka a reçu une balle dans l'abdomen d'un des policiers sans raison valable. Mme Krupka a pu être opérée pour une fracture à la hanche et est devenue une ardente défenseure de la justice pour toutes les victimes. En représailles, la police a porté des accusations criminelles douteuses contre elle et M. Headley, pour lesquelles aucun jugement n'a encore été prononcé.
Depuis la mort de M. Choudry le 20 juin, des militants de la communauté et des membres des familles des victimes ont tenu une série d'actions pour exiger justice pour les victimes et pour unir la communauté afin de prendre position contre l'impunité policière. Depuis le 21 juin, des militants ont occupé l'intersection de Goreway Drive et Morningstar Drive à Malton, où M. Choudry habitait, pour attirer l'attention sur le nombre alarmant d'interactions mortelles avec la Police régionale de Peel cette année.
Par la suite, le 27 juin, une manifestation de 300 personnes a eu lieu devant le nouveau quartier général de la police de la région de Peel pour dénoncer les morts aux mains de la police. Les amis et les familles des victimes ont pris la parole pour exprimer leur chagrin et exiger justice. Deux imams de mosquées de la région où M. Choudry était connu pour sa gentillesse et sa douceur se sont joints à cette manifestation.
Le 1er juillet, un rassemblement auquel ont participé des centaines de personnes du quartier s'est tenu de nouveau au même coin de rue à Malton où M. Choudry habitait. Les porte-parole des familles des victimes ont décrit comment elles ont été confrontées au silence de l'UES et aux vaines promesses d'indemnisation des autorités locales. Les orateurs ont exigé que l'identité des tireurs soit révélée et qu'ils soient renvoyés afin que la communauté puisse commencer à se sentir en sécurité sachant que les tueurs ne seraient plus libres de poursuivre en toute impunité leurs agissements criminels.
Le 16 juillet, des militants ont tenu une manifestation devant 22e division de la police de Peel pour exiger l'abandon des accusations concoctées contre Mme Krupka et M. Headley. Au moment où la manifestation allait commencer, Mme Krupka a appris de l'UES que la policière qui lui a tiré dessus, Valerie Briffa, avait été accusée de négligence criminelle causant des lésions corporelles, d'agression armée et de négligence lors de l'utilisation d'une arme à feu (mais pas de tentative de meurtre). Mme Briffa, policière en probation depuis huit mois, a déjà démissionné de la police.
Le 20 juillet, un mois après la mort aux mains de la police de M. Choudry, une marche et une veillée ont été organisées à Malton, encore une fois pour exiger la fin de l'impunité policière, surtout compte tenu de l'absence de réponse de l'UES dans les cas des trois morts par balles.
Une autre manifestation pour exiger que la police rende des comptes a eu lieu à Brampton le 23 août, au cours de laquelle les familles des victimes ont à nouveau expliqué à la communauté et aux médias comment elles avaient été traitées. Deux membres de la famille de M. Francique ont présenté une chanson de rap dédiée à sa mémoire et une jeune femme a également chanté une chanson de rap qu'elle avait écrite pour dénoncer les fausses préoccupations officielles bidon au sujet du racisme systémique, intitulée « Why is It Taking So Long ? » Des membres de la famille de deux autres personnes qui sont mortes, dans des incidents distincts, sous la garde de l'État dans l'Est de l'Ontario, au Centre de détention du Centre-Est à Lindsay, ont présenté leurs témoignages émouvants.
En réponse à une campagne d'affichage exigeant une action des autorités locales, les militants ont été contactés par le bureau de la mairesse de Mississauga, Bonnie Crombie, qui a accepté de les rencontrer pour discuter de la violence policière. Le 2 septembre, une rencontre a eu lieu au centre communautaire de Malton, à laquelle ont participé Mme Crombie, le maire de Brampton, Patrick Brown, et le député provincial local, Deepak Anand. Lors de cette rencontre, les membres des familles des victimes ont exprimé leur indignation directement aux trois politiciens, en particulier aux maires, qui ont écouté poliment et ont déclaré qu'ils seraient heureux de faire une déclaration publique de soutien. Cependant, les maires ont refusé d'inclure la moindre condamnation des morts aux mains de la police en invoquant leur conviction que cela compromettrait leurs positions au sein de la commission des services de police de la région. Bien que les documents de l'UES montrant qu'il y avait des motifs d'inculper sans plus tarder les policiers qui avaient tirés leur aient été remis, les politiciens ont refusé de faire une déclaration qui reconnaît que les policiers impliqués dans ces morts et qui ont été identifiés devraient être tenus responsables de leurs crimes.
