Numéro 44 - 8 décembre 2018
70e anniversaire de la Déclaration universelle
des droits de l'homme
Les droits de l'homme aujourd'hui
70e
anniversaire
de
la
Déclaration
universelle des droits de l'homme
• Les droits de l'homme aujourd'hui
• Les peuples du monde n'acceptent pas que les
droits humains soient parodiés pour des motifs ultérieurs
- Pauline Easton
Le temps est venu
d'une nouvelle direction de l'économie
sous le contrôle des Canadiens!
• L'Énoncé économique de
l'automne du gouvernement Trudeau - K.C. Adams
À titre
d'information
• Extraits de l'Énoncé
économique de l'automne 2018 du gouvernement
fédéral
Ferme appui aux luttes
ouvrières pour les droits de toutes et tous au Québec!
• La nouvelle Assemblée nationale
inaugurée par le discours d'un homme d'affaires -
Chantier politique
À titre
d'information
• Les principaux aspects du discours
d'ouverture
Condamnation des
attaques gratuites du gouvernement ontarien contre
les droits de la minorité francophone
• Grande mobilisation à la
défense des droits des francophones en Ontario
Le
référendum sur la réforme électorale en
Colombie-Britannique
• Le vote référendaire sur la
représentation proportionnelle est terminé -
Peter Ewart
Journée
internationale de solidarité avec le peuple palestinien
• Une soirée commémorative pour
affirmer les droits du peuple palestinien
La mort d'un criminel
de guerre
• Rétablir les faits au sujet de George
H.W. Bush
De la presse du Parti
• États-Unis, Irak et le danger de
guerre dans
le Golfe - Hardial Bains, LML, 13 janvier 1991
• L'usage de la force - LML, 15
septembre 2001
Les contradictions
continuent de s'approfondir en Europe
• L'opposition à l'accord du Brexit de
May et le chaos politique - Workers' Weekly
15e sommet du G20
à Buenos Aires, Argentine
• Des actions de masse pour rejeter
l'offensive antisociale et le sommet néolibéral
Supplément
Le
70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l'homme
• Les droits inaliénables que tous
possèdent du fait qu'ils sont humains
70e anniversaire de la Déclaration
universelle des droits de l'homme
Les droits de l'homme aujourd'hui
L'affirmation des droits humains est la tâche la
plus importante de notre époque. Cela découle des
développements objectifs, en l'occurrence l'avancée
colossale des forces productives. L'affirmation des droits humains
aujourd'hui interpelle la restructuration de la société,
la théorie et la philosophie qui guident cette restructuration
et les
théories économiques, politiques et autres qui
façonnent la vie moderne.
La définition moderne des droits humains peut se
résumer en une phrase : les êtres humains ont des
droits qui découlent du fait qu'ils sont des êtres
humains. C'est la pierre angulaire sur laquelle reconstruire la base et
la superstructure de la société. Toutes les personnes ont
des droits au sens objectif, c'est-à-dire en tant qu'être
humain.
Ces droits ne peuvent être ni cédés ni
enlevés. C'est-à-dire que quiconque essaiera de retirer
ces droits aura affaire à l'opposition du peuple. En même
temps, les citoyens doivent donner à ces droits une garantie
constitutionnelle qu'ils peuvent protéger. La
société doit être organisée pour
réaliser ces droits par principe, sans exception.
Une société qui a pour fondement la
garantie des droits humains selon la définition moderne sera la
source d'une très grande inspiration pour les peuples du monde.
Les peuples qui s'engagent dans la construction de
sociétés nouvelles dans leurs pays auront naturellement
tendance à sympathiser avec ceux qui luttent
pour la même
chose et à les appuyer.
À l'occasion de la
Journée internationale des droits de l'homme, le 10
décembre, qui cette année marque le 70e anniversaire
de la Déclaration universelle
des droits de l'homme de 1948, LML rend hommage
aux peuples
du monde qui
mènent une lutte acharnée pour garantir le respect des
droits humains. La lutte
pour les droits humains témoigne du fait que les
sociétés sont suffisamment avancées pour donner
une expression à ces droits et que les êtres humains sont
déterminés à combler ce manque.
Les droits ne s'expriment pas par le fait qu'ils sont
conférés par tel ou tel pouvoir économique ou
politique, telle ou telle institution sociale ou culturelle. Il est
nécessaire d'évaluer ces droits tels qu'ils existent au
sein d'une société particulière ou au niveau
international pour mesurer le progrès de la
société et fixer les tâches à accomplir pour
les affirmer.
Bien entendu, c'est ce que les forces anciennes qui
usurpent le pouvoir par la force et la fraude ne veulent pas. Elles ne
veulent pas que la classe ouvrière et les peuples s'engagent
dans cette grande entreprise. Elles veulent convaincre la classe
ouvrière et les peuples de se soumettre à leurs
exigences. Pour ce faire, elles font tout en leur pouvoir
pour établir la crédibilité des arrangements
actuels alors qu'elles sont elles-mêmes engagées dans une
restructuration qui élimine la notion même d'une
société moderne qui a la responsabilité de
satisfaire les réclamations de ses membres. Elles vont
même jusqu'à écarter toute mention de l'avancement
de la société d'une étape à une autre en
affirmant que la démocratie libérale est la forme ultime
de la démocratie. C'est fait pour bloquer les efforts des
êtres humains pour changer les conditions qui bloquent la voie au
progrès de la société.
LML appelle ses lecteurs à revoir
l'historique de l'adoption de la Déclaration
universelle
des
droits
de
l'homme
en accordant l'attention première
à la
volonté des peuples à établir une nouvelle
cohérence qui permette de renouveler la société
pour que les droits humains de tous soient garantis.
Les peuples du monde n'acceptent pas
que les droits humains soient parodiés
pour des motifs ultérieurs
- Pauline Easton -
Les peuples du monde n'acceptent pas de
tirer des
conclusions sur le respect et le non-respect des droits humains dans
tel ou tel pays en prenant comme point de départ la propagande
intéressée des forces bellicistes. Une étude
sérieuse du système économique, politique et
social d'un pays montrera clairement ce qui s'y passe. L'étude
et la
recherche sérieuses des systèmes sociaux ne sont pas le
souhait des impérialistes américains et de leurs
alliés, y compris le Canada, qui utilisent des prétextes
et des organisations de « défense des droits de
l'homme » à leurs propres fins. Pour eux, la
vérité se résume à créer une
perspective pour mener à bien leur programme
néolibéral
antisocial de destruction des nations en toute impunité. Ils
invoquent la défense des droits humains pour convenir à
leurs intérêts, quitte à plier et à tordre
la vérité jusqu'à ne plus s'y reconnaître.
La défense des droits humains est utilisée par les
impérialistes anglo-américains comme un outil politique,
une arme pour justifier l'agression et
l'intervention contre des peuples et des pays hostiles à leurs
intérêts.
Depuis l'adoption de la Déclaration
universelle des droits de l'homme, et même durant la
rédaction et le processus d'adoption de ce document, les forces
impérialistes anglo-américaines ont également
déclenché la guerre froide en se basant sur
l'imposture : ils ont proclamé que l'«
Occident » est le « défenseur » des
droits humains et que le socialisme et le communisme ne
l'étaient pas. C'était un mensonge typique, mais cela a
servi de toile de fond à de nombreux crimes contre les peuples
qui luttaient pour la libération nationale et sociale
après la Deuxième Guerre mondiale. Les
impérialistes anglo-américains ont non seulement
refusé de dénazifier les zones
qu'ils contrôlaient, mais ils ont en fait protégé
les nazis, leur ont donné un refuge et des positions d'influence
et d'autorité, pendant qu'ils persécutaient les
communistes, avec des massacres de masse comme ils l'avaient fait en
Indonésie, ou les gardaient dans des camps de concentration
pendant 40 ans comme en Grèce et en Corée du Sud.
Au nom de l'endiguement du communisme, ils ont fait la chasse aux
sorcières, exécuté des coups d'État et
déclenché des guerres d'agression. Ils ont
créé l'OTAN comme une alliance de guerre agressive
dominée par l'impérialisme américain et par son
Conseil de l'Atlantique Nord pour s'assurer que le seul système
autorisé en Europe soit celui de
leur choix, fondé sur des définitions des droits et des
systèmes de gouvernements qu'ils ont eux-mêmes
approuvées et imposées.
L'anticommunisme et la défaite de l'Union
soviétique et des pays des anciennes démocraties
populaires, et non la défense de la démocratie et des
droits humains, étaient leur motivation. Les crimes les plus
odieux ont été justifiés sur cette base.
Les accusations de
violation des droits humains dans d'autres pays que chez eux se sont
avérées des campagnes bien orchestrées pour
détourner l'attention de ce que faisaient les
impérialistes américains et l'«
Occident ». Au moment de l'adoption de la Déclaration
universelle, cela s'est manifesté dans le conflit entre les pays
du camp
socialiste et les pays du camp capitaliste. Les pays socialistes
s'opposaient à ce que les droits soient définis comme une
abstraction, sans aucune obligation de mettre en place les conditions
économiques et sociales requises pour leur réalisation.
Selon le mantra impérialiste américain, le communisme
était fondé sur la violation des droits humains et
devait donc être renversé. Il fallait donc renverser le
communisme pour prouver la supériorité de la
démocratie américaine et montrer que
l'impérialisme américain est le défenseur des
droits humains. À ce jour, les impérialistes
anglo-américains et leurs alliés, dont le Canada,
continuent d'ériger des monuments pour condamner les crimes
présumés
des communistes, tandis qu'ils maintiennent le silence sur les crimes
qu'ils ont eux-mêmes commis au nom de la liberté, de la
démocratie et des droits humains. Mais le génie de
l'histoire déjoue ces conclusions. La réalité
existe. Les êtres humains existent. Non seulement ils existent,
mais ils sont naturellement mus par le besoin d'humaniser
l'environnement social et naturel et c'est ce qui leur permet de
régler les comptes avec la vieille conscience de la
société.
Depuis l'effondrement de l'ex-Union soviétique
et des démocraties populaires, lorsque la période de
la révolution s'est repliée et que l'impérialisme
américain a commencé à subvertir le monde entier
pour
créer un monde unipolaire sous son dictat, les crimes contre
l'humanité au nom des droits de l'homme ont pris une ampleur
sans précédent,
même par rapport aux normes qui existaient avant la
Deuxième Guerre mondiale. D'autre part, l'Union
européenne, la Fédération de Russie, le Japon et
d'autres ont réclamé un monde multipolaire, un monde
divisé en fonction des puissances impérialistes. Ces
visées sont à l'origine des pires violations des droits
humains partout dans le monde, y
compris aux États-Unis et dans l'« Occident »,
comme nous le voyons tous les jours aux nouvelles.
La situation aux États-Unis mêmes, ce pays
censé être le plus grand défenseur des droits
humains, expose dans sa brutalité un conflit qui oppose
autorité et condition. De plus en plus, l'armée et la
police se voient attribuer un pouvoir élargi pour mener à
bien un programme mondial défini par une petite élite
dirigeante. La guerre contre le
terrorisme, le Patriot Act, la militarisation de la
sécurité intérieure et la consolidation de la
défense civile dans le cadre de son mandat,
l'élargissement du pouvoir exécutif à tous les
niveaux du gouvernement confèrent aux institutions de
l'État américain le pouvoir d'agir avec l'impunité
et sans recours et réparation pour les victimes. Cela
s'étend forcément au Canada. Les pouvoirs arbitraires
établis dans le cadre de la guerre contre le terrorisme et pour
la Sécurité intérieure donnent aux pouvoirs
exécutifs, aux administrateurs de l'État et aux
autorités policières le pouvoir de faire ce qu'ils
veulent. Étant parvenus à mettre en place ces pouvoirs de
police, ils affirment désormais que la
guerre contre le terrorisme n'est plus nécessaire et que les
principaux ennemis sont désormais la Russie et la Chine et leurs
tentatives de saper les « démocraties
occidentales » en faisant circuler de fausses informations,
en finançant des tiers, etc. Autant de faux prétextes
pour maintenir la prétention de défendre la
démocratie, la liberté et les
droits humains.
Leur désir de contrôler le monde justifie
dans leur esprit l'exigence que tous les peuples adoptent
l'exploitation capitaliste qui se moque des droits humains, la
démocratie capitaliste brutale qui se caractérise
aujourd'hui par l'adoption de méthodes totalitaires et de
pouvoirs de police et par la violation du droit de conscience, le plus
important des droits humains, et la militarisation de la culture et de
la vie elle-même. Ils réclament le droit du capital
financier sous leur contrôle de faire ce qu'il veut dans tous les
pays du monde, quels que soient les crimes commis en leur nom. Et tout
cela se fait au nom des droits humains, de la lutte à la
corruption et à la fraude et d'autres
prétextes.
À l'occasion du 70e anniversaire de
l'adoption de la Déclaration universelle des droits de
l'homme, les représentants des puissances
impérialistes, et même la Commission des droits de l'homme
des Nations unies, font des déclarations sans substance pour
détourner l'attention de cette réalité et
détruire l'opinion publique. Ils
veulent que l'humanité accepte que tout espoir est vain. Leur
méthode de prédilection pour avancer leurs
intérêts est de trouver des boucs émissaires et de
créer des diversions, mais si cela ne marche pas, ils justifient
l'invasion, comme on le voit au Moyen-Orient, ou des coups
d'État, comme ceux en Amérique latine. Leur diversion
préférée est
d'accuser les autres de violations des droits humains suivant une
définition des droits humains qui convient à leurs
intérêts.
Mais les peuples du monde
entier, partant de leur propre combat pour la défense des
droits, ont exposé ces faux prétextes. Alors les
impérialistes réagissent en créant d'autres
prétextes et d'autres diversions. Au nom de la défense de
la démocratie, de la liberté et des droits humains, ils
définissent maintenant les droits de manière encore plus
flagrante, comme en tournant leur fusil contre leurs rivaux en
affaires, qu'ils humilient et criminalisent parce qu'ils ont leurs
propres intérêts et refusent l'hégémonie.
Tout cela montre que le fer de lance de la lutte pour
les droits humains aujourd'hui est l'affirmation du droit d'être,
un droit qui appartient à tous les êtres humains, un droit
que les puissances impérialistes et tous ceux qui ont
usurpé le pouvoir par la force menacent d'extinction. Cela
signifie en revanche que l'affirmation des droits humains
exige aujourd'hui l'affirmation du droit de conscience,
c'est-à-dire le droit de participer aux prises de
décisions qui ont un impact sur la vie des êtres humains
et leur environnement social et naturel, le droit d'appliquer ces
décisions et d'avoir une reddition de comptes.
