Le Marxiste-Léniniste

Numéro 44 - 8 décembre 2018

70e anniversaire de la Déclaration universelle
des droits de l'homme

Les droits de l'homme aujourd'hui

70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme
Les droits de l'homme aujourd'hui
Les peuples du monde n'acceptent pas que les droits humains soient parodiés pour des motifs ultérieurs - Pauline Easton

Le temps est venu d'une nouvelle direction de l'économie
sous le contrôle des Canadiens!

L'Énoncé économique de l'automne du gouvernement Trudeau - K.C. Adams

À titre d'information
Extraits de l'Énoncé économique de l'automne 2018 du gouvernement fédéral

Ferme appui aux luttes ouvrières pour les droits de toutes et tous au Québec!
La nouvelle Assemblée nationale inaugurée par le discours d'un homme d'affaires - Chantier politique

À titre d'information
Les principaux aspects du discours d'ouverture

Condamnation des attaques gratuites du gouvernement ontarien contre
les droits de la minorité francophone

Grande mobilisation à la défense des droits des francophones en Ontario

Le référendum sur la réforme électorale en Colombie-Britannique
Le vote référendaire sur la représentation proportionnelle est terminé - Peter Ewart

Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien
Une soirée commémorative pour affirmer les droits du peuple palestinien

La mort d'un criminel de guerre
Rétablir les faits au sujet de George H.W. Bush

De la presse du Parti
États-Unis, Irak et le danger de guerre dans le Golfe - Hardial Bains, LML, 13 janvier 1991
L'usage de la force - LML, 15 septembre 2001

Les contradictions continuent de s'approfondir en Europe
L'opposition à l'accord du Brexit de May et le chaos politique - Workers' Weekly


15e sommet du G20 à Buenos Aires, Argentine
Des actions de masse pour rejeter l'offensive antisociale et le sommet néolibéral 


Supplément

Le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme
Les droits inaliénables que tous possèdent du fait qu'ils sont humains


70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme

Les droits de l'homme aujourd'hui

L'affirmation des droits humains est la tâche la plus importante de notre époque. Cela découle des développements objectifs, en l'occurrence l'avancée colossale des forces productives. L'affirmation des droits humains aujourd'hui interpelle la restructuration de la société, la théorie et la philosophie qui guident cette restructuration et les théories économiques, politiques et autres qui façonnent la vie moderne.

La définition moderne des droits humains peut se résumer en une phrase : les êtres humains ont des droits qui découlent du fait qu'ils sont des êtres humains. C'est la pierre angulaire sur laquelle reconstruire la base et la superstructure de la société. Toutes les personnes ont des droits au sens objectif, c'est-à-dire en tant qu'être humain. Ces droits ne peuvent être ni cédés ni enlevés. C'est-à-dire que quiconque essaiera de retirer ces droits aura affaire à l'opposition du peuple. En même temps, les citoyens doivent donner à ces droits une garantie constitutionnelle qu'ils peuvent protéger. La société doit être organisée pour réaliser ces droits par principe, sans exception.

Une société qui a pour fondement la garantie des droits humains selon la définition moderne sera la source d'une très grande inspiration pour les peuples du monde. Les peuples qui s'engagent dans la construction de sociétés nouvelles dans leurs pays auront naturellement tendance à sympathiser avec ceux qui luttent pour la même chose et à les appuyer.

À l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, le 10 décembre, qui cette année marque le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, LML rend hommage aux peuples du monde qui mènent une lutte acharnée pour garantir le respect des droits humains. La lutte pour les droits humains témoigne du fait que les sociétés sont suffisamment avancées pour donner une expression à ces droits et que les êtres humains sont déterminés à combler ce manque.

Les droits ne s'expriment pas par le fait qu'ils sont conférés par tel ou tel pouvoir économique ou politique, telle ou telle institution sociale ou culturelle. Il est nécessaire d'évaluer ces droits tels qu'ils existent au sein d'une société particulière ou au niveau international pour mesurer le progrès de la société et fixer les tâches à accomplir pour les affirmer.

Bien entendu, c'est ce que les forces anciennes qui usurpent le pouvoir par la force et la fraude ne veulent pas. Elles ne veulent pas que la classe ouvrière et les peuples s'engagent dans cette grande entreprise. Elles veulent convaincre la classe ouvrière et les peuples de se soumettre à leurs exigences. Pour ce faire, elles font tout en leur pouvoir pour établir la crédibilité des arrangements actuels alors qu'elles sont elles-mêmes engagées dans une restructuration qui élimine la notion même d'une société moderne qui a la responsabilité de satisfaire les réclamations de ses membres. Elles vont même jusqu'à écarter toute mention de l'avancement de la société d'une étape à une autre en affirmant que la démocratie libérale est la forme ultime de la démocratie. C'est fait pour bloquer les efforts des êtres humains pour changer les conditions qui bloquent la voie au progrès de la société.

LML appelle ses lecteurs à revoir l'historique de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme en accordant l'attention première à la volonté des peuples à établir une nouvelle cohérence qui permette de renouveler la société pour que les droits humains de tous soient garantis.

Haut de page


Les peuples du monde n'acceptent pas
que les droits humains soient parodiés
pour des motifs ultérieurs

Les peuples du monde n'acceptent pas de tirer des conclusions sur le respect et le non-respect des droits humains dans tel ou tel pays en prenant comme point de départ la propagande intéressée des forces bellicistes. Une étude sérieuse du système économique, politique et social d'un pays montrera clairement ce qui s'y passe. L'étude et la recherche sérieuses des systèmes sociaux ne sont pas le souhait des impérialistes américains et de leurs alliés, y compris le Canada, qui utilisent des prétextes et des organisations de « défense des droits de l'homme » à leurs propres fins. Pour eux, la vérité se résume à créer une perspective pour mener à bien leur programme néolibéral antisocial de destruction des nations en toute impunité. Ils invoquent la défense des droits humains pour convenir à leurs intérêts, quitte à plier et à tordre la vérité jusqu'à ne plus s'y reconnaître. La défense des droits humains est utilisée par les impérialistes anglo-américains comme un outil politique, une arme pour justifier l'agression et l'intervention contre des peuples et des pays hostiles à leurs intérêts.

Depuis l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, et même durant la rédaction et le processus d'adoption de ce document, les forces impérialistes anglo-américaines ont également déclenché la guerre froide en se basant sur l'imposture : ils ont proclamé que l'« Occident » est le « défenseur » des droits humains et que le socialisme et le communisme ne l'étaient pas. C'était un mensonge typique, mais cela a servi de toile de fond à de nombreux crimes contre les peuples qui luttaient pour la libération nationale et sociale après la Deuxième Guerre mondiale. Les impérialistes anglo-américains ont non seulement refusé de dénazifier les zones qu'ils contrôlaient, mais ils ont en fait protégé les nazis, leur ont donné un refuge et des positions d'influence et d'autorité, pendant qu'ils persécutaient les communistes, avec des massacres de masse comme ils l'avaient fait en Indonésie, ou les gardaient dans des camps de concentration pendant 40 ans comme en Grèce et en Corée du Sud. Au nom de l'endiguement du communisme, ils ont fait la chasse aux sorcières, exécuté des coups d'État et déclenché des guerres d'agression. Ils ont créé l'OTAN comme une alliance de guerre agressive dominée par l'impérialisme américain et par son Conseil de l'Atlantique Nord pour s'assurer que le seul système autorisé en Europe soit celui de leur choix, fondé sur des définitions des droits et des systèmes de gouvernements qu'ils ont eux-mêmes approuvées et imposées.

L'anticommunisme et la défaite de l'Union soviétique et des pays des anciennes démocraties populaires, et non la défense de la démocratie et des droits humains, étaient leur motivation. Les crimes les plus odieux ont été justifiés sur cette base.

Les accusations de violation des droits humains dans d'autres pays que chez eux se sont avérées des campagnes bien orchestrées pour détourner l'attention de ce que faisaient les impérialistes américains et l'« Occident ». Au moment de l'adoption de la Déclaration universelle, cela s'est manifesté dans le conflit entre les pays du camp socialiste et les pays du camp capitaliste. Les pays socialistes s'opposaient à ce que les droits soient définis comme une abstraction, sans aucune obligation de mettre en place les conditions économiques et sociales requises pour leur réalisation. Selon le mantra impérialiste américain, le communisme était fondé sur la violation des droits humains et devait donc être renversé. Il fallait donc renverser le communisme pour prouver la supériorité de la démocratie américaine et montrer que l'impérialisme américain est le défenseur des droits humains. À ce jour, les impérialistes anglo-américains et leurs alliés, dont le Canada, continuent d'ériger des monuments pour condamner les crimes présumés des communistes, tandis qu'ils maintiennent le silence sur les crimes qu'ils ont eux-mêmes commis au nom de la liberté, de la démocratie et des droits humains. Mais le génie de l'histoire déjoue ces conclusions. La réalité existe. Les êtres humains existent. Non seulement ils existent, mais ils sont naturellement mus par le besoin d'humaniser l'environnement social et naturel et c'est ce qui leur permet de régler les comptes avec la vieille conscience de la société.

Depuis l'effondrement de l'ex-Union soviétique et des démocraties populaires, lorsque la période de la révolution s'est repliée et que l'impérialisme américain a commencé à subvertir le monde entier pour créer un monde unipolaire sous son dictat, les crimes contre l'humanité au nom des droits de l'homme ont pris une ampleur sans précédent, même par rapport aux normes qui existaient avant la Deuxième Guerre mondiale. D'autre part, l'Union européenne, la Fédération de Russie, le Japon et d'autres ont réclamé un monde multipolaire, un monde divisé en fonction des puissances impérialistes. Ces visées sont à l'origine des pires violations des droits humains partout dans le monde, y compris aux États-Unis et dans l'« Occident », comme nous le voyons tous les jours aux nouvelles.

La situation aux États-Unis mêmes, ce pays censé être le plus grand défenseur des droits humains, expose dans sa brutalité un conflit qui oppose autorité et condition. De plus en plus, l'armée et la police se voient attribuer un pouvoir élargi pour mener à bien un programme mondial défini par une petite élite dirigeante. La guerre contre le terrorisme, le Patriot Act, la militarisation de la sécurité intérieure et la consolidation de la défense civile dans le cadre de son mandat, l'élargissement du pouvoir exécutif à tous les niveaux du gouvernement confèrent aux institutions de l'État américain le pouvoir d'agir avec l'impunité et sans recours et réparation pour les victimes. Cela s'étend forcément au Canada. Les pouvoirs arbitraires établis dans le cadre de la guerre contre le terrorisme et pour la Sécurité intérieure donnent aux pouvoirs exécutifs, aux administrateurs de l'État et aux autorités policières le pouvoir de faire ce qu'ils veulent. Étant parvenus à mettre en place ces pouvoirs de police, ils affirment désormais que la guerre contre le terrorisme n'est plus nécessaire et que les principaux ennemis sont désormais la Russie et la Chine et leurs tentatives de saper les « démocraties occidentales » en faisant circuler de fausses informations, en finançant des tiers, etc. Autant de faux prétextes pour maintenir la prétention de défendre la démocratie, la liberté et les droits humains.

Leur désir de contrôler le monde justifie dans leur esprit l'exigence que tous les peuples adoptent l'exploitation capitaliste qui se moque des droits humains, la démocratie capitaliste brutale qui se caractérise aujourd'hui par l'adoption de méthodes totalitaires et de pouvoirs de police et par la violation du droit de conscience, le plus important des droits humains, et la militarisation de la culture et de la vie elle-même. Ils réclament le droit du capital financier sous leur contrôle de faire ce qu'il veut dans tous les pays du monde, quels que soient les crimes commis en leur nom. Et tout cela se fait au nom des droits humains, de la lutte à la corruption et à la fraude et d'autres prétextes.

À l'occasion du 70e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, les représentants des puissances impérialistes, et même la Commission des droits de l'homme des Nations unies, font des déclarations sans substance pour détourner l'attention de cette réalité et détruire l'opinion publique. Ils veulent que l'humanité accepte que tout espoir est vain. Leur méthode de prédilection pour avancer leurs intérêts est de trouver des boucs émissaires et de créer des diversions, mais si cela ne marche pas, ils justifient l'invasion, comme on le voit au Moyen-Orient, ou des coups d'État, comme ceux en Amérique latine. Leur diversion préférée est d'accuser les autres de violations des droits humains suivant une définition des droits humains qui convient à leurs intérêts.

Mais les peuples du monde entier, partant de leur propre combat pour la défense des droits, ont exposé ces faux prétextes. Alors les impérialistes réagissent en créant d'autres prétextes et d'autres diversions. Au nom de la défense de la démocratie, de la liberté et des droits humains, ils définissent maintenant les droits de manière encore plus flagrante, comme en tournant leur fusil contre leurs rivaux en affaires, qu'ils humilient et criminalisent parce qu'ils ont leurs propres intérêts et refusent l'hégémonie.

Tout cela montre que le fer de lance de la lutte pour les droits humains aujourd'hui est l'affirmation du droit d'être, un droit qui appartient à tous les êtres humains, un droit que les puissances impérialistes et tous ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force menacent d'extinction. Cela signifie en revanche que l'affirmation des droits humains exige aujourd'hui l'affirmation du droit de conscience, c'est-à-dire le droit de participer aux prises de décisions qui ont un impact sur la vie des êtres humains et leur environnement social et naturel, le droit d'appliquer ces décisions et d'avoir une reddition de comptes.

Dans son important ouvrage L'état des droits de l'homme dans l'après-guerre froide, écrit en 1992, Hardial Bains explique :

« Les êtres humains ne sont pas des êtres sociaux seulement du fait qu'ils pourvoient à leur existence socialement ; ils se démarquent de l'animalité sur tous les autres plans. Cette démarcation de la vie animale - cette soustraction aux caprices de la nature - impose une nouvelle condition vitale à tous les humains : la condition de l'être. [...] Cette condition de l'être exige [...] que les êtres humains aient voix au chapitre quant à la production et la reproduction de la vie réelle. Cette exigence qui origine du procès de socialisation conduit à une socialisation encore plus poussée. [...] La condition de l'être exige que tout soit jugé en fonction de l'actualisation des droits de l'homme dans la mesure où le permettent les conditions. » [1]

« Le droit est fondamentalement un fait de la civilisation humaine [et] qu'il faut constamment rappeler aux pouvoirs en place qu'étant êtres humains nous devons être traités comme il sied à des êtres humains », a écrit Hardial Bains.