Face au silence persistant de l'UES et à la trahison des maires, une manifestation militante de plus de 30 résidents a eu lieu à l'heure de pointe du soir à Malton le 20 octobre dernier pour exiger une nouvelle fois la fin de l'impunité policière et la justice pour les victimes. Les piqueteurs ont déployé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Punissez les criminels de la police », « Inculpez les tueurs de la police », « Mettez fin à l'impunité des brutalités policières », « Arrêtez la violence policière » et « Indemnisez les familles des victimes ».
De nombreux automobilistes en signe de soutien ont klaxonné en passant et levé le poing, et des résidents du quartier ont laissé leur nom et leurs coordonnées pour être informés des actions futures. L'événement s'est tenu à l'occasion du quatrième mois depuis la mort par balle d'Ejaz Choudry. Des membres de la famille de M. Choudry se sont joints à la manifestation, apportant avec eux leurs propres pancartes, dont « Le silence, c'est de la violence ».
En date du 22 octobre, l'Unité des enquêtes
spéciales n'a toujours pas annoncé les accusations
qui seront portées contre les tueurs des trois
morts par balles, ni donné de raison pour ce
retard inadmissible. Les militants et les membres
de la communauté prévoient de continuer à faire
entendre leur voix pour que la police rende des
comptes. Des actions de sensibilisation sont
menées en vue d'une nouvelle manifestation en
novembre pour exiger la fin de l'impunité et
obtenir des compensations pour les familles des
victimes.
(Photo : LML)
Victoire retentissante du peuple aux élections boliviennes
Le 23 octobre, cinq jours après la tenue
d'une élection générale en Bolivie, les résultats
officiels tant attendus ont été annoncés par
l'Organe électoral plurinational du pays. Ils ont
confirmé et dépassé ce que les sondages avaient
prédit le 18 octobre : une victoire
écrasante au premier tour pour Luis Arce, le
candidat à la présidence du Mouvement vers le
socialisme – instrument
politique pour la souveraineté des peuples
(MAS-IPSP) – et son candidat à
la vice-présidence David Choquehuanca. Luis Arce
devient le président avec 55,1 % des voix,
une majorité de près de 27 points sur le
deuxième, Carlos Mesa (Communauté civique), qui a
obtenu 28,3 %. Luis Fernando Camacho
(Nous Croyons) a terminé troisième
avec 14 % des voix, suivi de Chi Hyun
Chung (Front pour la victoire), avec 1,55 % des
voix et Feliciano Mamani (Parti de l'action
nationale de Bolivie) avec 0.51 %. Presque 70 %
des votes faits à l'extérieur de la Bolivie sont
allés à Louis Acre.
Tant Mesa, un ancien président de la Bolivie qui aurait été le candidat préféré des États-Unis, que Camacho, membre d'une riche famille de Santa Cruz ayant des liens avec des gangs paramilitaires racistes appelés « comités civiques », ont participé au coup d'État de novembre dernier contre le président Evo Morales avec un brouhaha au sujet d'une fraude pour assurer sa réélection sans aucune preuve à l'appui.
Lors de l'élection de cette année, le MAS-IPSP a
conservé sa majorité dans les deux chambres de
l'Assemblée législative plurinationale,
remportant 73 des 130 sièges à la
Chambre des représentants et 21 des 36
sièges au Sénat. Le nouveau gouvernement sera
assermenté le 8 novembre. Les grandes célébrations
publiques ont déjà commencé le samedi 24 octobre
après l'annonce des résultats officiels.
La participation aux élections a été estimée à un peu plus de 88,4 % des électeurs inscrits. Salvador Romero, le président du Tribunal suprême électoral (TSE), a qualifié la participation d'historique en Bolivie et la plus importante de toute l'Amérique latine à ce jour au XIXe siècle, surtout pour un vote qui a eu lieu au milieu d'une pandémie. Le taux de participation moyen aux élections en Bolivie, où le vote est obligatoire, est d'environ 80 %, a-t-il dit.