Dans son important ouvrage L'état des
droits de l'homme dans l'après-guerre froide, écrit
en 1992, Hardial Bains explique :
« Les êtres humains ne sont pas des
êtres sociaux seulement du fait qu'ils pourvoient à leur
existence socialement ; ils se démarquent de
l'animalité sur tous les autres plans. Cette démarcation
de la vie animale - cette soustraction aux caprices de la nature -
impose une nouvelle condition vitale à tous les humains :
la condition de
l'être. [...] Cette condition de l'être exige [...] que les
êtres humains aient voix au chapitre quant à la production
et la reproduction de la vie réelle. Cette exigence qui origine
du procès de socialisation conduit à une socialisation
encore plus poussée. [...] La condition de l'être exige
que tout soit jugé en fonction de l'actualisation des droits de
l'homme dans la mesure où le permettent les
conditions. » [1]
« Le droit est fondamentalement un fait de la
civilisation humaine [et] qu'il faut constamment rappeler aux pouvoirs
en place qu'étant êtres humains nous devons être
traités comme il sied à des êtres
humains », a écrit Hardial Bains.
« S'empoignent alors l'être en acte,
l'autorité, qui refuse de s'acquitter de son devoir, et
l'être en acte, la condition, qui exige du peuple qu'il
accomplisse son devoir. [...] En ce sens, l'être en acte de la
condition prévaut sur les formalités et les abstractions
dont se servent les autorités pour se justifier et faire
violence au droit de conscience.
[...] Ou bien l'autorité change les conditions,
c'est-à-dire assume sa part de responsabilités par
rapport au droit de conscience, ou bien les conditions continueront de
se détériorer au point où le peuple sera
appelé à mettre un terme à l'autorité.
[...] [Les peuples] font leur devoir en réclamant leurs droits
partant de l'être en acte dans une condition
précise ; ils veulent s'élever au-dessus de cette
condition. »
La violation des droits humains se fait aujourd'hui en
affirmant le droit d'être d'une autorité face à
l'anarchie et à la violence ainsi qu'à la menace à
la sécurité de cette autorité. C'est pour
dissimuler que l'autorité est devenue l'anarchie et la violence
assumant la forme d'un État qui « ne cesse jamais de
prétendre être exempt de tout blâme et
d'affirmer agir pour le bien-être de l'humanité
entière. Mais l'être en acte, l'existence même de
l'anarchie et de la violence, réfute cette prétention.
[...] s'il [le gouvernement] s'acquittait de son devoir, le peuple se
rangerait sûrement de son côté, et l'anarchie et la
violence ne domineraient pas. Il en est ainsi parce que le peuple ne
désire pas du tout
l'anarchie et la violence, puisque c'est lui qui est toujours
appelé à en faire les frais. [...] Lorsqu'un gouvernement
prétend combattre l'anarchie et la violence en recourant
à la force, en déclenchant un assaut
général contre la population et en imposant
l'humiliation, il n'est pas impossible que le gouvernement en question
ait lui-même initié
l'anarchie et la violence. »
Les peuples du monde font
leur devoir « lorsqu'ils exigent leurs droits en raison de leurs
conditions de vie ». Ils s'efforcent de mettre un terme aux
conditions qui violent les droits fondamentaux des personnes, leur
droit à la conscience, leur droit d'être. Hardial Bains
écrit : « Les peuples cherchent à abolir les
conditions qui
engendrent ces violations des droits de l'homme. Ils veulent
défendre leur droit de conscience et s'en servir pour
améliorer leur condition de l'être. [...] c'est
l'autorité qui devient la cible du mécontentement et ce
sont les conditions qui demandent à être changées
et il y a de plus en plus de gens qui répondent à l'appel
des conditions [...] La forme
variera tout en reflétant à chaque étape le
processus contradictoire qui met en opposition les prétentions
de l'autorité et les exigences des conditions. [...] C'est
l'être en acte qui domine. L'être en acte des conditions
surpasse toutes les prétentions de
l'autorité. »
La lutte aujourd'hui pour les droits humains est la
lutte pour l'émergence de la personnalité
démocratique moderne qui défend les principes
démocratiques en tant qu'être en acte. Ceux qui assument
leurs responsabilités envers eux-mêmes et envers la
société obligent l'autorité à changer les
conditions. Une autorité qui refuse de faire son devoir
envers le peuple et la société, une autorité qui
refuse de se soumettre à la nécessité de
changement, sera renversée par la force même de
l'histoire, par le besoin d'éliminer tous les obstacles sur la
voie du progrès.
En cette occasion du 70e anniversaire de la Déclaration
universelle
des
droits
de
l'homme, ceux dont l'autorité
n'est pas au diapason des besoins de l'époque seront davantage
préoccupés par les signes extérieurs et les
symboles de l'autorité que par le devoir qu'ils ont envers les
peuples et leurs sociétés. « En privant le peuple
du droit de conscience, l'autorité se transforme en culte et les
conditions sont considérées comme définitives et
inaltérables, écrit Hardial Bains. De l'existence en
pratique, dans la réalité, du droit de conscience,
dépend la survie d'un peuple. Ce problème est la
préoccupation centrale de notre époque, au même
titre que les problèmes ayant trait à la
nature de l'État, à la forme de son organisation et au
système économique. [...] Les droits ne peuvent trouver
leur application que dans la solution des problèmes auxquels
fait face une société moderne, qu'ils s'agissent de
problèmes reliés au bien-être économique du
peuple, ou à la paix et à l'harmonie entre les peuples au
sein
d'une nation ou entre
nations, ou aux affaires spirituelles et sociales. Les droits
trouveront leur réalisation lorsque l'autorité changera
les conditions en faveur du peuple et le peuple s'acquittera de son
devoir en obligeant l'autorité à changer les conditions.
Or, pour ce faire il faut le droit de conscience. Cette lutte est donc
le pivot du progrès et du renouvellement du
monde. »
Note
1. L'état des droits de l'homme dans
l'après-guerre froide - Un examen théorique et politique
- Hardial Bains, 1992.
Le temps est venu d'une nouvelle
direction de l'économie
sous le contrôle des Canadiens!
L'Énoncé économique de l'automne
du gouvernement Trudeau
- K.C. Adams -
Le ministre des Finances du gouvernement
fédéral, Bill Morneau, a émis un
énoncé économique d'automne le 21 novembre.
L'introduction de l'énoncé est une ode à la
magnifique situation économique du Canada telle qu'elle existe
dans l'imagination du gouvernement libéral de Justin Trudeau,
mais non dans la réalité. L'énoncé
débute par la suggestion que les Canadiens ont choisi ce plan
économique et la direction actuelle de l'économie en
élisant le gouvernement libéral. Cette affirmation est de
la désinformation parce que les Canadiens élisent des
partis cartellisés au pouvoir au sein d'un système
électoral archaïque qui prive les membres du pouvoir
politique de leur
droit d'élire et d'être élu reconnu
également à tous les Canadiens. Lors de la
dernière élection, les libéraux avaient promis de
faire des changements au processus électoral et d'au moins le
débarrasser du système uninominal majoritaire à un
tour archaïque de décompte des votes, mais ils ont
abandonné cet engagement dès qu'ils ont pris le pouvoir
et plutôt adopté des mesures intéressées qui
renforcent la mainmise des partis cartellisés sur le
gouvernement. [1]
L'Énoncé économique de l'automne
n'identifie pas les problèmes de l'économie et ne propose
pas de solutions. Il débute plutôt par cette
platitude : « Le plan du gouvernement
fonctionne...L'économie du Canada est forte et en
croissance... Il y a un plus grand nombre de bons emplois bien
rémunérés... La confiance des consommateurs est
élevée. Avec plus d'argent, plus d'emplois, des salaires
croissants et des impôts plus faibles, les Canadiens sont
confiants dans leur situation financière personnelle... Les
bénéfices des entreprises sont plus élevés.
La rentabilité après impôt des entreprises au
Canada est élevée comparativement à la moyenne
historique... La vigueur de l'économie
canadienne se traduit par une augmentation plus rapide des revenus
fédéraux que des dépenses fédérales.
»
Ces affirmations exagérées, dont
certaines sont de véritables distorsions, visent à
masquer la réalité des problèmes
économiques sérieux qui ne sont pas abordés. Il
existe un danger réel d'une nouvelle récession
dévastatrice. Tous sont préoccupés par
l'élimination d'emplois industriels chez Bombardier et GM qui a
été annoncée depuis juste
quelques semaines. La concentration de la richesse sociale, du
privilège, du pouvoir et du contrôle dans les mains de
quelques-uns se poursuit sans relâche. La direction de
l'économie est de plus en plus établie par des oligarques
mondiaux qui n'ont pas de lien direct avec le Canada, pendant que les
gouvernements semblent impuissants et non
intéressés à faire quoi que ce soit qui restreigne
l'oligarchie financière et favorise le peuple.
Dans un certain sens, le gouvernement Trudeau
reconnaît le pouvoir des oligarques mondiaux quand il
réduit les travailleurs par ses paroles et sa conception en une
« classe moyenne » qui est sous le contrôle d'une
« classe
supérieure » toute puissante et immensément riche
qui
possède et contrôle presque toute l'économie
socialisée du Canada.
Renforcer une « classe moyenne » de travailleurs qui se
situe entre les
riches et les pauvres signifie inévitablement maintenir intacts
le privilège, le pouvoir et le contrôle des riches
impérialistes et de leur vision arriérée qui
domine toutes les institutions de l'État, les médias de
masse et le système d'éducation.
Contrairement à ce qu'affirme
l'Énoncé économique, l'offensive antisociale de
compression des programmes sociaux et des services publics laisse des
plaies béantes dans le tissu social comme les crises des
opioïdes, de la pauvreté et du logement, au sujet
desquelles rien n'est fait. L'économie de l'Alberta est en chute
libre avec un autre
effondrement des prix du pétrole qui montre bien les dangers que
comporte une économie à sens unique, une tendance qui
s'accélère dans tout le pays. La destruction du secteur
manufacturier est devenue un pattern inquiétant marqué
par la chute constante du secteur manufacturier en tant que pourcentage
du PIB global. En plus, les tarifs
américains sur la production canadienne d'acier et d'aluminium
demeurent une menace directe au secteur manufacturier.
Dans cette situation, les
oligarques mondiaux qui contrôlent l'économie canadienne
l'intègrent dans l'économie de guerre des
États-Unis et intègrent les Canadiens en
général dans la Sécurité intérieure
des États-Unis. Les impérialistes américains sont
déterminés à obtenir un accès sans entrave
aux ressources naturelles du Canada, en particulier
l'accès au pétrole pour leurs raffineries du
centre-ouest,
de la côte du golfe et, de plus en plus, de la côte ouest
des États-Unis. Ils convoitent les minerais qui sont essentiels
à la fabrication d'armes de destruction massive et dont certains
se trouvent uniquement au Canada en ce moment et dans un petit nombre
de pays. L'économie de guerre des
États-Unis domine leurs comptes publics alors que le budget du
Pentagone approche le billion de dollars. Le Canada est maintenant
impliqué dans le monde peu reluisant des ventes d'armes, des
préparatifs de guerre et de l'instigation de conflits violents
pour promouvoir l'économie de guerre et faire avancer la marche
violente de l'impérialisme
américain vers l'hégémonie mondiale.
L'Énoncé d'automne dans son ensemble
cherche à consolider la direction actuelle de l'économie
en payant les riches en subventionnant les intérêts
privés de la grande entreprise et en lui fournissant
l'infrastructure gratuitement. Par le biais de la ligne politique
d'être « ouvert aux affaires », les gouvernements
fédéral et provinciaux donnent aux
oligarques mondiaux le droit d'exploiter les ressources naturelles et
le travail des Canadiens et ils font en sorte que les médias de
masse et les organisations sociales soient des meneurs de claques
dociles
de l'élite impérialiste dominante.
Pendant ce temps, afin de servir l'oligarchie
financière, le gouvernement Trudeau criminalise la classe
ouvrière par des lois et les pouvoirs de police, dont les
injonctions des tribunaux contre tout piquetage effectif comme on l'a
vu avec le lockout à l'aciérie MANA à Hamilton, et
le recours aux armes de l'État comme la Loi sur les
arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC)
pour
voler aux travailleurs ce qui leur appartient de droit.
La direction actuelle telle qu'exprimée dans
l'Énoncé économique du gouvernement libéral
resserre l'étau de l'oligarchie financière sur
l'économie. Elle vise à empêcher le peuple de
développer sa propre vision prosociale d'une économie et
d'un système politique qui sert les travailleurs, de
résoudre
les problèmes et de faire en sorte que le
bien-être et la sécurité de tous soient la
première priorité.
Le gouvernement poursuit l'utilisation de fonds publics
pour renforcer le contrôle de l'oligarchie financière sur
tous les aspects de la vie politique, économique et sociale du
pays et concentrer davantage la richesse sociale entre les mains de
quelques-uns. Outre l'abondance des mesures de
rémunération des riches, qui sont documentées sans
vergogne dans la déclaration de l'automne, certaines
propositions sont significatives. Le gouvernement affectera plus d'un
demi
milliard de dollars de fonds publics au soutien du journalisme
canadien. L'État paiera une sélection de médias
privés et de journalistes pour présenter les nouvelles
aux Canadiens avec Radio-Canada. Un panel organisé par
l'État sélectionnera les sociétés de presse
et les journalistes qui seront récompensés par des fonds
publics. Dans cette optique, la déclaration propose
également de créer un « Comité consultatif
permanent sur le secteur des oeuvres de bienfaisance »
chargé de
canaliser les fonds et autres aides et de donner des directives
à des organismes de
bienfaisance sélectionnés, ainsi qu'un « Fonds de
financement social » pour donner de l'argent à certaines
« organisations sociales ». Le gouvernement libéral
veut faire
en sorte que tous les aspects de la vie soient directement liés
à l'État et à l'économie, sous le regard
vigilant et la domination de l'oligarchie financière.
La situation révèle la
nécessité d'une nouvelle direction vers une
économie nationale autonome fondée sur divers secteurs
qui font du commerce et des échanges entre eux sans interruption
ni
crises et où le contrôle est entre les mains des
travailleurs canadiens. Les secteurs essentiels d'une économie
moderne autonome dans un pays aussi vaste et riche en
ressources naturelles que le Canada sont l'extraction des ressources,
la fabrication, les transports, les programmes sociaux et les services
publics, y compris les infrastructures. Avec la force interne autonome
et la valeur échangée et réalisée entre les
secteurs dans le but de garantir le bien-être et la
sécurité de tous, une économie diversifiée
sous le
contrôle des Canadiens peut alors s'engager dans le commerce
international pour le bénéfice et le développement
mutuels dans une atmosphère de paix et de solidarité avec
toute l'humanité.
Note
1. Voir LML 24
novembre 2018 et LML 3
novembre 2018
À
titre d'information
Extraits de l'Énoncé économique
de l'automne 2018 du gouvernement fédéral
Tiré du Chapitre 2
L'Énoncé économique de
l'automne 2018 annonce que le gouvernement a l'intention de
proposer trois nouvelles initiatives de soutien au journalisme
canadien : permettre à des organismes d'information
à but non lucratif de recevoir des dons de bienfaisance et de
délivrer des
reçus officiels de dons ; offrir un nouveau crédit
d'impôt remboursable pour appuyer la création de contenu
d'information original, y compris celui d'intérêt
local ; et créer un crédit d'impôt non
remboursable temporaire pour encourager les abonnements aux
médias
d'information numériques canadiens. [...]
