Numéro 39 - 3 novembre 2018
Une conception anachronique de la
démocratie
Les libéraux chargent la police et
non les citoyens de défendre la démocratie
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada -
Une
conception
anachronique
de
la
démocratie
• Les libéraux chargent la police et non
les citoyens de défendre la démocratie
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale, Parti marxiste-léniniste
du Canada
• La différence entre l'acte de voter et
la participation
démocratique -
Pauline Easton
À titre d'information
• Des changements à la Loi
électorale qui servent les pouvoirs en place
Le
référendum sur la représentation proportionnelle
de la Colombie-Britannique
• Des rencontres sur la représentation
proportionnelle dans la région intérieure centrale de la
Colombie-Britannique
• Les contes de fées du camp du Non -
Peter
Ewart
Le Régime de
pensions du Canada tire des profits des prisons
privées
américaines
• La privatisation des prisons et la violation
criminelle des droits
humains - K.C. Adams
À titre
d'information
• Les prisons privées américaines
profitent de la détention de masse
des immigrants
Canada, hors de l'OTAN!
• Le Canada ne doit pas servir de terrain
d'entraînement militaire pour
l'OTAN - Christine
Dandenault
Vote aux Nations unies
sur le blocus de Cuba par les États-Unis
• Une autre victoire retentissante pour Cuba,
dix défaites pour les États-Unis
Fin de
l'élection présidentielle au Brésil
• Les forces populaires se regroupent pour
intensifier la lutte pour la démocratie et les droits -
Margaret Villamizar
• Pour une large union de défense de la
démocratie, du Brésil et des droits du peuple -
Parti communiste du Brésil
7 novembre:
anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre
• Les travailleurs du monde aspirent plus que
jamais à une société nouvelle
Supplément
Projet de loi C-76, la Loi sur la
modernisation des élections
• Des changements à la Loi
électorale qui s'inspirent de délibérations
supranationales
Une conception anachronique de la
démocratie
Les libéraux chargent la police et non les
citoyens de défendre la démocratie
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada -
Le projet de loi C-76, la Loi sur la modernisation
des élections, n'a rien à voir avec la modernisation
de la démocratie au Canada. Il renforce le contrôle et la
réglementation de la communication électorale et
politique et, au nom de la protection des électeurs, introduit
une forme de censure de ce qui est légitime. Loin de confier aux
citoyens la responsabilité de
défendre la démocratie, les libéraux la confient
aux agences de la sécurité nationale et de
l'armée, ainsi qu'aux monopoles de la collection des
données comme Facebook. Les droits et les principes sur lesquels
repose la démocratie sont menacés au nom de la
défense de la démocratie. Cela inclut
le droit à la liberté d'expression et de parole, la
liberté d'association et la liberté de conscience et,
comme premier principe, la non-ingérence de la police dans le
processus électoral.
Les modifications apportées à la Loi
électorale du Canada par le projet de loi C-76 qui portent
sur la lutte contre « l'influence
étrangère » et le contrôle de
l'utilisation des médias sociaux s'inspirent de la nouvelle
doctrine de sécurité nationale des États-Unis, de
l'OTAN, de son groupe de réflexion le Conseil atlantique et
des
agences de renseignement des pays des Cinq Yeux. On dit que l'ennemi
n'est plus le terrorisme, mais la Russie, la Chine et d'autres
États qui chercheraient à saper les institutions de la
démocratie libérale.
Ces organisations défendent les valeurs
anglo-américaines de l'édification d'empire. Elles
ressortent des vieux tiroirs les notions du « fardeau de l'homme
blanc » et du devoir de l'empire qui dominaient à
l'époque de la Première Guerre mondiale et durant toute
la campagne de la guerre froide contre le communisme. Ces valeurs ont
été
ressuscitées après l'effondrement de l'Union
soviétique par l'Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe (OSCE) en 1990 avec l'adoption de
la Charte de Paris. Celle-ci imposait à tous les pays de se
soumettre à la démocratie libérale capitaliste,
c'est-à-dire une économie de marché dominée
par les oligarques financiers
internationaux, des élections sur la base du multipartisme et
des droits de l'homme tels que définis par les États-Unis
en tant que seule superpuissance et prétendue nation
indispensable.
Ce sont les valeurs que le premier ministre Justin
Trudeau a réaffirmées lorsqu'il a renié sa
promesse
électorale de mettre fin au système de scrutin uninominal
majoritaire à un tour. Il a transmis une nouvelle lettre de
mandat à sa ministre des Institutions démocratiques en
février 2017 dans laquelle il lui demande : « En
collaboration avec le ministre de la Défense nationale et le
ministre de la Sécurité publique et de la Protection
civile, diriger les efforts du Canada en vue de défendre le
processus électoral du Canada contre les cybermenaces. Ceci
devrait inclure de demander au Centre de la sécurité des
télécommunications (CST) de réaliser une analyse
du risque
que posent les pirates informatiques pour les activités
politiques et électorales du Canada, et de la rendre
publique. »
Le premier ministre Trudeau a rejeté les
conclusions du Comité parlementaire sur la réforme
électorale parce que, selon lui, la représentation
proportionnelle « augmenterait les voix extrémistes et les
voix activistes qui ne siègent pas au parlement pour
débattre de ce qui est dans le meilleur intérêt de
l'avenir de l'ensemble du pays, comme le
font les trois partis actuels ». Il a ajouté que
mettre fin au système majoritaire uninominal ouvrirait «
une période d'instabilité et d'incertitude ».
Cela signifie que la seule voix légitime dans le processus
électoral et politique du Canada est celle qui vient des membres
du système des partis cartellisés qui représentent
le « juste
milieu » de l'opinion politique qui protège la
société des « extrêmes ».
En fait, les modifications apportées à la
Loi électorale du Canada par le projet de loi
C-76 présentent l'ensemble du corps politique, les citoyens du
pays, comme une menace potentielle pour la démocratie.
Même les représentants de ce cartel que forment les partis
politiques siégeant à la Chambre des communes seront
ciblés s'ils
s'écartent de la doctrine officielle, telle que l'affirmation
que l'OTAN est un instrument de paix et non d'agression et de guerre.
Le projet de loi C-76 expédié par le
Parlement presque sans débat est
basé en grande partie sur des consultations et des
délibérations qui contournent les procédures et
les normes parlementaires comme on n'a jamais vu auparavant. Les
Canadiens n'ont même pas eu droit au spectacle procédural
habituel au Parlement pour donner
un semblant de légitimité aux mesures proposées.
Les institutions
parlementaires du Canada ont depuis longtemps cessé de
s'intéresser aux questions liées à la
nécessité de renouveler le processus démocratique,
comme l'a souligné la dernière Commission royale sur la
question, sans parler de répondre aux besoins fondamentaux de
notre époque.[1] Des
questions pertinentes telles que le droit à un vote
éclairé, l'égalité de tous les citoyens, le
processus de sélection des candidats et les conséquences
du financement public et privé sur les élections ne sont
pas discutées. Elles sont examinées seulement du point de
vue
intéressé des partis du cartel et des
avantages qu'ils
peuvent en tirer, ensemble ou chacun pour soi. Des
intérêts privés
supranationaux s'imposent, tel que dicté par les agences de
renseignement,
la police et l'armée.
Plus important encore, ce dernier cycle de
réformes électorales montre que tant que le
problème de la modernisation du processus électoral et
démocratique ne sera pas résolu en vue de donner plus de
pouvoir aux citoyens, la direction que l'élite dirigeante donne
à la société est pleine de dangers. Une
mentalité de siège tous azimuts s'est
emparée de la classe dirigeante de ce pays, qu'elle a
subordonné à l'appareil de sécurité
intérieure des États-Unis. Sous le slogan de
défendre la démocratie contre les «
extrémistes », les « perturbateurs »
et les « intervenants étrangers influents », le
gouvernement Trudeau jette les bases d'un régime
électoral supervisé par les
pouvoirs de police, ce qui est contraire à tout régime
démocratique, sans parler de la nécessité du
renouveau démocratique qu'exige notre époque.
Les Canadiens doivent discuter des lois qui ont
été adoptées et du besoin du renouveau
démocratique de ce processus politique et électoral qui
écarte les citoyens des prises de décisions qui les
concernent et qui s'apprête maintenant à criminaliser
l'opinion politique. Ils doivent s'informer et discuter de ces choses
dans leurs milieux. Ils doivent
tirer les conclusions qui s'imposent quand l'élite dirigeante
prétend vouloir défendre la démocratie contre la
menace perçue d'attaques informatiques sous influence
étrangère et de fausses informations dans les
médias sociaux.
Lors de sa dernière comparution devant le
Comité de la procédure et des affaires de la Chambre
le 25 septembre au sujet du projet de loi C-76, on a
demandé à la ministre des Institutions
démocratiques, Karina Gould, si son gouvernement envisageait des
amendements pour soumettre les « tiers » -
c'est-à-dire toute personne ou
organisation du pays autre qu'un parti politique enregistré ou
un candidat enregistré - à une réglementation et
à un contrôle encore plus robustes que ce qui était
prévu dans le projet de loi C-76 au moment de son
dépôt. Elle a répondu par l'affirmative, et des
amendements en ce sens ont été effectivement
été adoptés. Elle a souligné que le
gouvernement estimait qu'il était allé aussi loin que
possible dans la loi en visant les tierces parties en tant
qu'instruments potentiels d'influence étrangère lors des
élections. Elle a déclaré que les mesures
de protection qui peuvent être mises en place pour mettre fin
à l'influence étrangère seront en place. Elle a
souligné notamment le rôle de la police
de sécurité - le Centre de la sécurité des
télécommunications Canada - dans la supervision des
élections et la collaboration avec les partis politiques pour
les protéger des cyberattaques.
La ministre a laissé la porte ouverte à de
nouvelles mesures après l'élection fédérale
de 2019 s'il appert que les mesures du projet de loi C-76 n'auront
pas suffi à protéger ce que l'élite dirigeante
appelle l'intérêt national. Le 21 octobre, CTV a
annoncé que la ministre Gould était satisfaite du projet
de loi. « Je pense que nous
sommes prêts. J'ai confiance dans le processus, mais vous savez,
vous ne pouvez pas toujours tout empêcher. » Selon
CTV, elle « a promis plus de nouvelles sur ce front dans les
prochaines semaines ». Entretemps, le premier
ministre Justin Trudeau a fait une déclaration qui a
manifestement
pour objectif de brouiller les pistes de
son gouvernement et empêcher les Canadiens de développer
leur politique indépendante plutôt que d'être
marginalisés et criminalisés. Il a dit que
l'élection de 2019 sera « la campagne politique la
plus controversée, la plus négative et la plus vile de
l'histoire du Canada ». Pour sa part, le Centre canadien de
la sécurité des
télécommunications a annoncé qu'il allait publier
un document actualisé sur la menace qui pèse sur la
démocratie canadienne au cours de la prochaine année.
Qu'est-ce que ce projet de loi qui a pour titre Loi sur
la modernisation des élections, mais qui charge les
pouvoirs de police de gérer les élections ? À
quoi faut-il s'attendre ?
Comment les Canadiens doivent-ils s'y préparer ?
Note
1. La Commission royale sur la réforme
électorale et le financement des partis a été
créée en 1989 par le gouvernement conservateur de
Brian Mulroney. Elle avait pour mission de mener une enquête sur
« les principes et le processus appropriés devant
régir l'élection des députés à la
Chambre des
communes et le financement des campagnes des partis politiques et des
candidats ». Elle a été qualifiée par
la Commission de « la première du genre dans l'histoire
de la démocratie électorale au Canada ».
