Le rôle du Canada dans le maintien de la chaîne d'approvisionnement des minéraux critiques par des stratagèmes pour payer les riches

Comme ce fut rapporté dans LML du 1er février, le Canada et les États-Unis ont annoncé le 9 janvier qu'ils avaient finalisé le Plan d'action conjoint pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques, dans le cadre de l'intégration du Canada dans l'économie de guerre impérialiste américaine[1]. Sur les 35 minéraux critiques identifiés par les agences gouvernementales américaines, le Canada est considéré par les États-Unis comme son « principal fournisseur » de sept minéraux critiques : aluminium, césium et rubidium, indium, potasse, tellure et uranium, tandis qu'il fournit également six autres minéraux critiques.

Même si le discours du Trône du 23 septembre du gouvernement Trudeau est muet sur le plan d'action conjoint pour la collaboration sur les minéraux critiques que le Canada a signé avec les États-Unis en janvier, le plan conjoint est l'un des nombreux stratagèmes pour payer les riches sur lesquels le gouvernement libéral insiste parce que cela « crée des emplois » grâce à « l'effet de retombée » néolibéral.

Dans le discours du Trône il est dit : « À cette fin, le gouvernement lancera une campagne visant à créer plus d'un million d'emplois, ce qui nous ramènera aux mêmes niveaux qu'auparavant. Pour ce faire, il utilisera une série d'outils. Il compte notamment faire des investissements directs dans le secteur social et les infrastructures, offrir une formation immédiate pour permettre aux travailleurs d'acquérir rapidement des compétences, et mettre en place des mesures incitant les employeurs à embaucher et à conserver leurs travailleurs. »

De plus, le gouvernement s'engage à sécuriser les chaînes d'approvisionnement grâce à des changements structurels dans les relations fédérales, québécoises et provinciales libérés de toute « obstruction » :

« Aujourd'hui plus que jamais, les Canadiens doivent travailler ensemble, notamment en éliminant les derniers obstacles à un libre-échange complet entre les provinces, afin de relancer l'économie et de remettre les Canadiens au travail. »

Comme l'indique le document de 2018 de la United States Geological Survey sur les minéraux critiques, bon nombre des éléments trouvés au Canada ont des applications militaires et civiles. L'aluminium est utilisé dans de nombreuses applications civiles et militaires terrestres, marines et aérospatiales telles que les véhicules, les navires de guerre, les cellules et les fuselages d'avions et de fusées tandis que le césium et le rubidium sont des éléments indispensables dans les satellites de positionnement mondial (GPS), les systèmes de guidage des fusées, les appareils infrarouges militaires (vision nocturne), téléphones cellulaires et fibres optiques, pour n'en nommer que quelques-uns.

L'indium est utilisé pour les pare-brise d'avions, l'imagerie infrarouge militaire, les écrans plats pour les écrans d'ordinateur et de télévision et pour les applications nucléaires, parmi de nombreuses autres utilisations. Différents éléments des terres rares (ETR) sont utilisés dans les moteurs à réaction; dans les systèmes de guidage militaires, les lasers, radars et sonars et pour fabriquer des aimants permanents. Le tellure a des applications militaires dans les dispositifs infrarouges (vision nocturne) et les semi-conducteurs pour les dispositifs de télécommunication et électroniques. L'uranium a de nombreuses applications pour les missions spatiales, la propulsion nucléaire de navires militaires et les centrales nucléaires.

Parmi les 35 minéraux critiques, de nombreux autres sont également extraits au Canada, comme le cobalt (en Ontario), le niobium, le scandium et le titane (au Québec), pour n'en nommer que quelques-uns, alors que des plans sont en place pour que d'autres soient exploités à l'avenir, comme le chrome (Cercle de feu de l'Ontario), le vanadium (des sables bitumineux de l'Alberta et du complexe du Lac Doré au Québec), le lithium (dans la région de la Baie-James, Québec) et les éléments de terres rares (dans le nord de la Saskatchewan). Dans tous ces cas, les gouvernements du Québec et des provinces du Canada fournissent toutes sortes d'aides aux riches sous forme de projets d'infrastructure (construction de routes, de voies ferrées, de lignes électriques, d'installations pour la recherche et développement) et de plans de sauvetage.

Un exemple récent de cela est l'annonce le 23 septembre par le Saskatchewan Research Council (SRC), la société d'État du gouvernement de la Saskatchewan, du début de la construction d'une installation de traitement des ETR de 35 millions de dollars à Saskatoon qui établirait une chaîne d'approvisionnement provincial pour les ETR. L'installation, « une première en son genre en Amérique du Nord », sera une usine de transformation commerciale de sables composés de monazite. La monazite est « une source d'ETR dits 'légers' (en particulier le cérium, le lanthane, le praséodyme, le néodyme), qui font partie des éléments critiques des aimants permanents utilisés dans les technologies propres. Le SRC travaillera avec l'industrie minière pour sécuriser l'alimentation en matière première de partout en Saskatchewan, au Canada et à l'étranger ».

Note

1. « Non à l'intégration du Canada à l'économie de guerre impérialiste américaine ! », Fernand Deschamps, LML, 1er février 2020

(Sources : LML, Gouvernements du Canada, de la Saskatchewan et du Québec, U.S. Geological Survey, Globe and Mail, Mining.com. Photos : LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 65 - 24 octobre 2020

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