« S'empoignent alors l'être en acte, l'autorité, qui refuse de s'acquitter de son devoir, et l'être en acte, la condition, qui exige du peuple qu'il accomplisse son devoir. [...] En ce sens, l'être en acte de la condition prévaut sur les formalités et les abstractions dont se servent les autorités pour se justifier et faire violence au droit de conscience. [...] Ou bien l'autorité change les conditions, c'est-à-dire assume sa part de responsabilités par rapport au droit de conscience, ou bien les conditions continueront de se détériorer au point où le peuple sera appelé à mettre un terme à l'autorité. [...] [Les peuples] font leur devoir en réclamant leurs droits partant de l'être en acte dans une condition précise ; ils veulent s'élever au-dessus de cette condition. »

La violation des droits humains se fait aujourd'hui en affirmant le droit d'être d'une autorité face à l'anarchie et à la violence ainsi qu'à la menace à la sécurité de cette autorité. C'est pour dissimuler que l'autorité est devenue l'anarchie et la violence assumant la forme d'un État qui « ne cesse jamais de prétendre être exempt de tout blâme et d'affirmer agir pour le bien-être de l'humanité entière. Mais l'être en acte, l'existence même de l'anarchie et de la violence, réfute cette prétention. [...] s'il [le gouvernement] s'acquittait de son devoir, le peuple se rangerait sûrement de son côté, et l'anarchie et la violence ne domineraient pas. Il en est ainsi parce que le peuple ne désire pas du tout l'anarchie et la violence, puisque c'est lui qui est toujours appelé à en faire les frais. [...] Lorsqu'un gouvernement prétend combattre l'anarchie et la violence en recourant à la force, en déclenchant un assaut général contre la population et en imposant l'humiliation, il n'est pas impossible que le gouvernement en question ait lui-même initié l'anarchie et la violence. »

Les peuples du monde font leur devoir « lorsqu'ils exigent leurs droits en raison de leurs conditions de vie ». Ils s'efforcent de mettre un terme aux conditions qui violent les droits fondamentaux des personnes, leur droit à la conscience, leur droit d'être. Hardial Bains écrit : « Les peuples cherchent à abolir les conditions qui engendrent ces violations des droits de l'homme. Ils veulent défendre leur droit de conscience et s'en servir pour améliorer leur condition de l'être. [...] c'est l'autorité qui devient la cible du mécontentement et ce sont les conditions qui demandent à être changées et il y a de plus en plus de gens qui répondent à l'appel des conditions [...] La forme variera tout en reflétant à chaque étape le processus contradictoire qui met en opposition les prétentions de l'autorité et les exigences des conditions. [...] C'est l'être en acte qui domine. L'être en acte des conditions surpasse toutes les prétentions de l'autorité. »

La lutte aujourd'hui pour les droits humains est la lutte pour l'émergence de la personnalité démocratique moderne qui défend les principes démocratiques en tant qu'être en acte. Ceux qui assument leurs responsabilités envers eux-mêmes et envers la société obligent l'autorité à changer les conditions. Une autorité qui refuse de faire son devoir envers le peuple et la société, une autorité qui refuse de se soumettre à la nécessité de changement, sera renversée par la force même de l'histoire, par le besoin d'éliminer tous les obstacles sur la voie du progrès.

En cette occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ceux dont l'autorité n'est pas au diapason des besoins de l'époque seront davantage préoccupés par les signes extérieurs et les symboles de l'autorité que par le devoir qu'ils ont envers les peuples et leurs sociétés. « En privant le peuple du droit de conscience, l'autorité se transforme en culte et les conditions sont considérées comme définitives et inaltérables, écrit Hardial Bains. De l'existence en pratique, dans la réalité, du droit de conscience, dépend la survie d'un peuple. Ce problème est la préoccupation centrale de notre époque, au même titre que les problèmes ayant trait à la nature de l'État, à la forme de son organisation et au système économique. [...] Les droits ne peuvent trouver leur application que dans la solution des problèmes auxquels fait face une société moderne, qu'ils s'agissent de problèmes reliés au bien-être économique du peuple, ou à la paix et à l'harmonie entre les peuples au sein d'une nation ou entre nations, ou aux affaires spirituelles et sociales. Les droits trouveront leur réalisation lorsque l'autorité changera les conditions en faveur du peuple et le peuple s'acquittera de son devoir en obligeant l'autorité à changer les conditions. Or, pour ce faire il faut le droit de conscience. Cette lutte est donc le pivot du progrès et du renouvellement du monde. »

Note

 1. L'état des droits de l'homme dans l'après-guerre froide - Un examen théorique et politique - Hardial Bains, 1992.

Haut de page


Le temps est venu d'une nouvelle direction de l'économie
sous le contrôle des Canadiens!

L'Énoncé économique de l'automne du gouvernement Trudeau

Le ministre des Finances du gouvernement fédéral, Bill Morneau, a émis un énoncé économique d'automne le 21 novembre. L'introduction de l'énoncé est une ode à la magnifique situation économique du Canada telle qu'elle existe dans l'imagination du gouvernement libéral de Justin Trudeau, mais non dans la réalité. L'énoncé débute par la suggestion que les Canadiens ont choisi ce plan économique et la direction actuelle de l'économie en élisant le gouvernement libéral. Cette affirmation est de la désinformation parce que les Canadiens élisent des partis cartellisés au pouvoir au sein d'un système électoral archaïque qui prive les membres du pouvoir politique de leur droit d'élire et d'être élu reconnu également à tous les Canadiens. Lors de la dernière élection, les libéraux avaient promis de faire des changements au processus électoral et d'au moins le débarrasser du système uninominal majoritaire à un tour archaïque de décompte des votes, mais ils ont abandonné cet engagement dès qu'ils ont pris le pouvoir et plutôt adopté des mesures intéressées qui renforcent la mainmise des partis cartellisés sur le gouvernement. [1]

L'Énoncé économique de l'automne n'identifie pas les problèmes de l'économie et ne propose pas de solutions. Il débute plutôt par cette platitude : « Le plan du gouvernement fonctionne...L'économie du Canada est forte et en croissance... Il y a un plus grand nombre de bons emplois bien rémunérés... La confiance des consommateurs est élevée. Avec plus d'argent, plus d'emplois, des salaires croissants et des impôts plus faibles, les Canadiens sont confiants dans leur situation financière personnelle... Les bénéfices des entreprises sont plus élevés. La rentabilité après impôt des entreprises au Canada est élevée comparativement à la moyenne historique... La vigueur de l'économie canadienne se traduit par une augmentation plus rapide des revenus fédéraux que des dépenses fédérales. »

Ces affirmations exagérées, dont certaines sont de véritables distorsions, visent à masquer la réalité des problèmes économiques sérieux qui ne sont pas abordés. Il existe un danger réel d'une nouvelle récession dévastatrice. Tous sont préoccupés par l'élimination d'emplois industriels chez Bombardier et GM qui a été annoncée depuis juste quelques semaines. La concentration de la richesse sociale, du privilège, du pouvoir et du contrôle dans les mains de quelques-uns se poursuit sans relâche. La direction de l'économie est de plus en plus établie par des oligarques mondiaux qui n'ont pas de lien direct avec le Canada, pendant que les gouvernements semblent impuissants et non intéressés à faire quoi que ce soit qui restreigne l'oligarchie financière et favorise le peuple.

Dans un certain sens, le gouvernement Trudeau reconnaît le pouvoir des oligarques mondiaux quand il réduit les travailleurs par ses paroles et sa conception en une « classe moyenne » qui est sous le contrôle d'une « classe supérieure » toute puissante et immensément riche qui possède et contrôle presque toute l'économie socialisée du Canada. Renforcer une « classe moyenne » de travailleurs qui se situe entre les riches et les pauvres signifie inévitablement maintenir intacts le privilège, le pouvoir et le contrôle des riches impérialistes et de leur vision arriérée qui domine toutes les institutions de l'État, les médias de masse et le système d'éducation.

Contrairement à ce qu'affirme l'Énoncé économique, l'offensive antisociale de compression des programmes sociaux et des services publics laisse des plaies béantes dans le tissu social comme les crises des opioïdes, de la pauvreté et du logement, au sujet desquelles rien n'est fait. L'économie de l'Alberta est en chute libre avec un autre effondrement des prix du pétrole qui montre bien les dangers que comporte une économie à sens unique, une tendance qui s'accélère dans tout le pays. La destruction du secteur manufacturier est devenue un pattern inquiétant marqué par la chute constante du secteur manufacturier en tant que pourcentage du PIB global. En plus, les tarifs américains sur la production canadienne d'acier et d'aluminium demeurent une menace directe au secteur manufacturier.

Dans cette situation, les oligarques mondiaux qui contrôlent l'économie canadienne l'intègrent dans l'économie de guerre des États-Unis et intègrent les Canadiens en général dans la Sécurité intérieure des États-Unis. Les impérialistes américains sont déterminés à obtenir un accès sans entrave aux ressources naturelles du Canada, en particulier l'accès au pétrole pour leurs raffineries du centre-ouest, de la côte du golfe et, de plus en plus, de la côte ouest des États-Unis. Ils convoitent les minerais qui sont essentiels à la fabrication d'armes de destruction massive et dont certains se trouvent uniquement au Canada en ce moment et dans un petit nombre de pays. L'économie de guerre des États-Unis domine leurs comptes publics alors que le budget du Pentagone approche le billion de dollars. Le Canada est maintenant impliqué dans le monde peu reluisant des ventes d'armes, des préparatifs de guerre et de l'instigation de conflits violents pour promouvoir l'économie de guerre et faire avancer la marche violente de l'impérialisme américain vers l'hégémonie mondiale.

L'Énoncé d'automne dans son ensemble cherche à consolider la direction actuelle de l'économie en payant les riches en subventionnant les intérêts privés de la grande entreprise et en lui fournissant l'infrastructure gratuitement. Par le biais de la ligne politique d'être « ouvert aux affaires », les gouvernements fédéral et provinciaux donnent aux oligarques mondiaux le droit d'exploiter les ressources naturelles et le travail des Canadiens et ils font en sorte que les médias de masse et les organisations sociales soient des meneurs de claques dociles de l'élite impérialiste dominante.

Pendant ce temps, afin de servir l'oligarchie financière, le gouvernement Trudeau criminalise la classe ouvrière par des lois et les pouvoirs de police, dont les injonctions des tribunaux contre tout piquetage effectif comme on l'a vu avec le lockout à l'aciérie MANA à Hamilton, et le recours aux armes de l'État comme la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) pour voler aux travailleurs ce qui leur appartient de droit.

La direction actuelle telle qu'exprimée dans l'Énoncé économique du gouvernement libéral resserre l'étau de l'oligarchie financière sur l'économie.  Elle vise à empêcher le peuple de développer sa propre vision prosociale d'une économie et d'un système politique qui sert les travailleurs, de résoudre les problèmes et de faire en sorte que le bien-être et la sécurité de tous soient la première priorité.

Le gouvernement poursuit l'utilisation de fonds publics pour renforcer le contrôle de l'oligarchie financière sur tous les aspects de la vie politique, économique et sociale du pays et concentrer davantage la richesse sociale entre les mains de quelques-uns. Outre l'abondance des mesures de rémunération des riches, qui sont documentées sans vergogne dans la déclaration de l'automne, certaines propositions sont significatives. Le gouvernement affectera plus d'un demi milliard de dollars de fonds publics au soutien du journalisme canadien. L'État paiera une sélection de médias privés et de journalistes pour présenter les nouvelles aux Canadiens avec Radio-Canada. Un panel organisé par l'État sélectionnera les sociétés de presse et les journalistes qui seront récompensés par des fonds publics. Dans cette optique, la déclaration propose également de créer un « Comité consultatif permanent sur le secteur des oeuvres de bienfaisance » chargé de canaliser les fonds et autres aides et de donner des directives à des organismes de bienfaisance sélectionnés, ainsi qu'un « Fonds de financement social » pour donner de l'argent à certaines « organisations sociales ». Le gouvernement libéral veut faire en sorte que tous les aspects de la vie soient directement liés à l'État et à l'économie, sous le regard vigilant et la domination de l'oligarchie financière.

La situation révèle la nécessité d'une nouvelle direction vers une économie nationale autonome fondée sur divers secteurs qui font du commerce et des échanges entre eux sans interruption ni crises et où le contrôle est entre les mains des travailleurs canadiens. Les secteurs essentiels d'une économie moderne autonome dans un pays aussi vaste et riche en ressources naturelles que le Canada sont l'extraction des ressources, la fabrication, les transports, les programmes sociaux et les services publics, y compris les infrastructures. Avec la force interne autonome et la valeur échangée et réalisée entre les secteurs dans le but de garantir le bien-être et la sécurité de tous, une économie diversifiée sous le contrôle des Canadiens peut alors s'engager dans le commerce international pour le bénéfice et le développement mutuels dans une atmosphère de paix et de solidarité avec toute l'humanité.

Note

 1. Voir LML 24 novembre 2018 et LML 3 novembre 2018

Haut de page


À titre d'information

Extraits de l'Énoncé économique
de l'automne 2018 du gouvernement fédéral

Tiré du Chapitre 2

L'Énoncé économique de l'automne 2018 annonce que le gouvernement a l'intention de proposer trois nouvelles initiatives de soutien au journalisme canadien : permettre à des organismes d'information à but non lucratif de recevoir des dons de bienfaisance et de délivrer des reçus officiels de dons ; offrir un nouveau crédit d'impôt remboursable pour appuyer la création de contenu d'information original, y compris celui d'intérêt local ; et créer un crédit d'impôt non remboursable temporaire pour encourager les abonnements aux médias d'information numériques canadiens. [...]

On estime que les incitatifs fiscaux liés aux dons de bienfaisance, le crédit d'impôt remboursable pour coûts de main-d'oeuvre et le crédit d'impôt non remboursable pour abonnement coûteront 595 millions de dollars au gouvernement fédéral au cours des cinq prochaines années. De plus amples renseignements sur ces mesures seront présentés dans le budget de 2019. [...]