On estime que les incitatifs fiscaux liés aux
dons de bienfaisance, le crédit d'impôt remboursable pour
coûts de main-d'oeuvre et le crédit d'impôt non
remboursable pour abonnement coûteront 595 millions de
dollars au gouvernement fédéral au cours des cinq
prochaines
années. De plus amples renseignements sur ces mesures seront
présentés dans le budget de 2019. [...]
Le gouvernement propose d'investir 14,6 millions
de dollars sur cinq ans, à compter de 2019-2020, à
l'appui de la création d'une plateforme numérique
francophone réunissant des diffuseurs publics membres de
TV5MONDE. TV5MONDE, première chaîne mondiale de langue
française, distribue sa programmation par l'intermédiaire
de la télévision par câble à plus
de 354 millions de ménages dans 198 pays francophones
ou francophiles du monde. [...]
Le gouvernement propose d'investir 62,6 millions
de dollars sur cinq ans à compter de 2019-2020,
et 10,4 millions par année par la suite, dans le programme
Nutrition Nord Canada [...]
Le gouvernement présentera un projet de loi
visant à mettre en oeuvre le paiement rapide des entrepreneurs
et des sous-traitants qui participent à des projets
fédéraux sur des terrains fédéraux, ainsi
que le mécanisme d'arbitrage relatif aux différends
liés aux
paiements. [...]
Afin de soutenir l'élargissement des services
d'Avalanche Canada, le gouvernement annonce le versement d'une
subvention ponctuelle de 25 millions de dollars en 2018-2019.
[...]
Afin d'appuyer l'évaluation des stocks et les
efforts de rétablissement des stocks prioritaires de saumon du
Pacifique ainsi que d'autres stocks de poissons prioritaires partout au
Canada, le gouvernement propose d'investir 107,4 millions de
dollars de nouveaux fonds sur cinq ans, à compter
de 2019-2020,
et 17,6 millions par année par la suite, à l'appui
de la mise en oeuvre de dispositions d'une Loi sur les pêches
renouvelée sur l'évaluation et le rétablissement
des stocks. [...]
Le gouvernement s'appuie sur la réussite du
Fonds des pêches de l'Atlantique. À cette fin, il propose
d'investir 105 millions de dollars sur six ans, à compter
de 2018-2019, pour créer un fonds d'innovation et de
rétablissement du saumon en Colombie-Britannique, ce qui
comprend des
contributions de 5 millions au Fonds de dotation pour le saumon du
Pacifique en 2018-2019 et de 30 millions sur cinq ans,
à compter de 2019-2020, à un fonds pour les
pêches du Québec. [...]
L'Énoncé économique de l'automne
de cette année témoigne des efforts continus
déployés par le gouvernement pour faire progresser le
programme de l'égalité des sexes, par la
présentation de projet de loi sur l'équité
salariale, sur la
budgétisation sensible aux sexes et sur la création du
nouveau ministère des Femmes et de l'Égalité des
genres. De nouvelles initiatives comme l'établissement d'un
fonds de finance sociale et d'un comité consultatif sur le
secteur des organismes de bienfaisance et l'élargissement du
programme Nutrition Nord Canada [...]
Législation sur l'équité
salariale proactive – (montant alloué de 76 millions de
dollars) La législation sur l'équité salariale
proactive est conçue pour s'attaquer à la discrimination
systémique fondée sur le sexe dans les systèmes et
les pratiques de rémunération des employeurs sous
réglementation fédérale issue de la
sous-évaluation du travail surtout fait par les femmes. Selon
les données de Statistique Canada, les professions à
prédominance féminine ont tendance à être
rémunérées à des taux salariaux
inférieurs à ceux des professions à
prédominance masculine, même quand les travailleurs
possèdent le même niveau de compétences. [...]
Comité consultatif permanent sur le secteur
des organismes de bienfaisance — (montant alloué de 5
millions de dollars) On compte environ 86 000 organismes de
bienfaisance enregistrés au Canada. Les organismes de
bienfaisance enregistrés appartiennent
généralement à l'une des catégories
suivantes :
soulagement de la pauvreté (23 %) ;
avancement de l'éducation (16 %) ;
avancement de la religion (38 %) ;
autres fins profitant à l'ensemble de la
communauté (23 %). [...]
Fonds de finance sociale — (un montant
de 121 millions de dollars en plus des 750 millions de
dollars déjà affectés). Le fonds de finance
sociale vise à accélérer la croissance du
financement accordé aux organismes à vocation sociale, ce
qui leur
permettra d'élaborer des solutions à des problèmes
complexes liés à la politique sociale (p. ex., la
précarité du logement, le chômage chez les jeunes
et la pauvreté). En 2016, 3,7 millions de Canadiens
vivaient dans la pauvreté. Certains groupes, notamment les
parents seuls, les nouveaux immigrants, les Autochtones vivant hors
réserve et les personnes handicapées, affichaient une
proportion beaucoup plus élevée de personnes à
faible revenu en moyenne. [...]
Soutien au journalisme canadien — (un montant
alloué de 595 millions de dollars). Ces mesures
témoignent de l'intention du gouvernement de permettre à
des organismes d'information à but non lucratif de recevoir des
dons de bienfaisance et de délivrer des reçus officiels
de dons, et l'intention d'offrir un nouveau crédit d'impôt
remboursable pour soutenir la création de contenu d'information
original ainsi qu'un nouveau crédit d'impôt non
remboursable pour les abonnements à des médias
d'information numériques canadiens. Les avantages directs des
deux
premières mesures s'étendraient aux organismes
d'information à but non lucratif et aux entreprises
d'information à but lucratif [...] Le crédit
d'impôt pour les abonnements permettra aux particuliers qui le
demandent d'obtenir des avantages directs. [...] Les mesures visent
à renforcer les
organismes d'information au Canada qui produisent un vaste
éventail de nouvelles et d'information qui intéressent
les Canadiens. [...]
Création d'une plateforme numérique
francophone – (un montant alloué de 15 millions de
dollars) Cette mesure protégera la langue française et en
fera la promotion sur une plateforme numérique, et sera un moyen
moderne de présenter la langue et la culture
française. Les créateurs francophones du Canada auront
accès à de nouveaux marchés, et tous les Canadiens
profiteront d'un profil rehaussé à l'échelle
internationale.
Paiements rapides aux entrepreneurs en construction
du gouvernement — (un montant alloué de 3 millions de
dollars provenant des ministères) Cette mesure devrait
accroître la protection qu'offrent les paiements rapides dans le
secteur de la construction. Des pratiques modernisées et
efficientes d'approvisionnement dans le secteur public contribuent
à la compétitivité et à l'efficience de
l'économie ainsi qu'à l'efficience des activités
du gouvernement, au profit de tous les Canadiens. [...]
Maintenir les stocks de poissons sauvages du Canada
(un montant alloué de 212 millions de dollars provenant des
ministères ) Cette mesure devrait permettre d'augmenter à
long terme la croissance durable de l'industrie du poisson et des
fruits de mer, ce qui générerait des
répercussions économiques positives directes et
indirectes grâce à la création de plus d'emplois
pour les Britanno-Colombiens [...]
Tiré du Chapitre 3
Grâce à ses richesses en ressources
naturelles, le Canada est bien placé pour répondre
à la demande des économies émergentes concernant
l'énergie et les matières brutes dont elles ont besoin
pour soutenir leur croissance. De plus, le Canada se trouve dans une
position
où il est l'un des fournisseurs les plus propres de ressources
naturelles au monde, et l'un des rares grands exportateurs de
pétrole ayant imposé un prix sur la pollution
causée par le carbone. [...]
Il y a un an, en cherchant à transformer les
forces économiques du Canada en avantages mondiaux, le
gouvernement a établi six tables sectorielles de
stratégies économiques en réunissant 90
dirigeants d'entreprises des six secteurs du Canada ayant le potentiel
de croissance le plus
élevé. Ces dirigeants d'entreprise se sont réunis
tous les mois afin de tracer une feuille de route ambitieuse pour
stimuler l'innovation, accroître la croissance économique
et rendre le Canada plus compétitif à l'échelle
mondiale. Leurs recommandations collectives sur la façon
d'accélérer la croissance axée sur l'exportation
et stimuler l'innovation se trouvent dans leur rapport intitulé L'impératif
de
l'innovation
et
de
la
compétitivité :
Saisir les
occasions de croissance. [...] L'Énoncé
économique de l'automne 2018 contient plusieurs mesures
qui permettront de réaliser des progrès à
l'égard d'un grand nombre des recommandations formulées
par les tables de stratégies économiques. Le gouvernement
continuera de chercher des occasions de mettre en oeuvre les autres
recommandations des tables, dans un
avenir immédiat et à long terme. De plus, il s'est
engagé à poursuivre la collaboration avec l'industrie au
moyen de ce modèle. [...]
La réforme fiscale fédérale des
États-Unis a réduit considérablement l'avantage
fiscal général que le Canada a établi au fil des
années. Cela présente des défis importants qui, si
rien n'est fait, pourraient avoir des répercussions importantes
sur les
investissements, les emplois et les perspectives économiques des
Canadiens de la classe moyenne [...] Le présent Énoncé
économique
de
l'automne
propose trois changements
immédiats au régime fiscal du Canada, afin de renforcer
la confiance des entreprises au Canada :
- ( ces mesures représentent un manque à
gagner en revenus fiscaux de 14,040 milliards de dollars)
permettre aux entreprises d'amortir immédiatement le coût
total des machines et du matériel utilisés pour la
fabrication ou la transformation de biens. Cette mesure stimulera de
nouveaux
investissements et appuiera l'adoption de technologies et de
procédés de pointe par ce secteur de l'économie
qui est extrêmement mobile.
- permettre aux entreprises d'amortir
immédiatement le coût total du matériel
désigné de production d'énergie propre afin de
stimuler les nouveaux investissements et l'adoption de technologies
propres de pointe dans l'économie canadienne.
- instaurer l'Incitatif à l'investissement
accéléré, une déduction pour amortissement
accéléré (c'est-à-dire une déduction
pour amortissement plus importante) accordée aux entreprises de
toutes tailles, de tous les secteurs de l'économie, qui font des
investissements en capital. L'Incitatif à l'investissement
accéléré permettra d'encourager les
investissements au Canada, ce qui renforce la confiance des
investisseurs. [...]
Appuyer l'exploration minière au stade
précoce (montant alloué de 16 millions de
dollars) Le crédit d'impôt pour exploration minière
de 15 % aide les petites entreprises d'exploration
minière à obtenir des capitaux pour financer leurs
activités
d'exploration minière préliminaire à
l'extérieur des sites miniers existants. De 2010
à 2016, les sociétés minières ont
obtenu une moyenne d'environ 505 millions de dollars en capitaux
propres par année en demandant le crédit d'impôt
pour
exploration minière. Le crédit d'impôt doit venir
à échéance le 31 mars 2019. Compte tenu
des difficultés auxquelles les petites sociétés
minières font face, le gouvernement propose d'appuyer leurs
activités d'exploration minière en prolongeant
le crédit de 5 ans, soit jusqu'au 31 mars 2024.
L'annonce de cette prolongation maintenant viendra atténuer
l'incertitude, faciliter la planification et aider les petites
entreprises minières à obtenir plus de capitaux propres.
Cette mesure devrait se traduire par une réduction nette des
revenus
fédéraux d'environ 365 millions de dollars au cours
de la période de 2019-2020 et 2023-2024. [...]
Renforcer les accords de libre-échange –
Grâce à la conclusion fructueuse de l'Accord
États-Unis-Mexique-Canada, ainsi que l'Accord économique
et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union
européenne et l'Accord de Partenariat transpacifique global et
progressiste
(PTPGP), le Canada est le seul pays du G7 à disposer d'accords
de libre-échange avec tous les autres pays du G7. Le Canada
compte maintenant des accords de libre-échange globaux avec des
pays qui représentent les deux tiers du PIB mondial total. [...]
Le gouvernement propose de lancer une stratégie
de diversification des exportations, avec pour objectif
d'accroître les exportations du Canada vers les marchés
d'outre-mer de 50 % d'ici 2025.
En tout, la stratégie de diversification des
exportations investira 1,1 milliard de dollars au cours des six
prochaines années, et ce à compter de 2018-2019,
pour aider les entreprises canadiennes à accéder à
de nouveaux marchés. La stratégie mettra l'accent sur
trois volets
principaux : investir dans les infrastructures pour appuyer le
commerce, fournir aux entreprises canadiennes les ressources
nécessaires pour réaliser leurs plans d'exportation et
accroître les services commerciaux pour les exportateurs
canadiens. [...]
Agir immédiatement pour répondre aux
recommandations des entreprises – Dans l'Énoncé
économique de l'automne, le gouvernement annonce son
intention de promulguer, le plus rapidement possible, des changements
aux règlements et aux politiques qui
mèneront à un régime de réglementation plus
simple, plus clair et plus moderne, et qui appuieront le
développement d'approches et de produits novateurs. [...]
Aider les innovateurs canadiens à ajouter de
la valeur, à réussir et à prendre de l'expansion
– Pour accélérer le soutien à l'innovation en
entreprise au Canada, le gouvernement propose d'accorder 800
millions de dollars de plus sur cinq ans au Fonds
stratégique pour l'innovation, qui continuera d'appuyer des
investissements innovants partout au pays et dans tous les secteurs de
l'économie. [...]
Appuyer les innovateurs canadiens des technologies
propres au moyen du capital de risque – le gouvernement
investira 50 millions de dollars de plus selon la
comptabilité de caisse afin d'accroître le capital de
risque mis à la disposition des entreprises de technologies
propres en vertu de l'Initiative
de catalyse du capital de risque.
Tiré du document d'information
Le Fonds de finance sociale
Afin d'encourager des approches novatrices aux
difficultés sociales persistantes et complexes, le gouvernement
met sur pied un fonds de finance sociale. Ce fonds donnera aux oeuvres
de bienfaisance, aux organismes à but non lucratif et aux
organisations à vocation sociale l'accès à un
nouveau
financement dans le but de mettre en oeuvre leurs idées
novatrices, et les mettra en relation avec des investisseurs non
gouvernementaux qui cherchent à appuyer des projets favorisant
des changements sociaux positifs.
Afin d'accélérer ce changement, le
gouvernement propose de verser dans un nouveau fonds de finance sociale
jusqu'à 755 millions de dollars selon la
comptabilité de caisse sur les 10 prochaines années,
ainsi que 50 millions de plus sur deux ans afin que les
organisations à
vocation sociale puissent accroître leur capacité à
participer au marché de la finance sociale avec succès.
Le fonds de finance sociale proposé pourrait
générer jusqu'à 2 milliards de dollars en
activités économiques et contribuer à créer
pas moins de 100 000 emplois au cours des 10 prochaines
années. En plus de ces mesures, le gouvernement continuera
d'étudier les autres recommandations du rapport du Groupe
directeur.