C'était aussi la dernière. Plus de 100
études, publiées dans une collection de 23 volumes,
ont été commandées,
avec la participation de plus de 200 spécialistes
de 28 universités canadiennes et des experts
internationaux. Les résultats de ces recherches n'ont pas
donné lieu à une réforme globale répondant
aux exigences d'un système politique moderne. Au lieu de cela,
des réformes superficielles en accord avec les
intérêts des partis politiques à la
Chambre des communes ont été introduites.
La différence entre l'acte de voter et
la participation démocratique
- Pauline Easton -
La ministre des Institutions démocratiques,
Karina Gould, a axé ses interventions sur le projet de loi C-76
sur l'acte de voter. Devant le Comité permanent de la
procédure et des affaires de la Chambre et à la Chambre
des communes, elle a insisté sur le fait que la
démocratie ne peut s'épanouir sans la participation des
citoyens. Elle a répété
inlassablement que les libéraux sont résolus à
renforcer la participation des citoyens au processus électoral
et a rappelé aux députés le devoir de ceux qui
gouvernent de lever tous les obstacles à cette participation.
Elle cite les mesures contenues dans le projet de loi C-76 qui rendent
le vote plus facile et plus accessible, notamment celle permettant
d'utiliser la carte d'information de l'électeur comme
pièce d'identité et celle créant des bureaux de
vote mobiles accessibles aux électeurs à domicile. Ce
qu'elle omet de dire, par contre, c'est que l'acte de voter et le but
de l'élection, qui est censé
être d'affirmer le droit démocratique des citoyens de
participer à la gouvernance, ne
sont pas une seule et même chose.
Une des caractéristiques principales du projet de
loi C-76 est qu'il poursuit la tendance à apporter des
changements qui enracinent le pouvoir et le privilège dans un
système de cartel. Il apporte des changements qui entravent le
mouvement populaire pour investir le peuple du pouvoir de
décider, la volonté d'éliminer le rôle
joué par le pouvoir
et les privilèges dans les élections et le processus
politique. En assimilant l'acte de voter au droit à une
participation démocratique au processus électoral et
politique, les mesures prises mettent l'accent sur le premier aspect
pour obnubiler le second.
Les propos de la ministre Gould trahissent la
mauvaise conscience des libéraux.
Un accent démesuré est mis sur les
mesures qui facilitent le vote qui, en soi, ne rendent pas le
système plus démocratique du point de vue des principes
démocratiques affirmant le pouvoir du peuple. Lorsque le
gouvernement conservateur de Stephen Harper a adopté sa Loi
sur l'intégrité électorale en 2014,
l'objectif était de
détourner l'attention de l'usurpation du pouvoir pour le compte
d'intérêts privés en créant toute une
histoire à propos des fraudes pouvant être commises par
les électeurs, un problème inexistant au Canada. Il a
haussé les exigences en matière d'identification de
l'électeur et cela a créé beaucoup de
mécontentement.
Aujourd'hui, les libéraux créent
toute une histoire à propos de l'ingérence
étrangère dans les élections et leur solution est
le projet de loi C-76, qui remet en cause les principes de la
démocratie, y compris le droit à la liberté
d'expression et de parole. Toute la discussion sur le projet de loi
concerne les mesures pour faciliter le vote. En mettant un accent
démesuré sur l'acte de vote, ils espèrent
décourager un examen sérieux des mesures qu'ils
instituent au nom de la lutte contre l'ingérence
étrangère. Au fond, ils
cherchent à faire obstacle au mouvement populaire pour
renouveler le processus électoral de manière à
affirmer le droit des citoyens de participer aux prises de
décisions qui les affectent.
De manière générale, on peut voir
que les gens ne défendront que les décisions auxquelles
ils participent. S'ils continuent à rester en dehors du
processus de prise de décision, ils continueront à
être déçus par le processus de prise de
décision et manqueront de confiance dans le système de
gouvernement, comme c'est le cas aujourd'hui.
Le pouvoir dans une démocratie s'exerce par le
biais des organes électifs, ainsi que directement. Dans le
système de gouvernement au Canada, les élections sont la
seule occasion de participation directe d'une personne au gouvernement,
à moins d'appartenir à un parti politique élu.
Comment est-ce acceptable ? Même dans ce cas, une
démocratie présuppose l'égalité de tous les
citoyens. Lors d'une élection, il doit donc au moins y avoir une
égalité des chances pour que tous les citoyens puissent
élire et être élus.
Le simple fait de remplir un bulletin de vote n'assure
pas aux membres du corps politique la possibilité de participer
librement aux élections. La
ministre ne s'intéresse pas aux principes et au processus
censés régir l'élection des députés
à la Chambre des communes et le financement des partis
politiques et des
campagnes de candidats.
La question de l'égalité de tous les
membres du système politique devant la Loi électorale est
d'une importance primordiale. Les mesures prises concernant la
procédure du vote, comme les exigences d'identification, doivent
relever d'une instance administrative impartiale comme Élections
Canada. Et en effet, les mesures proposées à ce
chapitre ont été recommandées par le directeur
général des élections, au nom d'Élections
Canada, dans son rapport officiel au Parlement à la suite de
l'élection fédérale de 2015.
Aucun organisateur politique sérieux au Canada
ne croit que le manque de représentation soit dû à
la façon dont l'acte de voter est encadré. Le Parti
libéral fait de ces mesures l'essentiel de la réforme
électorale du XXIe siècle pour dissimuler qu'il se moque
des préoccupations sérieuses concernant la nature
élitiste de la démocratie au Canada et
son manque de représentativité. Les partis politiques qui
forment les gouvernements de partis ne peuvent pas prétendre
gouverner au nom du peuple. Personne ne peut savoir quelle opinion est
exprimée par un vote résultant du microciblage des
électeurs. Ce que l'on sait, par contre, c'est que cela ne
représente pas l'opinion d'un corps politique
informé et réellement capable de participer aux affaires
politiques pour déterminer l'orientation de l'économie et
les politiques intérieures et étrangères du pays.
La réforme électorale d'aujourd'hui doit
porter sur les moyens à prendre pour que tous les membres du
corps politique puissent participer à la résolution des
problèmes de la société. Elle doit prévoir
des mécanismes pour faire ressortir tous les
intérêts concurrents de la société afin
qu'ils puissent être conciliés. Cela signifie
permettre aux
individus et à leurs collectifs de faire
connaître leurs préoccupations et leurs problèmes,
de discuter de solutions, de sélectionner des candidats parmi
les leurs qui représentent leurs aspirations et établir
des mécanismes qui leur permettent de contrôle ce qui est
fait après l'élection du gouvernement.
Un processus électoral dans lequel la
minorité dispose de tous les moyens et possibilités alors
que la majorité en est privée n'est pas acceptable et
doit être changé.
Lorsque Hardial Bains a présenté le
mémoire du Parti marxiste-léniniste du Canada à la
Commission royale sur la réforme électorale et le
financement des partis en 1990, il a notamment
déclaré :
On dit aussi, monsieur le
président, que les élections permettent au peuple
d'exprimer sa volonté. Après des élections, on
entend souvent des expressions comme « le peuple a
parlé » ou « le gouvernement a obtenu un
mandat » ou « un nouveau mandat », selon le
cas. Mais quel mécanisme existe-t-il pour que le
peuple donne vraiment un mandat ? Si l'on ne remet pas en question
le scrutin à un tour à majorité simple, on devrait
au moins examiner les mécanismes établis pour
l'expression des suffrages, car si les gens ne participent pas à
ce processus électoral, comment peuvent-ils faire
connaître leur opinion sur le fonctionnement de la
société ? Comment peuvent-ils avoir l'assurance
tranquille d'avoir voté avec sagesse ou d'exercer un certain
contrôle sur le suffrage qu'ils ont exprimé ?
Tant que le peuple sera
marginalisé, tenu à l'écart du monde politique et
du milieu qui gouverne son propre pays, rien ne changera. La
majorité des citoyennes et citoyens sont libres de travailler
dur, mais leur degré de participation possible à la chose
politique, à la prise de décision concernant les
politiques que les gouvernements adoptent
sur les préoccupations économiques, sociales, politiques,
militaires, culturelles et environnementales, est nul.
Nous prétendons donc,
monsieur le président, que la Loi électorale doit avoir
pour principal objet de créer les possibilités pour que
les individus dans notre société puissent
développer leur faculté de jouir de tous les droits et
libertés énoncés dans la Constitution. Le
système électoral doit donc faire en sorte que la loi
n'impose aucune restriction
qui entrave la participation du peuple au processus électoral.
Au lieu de changer la Loi électorale du
Canada pour démocratiser le processus, les réformes
adoptées ne font qu'imposer encore plus de restrictions à
la participation des citoyens au processus électoral. Pire
encore, elles ouvrent la voie à d'autres atteintes à leur
droit de conscience et à leur liberté d'expression. Cela
ne doit pas
passer !
À
titre d'information
Des changements à la Loi électorale qui
servent les pouvoirs en place
Les règles régissant les élections
fédérales de 2019 seront établies dans les
prochaines semaines lorsque le projet de loi C-76, Loi sur la
modernisation des élections, recevra la sanction royale. Le
projet de loi a été voté par la Chambre des
communes et il est présentement débattu au Sénat
où il est passé en première et
deuxième lecture. Le Sénat a ajourné ses
délibérations le 31 octobre et décidé
de les reprendre le mardi 6 novembre en session
plénière, où sera entendu le directeur
général des élections.
Le projet de loi C-76 annule certaines modifications
apportées par le gouvernement Harper à la Loi
électorale du Canada avec sa Loi sur
l'intégrité des élections de juin 2014,
mais pas toutes. Il ne fait rien qui rende le processus
électoral du Canada plus démocratique. Il n'a
également rien à voir avec les réformes
démocratiques promises par les libéraux de Justin Trudeau
à leur arrivée au pouvoir, notamment la promesse de
mettre un terme au système électoral uninominal
majoritaire à un tour.
L'essentiel de ce projet de loi est de remettre le
pouvoir de criminaliser la conscience des Canadiens et leur droit de
parole à des intérêts privés comme Facebook
et à des agences policières qui seront désormais
appelées à décider quelles opinions sont fausses
et lesquelles sont influencées par l'étranger et
préjudiciables à l'intérêt national.
Il renforce également le système de partis
cartellisés en ciblant le financement des «
tiers », ramassant dans ce filet des organisations qui
défendent la justice sociale et qui s'intéressent
à l'environnement. Le caractère antidémocratique
de ce projet de loi se voit à la façon dont il a
été expédié par le processus parlementaire.
Le projet de loi de 275 pages, accompagné
de 100 pages de notes explicatives, a été
déposé en avril 2018 et a franchi l'étape de
la deuxième lecture à la hâte avec comme
justification qu'il allait faire l'objet d'une étude approfondie
en comité. Le Comité permanent de la procédure et
des affaires de la Chambre a
tenu 15 séances au cours desquelles il a entendu 63
témoins, chacun disposant généralement de cinq
minutes pour s'exprimer. Au cours des audiences, le projet de loi a
suscité de nombreuses objections qui ont
généralement été ignorées. Cela
comprend les objections exprimées par le directeur
général des élections et le commissaire à
l'information et à la protection de la vie privée, qui
ont tous deux demandé que les partis politiques soient soumis
aux lois sur la protection de la vie privée. De même, des
organisations telles que l'Association canadienne des libertés
civiles ont également fait part de leurs inquiétudes,
affirmant que les nouvelles restrictions imposées à la
publicité
par des tiers « limitent considérablement l'expression
politique, principe fondamental de la liberté d'expression
protégée par la Charte ».