Le gouvernement propose d'investir 14,6 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2019-2020, à l'appui de la création d'une plateforme numérique francophone réunissant des diffuseurs publics membres de TV5MONDE. TV5MONDE, première chaîne mondiale de langue française, distribue sa programmation par l'intermédiaire de la télévision par câble à plus de 354 millions de ménages dans 198 pays francophones ou francophiles du monde. [...]

Le gouvernement propose d'investir 62,6 millions de dollars sur cinq ans à compter de 2019-2020, et 10,4 millions par année par la suite, dans le programme Nutrition Nord Canada [...]

Le gouvernement présentera un projet de loi visant à mettre en oeuvre le paiement rapide des entrepreneurs et des sous-traitants qui participent à des projets fédéraux sur des terrains fédéraux, ainsi que le mécanisme d'arbitrage relatif aux différends liés aux paiements. [...]

Afin de soutenir l'élargissement des services d'Avalanche Canada, le gouvernement annonce le versement d'une subvention ponctuelle de 25 millions de dollars en 2018-2019. [...]

Afin d'appuyer l'évaluation des stocks et les efforts de rétablissement des stocks prioritaires de saumon du Pacifique ainsi que d'autres stocks de poissons prioritaires partout au Canada, le gouvernement propose d'investir 107,4 millions de dollars de nouveaux fonds sur cinq ans, à compter de 2019-2020, et 17,6 millions par année par la suite, à l'appui de la mise en oeuvre de dispositions d'une Loi sur les pêches renouvelée sur l'évaluation et le rétablissement des stocks. [...]

Le gouvernement s'appuie sur la réussite du Fonds des pêches de l'Atlantique. À cette fin, il propose d'investir 105 millions de dollars sur six ans, à compter de 2018-2019, pour créer un fonds d'innovation et de rétablissement du saumon en Colombie-Britannique, ce qui comprend des contributions de 5 millions au Fonds de dotation pour le saumon du Pacifique en 2018-2019 et de 30 millions sur cinq ans, à compter de 2019-2020, à un fonds pour les pêches du Québec. [...]

L'Énoncé économique de l'automne de cette année témoigne des efforts continus déployés par le gouvernement pour faire progresser le programme de l'égalité des sexes, par la présentation de projet de loi sur l'équité salariale, sur la budgétisation sensible aux sexes et sur la création du nouveau ministère des Femmes et de l'Égalité des genres. De nouvelles initiatives comme l'établissement d'un fonds de finance sociale et d'un comité consultatif sur le secteur des organismes de bienfaisance et l'élargissement du programme Nutrition Nord Canada [...]

Législation sur l'équité salariale proactive – (montant alloué de 76 millions de dollars) La législation sur l'équité salariale proactive est conçue pour s'attaquer à la discrimination systémique fondée sur le sexe dans les systèmes et les pratiques de rémunération des employeurs sous réglementation fédérale issue de la sous-évaluation du travail surtout fait par les femmes. Selon les données de Statistique Canada, les professions à prédominance féminine ont tendance à être rémunérées à des taux salariaux inférieurs à ceux des professions à prédominance masculine, même quand les travailleurs possèdent le même niveau de compétences. [...]

Comité consultatif permanent sur le secteur des organismes de bienfaisance — (montant alloué de 5 millions de dollars) On compte environ 86 000 organismes de bienfaisance enregistrés au Canada. Les organismes de bienfaisance enregistrés appartiennent généralement à l'une des catégories suivantes :

soulagement de la pauvreté (23 %) ;

avancement de l'éducation (16 %) ;

avancement de la religion (38 %) ;

autres fins profitant à l'ensemble de la communauté (23 %). [...]

Fonds de finance sociale — (un montant de 121 millions de dollars en plus des 750 millions de dollars déjà affectés). Le fonds de finance sociale vise à accélérer la croissance du financement accordé aux organismes à vocation sociale, ce qui leur permettra d'élaborer des solutions à des problèmes complexes liés à la politique sociale (p. ex., la précarité du logement, le chômage chez les jeunes et la pauvreté). En 2016, 3,7 millions de Canadiens vivaient dans la pauvreté. Certains groupes, notamment les parents seuls, les nouveaux immigrants, les Autochtones vivant hors réserve et les personnes handicapées, affichaient une proportion beaucoup plus élevée de personnes à faible revenu en moyenne. [...]

Soutien au journalisme canadien — (un montant alloué de 595 millions de dollars). Ces mesures témoignent de l'intention du gouvernement de permettre à des organismes d'information à but non lucratif de recevoir des dons de bienfaisance et de délivrer des reçus officiels de dons, et l'intention d'offrir un nouveau crédit d'impôt remboursable pour soutenir la création de contenu d'information original ainsi qu'un nouveau crédit d'impôt non remboursable pour les abonnements à des médias d'information numériques canadiens. Les avantages directs des deux premières mesures s'étendraient aux organismes d'information à but non lucratif et aux entreprises d'information à but lucratif [...] Le crédit d'impôt pour les abonnements permettra aux particuliers qui le demandent d'obtenir des avantages directs. [...] Les mesures visent à renforcer les organismes d'information au Canada qui produisent un vaste éventail de nouvelles et d'information qui intéressent les Canadiens. [...]

Création d'une plateforme numérique francophone – (un montant alloué de 15 millions de dollars) Cette mesure protégera la langue française et en fera la promotion sur une plateforme numérique, et sera un moyen moderne de présenter la langue et la culture française. Les créateurs francophones du Canada auront accès à de nouveaux marchés, et tous les Canadiens profiteront d'un profil rehaussé à l'échelle internationale.

Paiements rapides aux entrepreneurs en construction du gouvernement — (un montant alloué de 3 millions de dollars provenant des ministères) Cette mesure devrait accroître la protection qu'offrent les paiements rapides dans le secteur de la construction. Des pratiques modernisées et efficientes d'approvisionnement dans le secteur public contribuent à la compétitivité et à l'efficience de l'économie ainsi qu'à l'efficience des activités du gouvernement, au profit de tous les Canadiens. [...]

Maintenir les stocks de poissons sauvages du Canada (un montant alloué de 212 millions de dollars provenant des ministères ) Cette mesure devrait permettre d'augmenter à long terme la croissance durable de l'industrie du poisson et des fruits de mer, ce qui générerait des répercussions économiques positives directes et indirectes grâce à la création de plus d'emplois pour les Britanno-Colombiens [...]

Tiré du Chapitre 3

Grâce à ses richesses en ressources naturelles, le Canada est bien placé pour répondre à la demande des économies émergentes concernant l'énergie et les matières brutes dont elles ont besoin pour soutenir leur croissance. De plus, le Canada se trouve dans une position où il est l'un des fournisseurs les plus propres de ressources naturelles au monde, et l'un des rares grands exportateurs de pétrole ayant imposé un prix sur la pollution causée par le carbone. [...]

Il y a un an, en cherchant à transformer les forces économiques du Canada en avantages mondiaux, le gouvernement a établi six tables sectorielles de stratégies économiques en réunissant 90 dirigeants d'entreprises des six secteurs du Canada ayant le potentiel de croissance le plus élevé. Ces dirigeants d'entreprise se sont réunis tous les mois afin de tracer une feuille de route ambitieuse pour stimuler l'innovation, accroître la croissance économique et rendre le Canada plus compétitif à l'échelle mondiale. Leurs recommandations collectives sur la façon d'accélérer la croissance axée sur l'exportation et stimuler l'innovation se trouvent dans leur rapport intitulé L'impératif de l'innovation et de la compétitivité : Saisir les occasions de croissance. [...] L'Énoncé économique de l'automne 2018 contient plusieurs mesures qui permettront de réaliser des progrès à l'égard d'un grand nombre des recommandations formulées par les tables de stratégies économiques. Le gouvernement continuera de chercher des occasions de mettre en oeuvre les autres recommandations des tables, dans un avenir immédiat et à long terme. De plus, il s'est engagé à poursuivre la collaboration avec l'industrie au moyen de ce modèle. [...]

La réforme fiscale fédérale des États-Unis a réduit considérablement l'avantage fiscal général que le Canada a établi au fil des années. Cela présente des défis importants qui, si rien n'est fait, pourraient avoir des répercussions importantes sur les investissements, les emplois et les perspectives économiques des Canadiens de la classe moyenne [...] Le présent Énoncé économique de l'automne propose trois changements immédiats au régime fiscal du Canada, afin de renforcer la confiance des entreprises au Canada :

- ( ces mesures représentent un manque à gagner en revenus fiscaux de 14,040 milliards de dollars) permettre aux entreprises d'amortir immédiatement le coût total des machines et du matériel utilisés pour la fabrication ou la transformation de biens. Cette mesure stimulera de nouveaux investissements et appuiera l'adoption de technologies et de procédés de pointe par ce secteur de l'économie qui est extrêmement mobile.

- permettre aux entreprises d'amortir immédiatement le coût total du matériel désigné de production d'énergie propre afin de stimuler les nouveaux investissements et l'adoption de technologies propres de pointe dans l'économie canadienne.

- instaurer l'Incitatif à l'investissement accéléré, une déduction pour amortissement accéléré (c'est-à-dire une déduction pour amortissement plus importante) accordée aux entreprises de toutes tailles, de tous les secteurs de l'économie, qui font des investissements en capital. L'Incitatif à l'investissement accéléré permettra d'encourager les investissements au Canada, ce qui renforce la confiance des investisseurs. [...]


Appuyer l'exploration minière au stade précoce (montant alloué de 16 millions de dollars) Le crédit d'impôt pour exploration minière de 15 % aide les petites entreprises d'exploration minière à obtenir des capitaux pour financer leurs activités d'exploration minière préliminaire à l'extérieur des sites miniers existants. De 2010 à 2016, les sociétés minières ont obtenu une moyenne d'environ 505 millions de dollars en capitaux propres par année en demandant le crédit d'impôt pour exploration minière. Le crédit d'impôt doit venir à échéance le 31 mars 2019. Compte tenu des difficultés auxquelles les petites sociétés minières font face, le gouvernement propose d'appuyer leurs activités d'exploration minière en prolongeant le crédit de 5 ans, soit jusqu'au 31 mars 2024. L'annonce de cette prolongation maintenant viendra atténuer l'incertitude, faciliter la planification et aider les petites entreprises minières à obtenir plus de capitaux propres. Cette mesure devrait se traduire par une réduction nette des revenus fédéraux d'environ 365 millions de dollars au cours de la période de 2019-2020 et 2023-2024. [...]

Renforcer les accords de libre-échange – Grâce à la conclusion fructueuse de l'Accord États-Unis-Mexique-Canada, ainsi que l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne et l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), le Canada est le seul pays du G7 à disposer d'accords de libre-échange avec tous les autres pays du G7. Le Canada compte maintenant des accords de libre-échange globaux avec des pays qui représentent les deux tiers du PIB mondial total. [...]

Le gouvernement propose de lancer une stratégie de diversification des exportations, avec pour objectif d'accroître les exportations du Canada vers les marchés d'outre-mer de 50 % d'ici 2025.

En tout, la stratégie de diversification des exportations investira 1,1 milliard de dollars au cours des six prochaines années, et ce à compter de 2018-2019, pour aider les entreprises canadiennes à accéder à de nouveaux marchés. La stratégie mettra l'accent sur trois volets principaux : investir dans les infrastructures pour appuyer le commerce, fournir aux entreprises canadiennes les ressources nécessaires pour réaliser leurs plans d'exportation et accroître les services commerciaux pour les exportateurs canadiens. [...]

Agir immédiatement pour répondre aux recommandations des entreprises – Dans l'Énoncé économique de l'automne, le gouvernement annonce son intention de promulguer, le plus rapidement possible, des changements aux règlements et aux politiques qui mèneront à un régime de réglementation plus simple, plus clair et plus moderne, et qui appuieront le développement d'approches et de produits novateurs. [...]

Aider les innovateurs canadiens à ajouter de la valeur, à réussir et à prendre de l'expansion – Pour accélérer le soutien à l'innovation en entreprise au Canada, le gouvernement propose d'accorder 800 millions de dollars de plus sur cinq ans au Fonds stratégique pour l'innovation, qui continuera d'appuyer des investissements innovants partout au pays et dans tous les secteurs de l'économie. [...]

Appuyer les innovateurs canadiens des technologies propres au moyen du capital de risque – le gouvernement investira 50 millions de dollars de plus selon la comptabilité de caisse afin d'accroître le capital de risque mis à la disposition des entreprises de technologies propres en vertu de l'Initiative de catalyse du capital de risque.

Tiré du document d'information

Le Fonds de finance sociale

Afin d'encourager des approches novatrices aux difficultés sociales persistantes et complexes, le gouvernement met sur pied un fonds de finance sociale. Ce fonds donnera aux oeuvres de bienfaisance, aux organismes à but non lucratif et aux organisations à vocation sociale l'accès à un nouveau financement dans le but de mettre en oeuvre leurs idées novatrices, et les mettra en relation avec des investisseurs non gouvernementaux qui cherchent à appuyer des projets favorisant des changements sociaux positifs.

Afin d'accélérer ce changement, le gouvernement propose de verser dans un nouveau fonds de finance sociale jusqu'à 755 millions de dollars selon la comptabilité de caisse sur les 10 prochaines années, ainsi que 50 millions de plus sur deux ans afin que les organisations à vocation sociale puissent accroître leur capacité à participer au marché de la finance sociale avec succès.

Le fonds de finance sociale proposé pourrait générer jusqu'à 2 milliards de dollars en activités économiques et contribuer à créer pas moins de 100 000 emplois au cours des 10 prochaines années. En plus de ces mesures, le gouvernement continuera d'étudier les autres recommandations du rapport du Groupe directeur.

(Pour accéder au document complet de l'énoncé économique de l'automne cliquer ici.)

Haut de page


Ferme appui aux luttes ouvrières pour les droits de toutes et tous au Québec!

