Numéro 18 - 5 mai 2018
Besoin urgent de renouveler le
processus démocratique
Le mépris du premier ministre pour
le principe démocratique
- Anna Di Carlo -
PDF
Besoin
urgent
de
renouveler
le
processus
démocratique
• Le mépris du premier ministre pour le
principe démocratique - Anna Di Carlo
• Le gouvernement Trudeau dépose le
projet de loi C-76 modifiant la Loi électorale
Le vol des ressources
du Canada dans le nord de la Colombie-Britannique
• Ceux à qui profite le projet de LNG
Canada d'extraction, de liquéfaction et d'expédition de
gaz naturel en Colombie-Britannique - K.C. Adams
• Le stratagème du gouvernement de la
Colombie-Britannique pour payer
les riches
À titre d'information
• Octroi d'un contrat
d'ingénierie-approvisionnement-construction (IAC) pour
l'installation de GNL à Kitimat
Bicentenaire
de
naissance
de
Karl Marx
• Le nom et l'oeuvre de Karl Marx vivront dans
le coeur et l'esprit de millions de personnes qui aspirent à
bâtir le Nouveau
• Biographie de Marx - Friedrich
Engels
• Oeuvres d'art et autres
articles d'intérêt
• Vidéo: Bibliothèque
commémorative et École ouvrière Karl Marx à
Londres
Supplément
Le Premier Mai à l'échelle mondiale
• Les travailleurs du monde entier font valeur
leurs revendications combattantes
Besoin urgent de renouveler le processus
démocratique
Le mépris du premier ministre pour
le principe démocratique
- Anna Di Carlo -
Le système politique canadien est en crise. Les
Canadiens de tous
les milieux ne cessent d'exprimer un sérieux
mécontentement face à un
système qui permet que des décisions soient prises sur
lesquelles ils n'exercent aucun contrôle. Le système
appelé
démocratie représentative
est maintenant plongé dans une profonde crise de
crédibilité et de
légitimité à cause de cela. L'absence d'une
apparence de gouvernance
avec le consentement du peuple est palpable et les réformes qui
ne
s'attaquent pas à ce problème fondamental ne font
qu'aggraver la crise.
Le récent projet de loi sur la réforme électorale
et les
remarques du premier ministre Justin Trudeau le confirment.
Le 30 avril, le gouvernement Trudeau a
déposé à la Chambre des communes le projet de loi
C-76
qui vise à modifier la loi électorale.
Ces
modifications ne corrigeront en rien le problème fondamental
auquel fait face le corps politique sur ce front, qui est que les
élections
portent au pouvoir des partis politiques qui prennent des
décisions et
adoptent des lois qui sont contraires aux intérêts du
peuple et de la
société.
Vient s'ajouter à la crise de
crédibilité du système de démocratie
représentative le fait que ce qui est promu comme étant
les « enjeux
électoraux » par des firmes globe-trotters de
stratégie de marketing
politique sont les demandes d'intérêts supranationaux. De
concert avec
les faiseurs d'image des chefs de parti, ces stratèges ont pour
objectif de gagner par tous les moyens nécessaires. Les
plateformes des
partis et la personnalité des chefs sont façonnées
par des résultats de
sondages et des consultations de groupe et d'autres mécanismes
créés
pour servir des intérêts privés. On demande
à des personnes et à des groupes
choisis au hasard
d'exprimer leurs préférences et celles-ci sont
additionnées par un
procédé mystérieux pour arriver à la
conclusion douteuse qu'elles sont « ce que le
peuple veut », ce qui est ensuite proclamé opinion
majoritaire du corps
politique. C'est absurde.
En fin de compte, le processus électoral tel
qu'il existe
présentement au Canada sert à taire la discussion
publique et à
étouffer tout mouvement politique du peuple pour s'investir du
pouvoir.
Les principes démocratiques fondamentaux que les citoyens ont le
droit
d'élire et d'être élus et que la
légitimité électorale requiert un
électorat informé
ont été jetés par la fenêtre. Il n'y a pas
de discussion sur qui et
quoi ils représentent. En fait, aujourd'hui l'orchestration de
scandales est devenue la méthode préférée
pour priver le peuple d'une
conception du monde qui soit en sa faveur. Toutes les bassesses sont
permises dans l'affrontement pour le pouvoir ; une faction de la
classe
dominante mène la charge pour ternir la réputation de ses
adversaires.
Ceux-ci sont forcés de répondre aux allégations et
le
corps politique au complet est entraîné dans le
commérage. L'hypocrisie supplante tout et à la fin
l'électeur se
retrouve sans la
possibilité de poser un geste informé, produit d'une
discussion sur la
meilleure
façon de faire avancer la société.
Pour le comble, le 1er février 2017 le
premier ministre Justin
Trudeau a annoncé qu'il renonçait à sa promesse de
réformer le mode de
scrutin pour le rendre plus représentatif. Bien qu'il ait
martelé
durant la campagne électorale que c'était un mandat du
peuple et qu'il
est clair que la réforme du système électoral
pour le rendre
plus représentatif est la dernière chose que veulent ceux
qui sont au
pouvoir ou qui ambitionnent de l'être, le premier ministre a
réussi à
présenter l'abandon de la promesse faite comme une affaire
d'idéaux
supérieurs. Il a rejeté les modifications
proposées par le Comité
spécial sur la réforme électorale, formé de
tous les partis à la
Chambre, en
disant :
« Si nous faisions un changement ou risquions un
changement qui
augmente les voix individuelles — qui augmenterait les voix
extrémistes
et les voix activistes qui ne siègent pas au parlement pour
débattre de
ce qui est dans le meilleur intérêt de l'avenir de
l'ensemble du pays,
comme le font les trois partis actuels —, je crois que nous
ouvririons une période d'instabilité et d'incertitude. Et
nous
mettrions en péril cette chose qui fait que nous sommes plus
chanceux
que quiconque sur la planète. »
Questionné sur ses propos, il a
ajouté : « Si vous avez un parti
qui représente des voix marginales, ou à la
périphérie de nos
perspectives et qui détient 10, 15, 20
sièges la Chambre, en fin de
compte il détient la balance du pouvoir. La force de notre
démocratie
est que nous devons rassembler les gens dans les grands
partis qui représentent toute la diversité du Canada et
qui apprennent
à travailler ensemble. Vous n'apprenez pas en amplifiant les
petites
voix, vous apprenez en écoutant toutes les voix. Et c'est
pourquoi nous
avons un système qui fonctionne si bien. »
Il est difficile de
comprendre comment une déclaration si éhontée
en faveur du privilège et du statu quo puisse se concilier avec
les
principes démocratiques. Il se garde bien de dire ce qu'il fait
des
voix qu'il considère marginales ou extrémistes quand
elles se font
entendre sous son « grand chapiteau ». Même un
examen sommaire de
l'histoire des partis politiques au Canada montre qu'ils sont tous
devenus des « grands chapiteaux » en réaction
au mouvement du peuple
pour s'investir du pouvoir de décider de ses affaires, pour
s'assurer
de maintenir le pouvoir entre les mains des quelques-uns. Le rôle
des
partis qui forment un système de cartel de partis, la crise dans
laquelle ils se retrouvent et leur définition de
l'intérêt national en
disent long sur le besoin de renouveau politique. Les propos du premier
ministre détournent l'attention de la grave crise dans laquelle
le
système de démocratie représentative s'est
enlisé du fait que sa
fonction est de porter au pouvoir des partis qui agissent pour le
compte d'intérêts
supranationaux privés. La prétention que ces partis
représentent
l'intérêt national et que quiconque s'oppose à
cette définition
intéressée de l'intérêt national
représente une menace pour la sécurité
nationale sert les mêmes fins. Ce sont sans doute les voix
marginales,
les voix extrémistes et activistes que le premier ministre
voudrait
illégaliser.
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC)
soutient depuis
longtemps que l'objectif du processus électoral
démocratique doit être
d'investir directement les Canadiens du pouvoir, non pas de former un
gouvernement de parti. Le processus a besoin de renouveau pour
éliminer
le privilège, surtout celui des chefs et des partis politiques
privilégiés et leur accès au pouvoir.
Le premier ministre use de sa position de
privilège pour tenir ces
propos impudents et bafouer toute notion moderne de la liberté
de
parole en tant que droit. Sa conception des voix marginales,
extrémistes et activistes qui causent de l'instabilité
assimile le
discours politique légitime qui contribue au progrès
politique et
social à une menace à
l'intérêt national, à la sécurité
nationale et à l'unité nationale.
Il est impératif de discuter de la notion de
l'intérêt national que
colporte la classe dominante. Elle sert certainement à
entraîner le
Canada dans la quête de domination mondiale des
États-Unis, en rivalité
avec les autres puissances. Il appartient aux Canadiens de
définir
l'intérêt national, pas à ceux qui profitent de
l'intégration de
l'économie du
Canada à la machine de guerre américaine.
Le PMLC est convaincu qu'une fois que les gens verront
en quoi
consistent les modifications proposées à la Loi
électorale, ils verront
qu'elles ne rendent pas la loi plus démocratique ou moderne, et
ne sont
certainement pas à la hauteur de ce qu'il faut pour
réaliser le droit
d'élire et d'être élu et le droit à un vote
informé. Plus le peuple est
exclu, plus il réclame ses droits et cherche à surmonter
les obstacles
qui l'empêchent de devenir lui-même le décideur de
toutes ses affaires.
Le gouvernement Trudeau dépose le projet de loi
C-76 modifiant la Loi électorale
Le 30 avril, le gouvernement libéral a
déposé le projet de loi C-76, Loi sur la Loi
électorale du Canada et d'autres lois et apportant des
modifications corrélatives à d'autres textes
législatifs . Il a pour titre abrégé Loi
sur la modernisation des élections . Il s'agit d'un document
de 352 pages en version bilingue
qui contient 398 clauses portant principalement sur la Loi
électorale du Canada .[1]
C'est un projet de loi complexe qui est imposé à une loi
électorale déjà
complexe et incohérente, dans laquelle il est de plus en plus
difficile
de s'y retrouver pour quiconque n'est pas un spécialiste du
domaine
juridique, et eux-mêmes trouvent cela difficile. Il est certain
que
c'est de façon non informée que les députés
à la Chambre des communes,
y compris les libéraux, qui sont maintenant appelés
à voter le projet
de loi, vont devoir se prononcer.
