Le Marxiste-Léniniste

Numéro 11 - 25 mars 2017

Participation du Canada aux préparatifs
de guerre impérialistes américains

Faisons du Canada une zone de paix!

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Participation du Canada aux préparatifs de guerre impérialistes américains
Faisons du Canada une zone de paix!

Les missions du gouvernement Trudeau à l'étranger
Le Canada prolonge la mission en Irak et prépare une intervention en Syrie - Margaret Villamizar
La ministre des Affaires étrangères participe à une rencontre de la « Coalition mondiale » à Washington - Enver Villamizar
Le Canada dirige une mission de l'OTAN en Lettonie - Hilary LeBlanc
Une intervention militaire inacceptable en Ukraine - Tony Seed
Un accord de coopération de défense entre le Canada et l'Ukraine tenu secret - Sam Heaton

Attentat violent sur le pont de Westminster à Londres
Unissons-nous dans l'action à la défense des droits de tous - Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste)

Expansion de l'agression impérialiste américaine
Début de l'invasion terrestre de la Syrie par les États-Unis
Le mémorandum de sécurité nationale de Trump sur le «plan pour vaincre l'ÉIIS»
Autorisation d'un assaut américain encore plus poussé contre le Yémen
Le programme d'assassinats par drones de la CIA ressuscité

Situation dangereuse dans la péninsule coréenne
Non aux exercices de guerre Key Resolve/Foal Eagle dirigés contre la RPDC! Pas de bouclier antimissile américain en territoire coréen!
Actions à Toronto en appui à la lutte du peuple coréen et contre les préparatifs de guerre
Calendrier d'événements: Piquets à Toronto contre les préparatifs de guerre dans la péninsule coréenne

Mettons fin à l'occupation de la Palestine!
La secrétaire exécutive d'une agence de l'ONU refuse de retirer un rapport sur les conditions des Palestiniens
Lettre de démission d'une haute représentante de l'ONU


Participation du Canada aux préparatifs de guerre impérialistes américains

Faisons du Canada une zone de paix!


Windsor, 18 mars 2017

Le 19 mars était le 14e anniversaire de l'invasion criminelle de l'Irak par les États-Unis, qui a causé une destruction inimaginable et fait des centaines de milliers de morts, et qui est à l'origine de crimes de toutes sortes et du climat d'insécurité et de misère que vivent l'Irak et le monde entier aujourd'hui. Le Canada ne s'est pas joint officiellement à la guerre en Irak en 2003, mais en réalité l'armée canadienne y a participé directement et le Canada a soutenu les agresseurs par différents moyens indirects.[1]

Au Canada, comme partout dans le monde monde, des centaines de milliers de personnes ont exprimé leur opposition à la guerre et refusé d'être entraînées dans le faux débat sur la présence ou non d'« armes de destruction de masse » en Irak qui s'est avérée un mensonge pour justifier la guerre.

Le gouvernement canadien dit être pour la paix et le multilatéralisme, mais dans les faits il lie le Canada aux plans des États-Unis pour contrôler l'Europe et dominer l'Asie, il joue un rôle très négatif en faisant de la propagande en faveur de l'encerclement de la Russie par les forces de l'OTAN et il justifie la politique du changement de régime en la Syrie tout en soutenant les agressions de l'Arabie saoudite contre le Yémen et encourage d'autres crimes contre la paix.

En Lettonie, où seront stationnés 450 soldats canadiens avec blindés à compter de juin, dans le cadre de la concentration des forces de l'OTAN aux frontières de la Russie, les autorités décrivent avec cynisme ce déploiement comme un « fil déclencheur ». Tout engagement de ces forces « déclenchera l'intervention de forces plus grandes ». Stephen Saideman, un spécialiste de l'OTAN à l'École Norman Patterson des Affaires internationales de l'Université Carleton, a expliqué à la revue Maclean's que le concept de « fil déclencheur » signifie qu'« une réaction sera automatiquement déclenchée par la mort d'Américains, de Canadiens, de Britanniques ou d'Allemands ».

Le Canada a prolongé de deux ans le déploiement de 200 soldats en Ukraine pour la « formation » de milices néonazies engagées dans une guerre civile et signera bientôt un Accord de coopération en matière de défense en vertu duquel il commencera aussi à armer ces milices. Cette guerre, provoquée par le coup d'État de 2014 soutenu par les États-Unis, a déjà coûté la vie à 10 000 personnes et consomme une partie gigantesque du revenu de l'État ukrainien.

Plus de 800 militaires canadiens sont déployés en Irak et dans les pays voisins dans le cadre d'une coalition dirigée par les États-Unis. Des avions de guerre canadiens continuent de survoler l'Irak et la Syrie en soutien aux bombardements américains. Le Canada a encore une fois prolongé cette mission qui devait se terminer le 31 mars et il se prépare aussi à accroître son intervention en Syrie. Le Canada continue de consacrer des dizaines de millions de dollars au financement de groupes anonymes qui sont des agents de subversion des institutions syriennes et des véritables organisations humanitaires.

Le gouvernement Trudeau n'élève pas la voix contre les menaces illégales et inacceptables du nouveau secrétaire à la Défense des États-Unis, l'ancien pdg d'Exxon Mobil Rex Tillerson, qui dit vouloir lancer des frappes préventives contre la République populaire démocratique de Corée. Pourtant, elles sont toujours plus nombreuses les voix qui s'élèvent en Corée pour exiger que les États-Unis signent un traité de paix qui mette fin à la Guerre de Corée et qu'ils mettent fin à leur occupation militaire.

Les États-Unis ont annoncé une augmentation de 54 milliards $ de leur budget militaire et exigent que le Canada consacre 2 % de son PIB aux dépenses militaires, soit le double de ce qu'il dépense présentement. Le gouvernement libéral s'affaire donc docilement à trouver les moyens d'augmenter ses dépenses militaires et abandonne peu à peu toute prétention que le Canada est un pays souverain dont les dépenses militaires devraient reposer sur ce qui est nécessaire pour se défendre.[2]

Le gouvernement libéral annoncera bientôt une nouvelle politique de défense pour le Canada, basée sur l'Examen de la politique de défense qui comprend une « consultation » auprès d'entrepreneurs de la défense, des cercles universitaires proguerre, de représentants de l'armée américaine et d'un groupe d'experts comprenant l'ancien ministre libéral de la Défense Bill Graham. En septembre 2016, le ministre de la Défense Harjit Sajjan a déclaré que la nouvelle politique de défense « insistera sur l'importance de la souveraineté aérienne et la connaissance du domaine aérien, ce qui comprend bien sûr la menace que constitue la prolifération des missiles balistiques et le programme de défense antimissiles balistiques des États-Unis ». À cet égard, les libéraux prévoient revenir sur la décision du Canada en 2005 de ne pas participer au bouclier antimissile des États-Unis malgré l'opposition au projet américain exprimée maintes fois par les Canadiens.

La décision d'insister « sur l'importance de la souveraineté aérienne et la reconnaissance du domaine aérien » est signe que le gouvernement canadien entend placer l'espace aérien du Canada encore plus sous le contrôle des États-Unis par l'entremise de NORAD, qui comprend le déploiement dans l'espace canadien non seulement de missiles américains mais aussi, de plus en plus, d'avions de guerre. Dans un article paru dans le National Post le 14 mars, Matthew Fisher note que le plan du gouvernement libéral de dépenser jusqu'à 7 milliards $ pour construire 18 avions à réaction « Super Hornet » signifie « renoncer à la souveraineté du Canada dans le Grand Arctique car il dépendra d'avions américains stationnés à Yellowknife, Inuvik, Rankin Inlet, Iqaluit et en Alaska ».

La décision d'accroître la participation du Canada à ces aventures périlleuses dans le cadre des préparatifs de guerre des États-Unis est troublante quand on sait que les CAnadiens s'opposent à ce que le Canada soit entraîné dans les guerres d'agression américaines partout dans le monde. Les libéraux de Justin Trudeau sont encore plus soumis aux intérêts impérialistes que le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Avec la nouvelle administration américaine, ils semblent plus résolus que jamais à prouver qu'ils sont l'instrument docile de l'édification d'empire.

Aucun parti à la Chambre des communes n'a soulevé d'objection à ces préparatifs de guerre, à cette soumission du Canada aux visées américaines et à la diabolisation constante de la Russie, de l'Iran, de la République populaire démocratique de Corée et d'autres pays souverains.

Le besoin d'une discussion au sein du corps politique sur les questions de la guerre et de la paix et d'une position proactive n'a jamais été aussi grand. La position proactive est celle qui cherche à créer les conditions pour mettre un terme à la participation du Canada aux préparatifs de guerre impérialistes américains et établir un gouvernement antiguerre qui est un facteur de paix et de résolution pacifique des conflits, qui défend la souveraineté du Canada et appuie ceux qui se battent pour leurs droits dans le monde.

Pour contribuer à cette discussion importante, LML publie cette semaine des articles sur l'intervention du Canada en Irak et en Syrie, en Ukraine et en Lettonie, sur la multiplication des agressions américaines au Moyen-Orient, sur l'opposition aux attaques des sionistes contre ceux qui jettent une lumière sur les conditions que vivent les Palestiniens ainsi que sur la situation dans la péninsule coréenne où les États-Unis se livrent à des exercices de guerre dangereux et imposent leur système de défense antimissile. LML appelle les Canadiens à s'informer sur ces questions pour aider à donner une expression organisée à leurs aspirations à la paix dans le monde.

Notes

 1. Quelques faits à ce sujet :

- Des navires de guerre canadiens ont escorté la marine américaine dans toute la région du golfe Persique durant l'invasion.
- Le contre-amiral canadien Roger Girouard a commandé la coalition navale internationale des États-Unis durant la guerre.
- Le Canada a contribué pour quelques dizaines d'officiers de la logistique à l'effort de guerre dans le golfe Persique au début de 2003.
- Le brigadier général canadien Walter Natynczyk a commandé dix brigades avec un total de 35 000 soldats. Natynczyk était commandant en second de l'ensemble des opérations de guerre en Irak en 2004. Lorsqu'on lui a remis la Croix du service méritoire, le bureau de la gouverneure générale a salué « le rôle décisif qu'il a joué dans la mise au point de nombreux plans et opérations qui ont été une contribution formidable à l'Opération Iraqi Freedom et fait grand honneur aux Forces canadiennes et au Canada ».
- Des membres du personnel militaire canadien à bord des avions de la E-3 Airborne Warning and Control System de l'armée américaine ont assuré des services de surveillance, de commandement, de contrôle et de communications.
- Le Canada a mis des centres de ravitaillement en carburant et des espaces aériens à la disposition d'avions de combat américains qui participaient à la guerre en Irak, notamment à Gander, à Terre-Neuve.
- Des transporteurs militaires canadiens CC-130 ont approvisionné les forces de la coalition.
- Des soldats canadiens engagés dans l'occupation de l'Afghanistan ont libéré des milliers de soldats américains qui ont été redéployés en Irak.
- Des dizaines de soldats canadiens ont pris part à des opérations de guerre sous commandement américain en Irak.