La nouvelle Assemblée nationale inaugurée
par le discours d'un homme d'affaires

Le 28 novembre, le premier ministre François Legault, au nom du gouvernement de la Coalition Avenir Québec, a prononcé le discours d'ouverture de la première session de la 42e législature. Ce discours est un subterfuge total pour mettre toutes les ressources de la société à la disposition des grands intérêts privés supranationaux tout en prétendant agir au nom de « tous les Québécois ». Le plus grand subterfuge de ce discours est la prétention du gouvernement de ne pas avoir d'idéologie ou de dogmes, juste une préoccupation pour la compétence économique et l'efficacité. Prétendre qu'un gouvernement, qui a à sa tête des banquiers, des dirigeants d'entreprises et des avocats d'entreprises, est sans idéologie, est quelque chose de typique de la part des élites dirigeantes, qui insultent l'intelligence du peuple avec leur mépris notoire.

Quand un gouvernement qui se base sur l'idéologie néolibérale des riches parle d'efficacité et de compétence, il a comme plan de payer les riches, peu importe le coût pour la société. Les travailleurs, le peuple et leur bien-être ne font pas partie de ce qu'il entend par le bien-être de l'économie, et les demandes des travailleurs ne peuvent qu'être criminalisées.

Dans la conception du monde néolibérale, ceux qui s'opposent à ce que toute la richesse sociale soit mise à la disposition des riches sont considérés comme des groupes de pression qu'il faut écarter du chemin, comme le discours d'ouverture le proclame ouvertement. Cela fait juste paver la voie à plus de criminalisation des travailleurs et de tous ceux qui se battent contre cette direction, comme étant des fauteurs de troubles qui s'opposent au développement économique.

Un autre subterfuge de ce discours est de prétendre que payer les riches fonctionne et peut créer une économie qui est stable et peut fournir un standard moderne en fait de conditions de vie et de travail et de programmes sociaux et de services publics. La vie a démontré que l'offensive antisociale ne fait qu'enrichir les riches et appauvrir les pauvres et attaquer les droits de tous. Elle a aussi privé la société des pouvoirs et des ressources dont elle a besoin pour bâtir une économie qui subvient à ses besoins et qui est aussi prémunie que possible contre les crises qui dévastent l'économie. Il n'y a pas un mot dans ce discours sur la crise du secteur manufacturier au Québec et au Canada, avec notamment la crise chez Bombardier et la destruction causée par GM, qui nous montrent que les stratagèmes étatiques pour payer les riches n'ont rien à voir avec la prévention des crises et doivent être rejetés au profit d'une nouvelle direction de l'économie élaborée et décidée par le peuple.

Ce gouvernement ne va pas changer la façon de faire les choses. Il va nous entraîner dans d'autres stratagèmes pour payer les riches aux dépens des droits et du bien-être de tous et c'est justement là son idéologie et son dogme.

Les faits de la vie eux-mêmes montrent combien caduque et trompeur est ce discours et poussent les travailleurs à intensifier leur lutte pour leurs droits et pour les droits de toutes et de tous, et à prendre en main de diriger le peuple dans la voie d'une nouvelle direction de l'économie et du renouveau démocratique de la prise de décision dans la société.

Chantier politique est le journal en ligne du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ).

Haut de page


À titre d'information

Les principaux aspects du discours d'ouverture

Le discours d'ouverture du premier ministre François Legault débute par une série de juxtapositions de mots creux qui, selon le gouvernement, décrivent les options opposées auxquelles les Québécois font face. Selon le premier ministre, la lutte est entre la peur et l'audace, entre la méfiance et la confiance, entre les nominations partisanes et idéologiques et les nominations qui reposent sur la compétence, entre la gestion rigide et la gestion non rigide des services publics, entre souveraineté et fédéralisme versus nationalisme rassembleur, etc. Dans cette optique, le nouveau gouvernement du Québec dit représenter l'audace, la confiance, la compétence, la gestion non rigide, le nationalisme rassembleur, etc. Le discours d'ouverture est truffé d'expressions de ce genre.

L'exemple qui est donné en début de discours est révélateur à ce sujet. Parlant de la nécessité de remplacer la nomination partisane par la nomination basée sur la seule compétence, qui est censée rétablir la confiance des Québécois dans les institutions publiques, le premier ministre cite la nomination de Jacynthe Côté à la présidence du conseil d'administration d'Hydro-Québec. C'est cette même Jacynthe Côté qui était chef de la direction de Rio Tinto Alcan lorsque celle-ci a mis les travailleurs de l'aluminium d'Alma en lockout en 2012 et profité de l'entente secrète énergétique entre le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et Rio Tinto Alcan pour faire financer le lockout par les Québécois. Elle est aujourd'hui à la direction d'Hydro-Québec qui, entre autres choses, poursuit les ententes avec les cartels comme Alcoa/Rio Tinto pour faire perdurer le lockout des travailleurs d'ABI et le faire payer par les Québécois. La « compétence » des nominations non partisanes de ce gouvernement, c'est la rétribution pour l'offensive antisociale néolibérale contre les travailleurs et la société et la garantie de la continuation de cette offensive.

De la même manière, le discours inaugural fait référence à la nomination d'ex-dirigeants de grandes institutions financières privées et d'ex-chefs d'entreprise au Conseil des ministres comme garante que la compétence a remplacé les nominations partisanes et idéologiques.

En fait de gestion rigide, le discours inaugural donne comme exemple la fonction publique, la santé et l'éducation. Le discours omet sciemment de mentionner qu'au nom de l'élimination de la gestion rigide et de la lourdeur administrative, le gouvernement s'est engagé à éliminer 5 000 postes dans la fonction publique d'ici 2022. Ceci en dépit d'événements comme la tempête de mars 2017 où des centaines de personnes ont été laissées sans assistance de la part des ministères des Transports et de la Sécurité publique tant ces ministères ont été laissés exsangues par les compressions massives de postes et la perte d'expertise à la sous-traitance privée.

On sait aussi que dans la santé et l'éducation, gestion rigide se réfère habituellement aux conventions collectives des travailleurs que les directions cherchent à charcuter au nom de la flexibilité, notamment dans le réseau de la santé où tous les efforts sont faits en ce moment pour modifier les conditions des travailleurs contre leur gré pour que ceux-ci aient à se déplacer sur de longues distances pour aller travailler dans différents établissements au nom de la mobilité. C'est un trait du discours inaugural qu'il évite les références directes à ce qui arrive aux travailleurs et aux programmes sociaux et aux services publics et a plutôt recours à des phrases comme « le gouvernement doit libérer les forces du secteur public en modernisant sa gestion et en éliminant les lourdeurs administratives ».

En éducation, le gouvernement cherche visiblement à tendre une perche aux enseignants en saluant « les milliers d'enseignants qui ont continué à se démener pour nos enfants, avec un dévouement qui force l'admiration » de même que les « directions d'école qui se sont débattues avec les moyens qu'elles avaient et les communautés entières qui se sont prises en main pour la réussite ».

Le gouvernement s'engage aussi à offrir un financement stable au système d'éducation, à augmenter le financement du système pendant tout son mandat même si le Québec devait affronter un ralentissement économique, à valoriser la profession enseignante et à mieux payer les enseignants en début de carrière. Aucune mention ici de la réparation et du réinvestissement massif dans l'éducation que les enseignants demandent instamment. En plus, cette formule de l'augmentation du financement du système d'éducation est la formule classique des gouvernements néolibéraux qui nie les demandes concrètes du personnel enseignant et des autres acteurs de l'éducation en ce qui concerne le financement qui est requis pour combler les besoins réels et croissants dans ce domaine.

Ce à quoi la Fédération autonome de l'enseignement a répondu dans son communiqué sur le discours d'ouverture que « les enseignantes et enseignants seront à même de juger l'audace dont le gouvernement fera preuve dans les moyens que le ministre de l'Éducation, mais aussi le ministre des Finances, mettront à leur disposition pour améliorer leurs conditions de travail, mais aussi les conditions d'apprentissage des élèves, ainsi que des moyens déployés pour défendre l'école publique. Il faudra plus qu'une multiplication de petits gestes pour donner à l'école publique les moyens de répondre à ses missions. »

Le gouvernement s'engage aussi à intensifier la privatisation du système public d'éducation en liant toujours plus étroitement les programmes et les chercheurs du réseau postsecondaire aux entrepreneurs et aux entreprises privées au nom de la création de la richesse.

En santé, le discours poursuit l'approche du gouvernement de soi-disant objectifs concrets de temps d'attente dans les salles d'urgence ou de temps avant de pouvoir voir un médecin, une infirmière ou un pharmacien, sans préciser comment y arriver. Cela pave la voie à une privatisation accrue et accélérée du système de santé, au nom de l'efficacité, laquelle constitue un détournement massif des ressources de la santé dans les coffres des monopoles privés agissant pour le profit privé étroit. De manière cynique, le gouvernement, dans ce discours d'ouverture, parle allègrement de la situation tragique qui se produit dans les CHSLD, tant du point de vue des conditions de travail du personnel que des soins aux personnes hébergées, pour promouvoir son modèle de Maisons des aînés en partenariat public-privé (PPP).

En ce qui concerne l'économie, le discours poursuit le mantra néolibéral de la mise à la disposition de toutes les ressources humaines, matérielles et naturelles de la société à la disposition des grands intérêts privés au nom de la création de la richesse, qui est censée donner lieu à des retombées bénéfiques pour le peuple. Non seulement le discours maintient-il ce mantra, mais il le pousse plus loin. Le gouvernement déclare sans vergogne que « l'autre levier [mis à part l'éducation] pour créer de la richesse, c'est l'investissement des entreprises. C'est avec des investissements des entreprises qu'on va augmenter la productivité et créer des emplois mieux payés. Il faut d'abord qu'on change nos façons de faire au ministère de l'Économie et chez Investissement Québec. Il va falloir faire preuve de beaucoup plus d'audace.

« Le ministre de l'Économie et de l'Innovation est déjà au travail pour remodeler un Investissement Québec nouveau, plus agile, plus volontaire, plus ambitieux, plus entreprenant. »

Il s'ensuit toutes sortes de mesures pour stimuler l'investissement privé par des stratagèmes étatiques pour payer les riches. Ceux-ci comprennent une fiscalité qui encourage l'investissement des entreprises, la réduction des délais dans l'octroi de permis d'exploitation, la réduction du fardeau administratif des entreprises, un accent soi-disant plus commercial des relations internationales du Québec afin de promouvoir les exportations du Québec, notamment avec les États-Unis, la transformation du Québec en porte d'entrée des entreprises européennes pour l'Amérique du Nord, etc.

Le gouvernement ne se sent même pas la responsabilité d'expliquer, ni même de mentionner, les crises qui frappent les grands monopoles supranationaux comme Bombardier, ou d'autres entreprises comme RONA qui a été absorbée par l'empire américain Lowe's qui vient d'annoncer la fermeture de 27 magasins au Canada dont neuf au Québec. Le discours d'ouverture ne fait pas une seule référence à ces crises et ces tourmentes par lesquelles le secteur manufacturier au Québec a été encore plus endommagé, suite pourtant à de grands investissements des fonds publics dans ces monopoles et d'autres par des stratagèmes d'État pour payer les riches.

L'effort désespéré pour servir à tout prix les oligarques privés qui contrôlent l'économie et de s'intégrer toujours plus à l'empire américain comme voie vers l'avant est tel que le discours donne comme objectif de l'économie du Québec de devenir la « batterie du nord-est de l'Amérique » par les exportations d'hydroélectricité pour le rendre plus compétitif et soi-disant plus vert. D'ailleurs, chaque fois que l'environnement est évoqué dans le discours, il l'est dans le sens d'enrichir les monopoles. Toute perspective d'une édification nationale qui sert le bien-être du peuple, sur la base d'une économie qui subvient à ses besoins et fait des échanges avec les autres pour le développement et l'avantage mutuels, est entièrement absente de la perspective mise de l'avant par le discours d'ouverture.

Entre autres aspects, le discours d'ouverture mentionne aussi que le gouvernement entend déposer un projet de loi dans les prochains mois pour interdire le port de signes dits religieux aux personnes en position d'autorité dans les services publics, dont les enseignants, ce qui pourrait mener à des congédiements de personnes qui refuseraient de se départir de ces signes. Il est à noter que ce projet de loi sera déposé au moment où les enseignants seront en train de se préparer à la prochaine ronde de négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans le secteur public. Le gouvernement poursuit dans sa voie lâche, créatrice de division et diversionnaire pour détourner les Québécois des véritables questions auxquelles ils font face en ce qui concerne la véritable usurpation de l'État, une usurpation par les grands intérêts privés supranationaux et non par un quelconque pouvoir religieux.

Le discours prévoit aussi la poursuite des attaques contre les immigrants, prétendant répondre à une « préoccupation légitime » des Québécois face à l'immigration, encore une fois pour diviser et détourner le peuple des véritables enjeux et lier encore plus l'immigration aux besoins des monopoles privés.

Haut de page


Condamnation des attaques gratuites du gouvernement ontarien
contre les droits de la minorité francophone

Grande mobilisation à la défense des droits
des francophones en Ontario


Ottawa, 1er décembre 2018

La condamnation de la décision du gouvernement Ford de mettre fin à la construction d'une université de langue française et d'éliminer le Bureau du Commissariat aux service en français en Ontario, annoncée en novembre comme une mesure d' « économie », a été vive et massive partout dans la province et au Canada. L'offensive cynique contre les Franco-Ontariens est une attaque contre le type de société que veulent les Canadiens.

Le 1er décembre, une journée d'actions a été organisée partout dans la province et plus de quarante communautés y ont participé. Les actions ont été organisées par l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, une organisation provinciale qui défend les droits et les intérêts de plus de 600 000 Ontariens dont la langue maternelle est le français. Les organisateurs estiment que près de 15 000 personnes de toutes les couches de la société, y compris un grand nombre d'étudiants et de jeunes, ont participé à ces actions. Des manifestations ont aussi eu lieu au Manitoba, en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick, au Québec et ailleurs.