(Pour accéder au document complet de
l'énoncé économique de l'automne cliquer
ici.)
Ferme appui aux luttes ouvrières
pour les droits de toutes et tous au Québec!
La nouvelle Assemblée nationale inaugurée
par le discours d'un homme d'affaires
- Chantier politique -
Le 28 novembre, le premier ministre
François Legault, au nom du gouvernement de la Coalition Avenir
Québec, a prononcé le discours d'ouverture de la
première session de la 42e législature. Ce discours
est un subterfuge total pour mettre toutes les ressources de la
société à la disposition des grands
intérêts privés
supranationaux tout en prétendant agir au nom de « tous
les Québécois ». Le plus grand subterfuge de
ce discours est la prétention du gouvernement de ne pas avoir
d'idéologie ou de dogmes, juste une préoccupation pour la
compétence économique et l'efficacité.
Prétendre qu'un gouvernement, qui a à sa tête des
banquiers, des dirigeants
d'entreprises et des avocats d'entreprises, est sans idéologie,
est quelque chose de typique de la part des élites dirigeantes,
qui insultent l'intelligence du peuple avec leur mépris notoire.
Quand un gouvernement qui se base sur l'idéologie
néolibérale des riches parle d'efficacité et de
compétence, il a comme plan de payer les riches, peu importe le
coût pour la société. Les travailleurs, le peuple
et leur bien-être ne font pas partie de ce qu'il entend par le
bien-être de l'économie, et les demandes des travailleurs
ne peuvent
qu'être criminalisées.
Dans la conception du monde néolibérale,
ceux qui s'opposent à ce que toute la richesse sociale soit mise
à la disposition des riches sont considérés comme
des groupes de pression qu'il faut écarter du chemin, comme le
discours d'ouverture le proclame ouvertement. Cela fait juste paver la
voie à plus de criminalisation des travailleurs et de
tous ceux qui se battent contre cette direction, comme étant des
fauteurs de troubles qui s'opposent au développement
économique.
Un autre subterfuge de ce discours est de
prétendre que payer les riches fonctionne et peut créer
une économie qui est stable et peut fournir un standard moderne
en fait de conditions de vie et de travail et de programmes sociaux et
de services publics. La vie a démontré que l'offensive
antisociale ne fait qu'enrichir les riches et appauvrir les
pauvres et attaquer les droits de tous. Elle a aussi privé la
société des pouvoirs et des ressources dont elle a besoin
pour bâtir une économie qui subvient à ses besoins
et qui est aussi prémunie que possible contre les crises qui
dévastent l'économie. Il n'y a pas un mot dans ce
discours sur la crise du secteur manufacturier au Québec et au
Canada,
avec notamment la crise chez Bombardier et la destruction causée
par GM, qui nous montrent que les stratagèmes étatiques
pour payer les riches n'ont rien à voir avec la
prévention des crises et doivent être rejetés au
profit d'une nouvelle direction de l'économie
élaborée et décidée par le peuple.
Ce gouvernement ne va pas changer la façon de
faire les choses. Il va nous entraîner dans d'autres
stratagèmes pour payer les riches aux dépens des droits
et du bien-être de tous et c'est justement là son
idéologie et son dogme.
Les faits de la vie eux-mêmes montrent combien
caduque et trompeur est ce discours et poussent les travailleurs
à intensifier leur lutte pour leurs droits et pour les droits de
toutes et de tous, et à prendre en main de diriger le peuple
dans
la voie d'une nouvelle direction de l'économie et du renouveau
démocratique de la prise de décision dans
la société.
Chantier politique est le journal en ligne du Parti
marxiste-léniniste du Québec (PMLQ).
À
titre d'information
Les principaux aspects du discours d'ouverture
Le discours d'ouverture du premier ministre
François Legault débute par une série de
juxtapositions de mots creux qui, selon le gouvernement,
décrivent les options opposées auxquelles les
Québécois font face. Selon le premier ministre, la lutte
est entre la peur et l'audace, entre la méfiance et la
confiance, entre les nominations partisanes et
idéologiques et les nominations qui reposent sur la
compétence, entre la gestion rigide et la gestion non rigide des
services publics, entre souveraineté et
fédéralisme versus nationalisme rassembleur, etc. Dans
cette optique, le nouveau gouvernement du Québec dit
représenter l'audace, la confiance, la compétence, la
gestion non rigide, le
nationalisme rassembleur, etc. Le discours d'ouverture est
truffé d'expressions de ce genre.
L'exemple qui est
donné en début de discours est révélateur
à ce sujet. Parlant de la nécessité de remplacer
la nomination partisane par la nomination basée sur la seule
compétence, qui est censée rétablir la confiance
des Québécois dans les institutions publiques, le premier
ministre cite la nomination de Jacynthe Côté à la
présidence du conseil
d'administration d'Hydro-Québec. C'est cette même Jacynthe
Côté qui était chef de la direction de Rio Tinto
Alcan lorsque celle-ci a mis les travailleurs de l'aluminium d'Alma en
lockout en 2012 et profité de l'entente secrète
énergétique entre le gouvernement du Québec,
Hydro-Québec et Rio Tinto Alcan pour faire financer le lockout
par
les Québécois. Elle est aujourd'hui à la direction
d'Hydro-Québec qui, entre autres choses, poursuit les ententes
avec les cartels comme Alcoa/Rio Tinto pour faire perdurer le lockout
des travailleurs d'ABI et le faire payer par les
Québécois. La « compétence » des
nominations non partisanes de ce gouvernement, c'est la
rétribution pour
l'offensive antisociale néolibérale contre les
travailleurs et la société et la garantie de la
continuation de cette offensive.
De la même manière, le discours inaugural
fait référence à la nomination d'ex-dirigeants de
grandes institutions financières privées et d'ex-chefs
d'entreprise au Conseil des ministres comme garante que la
compétence a remplacé les nominations partisanes et
idéologiques.
En fait de gestion rigide, le discours inaugural donne
comme exemple la fonction publique, la santé et
l'éducation. Le discours omet sciemment de mentionner qu'au nom
de l'élimination de la gestion rigide et de la lourdeur
administrative, le gouvernement s'est engagé à
éliminer 5 000 postes dans la fonction publique
d'ici 2022. Ceci en dépit d'événements comme
la tempête de mars 2017 où des centaines de personnes
ont été laissées sans assistance de la part des
ministères des Transports et de la Sécurité
publique tant ces ministères ont été
laissés exsangues par les compressions massives de postes et la
perte d'expertise à la sous-traitance
privée.
On sait aussi que dans la santé et
l'éducation, gestion rigide se réfère
habituellement aux conventions collectives des travailleurs que les
directions cherchent à charcuter au nom de la
flexibilité, notamment dans le réseau de la santé
où tous les efforts sont faits en ce moment pour modifier les
conditions des travailleurs contre leur gré pour que
ceux-ci aient à se déplacer sur de longues distances pour
aller travailler dans différents établissements au nom de
la mobilité. C'est un trait du discours inaugural qu'il
évite les références directes à ce qui
arrive aux travailleurs et aux programmes sociaux et aux services
publics et a plutôt recours à des phrases comme « le
gouvernement doit libérer
les forces du secteur public en modernisant sa gestion et en
éliminant les lourdeurs administratives ».
En éducation, le
gouvernement cherche visiblement à tendre une perche aux
enseignants en saluant « les milliers d'enseignants qui ont
continué à se démener pour nos enfants, avec un
dévouement qui force l'admiration » de même que
les « directions d'école qui se sont débattues avec
les moyens qu'elles avaient et les communautés
entières qui se sont prises en main pour la
réussite ».
Le gouvernement s'engage aussi à offrir un
financement stable au système d'éducation, à
augmenter le financement du système pendant tout son mandat
même si le Québec devait affronter un ralentissement
économique, à valoriser la profession enseignante et
à mieux payer les enseignants en début de
carrière. Aucune mention ici de la
réparation et du réinvestissement massif dans
l'éducation que les enseignants demandent instamment. En plus,
cette formule de l'augmentation du financement du système
d'éducation est la formule classique des gouvernements
néolibéraux qui nie les demandes concrètes du
personnel enseignant et des autres acteurs de l'éducation en ce
qui concerne
le financement qui est requis pour combler les besoins réels et
croissants dans ce domaine.
Ce à quoi la Fédération autonome
de l'enseignement a répondu dans son communiqué sur le
discours d'ouverture que « les enseignantes et enseignants seront
à même de juger l'audace dont le gouvernement fera preuve
dans les moyens que le ministre de l'Éducation, mais aussi le
ministre des Finances, mettront à leur disposition pour
améliorer leurs conditions de travail, mais aussi les conditions
d'apprentissage des élèves, ainsi que des moyens
déployés pour défendre l'école publique. Il
faudra plus qu'une multiplication de petits gestes pour donner à
l'école publique les moyens de répondre à ses
missions. »
Le gouvernement s'engage aussi à intensifier la
privatisation du système public d'éducation en liant
toujours plus étroitement les programmes et les chercheurs du
réseau postsecondaire aux entrepreneurs et aux entreprises
privées au nom de la création de la richesse.
En santé, le
discours poursuit l'approche du gouvernement de soi-disant objectifs
concrets de temps d'attente dans les salles d'urgence ou de temps avant
de pouvoir voir un médecin, une infirmière ou un
pharmacien, sans préciser comment y arriver. Cela pave la voie
à une privatisation accrue et accélérée du
système de santé, au nom de
l'efficacité, laquelle constitue un détournement massif
des ressources de la santé dans les coffres des monopoles
privés agissant pour le profit privé étroit. De
manière cynique, le gouvernement, dans ce discours d'ouverture,
parle allègrement de la situation tragique qui se produit dans
les CHSLD, tant du point de vue des conditions de travail du
personnel que des soins aux personnes hébergées, pour
promouvoir son modèle de Maisons des aînés en
partenariat public-privé (PPP).
En ce qui concerne l'économie, le discours
poursuit le mantra néolibéral de la mise à la
disposition de toutes les ressources humaines, matérielles et
naturelles de la société à la disposition des
grands intérêts privés au nom de la création
de la richesse, qui est censée donner lieu à des
retombées bénéfiques pour le peuple. Non seulement
le
discours maintient-il ce mantra, mais il le pousse plus loin. Le
gouvernement déclare sans vergogne que « l'autre levier
[mis à part l'éducation] pour créer de la
richesse, c'est l'investissement des entreprises. C'est avec des
investissements des entreprises qu'on va augmenter la
productivité et créer des emplois mieux payés. Il
faut d'abord qu'on
change nos façons de faire au ministère de
l'Économie et chez Investissement Québec. Il va falloir
faire preuve de beaucoup plus d'audace.
« Le ministre de l'Économie et de
l'Innovation est déjà au travail pour remodeler un
Investissement Québec nouveau, plus agile, plus volontaire, plus
ambitieux, plus entreprenant. »
Il s'ensuit toutes sortes de mesures pour stimuler
l'investissement privé par des stratagèmes
étatiques pour payer les riches. Ceux-ci comprennent une
fiscalité qui encourage l'investissement des entreprises, la
réduction des délais dans l'octroi de permis
d'exploitation, la réduction du fardeau administratif des
entreprises, un accent soi-disant plus
commercial des relations internationales du Québec afin de
promouvoir les exportations du Québec, notamment avec les
États-Unis, la transformation du Québec en porte
d'entrée des entreprises européennes pour
l'Amérique du Nord, etc.
Le gouvernement ne se sent même pas la
responsabilité d'expliquer, ni même de mentionner, les
crises qui frappent les grands monopoles supranationaux comme
Bombardier, ou d'autres entreprises comme RONA qui a été
absorbée par l'empire américain Lowe's qui vient
d'annoncer la fermeture de 27 magasins au Canada dont neuf au
Québec. Le discours d'ouverture ne fait pas une seule
référence à ces crises et ces tourmentes par
lesquelles le secteur manufacturier au Québec a
été encore plus endommagé, suite pourtant à
de grands investissements des fonds publics dans ces monopoles et
d'autres par des stratagèmes d'État pour payer les riches.
L'effort
désespéré pour servir à tout prix les
oligarques privés qui contrôlent l'économie et de
s'intégrer toujours plus à l'empire américain
comme voie vers l'avant est tel que le discours donne comme objectif de
l'économie du Québec de devenir la « batterie du
nord-est de l'Amérique » par les exportations
d'hydroélectricité pour le
rendre plus compétitif et soi-disant plus vert. D'ailleurs,
chaque fois que l'environnement est évoqué dans le
discours, il l'est dans le sens d'enrichir les monopoles. Toute
perspective d'une édification nationale qui sert le
bien-être du peuple, sur la base d'une économie qui
subvient à ses besoins et fait des échanges avec les
autres pour le
développement et l'avantage mutuels, est entièrement
absente de la perspective mise de l'avant par le discours d'ouverture.
Entre autres aspects, le discours d'ouverture mentionne
aussi que le gouvernement entend déposer un projet de loi dans
les prochains mois pour interdire le port de signes dits religieux aux
personnes en position d'autorité dans les services publics, dont
les enseignants, ce qui pourrait mener à des
congédiements de personnes qui refuseraient de
se départir de ces signes. Il est à noter que ce projet
de loi sera déposé au moment où les enseignants
seront en train de se préparer à la prochaine ronde de
négociations pour le renouvellement des conventions collectives
dans le secteur public. Le gouvernement poursuit dans sa voie
lâche, créatrice de division et diversionnaire pour
détourner les
Québécois des véritables questions auxquelles ils
font face en ce qui concerne la véritable usurpation de
l'État, une usurpation par les grands intérêts
privés supranationaux et non par un quelconque pouvoir religieux.
Le discours prévoit aussi la poursuite des
attaques contre les immigrants, prétendant répondre
à une « préoccupation légitime »
des Québécois face à l'immigration, encore une
fois pour diviser et détourner le peuple des véritables
enjeux et lier encore plus l'immigration aux besoins des monopoles
privés.
Condamnation des attaques gratuites du
gouvernement ontarien
contre les droits de la minorité francophone
Grande mobilisation à la défense des
droits
des francophones en Ontario
Ottawa, 1er décembre 2018
La condamnation de la décision du gouvernement
Ford de mettre fin à la construction d'une université de
langue française et d'éliminer le Bureau du Commissariat
aux service en français en Ontario, annoncée en novembre
comme une mesure d' « économie », a
été vive et massive partout dans la province et au
Canada. L'offensive
cynique contre les Franco-Ontariens est une attaque contre le type de
société que veulent les Canadiens.
Le 1er
décembre, une journée d'actions a été
organisée partout dans la province et plus de quarante
communautés y ont participé. Les actions ont
été organisées par l'Assemblée de la
francophonie de l'Ontario, une organisation provinciale qui
défend les droits et les intérêts de plus
de 600 000 Ontariens dont la langue
maternelle est le français. Les organisateurs estiment que
près de 15 000 personnes de toutes les couches de la
société, y compris un grand nombre d'étudiants et
de jeunes, ont participé à ces actions. Des
manifestations ont aussi eu lieu au Manitoba, en Saskatchewan, au
Nouveau-Brunswick, au Québec et ailleurs.
