Journée internationale de la femme à Edmonton en 2017
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) salue les femmes du Canada, du
Québec et des nations autochtones et les femmes du monde entier
à l'occasion de la Journée internationale de la
femme 2018. La lutte menée par les femmes et les filles
pour affirmer leurs droits est courageuse, héroïque,
inspirante et décisive pour
l'affirmation des droits de tous. À l'heure où la
contre-révolution a l'initiative partout dans le monde, avec ses
politiques néolibérales brutales, l'offensive
antisociale, les privatisations, les agressions et les guerres, les
femmes sont aux premiers rangs de la lutte pour affirmer les droits
tous dans tous les domaines de l'activité humaine. C'est cette
lutte qui ouvre la voie au progrès de la société,
surtout que ces attaques sont lancées, entre autres, sous
prétexte de défendre les femmes et
leurs droits ! Mais au grand désarroi des élites,
les femmes
ne réclament pas leurs droits pour leur faire plaisir, mais bien
pour créer les conditions où la notion que les femmes
sont
des cibles légitimes d'attaques sera chose du
passé. En cette occasion, le PCC(M-L) appelle tous les membres
du corps politique à déclarer d'une seule voix qu'ils
veulent une société qui ne fait pas de discrimination
envers les femmes et qui ne les considère pas comme des proies
légitimes.
Les femmes jouent également un rôle
dirigeant dans le renouvellement du processus politique. Elles
réclament un gouvernement des lois et s'opposent à
l'utilisation des pouvoirs de police pour criminaliser l'ensemble du
corps politique. Cette criminalisation se fait en transformant les
femmes et leurs collectifs en objets qui
représenteraient en soi une menace à
l'intérêt
national et à la sécurité nationale. Cela ne doit
pas passer !
Vigile sur la colline du Parlement le 4 octobre 2017 pour demander
justice pour les femmes et filles autochtones assassinées et
disparues
En cette occasion, nous croyons que les femmes
autochtones et leurs familles méritent des félicitations
particulières pour leurs positions courageuses. Leurs voix
s'élèvent toujours plus fort contre les conditions qui
permettent les assassinats et les disparitions de leurs mères,
soeurs, enfants, grand-mères et
tantes. Le fait que
l'État maintient les rapports
coloniaux qui lui permettent d'agir en toute impunité montre
d'abord et
avant tout que le peuple a besoin du pouvoir politique pour changer
la situation et créer un Canada moderne qui réalise le
rêve de relations de nation à nation avec les peuples
autochtones.
Marche des femmes à Toronto le 21 janvier 2017. Les femmes
partout au Canada se sont jointes aux femmes aux États-Unis qui
sont aux premiers rangs de la lutte pour les droits de tous en
opposition à la présidence Trump.
La voix des femmes représente ce pouvoir
politique
en ce moment. Les tentatives de les
réduire au silence ou de les convaincre de remettre leur sort
entre les mains d'une autorité extérieure ont eu l'effet
contraire. Nous avons le devoir d'aider cette voix à se faire
entendre, d'y ajouter notre voix pour que les responsables de ces
crimes et ceux qui tentent de masquer ces crimes, peu importe qui ils
sont, soient traduits en justice.
Encore une fois, ce sont les femmes qui inspirent tous les membres du
corps politique à faire leurs justes réclamations
à la société et à assumer la
responsabilité sociale de faire ce qu'il faut pour ouvrir la
voie au progrès de la société.
En faisant les réclamations
que nous devons
faire, la résistance à toute forme d'oppression et
d'humiliation produit la qualité nouvelle qui est requise
aujourd'hui pour faire naître un monde dans lequel
s'épanouissent chaque femme, chaque enfant, chaque être
humain et leurs collectifs.
Il y a près de 50 ans était
lancée la Commission royale sur la situation de la femme au
Canada. L'enquête a révélé entre autres
l'ampleur de la discrimination salariale à l'égard des
femmes et a
recommandé l'instauration d'un régime de congés de
maternité et d'un service de garde à l'échelle
nationale. Aujourd'hui, 50 ans plus tard,
les femmes gagnent toujours en moyenne 69 % du salaire des
hommes, une baisse par rapport au 73 % établi il y a
quelques années. Non seulement les droits des femmes en tant que
membres d'une classe qui produit la richesse dont la
société dépend ne sont pas reconnus, mais leur
rôle dans la reproduction de la vie et la
charge des enfants n'est toujours pas reconnu non plus. Les
gouvernements n'admettent même pas que dans une
société moderne basée sur une économie
socialisée, la charge des enfants et des aînés est
la responsabilité de la société. Les femmes et les
familles ne peuvent pas être abandonnées à
elles-mêmes. Les déclarations, promesses et discours
des cercles dominants sur cette question sont basés sur le
paternalisme hérité du moyen-âge. En plus de
chercher à cacher la réalité que l'oppression des
femmes aujourd'hui est intrinsèquement liée à
l'exploitation capitaliste, ils s'efforcent d'étouffer toute
tentative des membres du corps politique de s'unir dans l'action pour
renouveler la politique.
Aujourd'hui, la classe ouvrière formule un projet
d'édification nationale qui investit le peuple du pouvoir
politique. C'est pour en finir avec un système où le
« souverain » représente des
intérêts privés qui agissent au nom du peuple pour
lui enlever tout pouvoir.
Par leurs actions, les
femmes se font entendre, elles s'organisent et prennent des
décisions collectives qui avancent leur cause sur toutes les
questions qui les concernent. C'est ainsi qu'elles font face aux
problèmes du présent. Leurs actions du présent
informent l'avenir que nous voulons laisser à nos enfants.
Lorsque les femmes font les
réclamations qui se doivent, elles contribuent au renouveau
démocratique. Leurs actions du présent ne
légitiment pas et ne légitimeront jamais les institutions
qui opèrent contre elles, qu'il s'agisse de gouvernements,
d'assemblées législatives ou d'organisations sociales et
politiques, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient.
Il y a 107 ans, la
première Journée
internationale de la femme était axée sur l'appel
à la paix émis par les femmes communistes d'Europe avant
la Première Guerre mondiale. La vie a depuis confirmé que
les femmes sont la plus grande force pour la paix dans le monde entier.
Cela s'exprime aujourd'hui dans la lutte pour Faire du
Canada une zone pour la paix et établir un gouvernement
antiguerre qui sortira le Canada de toutes les alliances et coalitions
et tous cartels de guerre et de tous les blocs économiques,
militaires et culturels à leur service. Aujourd'hui le Canada
est entraîné dans toutes les guerres d'agression,
d'occupation et de changement de régime des
États-Unis et est membre d'alliances et de coalitions qui
menacent tous les peuples qui refusent de se
soumettre au diktat américain. En cette Journée
internationale de la femme 2018, engageons-nous à
multiplier les efforts pour établir un gouvernement antiguerre
et pour faire du Canada une zone pour la paix.
Joignons-nous aux activités
célébrant la Journée internationale de la femme
partout au pays ! Ces célébrations commencent le
samedi 3 mars.
Ensemble, faisons nos réclamations : plus d'investissement
dans les programmes sociaux, des salaires décents, des services
de
garderie et des services pour les aînés, non à la
criminalisation
de la parole et de l'action sociale, justice pour les femmes et filles
autochtones, des relations de nation à nation avec les peuples
autochtones dans un Canada moderne et non à l'agression et la
guerre. Tout en oeuvre pour défendre les droits des femmes et
des filles !
Montréal, Journée internationale de la femme 2017
À
titre d'information
Les services de garde au Canada
Le Comité de l'ONU pour l'élimination de
la discrimination à l'égard des femmes rapportait en
novembre 2016 que le Canada a failli à sa
responsabilité de protéger les droits des femmes en ce
qui concerne les services de garderie. Il recommandait que le Canada
prenne les mesures nécessaires pour rendre les garderies plus
accessibles
et abordables et adopte « un cadre national de services à
l'enfance fondé sur les droits pour offrir des services
suffisants et adéquats ».
Le Comité notait que le gouvernement
fédéral du Canada a une obligation de « prendre les
mesures législatives nécessaires pour pleinement mettre
en application la Convention sur l'élimination de la
discrimination à l'égard des femmes ».
Les organisations canadiennes et
autochtones de défense des droits des femmes et des services
à l'enfance ont soulevé dans leurs rapports à
l'ONU que le gouvernement du Canada devait reconnaître les droits
en offrant des services à l'enfance abordables, en
défendant le droit des éducateurs de la petite enfance
à des salaires et des avantages
sociaux correspondant à la valeur qu'ils créent et en
élargissant le réseau de services de garde publics et
sans but lucratif, sans expansion des services privés et
à but lucratif. Elles réclamaient aussi un programme
national de garderie pour faire respecter les droits des enfants, des
femmes et des travailleurs des services à la petite enfance.
Elles
rappelaient que les services sont rares, que l'accessibilité est
inégale, que les coûts sont inabordables, que la
qualité des services est inégale et que les travailleurs
des services de garde sont nettement sous-payés pour
l'important travail qu'ils font et pour la valeur qu'ils ajoutent
à l'économie.
Une étude récente (2014) de West Coast
Leaf a révélé qu'à l'exception du
Québec et du Manitoba, où les frais de garde
exigés des parents sont plafonnés, les frais de garde
médians représentent de 23 à 36 %
du revenu du marché avant impôts des femmes entre 25
et 34 ans. Autrement dit, les mères dans la
plupart des provinces canadiennes dépensent l'équivalent
de trois à quatre mois de leur salaire annuel en frais de garde.
Dans l'ensemble, les familles canadiennes
dépensent environ le
quart de leur revenu pour les services de garde d'enfants, une
proportion beaucoup plus grande que dans bien des régions du
monde selon un rapport publié en 2016 par l'Organisation de
coopération et de développement économiques
(OCDE).
En 2014, les places
réglementées en
garderie n'étaient disponibles que pour seulement 24 %
des enfants âgés de 5 ans et moins. Les
libéraux de Justin Trudeau ont dit qu'ils investiraient 7,5
milliards $ sur une période de 10 ans pour les
services de garde, à commencer avec 500 millions $
en 2016-2017 et jusqu'à 850 millions $
en 2026. Cela comprend le financement des provinces et des
territoires et les services pour enfants autochtones dans les
réserves et en dehors des réserves. On estime que le
financement fédéral pourrait créer
environ 13 000 places subventionnées par année
pour les trois
prochaines années, soit environ 2,4 %
des 543 000 places réglementées de garde
d'enfants au Canada pour les enfants de cinq ans et moins. C'est moins
que le nombre prévu dans le plan national de services de garde
d'enfants de 2005 du gouvernement de Paul Martin, lequel
a
été annulé, avant même d'avoir
commencé, par le gouvernement Harper quand il est arrivé
au pouvoir.
