Numéro 39 - 3 novembre 2018
Supplément
Le projet de loi C-76, Loi sur la
modernisation des élections
Des changements à la Loi
électorale
qui s'inspirent de délibérations supranationales
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada -
Une caractéristique de l'état actuel des
délibérations
parlementaires, notamment sur les réformes électorales et
la menace à
la démocratie, est que plusieurs des questions de fond ne sont
pas
discutées en séances ouvertes et n'ont rien à voir
avec informer le
peuple des problèmes existants. Les délibérations
des comités ont
souvent lieu à huis
clos, comme ce fut le cas de presque toutes les
délibérations du Comité
permanent de la procédure et des affaires de la Chambre (CPAC)
en ce
qui concerne les recommandations du directeur général des
élections
quant aux changements à apporter à la Loi
électorale. Et pour comble,
ceux qui sont invités à témoigner ne sont pas des
personnes ou des
organismes représentant les citoyens et leurs
intérêts, ils
représentent des intérêts supranationaux dans le
cadre de la rivalité
entre les grandes puissances et leurs blocs économiques et
militaires,
dans laquelle le Canada soutient les visées impérialistes
des
États-Unis.
Même les
députés sont mal informés sur les raisons qui
motivent
cette législation, qui demeurent un secret bien gardé du
Conseil des
ministres, du Conseil privé et d'autres conseillers. Par
exemple, au
cours des délibérations du CPAC, Ruby Sahota, la
députée libérale de
Brampton-Nord, a dit : « ... Je meurs d'envie de demander
quelles
sont les intentions du gouvernement en ce qui a trait aux changements
aux règles de financement pour ne pas permettre aux candidats ou
candidats à l'investiture à être présents
lors de la conduite de tout
type d'activités de financement ».
Les délibérations qui semblent informer
les prises de décisions ont
souvent lieu dans des rencontres bilatérales et
multilatérales
extraparlementaires, généralement à l'écart
des médias. Ces
délibérations ont lieu entre administrateurs haut
placés du
gouvernement, conseillers politiques, analystes de données,
scientifiques du comportement,
dirigeants militaires et les membres de l'oligarchie économique.
À lire le journal des débats et des
travaux de divers comités,
force est de constater que le niveau des discussions et
déclarations
sur la démocratie et les amendements électoraux est
honteux et que ces
délibérations se limitent la plupart du temps à
des questions telles
que l'utilisation ou la non-utilisation des cartes d'information des
électeurs.
C'est une indication que les vraies discussions sur les réformes
électorales et politiques ont lieu ailleurs.
La « liaison-recherche » au SCRS
Un bon exemple est le séminaire de «
liaison-recherche »
organisé par le Service canadien du renseignement de
sécurité (SCRS) en
novembre 2017. Le SCRS a publié un rapport en
février 2018 intitulé «
Qui a dit quoi ? Défis sécuritaires découlant
de la désinformation
aujourd'hui ». Son objectif déclaré
était
de « se pench(er) sur les conséquences stratégiques
de la
désinformation pour la sécurité nationale et
l'intégrité des
institutions démocratiques ». Nonobstant le titre du
rapport, la
réunion a eu lieu suivant les règles de Chatham House qui
interdisent
de rapporter « qui a dit quoi ».[1]
On sait par contre que ce séminaire était «
conçu autour
de la connaissance et de
l'expérience d'un groupe multidisciplinaire d'experts du Canada,
des
États-Unis et d'Europe » avec pour objectif «
d'explorer la
manipulation de l'information à des fins politiques et autres,
de se
pencher sur des cas récents ainsi que de discuter des
façons de contrer
les
menaces pour la sécurité aujourd'hui et
demain ».
Le programme de liaison-recherche du SCRS a
été lancé en 2008 et a
comme objectif de regrouper « des professionnels du renseignement
et
d'éminents experts aux origines culturelles variées qui
oeuvrent dans
différentes disciplines au sein d'universités, de groupes
de réflexion,
d'entreprises privées ou d'autres établissements de
recherche, au Canada et à l'étranger ».
Entre autres choses, la réunion de
novembre 2017 a posé le problème
du journalisme traditionnel qui a été remplacé et
affaibli « par un
torrent de données provenant d'un nombre infini
d'expéditeurs ». Dans
le rapport il est mentionné que « ce torrent charrie son
lot de
mensonges et de distorsions qui menacent l'intégrité du
discours public, des débats et de la
démocratie ».
