Le Marxiste-Léniniste

Numéro 39 - 3 novembre 2018

Une conception anachronique de la démocratie

Les libéraux chargent la police et non les citoyens de défendre la démocratie

Une conception anachronique de la démocratie
Les libéraux chargent la police et non les citoyens de défendre la démocratie
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale, Parti marxiste-léniniste du Canada

La différence entre l'acte de voter et la participation
démocratique - Pauline Easton


À titre d'information
Des changements à la Loi électorale qui servent les pouvoirs en place

Le référendum sur la représentation proportionnelle de la Colombie-Britannique
Des rencontres sur la représentation proportionnelle dans la région intérieure centrale de la Colombie-Britannique
Les contes de fées du camp du Non - Peter Ewart

Le Régime de pensions du Canada tire des profits des prisons
privées américaines

La privatisation des prisons et la violation criminelle des droits
humains - K.C. Adams

À titre d'information
Les prisons privées américaines profitent de la détention de masse
des immigrants

Canada, hors de l'OTAN!
Le Canada ne doit pas servir de terrain d'entraînement militaire pour
l'OTAN - Christine Dandenault

Vote aux Nations unies sur le blocus de Cuba par les États-Unis
Une autre victoire retentissante pour Cuba, dix défaites pour les États-Unis

Fin de l'élection présidentielle au Brésil
Les forces populaires se regroupent pour intensifier la lutte pour la démocratie et les droits - Margaret Villamizar
Pour une large union de défense de la démocratie, du Brésil et des droits du peuple - Parti communiste du Brésil

7 novembre: anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre
Les travailleurs du monde aspirent plus que jamais à une société nouvelle 


Supplément
Projet de loi C-76, la Loi sur la modernisation des élections

Des changements à la Loi électorale qui s'inspirent de délibérations supranationales



Une conception anachronique de la démocratie

Les libéraux chargent la police et non les citoyens de défendre la démocratie

Le projet de loi C-76, la Loi sur la modernisation des élections, n'a rien à voir avec la modernisation de la démocratie au Canada. Il renforce le contrôle et la réglementation de la communication électorale et politique et, au nom de la protection des électeurs, introduit une forme de censure de ce qui est légitime. Loin de confier aux citoyens la responsabilité de défendre la démocratie, les libéraux la confient aux agences de la sécurité nationale et de l'armée, ainsi qu'aux monopoles de la collection des données comme Facebook. Les droits et les principes sur lesquels repose la démocratie sont menacés au nom de la défense de la démocratie. Cela inclut le droit à la liberté d'expression et de parole, la liberté d'association et la liberté de conscience et, comme premier principe, la non-ingérence de la police dans le processus électoral.

Les modifications apportées à la Loi électorale du Canada par le projet de loi C-76 qui portent sur la lutte contre « l'influence étrangère » et le contrôle de l'utilisation des médias sociaux s'inspirent de la nouvelle doctrine de sécurité nationale des États-Unis, de l'OTAN, de son groupe de réflexion le Conseil atlantique et des agences de renseignement des pays des Cinq Yeux. On dit que l'ennemi n'est plus le terrorisme, mais la Russie, la Chine et d'autres États qui chercheraient à saper les institutions de la démocratie libérale.

Ces organisations défendent les valeurs anglo-américaines de l'édification d'empire. Elles ressortent des vieux tiroirs les notions du « fardeau de l'homme blanc » et du devoir de l'empire qui dominaient à l'époque de la Première Guerre mondiale et durant toute la campagne de la guerre froide contre le communisme. Ces valeurs ont été ressuscitées après l'effondrement de l'Union soviétique par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 1990 avec l'adoption de la Charte de Paris. Celle-ci imposait à tous les pays de se soumettre à la démocratie libérale capitaliste, c'est-à-dire une économie de marché dominée par les oligarques financiers internationaux, des élections sur la base du multipartisme et des droits de l'homme tels que définis par les États-Unis en tant que seule superpuissance et prétendue nation indispensable.

Ce sont les valeurs que le premier ministre Justin Trudeau a réaffirmées lorsqu'il a renié sa promesse électorale de mettre fin au système de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il a transmis une nouvelle lettre de mandat à sa ministre des Institutions démocratiques en février 2017 dans laquelle il lui demande : « En collaboration avec le ministre de la Défense nationale et le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, diriger les efforts du Canada en vue de défendre le processus électoral du Canada contre les cybermenaces. Ceci devrait inclure de demander au Centre de la sécurité des télécommunications (CST) de réaliser une analyse du risque que posent les pirates informatiques pour les activités politiques et électorales du Canada, et de la rendre publique. »

Le premier ministre Trudeau a rejeté les conclusions du Comité parlementaire sur la réforme électorale parce que, selon lui, la représentation proportionnelle « augmenterait les voix extrémistes et les voix activistes qui ne siègent pas au parlement pour débattre de ce qui est dans le meilleur intérêt de l'avenir de l'ensemble du pays, comme le font les trois partis actuels ». Il a ajouté que mettre fin au système majoritaire uninominal ouvrirait « une période d'instabilité et d'incertitude ». Cela signifie que la seule voix légitime dans le processus électoral et politique du Canada est celle qui vient des membres du système des partis cartellisés qui représentent le « juste milieu » de l'opinion politique qui protège la société des « extrêmes ».

En fait, les modifications apportées à la Loi électorale du Canada par le projet de loi C-76 présentent l'ensemble du corps politique, les citoyens du pays, comme une menace potentielle pour la démocratie. Même les représentants de ce cartel que forment les partis politiques siégeant à la Chambre des communes seront ciblés s'ils s'écartent de la doctrine officielle, telle que l'affirmation que l'OTAN est un instrument de paix et non d'agression et de guerre.

Le projet de loi C-76 expédié par le Parlement presque sans débat est basé en grande partie sur des consultations et des délibérations qui contournent les procédures et les normes parlementaires comme on n'a jamais vu auparavant. Les Canadiens n'ont même pas eu droit au spectacle procédural habituel au Parlement pour donner un semblant de légitimité aux mesures proposées.

Les institutions parlementaires du Canada ont depuis longtemps cessé de s'intéresser aux questions liées à la nécessité de renouveler le processus démocratique, comme l'a souligné la dernière Commission royale sur la question, sans parler de répondre aux besoins fondamentaux de notre époque.[1] Des questions pertinentes telles que le droit à un vote éclairé, l'égalité de tous les citoyens, le processus de sélection des candidats et les conséquences du financement public et privé sur les élections ne sont pas discutées. Elles sont examinées seulement du point de vue intéressé des partis du cartel et des avantages qu'ils peuvent en tirer, ensemble ou chacun pour soi. Des intérêts privés supranationaux s'imposent, tel que dicté par les agences de renseignement, la police et l'armée.

Plus important encore, ce dernier cycle de réformes électorales montre que tant que le problème de la modernisation du processus électoral et démocratique ne sera pas résolu en vue de donner plus de pouvoir aux citoyens, la direction que l'élite dirigeante donne à la société est pleine de dangers. Une mentalité de siège tous azimuts s'est emparée de la classe dirigeante de ce pays, qu'elle a subordonné à l'appareil de sécurité intérieure des États-Unis. Sous le slogan de défendre la démocratie contre les « extrémistes », les « perturbateurs » et les « intervenants étrangers influents », le gouvernement Trudeau jette les bases d'un régime électoral supervisé par les pouvoirs de police, ce qui est contraire à tout régime démocratique, sans parler de la nécessité du renouveau démocratique qu'exige notre époque.

Les Canadiens doivent discuter des lois qui ont été adoptées et du besoin du renouveau démocratique de ce processus politique et électoral qui écarte les citoyens des prises de décisions qui les concernent et qui s'apprête maintenant à criminaliser l'opinion politique. Ils doivent s'informer et discuter de ces choses dans leurs milieux. Ils doivent tirer les conclusions qui s'imposent quand l'élite dirigeante prétend vouloir défendre la démocratie contre la menace perçue d'attaques informatiques sous influence étrangère et de fausses informations dans les médias sociaux.

Lors de sa dernière comparution devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre le 25 septembre au sujet du projet de loi C-76, on a demandé à la ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, si son gouvernement envisageait des amendements pour soumettre les « tiers » - c'est-à-dire toute personne ou organisation du pays autre qu'un parti politique enregistré ou un candidat enregistré - à une réglementation et à un contrôle encore plus robustes que ce qui était prévu dans le projet de loi C-76 au moment de son dépôt. Elle a répondu par l'affirmative, et des amendements en ce sens ont été effectivement été adoptés. Elle a souligné que le gouvernement estimait qu'il était allé aussi loin que possible dans la loi en visant les tierces parties en tant qu'instruments potentiels d'influence étrangère lors des élections. Elle a déclaré que les mesures de protection qui peuvent être mises en place pour mettre fin à l'influence étrangère seront en place. Elle a souligné notamment le rôle de la police de sécurité - le Centre de la sécurité des télécommunications Canada - dans la supervision des élections et la collaboration avec les partis politiques pour les protéger des cyberattaques.

La ministre a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures après l'élection fédérale de 2019 s'il appert que les mesures du projet de loi C-76 n'auront pas suffi à protéger ce que l'élite dirigeante appelle l'intérêt national. Le 21 octobre, CTV a annoncé que la ministre Gould était satisfaite du projet de loi. « Je pense que nous sommes prêts. J'ai confiance dans le processus, mais vous savez, vous ne pouvez pas toujours tout empêcher. » Selon CTV, elle « a promis plus de nouvelles sur ce front dans les prochaines semaines ». Entretemps, le premier ministre Justin Trudeau a fait une déclaration qui a manifestement pour objectif de brouiller les pistes de son gouvernement et empêcher les Canadiens de développer leur politique indépendante plutôt que d'être marginalisés et criminalisés. Il a dit que l'élection de 2019 sera « la campagne politique la plus controversée, la plus négative et la plus vile de l'histoire du Canada ». Pour sa part, le Centre canadien de la sécurité des télécommunications a annoncé qu'il allait publier un document actualisé sur la menace qui pèse sur la démocratie canadienne au cours de la prochaine année.

Qu'est-ce que ce projet de loi qui a pour titre Loi sur la modernisation des élections, mais qui charge les pouvoirs de police de gérer les élections ? À quoi faut-il s'attendre ? Comment les Canadiens doivent-ils s'y préparer ?

Note

 1. La Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis a été créée en 1989 par le gouvernement conservateur de Brian Mulroney. Elle avait pour mission de mener une enquête sur « les principes et le processus appropriés devant régir l'élection des députés à la Chambre des communes et le financement des campagnes des partis politiques et des candidats ». Elle a été qualifiée par la Commission de « la première du genre dans l'histoire de la démocratie électorale au Canada ». C'était aussi la dernière. Plus de 100 études, publiées dans une collection de 23 volumes, ont été commandées, avec la participation de plus de 200 spécialistes de 28 universités canadiennes et des experts internationaux. Les résultats de ces recherches n'ont pas donné lieu à une réforme globale répondant aux exigences d'un système politique moderne. Au lieu de cela, des réformes superficielles en accord avec les intérêts des partis politiques à la Chambre des communes ont été introduites.