Les libéraux ont également introduit
l'Allocation canadienne pour enfants qui est censée permettre
à plus de femmes d'aller sur le marché du travail. Il
s'agit d'un programme qui date de l'époque du gouvernement
Harper que le gouvernement libéral a modifié pour
permettre des allocations plus importantes pour les familles à
faibles revenus,
des allocations en proportion du revenu familial. Les familles avec un
revenu de moins de 30 000 $ en seraient les principaux
bénéficiaires. Le directeur parlementaire du budget
rapporte qu'avec ce programme les familles avec un revenu
de 65 000 $ et plus auraient droit à une
augmentation
d'environ 1000 $ par année en allocations pour
enfants. Le nombre de familles admissibles a en fait été
réduit de 13 %. Dans son rapport, le directeur
parlementaire du budget ne tient pas compte de l'impact de l'annulation
des crédits d'impôt de l'époque du gouvernement
Harper, dont le crédit d'impôt pour la condition
physique et les activités artistiques des enfants et le
crédit d'impôt pour études et pour manuels pour les
étudiants de l'enseignement postsecondaire. Le crédit
d'impôt pour le transport en commun a également
été aboli. Le crédit d'impôt basé sur
le revenu fractionné du gouvernement Harper, qui aurait
réduit les impôts des familles avec une
différence significative de revenus entre les deux parents, a
également été aboli. Les prétentions
extravagantes du gouvernement Trudeau à propos d'une politique
« féministe » de services à l'enfance se
heurtent à la réalité que vivent la
majorité des familles. Avec tous ces changements, de nombreuses
familles n'ont connu aucune
amélioration de leur situation avec le plan Trudeau ;
voire, beaucoup y ont perdu avec ce programme qui ne reconnaît
pas la garde d'enfants comme un droit.
L'allocation aidera de toute évidence certaines
familles, mais pas assez pour faire une différence pratique dans
les
endroits comme Vancouver et Toronto, où le coût
médian des
services de garde d'enfants est de 1360 $ et 1758 $
par mois pour Vancouver et Toronto respectivement, selon le Centre
canadien des politiques alternatives.
Bien qu'à Montréal
les places subventionnées ne coûtent que 178 $
par mois, seulement environ un tiers des enfants en garderie
ont accès au programme subventionné.[1] Martha Friendly,
une spécialiste des services de
garde d'enfants, note que l'allocation pourrait ne pas encourager dans
les faits les femmes à aller travailler. Pour qu'un nouvel
emploi ait du sens, il faut que le parent qui reste à la
maison puisse gagner suffisamment pour couvrir à la fois les
frais de garderie et la perte en allocations pour
enfant.
Information de base sur l'Allocation canadienne pour
enfants
L'Allocation canadienne pour enfants a
été introduite dans le budget 2016. À compter
de
juillet 2016, une allocation annuelle maximale de 6400 $
(soit 533 $ par mois) est
prévue pour un enfant de moins de six ans et de 5400 $
(450 $ par mois) pour un enfant de 6 à 17 ans.
Seules les familles avec un revenu de moins de 30 000 $
par année ont droit à la pleine allocation. Par exemple,
une famille avec un revenu médian de 70 000 $
en 2015 aurait droit à 324 $ par mois par enfant
de moins de six ans, soit 3890 $ par année pour un
enfant et 8586 $ par deux enfants. L'allocation n'est pas
considérée comme un revenu imposable, mais il faut
remettre un rapport d'impôt pour y avoir droit.
L'Allocation familiale pour enfants remplace la
Prestation universelle pour la garde d'enfants du gouvernement Harper
qui accordait 160 $ par mois par enfant de moins de six ans
et 60 $ par enfant de 6 à 17 ans, la
Prestation fiscale canadienne pour enfants (une allocation
additionnelle versée en fonction
du revenu familial), la Prestation nationale pour enfants (un
supplément pour les familles à faible revenu) et la
« Baisse d'impôt pour les familles » du
gouvernement conservateur basé sur le revenu fractionné
des familles avec des enfants de moins de 18 ans, qui
réduisait de 2000 $ l'impôt à payer du
parent ou gardien
gagnant plus que l'autre dans une mesure significative. Le
crédit d'impôt pour la condition physique et les
activités artistiques des enfants a été
progressivement aboli lui aussi. La prestation universelle était
imposable tandis que l'allocation familiale ne l'est pas.
Le directeur parlementaire du budget estime dans son
analyse fiscale de 2016 qu'avec l'Allocation canaidenne pour enfants le
versement moyen augmenterait de 1858 $ par année par
famille et que ce sont les familles avec un revenu net tout juste
en dessous de 30 000 $ qui en
bénéficieraient le plus. Il estime que, sans les
ajustements à l'inflation récemment annoncés,
l'allocation du
gouvernement Trudeau serait descendue au niveau du programme du
gouvernement Harper en 2018.
Seulement une famille admissible sur dix a reçu
l'allocation la première année, ce qui veut dire
que 477 000 personnes admissibles n'y ont pas eu droit.
L'ombudsman des contribuables Sherra Profit rapporte que les femmes
vivant dans des foyers d'accueil et les femmes autochtones dans les
réserves ont de la difficulté à obtenir les
allocations auxquelles elles ont droit.
Note
1. Dans un article du 17 avril 2017 sur le rapport du
gouvernement du Québec Situation
des
centres
de
la
petite
enfance,
des
garderies et de la garde en milieu familial; au
Québec en 2013, le Globe
and
Mail écrit: «Le mot universel est trompeur
quand on regarde le système au Québec. Seulement environ
35% dew 250 000 enfant sdu Québec qui fréquentaient les
garderies en 2013 avait une des places convoitées dans le
réseau public de Centres de la petite enfance, avec des
activités très structurées et un personnel
multi-qualifié. La plupart des enfants du Québec (38%)
dans les centres avec permis sont encore gardés dans des
environnements dits familiaux, souvent des voisins qui ont une garderie
dans leur maison. Bien que certains parents préfèrent ce
type d'arrangement, beaucoup d'autres craignent que leurs enfants
reçoivent des services de deuxième classe.»
La réalité des femmes au travail
En décembre 2017,
selon les données de Statistique Canada, il y avait 15 169 800 000 femmes de plus de 15 ans
au Canada. De ce nombre, 9 326 500 faisait partie de la population
active, avec 8 780 900 à temps plein et 545 600
officiellement sans emploi, pour un taux de participation global
de 61,3 %. Au total, les femmes
représentaient 47,5 % de la population active au
Canada. Dans le principal groupe en âge de travailler
entre 25 et 54 ans, 82,9 % des femmes participaient
au marché du travail rémunéré en 2017,
un écart de seulement 8 % avec les hommes de ce groupe
d'âge.
En 2015, dans le groupe d'âge des jeunes de
moins de 25 ans, 57,2 % des jeunes femmes avaient un
emploi tandis que les jeunes hommes de ce groupe d'âge
représentaient seulement 54,4 %
La participation des femmes au marché du travail
est plus faible dans les régions métropolitaines
où les frais de garderies sont élevés.
Au-delà des répercussions des frais élevés
de la garde d'enfants sur la participation au marché du travail,
les services de garderie réglementés sont disponibles
pour seulement 20,5 % des enfants de
moins de douze ans au Canada.
Il en résulte que sur la base de données
de 2013, le
taux d'emploi pour les mères entre 25 et 54 ans avec
des enfants de moins de quinze ans était de 75 %
(2013). Le
Canada est 9e parmi
les 35 pays membres de l'Organisation pour la coopération
et le développement économiques pour le taux de
participation des mères au marché du travail.
Trois quarts des gens qui travaillaient à temps
partiel en 2015 étaient des femmes.
C'est-à-dire, 18,9 % des femmes au travail
travaillaient à temps partiel, comparativement
à 5,5 % des hommes au travail. En 2016, le nombre
d'emplois à temps partiel au Canada a augmenté
de 153 700, un
niveau deux fois et demi plus élevé que
les 60 400 emplois à temps plein créés
(2016).
Dans la période entre 1993 et 2016, le
pourcentage de jeunes femmes travaillant à temps partiel a
augmenté de 10 %. Des personnes qui ont
travaillé à temps partiel en 2015, 67,2 %
des femmes, comparativement à 53 % des hommes, ont
affirmé qu'elles voulaient travailler moins
de 30 heures par semaine. La raison la plus fréquente
exprimée par 25 % des femmes de vouloir travailler
à temps partiel était pour s'occuper des enfants.
Le nombre de personnes travaillant à deux
emplois ou plus était de 959 000. Entre 1976
et 2015, le nombre de personnes ayant plusieurs emplois est
passé de 2,2 % de la population active
à 5,3 %. La plupart étaient des femmes.
Plus de 1,5 million de personnes -- 9 %
de la population active -- étaient classifiées à
des fins fiscales dans la catégorie des travailleurs autonomes,
avec près d'un demi-million de personnes qui deviennent
travailleurs autonomes et qui abandonnent chaque année.
Ce taux de roulement élevé indique que les gens se
tournent
vers le travail autonome pour éviter de se retrouver sans emploi
et non par choix. Du nombre des travailleurs
autonomes, 38,8 % étaient des femmes. Des femmes qui
sont travailleuses autonomes, seulement 34,2 % étaient
propriétaires d'une entreprise incorporée,
comparativement
aux hommes à 53,2 %, et elles
étaient moins enclines à embaucher des employés
salariés.
Un total de 31 % de femmes travailleuses de
quinze ans et plus étaient des travailleuses autonomes, avaient
un emploi temporaire ou travaillaient à temps partiel de
façon involontaire — c'est donc dire qu'elles étaient
considérées comme ayant des emplois précaires.
Le pourcentage de femmes plus âgées,
celles de plus de 55 ans qui sont restées sur le
marché du travail, a augmenté de manière
dramatique, allant de 24 % en 1996 à un taux
record de 38 % en 2016 alors que le taux de
participation de ce groupe d'âge était de 32,4 %.
Une personne est considérée sans emploi
si elle ne travaille pas, mais cherche activement un emploi.
Depuis 1991, le taux de chômage des femmes est
inférieur à celui des hommes. En revanche, du milieu des
années 1970 jusqu'à la fin des
années 1980, le taux de chômage des hommes a
été généralement inférieur à
celui
des femmes. La seule exception à cette tendance a
été au début des années 1980 lorsque
la récession a touché beaucoup plus d'hommes que de
femmes. Encore une fois, durant les récessions
économiques au début des années 1990 et
en 2008-2009, l'écart entre les taux de chômage des
hommes et celui des femmes a augmenté
alors que le taux de chômage a augmenté plus rapidement
chez les hommes que chez les femmes. C'est en raison de la plus grande
perte d'emplois au cours de ces récessions dans le secteur de la
production de biens, dominé par les hommes.
Cette différence de taux de chômage entre
les femmes et les hommes est plus marquée chez les jeunes. Alors
que l'écart de taux de chômage entre les femmes et les
hommes était inférieur à un point de pourcentage
en 2015 (6,2 % pour les hommes contre 5,4 % pour
les femmes), il a été de 3,7 % plus
élevé chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes
(15,0 % pour les hommes contre 11,3 % pour les femmes).
Deux facteurs contribuent à cet état de
choses. Premièrement, les femmes sont
surreprésentées dans les industries où la
concentration de jeunes est la plus forte (commerce de détail,
hébergement et services de restauration). Deuxièmement,
plus de femmes que d'hommes poursuivent des études
collégiales et universitaires. Cela se reflète dans
les différences entre les sexes dans le type de travail qu'ils
recherchent et la difficulté associée à trouver du
travail. À l'échelle nationale, 61 % des jeunes
hommes sans emploi étaient des non-étudiants
en 2015, comparativement à 44,8 % de leurs
homologues féminins. Il est donc probable que plus de femmes
cherchaient du travail à temps partiel pendant qu'elles
fréquentaient l'école, tandis que plus de jeunes hommes
ne fréquentaient pas l'école et cherchaient activement un
emploi à temps plein.
Les secteurs de l'économie où la
majorité
des femmes travaillent
La croissance du secteur de production de services est
liée de près à la croissance du nombre de femmes
parmi la population active. Le secteur de production de biens a
toujours
été le bastion des hommes et il en est ainsi aujourd'hui.