À Ottawa, plusieurs milliers de personnes se
sont rassemblées devant l'Hôtel de Ville pour exiger que
le gouvernement ontarien respecte les droits de la minorité
francophone et qu'il revienne sur sa décision. Le Ottawa Sun
cite Jean-François Lacelle de Gatineau : « Si on ne
peut pas respecter les droits des Franco-Ontariens ou
des Canadiens francophones, comment pouvons-nous croire qu'on va
respecter quelque droit qui soit des minorités au Canada. Ce
n'est pas que nous manifestons uniquement pour nous francophones. C'est
une question d'apprendre à respecter les droits de toutes les
minorités canadiennes et d'apprendre à respecter leur
culture. » À l'action
d'Ottawa on a souvent cité la lutte organisée pour sauver
l'hôpital Montfort de la fermeture par le gouvernement de Mike
Harris dans les années 1990, une expression de la
détermination des gens à faire reculer le gouvernement
Ford et ses compressions unilatérales et antisociales.
Et ce ne sont pas que les francophones qui font
entendre leur voix. Le Quebec Community Groups Network, une
organisation à but non lucratif qui unit 59 organisations
communautaires de langue anglaise partout au Québec, a
immédiatement condamné la décision du gouvernement
ontarien. « Nous sommes solidaires avec la
communauté de langue française en Ontario et nous
demandons que le gouvernement Ford reconsidère ces coupures
insensées qui occasionneront de sérieux reculs à
la communauté minoritaire de langue française en
Ontario », a dit leur porte-parole.
La Canadian Association of
University Teachers ainsi que l'Ontario College and University Faculty
Association ont aussi émis de fortes condamnations des
décisions du gouvernement Ford. Les
délégués à la réunion du 85e
Conseil du Canadian Association of University Teachers ont
adopté à l'unanimité une motion condamnant
l'annulation du projet de l'Université de l'Ontario
français sans même avoir consulté les Ontariens.
Dans une lettre au premier ministre, le directeur général
du CAUT, David Robinson, écrit : « Nous demandons
ainsi à votre gouvernement que vous organisiez, en vertu des
droits linguistiques des minorités, des consultations avec tous
les
partenaires en question, et surtout avec la communauté
francophone de l'Ontario, avant de prendre une décision finale
sur l'avenir d'une université francophone en
Ontario. »
La Ontario College and University Faculty Association
fait valoir que l'université de langue française a
été conçue en tant qu'institution autonome qui
serait créée par et pour les francophones pour servir
l'Ontario central et du sud-ouest, là où le taux de
croissance de la population francophone est le plus élevé
dans la province. Dans une
déclaration, l'OCUFA souligne : « Il est très
préoccupant que ce gouvernement révoquerait
l'université de langue française promise sans d'abord
consulter les étudiants, les parents et le personnel
francophones. Par cette décision, vous faites preuve d'un manque
flagrant de respect envers la population minoritaire de langue
française en
Ontario, et la frustration des francophones est justifiée... Le
personnel universitaire partout en Ontario est inquiet de voir que le
gouvernement continue de prendre des décisions de cette ampleur
à huis clos et en secret. La révocation de
l'université de langue française montre une fois de plus
que le gouvernement de Doug Ford n'est pas intéressé
à
écouter les Ontariens, mais s'engage plutôt à
poursuivre un ordre du jour idéologique mal informé et
irresponsable. »
Le conseil municipal de Hawkesbury a adopté une
résolution à l'unanimité le 26 novembre pour
dénoncer la décision du gouvernement Ford et affirmer que
la ville de Hawkesbury défend fermement les droits des
résidents ontariens de langue française et veut jouer un
rôle actif dans la défense de ces droits. Selon les
médias, le Canadian
Parents for French, un réseau pancanadien, a condamné la
décision du gouvernement Ford et les commissions scolaires
catholique françaises partout en Ontario ont aussi
participé aux protestations contre la décision de mettre
fin au projet d'une université de langue française dans
le sud de l'Ontario. L'Ontario a huit commissions scolaires
catholiques françaises avec près de 75 000
élèves. La mesure de Ford, disent-elles, pénalise
le système scolaire le plus réussi en Ontario (le taux de
diplômés est de 93 % et les résultats
sont les plus élevés de toutes les commissions scolaires
publiques en Ontario selon les tests standardisés) en
dévaluant ses diplômes du
secondaire. Les programmes bilingues existants, comme ceux de
l'Université d'Ottawa, de l'Université de Sudbury et de
l'Université Saint-Paul sont « incomplets sur le plan
linguistique », ajoutent-elles, et les étudiants sont
obligés de suivre certains cours en anglais pour obtenir leur
diplôme.
La Fédération canadienne des
étudiants de l'Ontario s'est aussi prononcée en
opposition aux compressions du gouvernement Ford. Nour Alideeb,
présidente de la Fédération canadienne de
l'Ontario, a dit : « La création de cette
université de langue française était
nécessaire pour améliorer la qualité de
l'éducation pour
les 600 000 francophones qui vivent dans cette province. Le
gouvernement Ford, a-t-elle dit, a essentiellement gaspillé les
décennies de financement et de consultations qui ont
été faits pour ce projet.
Fred Hahn, le président de la section de
l'Ontario du Syndicat canadien de
la fonction publique de l'Ontario, a dit, au nom de son syndicat:
« Ces services et ces protections sont précisément
comment les droits de la langue française sont
réalisés dans notre province. Cette décision du
gouvernement Ford est scandaleuse non seulement pour
les 600 000 franco-ontariens qui méritent le respect
de notre gouvernement, mais aussi pour tous les Ontariens et Canadiens
qui valorisent la diversité linguistique. »
Aussi, une des deux seules députées
francophones du caucus conservateur de l'Ontario, Amanda Simard,
représentant la conscription de Glengarry-Prescott-Russell, a
démissionné du caucus du gouvernement et siège
maintenant comme indépendante à l'assemblée
législative. Elle a dit qu'on l'avait ignorée de
façon répétée et marginalisée dans
ses tentatives de représenter sa conscription où
réside un grand nombre de francophones et de dissuader le
gouvernement de cesser ses attaques contre les droits minoritaires des
francophones en Ontario.
Devant cette
résistance, le premier ministre Ford a tenté de tuer
l'opposition dans l'oeuf. Tout en continuant d'insister que
l'université de langue française ne serait pas
construite, le premier ministre a laissé entendre qu'il
remplacerait le Bureau du commissariat aux services en français
en Ontario par un commissaire des services en français
sous l'autorité du Bureau de l'ombudsman, et qu'un conseiller
responsable des affaires francophones serait nommé au Bureau du
premier ministre. Mais cette proposition a aussi été
dénoncée comme étant inacceptable puisqu'elle
déclasserait le poste du commissaire au français, dont le
rôle de défenseur des droits et des services de langue
française
dans la province baisserait d'un cran, à celui de recueillir les
plaintes dans le Bureau de l'ombudsman.
Le 3 décembre,
devant le Comité
permanent sur les finances et les Affaires économiques du
gouvernement ontarien, où était discuté le projet
de loi 57, Loi
de 2018 visant à rétablir la confiance, la
transparence et la responsabilité, présentée
le 15 novembre et qui, en vertu de l'Annexe 20, appelle
à
l'élimination du commissaire aux services en français et
« autres modifications connexes », le commissaire
François Boileau a fait valoir :
« Sans
commissaire
indépendant qui peut lancer des enquêtes et des
études proactives, la communauté pourrait souffrir
davantage de l'indifférence face à leurs contestations et
aux atteintes à leurs droits. Éliminer le Bureau
indépendant du commissaire aux services en français
représentera peut-être une épargne de moins
de 300 000
dollars, mais ce que nous perdons, ce que les Franco-Ontariens et le
public dans son ensemble perdent, est la voix d'un expert et d'un
conseiller dont les services sont efficaces en fait de coût.
»
Cette question est extrêmement importante pour
tous les Canadiens. Pour le premier ministre de l'Ontario Ford et les
oligarques financiers au pays et à l'étranger (même
le Washington Post a des éditoriaux saluant l'audace de
Ford pour s'être débarrassé de la vache
sacrée des droits francophones au nom de l'«
austérité ») la
société existe pour faire avancer les
intérêts des riches oligarques financiers qui dominent de
plus en plus la vie politique de notre pays et qui ont la latitude de
promouvoir une définition des droits au Canada qui est à
l'encontre de ce que veulent les Canadiens. Les Canadiens veulent que
leurs droits et ceux de tous soient respectés et défendus
par
le gouvernement.
Le référendum sur la
réforme électorale en Colombie-Britannique
Le vote référendaire sur la
représentation proportionnelle est terminé
- Peter Ewart -
Le vote référendaire en
Colombie-Britannique sur l'opportunité d'adopter la
représentation proportionnelle (RP) ou de rester avec le mode de
scrutin majoritaire uninominal à un tour (SMUT) est
complété. Sur les 3 297 395
électeurs inscrits dans la province, un peu plus
de 40 % ont voté. Les résultats du
scrutin par correspondance sont attendus avant Noël.
Selon des porte-parole du Non, qui se sont plaints
à plusieurs reprises d'un possible taux de participation faible
et par la suite d'un résultat non valide, un taux de
participation de 40 % «
légitimerait » le référendum, seuil qui
semble avoir été atteint. Cependant, d'autres plaintes
sont susceptibles de se produire.
Le dernier référendum postal
en
Colombie-Britannique a été le référendum
sur les droits issus de traités organisé en 2002 par
le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique, auquel ont
participé 35 % des électeurs inscrits. Trois
autres référendums ont eu lieu au cours des 18
dernières années. Cependant, il ne
s'agissait pas d'un scrutin postal mais d'un scrutin qui accompagnait
les élections provinciales. Les
référendums de 2005 et 2009 sur l'adoption du
mode de scrutin par vote unique transférable ont reçu une
participation respectivement de 61 % et 48 %
des électeurs inscrits, tandis que le
référendum de 2011 sur la taxe de vente
harmonisée (TVH) en comptait 52 %.
Durant l'actuel référendum, la
différence entre les campagnes d'organisation des partisans du
Oui et du Non était significative. Les tenants du Oui se sont
principalement appuyés sur l'organisation à la base,
comme des réunions publiques, des tables de documentation, la
distribution de tracts, des démarches porte-à-porte et
téléphoniques, ainsi
que d'autres activités dans les communautés. D'autre
part, le camp du Non a fortement compté sur les médias
monopolisés pour lancer une campagne de peur, de
désinformation et de mensonges éhontés, ainsi que
des publicités contre la représentation proportionnelle
financées par des intérêts d'affaires importants.
Réunion à Quesnel, le 1er novembre 2018, une
des nombreuses rencontres
organisées pour que les personnes s'informent et discutent du
référendum en Colombie-Britannique.
Au cours de la campagne, les activistes du camp du Oui
ont travaillé fort pour promouvoir une discussion
sérieuse entre les Britanno-Colombiens sur la
représentation proportionnelle et les trois options
présentées. Ceci a été
réalisé en dépit de l'atmosphère
négative créée par les partisans du camp du Non et
les médias monopolisés.
Il y a toutes sortes de spéculations sur les
raisons pour lesquelles les gens ont voté pour un choix
ou l'autre, voire pas du tout. Un sondage récent prétend
que la raison principale pour laquelle les gens ont voté en
faveur du maintien du système majoritaire uninominal à un
tour est qu'ils ont trouvé que les trois options de
représentation
proportionnelle présentées étaient «
déroutantes ». Ce problème a été
confirmé par les activistes du camp du Oui qui ont
constaté qu'une fois les options sur la représentation
proportionnelle clairement expliquées lors de réunions et
autres événements, beaucoup de personnes étaient
convaincues d'abandonner le système uninominal majoritaire
à un tour et de reporter leur soutien à la
représentation proportionnelle. L'adoption de la
représentation proportionnelle n'est pas
considérée comme une tâche ardue en
Colombie-Britannique, étant donné les efforts de longue
date déployés par les Britanno-Colombiens pour une
réforme électorale qui a été
contrecarrée par les mesures prises par ceux
au pouvoir pour empêcher un vote favorable. Tout cela
détourne l'attention du fait que le peuple doit devenir une
force politique indépendante qui prend position sur toutes les
questions qui le favorisent. Lors de ce référendum, le
processus limité de participation et d'éducation mis en
place par le gouvernement provincial a rendu le travail des
défenseurs de la représentation proportionnelle
difficile. Compte tenu des difficultés rencontrées, le
mérite revient au peuple qui cherche à s'investir du
pouvoir de décider.
En effet, les partis cartellisés au sein des
assemblées législatives et des parlements au Canada ont
toujours empêché les citoyens d'initier et d'engendrer des
réformes et le renouvellement du processus démocratique,
en particulier toute mesure qui confère plus de pouvoirs aux
citoyens. D'une part, ils ont mis en place des processus qui divisent
automatiquement les personnes en camps du « Oui » et
du « Non ». Par ailleurs, au lieu de mettre en place
des mécanismes permanents et obligatoires qui investissent du
pouvoir les citoyens, les partis persistent à utiliser des
processus totalement arbitraires qui favorisent leurs
intérêts et ceux de l'élite financière qui
s'opposent à ce que
les citoyens modifient le système électoral.
Quel que soit le raisonnement qu'ils invoquent pour
gagner du temps et mettre des bâtons dans les roues, cela ne fait
que discréditer leur système appelé
démocratique et représentatif.
Selon les pratiques actuelles, quelque soit le parti au
pouvoir, il a toute la latitude pour utiliser le processus de son choix
lors de la tenue d'un référendum sur la réforme
électorale. Lors des référendums de 2005
et 2009 sur l'adoption ou non du système de vote unique
transférable, le gouvernement libéral de la
Colombie-Britannique a utilisé un modèle
d'assemblée de citoyens, mais a fixé un seuil très
élevé (60 %) d'approbation. Plus récemment,
le gouvernement néodémocrate a lancé un processus
de participation et d'éducation en vue du
référendum sur la représentation proportionnelle,
ce que beaucoup ont jugé tiède et incomplet.
Cet arbitraire des partis cartellisés est bien
illustré par la manière dont la législation sur
les rappels et les initiatives a été traitée au
fil des ans. Cette législation, qui permet aux électeurs
de rappeler des députés et de lancer des initiatives
législatives, transfère aux citoyens certains pouvoirs
dans certains domaines restreints. En 1991, plus
de 80 % des Britanno-Colombiens ont voté avec
enthousiasme pour ce projet de loi. Pourtant, les principaux partis
à l'Assemblée législative (les
néodémocrates et les libéraux) ont
collaboré pour rendre la législation sur les rappels et
les initiatives extrêmement difficile à utiliser.