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La différence entre l'acte de voter et
la participation démocratique

La ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, a axé ses interventions sur le projet de loi C-76 sur l'acte de voter. Devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre et à la Chambre des communes, elle a insisté sur le fait que la démocratie ne peut s'épanouir sans la participation des citoyens. Elle a répété inlassablement que les libéraux sont résolus à renforcer la participation des citoyens au processus électoral et a rappelé aux députés le devoir de ceux qui gouvernent de lever tous les obstacles à cette participation. Elle cite les mesures contenues dans le projet de loi C-76 qui rendent le vote plus facile et plus accessible, notamment celle permettant d'utiliser la carte d'information de l'électeur comme pièce d'identité et celle créant des bureaux de vote mobiles accessibles aux électeurs à domicile. Ce qu'elle omet de dire, par contre, c'est que l'acte de voter et le but de l'élection, qui est censé être d'affirmer le droit démocratique des citoyens de participer à la gouvernance, ne sont pas une seule et même chose.

Une des caractéristiques principales du projet de loi C-76 est qu'il poursuit la tendance à apporter des changements qui enracinent le pouvoir et le privilège dans un système de cartel. Il apporte des changements qui entravent le mouvement populaire pour investir le peuple du pouvoir de décider, la volonté d'éliminer le rôle joué par le pouvoir et les privilèges dans les élections et le processus politique. En assimilant l'acte de voter au droit à une participation démocratique au processus électoral et politique, les mesures prises mettent l'accent sur le premier aspect pour obnubiler le second.

Les propos de la ministre Gould trahissent la mauvaise conscience des libéraux.

Un accent démesuré est mis sur les mesures qui facilitent le vote qui, en soi, ne rendent pas le système plus démocratique du point de vue des principes démocratiques affirmant le pouvoir du peuple. Lorsque le gouvernement conservateur de Stephen Harper a adopté sa Loi sur l'intégrité électorale en 2014, l'objectif était de détourner l'attention de l'usurpation du pouvoir pour le compte d'intérêts privés en créant toute une histoire à propos des fraudes pouvant être commises par les électeurs, un problème inexistant au Canada. Il a haussé les exigences en matière d'identification de l'électeur et cela a créé beaucoup de mécontentement.

Aujourd'hui, les libéraux créent toute une histoire à propos de l'ingérence étrangère dans les élections et leur solution est le projet de loi C-76, qui remet en cause les principes de la démocratie, y compris le droit à la liberté d'expression et de parole. Toute la discussion sur le projet de loi concerne les mesures pour faciliter le vote. En mettant un accent démesuré sur l'acte de vote, ils espèrent décourager un examen sérieux des mesures qu'ils instituent au nom de la lutte contre l'ingérence étrangère. Au fond, ils cherchent à faire obstacle au mouvement populaire pour renouveler le processus électoral de manière à affirmer le droit des citoyens de participer aux prises de décisions qui les affectent.

De manière générale, on peut voir que les gens ne défendront que les décisions auxquelles ils participent. S'ils continuent à rester en dehors du processus de prise de décision, ils continueront à être déçus par le processus de prise de décision et manqueront de confiance dans le système de gouvernement, comme c'est le cas aujourd'hui.

Le pouvoir dans une démocratie s'exerce par le biais des organes électifs, ainsi que directement. Dans le système de gouvernement au Canada, les élections sont la seule occasion de participation directe d'une personne au gouvernement, à moins d'appartenir à un parti politique élu. Comment est-ce acceptable ? Même dans ce cas, une démocratie présuppose l'égalité de tous les citoyens. Lors d'une élection, il doit donc au moins y avoir une égalité des chances pour que tous les citoyens puissent élire et être élus.

Le simple fait de remplir un bulletin de vote n'assure pas aux membres du corps politique la possibilité de participer librement aux élections. La ministre ne s'intéresse pas aux principes et au processus censés régir l'élection des députés à la Chambre des communes et le financement des partis politiques et des campagnes de candidats.

La question de l'égalité de tous les membres du système politique devant la Loi électorale est d'une importance primordiale. Les mesures prises concernant la procédure du vote, comme les exigences d'identification, doivent relever d'une instance administrative impartiale comme Élections Canada. Et en effet, les mesures proposées à ce chapitre ont été recommandées par le directeur général des élections, au nom d'Élections Canada, dans son rapport officiel au Parlement à la suite de l'élection fédérale de 2015.

Aucun organisateur politique sérieux au Canada ne croit que le manque de représentation soit dû à la façon dont l'acte de voter est encadré. Le Parti libéral fait de ces mesures l'essentiel de la réforme électorale du XXIe siècle pour dissimuler qu'il se moque des préoccupations sérieuses concernant la nature élitiste de la démocratie au Canada et son manque de représentativité. Les partis politiques qui forment les gouvernements de partis ne peuvent pas prétendre gouverner au nom du peuple. Personne ne peut savoir quelle opinion est exprimée par un vote résultant du microciblage des électeurs. Ce que l'on sait, par contre, c'est que cela ne représente pas l'opinion d'un corps politique informé et réellement capable de participer aux affaires politiques pour déterminer l'orientation de l'économie et les politiques intérieures et étrangères du pays.

La réforme électorale d'aujourd'hui doit porter sur les moyens à prendre pour que tous les membres du corps politique puissent participer à la résolution des problèmes de la société. Elle doit prévoir des mécanismes pour faire ressortir tous les intérêts concurrents de la société afin qu'ils puissent être conciliés. Cela signifie permettre aux individus et à leurs collectifs de faire connaître leurs préoccupations et leurs problèmes, de discuter de solutions, de sélectionner des candidats parmi les leurs qui représentent leurs aspirations et établir des mécanismes qui leur permettent de contrôle ce qui est fait après l'élection du gouvernement.

Un processus électoral dans lequel la minorité dispose de tous les moyens et possibilités alors que la majorité en est privée n'est pas acceptable et doit être changé.

Lorsque Hardial Bains a présenté le mémoire du Parti marxiste-léniniste du Canada à la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis en 1990, il a notamment déclaré :

On dit aussi, monsieur le président, que les élections permettent au peuple d'exprimer sa volonté. Après des élections, on entend souvent des expressions comme « le peuple a parlé » ou « le gouvernement a obtenu un mandat » ou « un nouveau mandat », selon le cas. Mais quel mécanisme existe-t-il pour que le peuple donne vraiment un mandat ? Si l'on ne remet pas en question le scrutin à un tour à majorité simple, on devrait au moins examiner les mécanismes établis pour l'expression des suffrages, car si les gens ne participent pas à ce processus électoral, comment peuvent-ils faire connaître leur opinion sur le fonctionnement de la société ? Comment peuvent-ils avoir l'assurance tranquille d'avoir voté avec sagesse ou d'exercer un certain contrôle sur le suffrage qu'ils ont exprimé ?

Tant que le peuple sera marginalisé, tenu à l'écart du monde politique et du milieu qui gouverne son propre pays, rien ne changera. La majorité des citoyennes et citoyens sont libres de travailler dur, mais leur degré de participation possible à la chose politique, à la prise de décision concernant les politiques que les gouvernements adoptent sur les préoccupations économiques, sociales, politiques, militaires, culturelles et environnementales, est nul.

Nous prétendons donc, monsieur le président, que la Loi électorale doit avoir pour principal objet de créer les possibilités pour que les individus dans notre société puissent développer leur faculté de jouir de tous les droits et libertés énoncés dans la Constitution. Le système électoral doit donc faire en sorte que la loi n'impose aucune restriction qui entrave la participation du peuple au processus électoral.

Au lieu de changer la Loi électorale du Canada pour démocratiser le processus, les réformes adoptées ne font qu'imposer encore plus de restrictions à la participation des citoyens au processus électoral. Pire encore, elles ouvrent la voie à d'autres atteintes à leur droit de conscience et à leur liberté d'expression. Cela ne doit pas passer !

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À titre d'information

Des changements à la Loi électorale qui
servent les pouvoirs en place

Les règles régissant les élections fédérales de 2019 seront établies dans les prochaines semaines lorsque le projet de loi C-76, Loi sur la modernisation des élections, recevra la sanction royale. Le projet de loi a été voté par la Chambre des communes et il est présentement débattu au Sénat où il est passé en première et deuxième lecture. Le Sénat a ajourné ses délibérations le 31 octobre et décidé de les reprendre le mardi 6 novembre en session plénière, où sera entendu le directeur général des élections.

Le projet de loi C-76 annule certaines modifications apportées par le gouvernement Harper à la Loi électorale du Canada avec sa Loi sur l'intégrité des élections de juin 2014, mais pas toutes. Il ne fait rien qui rende le processus électoral du Canada plus démocratique. Il n'a également rien à voir avec les réformes démocratiques promises par les libéraux de Justin Trudeau à leur arrivée au pouvoir, notamment la promesse de mettre un terme au système électoral uninominal majoritaire à un tour.

L'essentiel de ce projet de loi est de remettre le pouvoir de criminaliser la conscience des Canadiens et leur droit de parole à des intérêts privés comme Facebook et à des agences policières qui seront désormais appelées à décider quelles opinions sont fausses et lesquelles sont influencées par l'étranger et préjudiciables à l'intérêt national. Il renforce également le système de partis cartellisés en ciblant le financement des « tiers », ramassant dans ce filet des organisations qui défendent la justice sociale et qui s'intéressent à l'environnement. Le caractère antidémocratique de ce projet de loi se voit à la façon dont il a été expédié par le processus parlementaire.