Une bonne partie du projet de loi est fondée sur
les
recommandations contenues dans le rapport du directeur
général des
élections à la suite des élections
générales de 2015 publiées dans un
texte intitulé : « Un régime électoral
pour le XXIe siècle ». Les
recommandations qui ont été acceptées par le
Comité permanent de la
procédure et des affaires de la Chambre (PROC), mandaté
pour réviser le
rapport, visent principalement à faciliter le vote ;
éliminer les
failles et la confusion dans la loi liée à la
réglementation
financière ; éliminer les obstacles qui
empêchent Élections Canadad'embaucher du personnel pour
ses bureaux et de bureaux de scrutin ; rationaliser ou
réduire le fardeau réglementaire pour les candidats et
les partis
politiques. Par exemple, les candidats qui n'atteignent pas le seuil
de 10 000 $ en contributions ou dépenses n'auront
plus à embaucher un
comptable pour vérifier leurs déclarations. Plusieurs
recommandations
substantielles présentées par le directeur
général des
élections n'ont pas été retenues, comme celle
demandant que le temps
d'antenne durant les élections soit augmenté et
réparti équitablement
entre tous les partis politiques enregistrés, plutôt que
d'attribuer la
part du lion au parti au pouvoir et aux partis formant l'opposition.
Une période de dépenses préélectorale a
été introduite, commençant six
mois avant le début de la campagne lorsque l'élection est
déclenchée
selon la date fixée par la loi. Une limite de dépenses
de 1,5 million $
pour les partis politiques sera en vigueur pour la période
préélectorale, tandis que les tiers seront assujettis
à une limite
de 1 million $ qui s'appliquera non seulement à la
publicité,
mais à un éventail plus large d'activités telles
que des sondages.
D'autres parties du projet de loi renversent certaines
des
dispositions édictées par la Loi sur
l'intégrité des élections
mise en place en 2014 par les conservateurs sous Stephen Harper.
Les
amendements de Harper à la Loi électorale ont
été largement condamnés,
en particulier parce qu'ils rendaient plus difficile aux
électeurs de
s'identifier aux bureaux de scrutin. Cela a également
limité les
pouvoirs du directeur général des élections de
mener des campagnes
d'éducation, surtout en ce qui concerne l'incitation à
voter. Le projet
de loi a été perçu comme un acte de vengeance de
la part de la bande Harper
contre Élections Canada et le commissaire aux élections
parce qu'ils
avaient
porté des accusations contre le Parti conservateur du Canada
à cause de son utilisation d'un
stratagème de financement électoral connu sous le nom de
« scandale des
transferts ». De plus, bien qu'elle ne l'ait pas mis en
évidence au
moment de son adoption, la Loi sur l'intégrité des
élections
a introduit une augmentation de l'allocation quotidienne liée
aux dépenses électorales pour les partis politiques et
les candidats
lorsque la campagne électorale dépassait le minimum
de 36 jours. De
plus, la loi sur les élections à date fixe du
gouvernement Harper n'a
pas fixé de durée maximale pour la période de
campagne électorale.
Quand Harper a déclenché les élections
en 2015, le calendrier
a donné lieu à une campagne électorale de 78
jours et à une
augmentation considérable des sommes qui pouvaient être
dépensées
légalement. Ces aspects de la Loi sur
l'intégrité des élections
et de la Loi électorale à date fixe sont une leçon
à tirer de la façon
dont des textes de loi lois volumineux peuvent entraîner la
promulgation
d'amendements intéressés sans même qu'on s'en
aperçoive. Le projet de
loi C-76 va fixer à un maximum de 50 jours la
période de campagne
électorale et la limite de dépenses sera
inchangée, quelle que soit la
durée de la campagne. Les exigences d'identification de
l'électeur
reviendront à ce qu'elles étaient auparavant, les
électeurs ayant le
droit d'utiliser comme pièce d'identité la carte
d'électeur d'Élections
Canada postée à tous les électeurs inscrits. Les
pouvoirs du directeur
général des élections semblent être
rétablis à son statut antérieur à
Harper et le commissaire aux élections présentement
assigné au bureau
du procureur général retourne dans les bureaux
d'Élections Canada et se
verra accorder le pouvoir de porter des mises en accusation sans
demander l'autorisation au procureur général.
Une partie importante du projet de loi C-76 porte sur
l'affirmation
que le processus électoral et politique du Canada risque
d'être la
cible d'attaques provenant de l'étranger, à la fois sous
la forme de «
fausses nouvelles » et de cyberattaques. De nouvelles
définitions et
des définitions repensées sont incluses dans le projet de
loi pour
préciser ce
qui est considéré comme une « influence indue par
des étrangers » et
quelles entités seront traitées comme «
étrangères ». Par exemple, une
entreprise étrangère ne répond pas à la
définition, tant qu'elle a des
activités au Canada. Les tiers (toute organisation ou individu
autre
qu'un candidat inscrit ou un parti politique) qui dépensent
plus de 500 $ seront assujettis à de nouveaux
règlements rigoureux
visant à interdire l'utilisation des fonds étrangers
à des fins
électorales.
En réponse
prétendument aux préoccupations actuelles concernant le
microciblage des électeurs à la suite des
révélations sur Cambridge
Analytica, les partis politiques seront tenus de publier leurs
politiques de confidentialité (sur leur site Web) et de nommer
un
responsable à cet effet pour être enregistrés
auprès d'Élections Canada.
On a
beaucoup parlé dans les médias de la façon dont
cela ne change pas
grand-chose puisqu'il n'y a pas en place de mécanisme pour
assurer sa
mise en application. Pendant ce temps, toute la question des partis
politiques qui font du microciblage des électeurs n'est pas
abordée.
Faisant fi de ce problème, le projet de loi C-76 maintiendra
dans les
faits et
même renforcera la capacité des partis politiques de
poursuivre leurs
pratiques de surveillance et de microciblage des électeurs. Cela
inclut
le fait que le projet de loi C-76 n'annule pas le changement
créé par
la Loi sur l'intégrité des élections,
qui autorise les partis politiques et les candidats à recevoir
les
listes des électeurs qui ont voté
non seulement durant les jours de scrutin, mais aussi après les
élections. Bien que ces listes, connues sous le nom de «
cartes
bingo », aient été justifiées pour
permettre aux partis politiques et
aux candidats de savoir qui n'a pas voté afin qu'ils puissent
« faire
sortir le vote », la seule raison pour recueillir
l'information sur qui
a voté
après l'élection est de pouvoir les inscrire dans les
bases de données
des électeurs exclusives à chacun des partis et pour
ainsi
suivre qui a
et n'a pas voté d'une élection à l'autre et
combiner cette information
avec d'autres données sur comment ils votent. Les mesures qui
sont
prises pour faciliter le vote des électeurs, comme les listes
numérisées
plutôt que les listes électorales sur papier, sont
présentées de
manière à faciliter l'accès des partis politiques
à l'information en
temps réel sur qui sont les personnes qui ont voté.
Le jour où le projet de loi C-76 a
été déposé, les membres du
Conseil privé, où siège le ministère des
Institutions démocratiques,
ont tenu une séance d'information technique avec les
médias, suivie
d'une conférence de presse avec Scott Brison, ministre
délégué aux
Institutions démocratiques. L'une des questions soulevées
a été
l'aspect de
dernière minute de la législation.[2]
Le ministre Brison a ignoré la question en faisant plutôt
allusion au
fait que le PROC avait fait un examen approfondi des recommandations du
directeur général des élections, laissant entendre
que tout le monde
était au courant. Il a dit que 85 % des
recommandations du directeur général des élections
seront mises en
oeuvre, sans commenter celles qui ont été rejetées.
C'est un fait qu'entre le 4 octobre 2016 et
le 15 juin 2017, le
PROC a tenu 21 réunions pour examiner les recommandations
du directeur
général des élections et il a publié trois
rapports sur celles qu'il
appuyait. Il est toutefois important de noter que 19 des 21
réunions
ont eu lieu à huis clos. Le
personnel d'Élections Canada a travaillé avec les dix
membres du PROC
pour les informer des changements. Pour les députés, le
projet de loi
n'a pas vu le jour avant le 30 avril. Les membres de la Chambre
des
communes, et encore moins la population en général, sont
très peu au
courant de ce que contient le projet de loi, sauf pour les termes
généraux présentés par les documents
d'information générale des libéraux. Même
ceux
qui présentaient le projet de loi ne savaient pas ce qu'il
contenait !
Cela a été amplement démontré lorsqu'un
journaliste a demandé pourquoi
le projet de loi C-76 ignorait la recommandation du directeur
général
des élections voulant que les partis politiques soient
tenus de fournir des documents liés à leurs
dépenses électorales avant
de recevoir des remboursements appréciables. Le projet de loi
C-76
comprend cette recommandation, mais ni la presse, ni les membres du
Conseil privé lors de la séance d'information technique,
ni le ministre
Brison ne le savaient.
Dans ses prochains numéros, LML
examinera les divers
aspects du projet de loi C-76 et son incidence sur le processus
électoral et politique. Le Parti libéral du Canada a fait
preuve d'un
mépris total en ce qui a trait à l'importance de la Loi
électorale. En
présentant la loi à une date aussi tardive, il
espère créer une
situation où il pourra
s'attaquer à ceux qui s'opposent à la loi parce qu'elle
retarde son
adoption rapide et que les gens devraient simplement faire confiance
aux libéraux. L'hypocrisie libérale est sans limite.
Notes
1. Des modifications directes et
indirectes sont apportées à la Loi sur le Parlement
du Canada , à la Loi sur l'emploi dans la fonction
publique , à la Loi sur l'accès à
l'information , à la Loi sur la révision des
limites des circonscriptions électorales et à la
Loi sur le directeur des poursuites
pénales .
2. Le directeur
général des élections de l'époque, Marc
Mayrand, a soumis
au Parlement son rapport prescrit par la loi le 26
septembre 2016 et a
comparu devant le PROC le 4 octobre 2016, demandant aux
membres de
revoir ses recommandations et d'adopter rapidement les mesures
approuvées afin qu'Élections
Canada ait suffisamment de temps pour se préparer à leur
mise en
oeuvre. C'était particulièrement important étant
donné que l'on ne
savait pas à ce moment-là que le Parti libéral ne
respecterait pas sa
promesse d'éliminer la méthode du scrutin majoritaire
uninominal à un
tour. Depuis la démission de Mayrand de son poste, un poste qui
demeure
vacant, le directeur général des élections par
intérim, Stéphane
Perrault, a comparu devant le PROC à plusieurs reprises,
répétant le
besoin d'une promulgation rapide des recommandations d'Élections
Canada, dont la plus récente le 24 avril 2018.
Élections Canada se
retrouve dans une situation où les préparatifs de
l'élection
de 2019 se déroulent comme si l'adoption du projet de loi
C-76 était un
fait accompli, même si le projet de loi n'a même pas
été adopté en
deuxième lecture.
Le vol des ressources du Canada dans le
nord de la Colombie-Britannique
Ceux à qui profite le projet de LNG Canada
d'extraction, de liquéfaction et d'expédition de gaz
naturel en Colombie-Britannique
- K.C. Adams -
Des Gitxsans et supporters bloquent l'autoroute 16 près de
Hazelton, en décembre 2014, pour protester contre l'octroi de
permis environnementaux pour les infrastructures de gaz naturel
liquéfié dans le nord de la Colombie-Britannique, dont
deux
gazoducs qui passeraient sur leur territoire et une usine de
traitement qui menace les stocks de saumon de la rivière Skeena.