Cela continue aujourd'hui. Par exemple, le gouvernement
néo-démocrate de la Colombie-Britannique a
récemment apporté de nouvelles modifications à la
loi sur les rappels, rendant son utilisation encore plus difficile.
Pour sa part, l'opposition libérale soulève des
objections, mais aussi d'un point de vue intéressé.
Tout cela souligne le fait que dans son ensemble le
système qu'on appelle la « démocratie
représentative » ne confère pas au peuple le
pouvoir souverain de décider mais le concentre plutôt
entre les mains de partis politiques qui paient les riches, comme on
peut le voir dans les manigances autour des divers
référendums sur la réforme
électorale dans la province.
Malgré ces nombreux obstacles, le mérite
revient au peuple de la province de s'être avancé et de
s'être battu avec acharnement pour obtenir la
représentation proportionnelle. Quelle que soit l'issu du
référendum, ce travail est important et s'inscrit dans
les efforts des Britanno-Colombiens pour le renouveau
démocratique et pour un
processus politique qui les investit du pouvoir et leur confère
le pouvoir de décider.
Journée internationale de
solidarité avec le peuple palestinien
Une soirée commémorative pour affirmer
les droits du peuple palestinien
Le 1er décembre, le Conseil palestinien du
Canada et l'Association palestinienne arabe ont commémoré
la Journée internationale de solidarité avec le peuple
palestinien au Centre des congrès de Versailles à
Mississauga, en Ontario. Plus de 250 personnes, dont certaines
venues de loin, ont participé à l'événement
politique et
social fait de chansons, de musique et de discours, dont le discours
principal par l'ambassadeur itinérant des missions
palestiniennes, Son Excellence Afif Safief.
Le fondateur et dirigeant du Conseil palestinien du
Canada, Rashad Saleh, a souhaité la bienvenue à tous
ceux présents et a souligné l'importance de la
Journée
internationale de solidarité avec le peuple palestinien, alors
que les Palestiniens et leurs amis se rassemblent en Palestine et
à l'étranger pour partager leurs pensées et
consolider leur
détermination collective à libérer et à
réclamer leur patrie.
Anna Di Carlo, la dirigeante nationale du Parti
marxiste-léniniste du Canada, a transmis les salutations du
Parti aux participants de l'événement. Elle a
souligné que le Parti appuie résolument le peuple
palestinien depuis sa fondation en 1970. Elle a dit que le peuple
canadien appuyait le peuple palestinien dans sa résistance
à l'État
sioniste israélien comme partie intégrante de toute
l'humanité éclairée. Elle a souligné que
les Canadiens aimeraient beaucoup que les libéraux de Trudeau
adoptent une position de principe en appui à la juste position
du peuple palestinien et a fait part de sa conviction et de celle du
Parti que la lutte du peuple palestinien sera victorieuse.
Le rabbin Yisroel Dovid Weiss des Juifs unis contre le
sionisme a parlé de la longue tradition de fraternité et
de paix entre le peuple juif et le peuple palestinien. Il a
souligné l'appui résolu de la communauté juive
à la restauration des droits du peuple palestinien et à
son droit de retour à la patrie.
Nour El-Kadri, président de la
Fédération arabe canadienne, et le professeur Ziad Malawi
Freihat, président de la Société jordanienne
canadienne, ont fait des interventions et ont affirmé leur appui
au peuple palestinien.
Omar Alghabra, le député libéral
de Mississauga centre, et Iqra Khalid, la députée
libérale de Mississauga-Erin Mills, ont aussi transmis leurs
salutations.
Abdi Hagi Yusuf, le secrétaire-trésorier
du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, Toronto, a
dit que le STTP était un des trois syndicats au Canada qui
appuyait les Palestiniens et leurs droits humains et qu'il allait
continuer de le faire.
Un professeur de l'université McMaster, le
docteur Atif Kubursi, s'est opposé aux tentatives
d'écarter la Palestine de la scène politique. Il a fait
valoir que la paix et les droits humains sont indivisibles et a
appelé à la fin de l'occupation israélienne.
L'orateur principal, l'ambassadeur de la Palestine, Son
Excellence Afif Safieh, a souligné la résistance et la
résilience du peuple palestinien, en particulier depuis la
reprise du mouvement national en 1965. Il a fait valoir que la
Nakba, par laquelle le peuple palestinien avait été
chassé de ses terres et dépossédé par la
force par les
terroristes sionistes appuyés par les États-Unis et
d'autres, n'a pas pris fin en 1948, mais se poursuit sous forme de
confiscation de terres et de propriétés par l'actuel
État israélien. L'ambassadeur Safieh a lancé
l'appel aux Palestiniens de la diaspora à intensifier leur appui
aux Palestiniens et à assumer leur rôle dans cette lutte
historique. La
soirée s'est déroulée dans une atmosphère
conviviale et festive. Le repas a été suivi d'un
programme culturel avec la lecture de poèmes, de musique et de
danse palestiniens. Les organisateurs se sont dits très heureux
du succès de l'événement. Les participants ont
poursuivi avec des discussions informelles aux tables sur comment
appuyer le peuple
palestinien.
La mort d'un criminel de guerre
Rétablir les faits au sujet de George H.W. Bush
George Herbert Walker Bush
12 juin 1924
- 30 novembre 2018
- 10e ambassadeur des
États-Unis aux Nations unies - 1973-1974
- 2e chef du bureau de liaison des États-Unis en Chine
- 1974-1975
- Directeur de la CIA -1976-1977
- 43e vice-président des États-Unis- 1981-1989
- 41e président des États-Unis - 1989-1993
Depuis que George Herbert Walker Bush est
décédé le 30 novembre 2018, les
éloges à son sujet se multiplient, pour son service
public, son rôle dans la prétendue démocratisation
du monde entier, son leadership dans la prétendue juste guerre
du Golfe. Mettons les choses au clair.
Manifestation contre la première
guerre
du Golfe à Halifax en 1991
|
George Bush père a été la figure
emblématique de la conduite et de l'exécution des crimes
les plus odieux de l'impérialisme américain contre les
peuples du monde, d'abord comme directeur de la CIA (du 30
janvier 1976 au 20 janvier 1977), puis comme
vice-président et président des États-Unis. Il a
été l'une des
principales figures du coup d'État au Chili contre le
président Salvador Allende et porte directement la
responsabilité de la mort sous la torture de milliers de
citoyens chiliens et de la disparition de milliers d'autres. Il a
été un architecte de la guerre contre le Nicaragua, des
guerres sales au Guatemala et au Salvador, de l'invasion du Panama, de
la
Grenade, de la première guerre du Golfe, des activités
terroristes contre Cuba, sans oublier ses activités et son
rôle dans les contre-révolutions en ex-Union
soviétique et les pays d'Europe de l'Est, et dans beaucoup
d'autres pays.
Bush était président à un moment
où la division bipolaire du monde venait tout juste de prendre
fin, mais elle n'a pas eu comme conséquence la fin des efforts
de domination mondiales des grande puissances. Au contraire, le
repartage du monde en de nouvelles sphères d'influence a repris
de plus belle. La crise dans la région du Golfe a
été le
premier exemple de cela après la fin de la division bipolaire du
monde, de la division entre les blocs soviétique et
américain.
Les États-Unis avaient, et ont toujours, des
intérêts stratégiques dans la région du
Golfe. Ils voulaient non seulement préserver leur influence dans
la région, mais aussi l'étendre. L'Irak voulait que cette
région soit sa propre zone d'influence et, à cette fin,
cherchait à s'imposer comme la puissance dominante dans la
région avec laquelle
d'autres auraient à négocier le sort de la région.
L'Allemagne, la France, le Japon et d'autres avaient également
des intérêts dans la région, tout comme l'ex-Union
soviétique, remplacée par la Fédération de
Russie. En d'autres termes, il y a eu un choc des intérêts
auquel la fin de la division bipolaire du monde n'a en aucune
façon mis fin.
Cette période a également marqué
la fin de la guerre comme la continuation de la politique par autres
moyens. Les grandes puissances ne pouvaient plus régler leurs
conflits sur qui dominerait le monde sur la base des méthodes
utilisées dans le passé. Sous la présidence de
George H.W. Bush, alors que les intérêts privés,
sous la forme de
conglomérats impliqués dans la production de guerre et la
domination des marchés de l'énergie et d'autres
marchés, devenaient politisés, les grandes puissances ont
cherché à imposer leur hégémonie. Avec leur
échec à atteindre leur objectif par la soumission
volontaire, la guerre est devenue un acte de destruction aveugle. C'est
ce que montre
l'invasion de l'Irak sous prétexte de protéger le
Koweït et de préserver la démocratie. Depuis, une
notion impérialiste des droits de l'homme et de la
démocratie a été imposée en violation de
l'expérience et de la conscience humaines.
George H.W. Bush était un criminel de la pire
espèce et un ennemi des peuples du monde. Ça, c'est la
vérité.
Extrait de l'article « L'héritage
ignoré de George H.W. Bush :
crimes de guerre, racisme et entrave à la justice »
de Mehdi Hasan, The Intercept, 1er décembre 2018
[...]
La première guerre du Golfe, a conclu une
enquête du journaliste Joshua Holland, « a
été vendue grâce à une montagne de
propagande de guerre ».
Pour commencer, Bush a dit au public américain
que l'Irak avait envahi le Koweït « sans provocation ni
avertissement ». Ce qu'il n'a pas dit, c'est que
l'ambassadrice américaine en Irak, April Glaspie, avait
donné un feu vert réel à Saddam Hussein en lui
disant en juillet 1990, une semaine avant son invasion :
« Nous
n'avons pas d'opinion sur les conflits arabo-arabes, comme votre
désaccord frontalier avec le Koweït. »
Ensuite, il y a eu la fabrication du dossier de
renseignement. Bush a déployé des troupes
américaines dans le Golfe en août 1990 et a
affirmé qu'il le faisait pour « aider le gouvernement
saoudien à défendre son territoire ». Comme
l'écrivait Scott Peterson dans le Christian Science Monitor
en 2002, « S'appuyant
sur des images satellites ultra secrètes, des responsables du
Pentagone ont estimé... que jusqu'à 250 000
soldats irakiens et 1 500 chars se trouvaient à la
frontière et menaçaient le principal fournisseur de
pétrole des États-Unis. »
Pourtant, lorsque la journaliste Jean Heller du St.
Petersburg Times a obtenu ses propres images satellites
commerciales de la frontière saoudienne, elle n'a trouvé
aucun signe des forces irakiennes. seulement un désert vide.
« C'était un mensonge assez sérieux » a
déclaré Heller à Peterson en ajoutant que :
« C'est ce qui
[la concentration de forces irakiennes] justifiait l'envoi de troupes
par Bush, et cela n'existait pas. »
Manifestation contre la première guerre du Golfe à San
Francisco en 1991
George H.W. Bush a commis des crimes de guerre. Sous
Bush père, les États-Unis ont largué pas moins
de 88 500 tonnes de bombes sur l'Irak et le Koweït
occupé par l'Irak, beaucoup de ces bombardements ont fait de
terribles pertes civiles. En février 1991, par exemple, une
frappe aérienne américaine sur un abri
anti-aérien dans le quartier de Amiriya à Bagdad a
tué au moins 408 civils irakiens. Selon Human Rights Watch,
le Pentagone savait que l'installation de Amiriya avait
été utilisée comme abri de défense civile
pendant la guerre Iran-Irak et malgré cela l'a bombardé
sans avertissement. HRW a dit qu'il s'agissait d'« une violation
grave des
lois de la guerre ».
Les bombes américaines ont également
détruit les infrastructures civiles irakiennes essentielles -
des installations de production d'électricité et des
installations de traitement de l'eau aux usines de transformation des
aliments et aux minoteries. Ce n'était pas un accident. Comme
l'a rapporté Barton Gellman du Washington Post en
juin 1991 : « Certaines cibles, surtout à la fin
de la guerre, ont été bombardées principalement
pour créer un moyen de pression sur l'Irak après la
guerre, et non pour influencer le déroulement du conflit
même. Les planificateurs disent maintenant que leur intention
était de détruire ou d'endommager des installations
précieuses que
Bagdad ne pouvait réparer sans l'aide étrangère...
À cause de ces objectifs, les dommages causés aux
structures et aux intérêts civils, invariablement
décrits dans les briefings pendant la guerre comme
'collatéraux'
et non intentionnels, n'étaient parfois ni
l'un ni l'autre. »
Vous saisissez bien ? L'administration Bush a
délibérément ciblé l'infrastructure civile
comme « moyen de pression » contre Saddam Hussein. En
quoi ce n'est pas du terrorisme ? Comme une équipe de
santé publique de Harvard a conclu en juin 1991, moins de
quatre mois après la fin de la guerre, la destruction de
l'infrastructure irakienne avait entraîné une malnutrition
aiguë et des niveaux «
épidémiques » de choléra et de
typhoïde.
En janvier 1992, Beth Osborne Daponte, une
démographe du Bureau du recensement des États-Unis,
estimait que la guerre du golfe de Bush avait causé la mort
de 158 000 Irakiens, dont 13 000 morts civils
directs et 70 000 décès dus aux dommages
causés aux installations de production
d'électricité et des installations de traitement des eaux
usées. Les chiffres de Daponte contredisaient ceux de
l'administration Bush, et elle a été menacée de
congédiement par ses supérieurs pour avoir diffusé
de « fausses informations ». (Cela ne rappelle-t-il
pas quelque chose ?)
George H.W. Bush a refusé de coopérer
avec un procureur spécial. L'affaire Iran-Contra, dans laquelle
les États-Unis ont échangé des missiles contre des
otages américains en Iran et utilisé le produit de ces
ventes d'armes pour financer les rebelles Contra au Nicaragua, a
beaucoup contribué à miner la présidence de Ronald
Reagan. Pourtant,
l'implication de son vice-président dans cette affaire
controversée a attiré beaucoup moins d'attention. «
L'enquête criminelle sur Bush était malheureusement
incomplète », a écrit le procureur
spécial Lawrence Walsh, ancien procureur général
adjoint du gouvernement Eisenhower, dans son rapport final sur
l'affaire Iran-Contra en
août 1993.
Pourquoi ? Parce que Bush, qui était
« pleinement au courant de la vente d'armes à
l'Iran », selon le procureur spécial, n'a pas remis
un agenda « contenant des notes contemporaines pertinentes
à l'Iran/Contra » et a refusé d'être
interrogé aux dernières étapes de l'enquête.
Dans les derniers jours de sa présidence, Bush a
même accordé des pardons présidentiels à six
accusés dans l'affaire Iran-Contra, notamment l'ancien
Secrétaire de la défense Caspar Weinberger - à la
veille du procès de Weinberger pour parjure et obstruction de la
justice. « Le pardon de Weinberger », a
souligné Walsh, « a marqué la première fois
qu'un président pardonne quelqu'un
pendant un procès au cours duquel il aurait pu être
appelé comme témoin, parce que le président
était bien informé des faits qui sous-tendent
l'affaire. » Un Walsh en colère a accusé Bush
d'« inconduite » et d'avoir contribué au
«
camouflage de l'affaire Iran-Contra ».