C'est en plus de nombreuses autres contributions à l'effort de guerre américain, comme les mises à essai d'armes, l'approvisionnement en uranium appauvri, le soutien diplomatique, l'exportation d'armes et le financement de tout genre.

(« Canada's Secret War in Irak ». Richard Sanders, Common Ground, février 2008)

 2. Parmi ses initiatives en soutien aux préparatifs de guerre américains, le gouvernement du Canada a annoncé le 28 février qu'il achètera 20 « radars d'observation météorologique » de fine pointe pour remplacer son réseau actuel de radars Doppler, y compris ceux opérés par le ministère de la Défense nationale. Cela s'accompagnera de la construction d'un superordinateur de 430 millions $ par IBM dans la région de Montréal. L'ordinateur servira entre autres à soutenir « les opérations du ministère de la Défense nationale et de la Garde côtière canadienne en soutien à la souveraineté au pays et à l'étranger ».

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Les missions du gouvernement Trudeau à l'étranger

Le Canada prolonge la mission en Irak et prépare une intervention en Syrie

Selon des nouvelles, le gouvernement libéral prolongera la mission de combat du Canada en Irak après la date d'expiration du 31 mars et examine les options d'une opération militaire en Syrie.

Plus de 800 militaires canadiens sont déployés en Irak et dans les pays environnants dans le cadre de l'opération IMPACT. Soixante-dix sont des forces spéciales de la JTF2 en Ontario qui « fournissent de l'instruction, conseillent et aident » les forces peshmergas kurdes près de la frontière syrienne, dans le nord-ouest de l'Irak. D'autres sont des « experts en ciblage basés au Koweït et au Qatar ou travaillent avec des avions de reconnaissance basés au Koweït qui aident à identifier les cibles de l'État islamique. Une petite équipe de médecins, d'infirmières et de techniciens canadiens dirige également un hôpital militaire dans la ville kurde d'Erbil, à environ 70 kilomètres à l'est de la ligne de front autour de Mossoul », selon Postmedia. Lorsque les libéraux ont prolongé la mission en 2016, ils ont ajouté un détachement d'hélicoptères et une « unité de renseignement » de 50 personnes, ce qui porte à 100 le nombre total de membres du personnel des services de renseignement en Irak.

Bien qu'avec le gouvernement Trudeau la participation du Canada soit passée des frappes aériennes aux combats au sol, des avions de combat canadiens continuent d'aider directement les bombardements américains en Irak et en Syrie. En date du 4 mars, les avions canadiens ont effectué 692 sorties pour ravitailler par les airs les avions d'autres pays effectuant des frappes aériennes ainsi que 732 missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, dont des dizaines en Syrie. Les Forces armées canadiennes opèrent également en Irak « le centre (qui) a la responsabilité de recueillir, de résumer et d'analyser des renseignements de différentes sources ».

Selon Airwars.org, les forces de la coalition dirigée par les États-Unis ont mené 19 139 attaques aériennes en Irak et en Syrie dans une période de 951 jours, larguant 72 771 bombes. L'organisation, qui suit les rapports des victimes civiles des frappes aériennes, estime que les frappes de la coalition ont tué pas moins de 2 715 à 3 925 civils en Irak et en Syrie, sur près de 10 000 victimes.

Humanitarisme impérialiste

Afin de dissimuler son rôle dans la mort et la destruction en Irak et en Syrie, le gouvernement du Canada a annoncé le 17 mars un financement de 28 millions $ « pour venir en aide aux habitants de la région ». Le financement provient du « Programme des opérations de paix et de stabilisation » (PSOP) du Canada par le biais d'Affaires mondiales Canada. La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, qui se trouvait à Washington le 22 février pour une réunion de la Coalition dirigée par les États-Unis contre l'EI, présidée par le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, a déclaré que les fonds serviraient à soutenir « de nouvelles initiatives qui amélioreront la sécurité et la stabilité dans la région ».

Loin de s'engager à appuyer un retour à la normale en Syrie, le financement annoncé continue la politique inacceptable du Canada d'ingérence dans les affaires internes de la Syrie et la promotion du changement de régime. Un document d'information d'Affaires mondiales explique le nouveau financement du Canada : « Pour des raisons de sécurité, les ONG partenaires travaillant à l'intérieur de la Syrie ne sont pas nommés publiquement. » En d'autres termes, le Canada finance des groupes inconnus et non reconnus qui collaborent avec l'occupation de la Syrie par des groupes armés parrainés par des étrangers. Malgré le fait que la grande majorité des Syriens vivent dans des régions sous l'autorité du gouvernement syrien, le Canada refuse de coopérer avec des autorités humanitaires crédibles pour soutenir la population.

À cet égard, le financement des programmes syriens comprend « en partenariat avec le Royaume-Uni » :

- « 4 millions de dollars sur un an pour répondre aux besoins urgents de stabilisation des communautés, y compris dans les zones récemment libérées en Syrie. Cette initiative fournira des capacités de recherche permettant de définir les besoins les plus urgents des collectivités en Syrie en matière de stabilité, et de mener des interventions rapides visant à accroître la stabilité et à prévenir les conflits ;

- « 5 millions de dollars sur deux ans pour renforcer le rôle d'acteurs inclusifs, représentatifs et légitimes en matière de gouvernance aux niveaux provincial et local en vue de fournir des services efficaces aux Syriens ;

- « 3 millions de dollars sur deux ans pour assurer l'accès à des services de justice et de sécurité communautaire efficaces, responsables et fiables, fournis par des institutions civiles légitimes, en partenariat avec des communautés syriennes. »

Cela fait suite à une annonce de la ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, le 27 février, d'un financement de 108 millions $ accordé à des « ONG » syriennes anonymes sur trois ans. Affaires mondiales Canada déclare que ce « financement humanitaire pluriannuel novateur du Canada aide à répondre aux besoins des personnes touchées par les conflits dans l'ensemble de la Syrie, de sorte que nos partenaires puissent exercer leurs activités le plus efficacement possible en cette période de crise. ».[1]

Le Canada affaiblit encore les autorités légitimes et élues en Syrie et finance des groupes anonymes qui n'ont pas le soutien du peuple syrien et cherchent à saper les institutions dirigées par les Syriens, leur retour à la normale et leur réconciliation. Qui sont les « acteurs décisifs de la gouvernance » financés par le Canada et seront-ils des acteurs de « gouvernements » créés sous tutelle étrangère dans les régions occupées ? Ces millions pour la « sécurité communautaire » iront-ils à des groupes plus discrédités comme les Casques blancs, reconnus pour leur collaboration avec des terroristes et leur pratique de priver les populations locales des besoins de base et d'appeler à une intervention étrangère ?

Aucun financement accordé à la Syrie ne reconnaît que la Syrie est un pays souverain et indépendant doté de ses propres institutions et de ses pouvoirs qui a le droit de déterminer ce qui se passe sur son territoire. Le Canada s'est constamment ingéré dans les affaires souveraines du peuple syrien, soutenant des forces douteuses sous le couvert de l'humanitarisme.

Pour masquer la bataille héroïque des peuples en Irak, en Syrie et dans la région contre l'impérialisme et l'occupation étrangère, le gouvernement canadien les présente comme des victimes impuissantes qui ont besoin du Canada pour les sauver. La ministre Bibeau affirme : « Des millions de personnes déplacées en Syrie et en Irak en raison du conflit ont encore besoin de notre aide. Certains retournent chez eux, dans des villes et villages détruits. De nombreux autres luttent pour satisfaire leurs besoins essentiels dans les communautés d’accueil au Moyen-Orient. Le Canada continuera de préserver leur dignité, et de se faire le porte-parole des plus vulnérables, y compris les femmes et les filles, qui sont parmi les plus gravement touchées par cette tragédie. »

C'est encore pour dissimuler le rôle des États-Unis et du Canada dans la destruction de l'Irak. C'est faire comme si l'invasion et l'occupation de l'Irak en 2003 par les États-Unis n'avaient jamais eu lieu et que les peuples du Moyen-Orient auraient besoin d'une « intervention humanitaire ». Les droits des peuples du Moyen-Orient qui continuent à résister continuent d'être bafoués pendant qu'on fait passer la défense des intérêts étroits du Canada comme étant à la poursuite de grands idéaux. Le fait que le gouvernement libéral soit déterminé à continuer d'invoquer cyniquement le sort des femmes et des filles pour justifier ses intérêts est dégoûtant, mais cela ne va pas détourner les Canadiens de la demande de mettre fin au soutien et à la participation du Canada aux guerres d'agression des États-Unis.

Le Canada continue d'imposer des sanctions brutales

Les prétentions humanitaires du Canada sonnent encore plus creux quand on sait qu'il maintient ses sanctions contre la Syrie, qu'il refuse d'avoir des relations diplomatiques avec la Syrie ou qu'il refuse aux Syriens vivant au Canada l'accès aux services diplomatiques. En 2012, le Canada a fermé l'ambassade de Syrie à Ottawa et a mis fin aux relations diplomatiques et depuis il a refusé de permettre aux Syriens vivant au Canada de voter aux élections syriennes.

Suivant les États-Unis, le Canada a imposé d'importantes sanctions économiques à la Syrie en 2011. Elles interdisent :

- l'importation de marchandises de provenance syrienne, à l'exclusion de denrées alimentaires destinées à la consommation humaine ;

- la fourniture de services financiers à la Syrie ou à toute personne qui s'y trouve, pour leur profit ou en exécution d'une directive ou d'un ordre qu'elles ont donné, ou d'acquérir de tels services ;

- tout nouvel investissement en Syrie ;

- l'exportation de toute marchandise pour la surveillance des télécommunications, y compris les données techniques ;

- l'exportation vers la Syrie d'articles de luxe ;

- l'exportation vers la Syrie de toute marchandise visée à l'annexe 2 du Règlement, y compris les données techniques reliées à la marchandise.