Le projet d'extraction, de liquéfaction et
d'expédition de gaz naturel de LNG Canada en
Colombie-Britannique est un vol impérialiste criminel de ce qui
appartient au peuple de droit, et non un développement dans
l'intérêt national comme le prétend l'élite
dominante.
La construction d'actifs fixes, l'approvisionnement en
matériel, le financement, la gestion et l'exploitation du projet
de 40 milliards $ de LNG Canada dans le nord de la
Colombie-Britannique sont contrôlés de l'extérieur
du pays. Il semble que seuls le gaz naturel et la majorité de la
main-d'oeuvre soient canadiens tandis que les
cartels financiers/industriels mondiaux contrôlent toute
l'opération et l'expropriation de la valeur en tant que profit
à toutes les étapes du projet.
LNG Canada est un cartel
international dirigé par
Royal Dutch Shell (50 %) avec une participation partielle de
PetroChina, KOGAS (Corée du sud) et Mitsubishi (Japon). Les
Canadiens, dont le territoire contient le gaz naturel, participent dans
le projet comme travailleurs alors que les gouvernements au service des
riches fournissent les
fonds de l'État et l'infrastructure par le biais de
différents stratagèmes pour payer les riches et
concessions. La valeur nouvelle produite par les travailleurs dans le
cadre du projet qui va rester au Canada se limite essentiellement aux
salaires et avantages sociaux, soit leur valeur reproduite. L'autre
nouvelle valeur que les travailleurs produisent
lorsqu'ils transforment le gaz naturel en valeur d'usage sera
expropriée en tant que profit par les propriétaires de
LNG Canada et ira dans leurs coffres, loin du nord de la
Colombie-Britannique.
Les concessions et les stratagèmes pour payer
les riches accordés pour le projet par les gouvernements
fédéral et de la Colombie-Britannique ont plus que
compensé toute taxe ou redevance que LNG Canada paierait pour
s'emparer du gaz naturel canadien. Cela signifie que peu ou rien de la
nouvelle valeur produite par les travailleurs sera
disponible pour la reproduction élargie de l'économie de
la Colombie-Britannique dans le cadre d'un projet d'édification
nationale. En outre, la valeur sociale reproduite consommée dans
le projet, qui est transférée des travailleurs instruits,
notamment leurs soins de santé, et reproduite par leur temps de
travail sur le projet, ne sera pas correctement
échangée avec les producteurs publics de cette valeur,
mais plutôt expropriée comme profit par les
propriétaires du projet.
LNG Canada possède et contrôle le projet,
qui consiste à extraire le gaz naturel des gisements de gaz du
nord-est de la Colombie-Britannique et à l'expédier vers
des marchés à l'extérieur du Canada via la
côte ouest de la Colombie-Britannique. Le projet comprend les
éléments suivants :
LNG Canada extraira lui-même ou au moyen de
contrats le gaz naturel des gisements de gaz du nord-est de la
Colombie-Britannique par la méthode connue sous le nom de
fracturation hydraulique.
TransCanada Corporation a obtenu le contrat pour
construire et exploiter le gazoduc Coastal GasLink qui s'étend
sur 670 kilomètres depuis la région de Dawson Creek,
en Colombie-Britannique, jusqu'à l'usine et l'installation de
chargement proposées par LNG Canada au port côtier de
Kitimat, en Colombie-Britannique. La société
TransCanada est un cartel financier/industriel mondial qui construit
présentement l'oléoduc Keystone XL qui fait face à
une vive opposition, entre les champs pétrolifères de
l'Alberta et les raffineries des États-Unis.[1]
Gazoducs en Colombie-Britannique et projet de structures
d'exportation
(cliquer sur l'image pour agrandir)
Le gazoduc Coastal GasLink se terminera à
Légitimation, à l'usine de
liquéfaction de gaz naturel de LNG Canada proposée au
coût de14
milliards $. Le gaz naturel liquéfié (GNL)sera
entreposé et chargé sur
des navires méthaniers spéciaux pour le transport vers
les marchés en
Asie. Un contrat de construction commun entre les États-Unis et
le Japon a été conclu pour la construction de l'usine de
GNL de 14
milliards $ et des installations connexes à Kitimat.
LNG Canada achètera ou louera des navires
méthaniers pour
transporter le GNL en Asie. Tous les navires méthaniers d'une
valeur de
plusieurs centaines de millions $ chacun sont construits en Asie,
principalement au Japon, en Corée du Sud et en Chine.
Qui en profite ?
La valeur que les travailleurs créent en
produisant les immobilisations pour l'ensemble du projet de LNG Canada
est énorme. Cependant, la plus grande partie de la machinerie
lourde et du matériel utilisé dans le projet, comme les
modules de l'usine de GNL et les méthaniers, est produite
à l'étranger sans valeur qui s'accumule au Canada. Les
cartels étrangers contrôlent l'ensemble du projet. Les
Canadiens n'accumulent pas l'expertise nécessaire pour fabriquer
du matériel lourd et des actifs fixes, ce qui est un
problème historique au Canada qui s'est aggravé avec
l'annexion de l'économie au système d'États
dominé par les États-Unis.
Une fois que les actifs fixes du projet sont
utilisés, leur valeur est transférée peu à
peu dans le gaz naturel au fur et à mesure qu'il se
déplace du sol à la vente finale. Les actifs fixes
comprennent les installations d'extraction de gaz et
l'équipement connexe, le gazoduc à Kitimat, l'usine de
GNL, les installations d'expédition et les méthaniers.
Les cartels financiers/industriels étrangers contrôlent
presque tous ces actifs et exproprient une grande partie de la nouvelle
valeur que les travailleurs créent au cours de leur production
et de leur exploitation. Cela pose un problème important, car le
projet n'apporte que peu ou pas de valeur nouvelle à la
reproduction élargie de l'économie
canadienne au-delà des réclamations des travailleurs
canadiens à la valeur reproduite individuellement, leur salaire
et leurs avantages sociaux. Une fois que le projet ou les gisements de
gaz naturel ont terminé leur cycle de vie, il reste très
peu de choses en retour qui puisse servir à l'édification
nationale, soit localement dans le Nord, soit
ailleurs au
Canada.
Ce problème est aggravé par les
stratagèmes gouvernementaux de payer les riches qui soutirent la
valeur provenant d'autres secteurs de l'économie et les
attribuent aux propriétaires du projet de GNL. Cette valeur
accordée aux propriétaires du projet provient
d'infrastructures financées par des fonds publics, de
l'électricité facturée à un prix
inférieur au coût de production, de la valeur sociale
reproduite par des travailleurs instruits et en bonne santé et
d'autres subventions du Trésor public. Les aspects
négatifs de ce développement impérialiste sont
aggravés du fait qu'on accorde aux cartels mondiaux
privés le droit de s'approprier la ressource naturelle en
échange du versement de la plus petite compensation possible au
Trésor public.
Inutile de dire qu'un développement aussi massif
d'exploitation des ressources naturelles du pays pourrait être
entrepris comme une entreprise entièrement ou
presque entièrement publique avec tous les actifs fixes
construits au Canada et toute nouvelle valeur distribuée et
conservée au Canada pour le bien-être de la population et
la reproduction
élargie de l'économie. Cela créerait un important
projet d'édification nationale où les avantages seraient
importants et durables, au-delà de l'épuisement des
ressources naturelles, et qui générerait des
investissements et du développement dans le secteur
manufacturier, les programmes sociaux et les services publics pour tous.
L'élite dominante appelle le projet de LNG
Canada un « développement dans l'intérêt
national ». La réalité de qui profite de ce
projet de GNL montre que la notion de « l'intérêt
national » du gouvernement est très
intéressée. Faciliter le vol pur et simple de nos
ressources en opposition à l'édification nationale et
à l'intérêt public
ne peut jamais être dans l'intérêt national. Il est
ridicule de suggérer une telle chose et cela montre que ceux qui
sont au pouvoir ne sont pas aptes à gouverner.
Note
1. D'autres gazoducs
proposés en Colombie-Britannique sous le
contrôle des impérialistes sont
énumérés ici.
Le stratagème du gouvernement de la
Colombie-Britannique pour payer les riches
Les gouvernements fédéral et de la
Colombie-Britannique exigent peu ou pas de redevances pour l'extraction
et l'exploitation du gaz naturel au Canada. Des frais modestes sont
payés pour garantir les droits de propriété sur
les gisements de gaz et pour les quantités qui sont
prélevées. Les impôts des
sociétés pour les cartels mondiaux sont
négligeables car ceux-ci savent déplacer au sein de leur
vaste structure d'entreprise la nouvelle valeur qu'ils exproprient en
tant que profit, la faisant presque disparaître.
En plus des droits de propriété bon
marché et de la braderie des ressources naturelles, le
gouvernement de la
Colombie-Britannique a accordé à LNG Canada des
concessions et des mesures directes de type payer les riches. Le
premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a
annoncé que son gouvernement offre à LNG Canada une
réduction
des taxes sur le carbone et une exemption de la taxe de vente
provinciale sur le matériel de construction et les autres
investissements nécessaires pour construire le projet. Il a
ajouté que la taxe spéciale du gouvernement
précédent sur l'exportation du gaz naturel
liquéfié (GNL) serait éliminée et que le
tarif d'électricité de BC Hydro serait abaissé au
taux industriel, qui est inférieur au prix de production et bien
inférieur à la valeur de l'énergie en gaz naturel
que le projet nécessiterait s'il n'utilise pas
l'électricité de BC Hydro. Ce changement est important
parce que la perte de revenus pour BC Hydro doit être
compensée ailleurs, soit par des tarifs
d'électricité plus élevés pour les clients
résidentiels et les petites entreprises, soit par des emprunts.
Le stratagème pour payer les riches du
gouvernement de Colombie-Britannique et son engouement pour le projet
de LNG Canada expliquent en partie pourquoi le gouvernement a
renversé son opposition antérieure au projet
hydroélectrique du Site C de BC Hydro sur la rivière de
la Paix dans le nord de la Colombie-Britannique, du temps où
le NPD n'était pas encore le parti au pouvoir. Le Site C
fournira au moins une partie de l'électricité
nécessaire pour de futurs projets de GNL en Colombie-Britannique.
Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a
étudié les économies réalisées dans
le projet privé Woodfibre de GNL approuvé à
Squamish, en Colombie-Britannique, auquel on a octroyé un tarif
industriel plus bas pour l'électricité, à un prix
inférieur au coût de production de
l'électricité pour BC Hydro. Le montant
économisé est
encore une autre subvention publique accordée à
l'entreprise privée pour payer les riches.