Le rapport du SCRS réduit la signification du
mot désinformation à
ce qui est généralement décrit comme «
fausses nouvelles ». La
désinformation est en réalité un outil
utilisé par les institutions de
l'État contre ses propres citoyens pour les priver d'une
conception qui
leur permette de distinguer le vrai du faux et sur cette base de
résoudre les problèmes auxquels est confronté le
corps politique. Le
rapport mentionne que « la désinformation est devenue un
outil
extrêmement efficace pour les acteurs étatiques, les
profiteurs, les
personnes en quête d'un statut, les entreprises du spectacle et
les
vrais croyants ». À l'image des agences de la
sécurité nationale aux
États-Unis,
la Russie et la Chine sont présentées comme étant
présentement la
menace principale à la démocratie alors que « les
vrais croyants » sont
ceux qui sciemment ou non sont bernés par eux. À cet
égard, le rapport
du SCRS dit que les « agences de désinformation des
États font partie
d'un système complexe qui comprend des activistes
indépendants dont les motivations diffèrent, mais se
chevauchent ».
Certains sont des théoriciens du complot, dit le SCRS. Ces
« activistes
indépendants », quels qu'ils soient, « voient
des complots dans les
événements qui font les manchettes, comme les fusillades,
ou même nient
qu'ils ont eu lieu. Ils croient que les
gouvernements ne sont pas dignes de confiance, qu'ils manipulent les
événements qui surviennent dans le monde et qu'ils
peuvent compter sur
l'aide des médias traditionnels pour dissimuler la
vérité. La plupart
sont antimondialistes et tiennent un discours nationaliste et
anti-immigration qui plaît aux éléments de la
gauche et de la droite.
Des
acteurs indépendants utilisent les médias sociaux et des
sites Web
spécialisés pour propager et renforcer
stratégiquement des messages
compatibles avec les leurs.[...] Dans ce système complexe, il
est
difficile de savoir dans quelle mesure et par qui les activités
sont
orchestrées. »
Le SCRS affirme également dans son rapport que
les entreprises de
médias sociaux ont souvent « une compréhension
limitée du monde des
opérations de renseignement ». Le SCRS voit cela
comme un problème
parce qu'« elles sont réticentes à s'allier aux
services de
renseignement et aux organes de presse grand public pour assumer
la tâche de surveiller le contenu en détail ».
On ne sait pas qui est
visé par cette mention de réticence, mais Facebook a
maintes fois
démontré qu'il est plus que prêt à
collaborer. Le 26 octobre, Facebook
a annoncé avoir retiré 82 pages de groupes et
comptes qu'il a déclaré
être « sur des sujets affichés dont les motifs sont
très
politiques, tels que les relations raciales, l'opposition au
président
et l'immigration ». Depuis mai de cette année,
Facebook est en
partenariat avec le Conseil de l'Atlantique, un groupe de
réflexion et
des relations publiques centré sur la guerre froide qui a pour
mission
de renforcer le soutien à l'OTAN. Katie Harbath, la directrice
chez
Facebook responsable de la politique mondiale et des liaisons avec les
gouvernements, a annoncé à ce moment-là que le
partenariat était
nécessaire « pour empêcher que notre entreprise de
services soit
victime d'abus lors des élections ». Harbath, une
ancienne stratège en
données numériques pour le Comité
sénatorial du Parti républicain aux
États-Unis, a déclaré que l'équipe de
sécurité de Facebook et des
experts en intelligence artificielle travailleraient pour obtenir
« un
aperçu et des mises à jour en temps réel sur les
nouvelles menaces et
les campagnes de désinformation provenant de partout dans le
monde.
Cela aidera à augmenter le nombre d' 'yeux et d'oreilles' que
nous
avons et
qui seront à l'affût pour repérer les abus
potentiels de nos services.
Cela nous permet d'identifier plus efficacement les lacunes dans nos
systèmes, d'anticiper les obstacles et de faire en sorte que
Facebook joue
un rôle positif lors d'élections qui se tiennent partout
dans le monde
entier. » Le conseil de l'Atlantique est financé par
des entreprises
telles que le groupe Blackstone, Raytheon, Lockheed Martin et Ford
Motor Company, parmi tant d'autres. Ses plus importants donateurs sont
le département d'État américain, le
secrétariat au Foreign Office du
Royaume-Uni et les Émirats arabes unis. Parmi les autres
donateurs il y
a l'Arabie saoudite, le Qatar, Boeing, BP, Exxon et l'armée, la
marine, les forces aériennes et les marines américains.
Bref, une gamme
complète d'influences et d'ingérences
étrangères !