L'association a déclaré : « Nous n'avons pas
vu les preuves censées justifier les restrictions contenues dans
le projet de loi et les distinctions qu'il établit entre
différents types d'expression
politique et différents acteurs politiques... Les preuves
n'ont pas été produites. »
Après l'audition des témoins, les
conservateurs ont entamé une série d'obstructions que les
libéraux ont résolues par un accord à deux partis
à l'effet d'augmenter les limites de dépenses des partis
politiques pendant la période pré-électorale, soit
du 30 juin jusqu'au déclenchement
de l'élection. Les conservateurs, dont les
coffres sont beaucoup mieux garnis que ceux ses libéraux,
accusent les libéraux de vouloir les empêcher de tirer
parti de cet avantage, mais les deux partis en profiteront puisqu'ils
pourront faire de la publicité électorale pendant que le
Parlement siège encore. La prétention de vouloir mieux
contrôler la désormais « campagne
permanente » a
été exposée parce que les conservateurs ont
immédiatement fait d'importants achats publicitaires.
Après la conclusion de l'accord entre
libéraux et conservateurs, le comité permanent a
décidé d'un commun accord de hâter son examen
article par article de plus de 300 amendements, ce qu'il a fait
à la vitesse de l'éclair - en 17 heures sur quatre
jours. Tous les amendements des libéraux ont été
adoptés, mais seuls quelques-uns
des amendements présentés par les conservateurs et le NPD
ont été acceptés. Les amendements des
libéraux renforcent les contrôles sur les tiers et
introduisent une responsabilité et des réglementations
pour les plateformes de médias sociaux les obligeant à
surveiller et à conserver un registre de toutes les
publicités.
Le comité a terminé ses travaux le
jeudi 18 octobre et a présenté son rapport à
la Chambre des communes le lundi 22 octobre, avant même que
la transcription de ses délibérations soit
terminée. À l'étape du rapport à la Chambre
des communes, les conservateurs ont présenté 177
amendements et le NPD en a présenté deux,
et les 179 ont été regroupés. Avec un
mépris total pour les députés et tous ceux qui
observent les débats de la Chambre des communes, les amendements
ont été lus un à un de manière
incompréhensible pour quiconque sauf les rédacteurs du
projet de loi. Exemple : « Que le projet de loi C-76,
à l'article 233, soit modifié par
substitution, à la ligne 2, page 118, de ce qui
suit : ‘ou dont l'objectif premier au Canada consiste
à'. »
Moins d'une heure après le début du
débat à l'étape du rapport, les libéraux
ont déposé une motion d'attribution de temps couvrant
l'étape du rapport et la troisième lecture.
Comme tous les changements apportés à la Loi
électorale
du
Canada par les gouvernements avant celui-ci,
les amendements du gouvernement libéral apportent des
changements qui servent les partis au pouvoir. C'est pourquoi ils
passent par la Chambre à toute vitesse, contournant toutes les
conventions habituelles. Les libéraux veulent
que le projet de loi puisse être adopté et les mesures
mises en
place à temps pour les prochaines élections
fédérales, prévues pour octobre 2019.
En 2014, lorsque les conservateurs ont adopté leurs
réformes électorales, les libéraux ont
plaidé passionnément contre cette façon de faire.
En fait, certains députés conservateurs, dans leur
objection à
la motion d'allocation de temps, reprennent presque textuellement des
arguments donnés par les libéraux en 2014, comme
celui-ci : « Lorsque nous discutons de tout changement
à la Loi électorale du Canada ou à Loi
sur le Parlement du Canada à l'étape de la
deuxième lecture, de la troisième lecture ou du rapport,
l'allocation de temps et la clôture ne devraient pas s'appliquer.
La motion codifie essentiellement une convention de la Chambre, une
tradition que nous devons respecter [...] l'allocation de temps ne
devrait pas être utilisée quand il s'agit de quelque chose
d'aussi important. »
Supplément
Le projet de loi C-78, la Loi sur la
modernisation des élections
- Anna Di Carlo -
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Le référendum sur la
représentation proportionnelle de la Colombie-Britannique
Des rencontres sur la représentation
proportionnelle dans la région intérieure centrale de
la Colombie-Britannique
Séance d'information communautaire à Quesnel, le 1er
novembre
Les résidents de la Colombie-Britannique ont
maintenant reçu leur scrutin postal à être
envoyé avant le 30 novembre pour le
référendum sur l'adoption d'un nouveau mode de scrutin de
Représentation proportionnelle (RP). Des discussions ont lieu
sous diverses formes, notamment des débats structurés,
des
réunions en petits groupes au
sein d'associations et de syndicats locaux, ainsi que des sessions
d'information communautaires dans des villes partout dans la
région intérieure centrale de la Colombie-Britannique.
Plus
récemment,
le 24
octobre,
la
branche
locale
du
Conseil
des
Canadiens
de
Williams
Lake
a organisé une réunion
à laquelle Jay Sanders, de Pour un vote équitable Prince
George, a présenté un diaporama sur les avantages de la
RP. Peter Ewart, du Comité Debout pour le Nord - lequel
comité est connu pour ses actions et ses
discussions sur comment le peuple peut obtenir un plus grand
contrôle de sa vie et de ses communautés - a fait un
exposé sur certaines des idées erronées promues
par les tenants du Non à la RP et par certains grands
réseaux médiatiques. Il s'est ensuivi une discussion
approfondie et plusieurs participants y ont contribué par leurs
commentaires
réfléchis et leurs questions judicieuses.
Le 1er novembre, lors d'une autre session
d'information communautaire réussie à Quesnel, Sanders et
Ewart ont à nouveau fait des exposés sur la RP. La
réunion a été présidée par Dawn
Hemingway du Comité Debout pour le Nord. Plus de 45
personnes y ont participé et, comme pour la réunion de
Williams Lake, la discussion et
les questions soulevées par les participants étaient
excellentes. Plusieurs des participants ont laissé leur nom afin
de recevoir plus d'information au sujet de la RP et des
activités de Debout pour le Nord. La discussion s'est poursuivie
au-delà du temps alloué à la réunion et les
participants ont fait valoir que la représentation
proportionnelle serait une
amélioration par rapport au système uninominal
puisqu'elle représenterait davantage l'intention des
électeurs. Avant de quitter, plusieurs personnes ont
demandé des dépliants et de l'information
supplémentaire pour leurs familles, leurs amis et leurs voisins.
La prochaine réunion communautaire dans la
région aura lieu le 7 novembre à 19 h 30
à
la succursale principale de la Bibliothèque publique de Prince
George et est organisée par Pour un vote équitable Prince
George. Jay Sanders et Peter Ewart y feront les présentations et
tout le monde est invité à y participer.
Les contes de fées du camp du Non
- Peter Ewart -
Selon Larousse, un conte de fées « est un
récit merveilleux peuplé de personnages imaginaires bons
(fées, lutins, elfes...) ou mauvais (ogres, sorcières...)
et d'animaux fabuleux (licorne, dragons...) ».
Et quel bazar de contes étranges les
porte-parole du Non à la RP nous servent pour tenter de
discréditer la représentation proportionnelle (RP)
soumise au référendum !
Par exemple, l'un des plus bizarres est l'affirmation
selon laquelle le système uninominal majoritaire à un
tour existant en Colombie-Britannique est un système non
partisan et que les députés sont non partisans. S'il y a
un endroit dans le monde où cela faux, c'est bien en
Colombie-Britannique, où a été mis en place un
système de partis absolu depuis 1903, lorsque les grands
partis se sont
emparés du processus.
Pourtant, c'est précisément ce que
prétendent les porte-parole du camp du Non dans leurs attaques
contre la RP. Ils racontent que le système uninominal
majoritaire à un tour est en réalité un
système non partisan, ce qui signifie que les
députés sont non partisans et, comme dans le conte de la
Mère
l'Oie, ils accueilleront les électeurs dans leurs bureaux,
quelle que soit leur politique. D'un autre côté, ils
affirment que si la RP est adoptée, tout cela va empirer la
situation et que, comme la fille du meunier dans le Nain Tracassin, les
députés deviendront redevables et contrôlés
par les partisans des partis politiques.
En racontant de telles histoires,
le camp du Non cherche à utiliser le travail des
députés dans leur circonscription (qui serait le
même sous n'importe quel mode de scrutin, y compris le scrutin
proportionnel) pour dissimuler le volet législatif qui, en
Colombie-Britannique, repose entièrement sur le système
de partis.
Au lieu d'un conte de fées, examinons la pure et
dure réalité de la politique en Colombie-Britannique
aujourd'hui. Les députés sont choisis et nommés
par les partis politiques et non par l'électorat
général. Une fois élus, ils sont sous la coupe des
partis politiques. Ils doivent suivre la ligne du parti sur toutes les
questions majeures et même sur
la plupart des questions mineures, sinon ils risquent d'être
sanctionnés, notamment d'être expulsés du parti. Au
cours des dernières années, c'est ce qui est
arrivé au député libéral Paul Nettleton et
au député néo-démocrate Bob Simpson de
la région centrale intérieure.
Il est encore plus risible de dire que les
députés sont non partisans. Lors de la dernière
session législative, environ 87 projets de loi ont
été adoptés par 87 députés des
trois partis représentés à l'Assemblée
législative. Cela équivaut à
environ 8 700 votes distincts. Sur ces 8 700 votes,
il a été calculé que
seulement cinq députés n'ont pas suivi la ligne de leur
parti.
Dans les régions intérieures centrales et
du Nord, tous les
sièges actuels sont occupés par des députés
libéraux, ce qui équivaut à un monopole
régional. Les 30 à 40 % des
électeurs qui ont voté pour les autres partis n'ont pas
d'expression pour leurs votes, c'est-à-dire que les votes sont
« perdus ». Sur l'île de Vancouver, c'est le
même problème : le NPD détient 40 %
des voix, mais 70 % des sièges, tandis que les
libéraux, avec 30 % des voix, ne disposent que d'un
siège. Dans les deux cas, il ne fait aucun doute que ce sont des
monopoles régionaux partisans.
En quoi la représentation proportionnelle
sera-t-elle différente ? Une chose est certaine, cela
signifiera la fin des monopoles régionaux d'un parti ou un autre
parti. Si les partis obtiennent 30 % des voix, ils
obtiendront 30 % des sièges, ni plus, ni moins. Le
résultat sera que dans une région donnée,
plutôt que des
monopoles régionaux, il y aura probablement des
députés à la fois au gouvernement et dans
l'opposition.
Pour semer la confusion, le camp du Non colporte
également un deuxième conte de fées selon lequel
la RP signifiera dire « Adieu à vos députés
locaux ». Il fait même circuler une brochure
sensationnelle affirmant que la représentation proportionnelle
« privera les communautés rurales de leur
député élu localement et éliminera la voix
des petites communautés de la Colombie-Britannique au sein du
gouvernement ».
Un autre élément de cette
désinformation est que, au lieu d'avoir des
députés locaux, il y aura des députés
choisis par les « chefs de parti » qui seront
parachutés de Vancouver pour prendre la place des
députés à Williams Lake, Quesnel, Prince George et
dans d'autres régions rurales.