Des observateurs électoraux ont été envoyés en Bolivie, pendant que d'autres travaillaient à distance depuis l'extérieur du pays, par les Nations unies, l'Union européenne, le Centre Carter aux États-Unis, la Conférence permanente des partis politiques latino-américains (COPPAAL) et le Parlement sud-américain (Parlasur). Parmi les autres qui ont été accrédités, il y a une délégation de parlementaires argentins, une équipe de journalistes mobilisée par le groupe antiguerre américain Code Pink et une délégation de l'Internationale progressiste. L'Organisation des États amériains (OÉA) a insulté le peuple bolivien en envoyant une mission d'observation dirigée par le même individu, un ancien ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, qui a dirigé la mission ayant ouvert la porte au coup d'État de l'année dernière. Le Canada a contribué au financement et fourni un certain nombre d'observateurs à la mission de l'OÉA de cette année, comme il l'avait fait l'année dernière. Peu de temps avant le jour des élections, alors que Luis Arce et David Choquehuanca possédaient une forte avance dans tous les sondages, le secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro, a commencé à répandre le bruit au sujet d'une possible « nouvelle fraude électorale » en Bolivie, ce qui signale son intention de se réessayer plus tard.
Almagro doit être déçu. Aucune des missions d'observation électorale nationales ou internationales, y compris celle de l'OÉA, ni les représentants des partis ayant des candidats à l'élection n'ont déclaré avoir des doutes sur l'élection ou les résultats. La présidente de facto du gouvernement putschiste, Jeanine Añez, ainsi que d'autres ennemis jurés du MAS, y compris d'autres candidats à la présidence, ont reconnu la victoire de Luis Arce et Davi Choquehuanca, concédant leur propre défaite sans attendre les résultats officiels. Le fait que les mêmes tendances de vote en faveur du MAS aient émergé dans cette élection que lors des années précédentes, et se soient accentuées par un plus grand nombre de voix cette fois-ci, est un argument solide contre les accusations de porte-paroles de l'impérialisme américain selon qui Evo Morales a remporté l'élection de l'année dernière par « fraude ». Cela donne plutôt du poids à l'opinion exprimée par beaucoup aujourd'hui, selon laquelle la seule fraude était celle que l'OÉA a utilisée pour perpétrer ses actions contre le peuple bolivien.
La lutte tenace menée par les travailleurs et les mouvements sociaux boliviens, dont de nombreuses organisations de femmes et autochtones rassemblées autour du MAS, pour exiger que le gouvernement putschiste organise une nouvelle élection sans délai, en est une preuve supplémentaire. Il en est de même de la participation massive et enthousiaste à des rassemblements soutenant les candidats du MAS aux postes de président et de vice-président à l'approche des élections; du nombre sans précédent de personnes qui ont voté aux élections de cette année et pour qui elles ont voté massivement.
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a envoyé une lettre de félicitations au président élu Luis Arce, au vice-président élu David Choquehuanca, au président du MAS-IPSP Evo Morales et au peuple bolivien pour leur victoire éclatante aux élections générales du 18 octobre. Cette victoire donnera un nouvel élan au peuple dans sa lutte pour non seulement défendre sa victoire mais aussi s'unir autour de leur projet d'édification d'un État plurinational de Bolivie souverain et indépendant dans lequel les droits de tous, et pas seulement de quelques privilégiés, sont affirmés, où c'est le peuple bolivien et non une puissance étrangère hégémonique ou un groupe de puissances qui décide des affaires de la nation, y compris la direction de l'économie et la politique étrangère du pays, afin que la Bolivie contribue à nouveau à faire de l'Amérique latine et des Caraïbes une zone de paix.
Le jour même des élections en Bolivie du 18 octobre, plus de 25 activistes ont tenu un piquetage à l'initiative du Mouvement québécois pour la paix devant le consulat des États-Unis. Ils se sont opposés à l'ingérence étrangère en Bolivie, en appui à la lutte du peuple bolivien pour son émancipation. Les pancartes et slogans exprimaient cet esprit : « Non à toute ingérence étrangère en Bolivie ! », « Laissez le peuple de Bolivie décider ! », « Canada, États-Unis, ne touchez pas à la Bolivie ! », « Plein soutien au peuple bolivien pour son émancipation ! » ainsi que « Bolivia, si ! Yankee, no ! » et plusieurs autres. Tout au long de l'action de plus de deux heures, on entendait le klaxon des voitures en guise d'appui. Les passants ont salué l'action, certains dénonçant le rôle du Canada en tant qu'homme de main des États-Unis pour s'ingérer dans les affaires internes des pays d'Amérique latine. D'autres ont pointé du doigt le Groupe de Lima et l'Organisation des États américains qui fomentent des troubles au service des visées américaines.