Récemment, le directeur adjoint du Conseil de
l'Atlantique a publié
un article s'appuyant sur des sources du renseignement canadien. Il y
parle de « la détresse du réseau d'espionnage Cinq
Yeux par rapport à
l'influence étrangère chinoise ». Il
écrit qu'« un rapport de juin d'un
service de renseignement canadien décrit la
pénétration
profonde des acteurs chinois en Nouvelle-Zélande » et
cite l'évaluation
du rapport du SCRS que la Chine poursuit « une stratégie
agressive
[qui] a cherché à influencer la prise de décision
politique, poursuivre
un avantage déloyal dans le commerce et les affaires,
réprimer la
critique de la Chine, faciliter les possibilités d'espionnage et
influencer les communautés chinoises d'outre-mer ».
Voilà comment les
agences d'espionnage des Cinq Yeux s'alimentent l'une et l'autre pour
créer le même scénario de menaces pour justifier
leurs activités de
surveillance et de répression et leurs guerres informatiques.
Le rapport du SCRS énumère «
d'importants thèmes récurrents » qui
préoccupent le SCRS, dont cette perception que « les
gouvernements
occidentaux sont fascistes ou les leaders mondiaux font partie d'une
élite puissante qui méprise les gens ordinaires et agit
contre eux ».
Un autre thème récurrent est que « le gouvernement
des
États-Unis et d'autres gouvernements occidentaux ou
affiliés à l'OTAN
ne sont pas dignes de confiance. Ce sont des agresseurs dont
l'intervention dans les conflits mondiaux est injustifiée ;
ces
gouvernements et d'autres personnes puissantes manipulent les
événements mondiaux pour conserver le pouvoir
[...]. »
La désinformation, écrit le SCRS, «
empoisonne le débat public et
menace la démocratie. Il est nécessaire de sensibiliser
davantage la
population au problème pour qu'elle apprenne à distinguer
le vrai du
faux. Les gouvernements et les organisations disposent de nombreuses
façons de contrer la menace, mais rien ne garantit que des
contre-campagnes, même efficaces, puissent neutraliser le flux
à grand
débit des communications malveillantes. »
La complexité du Web selon le SCRS se retrouve
concentrée dans le
terme « antimondialiste », qui « mobilise autour
d'une cause commune
des personnes qui semblent être aux antipodes sur
l'échiquier
politique ». « Le discours antimondialiste relie entre
eux, par
exemple, des partisans de la gauche, qui dénoncent la
mondialisation et l'intervention militaire à l'étranger
des États-Unis
et d'autres pays membres de l'OTAN, et des tenants de la droite qui
s'opposent à l'immigration et favorisent les politiques
nationalistes.
[...] on voit comment les États qui parrainent des
opérations
d'information exploitent les communautés organiques
d'utilisateurs en
ligne pour
propager la désinformation. »
Notez comment toutes ces connexions fortuites sont
transformées en
une menace imminente qui doit être combattue, peu importe le
coût. Tout
cela se fait au nom de la démocratie.
Un mépris du discours politique
Une des
caractéristiques des rapports de police comme celui
livré par le SCRS, dans lequel le gouvernement Trudeau place
tant sa
confiance, est le mépris de l'existence d'un corps politique.
À aucun
moment cela ne traverse leur esprit que le corps politique est
composé
de citoyens et résidents reconnus et que c'est en
exerçant leur droit d'être partie prenante du débat
politique et en affirmant leur conscience que les citoyens et les
résidents expriment leur humanité.
Sur ce point, le rapport du SCRS sur qui a dit quoi
à propos des
défis sécuritaires face à la désinformation
moderne mentionne ce qu'il
appelle des « activistes indépendants » qui
sont porteurs d'une «
idéologie sincère ». On y lit :
« Un ensemble d'acteurs dans ce système
est motivé par des
considérations idéologiques. Ces acteurs, dont des
utilisateurs des
médias sociaux et de petites organisations qui exploitent des
sites
Web, des blogues et d'autres fils de nouvelles croient vraiment aux
messages qu'ils diffusent. Il s'agit en règle
générale de messages
antimondialistes
(les partisans de la gauche diffusent des messages
anti-impérialistes
et antimondialisation, et les partisans de la droite, des messages
pronationalistes et anti-immigration). Ces acteurs sont aussi
très
explicites dans leurs critiques et leur méfiance à
l'égard des médias
grand public. Ils peuvent effectivement être influencés
par la
propagande politique,
bien que la relation de cause à effet soit difficile à
établir.