L'électricité de BC Hydro sera utilisée dans les
systèmes de commandes électriques pour alimenter les
usines de GNL au lieu du gaz naturel. L'électricité de BC
Hydro à un taux du marché est moins onéreuse que
l'utilisation de gaz naturel et, avec le tarif
industriel en vigueur, elle est encore moins chère. La
différence dans le projet GNL de Woodfibre entre le paiement
à un taux de marché fondé sur le prix de la
production
d'électricité et le paiement du tarif industriel
inférieur est évaluée à 34
millions $ par année. Le projet complet de 40
milliards $ de LNG Canada,
depuis l'extraction jusqu'à l'expédition, en passant par
la liquéfaction, éclipse de loin le projet Woodfibre, de
sorte que la subvention annuelle pour l'utilisation de
l'électricité de BC Hydro serait beaucoup plus
élevée.
Le CCPA écrit : « Le gouvernement de
la Colombie-Britannique a publié un barème de prix de
l'électricité pour le GNL à des prix
inférieurs (86,55 $ par MWh en 2023) au coût de
l'électricité du site C (de 88
à 110 $ par MWh). Si les projets de GNL vont de
l'avant tels que prévus, le site C va perdre
des dizaines de millions $ par année (en plus des pertes
subies avec le projet de GNL de Woodfibre). Les activités plus
étendues de fracturation et de traitement du gaz naturel vont
probablement bénéficier elles aussi de tarifs
subventionnés.
« On ne tient pas compte ici des coûts d'infrastructure
connexes des nouvelles lignes de
transmission, comme la ligne de 230 kilovolts reliant Dawson Creek
à la région de Chetwynd
construite en 2016 au coût de 300 millions $, spécialement
conçue pour répondre aux besoins
ponctuels de l'industrie du gaz naturel de la région. Au moins
deux autres nouvelles lignes de
transmission, longues et coûteuses, sont envisagées dans
la même région faiblement peuplée,
précisément pour alimenter en énergie l'industrie
du gaz. »[1]
Note
1.Extrait du mémoire du
CCPA -
« Revisiting the Economies Case for Site C »
(Réexamen des économies associées au site C).
À titre
d'information
Octroi d'un contrat
d'ingénierie-approvisionnement-construction (IAC) pour
l'installation
de GNL à Kitimat
Nikkei Asian Review, une publication
d'affaires japonaise, rapporte qu'un contrat d'IAC a été
octroyé pour l'usine de liquéfaction et les installations
d'expédition de LNG Canada situées à Kitimat, pour
une valeur de 14 milliards $. Le contrat va à un
partenariat entre les deux conglomérats de construction, JGC du
Japon
et Fluor Corporation des États-Unis.
Nikkei Asian Review indique qu'un obstacle
majeur au contrat d'IAC est survenu suite aux récents tarifs
américains et canadiens de 45 % imposés aux
aciers fabriqués en Chine, en Corée du sud et en Espagne
et qui sont destinés à la construction. Les gros modules
en acier autonomes nécessaires aux usines de GNL ne
sont pas fabriqués au Canada, mais en Asie et importés.
Les barrières tarifaires sur l'acier pourraient ajouter des
centaines de millions $ au prix de production des modules.
Plutôt que de faire construire les modules d'acier au Canada, LNG
Canada aurait demandé une exemption aux tarifs du gouvernement
fédéral.
Bicentenaire de naissance de Karl Marx
Le nom et l'oeuvre de Karl Marx vivront dans
le coeur et l'esprit de millions de personnes
qui aspirent à bâtir le Nouveau
5
mai
1818
-
14
mars
1883
À l'occasion du 200e anniversaire de
naissance de Karl Marx, le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) se joint aux communistes et aux forces
avancées du monde pour célébrer l'exemple et
l'oeuvre de ce génie et grand dirigeant du mouvement ouvrier
international.
L'humanité conservera toujours une grande
admiration
révolutionnaire et beaucoup de gratitude pour la vie et l'oeuvre
de cet homme de génie, éducateur et dirigeant du
prolétariat. Notre Parti demeure fidèle aux idées
de Karl Marx qui, par leur développement et enrichissement
constants, sont devenues le trésor du marxisme-léninisme,
l'infaillible base théorique de la pratique
révolutionnaire de tout
parti communiste digne de ce nom.
Beaucoup reconnaissent le marxisme comme un guide pour
l'action. D'autres prétendent être marxistes mais sont en
fait des apologistes du capitalisme et de l'ordre mondial
néolibéral. Ils ne voient que la crise dans la crise
économique mondiale et les autres crises de ce système.
Ils
ne voient pas, et ne veulent pas voir, la voie vers l'avant que
révèlent les phénomènes qui naissent et qui
passent. Ils ne voient pas et ne veulent pas voir que la lutte de
classe qui s'aiguise dans les conditions de la crise conduit à
une nouvelle époque historique fondée sur l'abolition de
l'exploitation de l'être humain par l'être humain et de
tous les maux qui l'accompagnent : anarchie, oppression,
pauvreté, insécurité et guerres.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) se base sur les idées marxistes
parce qu'elles reflètent les lois objectives du
développement social. Elles constituent un guide pour la classe
ouvrière dans sa lutte pour l'émancipation, et sont pour
elle une grande source d'inspiration et une force spirituelle vitale
pour atteindre ses objectifs. En
plus de refléter les lois du développement social, elles
sont une grande force matérielle pour transformer le monde.
À mesure que s'exacerbe la lutte de classe et que s'aiguisent
les contradictions de classe et les contradictions nationales, ces
idées continuent d'être reprises par un nombre toujours
plus grand de personnes. Et elles se développent et
s'enrichissent dans le cours de la pratique révolutionnaire.
L'aboutissement de la lutte de classe et le rôle
dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution sont
des questions fondamentales de la stratégie
révolutionnaire. « L'essentiel, dans la doctrine de Marx,
écrit Lénine, c'est
qu'elle a mis en lumière le rôle historique mondial du
prolétariat, comme bâtisseur de la société
socialiste. »[1]
Lénine soulignait lui aussi qu'il est
toujours important d'établir « quelle classe se trouve au
centre de telle ou telle époque, et détermine son contenu
fondamental, l'orientation
principale de son développement, les particularités
essentielles de son cadre historique, etc. »
Marx a écrit :
« [...] en ce qui me
concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite
d'avoir découvert l'existence des classes dans la
société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y
livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi
l'évolution historique de cette lutte des classes et des
économistes bourgeois en avaient
décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté
de nouveau, c'est : 1) de démontrer que l'existence
des classes n'est liée qu'à des phases historiques
déterminées du développement de la
production ; 2) que la lutte des classes mène
nécessairement à la dictature du
prolétariat ; 3) que cette dictature elle-même
ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les
classes et vers une société sans classes. »[2]
Lénine a
qualifié d'expression la
plus grossière de réformisme, la négation du
concept du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans le
mouvement révolutionnaire. En plaçant la classe
ouvrière au centre de notre époque, il a décrit le
principal contenu de cette époque comme étant la
transition du monde du capitalisme au socialisme, et le
caractère de la révolution comme étant
prolétarien.
L'affirmation de Marx que le capitalisme n'a pas
seulement donné naissance à la bourgeoisie, il a aussi
donné naissance à la classe ouvrière qui est son
fossoyeur, est cruciale pour ouvrir la voie au progrès de la
société. Marx reconnaît que la classe
ouvrière est cette force matérielle historique parce
qu'elle a intérêt à mettre fin à toute
exploitation de l'être humain par l'être humain et, ce
faisant, mettre fin au retard, à la noirceur et à
l'ignorance et ouvrir une étape complètement nouvelle du
développement de la société, poursuivant sur la
grande voie de la civilisation en créant une nouvelle
époque historique.
Le développement du rôle dirigeant de la
classe ouvrière, de son leadership dans toutes les affaires qui
concernent la société demeure à ce jour la
question décisive qui déterminera la victoire de la cause
de l'humanité entière et changera la situation en sa
faveur. Uniquement parler de la lutte de classe, reconnaître son
existence et en faire la
description, sans reconnaître où mène cette lutte
de classe, présuppose que la bourgeoisie et la classe
ouvrière continueront d'exister pour toujours comme deux classes
opposées, la bourgeoisie en tant que classe dominante et la
classe ouvrière en tant que classe opprimée. C'est
précisément ce que la bourgeoisie veut faire croire
à la classe ouvrière
et à tous les opprimés. C'est pourquoi, bien qu'elle
reconnaisse les classes et la lutte de classe, elle nie la marche en
avant de la
société : elle refuse d'analyser la situation et se
contente de la décrire. Ou bien elle regarde la situation de
manière fataliste, n'y voyant aucune issue possible, et
prétend que les luttes des travailleurs et des larges masses du
peuple ne mènent nulle part, ou bien elle présente les
luttes spontanées de manière euphorique et les approuve
pourvu qu'elles ne menacent pas le statu quo. Dans un cas comme dans
l'autre, le résultat est le même. La bourgeoisie est
prête à coexister avec ceux qui reconnaissent la lutte de
classe pourvu qu'ils ne reconnaissent pas où elle mène
et qu'ils n'organisent pas en fonction de cette reconnaissance.
Ce qui distingue les
marxistes-léninistes de toutes les autres forces sociales, ce
sont les objectifs qu'ils tiennent haut levés dans toutes les
conditions et circonstances. Ces objectifs sont donnés par les
conditions mêmes de la société. Ils sont
l'expression consciente de la direction que prend la
société et la tâche du Parti est d'amener la classe
à faire siens ces objectifs, ce qu'il fait d'une façon
pratique. Il fait de la classe ouvrière une combattante
consciente
pour sa propre émancipation, pour l'émancipation de la
société tout entière et de toute l'humanité.
Le PCC(M-L) procède à partir du
mouvement réel qui existe dans la société. Il
n'exagère ni ne minimise un aspect ou un trait de la situation
actuelle. Il tient compte de tous les facteurs à l'oeuvre :
il n'oublie ni le côté objectif ni le côté
subjectif du mouvement ; il tient compte du facteur conscient, le
Parti et sa théorie, la
pensée marxiste-léniniste contemporaine, et du rôle
des masses en tant que celles qui font l'histoire.
Hardial Bains, fondateur et dirigeant du PCC(M-L), rend hommage
à Karl Marx au cimetière Highgate à Londres en
1983,
à l'occasion du 100e anniversaire de la
mort de Marx
|
Hardial Bains, le fondateur et dirigeant de notre Parti
jusqu'à sa mort en 1997, faisait remarquer :
« Karl Marx a découvert la loi du
mouvement de la société et la loi spécifique du
mouvement du mode de production capitaliste. C'est aussi à ces
lois qu'obéit le mouvement dans le domaine des idées, de
la science et de la théorie. Depuis que la société
s'est scindée en deux classes irréconciliables, la
bourgeoisie et le prolétariat, toutes les
traditions de la science et des lumières sont devenues le propre
du prolétariat, la classe qui a intérêt à
abolir toutes les conditions de l'exploitation de l'être humain
par l'être humain. En raison de la mission qui lui incombe, le
prolétariat est la seule classe qui n'a pas de
préjugé. La science a besoin de cette condition pour
progresser.