Cela ressemble à un cas d'obstruction de la
justice du genre de Trump, n'est-ce pas ?
George H.W. Bush a intensifié la guerre raciste
contre la drogue. En septembre 1989, dans un discours à la
nation télévisé depuis le Bureau ovale, Bush a
brandi un sac de crack, qu'il a dit avait été «
saisi il y a quelques jours dans un parc en face de la
Maison-Blanche... Cela aurait facilement pu être de
l'héroïne ou du
PCP. »
Pourtant, une enquête du Washington Post
menée plus tard au cours du même mois a
révélé que des agents fédéraux
avaient « attiré » le vendeur de drogue au parc
Lafayette pour que « des agents d'infiltration puisse faire achat
de crack dans un parc plus connu pour son emplacement sur l'avenue
Pennsylvanie en face de la
Maison-Blanche que pour des activités illégales
liées à la drogue. » (Le vendeur ne savait pas
où se trouvait la Maison-Blanche et a même demandé
son chemin aux agents). Bush a utilisé cyniquement cet
accessoire - le sac de crack - pour demander une augmentation
de 1,5 milliard de dollars des dépenses consacrées
à la guerre contre
la drogue et a déclaré avec colère : «
Nous avons besoin de plus de prisons, de pénitenciers, de
tribunaux et de procureurs. »
Le résultat ? « Des millions
d'Américains ont été incarcérés, des
centaines de milliards de dollars gaspillés et des centaines de
milliers d'êtres humains ont été abandonnés
à mourir du SIDA - tout cela au nom d'une 'guerre contre la
drogue' qui n'a rien fait pour réduire l'abus de
drogues », a souligné Ethan Nadelmann, fondateur de
la
Drug Policy Alliance, en 2014. Bush, dit Nadelmann, « a fait
passer l'idéologie et la politique avant la science et la
santé ». Aujourd'hui, même des
républicains importants, comme Chris Christie et Rand Paul,
conviennent que la lutte contre la drogue, intensifiée par Bush
au cours de ses quatre années à la Maison Blanche, a
été un
échec lamentable et raciste.
George H.W. Bush tripotait les femmes. Depuis le
début du mouvement #MeToo, à la fin de 2017, au
moins huit femmes différentes ont affirmé que l'ancien
président les avait tripotées, dans la plupart des cas
lorsqu'elles posaient avec lui pour une photo. L'un d'elle, Roslyn
Corrigan, a déclaré au magazine Time que Bush
l'avait touchée de manière inappropriée
en 2003, alors qu'elle n'avait que 16 ans. «
J'étais une enfant », a-t-elle déclaré.
L'ancien président avait 79 ans. Le porte-parole de Bush a
offert cette défense de son patron en octobre 2017 :
« À l'âge de 93 ans, le président Bush
était confiné dans un fauteuil
roulant depuis environ cinq ans. Son bras tombe donc sous la taille des
personnes avec qui il prend des photos. » Cependant, comme
l'a noté le Time, « Bush était debout
en 2003 quand il a rencontré Corrigan ».
Les faits sont importants : le 41e
Président des États-Unis n'a pas été le
dernier républicain modéré et n'était pas
un survivant d'une époque imaginaire de la décence et de
la civilité conservatrices ; il s'est livré à
des activités racistes, a fait de l' obstruction à la
justice et a commis des crimes de guerre. Il avait beaucoup plus en
commun avec les deux présidents républicains qui sont
venus après lui que sa foule d'admirateurs actuelle voudrait
nous faire croire.
De la presse
du Parti
États-Unis, Irak et le danger de guerre dans le
Golfe
- Hardial Bains, LML, 13
janvier 1991 -
Cela fait maintenant plus de cinq mois que l'Irak a
envahi le Koweït le 2 août 1990 et l'a ensuite
annexé. Au cours de la même période, les
États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et quelques autres
pays, mais plus particulièrement les États-Unis, ont
créé une intense hystérie de guerre. La guerre est
présentée comme le
moyen ultime de réparer le tort causé. Le 15 janvier
a été fixé par George Bush comme la date
après laquelle il pourrait faire tout ce qu'il voudra, y compris
déclencher une guerre pour expulser les Irakiens du Koweït
et briser le pouvoir militaire irakien.
L'invasion et l'annexion du Koweït ont
été universellement condamnées par l'opinion
publique mondiale. Mais c'est là que se termine la similitude
des attitudes. Les grandes puissances utilisent cette situation
à leurs propres fins agressives. Les États-Unis, qui
désiraient depuis longtemps stationner leurs forces sur le sol
arabe, ont maintenant
atteint leur ambition, du moins pour le moment. Avec les forces en
place et le sceau d'approbation du Conseil de sécurité de
l'ONU maintenant chose faite, les États-Unis peuvent
désormais exiger tout ce qu'ils souhaitent, y compris la
destruction sauvage de toute la région. La question se pose
vraiment : George Bush est-il pour la paix et la
démocratisation de la vie internationale, ou pour la domination
du monde ? La réponse est que les États-Unis et
George Bush sont pour la démocratisation de la vie
internationale tant que cela sert leurs intérêts. Ils ont
manipulé le mécontentement en Europe de l'Est à
leurs propres fins. Ils tentent de manipuler l'opinion publique
mondiale
contre l'invasion irakienne et l'annexion du Koweït aux
mêmes fins.
Immédiatement après l'invasion du
Koweït, le problème s'est posé : la guerre
est-elle la solution ? George Bush a immédiatement dit oui
et a commencé à déployer des forces
américaines en Arabie saoudite et dans la région. On a
dit que l'invasion de l'Arabie saoudite était une
possibilité imminente et que l'Irak devait être
arrêtée. D'autres ont pris une approche différente.
L'Union soviétique a parlé de paix, tout comme la France,
et du recours aux sanctions économiques. Mais aucun d'entre eux
n'a parlé contre George Bush, qui a commencé dès
le début à plaider en faveur de la guerre contre l'Irak.
Ils prétendent tous être unis contre l'invasion et
l'annexion du
Koweït par l'Irak.
Il est devenu on ne peut plus clair que toutes les
grandes puissances jouent leur politique et servent leurs propres
intérêts. Une machine diplomatique massive a
été déployée pour atteindre ces objectifs.
George Bush veut dominer la région du Golfe et le monde, et
c'est ce qui le motive à faire pression pour la guerre. La
France, l'Allemagne et
le Japon ne peuvent pas s'opposer ouvertement aux États-Unis,
bien que leurs intérêts diffèrent. Ils ne veulent
pas que les États-Unis réussissent à
détruire Saddam Hussein. L'Union soviétique ne peut
accepter non plus de n'avoir aucune influence dans la région. En
d'autres termes, le conflit au Moyen-Orient s'est à nouveau
transformé en conflit entre
les grandes puissances, comme c'est le cas depuis des décennies.
Chaque grande puissance s'empresse maintenant de défendre ses
propres intérêts alors que la situation dans la
région devient de plus en plus tendue. Si les grandes puissances
étaient unies dans le passé, ou si elles le devaient
maintenant, ce serait uniquement parce que les peuples
menaçaient leurs intérêts. La déclaration
à Paris de la fin de la guerre froide n'a fait qu'alimenter les
grandes collisions mues par des intérêts opposés.
On parle beaucoup de défense de la
démocratie, de lutte contre l'agression, etc. Mais, comme le
révèlent les faits eux-mêmes, l'utilisation de ces
phrases résonnantes ne vise pas à défendre des
idéaux élevés, mais à réaliser autre
chose. Par exemple, les faits eux-mêmes révèlent
les intentions des États-Unis. Avec l'effondrement des
régimes en
Europe de l'Est et la réunification de l'Allemagne, l'influence
américaine en Europe est passagère. La Communauté
européenne est en train de devenir une puissance
économique et politique avec laquelle les États-Unis
devront compter. Mais ils sont toujours une puissance militaire. Ils ne
veulent pas que le monde l'oublie. Ils veulent être le
gendarme du monde qui est rémunéré pour ses
services.
Saddam Hussein a procédé à
l'invasion du Koweït pour défendre l'économie
irakienne et contester le pouvoir des cheikhs du pétrole et de
l'émir du Koweït, qui ont été incités
par les États-Unis à détruire l'économie
irakienne. L'Irak veut être la puissance dominante au
Moyen-Orient pour devenir une puissance économique et politique
à part
entière et organiser les Arabes contre d'autres peuples de
l'intérieur et de l'extérieur de la région. Mais
l'Irak est maintenant devenu un atout sur la table des
négociations des grandes puissances. Saddam Hussein a
déstabilisé la situation internationale en donnant
à toutes les grandes puissances la possibilité de
défendre leurs propres intérêts et de
rediviser le monde entre elles. Lorsque les États-Unis
s'organisent pour la guerre, ils ne cherchent pas seulement à
vaincre l'Irak, mais aussi à prendre le dessus sur toutes les
autres puissances ayant un intérêt dans la région
et le monde. George Bush n'est que pour George Bush et il sait comment
servir les intérêts des États-Unis dans toutes les
régions du monde, y compris la région du Golfe. George
Bush insiste sur le fait qu'il ne veut pas seulement que l'Irak soit
exclue du Koweït, mais qu'il faut aussi briser le pouvoir
militaire irakien. De cette manière, les États-Unis
prétendent être non seulement le champion de la morale la
plus élevée, mais aussi la puissance militaire dominante
au
Moyen-Orient.
Saddam Hussein cherche à lier la question
palestinienne à l'occupation du Koweït. Mais ce lien est
une épée à plusieurs tranchants, et l'un des
tranchants est le désir de l'Irak d'être reconnue comme la
puissance dominante du Moyen-Orient avec laquelle d'autres pourraient
négocier. L'Irak veut que la question palestinienne soit une
monnaie
d'échange. Les Irakiens parlent également de toutes les
souffrances et des conflits causés par les étrangers au
Moyen-Orient. Les États-Unis seront-ils d'accord avec
cela ? Le secrétaire d'État, James Baker, a
déclaré avec insistance qu'il ne négociait pas
avec l'Irak à Genève. Il était allé
à Genève seulement pour dire aux Irakiens que les
États-Unis étaient sérieux au sujet de les
écraser. La France, l'Allemagne ou le Japon accepteront-ils le
démantèlement de Saddam Hussein ? L'Union
soviétique sera-t-elle d'accord ? Telles sont les questions
qui révèlent une situation très grave, les
intérêts des grandes puissances étant
désormais au centre du conflit.
Le gouvernement Mulroney croit que les
intérêts du Canada sont servis par le fait que les
États-Unis demeurent une puissance dominante. C'est la seule
raison pour laquelle le gouvernement canadien pousse l'hystérie
de la guerre. C'est une position dangereuse qui engage le Canada dans
toutes les opérations militaires américaines, en partant
de l'hypothèse que tant que les États-Unis seront le
gendarme du monde, le Canada sera en bonne position.
La montée de ce conflit revêt
également une autre dimension : le désir d'une
véritable démocratisation de la vie internationale,
l'opposition à toutes les politiques des grandes puissances et
au dessein des grandes puissances en vue de la domination mondiale.
Nous devons tirer parti de la situation et nous opposer non seulement
à
l'invasion et à l'annexion du Koweït par l'Irak, mais
également à la volonté des États-Unis de
dominer le Moyen-Orient. Nous devons nous opposer aux Israéliens
qui se rangent du côté des États-Unis, tout comme
les Égyptiens, les Syriens, les Saoudiens, etc. Mais nous devons
également appeler les Palestiniens, les Jordaniens et les autres
à ne pas
prendre parti pour l'Irak. Nous devons créer un nouvel ordre
mondial dans lequel la condition de la paix et de la
prospérité de tout pays ou peuple soit la paix et le
bien-être de toutes les nations et de tous les peuples.
La juste position à ce moment ne peut être
que :
1. Non aux États-Unis ou à toute
autre présence militaire étrangère au
Moyen-Orient ! Cela signifie également non à la
présence militaire canadienne dans la région du
Golfe !
2. Non à l'invasion et à l'annexion
du Koweït par l'Irak !
3. Pas de vente d'armes militaires ou de toute
forme d'aide militaire à quiconque dans la région du
Moyen-Orient !
En conclusion, nous devons exiger que le gouvernement
canadien ne prenne pas de décisions qui accroissent le danger de
guerre dans toutes les régions du monde. La
démocratisation de la vie au Canada contribuera à la
démocratisation de la vie sur le plan international. Les gens
ont le droit de renverser tout gouvernement qui les mène dans
des guerres injustes.
L'usage de la force
- LML, 15 septembre 2001 -
Dès le déclenchement de la Guerre du
Golfe par les États-Unis à la fin de la division
bipolaire du monde, il est devenu évident que les
États-Unis voulaient accaparer le monopole de la force et de son
usage. L'administration du président George Bush père a
entrepris d'établir un « nouvel ordre mondial »
dans lequel les États-Unis
d'Amérique devaient être le seul pays possédant et
contrôlant une capacité meurtrière massive pouvant
être déployée suivant les quatre volontés du
président américain.
Si la force n'avait pas été
utilisée à l'époque par les États-Unis et
la coalition internationale qu'ils ont réussi à rallier
derrière eux, les peuples auraient accru leur capacité
d'initiative. Mais les États-Unis et les grandes puissances ont
pris pour acquis que les peuples n'ont pas de rôle à jouer
dans leur propre libération, dans l'effort pour apporter
des solutions justes et pacifiques aux graves problèmes auxquels
ils sont confrontés.
C'est une grave erreur. Les peuples sont en
réalité le facteur décisif et ce facteur doit
être activé, comme cela se fait de plus en plus depuis
la Guerre du Golfe. C'est ce facteur décisif que les
États-Unis, le Canada et les autres grandes puissances cherchent
encore une fois à marginaliser pour lui enlever toute force
d'impact. L'expérience
depuis 1990 a montré non seulement que l'usage de la force
n'a rien réglé et n'a fait qu'aggraver la situation,
provoquant une tragédie après l'autre, mais aussi que les
peuples sont capables de trouver les moyens de se faire entendre et
qu'ils veulent des solutions qui favorisent l'avancement de leur cause.
L'usage répété de la force par les
États-Unis n'a rien réglé. Il n'a même pas
permis de conserver l'unité de la coalition internationale face
aux intérêts contraires qui rivalisent dans son sein. Et
voilà maintenant que le monopole de la force par les
États-Unis est contesté de la façon la plus
inattendue. Au lieu d'apprendre des leçons de l'histoire,
encore une fois les États-Unis exercent des pressions pour
forcer leurs « alliés » à former une
coalition internationale pour venir à leur rescousse, cette
fois-ci au nom de la lutte au terrorisme. Encore une fois, la force est
invoquée comme méthode de résolution des
problèmes internationaux.