Parfois, ils peuvent être perçus comme de simples
intervenants qui se
contentent de relayer la propagande politique en l'amplifiant au
passage. Cependant, de nombreux acteurs réellement
motivés par des
considérations idéologiques produisent leur propre
contenu sans
éprouver constamment
le besoin de l'introduire directement ailleurs ou de le coordonner avec
d'autres messages. »
Le rapport du SCRS identifie d'autres façons par
lesquelles les « activistes
indépendants » sont empêtrés dans le
soi-disant réseau d'influence
étrangère parrainée par l'État. C'est un
exemple classique de méthode
de travail des services policiers. Dans ce cas, par un tour de
passe-passe, cette catégorie d'« activistes
indépendants » qui sont
des « croyants sincères » devient dans les
faits une catégorie de
criminels potentiels. Le rapport du SCRS conclut :
« S'ils se concentrent
sur les activités de coordination explicites
d'acteurs étatiques et de collusion avec ces derniers et
sous-estiment
ou négligent les rôles et les motivations de ces acteurs
indépendants,
les chercheurs, les journalistes et les décideurs risquent de
simplifier à outrance ce système complexe, de nuire
à l'élaboration de
solutions
efficaces et de ne pas sensibiliser suffisamment le public au
problème.
Ils se trouvent ainsi, et c'est là un fait important, à
rater l'occasion d'aider les utilisateurs
ordinaires de ces systèmes à reconnaître
le rôle qu'ils jouent dans le phénomène de la
désinformation. Autrement
dit, le problème de la désinformation ne peut être
simplement attribué
à la conception des systèmes technologiques ou aux
actions délibérées
de trolls financés par des gouvernements. Pour régler le
problème,
il est aussi nécessaire de tenir compte des gens qui utilisent
ces
informations ou sur lesquels ces informations ont une incidence, et ce,
non seulement à titre de victimes, mais aussi à titre
d'agents ayant un
rôle dans la création et la propagation du problème
et (il est à
espérer) dans la recherche d'une solution. »
Le Colloque Royaume-Uni-Canada sur
les « Dilemmes de la démocratie »
Un autre exemple des sources d'information dont
s'inspire le
gouvernement libéral pour ses changements à la Loi
électorale est le
Colloque Canada-Royaume-Uni de novembre 2017 intitulé
Dilemmes de
la
démocratie : les défis qui se posent à
l'ordre international. Dans un
rapport de juin 2018, le Colloque publie des
résumés des délibérations et des
recommandations présentées aux
gouvernements britannique et canadien et à leurs «
conseillers
politiques ».
Dans l'introduction au
programme du colloque, coécrite par Philip
Peacock, président du Conseil Canada-Royaume-Uni, et Hugh Segal,
l'ancien sénateur canadien et chef de cabinet sous le premier
ministre
de l'Ontario Bill Davis, et l'ancien premier ministre canadien Brian
Mulroney, on s'enorgueillit d'une « participation large d'experts
compétents
des deux pays 'fournissant' une perspective réfléchie sur
les
nombreuses questions auxquelles sont confrontés la
démocratie et le
processus démocratique, comme cela a eu lieu dans la
période de
l'après-Deuxième Guerre mondiale ». Le
colloque a reçu des lettres
d'appui des deux premiers ministres, et la ministre des Institutions
démocratiques Karina Gould y a livré le discours
liminaire.
Parmi les autres participants canadiens, mentionnons
plusieurs
hauts-fonctionnaires du gouvernement, tels que Jordon Deagle, principal
planificateur en communications au bureau du premier ministre, ainsi
que plusieurs groupes de réflexion : Graham Fox,
président de
l'Institut de recherche en politiques publiques, Grant Bishop de
Mckinsey & Co, un cabinet-conseil en gestion mondial qui
prétend «
servir une panoplie d'institutions privées, publiques et des
secteurs
sociaux » dans 120 villes de 60 pays,
avec 14 000 conseillers partout
dans le monde. L'armée était aussi présente,
représentée par Karim
Kanji, le vice-président de l'Association de
l'OTAN du Canada, le général Tom Lawson, un ancien chef
d'État-major de
la Défense, et Tina Park, directrice générale du
Centre canadien pour
la Responsabilité de protéger. Cliff van der Linden, le
fondateur et
PDG de Vox Labs/Vote compass était aussi présent. Vox
Labs/Vote Compass
a été le bénéficiaire de nombreux contrats
octroyés par
le gouvernement libéral, y compris le fameux site web de «
consultation » sur la représentation proportionnelle
qui a provoqué la
risée générale.