Le projet de loi de 275 pages, accompagné de 100 pages de notes explicatives, a été déposé en avril 2018 et a franchi l'étape de la deuxième lecture à la hâte avec comme justification qu'il allait faire l'objet d'une étude approfondie en comité. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a tenu 15 séances au cours desquelles il a entendu 63 témoins, chacun disposant généralement de cinq minutes pour s'exprimer. Au cours des audiences, le projet de loi a suscité de nombreuses objections qui ont généralement été ignorées. Cela comprend les objections exprimées par le directeur général des élections et le commissaire à l'information et à la protection de la vie privée, qui ont tous deux demandé que les partis politiques soient soumis aux lois sur la protection de la vie privée. De même, des organisations telles que l'Association canadienne des libertés civiles ont également fait part de leurs inquiétudes, affirmant que les nouvelles restrictions imposées à la publicité par des tiers « limitent considérablement l'expression politique, principe fondamental de la liberté d'expression protégée par la Charte ». L'association a déclaré : « Nous n'avons pas vu les preuves censées justifier les restrictions contenues dans le projet de loi et les distinctions qu'il établit entre différents types d'expression politique et différents acteurs politiques... Les preuves n'ont pas été produites. »

Après l'audition des témoins, les conservateurs ont entamé une série d'obstructions que les libéraux ont résolues par un accord à deux partis à l'effet d'augmenter les limites de dépenses des partis politiques pendant la période pré-électorale, soit du 30 juin jusqu'au déclenchement de l'élection. Les conservateurs, dont les coffres sont beaucoup mieux garnis que ceux ses libéraux, accusent les libéraux de vouloir les empêcher de tirer parti de cet avantage, mais les deux partis en profiteront puisqu'ils pourront faire de la publicité électorale pendant que le Parlement siège encore. La prétention de vouloir mieux contrôler la désormais « campagne permanente » a été exposée parce que les conservateurs ont immédiatement fait d'importants achats publicitaires.

Après la conclusion de l'accord entre libéraux et conservateurs, le comité permanent a décidé d'un commun accord de hâter son examen article par article de plus de 300 amendements, ce qu'il a fait à la vitesse de l'éclair - en 17 heures sur quatre jours. Tous les amendements des libéraux ont été adoptés, mais seuls quelques-uns des amendements présentés par les conservateurs et le NPD ont été acceptés. Les amendements des libéraux renforcent les contrôles sur les tiers et introduisent une responsabilité et des réglementations pour les plateformes de médias sociaux les obligeant à surveiller et à conserver un registre de toutes les publicités.

Le comité a terminé ses travaux le jeudi 18 octobre et a présenté son rapport à la Chambre des communes le lundi 22 octobre, avant même que la transcription de ses délibérations soit terminée. À l'étape du rapport à la Chambre des communes, les conservateurs ont présenté 177 amendements et le NPD en a présenté deux, et les 179 ont été regroupés. Avec un mépris total pour les députés et tous ceux qui observent les débats de la Chambre des communes, les amendements ont été lus un à un de manière incompréhensible pour quiconque sauf les rédacteurs du projet de loi. Exemple : « Que le projet de loi C-76, à l'article 233, soit modifié par substitution, à la ligne 2, page 118, de ce qui suit : ‘ou dont l'objectif premier au Canada consiste à'. »

Moins d'une heure après le début du débat à l'étape du rapport, les libéraux ont déposé une motion d'attribution de temps couvrant l'étape du rapport et la troisième lecture.

Comme tous les changements apportés à la Loi électorale du Canada par les gouvernements avant celui-ci, les amendements du gouvernement libéral apportent des changements qui servent les partis au pouvoir. C'est pourquoi ils passent par la Chambre à toute vitesse, contournant toutes les conventions habituelles. Les libéraux veulent que le projet de loi puisse être adopté et les mesures mises en place à temps pour les prochaines élections fédérales, prévues pour octobre 2019. En 2014, lorsque les conservateurs ont adopté leurs réformes électorales, les libéraux ont plaidé passionnément contre cette façon de faire. En fait, certains députés conservateurs, dans leur objection à la motion d'allocation de temps, reprennent presque textuellement des arguments donnés par les libéraux en 2014, comme celui-ci : « Lorsque nous discutons de tout changement à la Loi électorale du Canada ou à Loi sur le Parlement du Canada à l'étape de la deuxième lecture, de la troisième lecture ou du rapport, l'allocation de temps et la clôture ne devraient pas s'appliquer. La motion codifie essentiellement une convention de la Chambre, une tradition que nous devons respecter [...] l'allocation de temps ne devrait pas être utilisée quand il s'agit de quelque chose d'aussi important. »

Supplément
Le projet de loi C-78, la Loi sur la modernisation des élections

Des changements à la la Loi électorale qui s'inspirent de délibérations supranationales


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Le référendum sur la représentation proportionnelle de la Colombie-Britannique

Des rencontres sur la représentation proportionnelle dans la région intérieure centrale de
la Colombie-Britannique


Séance d'information communautaire à Quesnel, le 1er novembre

Les résidents de la Colombie-Britannique ont maintenant reçu leur scrutin postal à être envoyé avant le 30 novembre pour le référendum sur l'adoption d'un nouveau mode de scrutin de Représentation proportionnelle (RP). Des discussions ont lieu sous diverses formes, notamment des débats structurés, des réunions en petits groupes au sein d'associations et de syndicats locaux, ainsi que des sessions d'information communautaires dans des villes partout dans la région intérieure centrale de la Colombie-Britannique.

Plus récemment, le 24 octobre, la branche locale du Conseil des Canadiens de Williams Lake a organisé une réunion à laquelle Jay Sanders, de Pour un vote équitable Prince George, a présenté un diaporama sur les avantages de la RP. Peter Ewart, du Comité Debout pour le Nord - lequel comité est connu pour ses actions et ses discussions sur comment le peuple peut obtenir un plus grand contrôle de sa vie et de ses communautés - a fait un exposé sur certaines des idées erronées promues par les tenants du Non à la RP et par certains grands réseaux médiatiques. Il s'est ensuivi une discussion approfondie et plusieurs participants y ont contribué par leurs commentaires réfléchis et leurs questions judicieuses.

Le 1er novembre, lors d'une autre session d'information communautaire réussie à Quesnel, Sanders et Ewart ont à nouveau fait des exposés sur la RP. La réunion a été présidée par Dawn Hemingway du Comité Debout pour le Nord. Plus de 45 personnes y ont participé et, comme pour la réunion de Williams Lake, la discussion et les questions soulevées par les participants étaient excellentes. Plusieurs des participants ont laissé leur nom afin de recevoir plus d'information au sujet de la RP et des activités de Debout pour le Nord. La discussion s'est poursuivie au-delà du temps alloué à la réunion et les participants ont fait valoir que la représentation proportionnelle serait une amélioration par rapport au système uninominal puisqu'elle représenterait davantage l'intention des électeurs. Avant de quitter, plusieurs personnes ont demandé des dépliants et de l'information supplémentaire pour leurs familles, leurs amis et leurs voisins.

La prochaine réunion communautaire dans la région aura lieu le 7 novembre à 19 h 30 à la succursale principale de la Bibliothèque publique de Prince George et est organisée par Pour un vote équitable Prince George. Jay Sanders et Peter Ewart y feront les présentations et tout le monde est invité à y participer.

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Les contes de fées du camp du Non

Selon Larousse, un conte de fées « est un récit merveilleux peuplé de personnages imaginaires bons (fées, lutins, elfes...) ou mauvais (ogres, sorcières...) et d'animaux fabuleux (licorne, dragons...) ».

Et quel bazar de contes étranges les porte-parole du Non à la RP nous servent pour tenter de discréditer la représentation proportionnelle (RP) soumise au référendum !

Par exemple, l'un des plus bizarres est l'affirmation selon laquelle le système uninominal majoritaire à un tour existant en Colombie-Britannique est un système non partisan et que les députés sont non partisans. S'il y a un endroit dans le monde où cela faux, c'est bien en Colombie-Britannique, où a été mis en place un système de partis absolu depuis 1903, lorsque les grands partis se sont emparés du processus.

Pourtant, c'est précisément ce que prétendent les porte-parole du camp du Non dans leurs attaques contre la RP. Ils racontent que le système uninominal majoritaire à un tour est en réalité un système non partisan, ce qui signifie que les députés sont non partisans et, comme dans le conte de la Mère l'Oie, ils accueilleront les électeurs dans leurs bureaux, quelle que soit leur politique. D'un autre côté, ils affirment que si la RP est adoptée, tout cela va empirer la situation et que, comme la fille du meunier dans le Nain Tracassin, les députés deviendront redevables et contrôlés par les partisans des partis politiques.

En racontant de telles histoires, le camp du Non cherche à utiliser le travail des députés dans leur circonscription (qui serait le même sous n'importe quel mode de scrutin, y compris le scrutin proportionnel) pour dissimuler le volet législatif qui, en Colombie-Britannique, repose entièrement sur le système de partis.

Au lieu d'un conte de fées, examinons la pure et dure réalité de la politique en Colombie-Britannique aujourd'hui. Les députés sont choisis et nommés par les partis politiques et non par l'électorat général. Une fois élus, ils sont sous la coupe des partis politiques. Ils doivent suivre la ligne du parti sur toutes les questions majeures et même sur la plupart des questions mineures, sinon ils risquent d'être sanctionnés, notamment d'être expulsés du parti. Au cours des dernières années, c'est ce qui est arrivé au député libéral Paul Nettleton et au député néo-démocrate Bob Simpson de la région centrale intérieure.

Il est encore plus risible de dire que les députés sont non partisans. Lors de la dernière session législative, environ 87 projets de loi ont été adoptés par 87 députés des trois partis représentés à l'Assemblée législative. Cela équivaut à environ 8 700 votes distincts. Sur ces 8 700 votes, il a été calculé que seulement cinq députés n'ont pas suivi la ligne de leur parti.

Dans les régions intérieures centrales et du Nord, tous les sièges actuels sont occupés par des députés libéraux, ce qui équivaut à un monopole régional. Les 30 à 40 % des électeurs qui ont voté pour les autres partis n'ont pas d'expression pour leurs votes, c'est-à-dire que les votes sont « perdus ». Sur l'île de Vancouver, c'est le même problème : le NPD détient 40 % des voix, mais 70 % des sièges, tandis que les libéraux, avec 30 % des voix, ne disposent que d'un siège. Dans les deux cas, il ne fait aucun doute que ce sont des monopoles régionaux partisans.

En quoi la représentation proportionnelle sera-t-elle différente ? Une chose est certaine, cela signifiera la fin des monopoles régionaux d'un parti ou un autre parti. Si les partis obtiennent 30 % des voix, ils obtiendront 30 % des sièges, ni plus, ni moins. Le résultat sera que dans une région donnée, plutôt que des monopoles régionaux, il y aura probablement des députés à la fois au gouvernement et dans l'opposition.

Pour semer la confusion, le camp du Non colporte également un deuxième conte de fées selon lequel la RP signifiera dire « Adieu à vos députés locaux ». Il fait même circuler une brochure sensationnelle affirmant que la représentation proportionnelle « privera les communautés rurales de leur député élu localement et éliminera la voix des petites communautés de la Colombie-Britannique au sein du gouvernement ».

Un autre élément de cette désinformation est que, au lieu d'avoir des députés locaux, il y aura des députés choisis par les « chefs de parti » qui seront parachutés de Vancouver pour prendre la place des députés à Williams Lake, Quesnel, Prince George et dans d'autres régions rurales.

