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Le Canada approuve la participation de volontaires à la « légion internationale » de l’Ukraine
Le 27 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé la formation d’une « légion internationale » de volontaires pour aider à défendre l’Ukraine. Lors d’une conférence de presse tenue le même jour, la ministre des Affaires étrangères du Canada Mélanie Joly a annoncé le soutien total de son gouvernement à cet appel. Bien qu’elle ait réitéré les mises en garde officielles contre les voyages en Ukraine en raison de l’insécurité qui y règne, elle a déclaré que les Canadiens peuvent décider s’ils veulent se joindre à la nouvelle légion étrangère de l’Ukraine pour aider le pays à lutter contre l’invasion russe.
« Nous comprenons que les personnes d’origine ukrainienne veulent soutenir leurs compatriotes ukrainiens et qu’il y a aussi un désir de défendre la mère patrie et, en ce sens, c’est leur propre décision individuelle », a déclaré Mélanie Joly aux journalistes, ajoutant : « Permettez-moi d’être claire : nous sommes tous très favorables à toute forme de soutien aux Ukrainiens en ce moment. »
La ministre de la Défense Anita Anand a également déclaré que « tous les étrangers désireux de défendre l’Ukraine et l’ordre mondial » peuvent contacter les missions diplomatiques étrangères de l’Ukraine.
Il n’y a pas de déclaration ou de communiqué de presse à cet effet sur le site Web d’Affaires mondiales.
En 2017, le PCC(M-L) a écrit sur le fait que le gouvernement canadien donne carte blanche à l’organisation fasciste Secteur droit et au parti néonazi Svoboda, qui a un bureau à Mississauga, dans la région du Grand Toronto, depuis 2010, pour recruter publiquement des ressortissants canadiens afin qu’ils rejoignent des milices fascistes et terroristes, en violation de la loi canadienne[1].
Le contexte de la loi canadienne régissant l’enrôlement de volontaires dans des armées étrangères a été expliqué par LML en relation avec la question de la Palestine comme suit :
« Puis le 18 mai 1948, le conseil des ministres du Canada décidait de reporter le débat sur l’application de la Loi sur l’enrôlement à l’étranger à la Palestine pour faciliter le recrutement militaire des Canadiens par la Haganah, une organisation paramilitaire établie pour supprimer la résistance palestinienne. Aujourd’hui le gouvernement de Justin Trudeau poursuit la criminalisation de toute opposition au sionisme et au terrorisme d’État d’Israël au Canada et à l’étranger sous prétexte que c’est de l »antisémitisme’, […] Et pendant qu’il tient ce discours, le gouvernement Trudeau prétend être contre l’islamophobie et en faveur de la tolérance. Les Canadiens ont maintes fois exprimé leur dégoût de ce type d »amitié’ avec le sionisme israélien avec le mépris qu’elle mérite. Nous nous joignons aux peuples du monde pour exiger que cesse l’occupation, que le droit de retour des Palestiniens soit reconnu et que des réparations leur soient faites[2]. »
À l’occasion du 75e anniversaire du début de la guerre civile espagnole, LML a publié un article intitulé « Le 75e anniversaire du début de la Guerre civile espagnole », dans lequel il est écrit :
« Le 18 juillet 2011 est le 75e anniversaire du début de la Guerre d’Espagne, opposant les forces populaires ou républicaines qui avaient été élues pour gouverner, aux forces fascistes dites ‘nationalistes’ dirigées par le général Francisco Franco. »
« Franco était ouvertement aidé militairement et financièrement par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Les forces populaires ont été aidées par des volontaires antifascistes du monde entier, y compris des Canadiens du Bataillon Mackenzie-Papineau de la XVe Brigade internationale de l’Armée républicaine espagnole. Les membres du bataillon venaient de toutes les régions du Canada et appartenaient presque tous à la classe ouvrière. Environ un tiers était d’origine ukrainienne. Mille cinq cents quarante-six personnes se sont portées volontaires, dont le Dr Norman Bethune, un médecin communiste de Montréal qui a inventé l’unité mobile de sang sur le champ de bataille espagnol et qui est mort en aidant les blessés en 1939, vers la fin de la guerre antifasciste antijaponaise menée par le Parti communiste chinois. Les volontaires de Mac-Pap ont estimé qu’ils devaient défier la loi injuste de leur gouvernement afin de s’opposer au fascisme en Espagne et de défendre les droits des peuples du monde. »
Dans l’article du LML de 2011 intitulé « Comment la Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger a fait des volontaires antifascistes des criminels »[3], il est écrit :