Ce n'est pas vrai. Dans les trois options de
représentation proportionnelle proposées, les
députés locaux seront élus directement par les
électeurs de chacune des circonscriptions élargies, comme
avec le système uninominal à un tour. De plus, dans deux
des choix (membre rural-urbain et membre mixte), les électeurs
bénéficieront également de
l'avantage supplémentaire de voter pour plusieurs
députés régionaux. Si un système de liste
ouverte est adopté, ce qui sera fort probablement le cas puisque
tous les partis de l'Assemblée législative ont
exprimé leur soutien à une liste ouverte, les
représentants régionaux seront choisis directement par
les électeurs de la région.
Un troisième conte de fées est
l'idée qu'avec la RP, toute la base du pouvoir politique de la
province se déplacera soudainement à Vancouver et dans le
Lower Mainland. Cela ne tient pas compte du fait que, en termes de
population et de sièges à l'Assemblée
législative, le Lower Mainland domine depuis 100 ans et
continuera de
dominer peu importe le système de vote choisi. En effet, la
réalité est que la population est restée la
même ou a diminué dans de nombreuses zones rurales tout en
augmentant dans le Lower Mainland. Au moins dans le cadre de la
représentation proportionnelle, les électeurs ruraux
auront plus d'un député pour les représenter,
qu'ils soient dans des
circonscriptions locales ou régionales.
Un quatrième conte de fées est que
« les dés sont pipés » dans le processus
référendaire et que le système de vote par
bulletin postal est défectueux. La réalité est que
le gouvernement provincial, en vertu de la loi actuelle, n'a même
pas à tenir un référendum pour modifier le mode de
scrutin. C'est totalement arbitraire et c'est la
responsabilité du gouvernement en place. En fait, la
dernière fois que le système électoral a
été modifié dans la province, c'est en 1952
et cette réforme a été faite par un gouvernement
de coalition libéral. Il n'y a pas eu de
référendum ni de processus de participation. De plus, au
cours des vingt dernières années, deux
référendums par
correspondance ont été organisés sous le mandat du
précédent gouvernement libéral de la
Colombie-Britannique, et il considérait ces
référendums comme des processus légitimes.
Le plus grand conte de
fées du Non est sans aucun doute que si la représentation
proportionnelle est adoptée le ciel nous tombera sur la
tête - c'est-à-dire que les néonazis et les
racistes s'empareront de l'Assemblée législative, que
l'économie s'effondrera et que les électeurs seront
privés de leur droit de vote.
La vérité est que le ciel ne tombera pas
si le scrutin proportionnel est introduit, pas plus qu'il ne tombera
si les électeurs choisissent de rester avec le SMU. La vie
continuera quel que soit le système en place.
Cela dit, l'adoption de la représentation
proportionnelle se traduira par des résultats électoraux
plus précis et proportionnels. Surtout, ce sera une victoire
pour les Britanno-Colombiens, pour avoir agi, pour avoir apporté
des changements et défini un programme pour un renouveau
démocratique plus poussé dans la province.
Et ça, ce n'est pas un conte de fées.
Le Régime de pensions du Canada
tire des profits des
prisons privées américaines
La privatisation des prisons et la violation
criminelle des droits humains
- K.C. Adams -
Manifestation contre la détention des immigrants et de leurs
familles, El Paso, le 26 juin 2018
Les Canadiens exigent le
contrôle de leurs économies de retraite
L'Office d'investissement du Régime de pensions
du Canada (OIRPC), une entreprise d'État, investit davantage
l'épargne des retraités dans le groupe GEO et CoreCivic,
les
deux plus grandes sociétés privées
américaines propriétaires de nombreuses prisons
américaines. Parmi les prisonniers détenus dans leurs
prisons privées, on trouve à la fois
des détenus que l'État a légalement
condamnés à une peine d'emprisonnement et des familles
entières de migrants qui tentent d'entrer aux États-Unis
pour commencer une nouvelle vie. Les entreprises pénitentiaires
sont devenues d'énormes entreprises de milliards de dollars avec
des contrats garantis par le gouvernement pour incarcérer des
prisonniers avec peu de réglementation pour encadrer leurs
opérations. L'Office a augmenté sa participation dans les
deux sociétés pénitentiaires américaines
aux États-Unis malgré une très forte opposition.
Selon les documents déposés par la SEC
(Security and Exchange Commission) des États-Unis, l'Office
conservera 5,9 millions de dollars américains en actions
échangées sur les marchés du groupe GEO et de
CoreCivic. Le fonds de pension de l'État canadien a
récemment augmenté ses 12 000 actions dans le
groupe GEO,
le plus important exploitant de prisons privées
américaines, soit près de 13 fois, pour
atteindre 153 500 actions d'une valeur de 4,2 millions
de dollars. L'Office a également accru son investissement dans
la deuxième plus grande société
pénitentiaire privée, CoreCivic, qui est passée
de 33 000 actions
à 73 700 actions, pour une valeur d'environ 1,7
million de dollars.
Le rôle des prisons privées s'est
considérablement accru suite aux mesures de «
tolérance zéro » adoptées par le
gouvernement américain contre les migrants fuyant la violence et
la pauvreté en Amérique centrale et ailleurs. Cette
offensive de l'État américain contre l'humanité
comprend la détention illimitée de tous les
réfugiés et,
pendant l'été, la séparation forcée des
enfants de leurs familles. Selon les statistiques de 2017 obtenues
par le National Immigrant Justice Center, 70 % des immigrants
que le gouvernement américain a détenus sont
incarcérés dans les centres possédés par
CoreCivic et le groupe GEO.
Les médias de l'oligarchie financière
rapportent que les politiques de l'administration Trump ont
créé « des perspectives positives pour les
sociétés de détention privées
américaines telles que CoreCivic et GEO Group ». Lors
de conférences téléphoniques récentes, les
dirigeants des deux entreprises ont déclaré aux
investisseurs et aux
analystes qu'ils s'attendaient à ce que les contrats
fédéraux de détention d'immigrants continuent de
croître.
Un analyste de JP Morgan a écrit : «
Nous pensons qu'une utilisation accrue des prisons privées sera
probablement nécessaire pour gérer l'afflux de
détenus en raison de la population carcérale dans les
institutions fédérales qui ont atteint 120 % de
leur capacité ». Les deux entreprises, a-t-il
déclaré, « fournissent un
rendement de dividende favorable d'environ 7 %, ce qui
signifie que chaque investisseur reçoit un rendement
régulier sur investissement de 7 %. »
L'OIRPC gère 366,6 milliards de dollars en
épargne-retraite d'environ 20 millions de retraités
canadiens, et augmente ses investissements dans les entreprises de
sécurité privées, l'économie de guerre et
des secteurs qui sont fortement critiqués pour leur manque de
considération pour la santé des gens et l'environnement
social et
naturel. Selon les documents déposés par la SEC, l'Office
aurait investi 186 millions de dollars dans ExxonMobil, 202
millions de dollars dans le géant du tabac Philip Morris
International, 18,7 millions de dollars dans l'entreprise
militaire General Dynamics et 36,8 millions de dollars dans une
autre société de l'économie
de guerre, Raytheon.
Malgré de nombreuses
critiques, les cadres dirigeants de l'Office défendent leur
pratique de placements dans l'économie de guerre, dans des
prisons privées et d'autres entreprises douteuses contraires
à l'édification d'une nation moderne et au mouvement
grandissant en faveur d'un gouvernement antiguerre et d'humaniser
l'environnement
naturel et social. Face à cette condamnation de ses
investissements dans les
prisons privées, un porte-parole de l'Office a
déclaré : « Nos programmes passifs
reproduisent des indices boursiers larges ... L'objectif de l'Office
est de rechercher un taux de rendement maximal sans courir de risque
déraisonnable. Cet objectif unique signifie que l'Office
n'examine pas les placements individuels fondés sur des
critères sociaux, religieux, économiques ou
politiques. »
Ces paroles illustrent bien le manque total de principe
de l'impérialisme qui peut excuser toute activité
corrompue car il nie le facteur humain/conscience sociale. De plus en
plus de Canadiens sont
scandalisés par la façon dont l'Office investit leur
épargne-retraite et exigent un changement. L'opposition est le
reflet du mouvement
grandissant des travailleurs pour se donner le pouvoir et pour
l'édification nationale afin de prendre le contrôle de
l'économie et de la politique du pays et priver l'oligarchie
financière mondiale du pouvoir qu'elle détient
actuellement sur tous les aspects de la vie au Canada, y compris
l'investissement de l'épargne-retraite du peuple.
À
titre d'information
Les prisons privées américaines profitent
de la détention de masse des immigrants
Des étudiants manifestent à une réunion du
sénat de l'Université Colombia pour exiger que
l'université cesse d'investir dans les prisons, le 2 avril 2015.
Voici des extraits de l'article intitulé «
For Private Prisons,
Detaining Immigrants Is Big Business » (La détention
des immigrants est
une affaire lucrative pour les prisons privées), publié
dans l'édition
du 1er octobre du New York Times. Ils sont traduits de
l'anglais par LML.
***
Une population grandissante de détenus dans les
années 1980 a
entraîné une expansion des prisons privées.
Aujourd'hui, les prisons privées sont devenues les centres de
détention par défaut du
gouvernement pour les migrants sans papier.
M. Beasley, en tant que cofondateur en 1983 de
Corrections
Corporation of America, et promoteur de la ligne dure face à la
criminalité dans le pays, a vendu des espaces de
détention aux
gouvernements fédéral et de l'État qui
emprisonnaient les gens plus
vite qu'ils ne pouvaient trouver une place dans leurs propres
institutions.
L'entreprise de Beasley, renommée CoreCivic il y
a deux ans, est
devenue un chef de file dans ce qui est maintenant une industrie
américaine d'environ 4 milliards de dollars par an, les prisons
à but lucratif,
des propriétés privées. Une fonction clé de
ces centres est de s'occuper des immigrants sans-papier. Leurs centres
de détention sont situés
principalement dans le sud et l'ouest où le
gouvernement envoie
la
plupart des personnes qui sont surpris en train d'entrer
illégalement
aux États-Unis.
Sous Trump, le traitement des migrants revêt une
nouvelle urgence,
compte tenu des efforts de cette administration pour un
contrôle strict
des frontières, dont la détention d'un grand nombre
d'enfants. Les
données obtenues par le New York Times ont montré
qu'à la mi-septembre, 12 800 enfants migrants ont
été détenus
dans un des centres octroyés en sous-traitance par le
fédéral, cinq fois le nombre d'enfants détenus un
peu plus d'un an auparavant.
Des images des prisons privées saisies sur une
vidéo (d'un centre
de détention privée dirigé par GEO Group) montrent
de la nourriture à
peine comestible, des soins de santé inhumains, la
brutalité des
gardiens et des mesures de bouts de chandelle pour réduire les
coûts.
L'an dernier, les détenus ont fait une
grève de la faim pour
protester contre leur traitement à la prison du groupe GEO
à Adelanto,
en Californie. Les gardiens de prison les ont battus et aspergés
de
poivre de cayenne, disent-ils, et ils poursuivent maintenant en justice
GEO et les autorités fédérales et locales pour ce
qu'ils considèrent comme
des
violations des droits.
« Les conditions dans le centre de
détention sont mauvaises, y
compris la nourriture », a dit M. Cortez Diaz, un ancien
migrant détenu,
à Retro Report. Il a
ajouté : « Ils ne se
soucient pas si quelqu'un est
malade, si la nourriture est insalubre. Voilà comment nous
en sommes
arrivés à nous dire que nous devons
protester. »
Les plaintes concernant les prisons privées ne
sont pas nouvelles.
Elles remontent presque à l'avènement même des
prisons dans les
années 1980. Ce furent les années Reagan, lorsque le
gouvernement a
cherché à remettre une partie de ses
responsabilités entre des mains
privées. Ainsi, les populations des centres de détention
ont
augmenté rapidement, et les prisons sont devenues
surpeuplées de façon
alarmante.
Au niveau fédéral et des États,
les prisons privées fonctionnent
maintenant dans plus de deux douzaines d'États, souvent dans des
régions relativement isolées où les emplois
peuvent être rares. Dans
certains États, il n'est pas rare que le crime dans les grandes
villes
devienne le développement économique d'une région
rurale.
Les critiques des prisons privées citent des
événements survenus, comme les
émeutes de 2015 pour protester contre les mauvaises
conditions dans une
prison en Arizona dirigée par un autre important acteur
privé,
Management & Training Corporation. Les histoires abondent
d'économies de bouts de chandelle par les propriétaires
des
prisons, avec de la nourriture insalubre et de piètres soins de
santé
pour les détenus, les bas salaires, la formation
inadéquate pour les
gardiens et les pénuries de personnel. Aux centres de
détention
d'immigrants, les entrepreneurs ne voient guère le besoin
d'offrir des
programmes éducatifs complets ou la formation professionnelle,
puisque
les
personnes qui y sont détenues sont principalement
condamnées à la
déportation.
« Pour maximiser les profits, vous
réduisez vos dépenses, » a
déclaré au Retro Report Rachel Steinback, une avocate
pour les
grévistes de la faim à Adelanto.
Les entreprises privées accueillent
environ 9 % de la population
carcérale totale du pays, qui est d'environ deux millions et
demi. Mais
ils prennent soin d'une part beaucoup plus importante des immigrants
détenus - selon certaines estimations
jusqu'à 73 %. Alonzo Pena,
l'ancien directeur adjoint d'Immigration and
Customs Enforcement (ICE), reconnaît que les entreprises ont
failli à
la tâche. « Ce ne fut pas leur priorité de veiller
à ce que les normes
les plus élevées soient respectées », a
déclaré M. Pena.
M. Pena a dit qu'ICE mérite une partie du
blâme. « Nous avons mis
en place ce partenariat avec l'industrie privée d'une
manière qui était
censée rendre les choses beaucoup plus efficaces, beaucoup plus
économiques », a-t-il dit. Des études
suggèrent que les gouvernements
économisent peu d'argent, s'ils en économisent, en
transférant la
gérance des
prisons à des entreprises privées. Et en 2016, sous
le président Obama,
le département de la Justice a conclu que les prisons
privées étaient
en général plus violentes que les institutions
gérées par le
gouvernement.
L'administration Trump ne laisse planer aucun doute sur
le fait
qu'elle détiendra autant d'immigrants sans papier que possible
et qu'elle les enverra à des centres à but lucratif. Et
pour s'assurer que cela
va se faire,
les entreprises dépensent des millions de dollars en campagnes
et en
efforts de lobby (un peu comme les entreprises qui vendent des
voitures, des biens immobiliers ou des hamburgers).
La forte augmentation d'enfants migrants détenus
a fait l'objet d'une couverture récente du Times. Une
enquête fédérale en 2016 a
constaté que les prisons privées sont
plus dangereuses que les prisons gérées par le
gouvernement, autant
pour les gardiens que pour les détenus ; l'administration
Trump
a indiqué
plus tôt cette
année qu'elle étendra leur utilisation.
Extraits d'un autre reportage du New York Times.
Des conditions dignes d'une oeuvre de Dickens dans un centre de
détention à but lucratif
Review of AMERICAN PRISON
- A Reporter's Undercover Journey Into the Business of Punishment
(Enquête sur les prisons américaines - le séjour
d'un journaliste
infiltré dans
le monde des pratiques commerciales du châtiment) par Shane Bauer
(Un nouveau gardien au Centre correctionnel de Winn, un
pénitencier privé dans la Louisiane rurale) ne
reçoit que quatre
semaines de formation — si, bien sûr, l'instructeur se
présente, et le
salaire de base est de 9 $ l'heure. Bauer ne tarde pas
à découvrir que
tous les gardiens obtiennent le même salaire, peu importe le
nombre
d'années qu'ils ont travaillées à Winn. La seule
façon d'augmenter son
salaire est de monter dans les échelons, mais la plupart des
gardiens
ne restent pas assez longtemps pour être promus. Le roulement et
les
pénuries de personnel sont tellement élevés que
même Bauer est invité à
former de nouveaux employés moins de sept semaines après
son
arrivée.
La principale préoccupation de l'entreprise
semble être de
maintenir la parité avec le Walmart local, où le salaire
est comparable
et les conditions sans doute moins stressantes. « Certains disent
que
nous sommes prêts à embaucher n'importe qui »,
dit le chef de formation
de la prison à Bauer et ses collègues plus jeunes.
« Ce n'est pas
vrai. Par contre, si vous venez ici, que vous respirez, que votre
permis de conduire est valide et que vous êtes prêts
à travailler,
alors nous sommes prêts à vous embaucher. »
(Oui, c'est la citation
exacte. Bauer dissimulait un appareil d'enregistrement dans son stylo.).
Bauer découvre que chaque décision de
gestionnaire à Winn est
dictée par une seule exigence : maintenir la
rentabilité en resserrant
les coûts, en commençant par de bas salaires, ce qui
engendre des
pénuries de personnel tellement aiguës qu'elles menacent la
sécurité
des gardiens aussi bien que celle des détenus. Mais la crise
avec
laquelle Winn est aux prises est beaucoup plus sérieuse. Au
cours de
son séjour de quatre mois, le journaliste note une douzaine
d'attaques
au couteau, de nombreux incidents de « recours à la
force » (beaucoup
plus nombreux que dans une institution comparable gérée
par l'État),
des portes de cellules que les détenus peuvent ouvrir, des
soins médicaux affreux, et le suicide d'un détenu qui
aurait
probablement pu être évité. Il enregistre des
gardiens qui avouent de
manière éhontée avoir dressé des chiens
limiers en se servant de
détenus comme proies, d'avoir aussi battu des détenus
à l'insu des
caméras et d'avoir négligé d'accomplir même
les routines les plus
élémentaires liées à
leur emploi.
« C'est le désordre ici », dit
un détenu. « Ces sont les détenus
qui mènent cette merde, mon gars. » Il s'agit moins
d'une vantardise
que d'un grief, puisque la situation est dangereuse pour tout le monde.
Si Conover (un journaliste d'enquête qui a infiltré le
pénitencier
public de Sing Sing) avait pour objectif de découvrir ce que
c'est que de gérer un pénitencier, Bauer pour sa part
pose la question
différemment : Comment vit-on comme gardien ou prisonnier
dans un
pénitencier que personne ne contrôle ?
Son enquête sur l'incarcération à
but lucratif commence au milieu
du XIXe siècle et aborde un sujet familier :
l'incarcération de masse
dans le Sud qui était simplement de l'esclavage, rien d'autre.
Mais
Bauer déterre de nouveaux détails, surtout au sujet de
l'histoire de la
location de détenus qui faisait en sorte que des
pénitenciers au
complet — dont la plupart des détenus étaient
afro-américains — étaient
loués à des individus ou à des entreprises pour en
faire une
main-d'oeuvre captive. Le travail des prisonniers ne se limitait pas
à
semer et récolter le coton. L'usine de textile dans le premier
pénitencier au Texas est devenue la plus grande usine de cet
État, et
les détenus dans
tout le Sud étaient forcés de creuser des galeries de
mines et de
construire des chemins de fer, travaillant généralement
dans des
conditions horribles. Le taux de mortalité était
extrêmement élevé : il
ne coûte rien de remplacer un détenu contrairement
à un esclave. C'est
l'histoire avant tout du Sud qui tente de concurrencer l'industrie du
Nord
sans déstabiliser sa structure régionale du pouvoir
déjà en place,
c'est-à-dire, sans syndicats. Les détenus étaient
les premiers briseurs
de grève.
Des prisons gérées par des compagnies
comme CCA (qui a récemment
troqué son nom pour celui de CoreCivic), fondée
en 1983, et qui est
aujourd'hui une entreprise cotée à la bourse pour une
valeur
de 3,04
milliards $, ne font plus d'agriculture ou ne
produisent
plus rien de valeur, en principe. Ce sont les détenus
eux-mêmes
qui sont une marchandise, et l'entreprise fait de l'argent en
persuadant les législateurs qu'une opération
privée peut incarcérer des
prisonniers et s'en occuper à plus bas prix que l'État
(34 $ par détenu
au pénitencier de Winn). Bien sûr, les économies de
bouts de chandelle
et les pénuries de personnel existent aussi dans les prisons
gérées par
l'État (en particulier dans des États comme la
Louisiane), mais il y a
une autre considération qui s'impose lorsqu'un
intermédiaire assoiffé
de profits s'en mêle : qu'arrive-t-il lorsque la
libération d'un détenu
signifie une baisse de revenus pour le pénitencier ? Bauer
découvre
qu'un prisonnier admissible à la libération est
détenu pendant
une année au-delà de sa date de libération sous
prétexte qu'il n'avait
pas d'adresse connue en Louisiane — une formalité qui a sans
doute
permis à la compagnie d'empocher 12 419 $
supplémentaires en raison de
l'incarcération prolongée du détenu.
L'exploitation ne se limite pas non plus aux
prisonniers. La
plupart des gardiens de Winn, comme Bauer lui-même, se rebutent
face
aux taches excessives et détestent le chaos qui rend leur emploi
encore
plus dangereux.
La conclusion que Bauer en tire est que les
pénitenciers privés
comme ceux de Winn ne peuvent être améliorés,
puisque la soif du profit
pousse inévitablement les entreprises à courir des
risques et à faire
des économies.
Aujourd'hui, l'industrie prospère en raison d'un
marché à la hausse suite à la détention
grandissante d'immigrants.
Pour ce qui est de Winn, les conditions de
l'unité ont continué de
se détériorer jusqu'à ce que le personnel d'un
pénitencier d'État y
entre en trombe et prenne de nouveau le contrôle, quoique
temporairement, de la situation. Deux semaines après le
départ de
Bauer, CCA a volontairement rompu son contrat, avouant essentiellement
que le
centre carcéral était une cause perdue. De hauts
fonctionnaires de la
Louisiane ne semblaient pas pour autant partager ce point de vue. Une
autre compagnie, LaSalle Corrections, a immédiatement
hérité de la
gestion de Winn, mais l'État ne leur accordait plus le prix
avantageux
de 34 $ par détenu qu'il avait concédé
à CCA.
LaSalle a accepté de gérer le
pénitencier à raison de 24 $ par détenu.
Canada, hors de l'OTAN !
Le Canada ne doit pas servir de terrain
d'entraînement militaire pour l'OTAN
- Christine Dandenault -
Les membres du prochain contingent à prendre part à
l'Opération REASSURANCE, en Lettonie, étaient à
l'entraînement sur la Base Valcartier et dans les
municipalités régionales de comté (MRC) de
Portneuf
et de La Jacques-Cartier du 17 au 23 octobre 2018.
Du 19 au 21 octobre dernier, les troupes du
prochain contingent à prendre part à l'Opération
REASSURANCE de l'OTAN ont utilisé le territoire des
municipalités régionales de comté (MRC) de
Portneuf et de La Jacques-Cartier pour s'entrainer. À pied ou
à bord de véhicules blindés, les troupes ont
arpenté les routes des villes de Portneuf, Cap-Santé,
Saint-Basile, Pont-Rouge, Fossambault-sur-le-Lac,
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Shannon et
Saint-Gabriel-de-Valcartier.
Les activités ont été
présentées comme étant sans danger pour la
population et inoffensives. En zone publique, les scénarios
effectués ont été l'observation et la cueillette
d'information à des fins de reconnaissance militaire. Les
scénarios tactiques effectués en terrains privés
ont inclus une embuscade et une menace chimique,
bactériologique,
radiologique et nucléaire. Ces scénarios ont
nécessité l'utilisation d'armes personnelles, de
munitions à blanc et de matériel pyrotechnique.
Tout comme les exercices d'espionnage dans les rues de
Montréal en septembre en plein coeur de l'élection
provinciale, les exercices visent à ce que les soldats soient
aptes à mener des opérations en milieu urbain. Ils sont
traités comme des activités routinières sur
lesquelles le peuple n'a pas de contrôle, le Québec
étant déjà intégré à la
machine de guerre impérialiste américaine.
Cette présentation qui minimise le
caractère belliciste de ces exercices vise à
détourner l'attention du fait que l'entraînement de ces
forces fait partie des activités agressives de l'OTAN, un joueur
clé de la domination impérialiste de la planète
pour le compte de l'impérialisme américain. Le Canada en
est un membre actif.
L'opération REASSURANCE déploie les
forces militaires de nombreux pays en Europe centrale et en Europe de
l'Est pour « renforcer la défense collective de
l'OTAN » et « la force de la solidarité des
alliés ». En janvier 2019, ces troupes
intégreront le « Groupement tactique de la présence
avancée renforcée en
Lettonie » dans le cadre de l'Opération REASSURANCE.
L'OTAN a déployé quatre groupements tactiques semblables
dans les pays baltes et en Pologne.
À la veille des commémorations
du 100e
anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, les
demandes pour que le Canada sorte de l'OTAN, pour que le Québec
et le Canada soient des zones de paix et pour un gouvernement
antiguerre sont plus urgentes que jamais. Le mot d'ordre « Plus
jamais » nous guide dans nos
actions. C'est notre responsabilité collective de contribuer
à une paix véritable, à la souveraineté des
nations et à la sécurité de tous et de toutes.
Vote aux Nations unies sur le blocus de
Cuba par les États-Unis
Une autre victoire retentissante pour Cuba, dix
défaites pour les États-Unis
Le 1er novembre la résolution de Cuba sur
la « Nécessité de lever le blocus
économique, commercial et financier imposé à Cuba
par les États-Unis d'Amérique » a
été appuyée massivement pour la 27e fois par
les États membres aux Nations unies. La résolution a
été adoptée par 189 voix contre 2, seuls
les
États-Unis et Israël ayant voté contre, comme ce fut
le cas l'année dernière. Il n'y a pas eu d'abstention.
Avant le vote, le ministre cubain des Affaires
étrangères a prononcé un discours percutant dans
lequel il a décrit les dommages causés au peuple cubain
par le blocus, à commencer par des cas d'enfants atteints de
maladies graves pouvant mettre en danger leur vie, qui ne pouvaient
accéder aux traitements requis parce que le blocus empêche
Cuba d'acheter des médicaments et du matériel
médical auprès d'entreprises américaines.
Il a rappelé le mémorandum notoire
publié en 1960 par le sous-secrétaire d'État
des États-Unis, Lester D. Mallory, qui, disait-il, continue
d'être la base de la politique américaine à
l'égard de Cuba. Mallory y écrivait : « Il
n'existe aucune opposition réelle. Le seul moyen
prévisible de lui [le gouvernement] enlever cette assise
interne est de provoquer le désenchantement et la
désaffection basés sur l'insatisfaction et les
difficultés économiques... mettre en pratique au plus
vite tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique
de Cuba [...] en refusant à Cuba de l'argent et des livraisons
afin de réduire les salaires nominaux et réels, de
provoquer la faim, le
désespoir et le renversement du gouvernement ».
Rodriguez a dénoncé la tentative
américaine cette année d'inventer un prétexte pour
tenter de faire approuver son blocus en « modifiant »
la résolution de Cuba et en appelant les autres membres de l'ONU
à soutenir sa manoeuvre cynique. Il a accusé les
États-Unis de mensonges, de tromperie et d'immoralité -
expliquant les nombreuses
façons dont ils violent les droits humains dans leur pays et
à l'étranger, commettant des crimes contre
l'humanité, enfreignant les traités internationaux de
tous types, poursuivant une « prétendue paix »
basée sur la force et bien plus encore, montrant qu'ils n'ont
pas la moindre autorité morale pour juger Cuba, et encore moins
le soumettre à
un blocus génocidaire.
Depuis que les États-Unis ont occupé
militairement Cuba en 1898 pour l'empêcher de jouir de son
indépendance durement acquise, a déclaré le
ministre Rodriguez, les relations sont marquées par la
détermination des gouvernements américains de
contrôler le destin de Cuba en opposition à la
détermination inébranlable des Cubains de
défendre leur indépendance et leur
autodétermination. Aujourd'hui, a-t-il déclaré,
Cuba est « une nation absolument indépendante et
maître de son destin, qui développe des relations de
respect et entretient des liens d'amitié et de
coopération avec tous les pays du monde. » Soulignant
que cela a été réalisé avec les sacrifices
de plusieurs
générations, il a déclaré que les Cubains
les défendraient, peu importe le prix.
Lors des sessions de l'Assemblée
générale des 31 octobre et 1er novembre, les
États membres ont été invités à
prendre la parole avant tout vote. Plus de 30 représentants
se sont prononcés en faveur de la levée du blocus au nom
des organisations mondiales et régionales ou à titre
national. Personne, à l'exception des
États-Unis, n'a pris la parole contre la résolution de
Cuba.
Piquet tenu à Toronto le 30 octobre 2018, en faveur de la
résolution cubaine aux Nations unies afin que les
États-Unis mettent fin au blocus illégal contre Cuba.
Pas d'appui pour les amendements américains
fallacieux
Avant de voter sur les huit «
amendements » distincts soulevant des questions relatives
aux « droits de l'homme » et aux objectifs de
développement durable de l'ONU définis par les
États-Unis dans un stratagème cynique pour transformer la
résolution de Cuba en une condamnation de Cuba même, un
vote devait être pris pour
déterminer la majorité nécessaire pour l'adoption
de ces amendements. Cuba a insisté sur le fait qu'en
vertu du règlement intérieur de l'Assemblée
générale, une majorité des 2/3 était
requise. Les États-Unis ont maintenu qu'une majorité
simple suffisait. Lorsque le vote a eu lieu, c'est la position de Cuba
qui l'a emporté et ce fut la première d'une série
de défaites que les
États-Unis allaient subir.
Piquet à Ottawa, le 31 octobre 2018, à la veille du vote
de l'ONU - Le monde entier
appuie Cuba
Cela a été suivi par ses amendements qui
ont subi une défaite après l'autre. Seuls Israël et
l'Ukraine ont voté avec les États-Unis. Pour
l'essentiel, 114 pays ont systématiquement voté
contre les amendements, tandis que 66 se sont abstenus. La plus
grande victoire de Cuba a été le vote de la
résolution même. Lorsque les résultats,
encore une fois presque unanimes, sont apparus sur le tableau
d'affichage, la salle de réunion a éclaté sous les
applaudissements nourris en appui à Cuba. Cette fois-ci, les
États-Unis ne finissent pas seulement par s'isoler, ils
subissent dix défaites en une, comme l'a écrit le
président Diaz-Canel dans un gazouilli célébrant
la 27e victoire
consécutive de Cuba.
Assemblée avec la consul générale de Cuba à
Montréal, Mara Bilboa Diaz, le 1er novembre 2018, à la
suite du vote
massif de l'ONU demandant la fin du blocus étatsunien contre
Cuba.
Niki Haley, la représentante des
États-Unis, a pris sur elle de reprocher à tout le monde
ce qui s'est
passé. Disant qu'elle a été « surprise par
les applaudissements », elle a déclaré qu'il
n'y avait pas eu de gagnants, seulement des perdants. Elle a
affirmé que la Charte des Nations unies avait été
trahie - non pas par son gouvernement (ni
par celui d'Israël !) bien sûr - mais, de
manière ridicule, par tous ceux qui ont refusé d'appuyer
les attaques de son gouvernement contre Cuba et qui ont voté
pour la levée du blocus. Elle a ensuite attaqué l'ONU en
disant que « la confiance en elle est souvent mal
placée. » Enfin, feignant de s'inquiéter pour
les victimes du blocus
génocidaire de son gouvernement, elle a déclaré
hypocritement que, bien que l'ONU et la « plupart des
gouvernements du monde » les aient abandonné, le
peuple cubain pouvait compter sur les États-Unis,
ses véritables amis, voisins et « enfants de
Dieu »
pour ses tenir à ses côtés. Contrairement au
silence de fond qui a
accompagné la
harangue de Haley, la délégation cubaine a
bénéficié du soutien enthousiaste des diplomates
de nombreux pays qui ont félicité et accueilli le
ministre Rodriguez et la représentante permanente de Cuba
à l'ONU, Anayansi Rodriguez.
Délégation cubaine aux Nations unies, le 1er novembre
2018, à la suite de l'adoption de la résolution de l'ONU
appelant les États-Unis à mettre fin au blocus
imposé à Cuba.
Fin de l'élection
présidentielle au Brésil
Les forces populaires se regroupent pour intensifier la
lutte pour la démocratie et les droits
- Margaret Villamizar -
Manifestation à Sao Paulo le 30 octobre 2018 contre la
dictature, suite à l'élection de Bolsonaro
Le deuxième et dernier tour de l'élection
présidentielle au Brésil
s'est terminé le 28 octobre. Le candidat du Parti social
libéral (PSL)
Jair Bolsonaro, appuyé par d'importants intérêts
financiers et
d'affaires brésiliens et étrangers, par l'armée,
les grands
propriétaires fonciers et les Églises
évangéliques, et notoire pour son
discours
violent et grossier, a été élu avec 57,8
millions de votes (55,1 % des
votes valides). Il entrera en fonction le 1er janvier 2019
pour une
période de quatre ans. Son vice-président
désigné est un général de
l'armée à la retraite.
Fernando Haddad du Parti des travailleurs (PT) qui,
avec sa
colistière Manuela D'Ávila du Parti communiste du
Brésil (PCdoB),
représentait la coalition Brésil heureux de nouveau, a
obtenu un peu
plus de 47 millions de votes (44,8 % des votes valides ).
Environ 8,6 millions de bulletins de vote ont
été annulés, ce qui
représente 7,4 % de tous les votes. On dit que c'est
le nombre le plus
élevé de bulletins annulés depuis 1989 et
qu'il est supérieur de 60 % à
celui de la dernière élection en 2014. En plus, il y
a eu 2,5 millions
de bulletins qui
ont été remis non remplis. (2,1 %). Le nombre total
de bulletins
annulés ou blancs a atteint 11 millions, une augmentation
de 7,5 % par
rapport au premier tour de scrutin, où le taux de participation
a été
légèrement plus élevé. Le taux d'abstention
a été de 21,3 %. (Au
Brésil, le vote est obligatoire pour les
citoyens sachant lire et âgés de 18 à 70
ans.)
La continuation du coup
Manifestation à Rio de Janeiro le 30 octobre 2018 pour dire Non
! aux menaces du gouvernement Bolsonaro contre les droits
démocratiques
Dès le début de l'élection, les
dés ont été pipés contre le peuple.
C'était la poursuite du coup d'État initié par la
destitution
illégitime de la présidente Dilma Rousseff en 2016.
La direction de
l'attaque s'est ensuite portée vers l'ancien président
Luiz Inácio Lula
da Silva, le candidat présidentiel initial du PT qui a
été soumis à une
persécution de tous les instants des médias et d'un
système judiciaire
politisé déterminé à l'empêcher
d'être réélu et de renverser la
direction qui était imposée au pays sous le gouvernement
issu du coup.
Lula a été condamné et mis en prison sans preuve
matérielle, sur le
seul témoignage d'un criminel condamné qui avait
négocié un plaidoyer
et
obtenu une réduction de peine et la possibilité de
conserver une partie
de ses actifs. Cela a été suivi de la négation
inconstitutionnelle du
droit de Lula de poursuivre sa candidature à partir de la prison
et de
l'interdiction de donner des entrevues aux médias, sans doute
parce que
cela aurait pu améliorer les chances d'une victoire du PT.
D'autre sale travail a aussi été fait.
Moins de deux semaines avant
l'élection, un des plus gros quotidiens du Brésil a
publié un article
qui mentionnait qu'une caisse occulte illégale était
utilisée pour
mener une campagne de salissage hideuse contre Fernando Haddad et
Manuela D'Ávila par le biais de WhatsApp, une application de
messagerie
populaire. Le journal alléguait que le fonds a été
créé par des hommes
d'affaires très riches liés à Bolsonaro.
Malgré tous les obstacles posés devant
elles, les forces
populaires, souvent dirigées par des femmes, se sont
mobilisées en
grand nombre et de différentes façons pour essayer de
conjurer le coup
d'État électoral qui se préparait. De grandes
marches sous le slogan «
Lui, jamais » ont eu lieu dans tout le pays et ailleurs dans
le monde,
avertissant des dangers de l'élection de Bolsonaro et de la
possibilité
du retour du Brésil à une dictature militaire. Dans la
dernière semaine
de la campagne, beaucoup de personnes ont publié des photos
d'elles-mêmes parcourant les rues avec des affiches invitant
leurs
concitoyens à discuter autour d'un café des enjeux de
l'élection, de la
menace
posée par un retour au pouvoir des forces
contre-révolutionnaires, et
de l'importance de voter pour l'empêcher.
Bien que les sondages aient démontré que
l'avance de Bolsonaro
diminuait considérablement dans les derniers jours de la
campagne à
mesure que ce momentum se développait, cela n'a pas suffi
à produire le
renversement souhaité de la situation. Dans son discours de
concession
après l'annonce des résultats, Fernando Haddad a dit que
le
Brésil traversait une période où toutes les
institutions étaient mises
à rude épreuve et durant laquelle les droits civils,
politiques,
syndicaux et sociaux sont en jeu. Ce n'est pas le temps d'avoir peur,
a-t-il dit, mais de garder la tête haute et d'agir ensemble avec
courage en plaçant les intérêts du peuple
brésilien au-dessus de tout.
De son côté, Bolsonaro a affirmé
qu'il allait « sauver le Brésil ».
Dans sa première déclaration après avoir
été déclaré président élu, il
a dit : « Nous ne pouvons continuer de flirter avec le
socialisme, le
communisme, le populisme et l'extrémisme de gauche. »
L'un des premiers
à appeler et féliciter Bolsonaro a été le
président américain Donald Trump dont le porte-parole a
dit que les
deux étaient impatients de « travailler côte
à côte » en tant que «
dirigeants régionaux des Amériques. » Plus
récemment, lors d'un
discours devant la mafia anti-cubaine à Miami, le conseiller
à la
sécurité nationale de Trump, John Bolton, a salué
l'élection de
Bolsonaro comme un « signe positif » pour
l'Amérique latine, qui donne
aux États-Unis un nouvel allié contre Cuba, le Venezuela
et le
Nicaragua.
Le candidat à la présidence Fernando Haddad s'adresse
à la presse le 28 octobre 2018, après
la victoire de Jair Bolsonaro.
Les forces populaires
Le Parti communiste du Brésil, le Front
populaire du
Brésil et le Front du peuple sans peur, qui ont tous fait partie
de
l'alliance créée en appui à la candidature de
Haddad et de Manuela, ont
publié des déclarations dans lesquelles ils ont reconnu
les défis à
venir et exprimé leur détermination à prendre en
main immédiatement la
lutte pour
la démocratie et à la défense de la
souveraineté du Brésil et pour les
droits.
Le PCdoB a souligné la nécessité
d'organiser la résistance et une
vigoureuse opposition dans tous les secteurs politiques et sociaux du
pays et de bâtir une unité large afin de pouvoir mener une
lutte
effective à la défense de la démocratie et des
droits du peuple, et
d'empêcher que le Brésil régresse vers
l'état d'exception.
Le fait que les forces démocratiques et
patriotiques n'ont pas
perdu de temps et se sont mises en action tout de suite après
l'élection est un signe positif. En discutant de comment
procéder, en
développant le momentum qui s'est crééé au
cours des derniers mois et
en faisant jouer leur nombre et leur organisation, elles vont faire
avancer la lutte
pour priver les forces réactionnaires du pouvoir qu'elles ont
usurpé
pour priver le peuple de ce qui lui revient de droit. Les travailleurs
du Canada et du monde ne font qu'un avec elles alors qu'elles se
préparent aux batailles à venir.
Sao Paulo le 30 octobre 2018
Pour une large union de défense de la
démocratie, du Brésil et des droits du peuple
- Parti communiste du Brésil -
Discussion de masse à Sao Paulo pour organiser la
résistance au gouvernement Bolsonaro,
1er novembre 2018.
La victoire de Jair Bolsonaro à
l'élection présidentielle inaugure une nouvelle
période politique au Brésil, marquée par des
menaces à la démocratie, au patrimoine national, à
la souveraineté de la nation et aux droits du peuple. Jair
Bolsonaro a été élu président de la
République, déterminé expressément à
mettre en place un gouvernement
dictatorial et à mettre en oeuvre, par le feu et
l'épée, un programme ultralibéral et
néocolonial.
La liste Fernando Haddad,
président, Manuela d'Avila, vice-présidente, a recueilli
plus de 46 millions de voix et catalysé un positionnement
de la conscience démocratique de la nation, posant ainsi les
bases d'une forte opposition qui commence maintenant.
Il y a un tournant vers la déconstruction et
même la destruction des acquis et des conquêtes historiques
sur lesquels, malgré les graves problèmes qui persistent,
le Brésil et son peuple se sont développés et ont
prospéré.
Cela est devenu très clair lors de la campagne
du second tour, lorsque les institutions de la République, comme
la Cour suprême fédérale (STF) et le Tribunal
supérieur électoral (TSE), ont été
menacées. De même, les garanties fondamentales de la
Constitution fédérale, comme la liberté de la
presse, de manifester et d'organiser des partis
politiques ont été attaquées. L'autonomie des
universités a été piétinée. Au cours
de la campagne, le président élu a incité les
Brésiliens à la violence, à l'intolérance
et à la haine, et s'est engagé à emprisonner ou
à interdire les citoyens « rouges » qui ne sont
pas d'accord avec lui et à criminaliser les mouvements et les
entités populaires.
Vu l'importance du Brésil - dont
l'économie figure parmi les dix premières du monde -
cette rupture réactionnaire aura un effet fortement
régressif sur l'Amérique latine.
Le coup d'État d'août 2016 a
été le déclencheur des événements
qui ont mené à cette situation, qui se consolide
maintenant avec l'accession de l'extrême-droite au gouvernement
de la République. Il y a une rupture dans la construction de la
démocratie, laquelle avait été reprise
en 1985 après la fin de la
dictature militaire, par le biais d'un processus
électoral adopté dans lequel l'État de droit
démocratique étouffé par l'état
d'exception. Le discours au ton fasciste du candidat élu est
né de cela, non sans être confronté aux forces
démocratiques - une tendance qui sera certainement
renforcée dans le nouveau scénario politique.
Rencontre d'organisations sociales à Belo Horizonte, 1er
novembre 2018.
L'intégrité des élections a
été bafouée pour favoriser la candidature de la
droite, par des moyens illégaux, à la manière de
la soi-disant guerre hybride qui comprend l'utilisation à grande
échelle de fausses informations, les « fake
news », une entreprise financée criminellement par de
grands hommes d'affaires, comme cela a été
dénoncé
dans la presse. Des moyens illicites tels que ceux-ci, entre autres,
ont interféré dans les résultats du scrutin. Ces
agissements font à juste titre l'objet d'une enquête par
le
tribunal électoral, dont on attend une instruction
complète et rapide et des décisions conformes à la
gravité de ce qui s'est passé.
La résistance des forces démocratiques,
progressistes, populaires et patriotiques commence, soutenue par le
vote fort obtenu par la liste Fernando Haddad-Manuela d'Avila et par
les personnalités et les institutions qui défendent la
démocratie et la Constitution.
Une résistance et une opposition puissante
doivent être organisées dans toute la vie politique et
sociale du pays, à commencer par le Congrès national et
les autres organes législatifs, et doivent être
étendues aux mouvements sociaux, aux organisations de la classe
ouvrière, aux secteurs de la communauté d'affaires, au
monde universitaire, aux
intellectuels, aux artistes, au milieu juridique, aux secteurs
religieux et même aux membres des institutions de la
République. Les gouverneurs et les maires du camp
démocratique ont un rôle important à jouer.
Dans cette nouvelle réalité qui marque
une rupture du cycle de progrès de la démocratie
initié dans la ce qui a été appelé la
Nouvelle République, le
Parti Communiste du Brésil (PCdoB), comme il l'a toujours fait
tout au long de son histoire, se tient fermement dans les
tranchées de la défense sans compromis de la nation, de
la démocratie et du peuple
brésilien.
Le PCdoB, dont la légende presque centenaire
remonte à l'époque de l'Ancienne République, s'est
battu avec les autres forces progressistes du pays contre tous les
gouvernements, régimes autoritaires et tyrans qui ont
infesté l'histoire de la République. Fort de cette
expérience, il transmet au peuple brésilien avec
certitude et confiance que,
malgré les graves menaces qui pèsent sur le pays,
Bolsonaro aura du mal à concrétiser son obsession
à enterrer la démocratie brésilienne. Celle-ci est
enracinée profondément dans le sol du pays et a
coûté à la nation de grandes souffrances et de
nombreuses vies. Progressivement, de ces millions et millions de
personnes qui ont voté et soutenu la
candidature de Haddad comme président et de Manuela comme
vice-présidente, une majorité se lèvera pour
défendre la démocratie, et elle baincra à nouveau.
Dans ce but, le PCdoB s'adresse aux citoyens et aux
forces démocratiques du pays et leur lance un appel à
construire dès maintenant une grande union dans le but d'ouvrir
la voie à un avenir civique, patriotique, démocratique et
populaire, contre le retour d'un régime d'état
d'exception et pour la défense de la démocratie, du
Brésil et des
droits du peuple.
São Paulo, 28 octobre 2018
Luciana Santos, députée fédérale
Présidente du Parti Communiste du Brésil - PCdoB
Comité exécutif national du Parti communiste du
Brésil - PCdoB
7 novembre : anniversaire de la
Grande Révolution d'Octobre
Les travailleurs du monde entier aspirent plus que
jamais à une société nouvelle
Des représentants de partis politiques et d'organisations
démocratiques
et progressistes de plus de 80 pays se sont joints aux
organisations
communistes de Russie le 7 novembre 2017 pour un grand
rassemblement à Moscou à l'occasion du 100e
anniversaire de la Grande
Révolution socialiste d'Octobre. Des
célébrations ont eu lieu partout dans le monde.
Le 101e anniversaire de la Grande Révolution
d'Octobre en Russie
approche à un moment de l'histoire où non seulement le
premier État
ouvrier socialiste a été détruit, mais où
toutes les formes de
gouvernance fondées sur la démocratie libérale et
une société civile
bourgeoise sont également révolues. Partout dans le
monde, de
nouvelles formes fondées sur des principes et des formes
de gouvernance démocratiques
doivent investir le peuple de la souveraineté pour
répondre
aux exigences du XXIe siècle.
Aujourd'hui, les pays dans les citadelles de
l'impérialisme mettent
tout en oeuvre pour empêcher ce dénouement. Ils
privatisent toutes les
propriétés d'État, toutes les ressources et le
pouvoir politique et
veillent à ce que les privilèges de classe et les classes
exploiteuses
restent la caractéristique dominante de l'ordre social et
politique.
Les
conflits sociaux et politiques, l'anarchie et la violence prennent le
dessus dans ces sociétés et les conflits entre nations,
nationalités et
religions et sur tout autre terrain pouvant être exploité
font des
victimes. Les sociétés capitalistes sont
caractérisées par une
polarisation entre les millionnaires et les milliardaires d'un
côté, et les
chômeurs, les pauvres et les sans-abri, en nombre toujours
croissants, de l'autre.
Rien de tout cela ne diminue la signification de la
Grande
Révolution d'Octobre pour l'histoire humaine. Au contraire, elle
est
d'autant plus valorisée. La ligne de démarcation dans la
société se
précise et le monde commence à prendre conscience de ce
que signifie
avoir une société avec le plein emploi, une
éducation et des services
de santé
gratuits, sans impôt, l'égalité de tous devant la
loi, une démocratie
complète avec le droit d'élire et d'être
élu, sans les privilèges de
classe et sans classes exploiteuses. La Grande Révolution
d'Octobre
rappelle que la paix, la prospérité, la liberté et
l'unité fraternelle
des peuples ne sont pas une utopie, une chimère. Non seulement
celles-ci sont-elles
réalisables, elles sont la nécessité de notre
époque. Les conditions du
présent obligent toutes les personnes concernées à
regarder les
événements les plus importants du passé avec
l'oeil du présent pour
contribuer à assurer l'avenir.
Le fondateur et dirigeant du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste), Hardial Bains, faisait remarquer que le
PCC(ML),
le parti politique de la classe ouvrière, voit la Grande
Révolution
d'Octobre avec parti-pris, avec beaucoup d'objectivité :
Il voit le contenu que tout
cela a apporté, les formes qui ont été
créées et les forces humaines que cela a fait jaillir. Il
regarde le
pouvoir politique et le système social, les moyens
utilisés et les
résultats obtenus, le rôle de la classe ouvrière et
celui du Parti
bolchevique, tout cela avec l'oeil averti d'un parti politique qui se
consacre à faire en
sorte que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font leur vie
et que les lumières et les préoccupations humaines
dominent toute autre
considération.
Le PCC(M-L) analyse
l'expérience de la Grande Révolution d'Octobre
et la voie qu'elle a tracée, où l'abolition de
l'exploitation de l'être
humain par l'être humain devient le but de la vie
elle-même. Il s'en
inspire comme seul peut le faire le parti politique qui, ayant
proclamé
sa responsabilité envers la classe ouvrière et, par elle,
envers la
société, examine chaque événement sous un
oeil critique. Il le fait en
regardant le monde sous l'angle du présent, examinant le
passé afin
d'assurer l'avenir de tous. Comme pour tout autre
événement, il tire
les leçons de cette période, tel qu'il s'est produit dans
l'histoire.
Il ne copie rien sans d'abord le passer à la critique dans son
travail
pour
réaliser le renouveau de la démocratie, mettre fin aux
privilèges de
classe, conditions qui permettront d'abolir les classes exploiteuses et
de créer une société sans classe.
Le PCC(M-L) est très
conscient que les événements qui se sont
produits dans l'histoire et les positions qui ont été
défendues
laissent leur empreinte et il est très conscient du fait que les
conditions qui existent au Canada et à l'échelle
internationale
aujourd'hui sont très différentes de celles qui
existaient [au moment
de la Révolution d'Octobre].
Il reconnaît également que le trait le plus distinctif de
la Révolution
d'Octobre est qu'elle s'est donné comme but l'abolition de toute
exploitation de l'être humain par l'être humain en
abolissant les
conditions qui ont engendré cette exploitation. Il n'oublie pas
que
tout en Russie avait été révolutionné et
modernisé en un peu plus de
vingt ans, que
l'Union soviétique a été créée en
tant qu'union d'États égaux et
indépendants en moins de sept ans et que tous les meilleurs
esprits de
l'époque, les plus grandes personnalités des sciences et
des arts ainsi
que du monde politique et diplomatique, ont acclamé les
développements
qui se sont produits en Union soviétique et les ont
considérés comme
de grandes réalisations de l'humanité.[1]
Non seulement la Révolution d'Octobre a-t-elle
porté au pouvoir une
classe entièrement nouvelle, la classe ouvrière, mais
elle a également
incité les travailleurs et les opprimés de tous les pays
à s'engager
sur le même chemin. La crise nationale créée par la
Première Guerre
mondiale a été résolue en faveur des peuples. La
Révolution
d'Octobre a également mis fin à cette guerre la plus
sanglante de
l'histoire, qui opposait les puissances impérialistes dans une
rivalité
pour le repartage du monde. La révolution russe a porté
au pouvoir les
forces latentes au sein de la société ancienne. Les
ouvriers, les
paysans, l'intelligentsia et d'autres travailleurs ont
créé un pouvoir
qui leur a été
favorable pour la première fois de l'histoire de
l'humanité.
Lénine déclare le pouvoir soviétique le 26
octobre 1917, à la réunion
historique du deuxième congrès des Soviets de toute la
Russie à
l'Institut Smolny. (Tableau de D. Nalbandyan)
Ce fut la première révolution à
créer une société entièrement
nouvelle. Le socialisme est apparu sur la scène de l'histoire
mondiale,
comme l'avait prédit Karl Marx, et la pratique de la
révolution
prolétarienne a inauguré une période
entièrement nouvelle, celle de
l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être
humain et la
création
d'une société socialiste et communiste à
l'échelle mondiale.
Hardial Bains a souligné que tout au long de la
période qui a suivi
la Révolution d'Octobre, « les peuples ont pris le
goût du changement.
Tout indique que de grands bouleversements sont à veille de se
produire
qui vont encore une fois renouveler la société. Les
travailleurs n'ont
pas le choix que d'en venir à la conclusion que les
préjugés et
les dogmes ne peuvent se substituer à une conscience claire et
à
l'analyse scientifique, qui seules peuvent mettre un terme à la
crise
qui sévit dans la sphère des idées et placer le
développement de la
connaissance au service du peuple, et que cela est nécessaire
pour se
préparer au renouveau. Loin de faire de cette période de
l'histoire une
pomme de
discorde et un objet de lutte idéologique rigide, tout indique
qu'il
faut revoir les événements de l'histoire avec ouverture
d'esprit, en
s'appuyant sur le corps de connaissances acquises et sur
l'expérience
vivante pour tirer les conclusions qui s'imposent. Saisir le
présent et
bien comprendre ce qui se passe devant soi est devenu crucial pour
pouvoir
repousser les notions obscures selon lesquelles les
événements de
l'histoire sont l'oeuvre de forces maléfiques, au lieu de les
voir
comme d'importants jalons sur la grande voie de la
civilisation. »
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) salue la Grande
Révolution socialiste d'octobre et tous les architectes du
nouveau,
du passé et du présent. Comme l'a prédit le grand
Lénine, depuis la
Révolution d'Octobre des bouleversements ont eu lieu à
l'échelle
mondiale. Non seulement le socialisme a-t-il été
construit en Union
soviétique pendant un certain temps, mais les mouvements de
libération
nationale que Lénine avait prédits ont changé la
configuration du globe.
Aujourd'hui, l'impérialisme est pris dans un
bourbier. Il est
moribond et entraîne le monde une nouvelle fois dans la guerre,
mais
les travailleurs de tous les pays exigent le changement. Même si
l'impérialisme, la réaction mondiale et ses piliers
sociaux luttent
contre le changement qui favorise les peuples, les voix du changement
se font
entendre partout dans le monde et les travailleurs exigent la
création
d'une nouvelle société. L'expérience des peuples
soviétiques héroïques
et des peuples des anciennes démocraties populaires et les
écrits de
leurs personnalités dirigeantes telles que Lénine
méritent un
traitement en profondeur, de manière réfléchie et
critique, comme le Parti le fait.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) salue la Grande
Révolution d'Octobre avec optimisme révolutionnaire, en
gardant
toujours à l'esprit que c'est aux travailleurs de décider
de leur
avenir, comme le soutenait Hardial Bains. C'est leur obstination
à
renouveler le monde aujourd'hui qui renforce la détermination du
Parti
à
continuer jusqu'à la victoire finale. Le monde est en transition
d'un
système à l'autre. Les travailleurs du monde et les
forces
progressistes s'efforcent de créer un nouveau monde. Ils font le
point
sur la situation actuelle dans laquelle le renouveau
démocratique est
apparu comme la demande la plus importante pour humaniser
l'environnement social
et naturel. Ce que les peuples demandent, c'est de prendre en main leur
vie, leur processus décisionnel, leur pouvoir politique. La
classe
ouvrière est la partie la plus importante de cette lutte pour le
renouveau dans laquelle l'abolition des privilèges de classe et
l'élimination de la discrimination fondée sur la race, la
culture, la
religion, le sexe, la
langue et les privilèges sont devenues le cri de bataille. Le
contenu,
les mots, l'analyse, les observations et les revendications des
travailleurs dépassent de loin les possibilités offertes
par les formes
existants. En conséquence, ils réclament un changement
des formes afin
de pouvoir apporter les changements nécessaires pour
résoudre le
conflit en
leur faveur. Les processus politiques sont de plus en plus
critiqués et
les politiciens doivent recourir à des lois toujours plus
trompeuses,
antipopulaires et antisociales.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste), tenant compte
de tous les événements survenus au cours des 100 ans
depuis le triomphe
de la Grande Révolution socialiste d'Octobre, appelle les
travailleurs
à défendre résolument leur cause.
L'expérience de toute cette période
est très instructive. Le PCC(ML) appelle les travailleurs
à
se joindre à lui pour laisser derrière tout ce qui est
négatif, en
particulier l'influence de la conception bourgeoise du monde, en faveur
de l'élaboration de leurs propres points de
référence qui les aident à
démêler les événements qui se produisent et
à déterminer ce qu'il faut
faire pour changer les choses en leur faveur.
Cela peut se
faire ! Cela doit se faire !
Note
1. Le
Marxiste-Léniniste quotidien, 7 novembre 1992
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