Ce n'est pas vrai. Dans les trois options de représentation proportionnelle proposées, les députés locaux seront élus directement par les électeurs de chacune des circonscriptions élargies, comme avec le système uninominal à un tour. De plus, dans deux des choix (membre rural-urbain et membre mixte), les électeurs bénéficieront également de l'avantage supplémentaire de voter pour plusieurs députés régionaux. Si un système de liste ouverte est adopté, ce qui sera fort probablement le cas puisque tous les partis de l'Assemblée législative ont exprimé leur soutien à une liste ouverte, les représentants régionaux seront choisis directement par les électeurs de la région.

Un troisième conte de fées est l'idée qu'avec la RP, toute la base du pouvoir politique de la province se déplacera soudainement à Vancouver et dans le Lower Mainland. Cela ne tient pas compte du fait que, en termes de population et de sièges à l'Assemblée législative, le Lower Mainland domine depuis 100 ans et continuera de dominer peu importe le système de vote choisi. En effet, la réalité est que la population est restée la même ou a diminué dans de nombreuses zones rurales tout en augmentant dans le Lower Mainland. Au moins dans le cadre de la représentation proportionnelle, les électeurs ruraux auront plus d'un député pour les représenter, qu'ils soient dans des circonscriptions locales ou régionales.

Un quatrième conte de fées est que « les dés sont pipés » dans le processus référendaire et que le système de vote par bulletin postal est défectueux. La réalité est que le gouvernement provincial, en vertu de la loi actuelle, n'a même pas à tenir un référendum pour modifier le mode de scrutin. C'est totalement arbitraire et c'est la responsabilité du gouvernement en place. En fait, la dernière fois que le système électoral a été modifié dans la province, c'est en 1952 et cette réforme a été faite par un gouvernement de coalition libéral. Il n'y a pas eu de référendum ni de processus de participation. De plus, au cours des vingt dernières années, deux référendums par correspondance ont été organisés sous le mandat du précédent gouvernement libéral de la Colombie-Britannique, et il considérait ces référendums comme des processus légitimes.

Le plus grand conte de fées du Non est sans aucun doute que si la représentation proportionnelle est adoptée le ciel nous tombera sur la tête - c'est-à-dire que les néonazis et les racistes s'empareront de l'Assemblée législative, que l'économie s'effondrera et que les électeurs seront privés de leur droit de vote.

La vérité est que le ciel ne tombera pas si le scrutin proportionnel est introduit, pas plus qu'il ne tombera si les électeurs choisissent de rester avec le SMU. La vie continuera quel que soit le système en place.

Cela dit, l'adoption de la représentation proportionnelle se traduira par des résultats électoraux plus précis et proportionnels. Surtout, ce sera une victoire pour les Britanno-Colombiens, pour avoir agi, pour avoir apporté des changements et défini un programme pour un renouveau démocratique plus poussé dans la province.

Et ça, ce n'est pas un conte de fées.

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Le Régime de pensions du Canada tire des profits des
prisons privées américaines

La privatisation des prisons et la violation
criminelle des droits humains


Manifestation contre la détention des immigrants et de leurs familles, El Paso, le 26 juin 2018

Les Canadiens exigent le contrôle de leurs économies de retraite

L'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC), une entreprise d'État, investit davantage l'épargne des retraités dans le groupe GEO et CoreCivic, les deux plus grandes sociétés privées américaines propriétaires de nombreuses prisons américaines. Parmi les prisonniers détenus dans leurs prisons privées, on trouve à la fois des détenus que l'État a légalement condamnés à une peine d'emprisonnement et des familles entières de migrants qui tentent d'entrer aux États-Unis pour commencer une nouvelle vie. Les entreprises pénitentiaires sont devenues d'énormes entreprises de milliards de dollars avec des contrats garantis par le gouvernement pour incarcérer des prisonniers avec peu de réglementation pour encadrer leurs opérations. L'Office a augmenté sa participation dans les deux sociétés pénitentiaires américaines aux États-Unis malgré une très forte opposition.

Selon les documents déposés par la SEC (Security and Exchange Commission) des États-Unis, l'Office conservera 5,9 millions de dollars américains en actions échangées sur les marchés du groupe GEO et de CoreCivic. Le fonds de pension de l'État canadien a récemment augmenté ses 12 000 actions dans le groupe GEO, le plus important exploitant de prisons privées américaines, soit près de 13 fois, pour atteindre 153 500 actions d'une valeur de 4,2 millions de dollars. L'Office a également accru son investissement dans la deuxième plus grande société pénitentiaire privée, CoreCivic, qui est passée de 33 000 actions à 73 700 actions, pour une valeur d'environ 1,7 million de dollars.

Le rôle des prisons privées s'est considérablement accru suite aux mesures de « tolérance zéro » adoptées par le gouvernement américain contre les migrants fuyant la violence et la pauvreté en Amérique centrale et ailleurs. Cette offensive de l'État américain contre l'humanité comprend la détention illimitée de tous les réfugiés et, pendant l'été, la séparation forcée des enfants de leurs familles. Selon les statistiques de 2017 obtenues par le National Immigrant Justice Center, 70 % des immigrants que le gouvernement américain a détenus sont incarcérés dans les centres possédés par CoreCivic et le groupe GEO.

Les médias de l'oligarchie financière rapportent que les politiques de l'administration Trump ont créé « des perspectives positives pour les sociétés de détention privées américaines telles que CoreCivic et GEO Group ». Lors de conférences téléphoniques récentes, les dirigeants des deux entreprises ont déclaré aux investisseurs et aux analystes qu'ils s'attendaient à ce que les contrats fédéraux de détention d'immigrants continuent de croître.

Un analyste de JP Morgan a écrit : « Nous pensons qu'une utilisation accrue des prisons privées sera probablement nécessaire pour gérer l'afflux de détenus en raison de la population carcérale dans les institutions fédérales qui ont atteint 120 % de leur capacité ». Les deux entreprises, a-t-il déclaré, « fournissent un rendement de dividende favorable d'environ 7 %, ce qui signifie que chaque investisseur reçoit un rendement régulier sur investissement de 7 %. »

L'OIRPC gère 366,6 milliards de dollars en épargne-retraite d'environ 20 millions de retraités canadiens, et augmente ses investissements dans les entreprises de sécurité privées, l'économie de guerre et des secteurs qui sont fortement critiqués pour leur manque de considération pour la santé des gens et l'environnement social et naturel. Selon les documents déposés par la SEC, l'Office aurait investi 186 millions de dollars dans ExxonMobil, 202 millions de dollars dans le géant du tabac Philip Morris International, 18,7 millions de dollars dans l'entreprise militaire General Dynamics et 36,8 millions de dollars dans une autre société de l'économie de guerre, Raytheon.

Malgré de nombreuses critiques, les cadres dirigeants de l'Office défendent leur pratique de placements dans l'économie de guerre, dans des prisons privées et d'autres entreprises douteuses contraires à l'édification d'une nation moderne et au mouvement grandissant en faveur d'un gouvernement antiguerre et d'humaniser l'environnement naturel et social. Face à cette condamnation de ses investissements dans les prisons privées, un porte-parole de l'Office a déclaré : « Nos programmes passifs reproduisent des indices boursiers larges ... L'objectif de l'Office est de rechercher un taux de rendement maximal sans courir de risque déraisonnable. Cet objectif unique signifie que l'Office n'examine pas les placements individuels fondés sur des critères sociaux, religieux, économiques ou politiques. »

Ces paroles illustrent bien le manque total de principe de l'impérialisme qui peut excuser toute activité corrompue car il nie le facteur humain/conscience sociale. De plus en plus de Canadiens sont scandalisés par la façon dont l'Office investit leur épargne-retraite et exigent un changement. L'opposition est le reflet du mouvement grandissant des travailleurs pour se donner le pouvoir et pour l'édification nationale afin de prendre le contrôle de l'économie et de la politique du pays et priver l'oligarchie financière mondiale du pouvoir qu'elle détient actuellement sur tous les aspects de la vie au Canada, y compris l'investissement de l'épargne-retraite du peuple.

(Sources: The Guardian, diverses agences de presse et Documented, un site Web d'actualités/un bulletin quotidien couvrant l'actualité de l'immigration à New York et au-delà. Photo : VOR.)

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À titre d'information

Les prisons privées américaines profitent de la détention de masse des immigrants


Des étudiants manifestent à une réunion du sénat de l'Université Colombia pour exiger que l'université cesse d'investir dans les prisons, le 2 avril 2015.

Voici des extraits de l'article intitulé « For Private Prisons, Detaining Immigrants Is Big Business » (La détention des immigrants est une affaire lucrative pour les prisons privées), publié dans l'édition du 1er octobre du New York Times. Ils sont traduits de l'anglais par LML.

***

Une population grandissante de détenus dans les années 1980 a entraîné une expansion des prisons privées. Aujourd'hui, les prisons privées sont devenues les centres de détention par défaut du gouvernement pour les migrants sans papier.

M. Beasley, en tant que cofondateur en 1983 de Corrections Corporation of America, et promoteur de la ligne dure face à la criminalité dans le pays, a vendu des espaces de détention aux gouvernements fédéral et de l'État qui emprisonnaient les gens plus vite qu'ils ne pouvaient trouver une place dans leurs propres institutions.

L'entreprise de Beasley, renommée CoreCivic il y a deux ans, est devenue un chef de file dans ce qui est maintenant une industrie américaine d'environ 4 milliards de dollars par an, les prisons à but lucratif, des propriétés privées. Une fonction clé de ces centres est de s'occuper des immigrants sans-papier. Leurs centres de détention sont situés principalement dans le sud et l'ouest où le gouvernement envoie la plupart des personnes qui sont surpris en train d'entrer illégalement aux États-Unis.

Sous Trump, le traitement des migrants revêt une nouvelle urgence, compte tenu des efforts de cette administration pour un contrôle strict des frontières, dont la détention d'un grand nombre d'enfants. Les données obtenues par le New York Times ont montré qu'à la mi-septembre, 12 800 enfants migrants ont été détenus dans un des centres octroyés en sous-traitance par le fédéral, cinq fois le nombre d'enfants détenus un peu plus d'un an auparavant.

Des images des prisons privées saisies sur une vidéo (d'un centre de détention privée dirigé par GEO Group) montrent de la nourriture à peine comestible, des soins de santé inhumains, la brutalité des gardiens et des mesures de bouts de chandelle pour réduire les coûts.

L'an dernier, les détenus ont fait une grève de la faim pour protester contre leur traitement à la prison du groupe GEO à Adelanto, en Californie. Les gardiens de prison les ont battus et aspergés de poivre de cayenne, disent-ils, et ils poursuivent maintenant en justice GEO et les autorités fédérales et locales pour ce qu'ils considèrent comme des violations des droits.