Les exceptions incluent : « Efforts et aide humanitaires, y compris de la nourriture et du matériel ou de l'équipement médical, et aide et activités en lien avec la stabilisation, la démocratisation, le développement et la reconstruction, si envoyés par le biais d'un organisme appartenant à une des catégories indiquées. »

Le gouvernement canadien peut désigner des organisations privées dans les territoires contrôlés par des groupes terroristes comme dignes d'assistance et d'activités liées à la stabilisation, à la démocratisation, au développement et à la reconstruction, mais la vaste majorité des Syriens qui vivent dans un territoire libéré font l'objet d'un embargo.

Dans un article du 26 septembre dans The Intercept, Rania Khalek note que « les évaluations internes des Nations Unies obtenues par The Intercept démontrent que les sanctions américaines et européennes punissent les simples Syriens et paralysent le travail d'aide [...] et cette aide est difficile à obtenir puisque les sanctions bloquent l'accès aux équipements de sûreté sanguine, aux médicaments, aux dispositifs médicaux, aux aliments, au carburant, aux pompes à eau, aux pièces de rechange pour les centrales électriques et bien plus encore. »

La journaliste fait remarquer que « les sanctions américaines contre les banques syriennes ont rendu le transfert de fonds dans le pays presqu'impossible. Même lorsqu'une opération est légale, les banques sont réticentes à traiter les fonds liés à la Syrie au risque d'encourir des frais de violation. [...] Les articles qui contiennent 10 % ou plus de contenu américain, y compris des dispositifs médicaux, sont interdits d'exportation vers la Syrie. »

En août on apprenait par un courriel d'un fonctionnaire de l'ONU que les sanctions avaient contribué à doubler le prix du carburant en 18 mois et à abaisser de 40 % la production de blé depuis 2010, faisant monter le prix de la farine de blé de 300 % et du riz de 650 %. Le courriel cite les sanctions comme un « facteur principal » dans l'érosion du système de santé de la Syrie.

Toute préoccupation humanitaire véritable pour les Syriens débuterait par la levée de toutes les sanctions contre la Syrie et le rétablissement des relations diplomatiques avec le gouvernement de la Syrie. La prétention du Canada que les dons faits à des groupes anonymes pour mener à bien des programmes privés constituent un appui au retour à la normale pour les Syriens est d'un cynisme crasse. C'est pourquoi les Canadiens doivent exiger la fin de la participation à toute forme de guerre au Moyen-Orient.

Note

 1. Le gouvernement affirme :

« Avec le soutien du Canada, les partenaires fournissent des services de santé, y compris dans le domaine de la santé mentale, sexuelle et reproductive, réalisent des interventions en lien avec l'eau, l'assainissement et l'hygiène, et assurent des services de protection pour les populations à risque touchées par les conflits, dont les victimes d'actes de violence sexiste, les femmes, les enfants et les jeunes.

« Les partenaires participent également à des initiatives visant à offrir de la formation et des moyens de subsistance en milieu rural et urbain, comme l'accroissement de la productivité des terres cultivées, le soutien des femmes pour qu'elles cultivent des potagers et fassent l'élevage d'animaux productifs pour la consommation domestique et l'établissement de serres communautaires. »

(Sources : National Post, Presse Canadienne)

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La ministre des Affaires étrangères participe à une rencontre de la « Coalition mondiale » à Washington

Le 22 mars, les États-Unis ont accueilli à Washington une rencontre des ministres des Affaires étrangères et de hauts dirigeants de la « Coalition mondiale contre l'ÉIIS », dont on dit que 68 États sont maintenant membres. L'hôte du sommet a été le secrétaire d'État américain Rex Tillerson. La ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland y était. On a dit de la rencontre qu'elle a été « un moment clé pour préparer la défaite définitive et irréversible de Daech ».

Le communiqué émis par la réunion et les reportages médiatiques dépeignent sur un ton triomphal d'un Daech coincé dans les cordes grâce à la coalition mondiale dirigée par les États-Unis. Le fait que la Coalition fonctionne à l'extérieur des Nations unies et sous le commandement des États-Unis est entièrement caché. On donne l'impression que la Coalition est une organisation multilatérale légitime et non une alliance agressive de puissances impérialistes.

Les médias ont parlé de l'annonce faite par le secrétaire d'État américain Rex Tillerson à l'effet que les États-Unis vont mettre en place des « zones intérimaires de stabilité » en Irak et en Syrie pour soi-disant aider les réfugiés à rentrer chez eux dans la phase suivante de la lutte contre l'État islamique et Al-Qaïda. Tillerson a dit que ces zones vont être établies au moyen de « cessez-le-feu, afin de permettre aux réfugiés de rentrer chez eux ». Ces « zones de stabilité » sont le plus récent euphémisme pour évoquer une forme d'invasion et d'occupation américaines, après les « zones sûres » et les « zones d'interdiction de vol ». L'élite dominante des États-Unis, y compris le camp Clinton, et les terroristes soutenus par les États-Unis en Syrie ont lancé l'appel à l'établissement de ces « zones ». Toutefois, le porte-parole de la coalition, le colonel Joseph Scrocca, a dit que les militaires américains n'avaient pas encore reçu de directives pour établir quelque « zone » que ce soit.

La réunion a mis en relief l'ampleur de l'ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de la Syrie et de la rivalité et de la collusion des grandes puissances pour tenter d'empêcher le gouvernement syrien de libérer tout son territoire de l'ÉIIS et des rebelles soutenus par les États-Unis. Les représentants du département de la Défense ont dit que la coalition avait récemment transporté par avion des forces rebelles syriennes dans un lieu situé près de la ville syrienne de Tabqa dans la province de Raqqa. Ils n'ont pas dit à partir d'où ils ont été transportés ni pourquoi. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, aurait été déçu que les États-Unis n'aient pas présenté un plan plus détaillé de la « prochaine phase » de la guerre, en particulier en ce qui concerne la ville syrienne de Raqqa. Ayrault a dit que la France souhaitait que la ville soit placée sous le contrôle des rebelles armés et non du gouvernement syrien.

La réunion a aussi fait état d'un réalignement de la Coalition vers la « reconstruction » et la « stabilisation » des zones libérées de l'ÉIIS. Le Canada n'a émis aucune déclaration officielle sur sa participation, mais la ministre Freeland a affiché un tweet qui va dans le même sens : « Le Canada s'est engagé à vaincre Daech et à soutenir les victimes de ce conflit, surtout en travaillant à la stabilisation des zones nouvellement libérées. » Ce tournant indique que dorénavant l'accent sera mis sur le maintien de la présence militaire des forces de la Coalition menée par les États-Unis en Irak et en Syrie sur une base permanente ou semi-permanente.

La réunion a aussi lancé l'idée que les succès sur le champ de bataille contre l'ÉIIS en Irak et en Syrie vont entraîner un déplacement de la guerre vers d'autres pays ou l'éclosion de cellules terroristes dans différentes parties du monde. Le réseau CBC rapporte que « les représentants du gouvernement s'attendent dans les prochains mois à ce que les combattants survivants se dispersent en cellules clandestines qui pourraient planifier et monter des attaques dans tout le Moyen-Orient, en Asie du Sud et centrale, en Europe, en Amérique du Sud et aux États-Unis ».

Les membres de la Coalition auraient accepté, en réponse à cela, d'étendre et de renforcer les pouvoirs de police secrets dans leur pays et d'élargir les ententes de partage d'information avec les États-Unis, pour traquer et combattre les « messages extrémistes » et les médias en ligne. On lit à ce sujet dans une fiche d'information publiée par la Coalition que « le groupe de travail sur les communications de la Coalition (dirigé par les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et les États-Unis) réunit régulièrement plus de 30 pays membres de même que des entreprises médiatiques et de technologies pour partager l'information et les stratégies afin de contrer les messages extrémistes violents en ligne et présenter des récits alternatifs positifs : sa dernière réunion à Londres le 28 février a connu une participation record de 38 pays. »

« Le groupe de travail sur les communications soutient également un réseau de centres de messages qui exposent, réfutent et combattent la propagande terroriste en ligne. » On note aussi que la Coalition mondiale agit en partenariat avec le secteur privé dans ces efforts. Par exemple, le Global Engagement Centre, une entité inter-agences au sein du Département d'État américain, utilise la technologie en ligne pour cibler les recrues potentielles d'organisations terroristes et les réorienter pour contrer le contenu mis de l'avant par Daech. De plus, des vidéos créées par des partenaires de la Coalition pour une campagne récente visant des publics vulnérables en Tunisie, au Maroc et en Arabie saoudite ont été visionnées plus de 14 millions de fois. Cet effort s'est maintenant étendu à d'autres pays comme la Libye, la Jordanie et la France. »

« La Cellule de communication de la Coalition à Londres, qui a un personnel provenant de 10 pays, guide notre message public mondial par le biais de trousses médiatiques quotidiennes qui sont distribuées à 850 fonctionnaires gouvernementaux dans 60 pays du monde. »

L'établissement de ces « centres d'information » dirigés par les États-Unis pour contrer la « propagande terroriste » dans le monde, dans le contexte de l'hystérie créée par l'État à propos des « fausses nouvelles », de l'« extrémisme », de la « désinformation russe » et d'autres choses du genre qui ciblent ceux qui résistent et s'opposent aux plans de l'impérialisme, pose de sérieux dangers pour les peuples du monde. Le droit que se donne le département d'État américain de viser les populations soi-disant vulnérables pour les utiliser dans la désinformation qui est faite sur les guerres en cours ne garantira pas la paix et la sécurité. La sécurité du peuple canadien ne viendra pas de l'annexion plus poussée du Canada aux arrangements qui renforcent les pouvoirs de police impérialistes américains dans le monde mais de sa lutte aux côtés des peuples du monde à la défense de leur droit d'exister, contre les guerres et les occupations des États-Unis.

(Reuters, CBC)

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Le Canada dirige une mission de l'OTAN en Lettonie


Bannière durant les actions de masse contre la Conférence sur la sécurité de Munich le 18 février 2017: « La paix plutôt que l'OTAN. Non à la guerre! »

En juin, les premiers des 450 soldats canadiens arriveront en Lettonie pour diriger un bataillon dans le cadre du déploiement militaire massif des forces de l'OTAN aux frontières de la Russie. Selon les médias, le bataillon dirigé par le Canada comprendra des soldats d'Albanie, d'Italie, de Pologne et de Slovénie. Trois autres bataillons de soldats étrangers, menés par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, seront déployés en Estonie, en Lituanie et en Pologne. C'est donc des milliers de soldats de l'OTAN qui seront stationnés pour une période indéterminée dans deux pays frontaliers de la Russie (l'Estonie et la Lettonie) et deux pays frontaliers de la Bélarusse (la Lituanie et la Pologne). Le Canada déploiera également des véhicules blindés légers et jusqu'à six avions de combat CF-18 pour les patrouilles aériennes.