(Photos : MAS, E. Morales,
LML)
Le peuple chilien persiste dans sa lutte pour la reconnaissance de ses droits
Un an après l'éclatement, le 18 octobre 2019, de la révolte populaire contre le gouvernement du milliardaire Sebastian Pinera et son saccage néolibéral, le peuple chilien continue de se mobiliser et de s'organiser pour réaliser le changement politique et économique qu'il exige. Il continue de mettre de l'avant ses principales revendications pour une nouvelle constitution et pour la démission du président Pinera en raison des mesures économiques antisociales, de la corruption et de la répression brutale du peuple par son gouvernement.
LML salue le peuple chilien qui continue de défendre ses revendications face à une répression massive et aux difficultés occasionnées par la pandémie, et lance un appel à tous d'appuyer sa juste cause.
Le 25 octobre aura lieu un plébiscite sur une nouvelle constitution. Ce dernier devait avoir lieu en avril, mais en raison de la pandémie le vote a été reporté au 25 octobre. Le 15 novembre 2019, les actions de masse soutenues du peuple ont franchi une étape préliminaire dans l'établissement de la nouvelle constitution, lorsque les députés du Congrès national ont convenu qu'un plébiscite pour une nouvelle constitution devrait être organisé.
La constitution actuelle du pays a été rédigée en 1980 et y sont enchâssés des arrangements économiques néolibéraux et des politiques réactionnaires adoptés au cours de la dictature de Pinochet, bien que celle-ci ait pris fin en 1990[1].
Le plébiscite soumettra la question aux Chiliens à savoir s'ils veulent une nouvelle constitution et, si oui, si elle doit être rédigée par les Chiliens eux-mêmes ou par une démarche conjointe de citoyens et de législateurs. S'il est décidé d'avoir une nouvelle constitution, un autre vote aurait lieu le 11 avril 2021 (en conjonction avec les élections municipales et gouvernementales) où seraient élus les membres de la convention constitutionnelle responsable de la rédaction de la nouvelle constitution. Un troisième scrutin aurait lieu en 2022 pour décider de l'adoption de la nouvelle constitution.
Un mois avant le scrutin, un groupe de partis politiques et d'organisations favorables à une nouvelle constitution ont lancé une initiative appelée « Nous approuvons un Chili dans la dignité » pour faire connaître un manifeste prônant que la nouvelle constitution doit enchâsser les droits tels que le droit de vote pour les personnes à partir de l'âge de 16 ans, le droit à une éducation publique gratuite et de qualité à tous les niveaux, la création d'un système de sécurité sociale avec un financement tripartite et une couverture universelle, le droit au logement, le droit à la santé et beaucoup d'autres revendications.
Le 20 octobre, Marcos Barraza, l'ancien ministre du Développement social au sein du gouvernement de Michelle Bachelet, a fait valoir qu'une victoire du plébiscite ne veut pas nécessairement dire que ceux qui ont avantage à maintenir le statu quo seront défaits, et qu'il relève des forces progressistes de bien refléter les droits sociaux dans la nouvelle constitution. Il a ajouté que l'une des principales stratégies des personnes qui désirent conserver la constitution actuelle dans sa presque totalité est de présenter le plébiscite comme un simple exercice démocratique sans réel impact sur la vie du peuple.
Selon les agences de nouvelles, les récents sondages indiquent que 72 % de la population est favorable à une nouvelle constitution.
Le 18 octobre, des dizaines de milliers de personnes se sont ralliées au square central de Santiago, Plaza Baquedano, rebaptisé par le peuple le Square de la Dignité – un symbole de leurs aspirations pour des arrangements prosociaux – pour souligner un an de manifestations durant lesquelles des millions de gens sont descendus dans la rue. L'action de masse a été organisée malgré la répression continuelle du mouvement populaire par le gouvernement, et le déploiement de 40 000 carabiniers, la force policière nationale, armés de canons à eau et de gaz lacrymogènes, aient été déployés contre les manifestants.
Les manifestations, qui ont commencé tôt le matin, ont mis de l'avant les revendications du plébiscite du 25 octobre, tout en commémorant tous ceux qui ont été tués, blessés, torturés et abusés par les forces de sécurité de l'État au cours de la dernière année.