« Ce sont les découvertes de Karl Marx qui
ont donné à la classe la conscience, qui lui ont
montré son but, sur la base de la direction de la lutte de
classe, la direction que prend la société, et qui lui ont
montré comment atteindre ce but. Karl Marx était d'abord
et avant tout un révolutionnaire. La science qu'il a
créée possède à la fois le
parti-pris prolétarien et un caractère
révolutionnaire, et elle n'est donc d'aucune utilité pour
la bourgeoisie. Pour être scientifique, pour être
révolutionnaire, il est nécessaire d'être le
continuateur de la grande voie de la victoire des plus grands
idéaux de l'humanité. »[3]
Le PCC(M-L) aborde ce travail dans toute sa
complexité et sa profondeur pour que la classe ouvrière
soit munie de l'arme spirituelle qu'elle trouve dans le
marxisme-léninisme tandis que le marxisme-léninisme
trouve son arme matérielle dans la classe ouvrière. La
fusion de la théorie du marxisme-léninisme avec le
mouvement ouvrier est l'un
des plus importants facteurs dans la préparation du facteur
humain/conscience sociale, qui est la condition matérielle
nécessaire pour ouvrir la voie au progrès de la
société.
C'est le Parti qui apporte cette conscience
à toutes les sections de la société. Quand il
parle du mouvement indépendant de la classe ouvrière,
loin de réduire la portée du mouvement ouvrier, de le
limiter à ce qu'on a tendance à appeler « les
questions ouvrières », le Parti a à l'esprit
son programme, que la classe ouvrière se constitue en
la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain. C'est le
mouvement émancipateur de la classe ouvrière qui
affranchit du même coup toute la société. Si la
bourgeoisie présente la classe ouvrière comme une classe
égocentrique aux objectifs étroits, les
marxistes-léninistes ne défendent pas une position
intéressée, leur position est la même
qu'ils s'adressent à la classe ouvrière, aux jeunes, aux
femmes ou à toute autre section de la société. La
classe ouvrière n'a pas les possibilités d'influencer les
affaires de la société d'une manière
révolutionnaire si elle est séparée ou
divorcée des problèmes de la société, si
elle est indifférente aux problèmes de tous les
exploités et opprimés et si elle
reste à l'écart de la grande voie de la civilisation. La
classe ouvrière ne peut avancer sur la grande vole de la
civilisation simplement parce qu'elle est la classe ouvrière,
elle doit avoir son avant-garde dans la forme d'un parti politique
fiable et éprouvé qui place la lutte pour ouvrir la voie
au progrès de la société sur la grande voie de la
civilisation.
Donc, cette avant-garde agit non pas en repoussant cette grande voie,
mais en s'y engageant et en comptant sur la classe ouvrière en
tant que force matérielle qu'a engendrée l'histoire pour
la réalisation de cette tâche.
Aujourd'hui, le nom et l'oeuvre de Karl Marx vivent
dans le coeur et l'esprit de millions de personnes qui aspirent
à bâtir une société nouvelle. Ceux qui
désirent organiser la classe ouvrière pour qu'elle assume
son rôle dirigeant dans la construction de cette
société auront toujours le marxisme comme guide pour
l'action.
Hardial Bains à un séminaire à l'occasion du 110e
anniversaire de la mort de Karl Marx à la Bibliothèque
commémorative Karl Marx à Londres le 5 septembre 1993
Hardial Bains au bureau de Lénine à la
Bibliothèque commémorative Karl Marx
à Londres en septembre 1993
Notes
1. Lénine, « Les destinées
historiques de la doctrine de Karl Marx », Oeuvres,
Tome 18, Éditions du progrès, Moscou, p. 60
2. «
Lettre à J. Weydemeyer, 5
mars 1852 », Marx et Engels, Correspondance,
Éditions
du
progrès,
Moscou, 1971,
p. 62
3.Hardial Bains, « La nécessité de
la presse de masse du Parti », Une semaine de
célébrations, Institut Marx, Engels, Lénine,
Staline, Toronto, 1985
Biographie de Marx
- Friedrich Engels -
Cette biographie de Karl Marx a été
écrite par Friedrich Engels en juin 1877, six ans avant le
décès de Marx le 14 mars 1883. Elle a
été publiée dans l'almanach Volks-Kalender
à Brunswick, en 1878, et traduite en français par le
Bureau d'Éditions, Paris, en 1935. Elle est publiée
sous le titre Karl Marx dans les Oeuvres choisies de Marx et
Engels, aux Éditions du progrès, Moscou, en 1955.
* * *
L'homme qui a donné le premier au socialisme et,
par suite, à tout le mouvement ouvrier contemporain une base
scientifique, Karl Marx, est né à Trèves
en 1818. Il étudia tout d'abord le droit à Bonn et
à Berlin, mais il se consacra bientôt exclusivement
à l'étude de l'histoire et de la philosophie et,
en 1842, il était sur le point de
se faire nommer chargé de cours de philosophie, lorsque le
mouvement politique qui prit naissance après la mort de
Frédéric-Guillaume III le fit se diriger vers une autre
carrière. Avec sa coopération, les chefs de la
bourgeoisie libérale de Rhénanie, les Camphausen,
Hansemann et autres, avaient fondé à Cologne la Gazette
rhénane[1],
et
Marx
dont
la
critique
des
débats
de
la Diète provinciale
rhénane avait fait le plus grand bruit, fut appelé en
automne 1842 à la direction de cette feuille.
Naturellement, la Gazette rhénane était soumise
à la censure, mais celle-ci n'en put jamais venir à bout.[2] La Gazette
rhénane
arrivait presque toujours à faire passer les articles qu'elle
considérait nécessaires, on commençait par
présenter au censeur le menu fretin à rayer
jusqu'à ce qu'il finît par céder de lui-même
ou qu'il y fût obligé par la menace de ne pas faire
paraître le journal le lendemain. Avec dix journaux qui
auraient eu le même courage que la Gazette rhénane
et dont les éditeurs auraient voulu sacrifier quelques centaines
de thalers en frais supplémentaires de plomb, la censure,
dès 1843, aurait été rendue impossible en
Allemagne. Mais les propriétaires de journaux allemands
étaient des philistins mesquins, peureux, et la Gazette
rhénane mena toute seule la bataille. À cause
d'elle, de
nombreux censeurs se virent relever de leurs fonctions. On finit par
lui imposer une double censure : après la première
censure, le journal était soumis encore une fois au
préfet, qui devait le censurer définitivement. Mais tout
cela ne servit de rien. Aussi, au début de 1843, le
gouvernement déclara qu'il n'y avait rien à faire avec ce
journal et il l'interdit sans plus de forme.
Marx, qui dans cet intervalle avait épousé
la soeur de von Westphalen, le futur ministre réactionnaire,
alla s'installer à Paris, où il publia avec A. Ruge les Annales
franco-allemandes[3]
,
dans lesquelles il commença la série de ses écrits
socialistes par une Critique de la philosophie
du droit de Hegel. Puis il publia avec F. Engels la Sainte
Famille, contre Bruno Bauer et consorts, critique satirique d'une
des dernières formes dans lesquelles s'était
égaré l'idéalisme philosophique allemand de cette
époque.
L'étude de l'économie politique et de
l'histoire de la grande Révolution française laissait
encore du temps à Marx pour s'attaquer à l'occasion au
gouvernement prussien. Celui-ci s'en vengea en obtenant du
ministère Guizot au printemps de 1845 -- c'est M. Alexandre
von Humboldt qui, dit-on, servit d'intermédiaire -- son
expulsion de
France[4]. Marx
alla se fixer
à Bruxelles et y publia en langue française,
en 1847, Misère de la philosophie, une critique
de la Philosophie de la misère de Proudhon et
en 1848 un Discours sur le libre-échange. En
même temps, il trouva l'occasion de fonder à
Bruxelles une Association ouvrière allemande[5] et commença
ainsi à faire
de l'agitation pratique. Cette dernière devint encore plus
importante pour lui à partir du moment où il entra avec
ses amis politiques, en 1847, dans la Ligue des communistes,
société secrète qui existait depuis de
longues années. Toute cette institution en fut
complètement bouleversée. L'association, jusqu'alors plus
ou moins clandestine, devint une organisation ordinaire de propagande
communiste restant secrète seulement lorsqu'elle ne pouvait
faire autrement ; ce fut la première organisation
du Parti social-démocrate allemand. La Ligue
exista partout où se trouvaient des associations
ouvrières allemandes ; presque dans toutes ces associations
d'Angleterre, de Belgique, de France et de Suisse ainsi que dans un
très grand nombre d'associations d'Allemagne, les dirigeants
étaient des membres de la Ligue, et la participation de celle-ci
au mouvement ouvrier allemand qui prenait
naissance alors fut considérable. Mais en même temps notre
Ligue fut aussi la première à mettre en relief le
caractère international de tout le mouvement ouvrier et à
prouver également ce caractère dans la pratique, car elle
comptait parmi ses adhérents des Anglais, des Belges, des
Hongrois, des Polonais, etc., et, à Londres en particulier, elle
organisa des réunions ouvrières internationales.
Une page du manuscrit original du Manifeste
du
Parti
communiste
|
La transformation de la Ligue s'accomplit dans deux
congrès qui se tinrent en 1847 et dont le second
décida de rassembler et de publier les principes du Parti dans
un manifeste que Marx et Engels furent chargés de
rédiger. C'est ainsi que prit naissance le Manifeste du
Parti communiste, qui parut pour la première fois
en 1848, quelque temps avant la révolution de
Février, et qui depuis a été traduit dans presque
toutes les langues européennes.
Le Journal allemand de Bruxelles[6] auquel Marx
collaborait et dans lequel
il dénonçait sans pitié la béatitude
policière de sa patrie, avait de nouveau incité le
gouvernement prussien à user de son influence pour faire
pression en vue de l'expulsion de Marx, d'ailleurs vainement. Mais
lorsque
la révolution de Février provoqua, à Bruxelles
aussi, des mouvements populaires et qu'un changement de régime
en Belgique parut imminent, le gouvernement belge arrêta Marx
sans plus de façon et l'expulsa. Dans cet intervalle, le
gouvernement provisoire de France l'avait fait inviter par Flocon
à revenir à Paris, et Marx se rendit à cet
appel.
À Paris, il s'opposa avant tout au bluff qui se
répandait parmi les Allemands et qui consistait à vouloir
organiser en France les ouvriers allemands en légions
armées pour aller en Allemagne faire la révolution et
instaurer la République. D'une part, c'était à
l'Allemagne à faire elle-même sa révolution ;
d'autre part, chaque légion
révolutionnaire étrangère qui se formait en France
était à l'avance trahie par les Lamartine du gouvernement
provisoire, lesquels la dénonçaient au gouvernement qu'il
fallait renverser, comme cela se produisit aussi en Belgique et dans le
grand-duché de Bade.