À Ottawa, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant l'Hôtel de Ville pour exiger que le gouvernement ontarien respecte les droits de la minorité francophone et qu'il revienne sur sa décision. Le Ottawa Sun cite Jean-François Lacelle de Gatineau : « Si on ne peut pas respecter les droits des Franco-Ontariens ou des Canadiens francophones, comment pouvons-nous croire qu'on va respecter quelque droit qui soit des minorités au Canada. Ce n'est pas que nous manifestons uniquement pour nous francophones. C'est une question d'apprendre à respecter les droits de toutes les minorités canadiennes et d'apprendre à respecter leur culture. » À l'action d'Ottawa on a souvent cité la lutte organisée pour sauver l'hôpital Montfort de la fermeture par le gouvernement de Mike Harris dans les années 1990, une expression de la détermination des gens à faire reculer le gouvernement Ford et ses compressions unilatérales et antisociales.

Et ce ne sont pas que les francophones qui font entendre leur voix. Le Quebec Community Groups Network, une organisation à but non lucratif qui unit 59 organisations communautaires de langue anglaise partout au Québec, a immédiatement condamné la décision du gouvernement ontarien. « Nous sommes solidaires avec la communauté de langue française en Ontario et nous demandons que le gouvernement Ford reconsidère ces coupures insensées qui occasionneront de sérieux reculs à la communauté minoritaire de langue française en Ontario », a dit leur porte-parole.

La Canadian Association of University Teachers ainsi que l'Ontario College and University Faculty Association ont aussi émis de fortes condamnations des décisions du gouvernement Ford. Les délégués à la réunion du 85e Conseil du Canadian Association of University Teachers ont adopté à l'unanimité une motion condamnant l'annulation du projet de l'Université de l'Ontario français sans même avoir consulté les Ontariens. Dans une lettre au premier ministre, le directeur général du CAUT, David Robinson, écrit : « Nous demandons ainsi à votre gouvernement que vous organisiez, en vertu des droits linguistiques des minorités, des consultations avec tous les partenaires en question, et surtout avec la communauté francophone de l'Ontario, avant de prendre une décision finale sur l'avenir d'une université francophone en Ontario. »

La Ontario College and University Faculty Association fait valoir que l'université de langue française a été conçue en tant qu'institution autonome qui serait créée par et pour les francophones pour servir l'Ontario central et du sud-ouest, là où le taux de croissance de la population francophone est le plus élevé dans la province. Dans une déclaration, l'OCUFA souligne : « Il est très préoccupant que ce gouvernement révoquerait l'université de langue française promise sans d'abord consulter les étudiants, les parents et le personnel francophones. Par cette décision, vous faites preuve d'un manque flagrant de respect envers la population minoritaire de langue française en Ontario, et la frustration des francophones est justifiée... Le personnel universitaire partout en Ontario est inquiet de voir que le gouvernement continue de prendre des décisions de cette ampleur à huis clos et en secret. La révocation de l'université de langue française montre une fois de plus que le gouvernement de Doug Ford n'est pas intéressé à écouter les Ontariens, mais s'engage plutôt à poursuivre un ordre du jour idéologique mal informé et irresponsable. »

Le conseil municipal de Hawkesbury a adopté une résolution à l'unanimité le 26 novembre pour dénoncer la décision du gouvernement Ford et affirmer que la ville de Hawkesbury défend fermement les droits des résidents ontariens de langue française et veut jouer un rôle actif dans la défense de ces droits. Selon les médias, le Canadian Parents for French, un réseau pancanadien, a condamné la décision du gouvernement Ford et les commissions scolaires catholique françaises partout en Ontario ont aussi participé aux protestations contre la décision de mettre fin au projet d'une université de langue française dans le sud de l'Ontario. L'Ontario a huit commissions scolaires catholiques françaises avec près de 75 000 élèves. La mesure de Ford, disent-elles, pénalise le système scolaire le plus réussi en Ontario (le taux de diplômés est de 93 % et les résultats sont les plus élevés de toutes les commissions scolaires publiques en Ontario selon les tests standardisés) en dévaluant ses diplômes du secondaire. Les programmes bilingues existants, comme ceux de l'Université d'Ottawa, de l'Université de Sudbury et de l'Université Saint-Paul sont « incomplets sur le plan linguistique », ajoutent-elles, et les étudiants sont obligés de suivre certains cours en anglais pour obtenir leur diplôme.

La Fédération canadienne des étudiants de l'Ontario s'est aussi prononcée en opposition aux compressions du gouvernement Ford. Nour Alideeb, présidente de la Fédération canadienne de l'Ontario, a dit : « La création de cette université de langue française était nécessaire pour améliorer la qualité de l'éducation pour les 600 000 francophones qui vivent dans cette province. Le gouvernement Ford, a-t-elle dit, a essentiellement gaspillé les décennies de financement et de consultations qui ont été faits pour ce projet.

Fred Hahn, le président de la section de l'Ontario du Syndicat canadien de la fonction publique de l'Ontario, a dit, au nom de son syndicat: « Ces services et ces protections sont précisément comment les droits de la langue française sont réalisés dans notre province. Cette décision du gouvernement Ford est scandaleuse non seulement pour les 600 000 franco-ontariens qui méritent le respect de notre gouvernement, mais aussi pour tous les Ontariens et Canadiens qui valorisent la diversité linguistique. »

Aussi, une des deux seules députées francophones du caucus conservateur de l'Ontario, Amanda Simard, représentant la conscription de Glengarry-Prescott-Russell, a démissionné du caucus du gouvernement et siège maintenant comme indépendante à l'assemblée législative. Elle a dit qu'on l'avait ignorée de façon répétée et marginalisée dans ses tentatives de représenter sa conscription où réside un grand nombre de francophones et de dissuader le gouvernement de cesser ses attaques contre les droits minoritaires des francophones en Ontario.

Devant cette résistance, le premier ministre Ford a tenté de tuer l'opposition dans l'oeuf. Tout en continuant d'insister que l'université de langue française ne serait pas construite, le premier ministre a laissé entendre qu'il remplacerait le Bureau du commissariat aux services en français en Ontario par un commissaire des services en français sous l'autorité du Bureau de l'ombudsman, et qu'un conseiller responsable des affaires francophones serait nommé au Bureau du premier ministre. Mais cette proposition a aussi été dénoncée comme étant inacceptable puisqu'elle déclasserait le poste du commissaire au français, dont le rôle de défenseur des droits et des services de langue française dans la province baisserait d'un cran, à celui de recueillir les plaintes dans le Bureau de l'ombudsman.

Le 3 décembre, devant le Comité permanent sur les finances et les Affaires économiques du gouvernement ontarien, où était discuté le projet de loi 57, Loi de 2018 visant à rétablir la confiance, la transparence et la responsabilité, présentée le 15 novembre et qui, en vertu de l'Annexe 20, appelle à l'élimination du commissaire aux services en français et « autres modifications connexes », le commissaire François Boileau a fait valoir :

« Sans commissaire indépendant qui peut lancer des enquêtes et des études proactives, la communauté pourrait souffrir davantage de l'indifférence face à leurs contestations et aux atteintes à leurs droits. Éliminer le Bureau indépendant du commissaire aux services en français représentera peut-être une épargne de moins de 300 000 dollars, mais ce que nous perdons, ce que les Franco-Ontariens et le public dans son ensemble perdent, est la voix d'un expert et d'un conseiller dont les services sont efficaces en fait de coût. »

Cette question est extrêmement importante pour tous les Canadiens. Pour le premier ministre de l'Ontario Ford et les oligarques financiers au pays et à l'étranger (même le Washington Post a des éditoriaux saluant l'audace de Ford pour s'être débarrassé de la vache sacrée des droits francophones au nom de l'« austérité ») la société existe pour faire avancer les intérêts des riches oligarques financiers qui dominent de plus en plus la vie politique de notre pays et qui ont la latitude de promouvoir une définition des droits au Canada qui est à l'encontre de ce que veulent les Canadiens. Les Canadiens veulent que leurs droits et ceux de tous soient respectés et défendus par le gouvernement.

Journée d'action du 1er décembre



Ottawa

Autoroute 11

Temiscaming Shores



Sudbury

North Bay


New Liskeard

Greenstone


Timmins


Elliot Lake


Blind River


Sault Sainte-Marie


Marathon; Kapuskasing


Thunder Bay



Essex


Saint-Boniface, Manitoba

(Sources : Radio-Canada, Globe and Mail, Toronto Star, Montreal Gazette, Ottawa Sun, www.ola.org, Bureau du commissaire aux services en français)

Haut de page


Le référendum sur la réforme électorale en Colombie-Britannique

Le vote référendaire sur la représentation proportionnelle est terminé

Le vote référendaire en Colombie-Britannique sur l'opportunité d'adopter la représentation proportionnelle (RP) ou de rester avec le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour (SMUT) est complété. Sur les 3 297 395 électeurs inscrits dans la province, un peu plus de 40 % ont voté. Les résultats du scrutin par correspondance sont attendus avant Noël.

Selon des porte-parole du Non, qui se sont plaints à plusieurs reprises d'un possible taux de participation faible et par la suite d'un résultat non valide, un taux de participation de 40 % « légitimerait » le référendum, seuil qui semble avoir été atteint. Cependant, d'autres plaintes sont susceptibles de se produire.

Le dernier référendum postal en Colombie-Britannique a été le référendum sur les droits issus de traités organisé en 2002 par le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique, auquel ont participé 35 % des électeurs inscrits. Trois autres référendums ont eu lieu au cours des 18 dernières années. Cependant, il ne s'agissait pas d'un scrutin postal mais d'un scrutin qui accompagnait les élections provinciales. Les référendums de 2005 et 2009 sur l'adoption du mode de scrutin par vote unique transférable ont reçu une participation respectivement de 61 % et 48 % des électeurs inscrits, tandis que le référendum de 2011 sur la taxe de vente harmonisée (TVH) en comptait 52 %.

Durant l'actuel référendum, la différence entre les campagnes d'organisation des partisans du Oui et du Non était significative. Les tenants du Oui se sont principalement appuyés sur l'organisation à la base, comme des réunions publiques, des tables de documentation, la distribution de tracts, des démarches porte-à-porte et téléphoniques, ainsi que d'autres activités dans les communautés. D'autre part, le camp du Non a fortement compté sur les médias monopolisés pour lancer une campagne de peur, de désinformation et de mensonges éhontés, ainsi que des publicités contre la représentation proportionnelle financées par des intérêts d'affaires importants.


Réunion à Quesnel, le 1er novembre 2018, une des nombreuses rencontres organisées pour que les personnes s'informent et discutent du référendum en Colombie-Britannique.

Au cours de la campagne, les activistes du camp du Oui ont travaillé fort pour promouvoir une discussion sérieuse entre les Britanno-Colombiens sur la représentation proportionnelle et les trois options présentées. Ceci a été réalisé en dépit de l'atmosphère négative créée par les partisans du camp du Non et les médias monopolisés.

Il y a toutes sortes de spéculations sur les raisons pour lesquelles les gens ont voté pour un choix ou l'autre, voire pas du tout. Un sondage récent prétend que la raison principale pour laquelle les gens ont voté en faveur du maintien du système majoritaire uninominal à un tour est qu'ils ont trouvé que les trois options de représentation proportionnelle présentées étaient « déroutantes ». Ce problème a été confirmé par les activistes du camp du Oui qui ont constaté qu'une fois les options sur la représentation proportionnelle clairement expliquées lors de réunions et autres événements, beaucoup de personnes étaient convaincues d'abandonner le système uninominal majoritaire à un tour et de reporter leur soutien à la représentation proportionnelle. L'adoption de la représentation proportionnelle n'est pas considérée comme une tâche ardue en Colombie-Britannique, étant donné les efforts de longue date déployés par les Britanno-Colombiens pour une réforme électorale qui a été contrecarrée par les mesures prises par ceux au pouvoir pour empêcher un vote favorable. Tout cela détourne l'attention du fait que le peuple doit devenir une force politique indépendante qui prend position sur toutes les questions qui le favorisent. Lors de ce référendum, le processus limité de participation et d'éducation mis en place par le gouvernement provincial a rendu le travail des défenseurs de la représentation proportionnelle difficile. Compte tenu des difficultés rencontrées, le mérite revient au peuple qui cherche à s'investir du pouvoir de décider.

En effet, les partis cartellisés au sein des assemblées législatives et des parlements au Canada ont toujours empêché les citoyens d'initier et d'engendrer des réformes et le renouvellement du processus démocratique, en particulier toute mesure qui confère plus de pouvoirs aux citoyens. D'une part, ils ont mis en place des processus qui divisent automatiquement les personnes en camps du « Oui » et du « Non ». Par ailleurs, au lieu de mettre en place des mécanismes permanents et obligatoires qui investissent du pouvoir les citoyens, les partis persistent à utiliser des processus totalement arbitraires qui favorisent leurs intérêts et ceux de l'élite financière qui s'opposent à ce que les citoyens modifient le système électoral.

Quel que soit le raisonnement qu'ils invoquent pour gagner du temps et mettre des bâtons dans les roues, cela ne fait que discréditer leur système appelé démocratique et représentatif.

Selon les pratiques actuelles, quelque soit le parti au pouvoir, il a toute la latitude pour utiliser le processus de son choix lors de la tenue d'un référendum sur la réforme électorale. Lors des référendums de 2005 et 2009 sur l'adoption ou non du système de vote unique transférable, le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique a utilisé un modèle d'assemblée de citoyens, mais a fixé un seuil très élevé (60 %) d'approbation. Plus récemment, le gouvernement néodémocrate a lancé un processus de participation et d'éducation en vue du référendum sur la représentation proportionnelle, ce que beaucoup ont jugé tiède et incomplet.

Cet arbitraire des partis cartellisés est bien illustré par la manière dont la législation sur les rappels et les initiatives a été traitée au fil des ans. Cette législation, qui permet aux électeurs de rappeler des députés et de lancer des initiatives législatives, transfère aux citoyens certains pouvoirs dans certains domaines restreints. En 1991, plus de 80 % des Britanno-Colombiens ont voté avec enthousiasme pour ce projet de loi. Pourtant, les principaux partis à l'Assemblée législative (les néodémocrates et les libéraux) ont collaboré pour rendre la législation sur les rappels et les initiatives extrêmement difficile à utiliser.

Cela continue aujourd'hui. Par exemple, le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique a récemment apporté de nouvelles modifications à la loi sur les rappels, rendant son utilisation encore plus difficile. Pour sa part, l'opposition libérale soulève des objections, mais aussi d'un point de vue intéressé.