Les chiffres compilés par le Congrès nord-américain sur l'Amérique latine indiquent qu'à la fin de février, 36 personnes avaient été tuées dans les manifestations, 11 564 blessées et 28 000 détenues. Selon l'Institut national chilien des droits humains (INDH), 964 personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, y compris 222 ayant subi des blessures aux yeux. La Société chilienne de l'ophtalmologie déclare que c'est le nombre le plus élevé de telles blessures subies dans des manifestations ou dans des zones de conflits à l'échelle mondiale.
Le 3 octobre, une vidéo montre un carabinier en train de pousser dans la rivière Mapocho un jeune de 16 ans du haut du pont Plo Nono à Santiago, ce qui a enclenché des manifestations de masse exigeant la démission du chef des carabineros, le général Mario Rozas. La police a d'abord prétendu que le jeune avait sauté dans la rivière de son propre gré, mais l'agent a plus tard été accusé de tentative de meurtre.
1. Un article du 10 décembre 2019 de Camila Osorio dans le New Yorker dit que la constitution actuelle « fut finalisée en 1980 et approuvée par un plébiscite qui a été grandement perçu comme frauduleux. Des partis politiques de gauche avaient été interdits, et les forces armées étaient les 'garants' de l'État. Le chapitre quatorze fournit l'élément clé : tout amendement de la constitution doit être approuvé par trois membres du Congrès sur cinq. Si le président met son veto à un amendement, il faut les trois quarts des votes du Congrès pour le défaire. Si le président n'impose son veto qu'à certains articles d'une réforme, le Congrès doit avoir les deux tiers de la majorité pour le défaire. Si une réforme réussit à surmonter tous ces obstacles, elle devra tout de même être soumise à l'étude d'un tribunal constitutionnel, qui a le pouvoir de la rejeter. [...]
« Un aspect particulièrement important du nouveau processus était que d'importantes majorités étaient requises pour contester les politiques économiques néolibérales que la junte avait mises en oeuvre. Avec l'aide d'économistes qui prônent le libre-marché et qui ont étudié sous Milton Friedman à l'Université de Chicago, Pinochet a coupé dans les dépenses publiques, déréglementé les banques, dégelé les taux d'intérêt, et privatisé les systèmes de santé, d'éducation et de pensions. »
(Sources : teleSUR, Washington Post, Guardian, New Yorker. Photo : Izquerido Diaro Chile)
Renforcement des relations Canada-Cuba
Le samedi 26 septembre, des organisations membres du Réseau canadien pour Cuba (RCC), de Victoria à Halifax, ainsi que des invités, se sont réunis virtuellement pour discuter de la solidarité et de l'amitié avec Cuba dans la situation actuelle et pour planifier l'année qui vient.
Il a été reconnu que par ces temps sans précédent de pandémie, d'exacerbation de la crise économique et du danger omniprésent de guerre, le mouvement de solidarité avec Cuba fait face à des défis uniques. Le plus important facteur dans ce contexte est l'assaut du régime Trump contre Cuba et les développements inquiétants dans les relations Canada-Cuba.
Les coprésidents exécutifs du RCC, Elizabeth Hill et Isaac Saney, ont minutieusement repassé en revue le travail du RCC depuis le congrès des 8 et 9 juin 2019. Le rapport, bien illustré par un montage visuel, a mis en relief, entre autres choses :
- la campagne pour rétablir les services de visa de l'ambassade canadienne à la Havane;
- la campagne réussie Appui à Cuba dans la lutte contre la COVID-19 qui a recueilli plus de 50 000 dollars pour les efforts de solidarité médicale internationale de Cuba;
- les diverses conférences virtuelles sur les réalisations médicales de Cuba;
- les piquetages virtuels continus contre le blocus des États-Unis, avec la participation de plus de 20 pays;
- la Campagne pour sauver des vies (une initiative conjointe du RCC, du Réseau national des États-Unis pour Cuba et de la Table de Concertation et de Solidarité Québec-Cuba) dans le but d'établir une coopération médicale entre les États-Unis, le Canada et Cuba, surtout dans la lutte contre la COVID-19;
- la collecte de fonds Cubacan6060 pour des bâtons de baseball pour Cuba;
- les déclarations du porte-parole du RCC, Isaac Saney, qu'il s'agisse du 60e anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine ou de la condamnation de l'attaque violente contre l'ambassade cubaine à Washington, ou des lettres ouvertes au premier ministre Trudeau et à la ministre des Affaires étrangères.