« Les conditions dans le centre de détention sont mauvaises, y compris la nourriture », a dit M. Cortez Diaz, un ancien migrant détenu, à Retro Report. Il a ajouté : « Ils ne se soucient pas si quelqu'un est malade, si la nourriture est insalubre. Voilà comment nous en sommes arrivés à nous dire que nous devons protester. »

Les plaintes concernant les prisons privées ne sont pas nouvelles. Elles remontent presque à l'avènement même des prisons dans les années 1980. Ce furent les années Reagan, lorsque le gouvernement a cherché à remettre une partie de ses responsabilités entre des mains privées. Ainsi, les populations des centres de détention ont augmenté rapidement, et les prisons sont devenues surpeuplées de façon alarmante.

Au niveau fédéral et des États, les prisons privées fonctionnent maintenant dans plus de deux douzaines d'États, souvent dans des régions relativement isolées où les emplois peuvent être rares. Dans certains États, il n'est pas rare que le crime dans les grandes villes devienne le développement économique d'une région rurale.

Les critiques des prisons privées citent des événements survenus, comme les émeutes de 2015 pour protester contre les mauvaises conditions dans une prison en Arizona dirigée par un autre important acteur privé, Management & Training Corporation. Les histoires abondent d'économies de bouts de chandelle par les propriétaires des prisons, avec de la nourriture insalubre et de piètres soins de santé pour les détenus, les bas salaires, la formation inadéquate pour les gardiens et les pénuries de personnel. Aux centres de détention d'immigrants, les entrepreneurs ne voient guère le besoin d'offrir des programmes éducatifs complets ou la formation professionnelle, puisque les personnes qui y sont détenues sont principalement condamnées à la déportation.

« Pour maximiser les profits, vous réduisez vos dépenses, » a déclaré au Retro Report Rachel Steinback, une avocate pour les grévistes de la faim à Adelanto.

Les entreprises privées accueillent environ 9 % de la population carcérale totale du pays, qui est d'environ deux millions et demi. Mais ils prennent soin d'une part beaucoup plus importante des immigrants détenus - selon certaines estimations jusqu'à 73 %. Alonzo Pena, l'ancien directeur adjoint d'Immigration and Customs Enforcement (ICE), reconnaît que les entreprises ont failli à la tâche. « Ce ne fut pas leur priorité de veiller à ce que les normes les plus élevées soient respectées », a déclaré M. Pena.

M. Pena a dit qu'ICE mérite une partie du blâme. « Nous avons mis en place ce partenariat avec l'industrie privée d'une manière qui était censée rendre les choses beaucoup plus efficaces, beaucoup plus économiques », a-t-il dit. Des études suggèrent que les gouvernements économisent peu d'argent, s'ils en économisent, en transférant la gérance des prisons à des entreprises privées. Et en 2016, sous le président Obama, le département de la Justice a conclu que les prisons privées étaient en général plus violentes que les institutions gérées par le gouvernement.

L'administration Trump ne laisse planer aucun doute sur le fait qu'elle détiendra autant d'immigrants sans papier que possible et qu'elle les enverra à des centres à but lucratif. Et pour s'assurer que cela va se faire, les entreprises dépensent des millions de dollars en campagnes et en efforts de lobby (un peu comme les entreprises qui vendent des voitures, des biens immobiliers ou des hamburgers).

La forte augmentation d'enfants migrants détenus a fait l'objet d'une couverture récente du Times. Une enquête fédérale en 2016 a constaté que les prisons privées sont plus dangereuses que les prisons gérées par le gouvernement, autant pour les gardiens que pour les détenus ; l'administration Trump a indiqué plus tôt cette année qu'elle étendra leur utilisation.

Extraits d'un autre reportage du New York Times.
Des conditions dignes d'une oeuvre de Dickens dans un centre de détention à but lucratif

 Review of AMERICAN PRISON - A Reporter's Undercover Journey Into the Business of Punishment (Enquête sur les prisons américaines - le séjour d'un journaliste infiltré dans le monde des pratiques commerciales du châtiment) par Shane Bauer

(Un nouveau gardien au Centre correctionnel de Winn, un pénitencier privé dans la Louisiane rurale) ne reçoit que quatre semaines de formation — si, bien sûr, l'instructeur se présente, et le salaire de base est de 9 $ l'heure. Bauer ne tarde pas à découvrir que tous les gardiens obtiennent le même salaire, peu importe le nombre d'années qu'ils ont travaillées à Winn. La seule façon d'augmenter son salaire est de monter dans les échelons, mais la plupart des gardiens ne restent pas assez longtemps pour être promus. Le roulement et les pénuries de personnel sont tellement élevés que même Bauer est invité à former de nouveaux employés moins de sept semaines après son arrivée.

La principale préoccupation de l'entreprise semble être de maintenir la parité avec le Walmart local, où le salaire est comparable et les conditions sans doute moins stressantes. « Certains disent que nous sommes prêts à embaucher n'importe qui », dit le chef de formation de la prison à Bauer et ses collègues plus jeunes. « Ce n'est pas vrai. Par contre, si vous venez ici, que vous respirez, que votre permis de conduire est valide et que vous êtes prêts à travailler, alors nous sommes prêts à vous embaucher. » (Oui, c'est la citation exacte. Bauer dissimulait un appareil d'enregistrement dans son stylo.).

Bauer découvre que chaque décision de gestionnaire à Winn est dictée par une seule exigence : maintenir la rentabilité en resserrant les coûts, en commençant par de bas salaires, ce qui engendre des pénuries de personnel tellement aiguës qu'elles menacent la sécurité des gardiens aussi bien que celle des détenus. Mais la crise avec laquelle Winn est aux prises est beaucoup plus sérieuse. Au cours de son séjour de quatre mois, le journaliste note une douzaine d'attaques au couteau, de nombreux incidents de « recours à la force » (beaucoup plus nombreux que dans une institution comparable gérée par l'État), des portes de cellules que les détenus peuvent ouvrir, des soins médicaux affreux, et le suicide d'un détenu qui aurait probablement pu être évité. Il enregistre des gardiens qui avouent de manière éhontée avoir dressé des chiens limiers en se servant de détenus comme proies, d'avoir aussi battu des détenus à l'insu des caméras et d'avoir négligé d'accomplir même les routines les plus élémentaires liées à leur emploi.

« C'est le désordre ici », dit un détenu. « Ces sont les détenus qui mènent cette merde, mon gars. » Il s'agit moins d'une vantardise que d'un grief, puisque la situation est dangereuse pour tout le monde. Si Conover (un journaliste d'enquête qui a infiltré le pénitencier public de Sing Sing) avait pour objectif de découvrir ce que c'est que de gérer un pénitencier, Bauer pour sa part pose la question différemment : Comment vit-on comme gardien ou prisonnier dans un pénitencier que personne ne contrôle ?

Son enquête sur l'incarcération à but lucratif commence au milieu du XIXe siècle et aborde un sujet familier : l'incarcération de masse dans le Sud qui était simplement de l'esclavage, rien d'autre. Mais Bauer déterre de nouveaux détails, surtout au sujet de l'histoire de la location de détenus qui faisait en sorte que des pénitenciers au complet — dont la plupart des détenus étaient afro-américains — étaient loués à des individus ou à des entreprises pour en faire une main-d'oeuvre captive. Le travail des prisonniers ne se limitait pas à semer et récolter le coton. L'usine de textile dans le premier pénitencier au Texas est devenue la plus grande usine de cet État, et les détenus dans tout le Sud étaient forcés de creuser des galeries de mines et de construire des chemins de fer, travaillant généralement dans des conditions horribles. Le taux de mortalité était extrêmement élevé : il ne coûte rien de remplacer un détenu contrairement à un esclave. C'est l'histoire avant tout du Sud qui tente de concurrencer l'industrie du Nord sans déstabiliser sa structure régionale du pouvoir déjà en place, c'est-à-dire, sans syndicats. Les détenus étaient les premiers briseurs de grève.

Des prisons gérées par des compagnies comme CCA (qui a récemment troqué son nom pour celui de CoreCivic), fondée en 1983, et qui est aujourd'hui une entreprise cotée à la bourse pour une valeur de 3,04 milliards $, ne font plus d'agriculture ou ne produisent plus rien de valeur, en principe. Ce sont les détenus eux-mêmes qui sont une marchandise, et l'entreprise fait de l'argent en persuadant les législateurs qu'une opération privée peut incarcérer des prisonniers et s'en occuper à plus bas prix que l'État (34 $ par détenu au pénitencier de Winn). Bien sûr, les économies de bouts de chandelle et les pénuries de personnel existent aussi dans les prisons gérées par l'État (en particulier dans des États comme la Louisiane), mais il y a une autre considération qui s'impose lorsqu'un intermédiaire assoiffé de profits s'en mêle : qu'arrive-t-il lorsque la libération d'un détenu signifie une baisse de revenus pour le pénitencier ? Bauer découvre qu'un prisonnier admissible à la libération est détenu pendant une année au-delà de sa date de libération sous prétexte qu'il n'avait pas d'adresse connue en Louisiane — une formalité qui a sans doute permis à la compagnie d'empocher 12 419 $ supplémentaires en raison de l'incarcération prolongée du détenu.

L'exploitation ne se limite pas non plus aux prisonniers. La plupart des gardiens de Winn, comme Bauer lui-même, se rebutent face aux taches excessives et détestent le chaos qui rend leur emploi encore plus dangereux.

La conclusion que Bauer en tire est que les pénitenciers privés comme ceux de Winn ne peuvent être améliorés, puisque la soif du profit pousse inévitablement les entreprises à courir des risques et à faire des économies.

Aujourd'hui, l'industrie prospère en raison d'un marché à la hausse suite à la détention grandissante d'immigrants.

Pour ce qui est de Winn, les conditions de l'unité ont continué de se détériorer jusqu'à ce que le personnel d'un pénitencier d'État y entre en trombe et prenne de nouveau le contrôle, quoique temporairement, de la situation. Deux semaines après le départ de Bauer, CCA a volontairement rompu son contrat, avouant essentiellement que le centre carcéral était une cause perdue. De hauts fonctionnaires de la Louisiane ne semblaient pas pour autant partager ce point de vue. Une autre compagnie, LaSalle Corrections, a immédiatement hérité de la gestion de Winn, mais l'État ne leur accordait plus le prix avantageux de 34 $ par détenu qu'il avait concédé à CCA.

LaSalle a accepté de gérer le pénitencier à raison de 24 $ par détenu.

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Canada, hors de l'OTAN !

Le Canada ne doit pas servir de terrain d'entraînement militaire pour l'OTAN


Les membres du prochain contingent à prendre part à l'Opération REASSURANCE, en Lettonie, étaient à l'entraînement sur la Base Valcartier et dans les municipalités régionales de comté (MRC) de Portneuf et de La Jacques-Cartier du 17 au 23 octobre 2018.