Tout cela souligne le fait que dans son ensemble le système qu'on appelle la « démocratie représentative » ne confère pas au peuple le pouvoir souverain de décider mais le concentre plutôt entre les mains de partis politiques qui paient les riches, comme on peut le voir dans les manigances autour des divers référendums sur la réforme électorale dans la province.

Malgré ces nombreux obstacles, le mérite revient au peuple de la province de s'être avancé et de s'être battu avec acharnement pour obtenir la représentation proportionnelle. Quelle que soit l'issu du référendum, ce travail est important et s'inscrit dans les efforts des Britanno-Colombiens pour le renouveau démocratique et pour un processus politique qui les investit du pouvoir et leur confère le pouvoir de décider.

Haut de page


Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

Une soirée commémorative pour affirmer les droits du peuple palestinien

Le 1er décembre, le Conseil palestinien du Canada et l'Association palestinienne arabe ont commémoré la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien au Centre des congrès de Versailles à Mississauga, en Ontario. Plus de 250 personnes, dont certaines venues de loin, ont participé à l'événement politique et social fait de chansons, de musique et de discours, dont le discours principal par l'ambassadeur itinérant des missions palestiniennes, Son Excellence Afif Safief.

Le fondateur et dirigeant du Conseil palestinien du Canada, Rashad Saleh, a souhaité la bienvenue à tous ceux présents et a souligné l'importance de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, alors que les Palestiniens et leurs amis se rassemblent en Palestine et à l'étranger pour partager leurs pensées et consolider leur détermination collective à libérer et à réclamer leur patrie.

Anna Di Carlo, la dirigeante nationale du Parti marxiste-léniniste du Canada, a transmis les salutations du Parti aux participants de l'événement. Elle a souligné que le Parti appuie résolument le peuple palestinien depuis sa fondation en 1970. Elle a dit que le peuple canadien appuyait le peuple palestinien dans sa résistance à l'État sioniste israélien comme partie intégrante de toute l'humanité éclairée. Elle a souligné que les Canadiens aimeraient beaucoup que les libéraux de Trudeau adoptent une position de principe en appui à la juste position du peuple palestinien et a fait part de sa conviction et de celle du Parti que la lutte du peuple palestinien sera victorieuse.

Le rabbin Yisroel Dovid Weiss des Juifs unis contre le sionisme a parlé de la longue tradition de fraternité et de paix entre le peuple juif et le peuple palestinien. Il a souligné l'appui résolu de la communauté juive à la restauration des droits du peuple palestinien et à son droit de retour à la patrie.

Nour El-Kadri, président de la Fédération arabe canadienne, et le professeur Ziad Malawi Freihat, président de la Société jordanienne canadienne, ont fait des interventions et ont affirmé leur appui au peuple palestinien.

Omar Alghabra, le député libéral de Mississauga centre, et Iqra Khalid, la députée libérale de Mississauga-Erin Mills, ont aussi transmis leurs salutations.

Abdi Hagi Yusuf, le secrétaire-trésorier du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, Toronto, a dit que le STTP était un des trois syndicats au Canada qui appuyait les Palestiniens et leurs droits humains et qu'il allait continuer de le faire.

Un professeur de l'université McMaster, le docteur Atif Kubursi, s'est opposé aux tentatives d'écarter la Palestine de la scène politique. Il a fait valoir que la paix et les droits humains sont indivisibles et a appelé à la fin de l'occupation israélienne.

L'orateur principal, l'ambassadeur de la Palestine, Son Excellence Afif Safieh, a souligné la résistance et la résilience du peuple palestinien, en particulier depuis la reprise du mouvement national en 1965. Il a fait valoir que la Nakba, par laquelle le peuple palestinien avait été chassé de ses terres et dépossédé par la force par les terroristes sionistes appuyés par les États-Unis et d'autres, n'a pas pris fin en 1948, mais se poursuit sous forme de confiscation de terres et de propriétés par l'actuel État israélien. L'ambassadeur Safieh a lancé l'appel aux Palestiniens de la diaspora à intensifier leur appui aux Palestiniens et à assumer leur rôle dans cette lutte historique. La soirée s'est déroulée dans une atmosphère conviviale et festive. Le repas a été suivi d'un programme culturel avec la lecture de poèmes, de musique et de danse palestiniens. Les organisateurs se sont dits très heureux du succès de l'événement. Les participants ont poursuivi avec des discussions informelles aux tables sur comment appuyer le peuple palestinien.

Haut de page


La mort d'un criminel de guerre

Rétablir les faits au sujet de George H.W. Bush

George Herbert Walker Bush
12 juin 1924 - 30 novembre 2018

- 10e ambassadeur des États-Unis aux Nations unies - 1973-1974
- 2e chef du bureau de liaison des États-Unis en Chine - 1974-1975
- Directeur de la CIA -1976-1977
- 43e vice-président des États-Unis- 1981-1989
- 41e président des États-Unis - 1989-1993

Depuis que George Herbert Walker Bush est décédé le 30 novembre 2018, les éloges à son sujet se multiplient, pour son service public, son rôle dans la prétendue démocratisation du monde entier, son leadership dans la prétendue juste guerre du Golfe. Mettons les choses au clair.

Manifestation contre la première guerre du Golfe à Halifax en 1991

George Bush père a été la figure emblématique de la conduite et de l'exécution des crimes les plus odieux de l'impérialisme américain contre les peuples du monde, d'abord comme directeur de la CIA (du 30 janvier 1976 au 20 janvier 1977), puis comme vice-président et président des États-Unis. Il a été l'une des principales figures du coup d'État au Chili contre le président Salvador Allende et porte directement la responsabilité de la mort sous la torture de milliers de citoyens chiliens et de la disparition de milliers d'autres. Il a été un architecte de la guerre contre le Nicaragua, des guerres sales au Guatemala et au Salvador, de l'invasion du Panama, de la Grenade, de la première guerre du Golfe, des activités terroristes contre Cuba, sans oublier ses activités et son rôle dans les contre-révolutions en ex-Union soviétique et les pays d'Europe de l'Est, et dans beaucoup d'autres pays.

Bush était président à un moment où la division bipolaire du monde venait tout juste de prendre fin, mais elle n'a pas eu comme conséquence la fin des efforts de domination mondiales des grande puissances. Au contraire, le repartage du monde en de nouvelles sphères d'influence a repris de plus belle. La crise dans la région du Golfe a été le premier exemple de cela après la fin de la division bipolaire du monde, de la division entre les blocs soviétique et américain.

Les États-Unis avaient, et ont toujours, des intérêts stratégiques dans la région du Golfe. Ils voulaient non seulement préserver leur influence dans la région, mais aussi l'étendre. L'Irak voulait que cette région soit sa propre zone d'influence et, à cette fin, cherchait à s'imposer comme la puissance dominante dans la région avec laquelle d'autres auraient à négocier le sort de la région. L'Allemagne, la France, le Japon et d'autres avaient également des intérêts dans la région, tout comme l'ex-Union soviétique, remplacée par la Fédération de Russie. En d'autres termes, il y a eu un choc des intérêts auquel la fin de la division bipolaire du monde n'a en aucune façon mis fin.

Cette période a également marqué la fin de la guerre comme la continuation de la politique par autres moyens. Les grandes puissances ne pouvaient plus régler leurs conflits sur qui dominerait le monde sur la base des méthodes utilisées dans le passé. Sous la présidence de George H.W. Bush, alors que les intérêts privés, sous la forme de conglomérats impliqués dans la production de guerre et la domination des marchés de l'énergie et d'autres marchés, devenaient politisés, les grandes puissances ont cherché à imposer leur hégémonie. Avec leur échec à atteindre leur objectif par la soumission volontaire, la guerre est devenue un acte de destruction aveugle. C'est ce que montre l'invasion de l'Irak sous prétexte de protéger le Koweït et de préserver la démocratie. Depuis, une notion impérialiste des droits de l'homme et de la démocratie a été imposée en violation de l'expérience et de la conscience humaines.

George H.W. Bush était un criminel de la pire espèce et un ennemi des peuples du monde. Ça, c'est la vérité.

Extrait de l'article « L'héritage ignoré de George H.W. Bush :
crimes de guerre, racisme et entrave à la justice »
de Mehdi Hasan, The Intercept, 1er décembre 2018

[...]

La première guerre du Golfe, a conclu une enquête du journaliste Joshua Holland, « a été vendue grâce à une montagne de propagande de guerre ».

Pour commencer, Bush a dit au public américain que l'Irak avait envahi le Koweït « sans provocation ni avertissement ». Ce qu'il n'a pas dit, c'est que l'ambassadrice américaine en Irak, April Glaspie, avait donné un feu vert réel à Saddam Hussein en lui disant en juillet 1990, une semaine avant son invasion : « Nous n'avons pas d'opinion sur les conflits arabo-arabes, comme votre désaccord frontalier avec le Koweït. »

Ensuite, il y a eu la fabrication du dossier de renseignement. Bush a déployé des troupes américaines dans le Golfe en août 1990 et a affirmé qu'il le faisait pour « aider le gouvernement saoudien à défendre son territoire ». Comme l'écrivait Scott Peterson dans le Christian Science Monitor en 2002, « S'appuyant sur des images satellites ultra secrètes, des responsables du Pentagone ont estimé... que jusqu'à 250 000 soldats irakiens et 1 500 chars se trouvaient à la frontière et menaçaient le principal fournisseur de pétrole des États-Unis. »

Pourtant, lorsque la journaliste Jean Heller du St. Petersburg Times a obtenu ses propres images satellites commerciales de la frontière saoudienne, elle n'a trouvé aucun signe des forces irakiennes. seulement un désert vide. « C'était un mensonge assez sérieux » a déclaré Heller à Peterson en ajoutant que : « C'est ce qui [la concentration de forces irakiennes] justifiait l'envoi de troupes par Bush, et cela n'existait pas. »


Manifestation contre la première guerre du Golfe à San Francisco en 1991

George H.W. Bush a commis des crimes de guerre. Sous Bush père, les États-Unis ont largué pas moins de 88 500 tonnes de bombes sur l'Irak et le Koweït occupé par l'Irak, beaucoup de ces bombardements ont fait de terribles pertes civiles. En février 1991, par exemple, une frappe aérienne américaine sur un abri anti-aérien dans le quartier de Amiriya à Bagdad a tué au moins 408 civils irakiens. Selon Human Rights Watch, le Pentagone savait que l'installation de Amiriya avait été utilisée comme abri de défense civile pendant la guerre Iran-Irak et malgré cela l'a bombardé sans avertissement. HRW a dit qu'il s'agissait d'« une violation grave des lois de la guerre ».

Les bombes américaines ont également détruit les infrastructures civiles irakiennes essentielles - des installations de production d'électricité et des installations de traitement de l'eau aux usines de transformation des aliments et aux minoteries. Ce n'était pas un accident. Comme l'a rapporté Barton Gellman du Washington Post en juin 1991 : « Certaines cibles, surtout à la fin de la guerre, ont été bombardées principalement pour créer un moyen de pression sur l'Irak après la guerre, et non pour influencer le déroulement du conflit même. Les planificateurs disent maintenant que leur intention était de détruire ou d'endommager des installations précieuses que Bagdad ne pouvait réparer sans l'aide étrangère... À cause de ces objectifs, les dommages causés aux structures et aux intérêts civils, invariablement décrits dans les briefings pendant la guerre comme 'collatéraux' et non intentionnels, n'étaient parfois ni l'un ni l'autre. »

Vous saisissez bien ? L'administration Bush a délibérément ciblé l'infrastructure civile comme « moyen de pression » contre Saddam Hussein. En quoi ce n'est pas du terrorisme ? Comme une équipe de santé publique de Harvard a conclu en juin 1991, moins de quatre mois après la fin de la guerre, la destruction de l'infrastructure irakienne avait entraîné une malnutrition aiguë et des niveaux « épidémiques » de choléra et de typhoïde.

En janvier 1992, Beth Osborne Daponte, une démographe du Bureau du recensement des États-Unis, estimait que la guerre du golfe de Bush avait causé la mort de 158 000 Irakiens, dont 13 000 morts civils directs et 70 000 décès dus aux dommages causés aux installations de production d'électricité et des installations de traitement des eaux usées. Les chiffres de Daponte contredisaient ceux de l'administration Bush, et elle a été menacée de congédiement par ses supérieurs pour avoir diffusé de « fausses informations ». (Cela ne rappelle-t-il pas quelque chose ?)

George H.W. Bush a refusé de coopérer avec un procureur spécial. L'affaire Iran-Contra, dans laquelle les États-Unis ont échangé des missiles contre des otages américains en Iran et utilisé le produit de ces ventes d'armes pour financer les rebelles Contra au Nicaragua, a beaucoup contribué à miner la présidence de Ronald Reagan. Pourtant, l'implication de son vice-président dans cette affaire controversée a attiré beaucoup moins d'attention. « L'enquête criminelle sur Bush était malheureusement incomplète », a écrit le procureur spécial Lawrence Walsh, ancien procureur général adjoint du gouvernement Eisenhower, dans son rapport final sur l'affaire Iran-Contra en août 1993.

Pourquoi ? Parce que Bush, qui était « pleinement au courant de la vente d'armes à l'Iran », selon le procureur spécial, n'a pas remis un agenda « contenant des notes contemporaines pertinentes à l'Iran/Contra » et a refusé d'être interrogé aux dernières étapes de l'enquête. Dans les derniers jours de sa présidence, Bush a même accordé des pardons présidentiels à six accusés dans l'affaire Iran-Contra, notamment l'ancien Secrétaire de la défense Caspar Weinberger - à la veille du procès de Weinberger pour parjure et obstruction de la justice. « Le pardon de Weinberger », a souligné Walsh, « a marqué la première fois qu'un président pardonne quelqu'un pendant un procès au cours duquel il aurait pu être appelé comme témoin, parce que le président était bien informé des faits qui sous-tendent l'affaire. » Un Walsh en colère a accusé Bush d'« inconduite » et d'avoir contribué au « camouflage de l'affaire Iran-Contra ».

Cela ressemble à un cas d'obstruction de la justice du genre de Trump, n'est-ce pas ?