Après la
révolution de mars, Marx partit à Cologne où il
fonda la Nouvelle Gazette rhénane, qui dura
du 1er janvier 1848 au 19 juin 1849. Ce journal
était le seul qui, au sein du mouvement démocratique
d'alors, soutint le point de vue du prolétariat, notamment en
prenant parti sans réserve pour les insurgés
de juin 1848[7]
à
Paris, ce qui lui fit perdre presque tous ses actionnaires. C'est en
vain que la Kreuzzeitung[8]
signala le « cynisme monstrueux » avec lequel la Nouvelle
Gazette
rhénane
attaquait tout ce qui était
sacré, depuis le roi et
le vicaire de l'Empire jusqu'au gendarme, et cela dans une ville
prussienne fortifiée qui avait alors 8 000 hommes de
garnison.
C'est en vain que les philistins libéraux de
Rhénanie, devenus soudain réactionnaires,
tempêtèrent, c'est en vain que l'état de
siège proclamé à Cologne dans l'automne
de 1848 entraîna une suspension
prolongée de la feuille ; c'est en vain que le
ministère de la Justice du Reich à Francfort
dénonça aux fins de poursuites judiciaires articles sur
articles au procureur de Cologne, le journal continua à
être rédigé et imprimé en toute
tranquillité en face du corps de garde principal, et sa
diffusion et sa renommée ne firent que croître au fur et
à
mesure que les attaques du gouvernement et de la bourgeoisie devenaient
plus violentes. Lorsque le coup d'État prussien éclata en
novembre 1848, la Nouvelle Gazette rhénane invita
le peuple, par un appel en tête de chaque numéro, à
refuser les impôts et à riposter à la violence par
la violence. Pour cet appel ainsi que pour un autre
article, elle fut traduite au printemps de 1849 devant les
jurés, qui l'acquittèrent par deux fois. Finalement,
lorsque les insurrections de mai 1849 eurent été
écrasées à Dresde et en Rhénanie[9], et lorsque la Prusse
entreprit contre
le soulèvement du Palatinat et du grand-duché de Bade une
campagne où furent concentrées et mobilisées des
troupes considérables, le gouvernement se crut assez fort pour
recourir à la violence et il interdit la Nouvelle Gazette
rhénane. Le dernier numéro, imprimé en
rouge, parut le 19 mai.
Marx se rendit de nouveau à Paris, mais
déjà quelques semaines après la manifestation
du 13 juin 1849[10],
il
fut
mis
par
le
gouvernement
français
dans l'alternative de se
fixer en Bretagne ou de quitter la France. Il prit ce dernier parti et
alla s'installer à Londres, où il ne cessa depuis
lors d'habiter.
On essaya en 1850 de poursuivre la publication de
la Nouvelle Gazette rhénane sous forme de revue
(à Hambourg)[11],
mais
au
bout
de
quelque
temps
il
fallut y renoncer, la réaction se
faisant de plus en plus violente. Immédiatement après le
coup d'État de décembre 1851 en
France, Marx publia le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (New
York 1852 ; 2e édition, Hambourg 1869, parue
peu avant la guerre). En 1853, il écrivit ses Révélations
sur
le
procès
des
communistes
de
Cologne
(qui parurent
d'abord à Bâle, ensuite à Boston, puis tout
dernièrement à Leipzig).
Après la condamnation des membres de la Ligue
des communistes à Cologne[12],
Marx
ne
s'occupa
plus d'agitation politique et se consacra, d'une part,
pendant dix ans, à l'étude des riches trésors que
renfermait la bibliothèque du British Museum en
matière d'économie politique, et, d'autre part, à
sa collaboration au New York Tribune[13]
qui publia de lui, jusqu'au
début de la guerre civile américaine[14], non seulement des
correspondances
signées, mais aussi de nombreux leaders sur la situation en
Europe et en Asie. Ses attaques contre Lord
Palmerston, appuyées sur l'étude approfondie des
documents officiels anglais, furent réimprimées à
Londres sous forme de pamphlets.
Le premier fruit de ses études
économiques, qui durèrent de longues années, fut
la Contribution à la critique de l'économie
politique, premier fascicule, qui parut en 1859 (Berlin,
Duncker). Cet ouvrage contient le premier exposé
systématique de la théorie de la valeur de Marx ainsi que
sa théorie de la monnaie. Pendant la
guerre italienne[15],
Marx
combattit,
dans
le
journal
allemand
Das Volk[16]
paraissant à
Londres, le
bonapartisme qui se donnait des allures libérales et jouait au
libérateur des nationalités opprimées, ainsi que
la politique prussienne d'alors qui cherchait
à pêcher en eau trouble sous le couvert de la
neutralité. À cette occasion il eut également
à attaquer M. Karl Vogt, qui était alors à la
solde de Louis-Napoléon et qui, sur les directives du prince
Napoléon (Plon-Plon), faisait alors de l'agitation pour la
neutralité, voire même pour la sympathie de l'Allemagne
à l'égard du second Empire. Aux
calomnies les plus infâmes et sciemment controuvées que
Vogt entassa contre lui, Marx répondit par Monsieur Vogt
(Londres 1860), ouvrage dans lequel il dévoila les Vogt et
consorts de la bande impérialiste de faux démocrates, et
où il démontra, par des preuves directes et indirectes,
que Vogt avait été acheté par le second
Empire. C'est ce qui fut confirmé exactement dix années
plus tard ; dans la liste des pensionnés de Bonaparte
trouvée aux Tuileries[17]
en 1870 et publiée par le gouvernement de septembre[18], il y avait à
la lettre
V : « Vogt, à lui verser en
août 1859... 40 000 francs ».
Enfin, en 1867, parut à Hambourg : le
Capital,
critique
de
l'économie
politique,
1er
volume, l'oeuvre principale de Marx, qui expose les fondements de ses
opinions économico-socialistes et les traits principaux de sa
critique de la société actuelle, du mode de production
capitaliste et de ses conséquences. La
deuxième édition de ce livre qui fait époque parut
en 1872. L'auteur s'occupe actuellement de la préparation
du deuxième tome.
Sur ces entrefaites, le mouvement ouvrier avait repris
une telle force dans plusieurs pays d'Europe que Marx put songer
à réaliser un désir qu'il nourrissait depuis
longtemps : la fondation d'une association ouvrière
groupant les pays les plus évolués de l'Europe et de
l'Amérique, association qui devait pour ainsi dire incarner, aux
yeux
des ouvriers eux-mêmes comme aux yeux des bourgeois et des
gouvernements, le caractère international du mouvement
socialiste et encourager ainsi et fortifier le prolétariat en
même temps qu'effrayer ses ennemis. Le 28
septembre 1864, une réunion publique, qui eut lieu à
Saint-Martin's Hall à Londres en faveur de la Pologne, dont
une nouvelle insurrection venait d'être durement
réprimée par la Russie, fournit l'occasion de
présenter la chose qui fut accueillie avec enthousiasme.
L'Association internationale des travailleurs était
fondée, un conseil général provisoire ayant son
siège à Londres fut élu par l'assemblée, et
l'âme de ce conseil général et de ceux qui
suivirent
jusqu'au congrès de La Haye fut Marx lui-même. C'est Marx
qui rédigea presque tous les documents publiés par le
conseil général de l'Internationale, depuis l'Adresse inaugurale
de 1864 jusqu'à l'Adresse sur la
guerre civile en France en 1871. Décrire toute
l'activité de Marx dans l'Internationale, ce serait
écrire
l'histoire même de cette association, qui vit encore d'ailleurs
dans le souvenir des ouvriers d'Europe.
La chute de la Commune de Paris mit l'Internationale
dans une situation impossible. Elle était poussée au
premier plan de l'histoire européenne au moment où toute
possibilité d'action pratique couronnée de succès
lui était partout enlevée. Les événements
qui l'avaient élevée au rang de septième grande
puissance, lui interdisaient en même
temps de mobiliser ses forces combattantes et de les mettre en action
sous peine de défaite inévitable et de refoulement du
mouvement ouvrier pour des dizaines d'années. En outre, de
différents côtés, des éléments se
mettaient en avant, cherchant à exploiter à des fins de
vanité personnelle ou de pure ambition le renom si soudainement
accru de
l'Association, sans compréhension de la véritable
situation de l'Internationale ou sans en tenir compte. Il fallait
prendre une décision héroïque, ce fut à
nouveau Marx qui la prit et la fit triompher au congrès de La
Haye. Par une résolution solennelle, l'Internationale
déclina toute responsabilité pour les menées des
bakouninistes, qui formaient le
centre de ces éléments bornés et louches ;
puis, vu l'impossibilité, devant la réaction
générale, de satisfaire aux exigences plus
élevées qui lui étaient assignées et de
maintenir sa pleine activité autrement que par une série
de sacrifices qui auraient fatalement saigné à blanc le
mouvement ouvrier -- étant donné cette situation --
l'Internationale
se retira provisoirement de la scène, en transférant son
conseil général en Amérique. La suite des
événements a prouvé combien cette décision,
alors et depuis souvent critiquée, était juste. D'une
part, on coupait court à toute tentative de se livrer au nom de
l'Internationale à des putschs inutiles ; d'autre part, la
continuation de rapports étroits
entre les partis ouvriers socialistes des différents pays prouva
que la conscience de la communauté d'intérêts et de
la solidarité du prolétariat de tous les pays,
éveillée par l'Internationale, sait s'imposer aussi sans
l'existence en forme d'une association internationale dont les liens
étaient pour le moment devenus une chaîne.
Après le congrès de
La Haye, Marx retrouva enfin la tranquillité et les loisirs
nécessaires pour reprendre ses travaux théoriques.
Espérons qu'il pourra sans trop tarder donner à
l'impression le deuxième tome du Capital. Parmi les
nombreuses et importantes découvertes par lesquelles Marx a
inscrit son nom dans l'histoire des sciences,
nous ne pouvons en souligner ici que deux seulement.