Après la présentation du rapport du RCC, Isaac Saney a parlé des attaques sans relâche et croissantes du régime Trump contre Cuba, ainsi que de l'incertitude grandissante et des orientations inquiétantes qui planent sur les relations Canada-Cuba. Il a réitéré que l'un des principaux objectifs du RCC est de maintenir que la politique étrangère du Canada vis-à-vis Cuba soit toujours fondée sur l'égalité et le respect de la souveraineté et du droit à l'autodétermination de Cuba. Par conséquent, un des principaux objectifs est de consolider le mouvement de solidarité Canada-Cuba et de mettre fin au blocus économique multilatéral des États-Unis et aux agressions américaines contre Cuba.
Janine Solanki, la coordonnatrice nationale de la Brigade de travail volontaire Ernesto Che Guevara, a ensuite fait part des difficultés à surmonter dans l'organisation de la 27e brigade dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. En dépit de ces difficultés, le comité pancanadien de la brigade a fait des progrès remarquables pour assurer le succès de la brigade en 2021, qui sera déployée du 28 avril au 10 mai 2021.
Tamara Hansen, membre de l'exécutif du RCC, a mis de l'avant une série d'idées et de propositions pour consolider la solidarité avec Cuba dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. Elle a expliqué comment les conférences et les piquetages virtuels contre le blocus illustrent les nombreuses façons par lesquelles le mouvement d'amitié et de solidarité avec Cuba peut élargir son influence et son impact, nationalement et internationalement. Une initiative à venir est l'organisation d'un piquetage virtuel mondial de 24 heures le 17 décembre en opposition aux agressions continues des États-Unis contre Cuba. Elle a aussi souligné que le RCC est en mesure d'assister les membres dans leur travail au niveau local, en particulier par le biais du compte Zoom du RCC qui est à la disposition de tous les groupes.
Chacun des 14 groupes membres du RCC participant à la réunion a ensuite fait rapport de ses activités et de ses initiatives de solidarité. Le bilan du travail du RCC et de ses organisations membres au cours de la récente année a mis en lumière l'étendue et la diversité des activités partout au pays, dans les sphères autant politiques que sociales et culturelles. Les participants à la conférence ont réaffirmé leur engagement à consolider le mouvement de solidarité Canada-Cuba et les liens de solidarité et d'amitié entre le peuple canadien et le peuple cubain. Ils se sont engagés à redoubler d'efforts pour défaire le blocus économique multilatéral et les agressions criminelles contre Cuba et à oeuvrer à ce que la politique étrangère du Canada vis-à-vis Cuba soit toujours fondée sur l'égalité et le respect de la souveraineté et du droit à l'autodétermination de Cuba.
(Réseau canadien pour Cuba, 17 octobre 2020)
La contribution de Cuba à la lutte mondiale contre la pandémie de COVID-19 a été présentée comme un exemple de succès et de solidarité, à la fois sur le plan interne et pour son assistance à 42 pays dans le monde. Alors que la Brigade médicale internationale Henry Reeve de Cuba reçoit des éloges pour sa coopération internationale en ces temps difficiles, le gouvernement des États-Unis a renforcé son blocus immoral et illégal contre Cuba. Ici au Canada, il est essentiel que nous continuions de contester ces politiques cruelles en renforçant la solidarité Canada-Cuba.
Joignez-vous au Réseau canadien pour Cuba et à nos conférenciers invités dynamiques dans une discussion importante sur l'état des relations Canada-Cuba et le renforcement de notre solidarité de peuple à peuple avec Cuba.
Avec la participation de :
Son Excellence Josefina Vidal, ambassadrice de Cuba au Canada - Auparavant, elle était présidente de la délégation cubaine aux premier et deuxième tours des pourparlers Cuba-États-Unis, qui ont ouvert la voie au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays sous le président cubain Raul Castro et le président américain Barack Obama.
Niki Ashton - Députée de Churchill-Keewatinook Aski, Manitoba
Matthew Green - Député de Hamilton-Centre, Ontario
Pierrette Ringuette - Sénatrice indépendante du Nouveau-Brunswick et coprésidente du Groupe interparlementaire Canada-Cuba
Dr John Kirk - Chercheur et professeur sur Cuba, Université Dalhousie
Dr Isaac Saney - Coprésident du Réseau canadien pour Cuba et professeur à l'Université Dalhousie
Tamara Hansen - Membre exécutif du Réseau canadien pour Cuba, coordonnatrice des communautés de Vancouver en solidarité avec Cuba (VCSC)
Elizabeth Hill - Membre exécutif du Réseau canadien pour Cuba et présidente de l'Association canadienne d'amitié Cuba-Toronto
Le Congrès de la souveraineté du Mexique marque son 10e anniversaire
Le 2 octobre, le Congrès pour la souveraineté a tenu sa sixième conférence nationale à l'occasion du 10e anniversaire de sa fondation sous le thème « Le peuple assume sa souveraineté ».