Dans l'introduction du colloque, on affirme que «
le contexte vécu
par ces deux cultures politiques fortes et établies depuis
longtemps
était particulièrement tendu et instable. Il existait une
perception
tout au long des discussions qu'à mesure que les
sociétés s'ouvrent de
plus en plus et sont connectées, les individus ressentent une
émotion
d'émancipation et cherchent à être directement
engagés dans leur propre
gouvernance. Il est donc devenu plus difficile pour la
démocratie
représentative dans sa forme traditionnelle de répondre
à leurs
exigences et ainsi de ne pas perdre la confiance en son
efficacité. »
Néanmoins, le rapport affirme que le colloque a
eu lieu dans une
ambiance où régnait « la perception que la
puissance du capital
financier et humain disponible dans les deux pays les outillerait pour
bien affronter l'avenir et les dilemmes du gouvernement
représentatif
en particulier ».
Selon le rapport, « les participants
étaient très conscients que
dans l'avenir immédiat il était d'une importance vitale
d'avoir des
réponses plus tranchantes, plus nettes et plus persuasives aux
questions cruciales touchant les valeurs que l'Occident cherche
à
défendre : les façons d'établir les
règles de gouvernance nationale et
internationale
et, avant tout, pourquoi ? Lorsqu'on s'objecte et qu'on
demande : 'Pourquoi vos valeurs et règlements et non les
nôtres ?', nous devons
pouvoir répondre avec autorité », a-t-il dit.
À aucun moment, cependant, est-il
expliqué pourquoi cette
discussion n'est pas soulevée au sein du corps politique, en
commençant
par comment la question de la démocratie se pose au XXIe
siècle. Au
contraire, le colloque se vante de défendre les valeurs
britanniques
d'édification d'empire du XVIIIe siècle et de ses racines
qui remontent
à
la Grande Charte de 1215. Dans sa lettre, la première
ministre du
Royaume-Uni, Theresa May, écrit : « Le site —
Runnymede, où a lieu le
scellement de la Grande Charte — est évocateur et
approprié. Comme je
l'ai dit récemment à l'Assemblée
générale des Nations unies, dans le
monde d'aujourd'hui nous sommes confrontés à des
défis qui vont au vif de ce que nous sommes en tant que nations.
Ces
défis mettent nos valeurs à l'épreuve, notre
vision et notre
détermination à défendre les règlements et
les standards qui sont le
fondement de la sécurité et de la
prospérité de nos concitoyens. »
Pourquoi de telles réunions sont-elles
organisées pour les élites
et pourquoi défendent-elles l'idéologie raciste
anglo-américaine de la guerre froide qui évoque le
privilège et le pouvoir ainsi
que la
supériorité des valeurs des nations anglophones sur le
monde entier ? La
question est des plus sérieuses. Cela rappelle le discours du
premier
ministre
Winston Churchill en 1946 à Fulton, au Missouri, dans
lequel il
déclenchait la guerre froide contre les peuples du monde et
déclarait
qu'il y avait des traîtres et des espions partout qui
constituaient un
« défi et un danger grandissant pour la civilisation
chrétienne ».
Parmi les recommandations mises de l'avant par le Forum
sur la
politique publique Canada/Royaume-Uni, il y a celle de «
poursuivre le
travail de collaboration continu partout dans le monde et
spécifiquement dans le Commonwealth, afin de promouvoir les
valeurs du
pluralisme, des marchés ouverts, de la primauté du droit
et des droits
humains, fondamentales au développement fondé sur la
liberté du monde
occidental ».
Pour détourner l'attention de sa défense
d'une définition
anglo-américaine raciste des valeurs imposées au monde
entier au moyen
de guerres d'agression et d'occupation, une des préoccupations
discutées a été le recours aux
référendums et le « danger
inhérent » de
permettre à la majorité de décider.
Le fait que les lois adoptées à la
Chambre des communes soient dictées par les échelons
supérieurs de la police
politique des
États-Unis et des alliés de l'OTAN de connivence avec des
groupes de
réflexion d'intérêts privés supranationaux,
pour maintenir leur système
en place, est une question de préoccupation légitime pour
le corps
politique. La ministre des Institutions démocratiques
prétend que la
principale préoccupation du gouvernement libéral est de
« consolider la
participation des citoyens à la démocratie ».
C'est loin d'être le cas.
Note
1. Le règlement du Chatham House est le
suivant : « Lorsqu'une réunion, intégrale ou en
partie, a lieu selon le
règlement de Chatham House, les participants sont libres de se
servir
de l'information reçue, mais ni l'identité ni
l'affiliation des
orateurs, ni celles des autres participants, ne doivent être
dévoilées. » L'auteur de ce règlement est
l'Institut
royal des Affaires
internationales basé à Londres, mais il est tout de
même communément
appelé le Chatham House.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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