La première est la révolution accomplie
par lui dans la conception générale de l'histoire
mondiale. Toute la conception antérieure de l'histoire reposait
sur cette idée que les raisons dernières de tous les
changements historiques doivent être cherchées dans les
idées changeantes des hommes et que, de tous les changements
historiques, les plus
importants, ceux qui dominent toute l'histoire, sont les changements
politiques. Mais on ne se demandait pas d'où viennent les
idées aux hommes et quelles sont les raisons
déterminantes des changements politiques. Seule, la nouvelle
école des historiens français et, en partie aussi, des
historiens anglais en était venue à la conviction que,
depuis le
moyen âge au moins, la force motrice, dans l'histoire
européenne, était la lutte entre la bourgeoisie, en voie
de croissance, et la féodalité pour la domination sociale
et politique. Or Marx démontra que, jusqu'à nos jours,
toute l'histoire est une histoire de luttes de classe, qu'il ne s'agit
dans toutes les luttes politiques, simples et complexes, que de la
domination sociale et politique de classes sociales, du maintien de
cette domination pour les classes anciennes et de la conquête du
pouvoir pour les classes qui s'élèvent. Mais comment
naissent et se maintiennent ces classes ? Toujours en vertu des
conditions matérielles, tangibles, dans lesquelles la
société à un moment donné produit et
échange ce qui est nécessaire à sa vie. La
domination féodale du moyen âge reposait sur
l'économie de petites communautés paysannes se suffisant
à elles-mêmes, qui produisaient presque tout ce dont elles
avaient besoin, ignoraient à peu près l'échange et
étaient protégées contre l'étranger par la
noblesse belliqueuse qui leur conférait une cohésion
nationale, ou du moins politique. Lorsque les villes grandirent et
qu'il se forma une industrie artisanale distincte et un commerce
d'abord purement national, puis international, la bourgeoisie urbaine
se développa et, dans sa lutte contre la noblesse, conquit sa
place dans le régime féodal en tant que classe sociale
privilégiée. Mais la découverte de
nouveaux continents, à partir du milieu du XVe siècle,
fournit à la bourgeoisie les moyens d'étendre son
activité commerciale et un nouveau champ pour son industrie. Le
métier fut supplanté dans les branches les plus
importantes par la manufacture qui, à son tour, fut
refoulée par la fabrique grâce à la grande
industrie devenue possible après les
inventions du siècle dernier notamment de la machine à
vapeur. Cette dernière, à son tour, réagit sur le
commerce en supplantant dans les pays arriérés l'ancien
travail à la main, en créant dans les pays plus
évolués les moyens actuels et nouveaux de communication,
les machines à vapeur, les chemins de fer et le
télégraphe électrique. Ainsi la
bourgeoisie concentrait de plus en plus entre ses mains les richesses
et la puissance sociales, alors qu'elle resta longtemps encore
écartée du pouvoir politique qui se trouvait entre les
mains de la noblesse et de la royauté appuyée sur la
noblesse. Mais à un certain degré de développement
en France, par exemple, après la grande Révolution la
bourgeoisie conquit aussi le pouvoir politique et devint à son
tour la classe gouvernante en face du prolétariat et des petits
paysans. De ce point de vue tous les phénomènes
historiques s'expliquent de la façon la plus simple si l'on a
à chaque moment une connaissance suffisante de la situation
économique de la société qu'ignorent
complètement nos
spécialistes de l'histoire. De même les concepts et les
idées de chaque période historique s'expliquent de la
façon la plus simple par les conditions de vie
économiques de cette période et par les rapports sociaux
et politiques qui en dépendent. Pour la première fois
l'histoire était posée sur son véritable terrain.
Le fait tangible, mais jusqu'alors
complètement négligé, que les hommes, avant tout,
doivent manger, boire, s'abriter et se vêtir, c'est-à-dire
travailler avant de pouvoir lutter pour le
pouvoir, s'occuper de politique, de religion et de philosophie, ce fait
tangible obtenait enfin droit de cité dans l'histoire.
Pour l'idée socialiste, cette nouvelle
conception de l'histoire était extrêmement importante.
Elle démontrait que toute l'histoire jusqu'alors se mouvait dans
des antagonismes et des luttes de classes, qu'il y eut toujours des
classes dominantes et dominées, exploiteuses et
exploitées, et que la grande majorité des hommes fut
toujours condamnée à
un dur labeur et à peu de joie. Pourquoi cela ? Tout
simplement parce qu'à toutes les étapes
antérieures du développement de l'humanité la
production était encore si faible que le développement
historique ne pouvait se produire que sous cette forme
antagonique ; que le progrès historique était au
fond réservé à l'activité d'une petite
minorité privilégiée, tandis que la grande masse
restait condamnée à gagner par son travail ses maigres
moyens de subsistance ainsi que ceux toujours plus abondants d'une
petite minorité privilégiée. Mais cette
étude de l'histoire qui explique de façon naturelle et
raisonnable la domination de classe existante, explicable jusqu'ici par
la seule
méchanceté des hommes, conduit aussi à la
conviction que, vu le développement si formidable atteint
actuellement par les forces productives, il ne reste plus aucun
prétexte, tout au moins dans les pays les plus avancés,
de diviser les hommes en dominateurs et en dominés, en
exploiteurs et en exploités ; que la grande bourgeoisie au
pouvoir
a rempli sa mission historique, que non seulement elle n'est plus
capable de diriger la société, mais qu'elle est devenue
un obstacle au développement de la production, comme le
démontrent les crises commerciales, et principalement la
dernière grande faillite, et la dépression de l'industrie
dans tous les pays ; que la direction historique est
passée au prolétariat, classe qui, en vertu de sa
situation sociale, ne peut s'affranchir qu'en supprimant toute
domination de classe, toute servitude et toute exploitation en
général ; que les forces productives sociales,
s'échappant des mains de la bourgeoisie, n'attendent que le
moment où le prolétariat uni s'en emparera pour instaurer
un régime
qui permettra à tous les membres de la société de
participer non seulement à la production, mais aussi à la
répartition et à la gestion des richesses sociales et
grâce à l'exploitation rationnelle de toute la production
augmentera les forces productives sociales et leurs produits de
façon à assurer à chacun dans des proportions
toujours croissantes la
satisfaction de tous ses besoins raisonnables.
La deuxième découverte importante de Karl
Marx est l'explication enfin donnée des rapports du Capital et
du Travail, autrement dit la démonstration de la façon
dont s'accomplit l'exploitation de l'ouvrier par le capitaliste au sein
de la société actuelle, dans le mode de production
capitaliste existant. Depuis que l'économie politique avait
établi
que seul le travail est la source de toute richesse et de toute valeur,
on devait inévitablement se demander comment il se fait que le
salarié ne reçoit pas toute la valeur produite par son
travail et qu'il lui faut en abandonner une partie au
capitaliste ? C'est en vain que les économistes bourgeois
et les socialistes se sont efforcés de donner une
réponse scientifique valable à cette question jusqu'au
moment où Marx apparut avec sa solution. Cette solution
était la suivante : le mode de production capitaliste
actuel implique l'existence de deux classes sociales : d'un
côté, celle des capitalistes, qui sont en possession des
moyens de production et de subsistance ; de l'autre,
celle des prolétaires qui, exclus de toute possession, ne
peuvent vendre qu'une seule marchandise : leur force de travail,
et qui, par conséquent, sont obligés de vendre cette
force de travail pour obtenir des moyens de subsistance. Mais la valeur
d'une marchandise est déterminée par la quantité
de travail socialement nécessaire à sa production
ainsi qu'à sa reproduction ; donc, la valeur de la force de
travail d'un homme moyen pendant un jour, un mois, une année,
est déterminée par la quantité de travail qui est
incorporée dans la quantité de produits
nécessaires à l'entretien de cette force de travail
pendant un jour, un mois, une année. Admettons que les produits
nécessaires à un
ouvrier pour un jour exigent six heures de travail pour leur
production, ou, ce qui revient au même, que le travail qui y est
incorporé représente une quantité de travail de
six heures. Dans ce cas, la valeur de la force de travail pour un jour
s'exprimera par la somme d'argent nécessitant également
six heures de travail. Admettons encore que le
capitaliste qui occupe notre ouvrier lui paie cette somme,
c'est-à-dire la valeur totale de sa force de travail. Si
l'ouvrier travaille six heures par jour pour le capitaliste, il
rembourse complètement au capitaliste ses dépenses :
six heures de travail pour six heures de travail. Mais alors il ne
resterait rien pour le capitaliste. Aussi celui-ci,
raisonne-t-il tout autrement : j'ai acheté, dit-il, la
force de travail de cet ouvrier non pas pour six heures, mais pour
toute une journée. Par suite, il fait travailler l'ouvrier,
suivant les circonstances, 8, 10, 12, 14 heures, et
même davantage, de sorte que le produit de la septième, de
la huitième heure et des heures
suivantes est le produit d'un travail non payé et s'en va dans
la poche du capitaliste. Ainsi l'ouvrier au service du capitaliste, non
seulement reproduit la valeur de sa force de travail payée par
le capitaliste, mais produit encore la plus-value que le
capitaliste commence par s'approprier et qui, ultérieurement, en
vertu de lois économiques
déterminées, se répartit sur toute la classe
capitaliste et forme la principale source d'où découlent
la rente foncière, le profit, l'accumulation capitaliste, en un
mot toutes les richesses consommées ou accumulées par les
classes oisives. Mais c'est la démonstration que les richesses
acquises par les capitalistes actuels proviennent de l'appropriation
d'un
travail d'autrui non payé, tout comme celles des
propriétaires d'esclaves ou des seigneurs féodaux qui
exploitaient le travail des serfs, et que toutes ces formes
d'exploitation ne se distinguent que par la diversité des
façons de s'approprier le travail non payé. Mais
c'était aussi chasser de leurs derniers retranchements les
classes possédantes arguant
hypocritement que le Droit et l'Équité,
l'Égalité des droits et des devoirs, l'Harmonie
générale des intérêts règnent dans
l'ordre social actuel. La société bourgeoise
d'aujourd'hui n'était pas moins démasquée que
celles qui l'avaient précédée comme une
institution gigantesque d'exploitation de l'immense majorité du
peuple par une minorité infime,
qui ne cesse de diminuer.
C'est sur ces deux faits importants qu'est fondé
le socialisme scientifique moderne. Dans le deuxième tome du Capital,
ces découvertes scientifiques et d'autres qui
ne sont guère moins importantes concernant le système
social capitaliste seront plus amplement exposées, et ainsi les
côtés de l'économie politique qui n'ont pas
été traités
dans le premier tome seront l'objet d'un bouleversement complet. Puisse
Marx être bientôt en mesure de publier ce deuxième
tome.
Notes
1. Le Rheinische Zeitung für Politik, Handel
und Gewerbe (Gazette rhénane pour les problèmes de
politique, de commerce et d'industrie), quotidien qui
parut
à
Cologne
du 1er
janvier 1842
au 31
mars 1843.
Marx
collabora
à
ce
journal à partir
d'avril 1842 ; il en devint un des rédacteurs en
octobre de la même année. Engels y collabora
également.
2. « K6lnische Zeitung » (La
Gazette de Cologne), quotidien allemand ; parut sous ce titre
à Cologne à partir de 1802 ; pendant la
révolution de 1848-1849 et à l'époque de
réaction qui la suivit, il incarna la politique pusillanime et
de la trahison de la bourgeoisie libérale
prussienne. Après 1870, le journal fut lié au parti
national libéral.
3. « Deutsch-Franz6sische Jahrbücher
» (Annales franco-allemandes), paraissait à Paris
sous la rédaction de K. Marx et A. Ruge, en allemand. Seul le
premier fascicule (double) vit le jour en
février 1844. Y furent publiés les ouvrages de
Marx : Sur la question juive et Contribution
à la critique de la philosophie du droit de Hegel, et ceux
d'Engels : Esquisse d'une critique de l'économie
politique et la Situation de l'Angleterre. Thomas Carlyle
« Le passé et le présent ».