George H.W. Bush a intensifié la guerre raciste contre la drogue. En septembre 1989, dans un discours à la nation télévisé depuis le Bureau ovale, Bush a brandi un sac de crack, qu'il a dit avait été « saisi il y a quelques jours dans un parc en face de la Maison-Blanche... Cela aurait facilement pu être de l'héroïne ou du PCP. »

Pourtant, une enquête du Washington Post menée plus tard au cours du même mois a révélé que des agents fédéraux avaient « attiré » le vendeur de drogue au parc Lafayette pour que « des agents d'infiltration puisse faire achat de crack dans un parc plus connu pour son emplacement sur l'avenue Pennsylvanie en face de la Maison-Blanche que pour des activités illégales liées à la drogue. » (Le vendeur ne savait pas où se trouvait la Maison-Blanche et a même demandé son chemin aux agents). Bush a utilisé cyniquement cet accessoire - le sac de crack - pour demander une augmentation de 1,5 milliard de dollars des dépenses consacrées à la guerre contre la drogue et a déclaré avec colère : « Nous avons besoin de plus de prisons, de pénitenciers, de tribunaux et de procureurs. »

Le résultat ? « Des millions d'Américains ont été incarcérés, des centaines de milliards de dollars gaspillés et des centaines de milliers d'êtres humains ont été abandonnés à mourir du SIDA - tout cela au nom d'une 'guerre contre la drogue' qui n'a rien fait pour réduire l'abus de drogues », a souligné Ethan Nadelmann, fondateur de la Drug Policy Alliance, en 2014. Bush, dit Nadelmann, « a fait passer l'idéologie et la politique avant la science et la santé ». Aujourd'hui, même des républicains importants, comme Chris Christie et Rand Paul, conviennent que la lutte contre la drogue, intensifiée par Bush au cours de ses quatre années à la Maison Blanche, a été un échec lamentable et raciste.

George H.W. Bush tripotait les femmes. Depuis le début du mouvement #MeToo, à la fin de 2017, au moins huit femmes différentes ont affirmé que l'ancien président les avait tripotées, dans la plupart des cas lorsqu'elles posaient avec lui pour une photo. L'un d'elle, Roslyn Corrigan, a déclaré au magazine Time que Bush l'avait touchée de manière inappropriée en 2003, alors qu'elle n'avait que 16 ans. « J'étais une enfant », a-t-elle déclaré. L'ancien président avait 79 ans. Le porte-parole de Bush a offert cette défense de son patron en octobre 2017 : « À l'âge de 93 ans, le président Bush était confiné dans un fauteuil roulant depuis environ cinq ans. Son bras tombe donc sous la taille des personnes avec qui il prend des photos. » Cependant, comme l'a noté le Time, « Bush était debout en 2003 quand il a rencontré Corrigan ».

Les faits sont importants : le 41e Président des États-Unis n'a pas été le dernier républicain modéré et n'était pas un survivant d'une époque imaginaire de la décence et de la civilité conservatrices ; il s'est livré à des activités racistes, a fait de l' obstruction à la justice et a commis des crimes de guerre. Il avait beaucoup plus en commun avec les deux présidents républicains qui sont venus après lui que sa foule d'admirateurs actuelle voudrait nous faire croire.

Haut de page


De la presse du Parti

États-Unis, Irak et le danger de guerre dans le Golfe

Cela fait maintenant plus de cinq mois que l'Irak a envahi le Koweït le 2 août 1990 et l'a ensuite annexé. Au cours de la même période, les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et quelques autres pays, mais plus particulièrement les États-Unis, ont créé une intense hystérie de guerre. La guerre est présentée comme le moyen ultime de réparer le tort causé. Le 15 janvier a été fixé par George Bush comme la date après laquelle il pourrait faire tout ce qu'il voudra, y compris déclencher une guerre pour expulser les Irakiens du Koweït et briser le pouvoir militaire irakien.

L'invasion et l'annexion du Koweït ont été universellement condamnées par l'opinion publique mondiale. Mais c'est là que se termine la similitude des attitudes. Les grandes puissances utilisent cette situation à leurs propres fins agressives. Les États-Unis, qui désiraient depuis longtemps stationner leurs forces sur le sol arabe, ont maintenant atteint leur ambition, du moins pour le moment. Avec les forces en place et le sceau d'approbation du Conseil de sécurité de l'ONU maintenant chose faite, les États-Unis peuvent désormais exiger tout ce qu'ils souhaitent, y compris la destruction sauvage de toute la région. La question se pose vraiment : George Bush est-il pour la paix et la démocratisation de la vie internationale, ou pour la domination du monde ? La réponse est que les États-Unis et George Bush sont pour la démocratisation de la vie internationale tant que cela sert leurs intérêts. Ils ont manipulé le mécontentement en Europe de l'Est à leurs propres fins. Ils tentent de manipuler l'opinion publique mondiale contre l'invasion irakienne et l'annexion du Koweït aux mêmes fins.

Immédiatement après l'invasion du Koweït, le problème s'est posé : la guerre est-elle la solution ? George Bush a immédiatement dit oui et a commencé à déployer des forces américaines en Arabie saoudite et dans la région. On a dit que l'invasion de l'Arabie saoudite était une possibilité imminente et que l'Irak devait être arrêtée. D'autres ont pris une approche différente. L'Union soviétique a parlé de paix, tout comme la France, et du recours aux sanctions économiques. Mais aucun d'entre eux n'a parlé contre George Bush, qui a commencé dès le début à plaider en faveur de la guerre contre l'Irak. Ils prétendent tous être unis contre l'invasion et l'annexion du Koweït par l'Irak.

Il est devenu on ne peut plus clair que toutes les grandes puissances jouent leur politique et servent leurs propres intérêts. Une machine diplomatique massive a été déployée pour atteindre ces objectifs. George Bush veut dominer la région du Golfe et le monde, et c'est ce qui le motive à faire pression pour la guerre. La France, l'Allemagne et le Japon ne peuvent pas s'opposer ouvertement aux États-Unis, bien que leurs intérêts diffèrent. Ils ne veulent pas que les États-Unis réussissent à détruire Saddam Hussein. L'Union soviétique ne peut accepter non plus de n'avoir aucune influence dans la région. En d'autres termes, le conflit au Moyen-Orient s'est à nouveau transformé en conflit entre les grandes puissances, comme c'est le cas depuis des décennies. Chaque grande puissance s'empresse maintenant de défendre ses propres intérêts alors que la situation dans la région devient de plus en plus tendue. Si les grandes puissances étaient unies dans le passé, ou si elles le devaient maintenant, ce serait uniquement parce que les peuples menaçaient leurs intérêts. La déclaration à Paris de la fin de la guerre froide n'a fait qu'alimenter les grandes collisions mues par des intérêts opposés.

On parle beaucoup de défense de la démocratie, de lutte contre l'agression, etc. Mais, comme le révèlent les faits eux-mêmes, l'utilisation de ces phrases résonnantes ne vise pas à défendre des idéaux élevés, mais à réaliser autre chose. Par exemple, les faits eux-mêmes révèlent les intentions des États-Unis. Avec l'effondrement des régimes en Europe de l'Est et la réunification de l'Allemagne, l'influence américaine en Europe est passagère. La Communauté européenne est en train de devenir une puissance économique et politique avec laquelle les États-Unis devront compter. Mais ils sont toujours une puissance militaire. Ils ne veulent pas que le monde l'oublie. Ils veulent être le gendarme du monde qui est rémunéré pour ses services.

Saddam Hussein a procédé à l'invasion du Koweït pour défendre l'économie irakienne et contester le pouvoir des cheikhs du pétrole et de l'émir du Koweït, qui ont été incités par les États-Unis à détruire l'économie irakienne. L'Irak veut être la puissance dominante au Moyen-Orient pour devenir une puissance économique et politique à part entière et organiser les Arabes contre d'autres peuples de l'intérieur et de l'extérieur de la région. Mais l'Irak est maintenant devenu un atout sur la table des négociations des grandes puissances. Saddam Hussein a déstabilisé la situation internationale en donnant à toutes les grandes puissances la possibilité de défendre leurs propres intérêts et de rediviser le monde entre elles. Lorsque les États-Unis s'organisent pour la guerre, ils ne cherchent pas seulement à vaincre l'Irak, mais aussi à prendre le dessus sur toutes les autres puissances ayant un intérêt dans la région et le monde. George Bush n'est que pour George Bush et il sait comment servir les intérêts des États-Unis dans toutes les régions du monde, y compris la région du Golfe. George Bush insiste sur le fait qu'il ne veut pas seulement que l'Irak soit exclue du Koweït, mais qu'il faut aussi briser le pouvoir militaire irakien. De cette manière, les États-Unis prétendent être non seulement le champion de la morale la plus élevée, mais aussi la puissance militaire dominante au Moyen-Orient.

Saddam Hussein cherche à lier la question palestinienne à l'occupation du Koweït. Mais ce lien est une épée à plusieurs tranchants, et l'un des tranchants est le désir de l'Irak d'être reconnue comme la puissance dominante du Moyen-Orient avec laquelle d'autres pourraient négocier. L'Irak veut que la question palestinienne soit une monnaie d'échange. Les Irakiens parlent également de toutes les souffrances et des conflits causés par les étrangers au Moyen-Orient. Les États-Unis seront-ils d'accord avec cela ? Le secrétaire d'État, James Baker, a déclaré avec insistance qu'il ne négociait pas avec l'Irak à Genève. Il était allé à Genève seulement pour dire aux Irakiens que les États-Unis étaient sérieux au sujet de les écraser. La France, l'Allemagne ou le Japon accepteront-ils le démantèlement de Saddam Hussein ? L'Union soviétique sera-t-elle d'accord ? Telles sont les questions qui révèlent une situation très grave, les intérêts des grandes puissances étant désormais au centre du conflit.

Le gouvernement Mulroney croit que les intérêts du Canada sont servis par le fait que les États-Unis demeurent une puissance dominante. C'est la seule raison pour laquelle le gouvernement canadien pousse l'hystérie de la guerre. C'est une position dangereuse qui engage le Canada dans toutes les opérations militaires américaines, en partant de l'hypothèse que tant que les États-Unis seront le gendarme du monde, le Canada sera en bonne position.

La montée de ce conflit revêt également une autre dimension : le désir d'une véritable démocratisation de la vie internationale, l'opposition à toutes les politiques des grandes puissances et au dessein des grandes puissances en vue de la domination mondiale. Nous devons tirer parti de la situation et nous opposer non seulement à l'invasion et à l'annexion du Koweït par l'Irak, mais également à la volonté des États-Unis de dominer le Moyen-Orient. Nous devons nous opposer aux Israéliens qui se rangent du côté des États-Unis, tout comme les Égyptiens, les Syriens, les Saoudiens, etc. Mais nous devons également appeler les Palestiniens, les Jordaniens et les autres à ne pas prendre parti pour l'Irak. Nous devons créer un nouvel ordre mondial dans lequel la condition de la paix et de la prospérité de tout pays ou peuple soit la paix et le bien-être de toutes les nations et de tous les peuples.

La juste position à ce moment ne peut être que :

 1. Non aux États-Unis ou à toute autre présence militaire étrangère au Moyen-Orient ! Cela signifie également non à la présence militaire canadienne dans la région du Golfe !

 2. Non à l'invasion et à l'annexion du Koweït par l'Irak !

 3. Pas de vente d'armes militaires ou de toute forme d'aide militaire à quiconque dans la région du Moyen-Orient !

En conclusion, nous devons exiger que le gouvernement canadien ne prenne pas de décisions qui accroissent le danger de guerre dans toutes les régions du monde. La démocratisation de la vie au Canada contribuera à la démocratisation de la vie sur le plan international. Les gens ont le droit de renverser tout gouvernement qui les mène dans des guerres injustes.

Haut de page


L'usage de la force

Dès le déclenchement de la Guerre du Golfe par les États-Unis à la fin de la division bipolaire du monde, il est devenu évident que les États-Unis voulaient accaparer le monopole de la force et de son usage. L'administration du président George Bush père a entrepris d'établir un « nouvel ordre mondial » dans lequel les États-Unis d'Amérique devaient être le seul pays possédant et contrôlant une capacité meurtrière massive pouvant être déployée suivant les quatre volontés du président américain.

Si la force n'avait pas été utilisée à l'époque par les États-Unis et la coalition internationale qu'ils ont réussi à rallier derrière eux, les peuples auraient accru leur capacité d'initiative. Mais les États-Unis et les grandes puissances ont pris pour acquis que les peuples n'ont pas de rôle à jouer dans leur propre libération, dans l'effort pour apporter des solutions justes et pacifiques aux graves problèmes auxquels ils sont confrontés.

C'est une grave erreur. Les peuples sont en réalité le facteur décisif et ce facteur doit être activé, comme cela se fait de plus en plus depuis la Guerre du Golfe. C'est ce facteur décisif que les États-Unis, le Canada et les autres grandes puissances cherchent encore une fois à marginaliser pour lui enlever toute force d'impact. L'expérience depuis 1990 a montré non seulement que l'usage de la force n'a rien réglé et n'a fait qu'aggraver la situation, provoquant une tragédie après l'autre, mais aussi que les peuples sont capables de trouver les moyens de se faire entendre et qu'ils veulent des solutions qui favorisent l'avancement de leur cause.

L'usage répété de la force par les États-Unis n'a rien réglé. Il n'a même pas permis de conserver l'unité de la coalition internationale face aux intérêts contraires qui rivalisent dans son sein. Et voilà maintenant que le monopole de la force par les États-Unis est contesté de la façon la plus inattendue. Au lieu d'apprendre des leçons de l'histoire, encore une fois les États-Unis exercent des pressions pour forcer leurs « alliés » à former une coalition internationale pour venir à leur rescousse, cette fois-ci au nom de la lutte au terrorisme. Encore une fois, la force est invoquée comme méthode de résolution des problèmes internationaux.

Où cela mènera-t-il ? Nous pouvons le prédire. Peut-être pas dans ses fins détails, mais dans ses grandes lignes. Notre capacité de prédiction nous dit qu'il faut agir pour conjurer les tragédies qui se préparent. Cela peut se faire et cela doit se faire. Les peuples du monde peuvent le faire en prenant position contre l'usage de la force dans le règlement des conflits entre peuples et nations.