Du 19 au 21 octobre dernier, les troupes du prochain contingent à prendre part à l'Opération REASSURANCE de l'OTAN ont utilisé le territoire des municipalités régionales de comté (MRC) de Portneuf et de La Jacques-Cartier pour s'entrainer. À pied ou à bord de véhicules blindés, les troupes ont arpenté les routes des villes de Portneuf, Cap-Santé, Saint-Basile, Pont-Rouge, Fossambault-sur-le-Lac, Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Shannon et Saint-Gabriel-de-Valcartier.

Les activités ont été présentées comme étant sans danger pour la population et inoffensives. En zone publique, les scénarios effectués ont été l'observation et la cueillette d'information à des fins de reconnaissance militaire. Les scénarios tactiques effectués en terrains privés ont inclus une embuscade et une menace chimique, bactériologique, radiologique et nucléaire. Ces scénarios ont nécessité l'utilisation d'armes personnelles, de munitions à blanc et de matériel pyrotechnique.

Tout comme les exercices d'espionnage dans les rues de Montréal en septembre en plein coeur de l'élection provinciale, les exercices visent à ce que les soldats soient aptes à mener des opérations en milieu urbain. Ils sont traités comme des activités routinières sur lesquelles le peuple n'a pas de contrôle, le Québec étant déjà intégré à la machine de guerre impérialiste américaine.

Cette présentation qui minimise le caractère belliciste de ces exercices vise à détourner l'attention du fait que l'entraînement de ces forces fait partie des activités agressives de l'OTAN, un joueur clé de la domination impérialiste de la planète pour le compte de l'impérialisme américain. Le Canada en est un membre actif.

L'opération REASSURANCE déploie les forces militaires de nombreux pays en Europe centrale et en Europe de l'Est pour « renforcer la défense collective de l'OTAN » et « la force de la solidarité des alliés ». En janvier 2019, ces troupes intégreront le « Groupement tactique de la présence avancée renforcée en Lettonie » dans le cadre de l'Opération REASSURANCE. L'OTAN a déployé quatre groupements tactiques semblables dans les pays baltes et en Pologne.

À la veille des commémorations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, les demandes pour que le Canada sorte de l'OTAN, pour que le Québec et le Canada soient des zones de paix et pour un gouvernement antiguerre sont plus urgentes que jamais. Le mot d'ordre « Plus jamais » nous guide dans nos actions. C'est notre responsabilité collective de contribuer à une paix véritable, à la souveraineté des nations et à la sécurité de tous et de toutes.

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Vote aux Nations unies sur le blocus de Cuba par les États-Unis

Une autre victoire retentissante pour Cuba, dix défaites pour les États-Unis

Le 1er novembre la résolution de Cuba sur la « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d'Amérique » a été appuyée massivement pour la 27e fois par les États membres aux Nations unies. La résolution a été adoptée par 189 voix contre 2, seuls les États-Unis et Israël ayant voté contre, comme ce fut le cas l'année dernière. Il n'y a pas eu d'abstention.

Avant le vote, le ministre cubain des Affaires étrangères a prononcé un discours percutant dans lequel il a décrit les dommages causés au peuple cubain par le blocus, à commencer par des cas d'enfants atteints de maladies graves pouvant mettre en danger leur vie, qui ne pouvaient accéder aux traitements requis parce que le blocus empêche Cuba d'acheter des médicaments et du matériel médical auprès d'entreprises américaines.

Il a rappelé le mémorandum notoire publié en 1960 par le sous-secrétaire d'État des États-Unis, Lester D. Mallory, qui, disait-il, continue d'être la base de la politique américaine à l'égard de Cuba. Mallory y écrivait : « Il n'existe aucune opposition réelle. Le seul moyen prévisible de lui [le gouvernement] enlever cette assise interne est de provoquer le désenchantement et la désaffection basés sur l'insatisfaction et les difficultés économiques... mettre en pratique au plus vite tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique de Cuba [...] en refusant à Cuba de l'argent et des livraisons afin de réduire les salaires nominaux et réels, de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement ».

Rodriguez a dénoncé la tentative américaine cette année d'inventer un prétexte pour tenter de faire approuver son blocus en « modifiant » la résolution de Cuba et en appelant les autres membres de l'ONU à soutenir sa manoeuvre cynique. Il a accusé les États-Unis de mensonges, de tromperie et d'immoralité - expliquant les nombreuses façons dont ils violent les droits humains dans leur pays et à l'étranger, commettant des crimes contre l'humanité, enfreignant les traités internationaux de tous types, poursuivant une « prétendue paix » basée sur la force et bien plus encore, montrant qu'ils n'ont pas la moindre autorité morale pour juger Cuba, et encore moins le soumettre à un blocus génocidaire.

Depuis que les États-Unis ont occupé militairement Cuba en 1898 pour l'empêcher de jouir de son indépendance durement acquise, a déclaré le ministre Rodriguez, les relations sont marquées par la détermination des gouvernements américains de contrôler le destin de Cuba en opposition à la détermination inébranlable des Cubains de défendre leur indépendance et leur autodétermination. Aujourd'hui, a-t-il déclaré, Cuba est « une nation absolument indépendante et maître de son destin, qui développe des relations de respect et entretient des liens d'amitié et de coopération avec tous les pays du monde. » Soulignant que cela a été réalisé avec les sacrifices de plusieurs générations, il a déclaré que les Cubains les défendraient, peu importe le prix.

Lors des sessions de l'Assemblée générale des 31 octobre et 1er novembre, les États membres ont été invités à prendre la parole avant tout vote. Plus de 30 représentants se sont prononcés en faveur de la levée du blocus au nom des organisations mondiales et régionales ou à titre national. Personne, à l'exception des États-Unis, n'a pris la parole contre la résolution de Cuba.


Piquet tenu à Toronto le 30 octobre 2018, en faveur de la résolution cubaine aux Nations unies afin que les États-Unis mettent fin au blocus illégal contre Cuba.

Pas d'appui pour les amendements américains fallacieux

Avant de voter sur les huit « amendements » distincts soulevant des questions relatives aux « droits de l'homme » et aux objectifs de développement durable de l'ONU définis par les États-Unis dans un stratagème cynique pour transformer la résolution de Cuba en une condamnation de Cuba même, un vote devait être pris pour déterminer la majorité nécessaire pour l'adoption de ces amendements. Cuba a insisté sur le fait qu'en vertu du règlement intérieur de l'Assemblée générale, une majorité des 2/3 était requise. Les États-Unis ont maintenu qu'une majorité simple suffisait. Lorsque le vote a eu lieu, c'est la position de Cuba qui l'a emporté et ce fut la première d'une série de défaites que les États-Unis allaient subir.


Piquet à Ottawa, le 31 octobre 2018, à la veille du vote de l'ONU - Le monde entier
appuie Cuba

Cela a été suivi par ses amendements qui ont subi une défaite après l'autre. Seuls Israël et l'Ukraine ont voté avec les États-Unis. Pour l'essentiel, 114 pays ont systématiquement voté contre les amendements, tandis que 66 se sont abstenus. La plus grande victoire de Cuba a été le vote de la résolution même. Lorsque les résultats, encore une fois presque unanimes, sont apparus sur le tableau d'affichage, la salle de réunion a éclaté sous les applaudissements nourris en appui à Cuba. Cette fois-ci, les États-Unis ne finissent pas seulement par s'isoler, ils subissent dix défaites en une, comme l'a écrit le président Diaz-Canel dans un gazouilli célébrant la 27e victoire consécutive de Cuba.


Assemblée avec la consul générale de Cuba à Montréal, Mara Bilboa Diaz, le 1er novembre 2018, à la suite du vote massif de l'ONU demandant la fin du blocus étatsunien contre Cuba.

Niki Haley, la représentante des États-Unis, a pris sur elle de reprocher à tout le monde ce qui s'est passé. Disant qu'elle a été « surprise par les applaudissements », elle a déclaré qu'il n'y avait pas eu de gagnants, seulement des perdants. Elle a affirmé que la Charte des Nations unies avait été trahie - non pas par son gouvernement (ni par celui d'Israël !) bien sûr - mais, de manière ridicule, par tous ceux qui ont refusé d'appuyer les attaques de son gouvernement contre Cuba et qui ont voté pour la levée du blocus. Elle a ensuite attaqué l'ONU en disant que « la confiance en elle est souvent mal placée. » Enfin, feignant de s'inquiéter pour les victimes du blocus génocidaire de son gouvernement, elle a déclaré hypocritement que, bien que l'ONU et la « plupart des gouvernements du monde » les aient abandonné, le peuple cubain pouvait compter sur les États-Unis, ses véritables amis, voisins et « enfants de Dieu » pour ses tenir à ses côtés. Contrairement au silence de fond qui a accompagné la harangue de Haley, la délégation cubaine a bénéficié du soutien enthousiaste des diplomates de nombreux pays qui ont félicité et accueilli le ministre Rodriguez et la représentante permanente de Cuba à l'ONU, Anayansi Rodriguez.



Délégation cubaine aux Nations unies, le 1er novembre 2018, à la suite de l'adoption de la résolution de l'ONU appelant les États-Unis à mettre fin au blocus imposé à Cuba.

(Cubadebate, Granma)

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Fin de l'élection présidentielle au Brésil

Les forces populaires se regroupent pour intensifier la lutte pour la démocratie et les droits


Manifestation à Sao Paulo le 30 octobre 2018 contre la dictature, suite à l'élection de Bolsonaro

Le deuxième et dernier tour de l'élection présidentielle au Brésil s'est terminé le 28 octobre. Le candidat du Parti social libéral (PSL) Jair Bolsonaro, appuyé par d'importants intérêts financiers et d'affaires brésiliens et étrangers, par l'armée, les grands propriétaires fonciers et les Églises évangéliques, et notoire pour son discours violent et grossier, a été élu avec 57,8 millions de votes (55,1 % des votes valides). Il entrera en fonction le 1er janvier 2019 pour une période de quatre ans. Son vice-président désigné est un général de l'armée à la retraite.

Fernando Haddad du Parti des travailleurs (PT) qui, avec sa colistière Manuela D'Ávila du Parti communiste du Brésil (PCdoB), représentait la coalition Brésil heureux de nouveau, a obtenu un peu plus de 47 millions de votes (44,8 % des votes valides ).

Environ 8,6 millions de bulletins de vote ont été annulés, ce qui représente 7,4 % de tous les votes. On dit que c'est le nombre le plus élevé de bulletins annulés depuis 1989 et qu'il est supérieur de 60 % à celui de la dernière élection en 2014. En plus, il y a eu 2,5 millions de bulletins qui ont été remis non remplis. (2,1 %). Le nombre total de bulletins annulés ou blancs a atteint 11 millions, une augmentation de 7,5 % par rapport au premier tour de scrutin, où le taux de participation a été légèrement plus élevé. Le taux d'abstention a été de 21,3 %. (Au Brésil, le vote est obligatoire pour les citoyens sachant lire et âgés de 18 à 70 ans.)