En plus des quatre bataillons de l'OTAN, les médias rapportaient en janvier que des « dizaines » de soldats des forces spéciales américaines avaient été déployés en Lettonie, en Lituanie et en Estonie pour des opérations de formation et de renseignement. Puis, en février, les États-Unis enverront en Lettonie 225 soldats, 15 chars d'assaut et six blindés dans le cadre de l'opération « Atlantic Resolve ». Dans cette même mission ils ont déployé quatre chars d'assaut, 15 blindés et d'autres équipements en Estonie. L'OTAN prétend que ces préparatifs de guerre et ce déploiement militaire aux frontières de la Russie sont devenus nécessaires à cause « du discours agressif, de l'ingérence dans les pays voisins et des activités militaires provocatrices aux frontières des pays de l'OTAN ».

Ce sera le premier déploiement militaire canadien permanent en Europe depuis le début des années 1990. Deux cents soldats canadiens sont également envoyés en Pologne mais ils reviendront en juin et seront redéployés en Lettonie.

Des représentants du gouvernement canadien et des commentateurs ont décrit le déploiement comme un « fil déclencheur ». Le « fil déclencheur » (« tripwire » en anglais) est défini comme étant « l'emploi d'une force militaire relativement faible comme première ligne de défense, dont l'engagement déclenche l'intervention de forces plus grandes ». Stephen Saideman, un spécialiste de l'OTAN à l'École Norman Patterson des Affaires internationales de l'Université Carleton, a expliqué à la revue Maclean's que le concept de « fil déclencheur » signifie qu'« une réaction sera automatiquement déclenchée par la mort d'Américains, de Canadiens, de Britanniques ou d'Allemands ».

Le fait que des forces qui sont résolues à isoler la Russie dans l'arène internationale, qui la menacent militairement et placent tous ses voisins sous la férule de l'OTAN proposent d'établir des « fils déclencheurs » et parlent si ouvertement d'une guerre entre la Russie et les pays de l'OTAN est un développement sérieux et les Canadiens ont raison de s'en préoccuper. Cela confirme l'irresponsabilité non seulement des impérialistes américains et de l'OTAN mais aussi du gouvernement libéral du Canada qui n'hésite pas à placer le pays dans une position où il peut être entraîné dans une guerre mondiale catastrophique sans permettre aucune discussion sur le sujet parmi les Canadiens. De même, les décisions de déployer des milliers de soldats étrangers en Europe de l'Est et dans les États baltes ont été prises par l'élite dominante de ces pays et posent un grave danger pour les peuples et est contraire à la volonté de tous ceux qui sont pour la paix, la souveraineté et le respect mutuel.

La désinformation au sujet de cyber-attaques et des fausses nouvelles

Le tapage que font les représentants militaires et les médias canadiens à propos du déploiement de « cyber-guerriers » pour défendre le Canada contre « les attaques de la Russie » et les « fausses nouvelles » (qui coïncide avec les prétentions que les révélations au sujet du passé de collaborateur nazi de la ministre des Affaires étrangères sont un « canular » des Russes) est aussi un sujet d'inquiétude légitime.[1] En particulier, les Canadiens se font avertir à l'avance que s'il y a des rumeurs à l'effet que les soldats de l'OTAN déployés dans les pays frontaliers de la Russie commettent des abus, il faudra attribuer cela à de « fausses nouvelles » provenant de Russie. Les médias rapportent que la mission lettone sera une occasion pour « rapidement bâtir les capacités du Canada à mener la guerre cybernétique et informatique pour contrer la menace ». « Nous devons définitivement faire les choses comme il faut. Nous devons aller en Lettonie avec une position défensive forte, a dit au National Post le brigadier général Paul Rutherford, commandant de la nouvelle Joint Forces Cyber Component. Nous sommes constamment sous attaque. » Le lieutenant-colonel Richard Perreault a dit que les soldats canadiens vont « communiquer les faits et la vérité [...] Si nous voyons des faits inexacts, nous agirons. »

Les médias canadiens avertissent que la population des États baltes « est particulièrement vulnérable à la propagande russe parce que les grandes minorités russes qui y vivent peuvent facilement capter des postes de télévision provenant de la Russie ». Des officiers militaires ont cité le fait qu'un soldat allemand a récemment été accusé de viol en Lituanie, où 500 soldats allemands sont stationnés, et qu'il a ensuite été révélé que l'histoire était fausse et provenait de sources inconnues.

Le chef des forces armées canadiennes a dit que toute suggestion que les Lettons ne veulent pas de soldats étrangers dans leur pays ou ne veulent pas être entraînés dans les hostilités de l'OTAN avec la Russie doit aussi être considérée comme le fait de « fausses nouvelles ». Le chef d'état-major de la défense, le général Jonathan Vance, a dit que les Canadiens doivent s'attendre à ce qu'on « tente de créer l'impression que les Lettons ne veulent pas de la présence de nos soldats ». Il a ajouté : « Nous devons entreprendre des opérations d'information sophistiquées pour nous assurer que la vérité prenne le dessus. »

Position pronazie du gouvernement letton

Dans un article du 15 mars paru dans le Hill Times, l'expert en affaires militaires Scott Taylor écrit : « Le contingent canadien doit arriver en Lettonie en juin, ce qui rendra sans doute la tâche plus facile pour l'équipe de communications du gouvernement canadien qui n'aura plus besoin de trouver une nouvelle façon inspirée de donner une tournure à l'hommage annuel qui est fait au fascisme en Lettonie.[2]

« Depuis l'indépendance de la Lettonie dans les années 1990, à chaque année le 16 mars il y a une parade dans la capitale, Riga, pour commémorer la Légion lettone, une force commandée par la Waffen SS nazie allemande durant la Deuxième Guerre mondiale.

« Ce ne sont pas de fausses nouvelles provenant de Russie. Les parades célébrant la SS ont la sanction officielle de l'État. En 1998, le 16 mars a été déclaré journée officielle du souvenir en Lettonie, mais à cause de la pression internationale, cette fête officielle a dû être abolie en 2000. Le conseil municipal de Riga a ensuite tenté d'interdire la marche mais sa décision a été renversée par une cour administrative. Les parades controversées se poursuivent donc à ce jour.

« Lorsqu'on examine de plus près la composition actuelle du parlement letton, on peut constater que ce n'est pas seulement une commémoration nostalgique pour des soldats tombés au combat, puisque l'Alliance nationale néofasciste (ultra nationaliste) y détient 17 sièges et qu'elle fait partie de la coalition gouvernementale. »

Malgré le soutien officiel aux commémorations pronazies, le diffuseur d'État de la Lettonie rapportait le 16 mars que, selon certains sondages, le soutien public à cette journée a chuté de 33 %.

L'auteur note par ailleurs que des centaines de milliers de résidents de la Lettonie se voient nier le droit de voter ou de détenir des postes dans le gouvernement et la fonction publique en raison de leur origine ethnique. Depuis la chute de l'Union soviétique, toutes les personnes qui ne proviennent pas d'une famille qui résidait en Lettonie avant 1940 se font retirer leur citoyenneté et certains ont dû faire une nouvelle demande de citoyenneté par un processus de naturalisation. Près de 45 % des Lettons considérés comme étant « ethniquement russes » (environ 368 988 personnes) n'ont pas droit à la citoyenneté.

Taylor écrit en conclusion : « On nous répète constamment que nos soldats sont déployés à l'étranger pour défendre des valeurs canadiennes. Or, les Canadiens n'ont pas célébré les nazis et nous sommes fiers de notre tradition de rechercher l'égalité des droits pour tous. »

Notes

 1. Pour plus d'information sur les tentatives de la ministre Freeland de camoufler le fait que son grand-père était un collaborateur nazi et pour cacher les crimes dont elle est complice elle-même, voir le traitement en profondeur dans Le Marxiste-Léniniste du 18 mars 2017.

 2. Pour plus d'information sur les crimes des Nazis et de leurs collaborateurs en Lettonie et sur les tentatives de les glorifier aujourd'hui, voir « La définition de victimes du communisme des auteurs du projet de monument », dans LML du 18 mars 2017.

(Sources : National Post, Radio-Canada, Hill Times)

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Une intervention militaire inacceptable en Ukraine

Piquet à Montréal contre les attaques contre les résidents de l'est de l'Ukraine, 31 janvier 2015

Le 6 mars 2017, le gouvernement Trudeau a annoncé une prolongation de deux ans de l'intervention militaire du Canada dans la guerre civile en Ukraine. Depuis janvier 2014, l'aide du Canada à l'Ukraine se chiffre à plus de 700 millions $, dont une partie a servi à acheter du matériel militaire. Les libéraux de Trudeau ajoutent maintenant des centaines de millions à ce montant.

Depuis son arrivée au pouvoir, par un coup d'État soutenu par les États-Unis en 2014, le régime ukrainien fait la guerre à la population de l'Est du pays et réprime ceux considérés comme communistes, « séparatistes » et « pro-russes ». L'opération UNIFIER, la mission d'instruction militaire du Canada en Ukraine qui comprend le déploiement de 200 membres des Forces armées canadiennes, devait se terminer le 31 mars 2017. Le gouvernement Poroshenko a réclamé sa prolongation le plus rapidement possible.[1] Le gouvernement ukrainien et d'autres ont également demandé que la mission du Canada soit élargie pour inclure la fourniture d'armes lourdes. En parallèle, le Canada a un programme pluriannuel de formation de la Police nationale de l'Ukraine ainsi que de la police militaire.

L'annonce de la prolongation de la mission a été faite par la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et non par le ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Freeland a décrit la mission comme étant simplement une mission qui offre « une formation militaire ainsi qu'une aide au renforcement des capacités » et a agité le spectre de la Russie pour justifier cette prolongation.

La conférence de presse a été un exemple de provocation, de diversion et de camouflage. Chrystia Freeland a présenté la Fédération de Russie comme une menace directe pour le Canada, ce qu'aucun média n'a contesté. Elle a réitéré l'accusation que quiconque s'oppose au déploiement militaire du Canada soutient la « désinformation de la Russie », qui menace les institutions démocratiques au Canada, et est, par voie de conséquence, xénophobe, etc. L'idée que la Russie est une menace directe pour le Canada n'est même pas le point de vue officiel du ministère de la Défense nationale.[2] On fait passer ces déclarations d'opinions pour des « faits » que l'on doit croire tout simplement parce que certains ministres le disent.