« Tandis que les Canadiens appuyaient les forces antifascistes en Espagne par leurs paroles et leurs actes, les cercles dominants appuyaient les forces fascistes, ayant déclaré le Canada « pays neutre ». En avril 1937, le gouvernement libéral de Mackenzie King adoptait la Loi sur l’enrôlement à l’étranger, loi fortement influencée par la British Imperial Foreign Englist Act en Grande-Bretagne (1870) appliquée dans tous les Dominions. La loi de 1937 stipule qu »est coupable d’une infraction quiconque s’engage dans les forces armées d’un État étranger en guerre avec un État étranger ami’ ainsi que ‘quiconque, étant un ressortissant du Canada, dans les limites ou hors du Canada, accepte volontairement ou convient d’accepter un brevet ou engagement dans les forces armées d’un État étranger en guerre avec un État étranger ami, ou, étant ou non un ressortissant du Canada, dans les limites du Canada, incite une autre personne à accepter ou à convenir d’accepter un brevet ou engagement dans ces forces armées…’ En réalité, la déclaration de ‘neutralité’ du Canada, du Royaume-Uni, de la France, des États-Unis et d’autres pays donnait champ libre aux forces de Franco pour écraser plus impitoyablement le peuple espagnol et préparer le terrain à l’invasion nazie de l’Europe qui allait venir.
« Les deux principaux groupes favorables à la « neutralité » du Canada étaient, d’une part, les industrialistes canadiens qui avaient des intérêts financiers en Espagne, tels que dans la société d’électricité Barcelona Traction (tombant ultérieurement sous le contrôle de Juan March, multimillionnaire et soutien de Franco), et, de l’autre, la hiérarchie de l’Église catholique, un des principaux propriétaires terriens en Espagne. En adoptant la Loi sur l’enrôlement à l’étranger en 1937, le gouvernement King se prosternait devant ses vieux maîtres en Grande Bretagne et ses nouveaux maîtres aux États-Unis, ces deux pays ayant aussi adopté des lois proclamant leur ‘neutralité’. La Grande-Bretagne ainsi que les États-Unis avaient d’importants investissements en Espagne et ils profitaient directement de leur appui à Franco[4]. MacKenzie King était aussi un anticommuniste enragé, un sympathisant fasciste qui faisait les louanges de Mussolini, et un admirateur avoué de Hitler. Il avait visité l’Allemagne en juin 1937 et avait noté qu’il était ‘très favorablement impressionné’ par les assurances de Hitler à l’effet que l’Allemagne n’irait pas en guerre en Europe, même si l’Allemagne nazie avait déjà envoyé des milliers de soldats et des tonnes de matériel de guerre en Espagne pour aider le général Franco. »
La définition en français du Larousse du mot neutralité se lit ainsi : « 1. Situation d’un État qui demeure à l’écart d’un conflit international. 2. État de quelqu’un, d’un groupe qui ne se prononce pour aucun parti ; caractère de leurs oeuvres, de leur attitude : Observer une neutralité absolue dans un conflit. »
Dans la pratique, cependant, ces gouvernements capitalistes qui déclarent la neutralité en paroles n’agissent pas de manière neutre et n’appliquent pas la neutralité dans les faits. Au lieu de cela, ils font tout ce qui est rentable. La Suisse a déclaré sa ‘neutralité’ pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais les banques suisses ont servi de refuge au pillage nazi. La Suède a également déclaré sa neutralité pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais SKF, un monopole détenu par le principal capitaliste financier de Suède, Marcus Wallenberg, a fourni aux nazis un approvisionnement fiable en roulements à billes, essentiels pour mener une guerre agressive. En conséquence, les oligarchies financières de la Suisse et de la Suède ont émergé de la guerre avec une énorme butin. De même, pendant la guerre civile espagnole, la déclaration de « neutralité » du gouvernement de King était totalement bidon car, en pratique, tout était fait pour tenter de protéger les profits des monopoles, tandis que rien n’était fait pour s’opposer aux forces de Franco.
Aussi, dans le même article du LML de 2011 intitulé « Comment la Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger a fait des volontaires antifascistes des criminels »[5], il est écrit :
« La Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger a fait du volontariat des travailleurs antifascistes, voulant combattre le fascisme en Espagne, un acte criminel, punissable sur le champ et passible d’emprisonnement. Elle hypothéqua aussi les générations à venir en refusant toute allocation pour le service militaire des volontaires. On confisqua les passeports de 1 300 volontaires canadiens et la GRC les empêcha de revenir au Canada. Seulement 646 volontaires sont revenus en sol canadien. Le gouvernement canadien et les médias de l’époque, loin de saluer ces gens en tant que véritables héros de la classe ouvrière ayant résisté au fascisme, ont plutôt diabolisé leurs motivations et leurs convictions politiques. Les cercles dominants ont appuyé les fascistes tout en criminalisant les antifascistes, comme ils le font encore aujourd’hui.
« Julio Alvarez del Vayo, le ministre espagnol des Affaires étrangères du gouvernement républicain durant la majeure partie de la guerre d’Espagne, a ainsi résumé : ‘…la saga de la non-intervention’ : ‘C’était le plus bel exemple de l’art de remettre les victimes entre les mains des États agresseurs, tout en se présentant en parfait gentleman et en créant l’illusion que la paix est l’unique but et l’unique considération'[6]. »
L’article poursuit : « Bien que la ‘neutralité’ telle que stipulée dans la Loi sur l’enrôlement à l’étranger rend illégale la participation de Canadiens dans des conflits auxquels le gouvernement canadien ne participe pas. Pourtant, le 1er mars 1940, le Canada a annoncé que tout citoyen était libre de s’enrôler dans les forces armées finlandaises qui collaboraient avec les nazis contre l’Union soviétique. Le 18 mai 1948, le cabinet canadien décidait de suspendre la Loi sur l’enrôlement à l’étranger sur la question de la Palestine afin de faciliter le recrutement militaire de citoyens canadiens dans la répression des Palestiniens. Dans les années 60 et 70, plus de 100 Canadiens se sont enrôlés illégalement dans les forces armées des États-Unis lors de leur agression contre le Vietnam [la plupart des estimations ont depuis porté ce nombre bien au-delà de 10 000 – note de la rédaction] . […] les gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin n’ont pas appliqué la loi contre les groupes sionistes lorsqu’ils ont fait du recrutement actif pour les Forces armées d’Israël à l’Université Concordia et sur d’autres campus. […]
« Le gouvernement Harper se sert des mêmes définitions de ‘neutralité’ pour appuyer ses interventions en faveur des forces fascistes et impérialistes et pour s’opposer à tous ceux qui leur résistent. Le gouvernement Harper déclare que les Canadiens qui appuient les Palestiniens sont des ‘provocateurs’, commettre des crimes contre le peuple palestinien. »
Les mouvements de résistance qui luttent pour les intérêts du peuple ont été faussement qualifiés de « terroristes » et leur soutien a été criminalisé, tandis qu’on ferme les yeux sur les pays qui pratiquent le terrorisme d’État contre leur propre peuple et d’autres peuples. L’armée canadienne est envoyée dans des pays souverains comme Haïti, l’Afghanistan et la Libye pour réprimer, tuer et bombarder des peuples sous toujours de nouveaux prétextes comme la « responsabilité de protéger », la « lutte contre le terrorisme » et l’« intervention humanitaire », tandis que ceux qui s’opposent à ces actions sont espionnés et réprimés.
LML soulignait à l’époque : « Cela montre que les cercles dirigeants canadiens persistent à définir de façon très sélective et intéressée les objectifs politiques pour lesquels les Canadiens peuvent se porter volontaires… » [7].
Notes>
1. « Arms Production, Transfers and Secret Shipments », TML Weekly, 24 juin 2017
2. « Joignons-nous aux Palestiniens pour exiger la réalisation du droit de retour ! L’occupation sioniste du territoire palestinien doit cesser ! », LML, 17 novembre 2018
3. « Comment la Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger a fait des volontaires antifascistes des criminels »,LML, 8 août 2011
4. Parmi les exemples, citons les intérêts miniers de la société britannique Rio Tinto, le service public Telefonika de la société américaine ITT, la vente d’essence à Franco par la Texas Oil Company, et la vente de 12 000 camions militaires à Franco par Ford, Studebaker et General Motors. José Maria Doussinague, qui était sous-secrétaire au ministère espagnol des Affaires étrangères, a déclaré : « Sans le pétrole américain, les camions américains et le crédit américain, nous n’aurions jamais pu gagner la guerre civile. »
5. « Comment la Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger a fait des volontaires antifascistes des criminels », LML, 8 août 2011
6. Del Vayo, Freedom’s Battle, p. 252.
7. « The Media’s « Working-Class Heroes » in Afghanistan », TML Daily, 4 mai 2006, numéro 73
(LML Quotidien, affiché le 4 mars 2022)
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