Où cela mènera-t-il ? Nous pouvons
le prédire. Peut-être pas dans ses fins détails,
mais dans ses grandes lignes. Notre capacité de
prédiction nous dit qu'il faut agir pour conjurer les
tragédies qui se préparent. Cela peut se faire et cela
doit se faire. Les peuples du monde peuvent le faire en prenant
position contre l'usage de la force dans
le règlement des conflits entre peuples et nations.
Les contradictions continuent de
s'approfondir en Europe
L'opposition à l'accord du Brexit de May
et le chaos politique
- Workers' Weekly -
Le 25 novembre, un sommet spécial du
Conseil européen de l'Union européenne (UE) a
approuvé le projet d'accord de retrait et le cadre dans lequel
évolueront les relations entre la Grande-Bretagne et la
Commission européenne, après d'intenses discussions la
veille entre Theresa May, première ministre de Grande-Bretagne,
et le
président de la Commission de l'Union européenne.
Le vote à la Chambre
des communes sur l'Accord aura lieu le 11 décembre. Selon
les prédictions, Theresa May sera défaite, mais May —
dont le sens tactique n'est pas son point fort — a lancé l'appel
au peuple sans passer par les députés, comme on dit, et
cherche sans doute à conclure des
ententes de coulisses pour aller chercher le nombre de votes requis au
parlement. « C'est un accord pour un avenir plus prometteur, qui
nous permet de saisir les occasions qui s'offriront à
nous », écrit-t-elle dans une « lettre à
la nation », sans ombre d'ironie. « Le fait de foncer
aveuglément ne relève pas du stoïcisme, a
rétorqué
Jeremy Corbin au parlement. C'est un acte d'automutilation
nationale. » Si l'accord sur le retrait est vaincu au
scrutin, alors la crise et le chaos politique ne peuvent que
s'accroître. Les dirigeants de l'Union européenne ont
indiqué clairement que l'accord ne pourra plus être
renégocié. Ces dirigeants qui ont investi dans le «
projet
européen » ne veulent pas inciter d'autres pays
à morceler encore plus l'Union européenne.
L'Accord du Brexit a été
négocié par Theresa May avec les dirigeants de l'Union
européenne dans un contexte de guerres commerciales, de
l'offensive des oligopoles mondiaux et de l'opposition de la classe
ouvrière à l'imposition de l'austérité et
de
la négation de leurs droits. L'Union européenne est en
soi un organisme supranational qui sert les intérêts des
monopoles mondiaux, mais qui est déchiré par ses crises
et ses contradictions. Ces contradictions ne sont pas seulement entre
l'Allemagne et la France, par exemple, elles sont aussi
engendrées par les mesures que l'Union européenne
impose ou tente d'imposer à la Grèce, à l'Italie
et à d'autres, et par l'opposition aux prises de
décisions centralisées de l'UE de la part des pays
nordiques de l'UE tels le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Irlande,
la Lituanie, les Pays-Bas et la Suède. De plus, des
manifestations contre l'austérité éclatent
à nouveau en France et ailleurs en Europe.
Il y a aussi les efforts déployés par la France et
l'Allemagne pour la formation d'une armée européenne, et
il y a des discussions à savoir si celle-ci devrait oui non
avoir les mêmes objectifs que l'OTAN.
On invoque une vision apocalyptique d'un « Brexit
sans accord » pour justifier qu'on accepte l'Accord de
retrait, dont le texte a été rejeté par la presque
totalité des acteurs politiques de la Grande-Bretagne et a
été suivi de la démission de sept ministres
gouvernementaux au dernier décompte.
Il y a eu plusieurs raisons pour le refus de rester
dans l'UE lors du référendum de 2016, mais on peut
affirmer que l'une des raisons majeures était l'offensive
antisociale. Il n'était évidemment pas prévu que
la majorité voterait pour le retrait, ni était-ce la
raison pour laquelle David Cameron avait appelé le
référendum. Cameron l'a fait
pour des raisons tout à fait intéressées et
illusoires, pas pour résoudre quelque problème de la
société et de l'économie. Plutôt que de
résoudre quoi que ce soit, le référendum a conduit
à la démission de Cameron et à une division plus
poussée du corps politique entre ceux qui veulent rester et les
Brexiteers, et a servi de prétexte à l'intensification
du racisme et du chauvinisme organisés par l'État, pour
davantage détourner les gens de leur propre efforts
organisationnels pour résoudre les problèmes bien
enracinés dans la société et dans
l'économie. Le mantra de « reprendre le
contrôle » est perçu comme une blague cruelle,
puisqu'on attend de la classe ouvrière qu'elle assume le
rôle
de spectatrice devant les pitreries de Westminster.
Il est certain que Brexit ou pas, le peuple ne
bénéficiera aucunement du résultat. Theresa May a
mené la Grande-Bretagne dans un cul-de-sac, mais prétend
qu'un mauvais accord est mieux que rien du tout et se dit convaincue
qu'elle et la Grande-Bretagne peuvent avoir le beurre et l'argent du
beurre.
Que ce soit avec ou sans l'UE, aucun accord commercial
n'est conclu pour que les peuples en bénéficient. En
effet, le commerce international dominé par les grandes
puissances et les oligarques qui n'ont aucun respect pour les besoins
du peuple est en soi une forme de bellicisme. La Grande-Bretagne, avec
son passé colonial et son ingérence
ouverte, y compris l'agression militaire dans les affaires des autres
pays, ne peut dans de telles circonstances sérieusement
prétendre à une « souveraineté
économique ». Ce qui prédomine en
réalité, ce sont les intérêts privés.
Que ce soit la ville de Londres comme centre financier mondial ou les
industries de guerre, elles fonctionnent toutes
pour des intérêts privés même si on continue
de prétendre, du bout des lèvres, qu'elles sont
profitables pour l'économie.
En surcroît, ce n'est pas du tout sérieux
de parler d'une « souveraineté
économique » et de « reprendre le
contrôle » alors que les droits des peuples de
l'Écosse et du Pays-de-Galles, sans parler de l'Irlande dans son
ensemble, sont ignorés. Comme plusieurs l'ont souligné,
dans le document de 585 pages, il n'y a pas la
moindre mention du Pays-de-Galles ni de l'Écosse, et ce que cela
signifie en termes de dévolution et du droit à
l'autodétermination. Et, bien sûr, la question du nord de
l'Irlande est l'une des plus tendues. Le « filet de
sécurité » que les négociateurs de l'UE
ont fait valoir n'est qu'une tentative de régler le
problème insoluble de comment les
six pays annexés de l'Irlande peuvent être dans le «
Royaume-Uni » et en même temps penser que le peuple de
toute l'île de l'Irlande pourra un jour déterminer son
destin. Lorsqu'on prétend qu'il est question de «
reprendre le contrôle », c'est en effet la classe
ouvrière qui est marginalisée et désinvestie du
pouvoir.
On ne peut pas dire que c'est le Parlement
européen ni la Commission européenne ni la Cour de
justice européenne qui prive le peuple du pouvoir. La question
qui se pose est qui contrôle l'État britannique en ce
moment et qui va le contrôler plus tard. La classe
ouvrière ne peut pas se limiter à retirer la
Grande-Bretagne du prétendu contrôle
de Bruxelles, ou de l'Allemagne ou de la Banque centrale
européenne.
Ce qui doit plutôt
être soulevé est que ce n'est pas seulement le Parlement
européen qui n'a pas fonctionné dans
l'intérêt du peuple, non seulement en Grande-Bretagne mais
dans toute l'Union européenne. Il y a plus
particulièrement la Chambre des communes, le système de
démocratie représentative de ce pays. Nous parlons ici de
ce qui se
passe, pour ainsi dire, dans les coulisses — les activités de
l'oligarchie financière internationale, le Groupe Bilderberg, le
Forum de Davos, le contrôle de l'économie par les cartels
et les conglomérats internationaux. C'est aussi une question de
qui et quoi sont représentés dans ce système de
démocratie représentative en Grande-Bretagne.
La « démocratie
représentative » donne l'impression à
première vue qu'il s'agit du peuple. Mais on ne peut
prétendre qu'il en est ainsi car pourquoi le peuple mettrait-il
donc de l'avant le mot d'ordre « pas en notre
nom » ? En réalité, ce qui est
représenté est la Couronne, les pouvoirs policiers et
leur exercice, en somme, la
personne d'État. S'il veut un revirement de la situation, le
peuple ne peut pas jouer qu'un rôle de spectateur face à
la crise qui se développe. En effet, la façon de
constamment présenter la question comme d'une division entre le
camp du Brexit et celui de rester dans l'UE vise à priver le
peuple de sa propre conception du monde selon laquelle
aucun problème ne peut être réglé sans qu'il
ne s'investisse du pouvoir politique. En d'autres mots, le peuple doit
fixer sa propre marche à suivre et ne doit pas se satisfaire
d'appuyer de soi-disant solutions qui n'offrent en
réalité aucune solution à la crise. L'élite
dirigeante a montré qu'en dépit des revendications
répétées du peuple, elle ne
changera pas sa direction, et c'est le travail du peuple lui-même
qui va engendrer une façon de se sortir de la crise qui sera
favorable à ses propres intérêts.
La conclusion qui s'impose pourrait bien être que
ce qui est nécessaire n'est pas une simple rupture avec l'Union
européenne mais une rupture avec la sorte d'État qui
existe en Grande-Bretagne ainsi que dans les grandes puissances de
l'Europe, la « vieille Europe » que sont la France et
l'Allemagne, qui agissent de concert et en rivalité
dans l'intérêt de leurs propres personnes d'État et
de leur pouvoir par exception. Prétendre autrement, c'est se
laisser embourber dans la crise qu'est le Brexit, accord ou pas. La
classe ouvrière doit jouer son rôle et s'organiser
elle-même pour s'investir du pouvoir politique.
Workers' Weekly est une publication du Parti
communiste révolutionnaire de la Grande-Bretagne
(marxiste-léniniste).
15e sommet du G20 à Buenos Aires,
Argentine
Des actions de masse pour rejeter l'offensive
antisociale et le sommet néolibéral
Manifestation contre le G20 à Buenos Aires, 30
novembre 2018
Le 15e sommet du G20
s'est tenu en Argentine du 30 novembre au 1er
décembre. Les Argentins, en particulier les jeunes et les
étudiants, étaient déjà en action pour
s'opposer à l'offensive antisociale du gouvernement Macri. La
présence des dirigeants des pays les plus vastes et les plus
riches du monde, qui se donnent le
droit de décider du sort du monde au nom des plus grands
idéaux à l'exclusion de leurs peuples, a
été complètement rejetée par les Argentins
et d'autres venus à Buenos Aires pour affirmer le droit des
peuples de décider et rejeter l'ordre du jour du G20.
L'exclusion des citoyens de la gouvernance est une
caractéristique établie du G20 et est
soulignée par les mesures de sécurité
disproportionnées qui accompagnent chaque sommet, visant
à la répression et à la criminalisation de la
dissidence. Les activistes argentins rapportent qu'un tiers du budget
alloué à l'organisation du G20 était
consacré à « la sécurité et la
défense », ce qui représente environ 50
millions $US.
Quelque 22 000 policiers ont été
déployés lors du sommet, ainsi que 5 000 autres
membres des forces de sécurité des pays voisins. Des
véhicules blindés et du matériel de surveillance
ont été achetés pour l'occasion. Comme beaucoup le
soulignent, ces dépenses massives surviennent alors que le
gouvernement argentin
coupe considérablement les budgets de la santé et de
l'enseignement post-secondaire.
Une autre caractéristique des manifestations en
Argentine était le rejet par la population d'un énorme
prêt de 50 milliards de dollars que le gouvernement Macri a
reçu du FMI. Les activistes soulignent que cet endettement
« doit assurer les liquidités du pays et sa
capacité à payer des fonds
spéculatifs ».
Une manifestation étudiante contre les coupures à
l'éducation est attaquée
par la police le 23 novembre 2018.
Le 24 novembre, un sommet réunissant les
dirigeants progressistes d'Amérique latine et des Caraïbes
a réuni d'anciens présidents comme Dilma Rousseff
(Brésil), Cristina Fernandez de Kirchner (Argentine), Rafael
Correa (Équateur) et José Mujica (Uruguay ), ainsi que
l'actuel président du Venezuela, Nicolas Maduro. L'objectif de
ce
sommet était d'offrir « un espace large, pluriel et ouvert
aux contributions et interventions » des dirigeants
mondiaux, des intellectuels, des organisations d'étudiants, des
mouvements sociaux et autres.
Rencontre de Buenos Aires de dirigeants progressistes d'Amérique
latine et
des Caraïbes, 24 novembre 2018
Une « semaine mondiale d'action » a
également été organisée du 26
au 30 novembre, sous le slogan « Le G20 et le FMI
dehors ! » Ces activités comprenaient un sommet
populaire les 28 et 29 novembre et une journée
nationale de lutte à Buenos Aires contre le G20 et le FMI
le 30
novembre.
Au sommet populaire, Buenos Aires, 28-29 novembre 2018
En ce qui concerne le G20, le sommet s'est donné
quatre priorités : « l'avenir du travail »
- concernant l'impact du changement technologique sur le travail ;
« l'infrastructure pour le développement » -
visant à « mobiliser les investissements privés en
faveur des infrastructures [pour combler] le déficit mondial en
infrastructures » ; « un avenir alimentaire
durable » - considérant la sécurité
alimentaire comme « un lien important dans le processus de
réalisation de la stabilité et de la
paix » ; et enfin « l'intégration de la
dimension de genre », où le G20 a
déclaré qu'« un véritable
développement doit mettre fin à l'inégalité
de genre et garantir le travail des femmes, l'inclusion
numérique et financière ».
Ces priorités doivent bien entendu être
placées dans le contexte de la réalité. Au Canada,
par exemple, les travailleurs sont pris au dépourvu par des
caprices d'intérêts supranationaux, indépendamment
de tout changement technologique. Les infrastructures privées
sont financées avec des fonds publics pour servir des
intérêts supranationaux. La
sécurité alimentaire est activement compromise par la
destruction de la gestion de l'offre dans l'agriculture, au
détriment des conglomérats multinationaux qui dominent la
production alimentaire et au nom du libre-échange.
L'égalité et les droits des femmes au Canada n'ont
été atteints que dans la mesure où les peuples les
ont combattues et
gagnées, et non à cause de gouvernements qui ne se
contentent que du bout des lèvres de remédier à la
situation des femmes.
La déclaration finale de huit pages dans
laquelle les dirigeants du monde se flattent de leurs accomplissements
s'articule autour des quatre priorités pour donner un visage
humain aux politiques et aux politiques néolibérales.
C'est pour couvrir la réalité d'un sommet semé de
divisions et l'incapacité des pays du G20 à
résoudre leurs différends,
en particulier le différend entre les grandes puissances et
leurs alliés respectifs. Rien de tout cela n'a quoi que ce soit
à voir avec la réalité à laquelle sont
confrontés les peuples du monde et la recherche de solutions
à leurs problèmes.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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