Par conséquent, selon Statistique Canada, les
possibilités d'emploi des hommes ont diminué en raison de
la restructuration économique, dont la mondialisation
néolibérale, qui a éliminé des emplois de
l'industrie manufacturière au Canada, tandis que l'emploi dans
les secteurs où les femmes dominent a augmenté.
Depuis la fin des années 60, le secteur des
services est le principal employeur au Canada et 77,6 % des
travailleurs y oeuvraient alors que 22,4 % des travailleurs
se trouvaient dans le secteur de production de biens comparativement
à 63,9 % des travailleurs qui travaillaient au sein du
secteur tertiaire
en 1976.
La majorité des femmes continuent de travailler
dans des emplois où la concentration des femmes est
traditionnellement élevée — l'enseignement, les soins
infirmiers et les emplois liés à la santé, le
travail social, le travail de bureau et administratif, la vente et les
services.
Les femmes représentent 41 % des
travailleurs dans seulement trois secteurs : les soins de
santé et l'aide sociale, les services à
l'éducation, l'hébergement et la restauration. Les
femmes occupent 82,4 % des emplois dans le secteur de la
santé et les services sociaux, 69,3 % dans le secteur
de
l'éducation et 58,5 % dans les services
d'hébergement et de restauration (58,5 %). Près
de 56 % des femmes étaient à l'emploi dans des
services du domaine des soins, du travail de bureau, de la
restauration, de l'entretien ménager et en tant que
caissière. Cette situation diffère peu de celle
en 1987, alors
que 59,2 % des femmes travaillaient dans ces domaines. En
revanche, 18,4 % des hommes ont travaillé dans les
trois industries ayant la plus grande proportion d'hommes
(comparativement aux femmes) : la construction (88,3 %), la
foresterie, la pêche, les mines, l'extraction de carrières
et de pétrole et de gaz
(80,5 %), et les services (77,8 %). Ainsi, les femmes
étaient concentrées dans les industries dites
traditionnellement féminines à un taux plus de deux fois
plus élevé que celui des hommes.
Les industries sont
stéréotypées en fonction du sexe et il en est de
même au sein de ces industries. La tendance est que les femmes et
les hommes
ont des emplois distincts, et ceux des femmes sont typiquement
inférieurs à ceux des
hommes. Par exemple, dans l'industrie de l'hébergement et de la
restauration, 59,7 % des chefs et des cuisiniers
étaient des hommes, tandis que 71,6 % des commis au
comptoir, des aide-cuisiniers et du personnel de soutien dans
l'ensemble était des femmes. Il en allait de même
pour 71,3 % des serveurs
d'aliments et de boissons.
Des gens qui travaillaient dans les domaines
scientifiques professionnels, 24,4 % étaient des
femmes,
une augmentation de seulement 7 % depuis 1987. Au cours
de cette période, la proportion de femmes travaillant comme
mathématiciennes, statisticiennes et actuaires est celle qui a
augmenté le plus, suivie des
architectes, des spécialistes en urbanisme et des
arpenteurs-géomètres. Par contre, en informatique, la
représentation des femmes a diminué au cours des
années.
Les femmes sont moins payées que les hommes
Un rapport 2015 des Nations
unies sur les droits de l'homme soulevait des préoccupations au
sujet des « inégalités persistantes entre les
femmes et les hommes » au Canada, notamment le «
niveau élevé de l'écart salarial » et
son effet disproportionné sur les femmes à faible revenu,
les femmes appartenant à des minorités
visibles et les femmes autochtones. [1]
Sur les 34 pays de l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), le Canada affichait le
septième écart salarial le plus élevé.
(2014).
L'ampleur de l'écart du taux de
rémunération entre les femmes et les hommes dépend
de comment les revenus sont mesurés. Traditionnellement,
Statistique Canada se sert des revenus annuels des travailleurs
à temps plein à longueur d'année. Selon cette
façon de calculer, les femmes entre 25 et 54 ans ont
eu un revenu moyen
de 53 500 $ en 2014, tandis que leurs homologues
mâles ont eu en moyenne 70 700 $. Ainsi, les
femmes ont gagné 0,74 $ comparativement à
chaque dollar gagné par les hommes.
Les femmes travaillent en moyenne moins d'heures au
cours d'une année dans les emplois à temps plein que les
hommes qui travaillent à temps plein. Si l'écart salarial
est calculé sur la base des revenus horaires, les femmes
gagnaient 0,88 $ comparativement à chaque dollar
gagné par les hommes. Les femmes gagnaient en
moyenne 25,38 $ l'heure, alors que leurs homologues
mâles gagnaient en moyenne 28,92 $.
Statistique Canada
dit que ce ratio s'est amélioré, en partie, en raison de
l'augmentation du niveau de scolarité des femmes.
En 2015, 35,1 % des Canadiennes détenaient un
diplôme universitaire, comparativement
à 13,7 % en 1990. Un pourcentage plus
élevé de femmes obtiennent des certificats ou des
diplômes postsecondaires et des diplômes universitaires que
les hommes, mais l'écart salarial persiste.
Les femmes sont aussi pénalisées pour
leur rôle dans la reproduction de la vie. En tant que
mères, elles gagnent typiquement moins que les femmes sans
enfants qui dépendent d'elles et moins que les hommes. Cette
« pénalité de maternité »
persiste tout au long de leur vie de travailleuses. Les mères
ayant au moins un enfant de moins
de 18 ans gagnaient 0,85 $ pour chaque dollar
gagné par les pères, tandis que les femmes sans enfants
gagnaient 0,90 $ pour chaque dollar gagné par les
hommes dans enfants.
Certaines provinces ont pris des mesures qui accentuent
cet écart entre les hommes et les femmes, comme enchâsser
des salaires horaires minimums déterminés pour les
secteurs de
travail à prédominance féminine. Par exemple, en
Colombie-Britannique, les employées qui servent la boisson sont
majoritairement des femmes et on peut les
payer 1,25 $ de moins que le salaire minimum, tandis qu'au
Nouveau-Brunswick, les travailleurs de la construction, qui sont
majoritairement des hommes, ont un salaire minimum obligatoire qui
est 2,33 $ plus élevé que le salaire minimum en
cours.
Note
1.
Haut-Commissariat
des Nations unies pour les droits de l'homme, Concluding
observations on the sixth periodic report of Canada, 2015, p. 2
L'élite dirigeante poursuit
l'intégration dans l'ALÉNA
et les corridors commerciaux
continentaux
Rondes six et sept des négociations de
l'ALÉNA
Les travailleurs du Canada,
des États-Unis et du Mexique continuent
de présenter
leurs réclamations pour un changement prosocial sous
leur
contrôle souverain.
La 6e ronde des
négociations de l'ALÉNA s'est tenue les 28
et 29 janvier à Montréal. Les gouvernements et les
médias au service des intérêts privés qui
sont en
position de contrôle créent l'impression qu'il existe
maintenant un « espoir » que les trois parties qui
prétendent représenter le Canada, les États-Unis
et le Mexique peuvent « sauver l'ALÉNA ». Cela
cache délibérément qui négocie quoi et au
service de quels intérêts. Les peuples des trois pays
n'ont cessé de dire Non ! au
libre-échange qui est sous le contrôle des
intérêts privés étroits des grandes
entreprises supranationales. Les peuples ne veulent pas sauver
l'ALÉNA. Ils n'ont cessé de s'opposer, dès le
début, au libre-échange contrôlé par les
monopoles. Ils ont besoin de projets d'édification nationale qui
reposent sur des économies subvenant à leurs besoins qui
sont
contrôlées par ceux qui font le travail et qui ont comme
objectif de satisfaire et de garantir les droits et le bien-être
de tous et les intérêts généraux de la
société.
Tout ce bruit au sujet du «
progrès » et des « compromis »
autour de l'ALÉNA vise à détourner les peuples des
trois pays de leur travail pour développer leur vision du monde
qui est indépendante de la volonté et des opinions de
l'élite dirigeante. Les négociations de l'ALÉNA
sont une farce. Au moment même où se tiennent ces
pourparlers, le président Trump a déclaré que les
guerres commerciales sont de bonnes choses que l'élite
dirigeante dont il est le champion peut remporter et que des tarifs
importants sur l'acier et l'aluminium seront bientôt
imposés. Pendant ce temps également, des tarifs sont
imposés sur le bois d'oeuvre qui visent en particulier la
production
canadienne.
Trudeau et sa ministre des Affaires
étrangères continuent de se contorsionner au rythme d'un
orchestre étranger qui sert les intérêts
privés qui cherchent à dominer. L'oligarchie
financière internationale liée à
l'impérialisme américain cherche de toute évidence
à contrôler les matières
premières et la capacité de travail du Canada et du
Mexique. Elle veut intégrer les économies des trois pays
dans une
économie de guerre qui est censée rescaper
l'économie moribonde des États-Unis qui est rongée
par la crise.
L'ALÉNA est et a toujours été
l'instrument du renforcement du pouvoir et du contrôle de
l'élite dirigeante qui veut l'intégration continentale et
des corridors de commerce, d'énergie, de sécurité
et de transport qui viennent à la rescousse de
l'impérialisme américain et de sa course à la
domination mondiale. Elle veut obtenir le libre mouvement
de ses forces policières et militaires et une
réglementation et un pouvoir décisionnel
intégré pour pouvoir effectuer son pillage de
manière efficace et s'engager dans des guerres de destruction.
Dans le cadre de cet objectif, les oligopoles qui
forment ces intérêts privés se livrent une
concurrence ouverte à la fois à l'intérieur et
à l'extérieur des négociations de l'ALÉNA.
Ils vivent du conflit. L'élite dirigeante est toujours
engagée dans des batailles internes et avec tout un chacun pour
le droit d'exploiter la matière première du continent
et du monde, pour exproprier la valeur que les travailleurs produisent
et imposer leurs quatre volontés. Ils sont en conflit avec le
monde entier. Comment expliquer sinon les mille bases militaires
américaines qui existent à l'extérieur des
États-Unis. Ils n'ont rien à voir avec l'amour social,
l'unité internationale, l'harmonie et l'avantage et le
développement mutuels. Ils détruisent tout ce qu'ils ne
peuvent pas contrôler.
Des négociations secrètes
Ces négociations sont secrètes. Les
peuples sont uniquement informés de ce qui selon l'élite
dirigeante sert ses plans d'intégration continentale et les
médias de masse sont des complices complaisants. Des rapports
ont prétendu que la sixième ronde de négociations
a « donné lieu à un véritable dialogue sur
la question de l'industrie automobile
et d'autres points névralgiques » et qu'un
progrès a été accompli lors de cette ronde suite
à des « propositions de compromis » du Canada
et du Mexique sur des questions clés. Qu'est-ce que cela veut
dire ?
En ce qui concerne les «
propositions de compromis », la Presse canadienne
donne l'exemple suivant sur la question de la demande des
États-Unis d'accroître le contenu américain dans
les autos qui sont produites : « Le Canada (notre
côté) a suggéré de nouvelles façons
de calculer si une auto peut être considérée comme
étant américaine. Les nouvelles formules vont gonfler les
chiffres américains en incorporant des aspects où les
États-Unis dominent comme la propriété
intellectuelle et la recherche. Le Canada n'a pas répondu
à la demande des États-Unis de cibles chiffrées
spécifiques pour la production de pièces. »
Est-ce que ce n'est pas
merveilleux ? On n'a qu'à truquer les chiffres et Trump va
être content. Comment cela nous fait-il avancer d'un pouce pour
subvenir à nos besoins dans les secteurs de l'acier, de
véhicules et de construction de
machinerie et popur ne pas répendre de ce que l'oligarchie
financière veut ou ne
veut pas ou
considère acceptable pour sa mission de redonner sa grandeur
à l'Amérique?
Pendant ce temps, les travailleurs de l'automobile font
remarquer que tout ce bruit masque la question de la
propriété intellectuelle et de la recherche sur les
nouvelles technologies de l'automobile, particulièrement dans le
domaine de l'intelligence artificielle et des véhicules sans
conducteur. Les intérêts privés américains
essaient de dominer
leurs rivaux dans ces technologies pour les utiliser non seulement dans
la production de véhicules, mais pour la guerre et ils veulent
maintenir un contrôle absolu.
En plus, tout ce discours sur l'absence de discussion
de « cibles spécifiques » pour la production de
pièces automobiles cache le fait que les gouvernements canadiens
et américains sont déjà en train de se
préparer à placer les usines de pièces automobiles
du Canada sous l'autorité des douanes américaines. Les
États-Unis vont inspecter et
dédouaner les biens que les travailleurs de l'automobile
produisent dans les usines canadiennes afin de les transporter aux
États-Unis le long de corridors sécurisés, ce qui
va étendre l'autorité américaine au Canada.
Selon d'autres rapports, les négociateurs ont
mis la dernière main à un nouvel ALÉNA qui va
traiter de « l'anticorruption, de la concurrence et de la petite
et moyenne entreprise ». Les Canadiens ne sont pas
informés de ce qui est en jeu et ils ne peuvent pas donner leur
accord à quoi que ce soit qui est finalisé dans leur dos
et sur
lequel ils n'ont pas eu leur mot à dire. Les gouvernements n'ont
pas de mandat pour discuter et encore moins mettre en oeuvre des
ententes secrètes qui ne servent pas les intérêts
des peuples.
Les trois parties sont maintenant réunies
à Mexico pour poursuivre leurs pourparlers secrets de
l'ALÉNA, des pourparlers de trahison et de braderie à la
machine de guerre impérialiste américaine.
Intégration des organismes réglementaires
mexicains, canadiens et américains
En tant que principe moderne de l'édification
nationale, la réglementation et les normes relèvent de la
politique publique souveraine et ne doivent pas être
déterminées par des intérêts privés
qui sont aujourd'hui mondialisés. Ce n'est pas ainsi cependant
que le conçoivent le gouvernement
Trudeau ou les gouvernements précédents depuis la fin des
années 1980.
Le gouvernement Trudeau cherche à
intégrer dans une institution unique les deux Conseils de
coopération en matière de réglementation (CCR) qui
ont été établis, entre le Canada et les
États-Unis et entre les États-Unis et le Mexique soug le
gouvernement Harper. Des
rapports indiquent que le
Canada veut que le CCR devienne une partie de l'Accord de
libre-échange nord-américain, mais sur une base
trilatérale en y incluant le Mexique.
Le CCR États-Unis-Canada a été mis
pied par les gouvernements Harper et Obama en 2011. Son but
officiel est d' « aligner » la
réglementation des deux pays en intégrant les organismes
réglementaires, en éliminant les différences qui
existent en
matière de réglementation et en établissant une
réglementation commune dans de nouveaux domaines. Le CCR a
établi deux plans d'action communs qui fixent la direction des
organismes réglementaires de l'État dans presque tous les
domaines de l'économie.
Aux États-Unis, le CCR Canada-États-Unis
est supervisé par le Bureau de l'information et des affaires
réglementaires, qui est une division du Bureau de la gestion et
du budget de la Maison-Blanche. Au Canada, il est supervisé par
le Conseil du Trésor.
Le Mexique et les États-Unis possèdent
leur propre CCR de haut niveau, qui a été établi
en 2010. Le Mexique est d'accord avec l'inclusion d'une forme de
CCR dans l'ALÉNA pourvu qu'il soit trilatéral. Bloomberg
News rapporte que les États-Unis « font preuve de
scepticisme envers l'idée d'un conseil trilatéral et
laissent entendre qu'ils pourraient l'accepter si le pouvoir est
transféré, si le conseil, une fois incorporé
à l'ALÉNA, passe sous le contrôle du Bureau du
représentant américain au commerce (USTR), Robert
Lighthizer. Une
porte-parole de Lighthizer n'a pas voulu faire de commentaire alors
qu'un groupe d'entreprises qui avait d'abord appuyé
l'idée sonne maintenant l'alarme en disant que le bureau n'a pas
l'expertise nécessaire pour jouer ce rôle. »
La controverse
révèle que la lutte qui entoure les négociations
de l'ALÉNA, sur ce qui sera dans ou hors de l'accord ou
modifié ou encore bilatéral ou trilatéral est
menée par des intérêts monopolistes privés
en rivalité les uns avec les autres et sans
égard au bien-être et aux droits du peuple. Qui a
l'autorité de faire des règlements et d'établir
des normes et dans quel but demeure une question fondamentale de
principe. Les gouvernements canadiens qui se sont succédé
ont permis que les pouvoirs réglementaires du Canada soient
délégués et sous-délégués
à des intérêts privés et à des
puissances étrangères, au point que des règlements
adoptés dans d'autres pays peuvent de facto devenir la
norme au Canada sans que les Canadiens aient quelque
contrôle que ce soit sur ces choses.
Qui établit les normes de santé et de
sécurité au travail, sur l'environnement et sur toute
autre question est un problème de grande importance qui concerne
le corps politique dans son entier et le droit souverain du peuple de
décider et de contrôler les affaires qui le concernent.
Cela doit
être établi dans les confins d'un État souverain au
moyen de formes politiques modernes qui permettent au peuple de se
représenter lui-même. Le pouvoir de fixer des normes ne
doit pas être remis à ceux qui représentent de
puissants intérêts économiques privés
domestiques ou étrangers.
Il est certain que la réglementation affecte les
plus grands intérêts privés et c'est ce qui
explique que différents porte-paroles de ces
intérêts ne veulent pas que la supervision aux
États-Unis soit transférée au représentant
américain au commerce. Maryscott
Greenwood, la présidente-directrice générale du
Conseil des affaires canado-américaines, qui est composé
de représentants des plus grands monopoles qui sont
présents dans les deux pays et qui ont le pouvoir
décisionnel par le biais du CCR, a dit : « Le
placer sous
l'autorité de l'USTR n'est pas la solution. Ce n'est pas
là qu'on peut résoudre les différends... Notre
préférence est de maintenir le statu quo à la
puissance deux. Si cela peut se faire par le biais de l'ALÉNA,
c'est parfait. » Transférer le pouvoir vers l'USTR
« va freiner le travail sur la
réglementation ». [1]
Eric Miller, du Groupe stratégique Rideau
Potomac, qui lui aussi « observe les pourparlers de
près », a dit : « L'option
préférée est certainement d'utiliser
l'ALÉNA pour qu'il soit ce que les gens du secteur privé
veulent qu'il soit : une
façon de rendre permanent et de renforcer le CCR (Conseil de
coopération en matière de réglementation
Mexique-États-Unis) plutôt que de faire le contraire...
Vous le soutirez à l'autorité et à l'expertise
appropriée qui permettent d'atteindre cet objectif et vous le
remettez
à des
gens qui n'ont ni l'autorité ni l'expertise... Si la
communauté des affaires des États-Unis veut vraiment
avoir gain de cause et que la communauté des affaires
canadiennes veut la même chose, elles doivent s'avancer et dire
clairement aux négociateurs des deux côtés que
c'est une
priorité absolue et que nous devons nous battre pour que cela
arrive. » [2]
Notes
1. Le Conseil
d'administration du Conseil des affaires canado-américaines est
présidé par Christina Erling de Barrick Gold U.S.A. et
Gary Clement du TD Bank Group. Ses membres sont :
Air Canada
Alcoa
Amazon
Amgen
Association of Canadian Ports
Association of Equipment Manufacturers
Association of Oil Pipelines
Bank of Montreal
Barrick Gold U.S.A. Beauty Revolution
Bell Canada
Bennett Jones
BlankRome
Boeing
Bombardier
Borden Ladner Gervais
CAE
Campbell Soup Company
Capitol Hill Group
Canadian Trucking Alliance
Caterpillar
CIBC
Cisco
Clairvest Group Inc.
CNCoca Cola
Contextere
ConocoPhillips
eBay
Eli Lilly & Company
Enbridge
Energy and Equipment Infrastructure Alliance
ExxonMobil Facebook
FedEx
Food & Consumer Products of Canada
Ford Motor Company
General Electric
General Mills
Google
Harley-Davidson Motor Company
International Council of Shopping Centers
John Deere Canada
Johnson & Johnson
Lockheed Martin
Mastercard
MDA
Motion Picture Association - Canada
Pfizer
PhRMA
Pitney Bowes
Privateer
Purdue Pharma
Red Bull
Rio Tinto
Shell Canada Sun Life Financial SNC-Lavalin Inc
TD Bank Group
Tilray
UPS
2. En juin, Eric Miller a reçu un contrat
d'Industrie Canada visant à « élaborer une
stratégie pour nouer un dialogue avec les politiciens
américains au sujet du commerce ». Auparavant, Miller
avait été vice-président,
politique, Amérique du Nord et cybersécurité du
Conseil canadien des affaires. Il a été également
employé d'Industrie Canada à l'ambassade canadienne
à Washington où, selon sa biographie, il a
conseillé le personnel-cadre sur « les questions
économiques, politiques et technologiques reliées aux
États-Unis ». iPolitics indique que Miller a
« aidé à concevoir le programme de sauvetage
de l'industrie de l'automobile en 2009 et a fait partie de
l'équipe de négociation qui a créé le plan
d'action Par-delà la frontière
en 2011.
Le contrôle des ressources
énergétiques
et de leur transport
Un ordre du jour majeur des renégociations de
l'ALÉNA est l'intégration des ressources et de
l'infrastructure énergétiques du Canada, des
États-Unis et du Mexique sous le contrôle des monopoles de
l'énergie dominés par les États-Unis. En
général, cette question n'est pas discutée
publiquement car elle révèle à quel point ceux qui
négocient
pressent le pas pour placer les ressources énergétiques
des trois pays sous le contrôle des plus grands
intérêts privés afin qu'ils exploitent, se fassent
la concurrence entre eux et fassent la guerre contre des concurrents
mondiaux,
tout en accroissant leur contrôle sur les pays et les
régions qu'ils cherchent à dominer comme le Venezuela.
Les disputes qui
entourent cet élément de l'ordre du jour ne font pas
l'objet de reportages
bien qu'on parle d'obstacles et de pilules empoisonnées dans les
négociations de l'ALÉNA. [1]
Les ministres des Affaires
étrangères des États-Unis, du Mexique et du Canada
se sont rencontrés au Mexique le 2 février.
L'intégration énergétique a été un
des principaux sujets de discussion. Faisant le résumé
des discussions, le secrétaire mexicain aux Affaires
étrangères Luis Videgaray Caso a déclaré
avec enthousiasme que « la
région de l'Amérique du Nord a en fait la capacité
en ressources humaines et naturelles d'être une source
d'énergie très propre et très peu coûteuse
qui peut transformer nos sociétés et nos
économies. Nous avons accepté de continuer notre travail
au niveau ministériel. Nous voulons aussi élaborer des
règlements permettant de générer et de
créer des
synergies en vertu desquelles nous pouvons ensemble construire
l'infrastructure et, bien sûr, donner une place au secteur
privé qui va être capable de créer des projets non
seulement à partir des hydrocarbures, mais des énergies
propres. »
Le secrétaire d'État américain Rex
Tillerson a repris ces remarques à son compte. «
L'Amérique du Nord est aussi un acteur de premier plan, comme
l'a dit le secrétaire Videgaray, sur les marchés de
l'énergie », a-t-il dit. Nous avons discuté ce
que nous croyons être des opportunités uniques de
promouvoir un développement énergétique
qui repose sur les marchés et une plus grande intégration
énergétique à l'échelle de
l'Amérique du Nord et de l'hémisphère. »
Le 5 février, l'ambassadrice des
États-Unis au Canada, Kelly Craft, a dit ce qui suit :
« Les États-Unis veulent que la modernisation de
l'ALÉNA serve à renforcer la révolution
énergétique nord-américaine et à promouvoir
la sécurité et l'autosuffisance énergétique
nord-américaine... Un chapitre séparé sur
l'énergie doit ajouter de
la valeur et non pas répéter des obligations qui se
trouvent dans d'autres chapitres. »
Note
1. On a pu voir un exemple de comment les
principaux reportages sur les négociations de l'ALÉNA
masquent les développements significatifs de
l'intégration du transport de l'énergie sous
contrôle privé lorsqu'on a rapporté le 25
janvier qu'Hydro-Québec a signé un contrat d'exportation
d'énergie
de 20 ans avec Evercore, une grande « firme d'investissement
bancaire » spécialisée dans les fusions et les
acquisitions pour l'État du New Hampshire. On a dit que le
contrat est le plus gros contrat d'exportation de l'histoire
d'Hydro-Québec. Il requiert la construction de la «
Northern Pass » qui comprend une ligne de
transmission de 307 kilomètres reliant le réseau
électrique du Québec à celui du New Hampshire. Le
contrôle des niveaux d'exportation et la détermination du
prix de l'électricité vont sans aucun doute être
placés sous l'autorité d'un nouvel ALÉNA
négocié ou d'un arrangement bilatéral.
À fond de train vers les corridors de commerce
sous le contrôle des États-Unis
Manifestation des travailleurs maritimes contre le
projet de loi C-23, à Vancouver,
le 16 décembre 2017
La Loi C-23, Loi relative au
précontrôle de personnes et de biens au Canada et aux
États-Unis, a reçu la sanction royale le 7
décembre. La Loi étend le «
précontrôle », un processus qui consiste dans
le passage aux douanes du pays de destination à partir du pays
d'origine, dans certains aéroports et les passages frontaliers
terrestres et maritimes. La Loi permet le dédouanement de
marchandises dans des installations canadiennes par des agents
américains et leur permet de porter des armes, de
détenir, fouiller et avoir recours à la force contre les
Canadiens dans des zones de dédouanement où les agents
américains sont autorisés à exercer leurs
fonctions. On en est
maintenant à l'étape de résoudre comment mettre en
oeuvre les pouvoirs élargis et la présence des agents
américains au Canada et d'examiner la possibilité de
placer des agents canadiens en sol américain.
Le 5 février, le
ministre canadien de la Sécurité publique Ralph Goodale a
rencontré la secrétaire à la
Sécurité intérieure des États-Unis,
Kirstjen Nielsen. Le précontrôle a été un
des principaux points à l'ordre du jour. La Presse
canadienne
a écrit : « Vous pourriez passer les douanes
canadiennes en Floride, en
Arizona ou à Chicago, ou voir une installation douanière
américaine attachée à une usine d'automobiles de
l'Ontario, tout cela pour aider les gens et les marchandises à
traverser plus rapidement d'un pays à l'autre. Les gouvernements
canadiens et américains sont en train de discuter de
cela. »
En conférence de presse, Goodale a dit qu'il
envisage un avenir où les pièces d'une auto pourront
être examinées et scellées pour l'expédition
à l'intérieur de l'usine. Il a dit que comme une voiture
en construction peut traverser la frontière une demi-douzaine de
fois, le dédouanement va éviter les accrocs et augmenter
la productivité. « On va
bénéficier du plus grand avantage du
précontrôle quand il va s'appliquer autant aux
marchandises qu'aux passagers », a dit Goodale. Il faisait
référence à un système en vertu duquel des
zones de précontrôle
américaines seraient installées dans les usines
canadiennes pour y dédouaner les marchandises qui seraient
ensuite expédiées aux États-Unis ou à
partir des États-Unis par rail, air, camion ou bateau.
Les routes que les marchandises
dédouanées vont emprunter vont elles aussi être
assujetties aux lois et aux pouvoirs de sécurité
nationale des États-Unis pour faire en sorte que les
marchandises ne soient pas altérées. Le
précontrôle dans une usine est une partie
intégrante de l'établissement de corridors
d'expédition de marchandises au
Canada sous contrôle américain. Ces corridors sont
déjà en train d'être établis. Nul doute
cependant que leur développement va être facilité
par
de nouvelles justifications intéressées.
Le ministre Goodale a démontré que les
gouvernements des États-Unis et du Canada désirent tous
deux un tel arrangement quand il a dit que « votre administration
du côté américain et notre administration veulent
vraiment faire avancer ce dossier ».
Le gouvernement libéral se vante de vouloir
placer des agents des douanes américains en sol canadien
dotés de larges pouvoirs pour violer les droits des
travailleurs. Cette proposition a été l'une des demandes
principales des monopoles de l'automobile depuis 2006 quand elle a
été mise de l'avant par le magnat de l'industrie des
pièces
automobiles et PDG de Magna, Frank Stronach. Le gouvernement Trudeau
vient maintenant d'adopter ce projet par le biais d'une loi tout en
cachant aux Canadiens l'impact que le projet et la loi vont avoir dans
leur vie. Les travailleurs maritimes
du port de Vancouver ont pris en main de lutter pour affirmer leurs
droits en tant que travailleurs canadiens face à toute tentative
de
donner aux agences de sécurité des États-Unis le
droit de décider qui peut ou ne peut pas travailler dans les
ports canadiens.
Les travailleurs de l'automobile, surtout ceux qui
travaillent dans le secteur des pièces, doivent se
préparer et dire clairement qu'ils ne vont pas accepter que
leurs endroits de travail et leur vie au travail soient placés
sous le contrôle du département de la
Sécurité intérieure des États-Unis. Les
travailleurs de l'automobile qui refusent déjà que
les propriétaires des usines et les gouvernements s'attaquent
à leurs droits doivent maintenant s'opposer fermement à
toute tentative de s'attaquer à leurs droits au nom de la
sécurité du transport des marchandises par-delà la
frontière entre le Canada et les États-Unis.
Justice pour les femmes autochtones
disparues et assassinées
Actions pancanadiennes pour exiger que justice
soit
faite pour Tina Fontaine
Tina Fontaine est une jeune autochtone
de 15 ans qui a été assassinée à
Winnipeg en août 2014 et dont le corps a été
jeté dans la rivière Rouge. Tina était de la
Première Nation Sagkeeng, située sur la rive sud du lac
Winnipeg, à environ 120 km au nord de Winnipeg, où
elle a été élevée par sa grande tante et
son grand
oncle, Thelma et Joseph Favel.
En juin 2014, la grande tante de Tina, Thelma, lui
a donné l'autorisation d'aller à Winnipeg pour renouer
avec sa mère biologique. Lorsque Thelma n'a plus eu de nouvelles
de Tina, elle a contacté les Services à l'enfance et
à la famille (SEF) qui ont pris Tina en charge. Tina a
été hébergée par les SEF à
l'hôtel Best Western à Winnipeg
mais le 9 août 2014 elle manquait à l'appel.
Après avoir été
déclarée « disparue » des SEF, Tina a
été vue par les policiers et était aussi en
contact avec des ambulanciers paramédicaux, des agents de
sécurité et le personnel de l'hôpital pour enfants
de Winnipeg, mais n'a pas été reprise en charge. Son
corps a
été retiré de la rivière Rouge le 17
août 2014. Un
suspect, Raymond Cloutier, alors dans la jeune cinquantaine, avait
été vu en compagnie de Tina avant sa disparition et a
par la suite été arrêté et
accusé de meurtre au deuxième degré, sur la base
de preuves circonstancielles et d'enregistrements faits sous
écoutes électroniques dans son appartement. Dans ces
enregistrements, Cormier n'amet pas avoir tué Tina. Il a admis
par contre avoir
eu des relations sexuelles avec elle, ce qui constitue un viol de
mineur (en 2008, le gouvernement Harper a augmenté
l'âge de
consentement de 14 à 16 ans). Invraisemblablement,
l'accusation du procureur de meurtre au deuxième degré
contre Cormier était fondée sur la théorie
que Tina avait menacé de le dénoncer pour viol de mineur,
et pourtant Cormier n'a pas été accusé de viol en
dépit du fait que sa confession ait été
enregistrée ! Cormier a été acquitté
de meurtre au deuxième degré le 22 février
2018.
Le meurtre de Tina a eu des répercussions
immédiates et a encore une fois galvanisé les demandes du
peuple pour une enquête nationale sur les femmes et filles
autochtones disparues et assassinées. Des milliers de personnes
sont descendues dans les rues de Winnipeg et un campement a
été monté pendant plusieurs semaines devant
l'Assemblée législative du Manitoba. La famille de Tina
et des dirigeants autochtones ont dénoncé le racisme et
la négligence des autorités et des services sociaux
envers les jeunes autochtones, un problème qui existe dans tout
le pays. Bien qu'il ne soit pas surprenant qu'on ne parvienne pas
à condamner une personne pour meurtre sur la base de preuves
circonstancielles, le silence des autorités sur le viol de Tina
Fontaine par Raymond Cloutier est une affaire inquiétante. C'est
presque trois ans après
l'enregistrement de l'aveu de son crime vient appuyer les accusations
de racisme, de négligence et de génocide qui entourent la
disparition et la mort de Tina. L'acquittement de Cormier a ainsi
rouvert la plaie
du traitement raciste réservé aux peuples autochtones par
le système judiciaire et de services sociaux canadiens, et a
provoqué beaucoup de colère et d'amertume et
ravivé le souvenir de la vie de cette jeune femme
décédée beaucoup trop tôt, comme
pour les milliers de femmes et de filles disparues et
assassinées partout au Canada.
Nous publions ci-dessous
des photos des actions qui ont commencé le 23 février
à l'échelle du Canada
à la
mémoire de Tina Fontaine et pour réclamer justice pour le
mauvais traitement qu'elle a subi et
pour sa mort.
Vancouver; Victoria
Prince George
Penticton
Calgary
Edmonton
Régina
Winnipeg
Thunder Bay
Sudbury
Windsor
Guelph
Toronto
Ottawa
Montréal
Halifax
Frédéricton
(Photos: :LML, A. Brandt, A. Crawshaw,
E. Ruddy, SCO Inc., MMIW Inquiry,
J.J. Sylvestor, D. Penner, K. McGowan)
Exposition Mnidoo Kweok, Marchons avec
nos soeurs,
à Sudbury et Kenora
Exposition
Marchons
avec
nos
soeurs
à
Sudbury
Le rassemblement 2018 Mnidoo Kweok, Marchons
avec nos soeurs, est un montage artistique commémoratif qui
est exposé cet hiver à Sudbury et à Kenora dans le
nord de l'Ontario. Mille huit cent huit paires d'empeignes (le dessus)
de mocassins ont été créées et offertes par
des centaines de personnes attentionnées et
préoccupées afin d'attirer l'attention sur l'injustice
commise aux femmes autochtones disparues et assassinées. Marchons
avec
nos
soeurs a vu le jour en 2012 lorsque l'artiste et
auteur métisse Christi Belcourt a organisé et fait appel
aux gens pour décorer le dessus des mocassins. Elle
espérait avoir 600 empeignes de
mocassins. Elle a reçu mille sept cent soixante-trois paires de
mocassins. La réponse des gens a été un flot
d'amour et d'empathie provenant de partout dans le monde et de tous les
milieux. Chaque paire de mocassins représente une femme
autochtone disparue ou assassinée. Cent dix-sept paires
d'empeignes pour enfants ont été ajoutées en
mai 2014 lors d'une cérémonie sur le site de
l'ancien pensionnat Shingwauk à Bawating (ou Sault-Sainte-Marie)
pour honorer et commémorer la vie d'enfants qui ne sont jamais
revenus à la maison.
Exposition
de
Sudbury
Cet ensemble sacré de plus de deux mille paires
d'empeignes de mocassins sous le thème Marchons avec nos
soeurs a été exposé à l'École
d'architecture McEwan à Sudbury du 7 au 17 janvier et
a poursuivi son voyage jusqu'à la prochaine exposition
prévue à Kenora, en Ontario, où le public a pu
l'admirer au Day's Inn,
du 4 au 14 février.
L'exposition Marchons avec
nos
soeurs suit les protocoles cérémoniaux autochtones
traditionnels. L'oeuvre consiste principalement en une installation au
sol composée d'empeignes perlées disposées sur du
tissu selon un dessin rappelant un chemin sinueux. Les visiteurs
enlèvent leurs
chaussures et marchent sur un chemin de tissu qui côtoie les
empeignes non cousues. Les
mocassins inachevés représentent la vie inachevée
des femmes et des filles qui ont été assassinées
ou qui sont toujours portées disparues. Les femmes ont
été soignées, elles ont été
aimées, elles manquent à l'appel, elles nous manquent et
elles ne sont pas oubliées. Plus de trois mille
visiteurs sont passés au cours des dix jours pendant lesquels
l'exposition qui leur a rendu hommage a été ouverte au
public.
« Notre comité est très
honoré et fier d'avoir eu l'occasion d'inviter notre
communauté à l'École d'architecture pour
construire cette hutte et s'en occuper pendant ces dix jours. Nous
espérons que la communauté a eu l'occasion de ressentir
l'amour dans ce refuge, de connaître un moment de
réflexion et de guérison, a dit Dana Hickey,
coresponsable du comité de planification de Marchons avec
nos soeurs de Sudbury.
« Je crois que Marchons avec nos soeurs
de Sudbury a été une occasion pour les
bénévoles de rassembler leurs forces afin de travailler
ensemble en vue d'apporter des changements dans leur communauté.
Plutôt que de voir cela comme une fin en soi, je le vois comme le
début d'un rassemblement de plusieurs voix qui perpétuent
l'essence de ce que Marchons avec nos soeurs est devenu. Cette
exposition a ému les organisatrices de la communauté
d'une manière qui a renforcé leur force spirituelle et
unifié leurs croyances sur ce qui peut être
réalisé sur un terrain commun », a
déclaré Maggie Cywink.
Les bénévoles de l'exposition de Sudbury
Marchons avec nos soeurs est un projet national
qui a été appuyé par des milliers de femmes et
d'hommes autochtones et non autochtones à travers le pays. Il
est ancré dans les quatre principes de l'amour, de
l'humilité, du protocole et du bénévolat, et
guidé par les aînés locaux et les membres de la
communauté. « Gchi-miigwetch à
la communauté de Sudbury, aux bénévoles et aux
pompiers qui ont aidé à faire de cette hutte un endroit
magnifique. Miigwetch au Collectif national pour nous avoir
apporté cet ensemble sacré et pour les nombreux cadeaux
que cette hutte a apportés à notre communauté
pendant qu'elle était parmi nous », a dit Juanita
McNichol, grand-mère
responsable de la cérémonie de la mise en place de Marchons
pour
nos
soeurs à Sudbury.
« Cela a été une expérience
très enrichissante pour nos groupes scolaires et pour nos
jeunes, ainsi que pour les visiteurs non autochtones qui ont appris
à connaître cette question des femmes, filles et personnes
bispirituelles autochtones disparues et assassinées. Je suis
très fière de nos grands-mères qui ont
apporté ces bons enseignements aux
jeunes sur la façon de prendre soin d'eux-mêmes d'une
manière positive. Ces esprits qui sont parmi nous vous
remercient
d'avoir marché avec elles et pour la compassion exprimée
par les gens de tous les milieux qui nous ont
visitées », a dit Martina Osawamick,
grand-mère de Marchons avec nos soeurs .
Les grand-mères préparent l'exposition
« Les grands-mères sont les
porte-flambeaux qui maintiennent cette lumière et qui permettent
à nos communautés de tenir bon. Ce mémorial permet
aux visiteurs de mieux comprendre les problèmes auxquels notre
peuple est confronté et lorsque nous visitons et parlons avec
nos visiteurs, nous les comprenons mieux. Cela aide nos relations
avec les autres. Nous sommes une grande famille indépendamment
de nos différences », a déclaré Hilda
Nadjiwan, grand-mère de Marchons avec nos soeurs.
« Je suis heureuse de voir que tous ont pris
à coeur leur rôle et se sont rassemblés en famille
pour que les dix derniers jours se passent bien. Je rends hommage aux
jeunes qui sont venus de leur école pour nous visiter ainsi
qu'aux autres visiteurs. Je souhaite qu'ils partent avec un bon
coeur et un bon esprit et une nouvelle compréhension
de notre culture anishinaabeg. Je veux reconnaître les histoires
que nous ont relatées les visiteurs et j'espère qu'ils
repartiront eux aussi avec de bonnes histoires. C'est le partage de ces
histoires qui rend cette expérience éducative. Je tiens
à remercier tous ceux qui ont fait un don afin que nous
puissions nourrir nos bénévoles et rendre possible ce
travail important. Je veux exprimer mon amour pour tout le monde et
pour la création, miigwetch », a
déclaré Julie Ozawagosh, grand-mère de Marchons
avec
nos
soeurs.
Installation de l'exposition à Kenora
Audiences sur les annuités du
traité Robinson-Huron à Sudbury
Les Anishinaabeg s'opposent à l'hypocrisie
libérale et luttent pour leurs droits issus de traités
- David Starbuck -
L'équipe juridique Robinson Huron Trust First Nations, la juge
Patricia Hennessy, les témoins aînés et quelques
citoyens à
l'audience
à
la
Première
Nation
de
Garden
River
Le 5 mars, les audiences de l'affaire des
annuités découlant du traité Robinson-Huron se
poursuivent à l'hôtel Radisson de Sudbury où seront
entendues les plaidoiries finales et à la suite desquelles une
décision finale sera
rendue. Les communautés anishinaabeg du traité
Robinson-Huron
ont poursuivi l'Ontario et le Canada devant les tribunaux pour ne pas
avoir respecté les conditions du traité. À cause
de ce non-respect, les bénéficiaires n'ont reçu
aucune augmentation des annuités de quatre dollars par personne
depuis 1874, malgré les profits financiers
tirés du territoire dont les gouvernements du Canada et de
l'Ontario ont joui pendant plus de cent quarante ans.
Tipi cérémonial à Sudbury
À partir du 25 septembre 2017, des
audiences ont eu lieu au palais de justice de Thunder Bay, en Ontario,
à l'hôtel Manitoulin et au Centre des conférences
de Little Current et au Centre communautaire de la Première
nation de Garden River, près de Sault-Ste-Marie, où le
traité a été signé en 1850. Le
tribunal s'est ensuite déplacé à l'hôtel
Radisson, à Sudbury, en novembre, où il a entendu et
entendra tous les autres témoins. À chacun des endroits,
des cérémonies du calumet et de hutte de sudation ont
eu lieu. Des tipis ont été érigés et un feu
sacré allumé qui brûlera pendant la durée du
procès. L'aîné Leroy Bennett a coordonné les
événements culturels à chacun des endroits.
Mishomis Clifford Waboose et ses gardiens du feu ont
entretenu le feu sacré. La juge Patricia Hennessy et tous les
avocats de l'équipe juridique anishinaabeg ainsi que les
équipes du Canada et de l'Ontario ont participé aux
cérémonies.
Le territoire des Anishinaabeg compris dans la zone du
traité Robinson-Huron comprend environ 91 400
kilomètres carrés de terres sur les
[...] « rives
est et nord du lac Huron, depuis Penetanguishène jusqu'au Sault
Ste Marie, et de là jusqu'à la baie Batchiwananing, sur
la rive nord du lac Supérieur, ensemble avec les îles
situées dans le dit lac, vis-à-vis les rives d'iceux et
à l'intérieur
jusqu'à la hauteur des terres qui séparent le territoire
couvert par la charte de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson du
Canada, aussi bien que toutes les terres non concédées
situées dans les limites du Canada Ouest, auxquelles ils ont de
justes droits ».
Le traité Robinson-Supérieur couvre
environ 42 800 kilomètres carrés sur
[...] « la
rive nord du lac Supérieur dans la dite province du Canada,
depuis Batche, dans la baie Wanaung jusqu'à la rivière au
Pigeon, à l'extrémité ouest du dit lac et
l'intérieur dans toute cette étendue jusqu'à la
hauteur des terres qui
séparent le territoire couvert par la charte de l'honorable
compagnie de la baie d'Hudson de la dite étendue de terre, et
aussi les îles dans le dit lac situées dans les limites
des possessions britanniques ».
Carte historique des territoires couverts par les traités
Robinson-Huron et Robinson-Supérieur
L'affaire du traité Robinson-Huron qui est
entendue en même temps que l'autre affaire liée au
traité Robinson-Supérieur concerne
l'interprétation d'une clause
« d'augmentation » des annuités, commune
aux deux traités Robinson signés
en 1850. La clause prévoit l'augmentation des
annuités versées aux Premières Nations en vertu
des traités, si les revenus tirés des ressources
permettent une telle augmentation sans que des pertes soient
encourues :
« le dit
William Benjamin Robinson, au nom de sa majesté, qui
désire agir d'une manière libérale et juste envers
tous ses sujets, convient et promet en outre que si le territoire par
le présent cédé par les parties de la seconde part
rapporte à aucune
époque future un revenu qui puisse permettre au gouvernement de
cette province, sans encourir des pertes, d'augmenter l'annuité
qu'il leur garantit par le présent, alors et dans ce cas la dite
annuité sera augmentée de temps en temps, pourvu que le
montant payé à chaque individu
n'excède pas la somme d'une livre argent courant de la province
en aucune année, ou telle autre somme que sa majesté
voudra bien ordonner ; et pourvu en outre que le nombre d'Indiens
ayant droit au bénéfice de ce traité se montera
aux deux
tiers de ce nombre actuel qui est de quatorze cent
vingt-deux, pour qu'ils aient droit de réclamer le
bénéfice entier d'icelui : et si à aucune
période future ce nombre ne se monte pas aux deux tiers de
quatorze cent vingt-deux, alors la dite annuité sera
diminuée en proportion de leurs nombres actuels
. »
Le traité Robinson-Supérieur contient une
clause pratiquement identique qui ne diffère que par les
chiffres de la population auxquels elle s'applique.
La richesse générée par les
bassins versants du lac Huron et du lac Supérieur est vaste. Les
aînés de la Première nation atikameksheng
anishnaabeg, dont le territoire traditionnel comprend le bassin de
Sudbury, estiment que la richesse extraite de ses territoires
traditionnels
s'élève à plus de 550 milliards $. On
dit que l'argent extrait du sous-sol de Cobalt, qui représentait
le huitième de l'approvisionnement mondial et qui se trouve sur
le territoire du traité Robinson-Huron, a financé la mise
sur pied des institutions bancaires de Toronto, situées
sur la rue Bay, durant les premières années du
siècle dernier.
Le tribunal a entendu tous les aînés et
experts anishinaabeg expliquer le droit, l'histoire orale et les
cérémonies anishinaabeg. Les témoins experts ont
inclus Jim Morrison, Alan Corbiere, Heidi Bohaker, Heidi Stark, Fred
Kelly et Carl Beal. Ces personnes ont présenté
l'histoire, la loi et la
gouvernance traditionnelles anishinaabeg entourant l'élaboration
du traité dans les années 1800. Les témoins
aînés qui ont présenté des preuves soutenant
la compréhension qu'ont les Anishinaabeg du traité dans
la langue des Ojibway en 1850, de la loi, du
mode de vie et de la gouvernance anishinaabeg au moment de la
conclusion du traité, sont Ogimaa Duke Peltier, Rita Corbiere,
Ogimaa Dean Sayers, Irene Stevens, Angus Toulouse et Irene Makadebin.
En janvier et en février, les gouvernements du
Canada et de l'Ontario ont présenté leur défense.
Leur argumentation s'articule autour de la disposition des
traités Robinson pour une augmentation « sans
encourir des pertes ». Les gouvernements soutiennent
que le fait
que les gouvernements soient déficitaires signifie qu'ils ne
peuvent pas augmenter les annuités « sans
encourir des pertes ». Comme l'a dit l'avocat
anishinaabeg : « Eh bien, si je comprends bien, mon
amie (la Couronne) prétend que, d'après ces
éléments de preuve, l'Ontario a le droit de
dépenser de l'argent sur tout ce qu'il veut sur le territoire et
ce montant sera déduit du montant disponible pour les
Anishinaabeg. »
Au moment de la signature des traités Robinson
en 1850, les colonialistes britanniques avaient signé des
traités couvrant la plus grande partie du sud de l'Ontario et
les avaient réglés. Ils cherchaient plus de terres
à coloniser et, en particulier, ils convoitaient le bois et les
ressources
minérales des bassins hydrographiques du lac Huron et du lac
Supérieur. Avec la découverte du cuivre dans la
péninsule du Keewatin dans la partie amont du Michigan, la
pression pour ouvrir ces terres à l'exploitation capitaliste est
devenue intense.
Dessin des mines Bruce, 1870
Le chef Shingwaukonse de Bawaating
Les activités minières ont
débuté à Bruce Mines, sur la rive nord du lac
Huron, et à Mica Bay, sur la rive nord-est du lac
Supérieur. Ces opérations minières étaient
extrêmement dommageables aux pratiques traditionnelles des
peuples autochtones. Les terres environnantes ont été
rasées à blanc afin de permettre les opérations
minières et les fonderies, le bruit et les vapeurs ont
empoisonné l'atmosphère et le gibier a été
chassé de son environnement naturel. La situation était
telle que le chef Shingwaukonse de Bawaating (Sault-Ste-Marie) et un
groupe de 30 à 100 autochtones, métis et
blancs, ont navigué sur une embarcation à voile depuis
Sault-Ste-Marie jusqu'à Mica Bay et ont forcé les mineurs
à cesser leurs opérations et à retourner à
Sault-Ste-Marie. Six membres de ce groupe qui ont mis fin
à l'exploitation minière à Mica Bay, soit deux
autochtones, deux métis et deux blancs, ont été
arrêtés et emmenés à Toronto où ils
ont été détenus pendant plusieurs mois avant
d'être libérés, car les terres appartenaient
clairement aux autochtones. Les mineurs n'avaient aucun droit
d'entreprendre des activités minières sans un
traité.
La Proclamation royale de 1763 reconnaissait le
titre autochtone à la terre et acceptait de protéger les
terres autochtones contre l'empiétement. La Couronne britannique
a convenu qu'aucun sujet britannique ou aucun colon ne pourrait
conclure un accord au sujet du territoire sans un traité entre
les peuples
autochtones et la Couronne britannique. La situation en 1850
était telle qu'un traité entre la Couronne britannique et
les peuples autochtones des bassins versants du lac Huron et du lac
Supérieur était nécessaire pour que les deux
peuples se partagent le territoire. Shingwaukonse a reconnu qu'il
était nécessaire de signer un traité selon les
meilleures conditions possibles sinon les colons blancs allaient
bientôt envahir les terres autochtones des bassins
hydrographiques du lac Huron et du lac Supérieur sans
reconnaître les droits au territoire des peuples autochtones.
Depuis le début, les
Anishinaabeg se sont battus pour des augmentations adéquates de
leurs paiements en annuité. En 1877, seulement trois ans
après la dernière augmentation, les dix-sept chefs des
bandes du lac Huron ont demandé au gouvernement canadien une
augmentation du paiement
de l'annuité. Des pétitions semblables ont
été soumises régulièrement au cours des
dernières décennies du XIXe siècle. En 1887,
la bande de Parry Island a soumis sa pétition en
présentant une tradition orale de ce qui avait été
dit
en 1850 à leurs chefs à Penetanguishène.
Cependant, au mépris de ses responsabilités, le
gouvernement de l'Ontario n'a tenu aucune comptabilité depuis
les années 1890 de la valeur des ressources extraites des
terres des Anishinaabeg, malgré leurs obligations comprises dans
les traités.
L'hypocrisie de l'État canadien se poursuit avec
le Parti libéral d'aujourd'hui. Le Parti libéral de
Justin Trudeau a fait de belles déclarations pendant la campagne
électorale sur le besoin de résoudre les problèmes
de longue date auxquels les peuples autochtones du Canada font face.
Ces
belles paroles n'ont pas été accompagnées
d'actions en ce qui concerne les femmes autochtones disparues et
assassinées, l'approvisionnement en eau potable et les services
de logement, de santé et d'éducation modernes sur les
territoires des Premières Nations, etc. Dans une lettre ouverte
écrite par Ogimaa Duke Peltier (du territoire indien non
cédé de Wikwemikong) et Ogimaa Dean Sayers (de la
Première nation Batchewana) à l'honorable Carolyn
Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord, ils
déclarent :
Nous vous écrivons
pour exprimer de bonne foi mais en termes non équivoques, notre
profonde déception quant à la déconnexion claire
et complète entre les paroles éclairées et les
déclarations pleines d'espoir de votre gouvernement et les
actions de votre
gouvernement pour traiter nos réclamations. Dans votre lettre,
vous dites : « Le gouvernement du Canada accorde une
grande priorité au renouvellement de la relation de nation
à nation avec les peuples autochtones. Nous nous engageons
à développer un partenariat fondé sur la
reconnaissance des droits, le respect et la collaboration. »
Pourtant, par ses actions, votre gouvernement fait exactement le
contraire !
Nous avons écrit
le 21 août au premier ministre dans l'espoir que
l'engagement déclaré de votre gouvernement à
l'égard de la réconciliation nous donnerait l'occasion de
régler nos réclamations par voie de négociation
plutôt que par des
procédures judiciaires. Malheureusement, non seulement vos
fonctionnaires ont rejeté nos ouvertures vers une
réconciliation, mais vos avocats avancent des arguments et des
preuves dans le litige qui peuvent seulement être décrits
comme désuets, obsolètes, ethnocentriques,
contradictoires et
incendiaires. Inutile de dire qu'ils reflètent des attitudes
contraires au rapport de la Commission vérité et
réconciliation et à la Déclaration des Nations
unies sur les droits des peuples autochtones.
La lutte des Anishinaabeg pour un paiement
d'annuités en vertu des traités Robinson qui est
proportionnel à la richesse extraite des terres que les
Anishinaabeg ont concédées à la Couronne
britannique, est une lutte juste et elle a l'appui de la classe
ouvrière et du peuple canadiens. En
général, il y a deux groupes de personnes au
Canada : les peuples autochtones et les immigrants et descendants
d'immigrants. Deux choses sont certaines : les peuples autochtones
ne vont pas être exterminés ou assimilés ; et
ceux qui sont d'origine immigrante ne vont pas retourner dans leur
pays d'origine. Il faut donc que les peuples autochtones, les
immigrants et descendants d'immigrants vivent ensemble sur une base de
principe. Cela signifie que les traités doivent être
honorés dans l'esprit que les Anishinaabeg ont voulu leur
insuffler. Une partie importante de cela est le paiement par
l'État canadien
d'annuités de traité aux descendants des signataires des
traités de Robinson proportionnellement à la richesse qui
a été générée par l'utilisation de
ces terres. L'État canadien doit remplir ses obligations en
vertu des traités Robinson.
Opposons-nous à l'hypocrisie du
Parti libéral et de l'État canadien !
Respectez les traités !
Payez les annuités conformément à la richesse
produite sur les territoires
traditionnels des Anishinaabeg !
Non c'est non! Assez c'est assez! Les étudiants
s'organisent pour changer la situation
Les étudiants de l'école secondaire
Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride, et des
étudiants de partout en Floride et de nombreuses villes
américaines manifestent et s'organisent à la suite de la
fusillade qui a fait 17 morts et 14 blessés parmi les
étudiants et enseignants. Ils ont adopté comme mot
d'ordre : Non c'est non ! Non à la violence
dans les écoles et les communautés, non au refus des
gouvernements de rendre des comptes. Assez c'est assez ! Le
temps de changer les choses est maintenant ! et Plus
jamais ! comptent parmi leurs revendications. Pour bien faire
comprendre qu'ils ne vont pas
se satisfaire de mesures minimales devant le grave problème de
la violence aux États-Unis, ils déclarent : Nous
ne voulons pas de votre petite monnaie, nous voulons un
changement !
Les étudiants de
Stoneman Douglas ont reçu un appui bien senti d'un millier de
leurs confrères de l'école secondaire West Boca. Ceux-ci
ont débrayé et marché 20 kilomètres
pour se rendre en masse à l'école Stoneman Douglas. Les
étudiants se sont également organisés pour faire
connaître leur situation : ils ont recueilli des
fonds pour imprimer un journal avec des appuis de partout aux
États-Unis.
Des milliers d'étudiants et d'enseignants de la
Floride se sont rassemblés à Tallahassee, la capitale,
le 21 février, une semaine après la fusillade. Des
rassemblements parallèles ont eu lieu à Washington,
à New York, en Pennsylvanie, au Texas, en Iowa, en Californie et
bien d'autres endroits. Il y a eu des débrayages dans les
écoles,
parfois seulement pour 17 minutes, le temps d'un hommage aux
victimes. Les administrations et des représentants du
gouvernement les traitent d'acteurs. Ils disent que ce sont des enfants
qui aiment s'entendre crier et qui sont trop jeunes pour comprendre ce
qui se passe et les menacent de suspension. Mais les étudiants
continuent de
s'organiser. Un débrayage scolaire national est prévu
le 14 mars. Des étudiants de partout au pays ont
l'intention de débrayer, de manifester et de participer à
différentes actions. Les parents et enseignants sont avec eux.
Il y aura une « Marche pour nos vies » à
Washington le 24 mars, qui servira de point de convergence
pour tous ceux qui prennent position.
Ces actions sont empreintes de l'esprit de Non
c'est non ! Assez c'est assez ! Les étudiants font
clairement comprendre qu'ils ne parlent pas seulement des fusillades
dans les écoles, ils parlent aussi de celles dans les concerts,
les boîtes de nuit, les salles de cinéma et les endroits
de travail et des personnes tuées par la
police dans leurs communautés. Ils n'ont pas oublié la
fusillade de 2016 dans une boîte de nuit à Orlando,
en Floride, qui a fait 49 morts et 53 blessés, celle
dans une église de Charleston en Caroline du Sud, celle dans une
église de Sutherland Springs au Texas ni celle dans un concert
à Las Vegas. Ils n'ont pas oublié non plus
les tueries et la violence par la police à Ferguson, Baltimore,
Chicago et ailleurs.
Les représentants du gouvernement veulent faire
une distinction entre la violence par la police et l'armée et la
violence comme celle dans les fusillades dans les écoles.
Toujours, on cherche à identifier des individus comme
étant le problème, ou à créer des
catégories de personnes, comme les personnes atteintes de
maladies mentales ou les
personnes sur la liste de surveillance « pour
terrorisme ». Puis les mesures de prévention
proposées consistent à armer davantage la police, lui
accorder plus de pouvoirs pour cibler et criminaliser des
catégories entières de personnes, tout en créant
la division parmi ceux qui résistent. Mais les étudiants
refusent de se laisser intimider par ces
tentatives de les dérober de la légitimité de
leurs revendications.
La liste de surveillance « pour
terrorisme » est notoirement bourrée d'erreurs et
elle est en soi une façon pour le gouvernement
d'étiqueter différentes personnes comme terroristes sans
qu'aucun délit n'ait été commis, qu'aucune
accusation n'ait été portée et qu'aucun
procès ne soit intenté. Les personnes souffrant de
maladies mentales
sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes de violence que
de commettre la violence. Les exemples sont nombreux de policiers qui
déchargent leur arme sur des personnes souffrant de maladies
mentales sous prétexte de s'être sentis menacés.
Ce n'est pas un problème d'individus, et donc
la solution n'est pas d'armer la police d'encore plus de moyens
d'infliger des châtiments collectifs et la violence, ou encore
d'armer les enseignants comme cela est proposé. La violence et
l'anarchie de la société américaine sont un
problème social. Et surtout, les agissements de l'État
américain
raciste, de son armée et de ses corps policiers sont la source
première de la violence dans la société, mais ils
ne sont jamais remis en cause. Au contraire, la réponse est
toujours de donner plus de pouvoir à la police, de lui donner
d'autres moyens d'agir avec impunité et violence contre le
peuple.
Par exemple, le shérif Scott Israel du
comté de Broward, où se trouve l'école Stoneman
Douglas, a dit que ses adjoints postés dans les écoles,
qui sont déjà armés, auront maintenant des armes
automatiques.
Comme le montrent les fusillades de Parkland et de
Newton, au Connecticut, les armes automatiques sont en
réalité des armes de guerre, conçues pour
détruire. Leurs balles déchirent les organes et font des
trous gros comme une orange. Et pourtant le Pentagone distribue ces
armes militaires aux forces policières de tout le pays. Et
maintenant,
en Floride et ailleurs, au nom de la sécurité, on menace
de déployer en permanence dans les écoles des policiers
munis d'armes automatiques.
Il y avait déjà un shérif
armé à l'école de Parkland. Celle-ci est
complètement entourée de clôtures, il y a des
caméras de surveillance partout et un seul point d'accès
— comme dans une prison. Beaucoup d'autres écoles sont
fortifiées de cette façon et certaines ont des
détecteurs de métaux à l'entrée. Des lois
sont présentement débattues pour
généraliser ce type de mesures. Une loi
présentement débattue en Floride se propose de hausser
à 21 ans l'âge admissible pour acheter un fusil et de
mettre sur pied, parallèlement, un programme pour armer les
enseignants et en faire officiellement des agents de police. Le projet
de loi propose d'armer 10 enseignants par école. Le
président Trump fait également la promotion de ce
programme.
Aucune de ces mesures n'arrête les fusillades de
ce genre. Elles imposent un châtiment collectif aux
étudiants, les traitent comme des criminels à chaque fois
qu'ils entrent à l'école. De plus, elles
institutionnalisent les écoles comme prisons et propagent
l'idée que la sécurité réside dans
l'armement et l'impunité des corps policiers. Il y a
déjà
beaucoup plus de morts causées par des tirs de police que de
morts causées par des fusillades dans les écoles. Plus
de 1100 personnes ont été tuées par la police
ne serait-ce qu'en 2016. Et pourtant, l'idée de
désarmer les policiers est présentée comme un
sacrilège, alors que c'est ce qu'il faut. Un autre pas vers la
limitation de la
violence serait d'interdire la fabrication et l'utilisation d'armes
automatiques, à commencer par la police et l'armée.
C'est le peuple organisé et luttant pour la
défense de ses droits qui est garant de la
sécurité. On le voit clairement dans le mouvement des
étudiants, dans les nombreuses actions contre les fusillades de
la police, les actions des protecteurs de l'eau sioux et leurs
supporters à Standing Rock, dans la grève actuelle des
enseignants en
Virginie-Occidentale et dans de très nombreux autres cas. Le
peuple est tout à fait capable d'organiser. La police
armée, dans les écoles ou dans la communauté, ne
le protège pas. Comme le disent les étudiants, Assez,
c'est assez ! pour ce qui est de la violence de l'État
contre le peuple. Le changement nécessaire en ce moment est
qu'il faut une nouvelle direction dans les affaires politiques pour
affirmer les droits du peuple, y compris le droit de gouverner et de
décider. C'est la voie vers l'avant pour éliminer toutes
les formes de violence sociale qui existent actuellement.
(Voice of Revolution.
Traduit de l'anglais par LML)
Cinquième anniversaire de la mort
de Hugo Chávez
Vive le legs du fondateur de la
Révolution bolivarienne!
- Margaret Villamizar -
Le commandant Hugo Chávez Frías 28 juillet 1954 - 5 mars
2013
Le 5
mars
est
le
cinquième
anniversaire
du
décès
du
Commandant
Hugo
Chávez
Frías,
dirigeant
historique
de
la
Révolution
bolivarienne
et
président
de
la
République
bolivarienne du Venezuela de 1999 jusqu'à
sa mort le 5 mars 2013.
Le nom et le legs de Hugo Chávez portent la
marque indélébile de son travail pour le bien-être
du peuple vénézuélien et la défense de sa
souveraineté nationale, pour la lutte pour l'indépendance
du Venezuela, de toute l'Amérique latine et des Caraïbes de
la tutelle impérialiste de même que pour la paix à
l'échelle mondiale et dans sa propre région.
Au cours de ses 14 années comme
président et auparavant, Hugo Chávez a pris la
défense des intérêts du peuple au pays et à
l'étranger. Sa vie et son travail ont été une
contribution exceptionnelle aux aspirations des peuples
d'Amérique latine et des
Caraïbes et de tous ceux qui luttent pour construire le Nouveau.
Sous sa direction, le Venezuela a commencé ses missions
bolivariennes de renommée mondiale pour répondre aux
besoins fondamentaux de la population au moyen de programmes qui
offrent un accès gratuit aux services dans les domaines de la
santé, de la nutrition, de l'éducation, du logement et de
l'emploi et qui favorisent leur capacité à participer aux
affaires culturelles et politiques.
Portrait de Chávez porté lors d'une action de masse en
appui à la république bolivarienne le 19 avril 2017
Hugo Chávez a joué un rôle de
premier plan dans le lancement d'importantes initiatives
d'intégration régionale visant à aider les pays
d'Amérique latine et des Caraïbes à nouer des
relations mutuellement avantageuses tout en réduisant la
capacité des
États-Unis de dresser les pays les uns contre les autres
pour faciliter leur domination dans la région. Parmi ces
initiatives, on compte l'Alliance bolivarienne pour les peuples de
notre Amérique (ALBA) ; le Traité commercial des
peuples initié avec Cuba en 2004 ; Petrocaribe, un
projet de développement en vertu duquel de nombreux pays des
Caraïbes et d'Amérique centrale peuvent acheter du
pétrole du Venezuela à des conditions de paiement
préférentielles tout en investissant dans des programmes
visant à améliorer la vie de leur peuple ; l'Union
des nations sud-américaines (UNASUR) et la Communauté
d'États d'Amérique latine et caraïbes (CELAC) en
tant qu'expression du désir des peuples de solidarité
régionale et de souveraineté nationale sans
ingérence extérieure de l'impérialisme
américain et de son partenaire junior le Canada, qui utilisent
leur adhésion à l'Organisation des États
américains (OÉA) à cette fin.
Les positions du président Chávez et du
gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela à
la défense de la souveraineté et de l'indépendance
et contre la guerre impérialiste ont également
été d'importantes contributions au mouvement pour la paix
et contre la guerre au niveau international.
Au moment où les États de l'OTAN et
d'autres qui sont sous la domination américaine, y compris le
Canada, utilisaient la plateforme des Nations unies pour violer sa
Charte et ses principes fondateurs en adoptant des résolutions
approuvant le bombardement et l'invasion des pays souverains et en
appelant
à la destitution de leurs gouvernements, tout cela au nom
d'idéaux élevés comme les « droits de
la personne », la
« démocratie » et « la
responsabilité de protéger les civils », Hugo
Chávez et le gouvernement
bolivarien du Venezuela ne se sont jamais joints à cette
trahison. On pouvait compter sur eux pour la dénoncer pour ce
qu'elle est. Cela a valu au président Chávez le respect
des personnes éprises de paix partout dans le monde. Ce sont
là toutes des réalisations que seule une
personnalité historique pouvait accomplir.
Chávez savait que le peuple
vénézuélien serait confronté à une
bataille difficile après son départ et il l'a
appelé à demeurer vigilant et à
« combattre, combattre, et encore combattre
l'impérialisme ». C'est ce que le peuple fait
aujourd'hui de toutes ses forces, alors que les forces de l'ancien,
désespérées de renverser le cours de l'histoire,
font tout ce qu'elles peuvent sous la direction de
l'impérialisme américain pour détruire son projet
d'édification nationale.
À l'occasion du cinquième anniversaire de
la perte tragique du Commandant Hugo Chávez, le PCC(M-L)
réitère son engagement d'honorer sa mémoire en
mettant tout en oeuvre pour que les réalisations de la
révolution bolivarienne soient défendues au Canada et que
le
sale travail que fait le Canada dans le cadre du projet
impérialiste américain de changement de régime au
Venezuela pour priver le peuple de son pouvoir et de ses
réalisations soit fermement dénoncé au Canada et
au
Québec.
Vive le legs de Hugo
Chávez !
Appuyons le droit du peuple vénézuélien de
défendre son projet d'édification nationale !
États-Unis et Canada, bas les pattes du Venezuela !
Le Sommet de l'Alliance bolivarienne des peuples de notre
Amérique-Traité commercial des peuples tenu à
Caracas au Venezuela le 5 mars 2017 rend hommage à Hugo
Chávez à l'occasion du 4e anniversaire de sa mort.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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