Ces ouvrages marquèrent le
passage définitif de Marx et d'Engels de la
démocratie révolutionnaire au matérialisme et au
communisme. Les divergences de principe entre Marx et le radical
bourgeois Ruge furent la cause principale de l'arrêt de la
parution.
4. Le gouvernement français signifia un ordre
d'expulsion à Karl Marx le 16 janvier 1845, à
la suite de la pression exercée par le gouvernement de Prusse.
5. L 'Association ouvrière allemande
fut fondée par Marx et Engels fin août 1847 à
Bruxelles pour propager les idées du communisme scientifique
parmi les ouvriers allemands résidant en Belgique. Sous la
direction de Marx, d'Engels et de leurs partisans, l'Association devint
le centre légal de
ralliement de tous les prolétaires révolutionnaires
allemands résidant en Belgique. Les meilleurs
éléments de l'Association faisaient partie de la section
de Bruxelles de la Ligue des communistes. L'Association cessa ses
activités après la révolution bourgeoise de
février 1848 en France, après que ses membres aient
été arrêtés et déportés par la
police belge.
6. « Deutsche
Brüsseler-Zeitung » (Journal allemand de
Bruxelles), fondé par les émigrés politiques
allemands à Bruxelles. Parut de janvier 1847 à
février 1848. À partir de septembre 1847, Marx et
Engels
devinrent ses collaborateurs permanents et influèrent
directement sur son orientation. Sous la direction de Marx et d'Engels,
le journal devint l'organe de la Ligue des communistes.
7. Il s'agit de l'Insurrection de juin,
héroïque action des ouvriers parisiens, elle se
déroula les 23-26 juin 1848 et fut
réprimée avec cruauté par la bourgeoisie
française. Cette insurrection fut la première guerre
civile où le prolétariat s'opposa à la bourgeoisie.
8. « Kreuzzeitung » (Journal
de la Croix), surnom donné au quotidien Neue Preussische
Zeitung (Nouveau journal allemand) à cause de la croix,
emblème du Landwehr, figurant au titre ; parut à
Berlin de juin 1848 à 1939 ; était
l'organe de la clique contre-révolutionnaire de la Cour et
des junkers prussiens.
9. Il s'agit de l'insurrection armée de
Dresde des 3-8 mai et de celle en Allemagne du Sud et de
l'Ouest en mai-juillet 1849, qui éclatèrent
pour défendre la constitution d'Empire adoptée par
l'Assemblée nationale de Francfort le 28 mars 1849,
mais répudiée par
plusieurs États allemands. Ces insurrections, isolées et
spontanées furent réprimées vers la
mi-juillet 1849.
10. Le 13 juin 1849, à Paris,
le parti petit-bourgeois de la Montagne organisa une manifestation
pacifique contre l'envoi de troupes françaises pour
réprimer la révolution en Italie. La manifestation fut
dispersée par la troupe. Plusieurs leaders de la Montagne furent
obligés d'émigrer de
France.
11. « Neue Rheinische Zeitung.
Politisch-ökonomische Revue » (Nouvelle Gazette
rhénane. Revue économique et politique), organe
théorique de la Ligue des communistes, fondée par Marx et
Engels ; parut de décembre 1849 à
novembre 1850. Six numéros en tout.
12. Il s'agit du procès de provocation
monté à Cologne par le gouvernement prussien contre onze
membres de la Ligue des communistes (4 octobre-12 novembre 1852).
Accusés de haute trahison sur la base de faux documents et
témoignages, sept d'entre eux furent condamnés à
des peines allant de trois
à six ans de prison.
13. « New York Daily Tribune
», journal bourgeois progressiste, publié
de 1841 à 1924 Marx et Engels collaborèrent
à ce journal d'août 1851 à mars 1862.
14. La guerre de Sécession (1861-1865)
opposa aux États-Unis le Nord industriel et les États du
Sud qui
s'étaient soulevés contre l'abolition de
l'esclavage ; en 1861, ils décidèrent de se
séparer des États du Nord. Cette guerre fut le
résultat
de la lutte entre les deux systèmes sociaux
différents : le système de l'esclavage et celui du
travail salarié.
15. La guerre italienne, qui opposa la France
et le Piémont à l'Autriche, fut déclenchée
par Napoléon III en 1859, prétendument pour
libérer l'Italie, mais en réalité pour
conquérir des territoires et affermir le régime
bonapartiste en France. Intimidé par l'envergure du mouvement de
libération
nationale en Italie et afin de maintenir son morcellement politique,
Napoléon III conclut une paix séparée avec
l'Autriche. La Savoie et Nice furent rattachées à la
France, la Lombardie à la Sardaigne, et Venise restait sous la
domination autrichienne.
16. « Das Volk » (le
Peuple), quotidien publié en allemand à Londres,
du 7 mai au 20 août 1859, avec le concours
personnel de Marx ; à partir de juillet Marx en fut en fait
le rédacteur.
17. Le palais des Tuileries, qui n'existe plus, fut la
résidence de Napoléon III.
18. Le 4 septembre 1870 eut lieu un
soulèvement révolutionnaire des masses populaires qui
aboutit à la chute du Second Empire, à la proclamation de
la République et à la formation d'un gouvernement
provisoire, dont firent partie, outre les républicains
modérés, des monarchistes. Ce
gouvernement présidé par Trochu, gouverneur militaire de
Paris, et dont l'inspirateur direct était Thiers, s'engagea dans
la voie de la trahison nationale et d'une collusion avec l'ennemi
extérieur.
Oeuvres d'art et autres articles
d'intérêt
Portraits, peintures, dessins et photographies
À gauche Marx en 1839 (I. Grinstein) ; au centre et à
droite : Marx, vers 1830
(N. Khukov)
L'écrivain allemand Heinrich Heine rend visite à Karl et
Jenny Marx à Paris, en 1844 (N.
Zhukov).
À gauche : une des plus anciennes photos de Karl Marx, prise
à
Londres en 1861. À droite : une photo prise le 19 mai 1864
durant un
voyage de quatre jours effectué par Friedrich Engels à
Londres. On voit ici Engels en compagnie de Karl Marx et des filles de
Marx, Jenny,
Eleanor et Laura.
À gauche : Marx et son épouse Jenny von Westphalen
à la station balnéaire de Margate, Angleterre
à la fin de mars 1866. À droite : Marx,
photographié à Hanovre en 1867, quelque temps
après avoir remis à Hambourg le manuscrit de son oeuvre Le Capital (F.
Wunder)
À gauche : Marx avec sa fille Jenny à Londres, 1869.
Jenny porte la croix de l'insurrection
polonaise de 1864, en signe de deuil pour les Fenians
exécutés en novembre 1867 qui avaient
combattu le régime britannique en Irlande. À droite :
photo donnée par Marx à son ami Louis
Kugelmann, été 1872.
Marx à Londres en 1875 (J.
Mayall).
À gauche : Marx, vers 1870 (N.
Gereljuk
et
P.
Nararow) ; à droite : une des
dernières photos
prises de Marx à Alger en 1882. Marx était
tombé gravement malade et s'était rendu
en Algérie sur les conseils de son médecin, où il
a séjourné du 20 février au 2 mai 1882.
Illustrations de la vie et l'oeuvre de Marx
Karl Marx tient une discussion animée avec des travailleurs. (artiste inconnu)
Marx et Engels parmi les travailleurs (A.
Venetsian)
Marx et Engels travaillent sur le Manifeste
du
Parti
communiste circa
1848. (V. Polyakov)
Marx à l'imprimerie de la Neue
Rheinische
Zeitung
(artiste inconnu)
L'arrestation à Bruxelles (N.
Zhukov)
« Avant le lever du soleil » - Karl Marx et Friedrich
Engels qui marchent la nuit à
Londres.
(M. Dzhanashvili)
Marx et Engels (artiste inconnu)
Marx prend la parole à une réunion de la Ligue
communiste (anonyme)
Marx prend la parole à Londres. (N.
Zhukov)
Marx et Engels, vers 1870 (N.
Zhukov)
(V. Lapin)
Marx dans son étude, 1875 (détails
de
la
peinture
par
Zhang
Wun)
Marx sur une peinture murale de Diego Rivera au Palais national
à Mexico (jd)
Événements historiques du vivant de Marx
La révolution allemande de 1848, Berlin, 19 mars 1848 (artiste inconnu)
La révolution française de 1848, Paris, 1848 (source inconnue)
La barricade de la rue de Soufflot à Paris pendant la
révolution française de 1848,
le 25 juin 1848 (H.
Vernet)
La cavalerie patrouille dans les rues de Paris lors du coup
d'État de
Napoléon III,
le 2 décembre 1851. (artiste
inconnu)
La barricade à l'intersection du boulevard Richard-Lenoir et du
boulevard Voltaire pendant la Commune de Paris, 1871 (B.
Braquehais)
Barricade à Paris, 1871 (P.-A.
Richebourg)
Endroits significatifs
Le lieu de naissance de Marx à Trèves, en Allemagne,
aujourd'hui un musée (B.
Werner)
La maison avec la porte rouge était le lieu de résidence
de la famille Marx d'octobre 1856 à mars 1864, sur la terrasse
Grafton à Londres.
La tombe de Marx au cimetière Highgate à Londres (Paasikivi).
La Bibliothèque commémorative Karl Marx à
Clerkenwell Green à Londres. C'est un édifice historique
fréquenté par Marx et plus tard par V.I. Lénine,
qui est aujourd'hui le lieu d'événements politiques
organisés par les communistes et autres organisations
progressistes,
et renferme une importante collection de documents historiques du
mouvement
communiste et ouvrier.
Le bureau de Lénine, conservé à la
Bibliothèque commémorative Karl Marx, où il a
travaillé
sur l'Iskra (L'Étincelle) durant son exil à Londres.
Des ouvrages parus
Les journaux Rheinische Zeitung et Neue Rheinische Zeitung, tous deux
édités par Marx.
Misère de la
philosophie, 1847 ; Manifeste
du Parti communiste, 1848 ;
Le 18e Brumaire
de Louis Bonaparte, 1857 ; Le
Capital, 1867
Monuments dans le monde
Berlin,
Allemagne
Moscou, Russie
En République tchèque à l'Université
Corvinus
(à gauche) et à Karlovy Vary
Shanghai, Chine
Théâtre Karl Marx, La Havane, Cuba
Statue d'un artiste
chinois dévoilée dans la ville natale de Marx
Une statue de Karl Marx est officiellement dévoilée le 5
mai 2018 dans la ville natale de Karl
Marx à Trèves, Allemagne, pour célébrer le
200e
anniversaire de sa naissance. La statue en bronze de 2,3
tonnes a une hauteur de 5,5 mètres. Elle a été
créée par l'artiste chinois Wu Weishan, donnée
à la ville en cadeau par la Chine.
Vidéo: Bibliothèque
commémorative et École ouvrière Karl Marx à
Londres
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|