La ministre Freeland a effrontément déclaré qu'il n'y avait pas d'alternative à la force militaire et que l'intervention militaire est liée à la « croissance économique ». Cela veut dire la mondialisation néolibérale sous la direction du bloc de l'OTAN, notamment la privatisation et la cannibalisation de la production d'armes de l'Ukraine, qui est un important exportateur d'armes. La prolongation de la mission fait suite à l'approbation par la Chambre des communes du Projet de loi C-31, Loi portant sur la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine le 14 février. Le Parlement ukrainien a entériné cet accord de libre-échange le 14 mars, une semaine après l'annonce de la prolongation de la mission militaire du Canada.

Toutefois, la ministre a présenté l'engagement militaire du Canada comme étant un « soutien » désintéressé et bilatéral. Elle a déclaré : « Le but de l'opération UNIFIER est d'appuyer les forces de l'Ukraine en fournissant une formation militaire ainsi qu'une aide au renforcement des capacités afin de maintenir la souveraineté de l'Ukraine. » Selon CBC, « Freeland a déclaré que dans le cadre de la mission du Canada en Ukraine les forces des deux pays ont travaillé ensemble de manière professionnelle, ce qui a permis d'améliorer leurs armées respectives. »

Dans la foulée de cette conférence de presse, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, s'est rendu dans les Prairies où il a eu une rencontre privée avec une organisation ukrainienne qui soutient l'intervention du Canada en Ukraine et a agité à nouveau le spectre de la Russie. On ne connait pas d'autre exemple de rencontres privées similaires de ministres avec des Canadiens d'origine haïtienne ou des Canadiens d'origine afghane à la suite de l'intervention militaire du Canada en Haïti ou en Afghanistan.

Le 20 mars, un « débat exploratoire » a été hâtivement convoqué à la Chambres des communes sur la mission du Canada en Ukraine. Aucun député ne s'est opposé à ce que les forces armées canadiennes prennent part à la guerre civile en Ukraine ou n'a contesté l'affirmation que la Russie représente une menace militaire grave pour le Canada qu'il faut combattre. La ministre Freeland s'est dite persuadée « que tous les députés appuieront les efforts continus du Canada en vue de soutenir les Ukrainiens et de les aider à défendre leur territoire ».

Le député conservateur James Bezan a dit au cours du débat que le ministre ukrainien de la défense a demandé et que lui aussi demandait si le Canada allait signer « l'accord de coopération en matière de défense entre le Canada et l'Ukraine », un accord dont l'existence n'était jusqu'à présent pas reconnue par le gouvernement libéral. Harjit Sajjan a répondu que tous les obstacles à l'accord de défense avaient été surmontés et qu'il ne restait qu'à « décider du moment opportun de la conclusion de l'entente avec mes homologues ». Les négociations de cet accord, ainsi que ce qu'il contient, ont été traitées comme un véritable secret et cachées aux Canadiens.

Les forces armées canadiennes « conseillent » et « entraînent »


Manifestation à Toronto, 23 juin 2014

Tandis que les ministres Chrystia Freeland et Harjit Sajjan camouflent les objectifs réels et l'étendue de ce que fait le Canada en Ukraine, les Canadiens sont de plus en plus conscients de quelles forces le Canada appuie et des raisons de cet appui. Face à cela, Chrystia Freeland et Harjit Sajjan ainsi que les médias et les partis cartellisés créent des impressions fausses sur ce qu'on appelle « l'aide bilatérale et réciproque » entre deux pays souverains, le Canada et l'Ukraine. Tout cela a pour but d'écarter les inquiétudes des Canadiens face à l'intervention militaire croissante du Canada et de l'OTAN en Ukraine et en Europe de l'Est le long des frontières de la Russie.

Le Canada dit seulement que sa mission consiste à former les « forces ukrainiennes », qui comprennent l'infanterie, la marine, l'armée de l'air et la Garde nationale. L'expression « forces ukrainiennes » cache le fait que c'est précisément la Garde nationale qui est formée.[3] Cette force a été créée hâtivement suite aux défections de milliers d'officiers et de soldats de l'armée et de la marine ukrainiennes immédiatement après le coup d'État de 2014. Plus important encore, c'est un moyen d'intégrer en bloc sous une autorité centrale les quelque 17 escadrons de la mort créés en tant que milices privées par les oligarques ukrainiens pour s'emparer du pouvoir et attaquer les « séparatistes ».

La formation d'une nouvelle gendarmerie nationale était la revendication du groupe néonazi Pravyi Sektor (Secteur droit), dirigé par Dmytro Yarosh, faite le 29 janvier 2014 lors du putsch soutenu par les États-Unis. Cette future « garde nationale » était composée à l'époque des « Brigades d'autodéfense de Maïdan », du Secteur droit et d'éléments cosaques. Malgré cela, l'intégration officielle de ces milices dans les Forces armées de l'Ukraine a été présentée comme une « réforme » pour apaiser les inquiétudes suscitées par la présence des néonazis aux plus hauts postes du gouvernement, de l'armée et de la police après le coup d'État de février 2014.[4]


Le bataillon néonazi Azov défile dans les rues de Marioupol le 13 juin 2015.

Le bas moral des soldats de l'armée et de la police ukrainiennes inquiétait les instigateurs américains de putschs, d'aventures militaires et de provocations. Face aux désertions massives dans les forces armées ukrainiennes, surtout en Crimée, où des milliers d'officiers et de soldats ont fait défection à la Fédération de Russie, à la détérioration du moral des troupes et à l'opposition active de la police locale, le gouvernement putschiste a rétabli la Garde nationale le 13 mars 2014 comme force de frappe contre le peuple de l'est de l'Ukraine.

Les États-Unis, par l'entremise de leur « Commission mixte » formée en 2014, sont responsables de fournir du matériel militaire et des armes, des soldats et des « formateurs » à la Garde nationale, sous couvert de « réformer » l'armée et la police. Les États-Unis ont également créé une nouvelle Police nationale en Ukraine, actuellement dirigée par Vadym Troyan, un membre connu d'organisations néonazies comme l'« Assemblée sociale-nationale ».

C'est en avril 2015 que le Bureau du premier ministre de Stephen Harper et le ministère de la Défense des États-Unis ont annoncé que le Canada se joignait au Programme de formation de la Garde nationale d'Ukraine lancé par les États-Unis. Ces milices fascistes et néonazies étaient au nombre de 50, elles étaient financées par les grands oligarques et comptaient sur des commanditaires privés et étrangers pour leur équipement.[5] Par la suite, le nom de Garde nationale a été abandonnée et la dénomination de « forces de l'Ukraine » adoptée.

Le ministère de la Défense nationale indique qu'il a formé 3 200 soldats des « forces ukrainiennes » depuis août 2015. Le gouvernement et les médias sont muets sur ce que le Canada a fait précisément depuis 1993, date du début de l'implication du Canada en Ukraine dans le cadre du processus d'intégration de l'OTAN. Le ministère présente la mission comme étant de nature technique et souligne que l'entraînement donné inclut une instruction en petites équipes sur la neutralisation des explosifs, l'instruction de la police militaire, un entraînement médical et la modernisation du système de logistique.

Ces reportages des médias sur cette formation détournent l'attention du fait qu'il y a un déploiement d'une force militaire à des milliers de kilomètres du Canada et aux frontières de la Russie. Ils créent l'impression que c'est un simple entraînement individuel qui est donné comme dans un camp de développement sportif pour les jeunes, même si une composante importante est l'enseignement des « compétences de base des soldats, notamment comment tirer, bouger et communiquer sur le champ de bataille ». D'autres rapports indiquent que la formation comprend le tir de précision des tireurs d'élite qui sont utilisés actuellement pour assassiner ceux qui sont considérés comme des « séparatistes soutenus par la Russie » dans l'est de l'Ukraine.

Notes

 1. Parmi eux, l'ambassadeur de l'Ukraine au Canada, Andriy Shevchenko, qui dans des entrevues avec des médias de renom a exigé la prolongation de la mission et est allé jusqu'à dire que le Canada était en guerre et, par conséquent, devait en faire plus. Il a déclaré : « Notre compréhension claire de ce moment est que nous sommes en guerre et que nous sommes du même côté. Tôt ou tard, c'est la réalité que nous devrons accepter et nous devrons avoir des conversations très matures, fermes et réfléchies quant à l'avenir. Nous devons être ensemble, pas seulement parce que les démocraties doivent se soutenir, pas simplement parce que les gens bons, justes devraient rester ensemble. C'est une question de survie parce que nous sommes confrontés à une menace très existentielle. »

 2. Lors de leurs témoignages devant le Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes le 27 mars 2014, Jill Sinclair, ministre adjointe aux politiques, MDN, le major général Christian Rousseau, chef du renseignement de la défense et commandant du Commandement du renseignement des Forces armées canadiennes, et Arthur Wailczynski, directeur général du Bureau de la sécurité internationale et du renseignement du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, ont déclaré au Comité « qu'aucun État ne pose actuellement une menace militaire pour le Canada. Ils ont cependant convenu tous les trois que le Canada connaît des menaces non militaires pour sa sécurité, comme le terrorisme, le trafic illicite de stupéfiants, la traite de personnes et le trafic d'armes. »

(NDDN, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 mars 2014 (Major-général Christian Rousseau, Jill Sinclair, et Arthur Wailczynski).

 3. La Garde nationale de l'Ukraine avait été dissoute en 2000.

 4. Le gouvernement du coup d'État d'Arseni Iatseniouk, l'homme des États-Unis, a nommé le 23 février 2014, au poste de ministre de la Défense Ihor Tenioukh, amiral et chef d'état-major de la marine ukrainienne de 2006 à 2010. Ihor Tenioukh était membre du parti fasciste Svoboda et activiste de l'insurrection de Maïdan fasciste. Il avait été formé par le département de la Défense des États-Unis. Moins d'un mois après sa nomination, lors de la crise de Crimée, il a démissionné et a été remplacé par le lieutenant-général Mykhaïlo Koval, un autre membre de Svoboda. Le chef du Secteur droit, Dmytro Yarosh, a été nommé conseiller du secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de la défense d'Ukraine, Andry Parouby.

 5. Les milices, comme les bataillons Azov et Aidar, ont des mercenaires étrangers dans leurs rangs et affichent des symboles nazis. Elles ont commis de nombreuses atrocités et des crimes de guerre contre le peuple de de l'est de l'Ukraine quand le régime de Kiev a tenté de mettre sous son contrôle ces régions. Même Amnestie Internationale a émis des déclarations accusant Aidar de « crimes de guerre » (par exemple, le 8 septembre 2014).