À cette occasion, et après des mois de discussion avec tous les membres de l'organisation, 13 résolutions ont été adoptées qui reflètent la volonté de doter le pays d'un programme concret pour aller de l'avant après la pandémie de COVID-19, pour la réalisation de la souveraineté et le bien-être des Mexicains. En raison des restrictions imposées par la pandémie, la conférence nationale a eu lieu en direct via Zoom et Facebook. Quelque 1 300 personnes ont ainsi pu participer à la séance publique.
Parmi les faits saillants de la conférence, nous comptons la remise du prix du Mérite de la souveraineté et un hommage à une grande Mexicaine, Victoria Novelo, ainsi qu'à deux proches compagnons Jésus Escamilla et Virgilio Caballero. De même, l'ex-ambassadeur de la Bolivie au Mexique et actuel réfugié politique dans notre pays, José Crespo, a adressé un message à la conférence et expliqué la situation actuelle en Bolivie. Des messages et des vidéos ont été reçus du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis. Il a également été résolu de se joindre à la campagne internationale pour que soit attribué le prix Nobel de la paix à la brigade médicale Henry Reeve pour son travail de solidarité au niveau international. Un moment particulier a été consacré à l'importante problématique de l'eau et un message de salutations a été reçu de Pedro Moctezuma, coordinateur national de Agua Para Tod@s.
Enfin, dans la partie culturelle, dans laquelle plusieurs chansons portant sur les luttes que mène le peuple ont été diffusées, un hommage a été rendu aux 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa qui ont disparu il y a six ans, avec la chanson Camino, composée en leur honneur.
Voici les titres des 13 résolutions adoptées par le Congrès de la souveraineté :
1. Garantie des droits et de l''intégrité des femmes
2. Priorité à la santé et au bien-être du peuple
3. Économie solidaire et État souverain
4. Souveraineté alimentaire
5. Souveraineté financière et suspension des paiements de la dette
6. Éducation
7. Culture, identité et mémoire historique
8. De l'eau pour tous
9. Droits du travail garantis
10. Annulation des concessions minières et défense de l'environnement
11. Défense des droits humains niés par le capitalisme
12. Renouveau démocratique et nouvelle constitution
13. Solidarité internationale. Respect de la souveraineté
Lorsque le Congrès de la souveraineté a été fondé à Mexico le 2 octobre 2010, le pays célébrait le 200e anniversaire de son indépendance et le 100e anniversaire du début de la révolution mexicaine. Le Congrès a été créé pour que nous assumions notre souveraineté par ces luttes qui, au XXIe siècle, donnent une continuité à notre mouvement de libération.
En 2010, à l'initiative de Mexteki[1], après seize ans de processus d'intégration économique, cinq ans d'intégration politique du secteur de l'énergie et de la sécurité, trois ans d'intégration militaire de notre pays aux États-Unis des monopoles nord-américains, le Congrès de la souveraineté a levé le drapeau de la pleine indépendance du Mexique et de la fin du régime néocolonial, néolibéral et pro-entreprise promu par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et le Parti rénovateur institutionnel de l'action nationale (PRIAN).
La tâche que le Congrès de la souveraineté a entamée il y a dix ans était de contribuer à un changement de régime pour transformer le Mexique en un pays dans lequel le peuple dirige et reste indépendant du plan d'intégration de l'Amérique du Nord en un bloc lié à l'empire yankee. Notre slogan était et demeure : Que le peuple assume sa souveraineté ! Nous appelons à l'union de tous et toutes dans la lutte pour la souveraineté au-delà des idéologies, des partis politiques, des croyances religieuses, de l'âge, du sexe, de la couleur de la peau, de l'origine nationale, de la situation socio-économique, de l'orientation sexuelle et du mode de vie.
Ce sont dix années de travail acharné au cours desquelles notre action s'est développée dans toute la République mexicaine et, avec cohérence et engagement, nous avons élargi nos relations avec les peuples du monde qui luttent pour la souveraineté. De nos tranchées, nous soutenons les luttes au niveau international et dans toutes les Amériques, nous renforçons les liens avec les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes et avec ceux des États-Unis et du Canada, et nous soutenons les luttes des peuples du reste de la planète.