La continuation du coup


Manifestation à Rio de Janeiro le 30 octobre 2018 pour dire Non ! aux menaces du gouvernement Bolsonaro contre les droits démocratiques

Dès le début de l'élection, les dés ont été pipés contre le peuple. C'était la poursuite du coup d'État initié par la destitution illégitime de la présidente Dilma Rousseff en 2016. La direction de l'attaque s'est ensuite portée vers l'ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, le candidat présidentiel initial du PT qui a été soumis à une persécution de tous les instants des médias et d'un système judiciaire politisé déterminé à l'empêcher d'être réélu et de renverser la direction qui était imposée au pays sous le gouvernement issu du coup. Lula a été condamné et mis en prison sans preuve matérielle, sur le seul témoignage d'un criminel condamné qui avait négocié un plaidoyer et obtenu une réduction de peine et la possibilité de conserver une partie de ses actifs. Cela a été suivi de la négation inconstitutionnelle du droit de Lula de poursuivre sa candidature à partir de la prison et de l'interdiction de donner des entrevues aux médias, sans doute parce que cela aurait pu améliorer les chances d'une victoire du PT.

D'autre sale travail a aussi été fait. Moins de deux semaines avant l'élection, un des plus gros quotidiens du Brésil a publié un article qui mentionnait qu'une caisse occulte illégale était utilisée pour mener une campagne de salissage hideuse contre Fernando Haddad et Manuela D'Ávila par le biais de WhatsApp, une application de messagerie populaire. Le journal alléguait que le fonds a été créé par des hommes d'affaires très riches liés à Bolsonaro.

Malgré tous les obstacles posés devant elles, les forces populaires, souvent dirigées par des femmes, se sont mobilisées en grand nombre et de différentes façons pour essayer de conjurer le coup d'État électoral qui se préparait. De grandes marches sous le slogan « Lui, jamais » ont eu lieu dans tout le pays et ailleurs dans le monde, avertissant des dangers de l'élection de Bolsonaro et de la possibilité du retour du Brésil à une dictature militaire. Dans la dernière semaine de la campagne, beaucoup de personnes ont publié des photos d'elles-mêmes parcourant les rues avec des affiches invitant leurs concitoyens à discuter autour d'un café des enjeux de l'élection, de la menace posée par un retour au pouvoir des forces contre-révolutionnaires, et de l'importance de voter pour l'empêcher.

Bien que les sondages aient démontré que l'avance de Bolsonaro diminuait considérablement dans les derniers jours de la campagne à mesure que ce momentum se développait, cela n'a pas suffi à produire le renversement souhaité de la situation. Dans son discours de concession après l'annonce des résultats, Fernando Haddad a dit que le Brésil traversait une période où toutes les institutions étaient mises à rude épreuve et durant laquelle les droits civils, politiques, syndicaux et sociaux sont en jeu. Ce n'est pas le temps d'avoir peur, a-t-il dit, mais de garder la tête haute et d'agir ensemble avec courage en plaçant les intérêts du peuple brésilien au-dessus de tout.

De son côté, Bolsonaro a affirmé qu'il allait « sauver le Brésil ». Dans sa première déclaration après avoir été déclaré président élu, il a dit : « Nous ne pouvons continuer de flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme et l'extrémisme de gauche. » L'un des premiers à appeler et féliciter Bolsonaro a été le président américain Donald Trump dont le porte-parole a dit que les deux étaient impatients de « travailler côte à côte » en tant que « dirigeants régionaux des Amériques. » Plus récemment, lors d'un discours devant la mafia anti-cubaine à Miami, le conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, a salué l'élection de Bolsonaro comme un « signe positif » pour l'Amérique latine, qui donne aux États-Unis un nouvel allié contre Cuba, le Venezuela et le Nicaragua.


Le candidat à la présidence Fernando Haddad s'adresse à la presse le 28 octobre 2018, après
la victoire de Jair Bolsonaro.

Les forces populaires

Le Parti communiste du Brésil, le Front populaire du Brésil et le Front du peuple sans peur, qui ont tous fait partie de l'alliance créée en appui à la candidature de Haddad et de Manuela, ont publié des déclarations dans lesquelles ils ont reconnu les défis à venir et exprimé leur détermination à prendre en main immédiatement la lutte pour la démocratie et à la défense de la souveraineté du Brésil et pour les droits.

Le PCdoB a souligné la nécessité d'organiser la résistance et une vigoureuse opposition dans tous les secteurs politiques et sociaux du pays et de bâtir une unité large afin de pouvoir mener une lutte effective à la défense de la démocratie et des droits du peuple, et d'empêcher que le Brésil régresse vers l'état d'exception.

Le fait que les forces démocratiques et patriotiques n'ont pas perdu de temps et se sont mises en action tout de suite après l'élection est un signe positif. En discutant de comment procéder, en développant le momentum qui s'est crééé au cours des derniers mois et en faisant jouer leur nombre et leur organisation, elles vont faire avancer la lutte pour priver les forces réactionnaires du pouvoir qu'elles ont usurpé pour priver le peuple de ce qui lui revient de droit. Les travailleurs du Canada et du monde ne font qu'un avec elles alors qu'elles se préparent aux batailles à venir.



Sao Paulo le 30 octobre 2018

(The Intercept, Prensa Latina, Vermelho, PT, Brazilian Report, CNN, The Hill)

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Pour une large union de défense de la démocratie, du Brésil et des droits du peuple


Discussion de masse à Sao Paulo pour organiser la résistance au gouvernement Bolsonaro,
1er novembre 2018.

La victoire de Jair Bolsonaro à l'élection présidentielle inaugure une nouvelle période politique au Brésil, marquée par des menaces à la démocratie, au patrimoine national, à la souveraineté de la nation et aux droits du peuple. Jair Bolsonaro a été élu président de la République, déterminé expressément à mettre en place un gouvernement dictatorial et à mettre en oeuvre, par le feu et l'épée, un programme ultralibéral et néocolonial.

La liste Fernando Haddad, président, Manuela d'Avila, vice-présidente, a recueilli plus de 46 millions de voix et catalysé un positionnement de la conscience démocratique de la nation, posant ainsi les bases d'une forte opposition qui commence maintenant.

Il y a un tournant vers la déconstruction et même la destruction des acquis et des conquêtes historiques sur lesquels, malgré les graves problèmes qui persistent, le Brésil et son peuple se sont développés et ont prospéré.

Cela est devenu très clair lors de la campagne du second tour, lorsque les institutions de la République, comme la Cour suprême fédérale (STF) et le Tribunal supérieur électoral (TSE), ont été menacées. De même, les garanties fondamentales de la Constitution fédérale, comme la liberté de la presse, de manifester et d'organiser des partis politiques ont été attaquées. L'autonomie des universités a été piétinée. Au cours de la campagne, le président élu a incité les Brésiliens à la violence, à l'intolérance et à la haine, et s'est engagé à emprisonner ou à interdire les citoyens « rouges » qui ne sont pas d'accord avec lui et à criminaliser les mouvements et les entités populaires.

Vu l'importance du Brésil - dont l'économie figure parmi les dix premières du monde - cette rupture réactionnaire aura un effet fortement régressif sur l'Amérique latine.

Le coup d'État d'août 2016 a été le déclencheur des événements qui ont mené à cette situation, qui se consolide maintenant avec l'accession de l'extrême-droite au gouvernement de la République. Il y a une rupture dans la construction de la démocratie, laquelle avait été reprise en 1985 après la fin de la dictature militaire, par le biais d'un processus électoral adopté dans lequel l'État de droit démocratique étouffé par l'état d'exception. Le discours au ton fasciste du candidat élu est né de cela, non sans être confronté aux forces démocratiques - une tendance qui sera certainement renforcée dans le nouveau scénario politique.


Rencontre d'organisations sociales à Belo Horizonte, 1er novembre 2018.

L'intégrité des élections a été bafouée pour favoriser la candidature de la droite, par des moyens illégaux, à la manière de la soi-disant guerre hybride qui comprend l'utilisation à grande échelle de fausses informations, les « fake news », une entreprise financée criminellement par de grands hommes d'affaires, comme cela a été dénoncé dans la presse. Des moyens illicites tels que ceux-ci, entre autres, ont interféré dans les résultats du scrutin. Ces agissements font à juste titre l'objet d'une enquête par le tribunal électoral, dont on attend une instruction complète et rapide et des décisions conformes à la gravité de ce qui s'est passé.

La résistance des forces démocratiques, progressistes, populaires et patriotiques commence, soutenue par le vote fort obtenu par la liste Fernando Haddad-Manuela d'Avila et par les personnalités et les institutions qui défendent la démocratie et la Constitution.

Une résistance et une opposition puissante doivent être organisées dans toute la vie politique et sociale du pays, à commencer par le Congrès national et les autres organes législatifs, et doivent être étendues aux mouvements sociaux, aux organisations de la classe ouvrière, aux secteurs de la communauté d'affaires, au monde universitaire, aux intellectuels, aux artistes, au milieu juridique, aux secteurs religieux et même aux membres des institutions de la République. Les gouverneurs et les maires du camp démocratique ont un rôle important à jouer.

Dans cette nouvelle réalité qui marque une rupture du cycle de progrès de la démocratie initié dans la ce qui a été appelé la Nouvelle République, le Parti Communiste du Brésil (PCdoB), comme il l'a toujours fait tout au long de son histoire, se tient fermement dans les tranchées de la défense sans compromis de la nation, de la démocratie et du peuple brésilien.

Le PCdoB, dont la légende presque centenaire remonte à l'époque de l'Ancienne République, s'est battu avec les autres forces progressistes du pays contre tous les gouvernements, régimes autoritaires et tyrans qui ont infesté l'histoire de la République. Fort de cette expérience, il transmet au peuple brésilien avec certitude et confiance que, malgré les graves menaces qui pèsent sur le pays, Bolsonaro aura du mal à concrétiser son obsession à enterrer la démocratie brésilienne. Celle-ci est enracinée profondément dans le sol du pays et a coûté à la nation de grandes souffrances et de nombreuses vies.  Progressivement, de ces millions et millions de personnes qui ont voté et soutenu la candidature de Haddad comme président et de Manuela comme vice-présidente, une majorité se lèvera pour défendre la démocratie, et elle baincra à nouveau.

Dans ce but, le PCdoB s'adresse aux citoyens et aux forces démocratiques du pays et leur lance un appel à construire dès maintenant une grande union dans le but d'ouvrir la voie à un avenir civique, patriotique, démocratique et populaire, contre le retour d'un régime d'état d'exception et pour la défense de la démocratie, du Brésil et des droits du peuple.