Leur intégration dans la Garde nationale a été accélérée par la décision du Congrès des États-Unis le 10 juin 2015 d'interdire la formation ou toute forme d'appui à l'une de ces milices paramilitaires, le Bataillon Azov.

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Un accord de coopération de défense entre le Canada et l'Ukraine tenu secret

Lors d'un débat exploratoire organisé par le gouvernement Trudeau au Parlement le 20 mars dernier sur l'Opération UNIFIER, la mission militaire canadienne en Ukraine, le ministre de la Défense Harjit Sajjan a révélé publiquement pour la première fois que le gouvernement est sur le point de signer un nouvel accord de défense avec l'Ukraine. Il semble que l'accord va faciliter l'armement direct des forces armées ukrainiennes par le Canada et la pénétration par le Canada de l'industrie de la défense de l'Ukraine.

Pendant le débat, le député conservateur James Bezan a demandé si le Canada entend signer l'Accord de coopération en matière de défense entre le Canada et l'Ukraine. Bezan a expliqué que l'objectif de l'accord tenu secret jusqu'à maintenant va « au-delà de ce qui est prévu dans le cadre de l'opération UNIFIER [le programme canadien de formation militaire en Ukraine qui a été prolongé de deux ans le 6 mars - note de LML] . On élargirait l'échange d'officiers et on ferait venir ici leurs instructeurs, de sorte qu'ils puissent connaître davantage l'institution canadienne et la culture militaire au Canada, qui, à mon avis, joue un rôle de chef de file au sein des pays faisant partie de l'OTAN. L'Ukraine aspire, bien sûr, à devenir un jour membre de l'OTAN. Les militaires doivent auparavant atteindre le niveau de compétence voulu. Ils doivent s'assurer d'avoir les capacités nécessaires.»

Dans sa réponse au sujet de l'Accord de coopération en matière de défense entre le Canada et l'Ukraine, Harjit Sajjan a dit: « Lors de notre dernier voyage [en l’Ukraine avec la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, le 15 mars], on a abordé la question de l’entente de coopération en matière de défense. En fait, nous avons pu faire avancer le dossier, mais il restait quelques questions à régler de la part du gouvernement ukrainien. Elles l’ont été, mais nous attendons le signal de ce dernier. Malheureusement, il reste encore à décider du moment opportun de la conclusion de l’entente avec mes homologues. C’est une question de temps. » Il a fait ce commentaire comme « en passant ».

L'existence de négociations en vue d'un Accord de coopération en matière de défense a été révélée la première fois par l'ambassadeur ukrainien au Canada, Andriy Shevchenko, en juin 2016. [1] Selon des rapports, l'accord va notamment faciliter les exportations d'armes canadiennes au-delà de la soi-disant aide non létale. Le 7 juillet, Shevchenko a dit ceci à CBC News :

« Nous sommes en discussion avec le gouvernement canadien et nous sommes heureux d'annoncer que nous avons pratiquement complété les négociations entre nos ministères de la défense, ce qui fournit le cadre juridique pour une coopération plus étroite dans l'avenir entre nos deux pays. » Le 17 juillet 2016, l'ambassadeur canadien en Ukraine, Roman Waschuk, a affiché ce tweet en ukrainien : « L'Accord de coopération en matière de défense est accepté et n'attend plus que la signature des ministres de la Défense. »[2]

En août 2016, Shevchenko a déclaré que « nous avons complété notre travail au sujet de l'accord de coopération en matière de défense. Nous avons maintenant un document qui doit être signé par les ministres de la Défense de l'Ukraine et du Canada. J'espère que nous serons en mesure de le signer dans les mois qui viennent. » Shevchenko a dit que l'accord devrait être signé en septembre ou octobre de la même année mais cela ne s'est pas produit, peut-être parce que le gouvernement Trudeau préférait attendre l'élection américaine avant de décider de sa ligne de marche.

Shevchenko a été interviewé depuis par iPolitics et la Presse canadienne et il a demandé que le Canada continue d'aider à former l'armée ukrainienne pour la guerre, disant que le Canada se doit de maintenir le cap compte tenu de l'incertitude quant à la direction dans laquelle Trump va entraîner les États-Unis.

Shevchenko a même déclaré que le Canada est en guerre avec la Russie, une affirmation à laquelle le gouvernement canadien n'a pas réagi officiellement. « Notre compréhension claire de ce moment est que nous sommes en guerre et que nous sommes du même côté. Tôt ou tard, c'est la réalité que nous devrons accepter et nous devrons avoir des conversations très matures, fermes et réfléchies quant à l'avenir. Nous devons être ensemble, pas seulement parce que les démocraties doivent se soutenir, pas simplement parce que les gens bons, justes devraient rester ensemble. C'est une question de survie parce que nous sommes confrontés à une menace très existentielle. »», a-t-il dit.

Selon Waschuk, les deux pays sont une fois de plus sur le point de signer l'accord. Le 8 mars, le même Waschuk a dit au diffuseur d'État ukrainien UATV que « nous avons négocié un accord de coopération de défense. Il sera vraisemblablement signé lors d'une rencontre bilatérale dans les mois qui viennent. Puis viendra la question de la liste des pays désignés suite à quoi les industries de la défense et les organes de coopération de ces industries définiront les partenariats appropriés et les gens concernés vont prendre les décisions en ce qui a trait aux exportations et au contrôle des exportations. »

« Il y a une différence entre ce que les gens ont décrit comme le problème de l'aide létale, qui nous limite essentiellement aux avions de transport, à des choses qui font du bruit, et une approche plus structurée de la coopération entre les industries de la défense qui repose sur un accord d'ensemble de coopération de défense », a dit Waschuk, comme s'il était possible de faire une distinction entre armes offensives et armes défensives. Fournir des armes, c'est donner au gouvernement de Kiev une option militaire qu'il n'a pas en ce moment et dont il a besoin pour l'offensive militaire qu'il est en train de mener.

L'hôte de l'UATV a posé la question suivante à Waschuk : « Il s'agirait donc d'un système intégré qui permettrait à l'Ukraine d'avoir accès à un plus grand éventail d'armes de haute technologie ? »

Et Waschuk de dire : « Oui, les technologies. Il n'y a pas d'embargo d'armes sur l'Ukraine. Elle a le droit d`être un joueur et en fait elle fait partie des dix plus grands concepteurs et exportateurs d'armes [L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI)]. Je pense que plusieurs pays sont intéressés à aider à développer ce potentiel et à travailler sur des projets. Je pense que les Canadiens aussi y sont intéressés. »

La déclaration de Waschuk est fausse. L'Accord de Minsk signé par les chefs d'État de la Fédération de Russie, de l'Ukraine, de la France et de l'Allemagne en février 2015 prescrit un « retrait de toutes les formations armées étrangères, de tout équipement militaire étranger et de tous les mercenaires du territoire de l'Ukraine sous la supervision de l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] ». Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité la résolution 2202 le 17 février qui demande à toutes les parties de mettre en oeuvre « un ensemble de mesures en vue de l'application des Accords de Minsk ».

Waschuk affirme que « les Canadiens sont intéressés à prendre part au développement de l'industrie des armements de l'Ukraine mais ils n'ont jamais été consultés ou informés à propos de cet Accord de coopération de défense. Les médias monopolisés du Canada n'ont pas fait mention de cet accord ou demandé des réponses au premier ministre Trudeau ou à ses ministres sur ce que cet accord contient. Au contraire, cet accord présumé est considéré comme une affaire privée entre les ambassadeurs du Canada et de l'Ukraine, les médias ukrainiens et certaines organisations privées qui prétendent représenter les Ukraino-Canadiens et demandent que l'accord soit mis en oeuvre. Même l'annonce du prolongement de la mission militaire canadienne en Ukraine le 6 mars n'en fait pas mention.

Les déclarations qu'ont faites les hauts fonctionnaires canadiens au sujet de cet accord ont été faites aux médias ukrainiens. Par exemple, le journal communautaire ukrainien basé aux États-Unis The Ukrainian Weekly a rapporté le 10 mars que le secrétaire de presse du ministre de la Défense Harjit Sajjan, Jordan Owens, a confirmé au journal qu'« il s'agit de la première étape vers l'addition de l'Ukraine à la Liste des pays désignés (armes automatiques) », ce qui faciliterait les exportations des armes canadiennes selon Owens.

On ne doit pas tolérer des négociations secrètes d'un stratagème inacceptable servant à militariser davantage l'économie, à mobiliser le Canada dans la guerre en Ukraine, à militariser l'économie de ce pays et à préparer la guerre contre la Russie tout en cachant ces développements aux Canadiens.

Notes

 1. Shevchenko a travaillé comme journaliste pour différents organes médiatiques comme la Voice of America qui est financée par le gouvernement américain, avant de recevoir en 2005 le Prix de la liberté de presse de Reporters sans frontières qui est financé par le département d'État.

 2. Waschuk a été nommé ambassadeur en Ukraine en octobre 2014, six mois après le coup d'État soutenu par les États-Unis. Il a fait partie du personnel de recherche et du personnel-conseil de la Commission d'enquête sur les criminels de guerre (Commission Deschênes) qui a masqué le rôle qu'a joué l'État canadien dans l'accueil des collaborateurs nazis et des criminels de guerre suite à la Deuxième Guerre mondiale.

En juillet 2015, Waschuk a avoué en entrevue que des protestataires armées antigouvernementaux sont entrés dans l'ambassade canadienne à Kiev le 18 février 2014 et l'ont utilisée comme cachette lors du coup instigué par les États-Unis et l'Union européenne contre le gouvernement élu d'Ukraine (l'« Euromaidan »). Waschuk a admis que les protestataires avaient campé dans le grand hall de l'ambassade pendant au moins une semaine, ce que le gouvernement Harper n'a jamais avoué. L'ambassade canadienne a fermé ses portes le 11 février et est demeurée fermée pendant tous ces événements qui ont culminé le 22 février avec le coup contre le président de l'Ukraine d'alors Victor Ianoukovytch. Le fait que plusieurs protestataires antigouvernementaux à Kiev soient restés à l'ambassade canadienne sept jours pendant ces événements montre que le gouvernement Harper a été un participant actif du changement de régime et non un simple fournisseur d'« abri » comme il a été dit officiellement à l'époque. Cette série d'événements représente une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l'Ukraine de la part de l'ambassade canadienne et du gouvernement canadien.