Les décisions de notre organisation sont collectives, elles sont discutées en profondeur et votées démocratiquement. Nous n'agissons pas par événement, mais avec un plan préconçu par tous. Notre action fait de nous un facteur d'unité dans le mouvement. Nous cherchons à éliminer la pression voulant que les personnes n'ont qu'à suivre le leader, ceci afin que chacun puisse agir consciemment et collectivement. Pour le développement de la conscience, nous acceptons qu'il faille considérer que la compréhension nécessite un acte de participation consciente de l'individu et un acte de découverte dans le cadre d'une action collective. Rien ne s'apprend avec l'attitude de simplement suivre de manière passive et conformiste. Nos décisions découlent de l'action, de l'expérience de la lutte et de notre objectif du triomphe de la souveraineté nationale et populaire, de la souveraineté de chaque région et localité.
Nous avons défendu un Programme et un Projet de Nation au-dessus des intérêts personnels. Nous agissons pour défendre l'unité du mouvement démocratique et bien sûr l'unité au sein de notre organisation est vitale ; nous rejetons les attaques personnelles ou dogmatiques qui nous écartent de la lutte principale et ne servent que nos ennemis.
Nous avons décidé lors de notre conférence de mai 2012 de soutenir la lutte pour renverser le PRIAN et de soutenir Andres Manuel Lopez Obrador comme candidat à la présidence. Cette même année, nous avons soutenu la création de Morena[2] pour vaincre le régime du PRIAN et inverser les réformes énergétiques, éducatives et autres promues par le Pacte pour le Mexique. Nous avons soutenu la création des comités dans tout le pays et lutté pour la démocratisation du Mexique.
L'appel à la souveraineté politique et économique implique la souveraineté des secteurs agricole, industriel et des services de toutes sortes.
Dans ce contexte, nous avons effectué un travail local dans l'une des municipalités de la ville de Mexico et gagné sa gouvernance avec le soutien du peuple à Azcapotzalco. Nous avons fait cela sans argent ni concessions. Malgré le fait que le régime avait assuré la continuité dans cette délégation, nous avons vaincu tout l'appareil de fraude et d'achat des votes et montré que le peuple peut réussir s'il agit d'un commun effort.
Pendant la période 2015-2018 nous avons développé un gouvernement démocratique face au pouvoir fédéral à Mexico et aux provocations locales. Nous avons travaillé sur un projet dans lequel la volonté populaire est placée, malgré toutes les pressions, au-dessus de celle des agents immobiliers, des trafiquants d'influence, des accapareurs de l'eau potable, des mafias criminelles.
Une fois atteint l'objectif de vaincre les tenants du régime néolibéral dirigé par le PRIAN, grâce à la mobilisation électorale de 30 millions de Mexicains qui a conduit Andrés Manuel Lopez Obrador à la présidence, un processus a commencé, appelé quatrième transformation. Il faut travailler pour que cette quatrième transformation de notre pays aboutisse à la défaite du néocolonialisme et à la construction d'un pays pleinement souverain. Après le triomphe électoral du 1er juillet 2018 s'est tenu le IVe Congrès de la souveraineté au cours duquel un Projet de Nation en sept résolutions a été approuvé qui résume les principaux enjeux :
1. Défense de la souveraineté énergétique et des autres secteurs stratégiques
2. Autosuffisance alimentaire et défense de la souveraineté alimentaire
3. Eau, pétrole et mines en tant que richesses qui appartiennent aux Mexicains
4. Rejet de l'intégration du Mexique aux États-Unis des sociétés nord-américaines
5. Renforcement de l'économie sociale et populaire et défense des migrants aux États-Unis et au Mexique
6. Défense des droits de tous et toutes
7. Paix, sécurité et justice.
Pablo Moctezuma Barragan est le porte-parole national du Congrès de la souveraineté.
1. Mexteki est l'organisation marxiste-léniniste Union des travailleurs mexicains.
2. Morena est l'organisation fondée par Andres Manuel Lopez Obrador en tant que mouvement, puis enregistrée comme parti politique appelé Mouvement de régénération nationale (MORENA), qui a remporté les élections de 2018, forme actuellement le gouvernement fédéral et le gouvernement de la Capitale nationale et dirige le Congrès dans plusieurs États du pays ainsi que plus de mille gouvernements municipaux.
(Traduit de l'espagnol par
LML. Photo : Mexteki)
|
(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca Courriel:
redaction@cpcml.ca