Haut de page


Les contradictions continuent de s'approfondir en Europe

L'opposition à l'accord du Brexit de May
et le chaos politique

Le 25 novembre, un sommet spécial du Conseil européen de l'Union européenne (UE) a approuvé le projet d'accord de retrait et le cadre dans lequel évolueront les relations entre la Grande-Bretagne et la Commission européenne, après d'intenses discussions la veille entre Theresa May, première ministre de Grande-Bretagne, et le président de la Commission de l'Union européenne.

Le vote à la Chambre des communes sur l'Accord aura lieu le 11 décembre. Selon les prédictions, Theresa May sera défaite, mais May — dont le sens tactique n'est pas son point fort — a lancé l'appel au peuple sans passer par les députés, comme on dit, et cherche sans doute à conclure des ententes de coulisses pour aller chercher le nombre de votes requis au parlement. « C'est un accord pour un avenir plus prometteur, qui nous permet de saisir les occasions qui s'offriront à nous », écrit-t-elle dans une « lettre à la nation », sans ombre d'ironie. « Le fait de foncer aveuglément ne relève pas du stoïcisme, a rétorqué Jeremy Corbin au parlement. C'est un acte d'automutilation nationale. » Si l'accord sur le retrait est vaincu au scrutin, alors la crise et le chaos politique ne peuvent que s'accroître. Les dirigeants de l'Union européenne ont indiqué clairement que l'accord ne pourra plus être renégocié. Ces dirigeants qui ont investi dans le « projet européen » ne veulent pas inciter d'autres pays à morceler encore plus l'Union européenne.

L'Accord du Brexit a été négocié par Theresa May avec les dirigeants de l'Union européenne dans un contexte de guerres commerciales, de l'offensive des oligopoles mondiaux et de l'opposition de la classe ouvrière à l'imposition de l'austérité et de la négation de leurs droits. L'Union européenne est en soi un organisme supranational qui sert les intérêts des monopoles mondiaux, mais qui est déchiré par ses crises et ses contradictions. Ces contradictions ne sont pas seulement entre l'Allemagne et la France, par exemple, elles sont aussi engendrées par les mesures que l'Union européenne impose ou tente d'imposer à la Grèce, à l'Italie et à d'autres, et par l'opposition aux prises de décisions centralisées de l'UE de la part des pays nordiques de l'UE tels le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Irlande, la Lituanie, les Pays-Bas et la Suède. De plus, des manifestations contre l'austérité éclatent à nouveau en France et ailleurs en Europe. Il y a aussi les efforts déployés par la France et l'Allemagne pour la formation d'une armée européenne, et il y a des discussions à savoir si celle-ci devrait oui non avoir les mêmes objectifs que l'OTAN.

On invoque une vision apocalyptique d'un « Brexit sans accord » pour justifier qu'on accepte l'Accord de retrait, dont le texte a été rejeté par la presque totalité des acteurs politiques de la Grande-Bretagne et a été suivi de la démission de sept ministres gouvernementaux au dernier décompte.

Il y a eu plusieurs raisons pour le refus de rester dans l'UE lors du référendum de 2016, mais on peut affirmer que l'une des raisons majeures était l'offensive antisociale. Il n'était évidemment pas prévu que la majorité voterait pour le retrait, ni était-ce la raison pour laquelle David Cameron avait appelé le référendum. Cameron l'a fait pour des raisons tout à fait intéressées et illusoires, pas pour résoudre quelque problème de la société et de l'économie. Plutôt que de résoudre quoi que ce soit, le référendum a conduit à la démission de Cameron et à une division plus poussée du corps politique entre ceux qui veulent rester et les Brexiteers, et a servi de prétexte à l'intensification du racisme et du chauvinisme organisés par l'État, pour davantage détourner les gens de leur propre efforts organisationnels pour résoudre les problèmes bien enracinés dans la société et dans l'économie. Le mantra de « reprendre le contrôle » est perçu comme une blague cruelle, puisqu'on attend de la classe ouvrière qu'elle assume le rôle de spectatrice devant les pitreries de Westminster.

Il est certain que Brexit ou pas, le peuple ne bénéficiera aucunement du résultat. Theresa May a mené la Grande-Bretagne dans un cul-de-sac, mais prétend qu'un mauvais accord est mieux que rien du tout et se dit convaincue qu'elle et la Grande-Bretagne peuvent avoir le beurre et l'argent du beurre.

Que ce soit avec ou sans l'UE, aucun accord commercial n'est conclu pour que les peuples en bénéficient. En effet, le commerce international dominé par les grandes puissances et les oligarques qui n'ont aucun respect pour les besoins du peuple est en soi une forme de bellicisme. La Grande-Bretagne, avec son passé colonial et son ingérence ouverte, y compris l'agression militaire dans les affaires des autres pays, ne peut dans de telles circonstances sérieusement prétendre à une « souveraineté économique ». Ce qui prédomine en réalité, ce sont les intérêts privés. Que ce soit la ville de Londres comme centre financier mondial ou les industries de guerre, elles fonctionnent toutes pour des intérêts privés même si on continue de prétendre, du bout des lèvres, qu'elles sont profitables pour l'économie.

En surcroît, ce n'est pas du tout sérieux de parler d'une « souveraineté économique » et de « reprendre le contrôle » alors que les droits des peuples de l'Écosse et du Pays-de-Galles, sans parler de l'Irlande dans son ensemble, sont ignorés. Comme plusieurs l'ont souligné, dans le document de 585 pages, il n'y a pas la moindre mention du Pays-de-Galles ni de l'Écosse, et ce que cela signifie en termes de dévolution et du droit à l'autodétermination. Et, bien sûr, la question du nord de l'Irlande est l'une des plus tendues. Le « filet de sécurité » que les négociateurs de l'UE ont fait valoir n'est qu'une tentative de régler le problème insoluble de comment les six pays annexés de l'Irlande peuvent être dans le « Royaume-Uni » et en même temps penser que le peuple de toute l'île de l'Irlande pourra un jour déterminer son destin. Lorsqu'on prétend qu'il est question de « reprendre le contrôle », c'est en effet la classe ouvrière qui est marginalisée et désinvestie du pouvoir.

On ne peut pas dire que c'est le Parlement européen ni la Commission européenne ni la Cour de justice européenne qui prive le peuple du pouvoir. La question qui se pose est qui contrôle l'État britannique en ce moment et qui va le contrôler plus tard. La classe ouvrière ne peut pas se limiter à retirer la Grande-Bretagne du prétendu contrôle de Bruxelles, ou de l'Allemagne ou de la Banque centrale européenne.

Ce qui doit plutôt être soulevé est que ce n'est pas seulement le Parlement européen qui n'a pas fonctionné dans l'intérêt du peuple, non seulement en Grande-Bretagne mais dans toute l'Union européenne. Il y a plus particulièrement la Chambre des communes, le système de démocratie représentative de ce pays. Nous parlons ici de ce qui se passe, pour ainsi dire, dans les coulisses — les activités de l'oligarchie financière internationale, le Groupe Bilderberg, le Forum de Davos, le contrôle de l'économie par les cartels et les conglomérats internationaux. C'est aussi une question de qui et quoi sont représentés dans ce système de démocratie représentative en Grande-Bretagne.

La « démocratie représentative » donne l'impression à première vue qu'il s'agit du peuple. Mais on ne peut prétendre qu'il en est ainsi car pourquoi le peuple mettrait-il donc de l'avant le mot d'ordre « pas en notre nom » ? En réalité, ce qui est représenté est la Couronne, les pouvoirs policiers et leur exercice, en somme, la personne d'État. S'il veut un revirement de la situation, le peuple ne peut pas jouer qu'un rôle de spectateur face à la crise qui se développe. En effet, la façon de constamment présenter la question comme d'une division entre le camp du Brexit et celui de rester dans l'UE vise à priver le peuple de sa propre conception du monde selon laquelle aucun problème ne peut être réglé sans qu'il ne s'investisse du pouvoir politique. En d'autres mots, le peuple doit fixer sa propre marche à suivre et ne doit pas se satisfaire d'appuyer de soi-disant solutions qui n'offrent en réalité aucune solution à la crise. L'élite dirigeante a montré qu'en dépit des revendications répétées du peuple, elle ne changera pas sa direction, et c'est le travail du peuple lui-même qui va engendrer une façon de se sortir de la crise qui sera favorable à ses propres intérêts.

La conclusion qui s'impose pourrait bien être que ce qui est nécessaire n'est pas une simple rupture avec l'Union européenne mais une rupture avec la sorte d'État qui existe en Grande-Bretagne ainsi que dans les grandes puissances de l'Europe, la « vieille Europe » que sont la France et l'Allemagne, qui agissent de concert et en rivalité dans l'intérêt de leurs propres personnes d'État et de leur pouvoir par exception. Prétendre autrement, c'est se laisser embourber dans la crise qu'est le Brexit, accord ou pas. La classe ouvrière doit jouer son rôle et s'organiser elle-même pour s'investir du pouvoir politique.

Workers' Weekly est une publication du Parti communiste révolutionnaire de la Grande-Bretagne (marxiste-léniniste).

(1er décembre 2018. Traduite de l'anglais par LML)

Haut de page


15e sommet du G20 à Buenos Aires, Argentine

Des actions de masse pour rejeter l'offensive antisociale et le sommet néolibéral


Manifestation contre le G20 à Buenos Aires, 30 novembre 2018

Le 15e sommet du G20 s'est tenu en Argentine du 30 novembre au 1er décembre. Les Argentins, en particulier les jeunes et les étudiants, étaient déjà en action pour s'opposer à l'offensive antisociale du gouvernement Macri. La présence des dirigeants des pays les plus vastes et les plus riches du monde, qui se donnent le droit de décider du sort du monde au nom des plus grands idéaux à l'exclusion de leurs peuples, a été complètement rejetée par les Argentins et d'autres venus à Buenos Aires pour affirmer le droit des peuples de décider et rejeter l'ordre du jour du G20. L'exclusion des citoyens de la gouvernance est une caractéristique établie du G20 et est soulignée par les mesures de sécurité disproportionnées qui accompagnent chaque sommet, visant à la répression et à la criminalisation de la dissidence. Les activistes argentins rapportent qu'un tiers du budget alloué à l'organisation du G20 était consacré à « la sécurité et la défense », ce qui représente environ 50 millions $US. Quelque 22 000 policiers ont été déployés lors du sommet, ainsi que 5 000 autres membres des forces de sécurité des pays voisins. Des véhicules blindés et du matériel de surveillance ont été achetés pour l'occasion. Comme beaucoup le soulignent, ces dépenses massives surviennent alors que le gouvernement argentin coupe considérablement les budgets de la santé et de l'enseignement post-secondaire.

Une autre caractéristique des manifestations en Argentine était le rejet par la population d'un énorme prêt de 50 milliards de dollars que le gouvernement Macri a reçu du FMI. Les activistes soulignent que cet endettement « doit assurer les liquidités du pays et sa capacité à payer des fonds spéculatifs ».



Une manifestation étudiante contre les coupures à l'éducation est attaquée
par la police le 23 novembre 2018.

Le 24 novembre, un sommet réunissant les dirigeants progressistes d'Amérique latine et des Caraïbes a réuni d'anciens présidents comme Dilma Rousseff (Brésil), Cristina Fernandez de Kirchner (Argentine), Rafael Correa (Équateur) et José Mujica (Uruguay ), ainsi que l'actuel président du Venezuela, Nicolas Maduro. L'objectif de ce sommet était d'offrir « un espace large, pluriel et ouvert aux contributions et interventions » des dirigeants mondiaux, des intellectuels, des organisations d'étudiants, des mouvements sociaux et autres.


Rencontre de Buenos Aires de dirigeants progressistes d'Amérique latine et
des Caraïbes, 24 novembre 2018

Une « semaine mondiale d'action » a également été organisée du 26 au 30 novembre, sous le slogan « Le G20 et le FMI dehors ! » Ces activités comprenaient un sommet populaire les 28 et 29 novembre et une journée nationale de lutte à Buenos Aires contre le G20 et le FMI le 30 novembre.


Au sommet populaire, Buenos Aires, 28-29 novembre 2018

En ce qui concerne le G20, le sommet s'est donné quatre priorités : « l'avenir du travail » - concernant l'impact du changement technologique sur le travail ; « l'infrastructure pour le développement » - visant à « mobiliser les investissements privés en faveur des infrastructures [pour combler] le déficit mondial en infrastructures » ; « un avenir alimentaire durable » - considérant la sécurité alimentaire comme « un lien important dans le processus de réalisation de la stabilité et de la paix » ; et enfin « l'intégration de la dimension de genre », où le G20 a déclaré qu'« un véritable développement doit mettre fin à l'inégalité de genre et garantir le travail des femmes, l'inclusion numérique et financière ».

Ces priorités doivent bien entendu être placées dans le contexte de la réalité. Au Canada, par exemple, les travailleurs sont pris au dépourvu par des caprices d'intérêts supranationaux, indépendamment de tout changement technologique. Les infrastructures privées sont financées avec des fonds publics pour servir des intérêts supranationaux. La sécurité alimentaire est activement compromise par la destruction de la gestion de l'offre dans l'agriculture, au détriment des conglomérats multinationaux qui dominent la production alimentaire et au nom du libre-échange. L'égalité et les droits des femmes au Canada n'ont été atteints que dans la mesure où les peuples les ont combattues et gagnées, et non à cause de gouvernements qui ne se contentent que du bout des lèvres de remédier à la situation des femmes.

La déclaration finale de huit pages dans laquelle les dirigeants du monde se flattent de leurs accomplissements s'articule autour des quatre priorités pour donner un visage humain aux politiques et aux politiques néolibérales. C'est pour couvrir la réalité d'un sommet semé de divisions et l'incapacité des pays du G20 à résoudre leurs différends, en particulier le différend entre les grandes puissances et leurs alliés respectifs. Rien de tout cela n'a quoi que ce soit à voir avec la réalité à laquelle sont confrontés les peuples du monde et la recherche de solutions à leurs problèmes.

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca