Dans l’actualité
Le gouvernement adopte la loi de retour au travail contre les débardeurs du port de Montréal
Non à la criminalisation des justes revendications des travailleurs!
Durant la nuit du 29 avril, la Chambre des communes a adopté la loi de retour au travail contre les quelque 1160 débardeurs du port de Montréal. Depuis deux ans et demi, lorsque leur convention collective s’est terminée en décembre 2018, les débardeurs ont tenté de négocier leurs conditions de travail avec leur employeur, l’Association des employeurs maritimes (AEM). Ils ont finalement déclenché une grève générale lundi le 26 avril pour bloquer l’imposition par l’AEM de conditions de travail inacceptables qu’elle a refusé de soumettre à la négociation.
À sa grande honte, le gouvernement Trudeau, qui n’a jamais fait quoi que ce soit pour aider les débardeurs qui sont souvent obligés de travailler jusqu’à 19 jours sur 21, a crié au danger posé à la chaîne d’approvisionnement et a adopté la loi de retour au travail.
La loi C-29, Loi prévoyant la reprise et le maintien des opérations au port de Montréal, a été adoptée sous le bâillon par un vote de 255 à 61. Trois députés libéraux et tous les députés du Bloc québécois, du NPD et du Parti vert ont voté contre. On s’attend à ce que le Sénat ratifie la loi vendredi.
La loi impose la reprise des activités au port, prolonge la convention collective échue jusqu’à la conclusion d’une nouvelle et impose un médiateur-arbitre qui pourra décréter les clauses qui n’auront pas fait l’objet d’une entente entre les deux parties.
Bien que la ministre du Travail, Filomena Tassi, sache très bien que les débardeurs continuent de décharger le matériel requis pour lutter contre la pandémie, elle a cru bon de les dénigrer. Elle a dit de manière intéressée que l’adoption de la loi de retour au travail est une question de vie ou de mort parce que la grève a laissé des fournitures médicales et des médicaments dans des conteneurs alors que la pandémie fait rage.
Honte à la ministre Tassi, au gouvernement libéral et aux députés conservateurs qui ont tous voté avec le gouvernement ! Les débardeurs revendiquent une amélioration de la sécurité d’emploi et des horaires de travail. Madame la ministre, leurs revendications ne sont pas frivoles. Les travailleurs sont sur appel 19 jours sur 21 pour une assignation au travail de jour, de soir ou de nuit, sans répit en vue. Ils font l’objet d’un code de discipline arbitraire qui rend leur situation encore plus invivable. La ministre Tassi, tous les membres du Cabinet et tous les députés conservateurs devraient aller travailler au port. Ils seraient peut-être un peu moins arrogants.
La loi de retour au travail va aggraver tous les problèmes auxquels les débardeurs font face. Appuyons les revendications des débardeurs ! Dénonçons la loi du gouvernement et son arrogance antiouvrière !
Ce que Rob Ashton, le président du Syndicat international des débardeurs et magasiniers, avait à dire
À propos de la situation à Montréal : les travailleurs luttent pour une meilleure conciliation travail/famille. À l’heure actuelle, un débardeur à Montréal est obligé de travailler 17 à 19 jours d’affilée sans avoir le droit de prendre un congé. Imaginez ce que cela fait à une famille. Les travailleurs ne voient pas leur famille pendant des jours, ne peuvent pas se rendre à des rendez-vous médicaux. S’ils ne travaillent pas, ils peuvent être frappés de mesures disciplinaires. Ce que dit l’employeur, c’est qu’il n’ont pas le droit de se plaindre parce que le salaire est bon. C’est bien beau mais ils veulent une vie aussi. Ils luttent pour ce que les syndicats revendiquent depuis toujours, huit heures de travail, huit heures de loisirs et huit heures de repos.
Ils ont commencé à faire du piquetage les fins de semaine parce que les employeurs continuaient de jouer avec leurs horaires et de prendre des mesures disciplinaires contre eux. Si l’Association des employeurs maritimes (AEM) avait simplement accepté de négocier l’année dernière, rien de tout cela ne se serait produit. Ils doivent se défendre et la seule façon de le faire dans les négociations contractuelles est de retirer leur travail, ce qui est un droit protégé par la Charte. À l’heure actuelle, l’employeur n’a rien à faire, il peut simplement s’asseoir pendant que le gouvernement intervient et impose une convention collective. La première année où ils ont négocié, ils sont allés au conseil fédéral du travail, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), parce que l’employeur disait qu’ils n’avaient pas le droit de faire la grève parce qu’ils étaient essentiels pour que tout continue de fonctionner. Le conseil a jugé qu’ils ne sont pas essentiels, que l’employeur a eu tort. Cela a pris un an. Il n’y a pas eu de négociation pendant ce temps-là, et maintenant, l’employeur ne négocie toujours pas et il attise les flammes en ajustant les règles de travail, ce qui oblige le syndicat à réagir. Maintenant, le gouvernement a pratiquement neutralisé le syndicat avec cette loi. Il existe des liens très étroits entre le gouvernement libéral et l’AEM
L’avocat de l’employeur dans cette audience devant le CCRI était Nicola di Iorio, l’ancien député libéral de Saint-Léonard-Saint-Michel au Québec d’octobre 2015 à janvier 2019. Il travaillait comme conseiller à l’AEM en 2018 alors qu’ils tentaient de nier le droit de grève des travailleurs.
L’AEM fait la même chose que certains hôtels en Colombie-Britannique, profitant de la situation de la pandémie pour maltraiter les travailleurs. Ils profitent certainement de la situation, tout comme le gouvernement canadien. À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral tente d’introduire une nouvelle réglementation sur la sécurité. Le gouvernement nous a dit récemment qu’il envisageait peut-être de modifier la réglementation qu’il applique sur les vérifications des antécédents en matière de sécurité auxquelles il soumet certains de nos travailleurs, ceux qui travaillent avec les navires de croisière et pour certains emplois dans les terminaux à conteneurs. Maintenant, ils veulent que chaque travailleur qui oeuvre dans des installations de manutention de fret maritime soit soumis à une vérification approfondie de ses antécédents et nous leur demandons pourquoi. Rien n’indique que nous ayons été informés que les débardeurs représentent un risque pour la sécurité. Ils nous traitent comme des criminels. Lors d’une récente réunion, j’ai demandé au gouvernement : « Faites-vous cela en ce moment parce que nous ne pouvons prétendument pas descendre dans la rue à cause de la pandémie ? Essayez-vous de nous enlever notre voix ? Vous ne l’avez pas fait au cours des 20 dernières années et vous avez choisi cette année pour le faire ? C’est bien commode que nous ne puissions pas descendre dans la rue et fermer des villes ou prendre l’avion pour aller parler aux députés. » Ils ont juste haussé les épaules.
C’est un autre combat que nous devons mener.
(Photos : Section locale 375 du SCFP, R. Woods)