São Paulo, 28 octobre 2018
Luciana Santos, députée fédérale
Présidente du Parti Communiste du Brésil - PCdoB
Comité exécutif national du Parti communiste du Brésil - PCdoB

(Traduction : LML)

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7 novembre : anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre

Les travailleurs du monde entier aspirent plus que jamais à une société nouvelle



Des représentants de partis politiques et d'organisations démocratiques et progressistes de plus de 80 pays se sont joints aux organisations communistes de Russie le 7 novembre 2017 pour un grand rassemblement à Moscou à l'occasion du 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre. Des célébrations ont eu lieu partout dans le monde.

Le 101e anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre en Russie approche à un moment de l'histoire où non seulement le premier État ouvrier socialiste a été détruit, mais où toutes les formes de gouvernance fondées sur la démocratie libérale et une société civile bourgeoise sont également révolues. Partout dans le monde, de nouvelles formes fondées sur des principes et des formes de gouvernance démocratiques doivent investir le peuple de la souveraineté pour répondre aux exigences du XXIe siècle.

Aujourd'hui, les pays dans les citadelles de l'impérialisme mettent tout en oeuvre pour empêcher ce dénouement. Ils privatisent toutes les propriétés d'État, toutes les ressources et le pouvoir politique et veillent à ce que les privilèges de classe et les classes exploiteuses restent la caractéristique dominante de l'ordre social et politique. Les conflits sociaux et politiques, l'anarchie et la violence prennent le dessus dans ces sociétés et les conflits entre nations, nationalités et religions et sur tout autre terrain pouvant être exploité font des victimes. Les sociétés capitalistes sont caractérisées par une polarisation entre les millionnaires et les milliardaires d'un côté, et les chômeurs, les pauvres et les sans-abri, en nombre toujours croissants, de l'autre.

Rien de tout cela ne diminue la signification de la Grande Révolution d'Octobre pour l'histoire humaine. Au contraire, elle est d'autant plus valorisée. La ligne de démarcation dans la société se précise et le monde commence à prendre conscience de ce que signifie avoir une société avec le plein emploi, une éducation et des services de santé gratuits, sans impôt, l'égalité de tous devant la loi, une démocratie complète avec le droit d'élire et d'être élu, sans les privilèges de classe et sans classes exploiteuses. La Grande Révolution d'Octobre rappelle que la paix, la prospérité, la liberté et l'unité fraternelle des peuples ne sont pas une utopie, une chimère. Non seulement celles-ci sont-elles réalisables, elles sont la nécessité de notre époque. Les conditions du présent obligent toutes les personnes concernées à regarder les événements les plus importants du passé avec l'oeil du présent pour contribuer à assurer l'avenir.

Le fondateur et dirigeant du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), Hardial Bains, faisait remarquer que le PCC(ML), le parti politique de la classe ouvrière, voit la Grande Révolution d'Octobre avec parti-pris, avec beaucoup d'objectivité :

Il voit le contenu que tout cela a apporté, les formes qui ont été créées et les forces humaines que cela a fait jaillir. Il regarde le pouvoir politique et le système social, les moyens utilisés et les résultats obtenus, le rôle de la classe ouvrière et celui du Parti bolchevique, tout cela avec l'oeil averti d'un parti politique qui se consacre à faire en sorte que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font leur vie et que les lumières et les préoccupations humaines dominent toute autre considération.

Le PCC(M-L) analyse l'expérience de la Grande Révolution d'Octobre et la voie qu'elle a tracée, où l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être humain devient le but de la vie elle-même. Il s'en inspire comme seul peut le faire le parti politique qui, ayant proclamé sa responsabilité envers la classe ouvrière et, par elle, envers la société, examine chaque événement sous un oeil critique. Il le fait en regardant le monde sous l'angle du présent, examinant le passé afin d'assurer l'avenir de tous. Comme pour tout autre événement, il tire les leçons de cette période, tel qu'il s'est produit dans l'histoire. Il ne copie rien sans d'abord le passer à la critique dans son travail pour réaliser le renouveau de la démocratie, mettre fin aux privilèges de classe, conditions qui permettront d'abolir les classes exploiteuses et de créer une société sans classe.

Le PCC(M-L) est très conscient que les événements qui se sont produits dans l'histoire et les positions qui ont été défendues laissent leur empreinte et il est très conscient du fait que les conditions qui existent au Canada et à l'échelle internationale aujourd'hui sont très différentes de celles qui existaient [au moment de la Révolution d'Octobre]. Il reconnaît également que le trait le plus distinctif de la Révolution d'Octobre est qu'elle s'est donné comme but l'abolition de toute exploitation de l'être humain par l'être humain en abolissant les conditions qui ont engendré cette exploitation. Il n'oublie pas que tout en Russie avait été révolutionné et modernisé en un peu plus de vingt ans, que l'Union soviétique a été créée en tant qu'union d'États égaux et indépendants en moins de sept ans et que tous les meilleurs esprits de l'époque, les plus grandes personnalités des sciences et des arts ainsi que du monde politique et diplomatique, ont acclamé les développements qui se sont produits en Union soviétique et les ont considérés comme de grandes réalisations de l'humanité.[1]

Non seulement la Révolution d'Octobre a-t-elle porté au pouvoir une classe entièrement nouvelle, la classe ouvrière, mais elle a également incité les travailleurs et les opprimés de tous les pays à s'engager sur le même chemin. La crise nationale créée par la Première Guerre mondiale a été résolue en faveur des peuples. La Révolution d'Octobre a également mis fin à cette guerre la plus sanglante de l'histoire, qui opposait les puissances impérialistes dans une rivalité pour le repartage du monde. La révolution russe a porté au pouvoir les forces latentes au sein de la société ancienne. Les ouvriers, les paysans, l'intelligentsia et d'autres travailleurs ont créé un pouvoir qui leur a été favorable pour la première fois de l'histoire de l'humanité.


Lénine déclare le pouvoir soviétique le 26 octobre 1917, à la réunion historique du deuxième congrès des Soviets de toute la Russie à l'Institut Smolny. (Tableau de D. Nalbandyan)

Ce fut la première révolution à créer une société entièrement nouvelle. Le socialisme est apparu sur la scène de l'histoire mondiale, comme l'avait prédit Karl Marx, et la pratique de la révolution prolétarienne a inauguré une période entièrement nouvelle, celle de l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être humain et la création d'une société socialiste et communiste à l'échelle mondiale.

Hardial Bains a souligné que tout au long de la période qui a suivi la Révolution d'Octobre, « les peuples ont pris le goût du changement. Tout indique que de grands bouleversements sont à veille de se produire qui vont encore une fois renouveler la société. Les travailleurs n'ont pas le choix que d'en venir à la conclusion que les préjugés et les dogmes ne peuvent se substituer à une conscience claire et à l'analyse scientifique, qui seules peuvent mettre un terme à la crise qui sévit dans la sphère des idées et placer le développement de la connaissance au service du peuple, et que cela est nécessaire pour se préparer au renouveau. Loin de faire de cette période de l'histoire une pomme de discorde et un objet de lutte idéologique rigide, tout indique qu'il faut revoir les événements de l'histoire avec ouverture d'esprit, en s'appuyant sur le corps de connaissances acquises et sur l'expérience vivante pour tirer les conclusions qui s'imposent. Saisir le présent et bien comprendre ce qui se passe devant soi est devenu crucial pour pouvoir repousser les notions obscures selon lesquelles les événements de l'histoire sont l'oeuvre de forces maléfiques, au lieu de les voir comme d'importants jalons sur la grande voie de la civilisation. »

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) salue la Grande Révolution socialiste d'octobre et tous les architectes du nouveau, du passé et du présent. Comme l'a prédit le grand Lénine, depuis la Révolution d'Octobre des bouleversements ont eu lieu à l'échelle mondiale. Non seulement le socialisme a-t-il été construit en Union soviétique pendant un certain temps, mais les mouvements de libération nationale que Lénine avait prédits ont changé la configuration du globe.

Aujourd'hui, l'impérialisme est pris dans un bourbier. Il est moribond et entraîne le monde une nouvelle fois dans la guerre, mais les travailleurs de tous les pays exigent le changement. Même si l'impérialisme, la réaction mondiale et ses piliers sociaux luttent contre le changement qui favorise les peuples, les voix du changement se font entendre partout dans le monde et les travailleurs exigent la création d'une nouvelle société. L'expérience des peuples soviétiques héroïques et des peuples des anciennes démocraties populaires et les écrits de leurs personnalités dirigeantes telles que Lénine méritent un traitement en profondeur, de manière réfléchie et critique, comme le Parti le fait.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) salue la Grande Révolution d'Octobre avec optimisme révolutionnaire, en gardant toujours à l'esprit que c'est aux travailleurs de décider de leur avenir, comme le soutenait Hardial Bains. C'est leur obstination à renouveler le monde aujourd'hui qui renforce la détermination du Parti à continuer jusqu'à la victoire finale. Le monde est en transition d'un système à l'autre. Les travailleurs du monde et les forces progressistes s'efforcent de créer un nouveau monde. Ils font le point sur la situation actuelle dans laquelle le renouveau démocratique est apparu comme la demande la plus importante pour humaniser l'environnement social et naturel. Ce que les peuples demandent, c'est de prendre en main leur vie, leur processus décisionnel, leur pouvoir politique. La classe ouvrière est la partie la plus importante de cette lutte pour le renouveau dans laquelle l'abolition des privilèges de classe et l'élimination de la discrimination fondée sur la race, la culture, la religion, le sexe, la langue et les privilèges sont devenues le cri de bataille. Le contenu, les mots, l'analyse, les observations et les revendications des travailleurs dépassent de loin les possibilités offertes par les formes existants. En conséquence, ils réclament un changement des formes afin de pouvoir apporter les changements nécessaires pour résoudre le conflit en leur faveur. Les processus politiques sont de plus en plus critiqués et les politiciens doivent recourir à des lois toujours plus trompeuses, antipopulaires et antisociales.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), tenant compte de tous les événements survenus au cours des 100 ans depuis le triomphe de la Grande Révolution socialiste d'Octobre, appelle les travailleurs à défendre résolument leur cause. L'expérience de toute cette période est très instructive. Le PCC(ML) appelle les travailleurs à se joindre à lui pour laisser derrière tout ce qui est négatif, en particulier l'influence de la conception bourgeoise du monde, en faveur de l'élaboration de leurs propres points de référence qui les aident à démêler les événements qui se produisent et à déterminer ce qu'il faut faire pour changer les choses en leur faveur.

Cela peut se faire ! Cela doit se faire !

Note

1. Le Marxiste-Léniniste quotidien, 7 novembre 1992

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