Lire l'article de George Allen « Ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l'Ukraine », LML, 22 juillet 2015

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Attentat violent sur le pont de Westminster à Londres

Unissons-nous dans l'action à la défense
des droits de tous

Le PCRGB(M-L) transmet ses condoléances aux familles et amis des personnes tuées ou blessées dans l'attentat d'aujourd'hui sur le pont de Westminster. Nous saluons le courage, le professionnalisme et la compassion des services d'urgence, notamment des infirmières et des médecins stagiaires de l'hôpital St. Thomas qui sont accourus à l'aide des victimes.

Selon les dernières informations, aux alentours de 14 h 40 un individu seul à bord d'un véhicule a foncé sur des piétons qui se trouvaient sur le pont avant d'aller poignarder un policier qui a par la suite succombé à ses blessures aux portes de la Cour du Nouveau Palais. Cinq personnes sont mortes jusqu'à présent, dont le policier et le suspect, qui aurait été abattu par des officiers armés à Westminster, et une quarantaine d'autres ont été blessées, dont certaines gravement. L'assaillant n'a pas été nommé [il a maintenant été identifié, il s'agit de Khalid Masood, né en Angleterre - note de la rédaction] bien que Scotland Yard dise connaître son identité. Downing Street a annoncé que la première ministre Theresa May présidera ce soir une réunion d'urgence du Cabinet Office Briefing Room (COBRA), une instance créée en cas de catastrophe.

L'attentat s'est produit dans un climat d'anarchie et de violence. Les élites dominantes de Grande-Bretagne, des États-Unis et des autres grandes puissances s'acharnent à caractériser certains groupes de la population, notamment les musulmans, comme des ennemis de la démocratie et à démoniser et criminaliser ceux qu'elles appellent les ennemis des valeurs qu'elles disent être les leurs. Les médias ne cessent de répéter que l'auteur de l'attentat a frappé au coeur de la démocratie britannique.

Le climat de peur qui est créé est un assaut contre le droit de conscience. L'imposition de valeurs dites britanniques en fait partie. Le peuple doit exiger la répudiation du passé colonial et du présent impérialiste des grandes puissances d'Europe et exiger que le gouvernement de Grande-Bretagne répudie ses pratiques d'intervention illégale et de changement de régime en Irak, en Lybie et en Syrie, qui ne font que créer davantage d'insécurité, d'instabilité et de violence.

Au lieu du calme nécessaire, il y a l'hystérie. Au lieu d'avoir un gouvernement de droit, basé sur les droits et la souveraineté du peuple, nous avons un gouvernement qui fait obstacle à l'autodétermination des peuples d'Écosse et aussi de Galles et qui s'affaire à blanchir la Grande-Bretagne de son passé d'empire criminel, de son passé colonial et de sa conception du monde actuelle, pour « redonner sa gloire » à la Grande-Bretagne et créer l'Empire 2.0. Telle est la réalité de « notre mode de vie », de « la démocratie qui nous est chère » et des « valeurs britanniques ».

L'État use de manipulations grossières pour rallier l'opinion publique contre tout ce qui est « étranger » et en particulier les musulmans. Alors qu'il répand lui-même la division et la haine, il dit condamner les « crimes haineux » et parle du besoin d'« intégration » des immigrants. En pratique, cela lui sert à créer un sentiment guerrier en appui à ses visées à l'étranger et à propager le racisme et le chauvinisme pour attaquer les droits ici au pays.

Les événements tragiques d'aujourd'hui ont également lieu dans un contexte de dénigrement du mouvement antiguerre et des prises de position contre le racisme et l'islamophobie. Pendant ce temps, les élites dominantes glorifient la Première Guerre mondiale avec des références à « nos morts glorieux », prétendent que les exploits de millions et de millions de personnes durant la Deuxième Guerre mondiale pour vaincre le nazisme et le fascisme étaient contre le « totalitarisme » et qualifient de terrorisme le droit de résister à l'oppression et le droit d'être.

Les gens sont incités à qualifier les événements d'aujourd'hui de « terroristes ». Et pourtant, selon les reportages l'assaillant aurait agi seul et on ne sait rien sur ses motifs, bien que les médias attirent l'attention sur le fait qu'aujourd'hui est le premier anniversaire des attentats de Bruxelles. Par contre le meurtre de la députée Jo Cox par un ex-nazi ne serait pas du terrorisme. Tout cela montre que le peuple doit s'unir dans l'action à la défense des droits de tous et s'opposer à l'anarchie et à la violence, au racisme et à la réaction, y compris l'islamophobie. Il faut prendre position contre la manipulation de ces événements pour nier les droits du peuple. Le « vivre ensemble » doit signifier défendre une position basée sur la justice. Cela signifie s'unir dans l'action à la défense du droit de conscience et résister à la réaction et à la rétrogression. Cette réaction et cette rétrogression sont réelles, mais l'esprit de résistance du peuple et son désir de s'investir du pouvoir de prendre sa destinée en main sont aussi réels.

Non à l'imposition de prétendues « valeurs britanniques » !
Unissons-nous dans l'action à la défense des droits de tous et toutes !

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Expansion de l'agression impérialiste américaine

Début de l'invasion terrestre de la Syrie
par les États-Unis


Ottawa, 1er octobre 2016

Près de 300 marines et 100 rangers militaires américains sont entrés en Syrie au début du mois de mars, selon les informations des médias. Ces effectifs s'ajoutent aux 500 soldats forces spéciales américaines qui sont déjà en Syrie pour « former, conseiller et assister les forces locales » et à un nombre indéterminé d'agents de renseignement et de mercenaires. L'entrée de troupes terrestres américaines et l'engagement d'en expédier d'autres sont la réponse des États-Unis aux victoires de l'Armée syrienne, dont la libération d'Alep et d'autres villes depuis décembre, et sont liés aux efforts déployés par les États-Unis et la Turquie pour empêcher que certaines régions de la Syrie du Nord ne reviennent sous contrôle syrien.

Des marines du 11e Marine Expeditionary Unit, du 1e Battalion Landing Team, qui étaient à bord de navires sur les côtes de Djibouti, ont été envoyés par avion au Koweït et ensuite en Syrie, avec une batterie d'artillerie d'obusiers M777. Les rangers militaires sont entrés en Syrie à partir d'une base utilisée par les États-Unis à Erbil, en Irak. Mille soldats supplémentaires pourraient être déployées dans le nord de la Syrie au cours des prochaines semaines, selon les informations parues dans les médias, de sorte qu'au total il n'y aurait pas moins de 2 000 soldats américains en Syrie.

L'objectif immédiat des États-Unis est d'empêcher la libération de Raqqa par l'Armée syrienne. Raqqa est la dernière ville importante de la Syrie à être contrôlée par l'État islamique. Sa libération par les forces syriennes est imminente et pourrait se produire au cours des prochains mois. Le président syrien Bachar el-Assad a dit à l'agence SANA le 18 mars : « Nous nous rapprochons de Raqqa en ce moment. Hier, nos troupes ont atteint la rivière de l'Euphrate qui se trouve à proximité de la ville de Raqqa, qui est présentement un bastion de l'État islamique. Évidemment, ce sera pour nous une priorité, ce qui ne veut pas dire que les autres villes seront moins prioritaires. » Assad a expliqué que la guerre serait terminée en « quelques mois » n'était-ce l'ingérence étrangère.

Voilà le hic. Les États-Unis déploient leurs troupes dans le but de placer Raqqa en état de siège au cours des prochaines semaines. Ils ne sont pas seuls dans leurs efforts. Plusieurs forces qui s'opposent mutuellement se joignent aux États-Unis, dont la Turquie, des groupes armés commandités par la Turquie et les États-Unis, ainsi qu'une nouvelle coalition appuyée par les États-Unis portant le nom de « Forces démocratiques syriennes » à laquelle la Turquie s'oppose. Les alliances au sein des forces appuyées par les États-Unis sont à ce point changeantes que, selon une certaine désinformation médiatique sur le déploiement de troupes américaines, ce déploiement viserait à séparer les divers groupes belligérants et à les empêcher de s'attaquer les uns les autres avant la prise de Raqqa.

Le président des États-Unis, Donald Trump, lors d'un événement à Melbourne, en Floride, le 18 février, a déclaré son appui à la proposition de longue date de Hillary Clinton et d'autres fauteurs de guerre à l'effet d'établir des « zones de sécurité » dans le nord de la Syrie. « Ce que je veux faire, c'est bâtir des zones de sécurité en Syrie et à d'autres endroits... on nous a laissé un fouillis épouvantable, mais nous allons les établir les zones de sécurité. Nous les aurons ces zones de sécurité et nous exigerons que les États du golfe financent ces zones de sécurité... C'est ainsi que nous allons procéder plutôt que d'accepter un nombre massif de réfugiés. » Le plan Trump visant à établir des « zones de sécurité » signifie que les États-Unis comptent occuper et annexer le territoire syrien souverain où ils confieront le pouvoir politique à des groupes armés dont ils sont les commanditaires.

Cette tentative des États-Unis de voler la victoire à la Syrie est des plus désespérées. Les disputes au sein de la coalition américaine sur qui contrôle quoi sont nombreuses : que ce soient les groupes mandataires de la Turquie qui espèrent que l'intervention des États-Unis favorisera leurs propres aspirations à l'indépendance comme ce fut le cas en Irak en 2003 ou d'autres groupes armés sous l'égide des États-Unis, tout indique que cette agression ne contribuera aucunement à mettre fin au conflit. Elle ne résoudra aucun problème du peuple syrien et il faut s'y opposer.[1]

Le gouvernement syrien rejette l'invasion

Lors d'une entrevue publiée le 20 mars, le président syrien el-Assad a répondu ainsi à une question au sujet de la présence des États-Unis : « Toute opération militaire en Syrie sans l'approbation du gouvernement syrien est illégale, et j'ai affirmé que s'il y a des troupes en territoire syrien, il s'agit d'une invasion, qu'il s'agisse de libérer al-Raqqa ou une autre ville. Voilà pour le premier point. Deuxièmement, nous savons que la coalition américaine n'a jamais été sérieuse dans son objectif de combattre l'État islamique ou les terroristes. Nous devons donc nous demander quelles sont les véritables intentions derrière leurs plans, si un plan pour libérer al-Raqqa existe vraiment. Mais la libérer de qui ? De l'État islamique ? Pour la remettre à qui ? En réalité leur plan n'est pas de combattre les terroristes, ni d'aider le gouvernement syrien, ni de contribuer à l'unité ou à souveraineté de la Syrie, ni aucun des facteurs que je viens d'énumérer. »

Au sujet du deux poids deux mesures des États-Unis et des nombreuses accusations portées contre eux suite aux meurtres de civils dans des attaques aériennes en Syrie, le président el-Assad a dit : « La politique américaine n'est pas fondée que sur deux poids deux mesures, mais sur de nombreux poids et sur de nombreuses mesures. Ils en ont plutôt des dizaines parce que leur politique n'est pas fondée sur des valeurs ou sur le droit international. Ils fondent parfois leur propre vision, leurs propres intérêts sur l'équilibre entre différentes forces et entre différents pouvoirs qui exercent leurs pressions au sein des institutions américaines. »

Conflits au sein des alliés des États-Unis

Entretemps, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, traitant des factions qui contrôleront Raqqa et comment elles procéderont, a dit le 2 mars que les États-Unis n'ont pas de « plan clair pour ce qui est de Raqqa ». Il a dit : « Pendant les visites en Turquie du chef d'état-major et du directeur de la CIA, des mesures qu'on peut qualifier de préliminaires ont été prises pour ce processus ». Il a ajouté qu'il était « inacceptable » que les « Forces démocratiques syriennes » participent à l'opération en raison de la prédominance de forces kurdes au sein de ce groupe. En fait, la Turquie mène sa propre intervention dans le nord de la Syrie et a pris des villes telles Jarablus pour en confier le contrôle à ses groupes terroristes mandataires portant le nom d'« Armée syrienne libre ».

La réponse des États-Unis a été de dire qu'ils fourniraient des armes seulement aux « groupes arabes » au sein des « Forces démocratiques syriennes » et non aux Unités de défense populaire kurdes, et que la moitié des « groupes arabes » avaient été « approuvés ». Un général étasunien, Joseph Votel, chef du commandement central des États-Unis, a confirmé un nouveau déploiement de troupes américaines le 9 mars et a affirmé : « Notre intention dans cette histoire — et conformément à l'autorité qui m'a été confiée — était de veiller à ce qu'il y ait amplement de combattants terrestres afin d'appuyer nos partenaires et de veiller à ce que nous puissions saisir les occasions et assurer le progrès soutenu que nous avons connu jusqu'à présent. »

La Turquie se préoccupe aussi du contrôle d'une ville en Syrie du Nord, Manbij, qui a été enlevée des mains de l'État islamique par les Forces démocratiques syriennes en août 2016. Par conséquent, le plan de la Turquie de créer une « zone de sécurité » sous son contrôle sur le territoire entre sa frontière et Raqqa entre en conflit avec les Forces démocratiques syriennes qui sont appuyées par les États-Unis et qui contrôlent Manbij. Certains commentateurs turcs ont attribué la responsabilité de cette situation à « l'ambigüité américaine et à l'agression russe ». Le 16 mars, le ministre de la Défense de la Turquie, Fikri Isik, a dit qu'un règlement diplomatique de la question de Manbij entre la Turquie, la Russie et les États-Unis était au coeur du processus de paix pour la Syrie, et que la Turquie allait prendre d'autres moyens si un règlement s'avérait impossible.

Ramenez toutes troupes américaines au pays

Les États-Unis n'ont pas d'affaire en Syrie et leurs nouvelles tentatives de faire dérailler le processus de paix et de réaliser un changement de régime qui leur est favorable tout en continuant d'appuyer des groupes terroristes ne peuvent qu'exacerber les souffrances du peuple syrien et connaîtront inévitablement la défaite aux mains de la résistance syrienne. Les États-Unis n'ont pas le droit de décider des questions touchant au peuple syrien et encore moins la question du contrôle de son territoire et de son espace aérien.

Les peuples des États-Unis et du Canada se sont fait dire sans relâche que l'ingérence militaire impérialiste américaine était une solution aux crises, que celles-ci soient réelles ou imaginaires. Voilà ce qu'on répète en prétendant qu'« enfin » les États-Unis ont entrepris d'éliminer cet enfant illégitime l'État islamique. Loin de résoudre les problèmes, l'intervention des États-Unis en Syrie depuis 2011 a créé et continuera de créer une situation intenable pour le peuple.

La raison en est que l'objectif des États-Unis est d'abord et avant tout intéressé, celui de défendre et de répandre leur domination fondée sur des calculs géopolitiques et de défendre la place des oligopoles et de l'oligarchie financière des États-Unis. C'était précisément l'objectif des États-Unis en 2011 lorsqu'ils se sont mis à financer des groupes et à leur fournir des armes pour qu'ils se révoltent contre le gouvernement syrien, ce qui devait se transformer en une véritable guerre et en l'occupation d'une grande partie du pays par des groupes terroristes. C'est en ce sens que les États-Unis ont accru leur ingérence militaire dans le but de miner et d'empêcher la libération de la Syrie par la Syrie elle-même.

La Syrie est un pays souverain et son peuple a maintenant entrepris le travail difficile de la reconstruction et de la réconciliation, après avoir surmonté des obstacles qui semblaient jusque-là insurmontables. L'obstacle majeur demeure toujours le mouvement d'argent, d'armes et de combattants provenant des impérialistes. L'attentat suicide du 15 mars qui a coûté la vie à 32 personnes à Damas, la capitale, est une indication claire que la lutte des Syriens n'est malheureusement pas terminée. Il y a urgence à ce que tous les gens de conscience se joignent au peuple syrien pour dénoncer cette invasion par les États-Unis et exiger que toutes les troupes américaines soient retirées !

Notes 

1. Le 10 mars, Barbara Lee, une membre de la Chambre des représentants des États-Unis de la Californie, a présenté un projet de loi coparrainé par 16 personnes, lequel interdirait au département de la Défense de financer des troupes de combat américaines en Syrie. « C'est de notre devoir constitutionnel en tant que membres de la Chambre de faire obstacle à la branche exécutive en matière de guerre et de paix », a-t-elle dit. Le projet de loi vise aussi à rendre illégal le financement de compagnies de sécurité privées qui opèrent en Syrie. « J'incite mes collègues des deux côtés de la Chambre à se joindre à moi pour empêcher ce président de déployer nos troupes dans une nouvelle guerre incontrôlée et inconsidérée sans un débat vif et approfondi de la Chambre », a-t-elle affirmé.

 2. Dans un rapport publié le 15 mars, l'American Enterprise Institute, le groupe de réflexion à qui on attribue la stratégie « surge » mise de l'avant par George W. Bush en Irak, le groupe a conçu une nouvelle « Voie vers l'avant pour la Syrie » selon laquelle :

« Pour mener à la défaite de l'État islamique et d'Al-Qaïda, les États-Unis doivent mener une opération anti-insurrectionnelle axée sur la population avec des associés provenant des communautés arabes-sunnites de la Syrie et de l'Irak. L'administration doit aussi prendre en compte quelles forces américaines seraient les plus appropriées pour mettre en oeuvre une telle approche.

« Les États-Unis doivent agir rapidement — avec des associés motivés et acceptables — dans le but de saisir et de s'assurer d'une base d'opérations dans le sud-est de la Syrie afin d'élargir la liberté d'action des États-Unis dans la région. L'objectif est de former un nouveau partenaire arabe-sunnite en Syrie. « Le président Trump ne peut pas à la fois mettre fin d'un seul coup à la guerre en Syrie et protéger les intérêts des États-Unis. Il doit plutôt chercher à extirper les États-Unis des contraintes dues à notre dépendance envers des partenaires peu fiables et qui ne partagent pas nos intérêts, à établir une politique américaine indépendante et à fixer des objectifs à court terme atteignables. »

Dans ce rapport, on lance l'appel à réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis la Turquie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et d'autres alliés régionaux des États-Unis et de se tourner plutôt vers la « communauté arabe sunnite ». On y affirme : « Ensemble, les États-Unis et la communauté arabe sunnite doivent créer un nouveau système politico-sécuritaire contre les djihadistes ». On lance aussi une mise en garde à l'effet que « la coalition russo-iranienne rendra la tâche des États-Unis plus difficile en termes de répondre aux menaces terroristes contre eux, de défendre leurs alliés stratégiques comme Israël, et de garantir un accès illimité aux routes commerciales dont dépend l'économie des États-Unis ».

(Sources : SANA, The Hill, Reuters, Military.com, AP)

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Le mémorandum de sécurité nationale de Trump
sur le «plan pour vaincre l'ÉIIS»

Le 28 janvier, le président des États-Unis Donald Trump a signé le Mémorandum de sécurité numéro trois intitulé « Le plan pour vaincre l'État islamique de l'Irak et de la Syrie ».

Le mémorandum du 28 janvier stipule d'abord qu'il n'est pas possible d'accommoder l'ÉIIS ou de négocier avec lui et que « la politique des États-Unis est de vaincre l'État Islamique ». Le Mémorandum requiert que le secrétaire à la Défense présente au président une « ébauche préliminaire » d'un nouveau plan pour vaincre l'ÉIIS d'ici 30 jours.

Le Mémorandum déclare que le plan pour défaire l'ÉIIS doit comprendre « une recommandation de changements à toute règle d'engagement des États-Unis et aux autres restrictions politiques en vigueur aux États-Unis qui vont au-delà de ce que prévoit le droit international en ce qui a trait au recours à la force contre l'ÉIIS (notre souligné). On suggère ainsi que tout ce qui a été fait de façon non officielle sous Barack Obama et les présidents précédents va maintenant être écrit par l'administration Trump dans les Règles d'engagement militaire et d'autres politiques en défi ouvert au droit international. Compte tenu des déclarations de Trump à l'effet d'« d'éradiquer complètement le terrorisme islamique radical » et de ses déclarations à l'effet que la torture « fonctionne » et mérite d'être utilisée, il semble que ce Mémorandum vise à rendre « légal », par n'importe quel moyen, la perpétration de la part des États-Unis de tous les crimes qu'ils veulent, y compris la torture.[1]

Pour le reste, le plan prescrit par le Mémorandum est décrit en termes généraux sans plus d'explications. On y parle de la nécessité de combiner les approches (« diplomatie publique, activités d'information, cyber-stratégies ») afin d'« isoler et de délégitimer l'ÉIIS et son idéologie islamique radicale », de mécanismes pour éliminer son soutien financier, d'identification de nouveaux partenaires de coalition et de politiques qui « habilitent les partenaires à combattre l'ÉIIS et ses affiliés ». On y parle enfin d'une « stratégie pour financer le Plan de façon robuste ».

Les personnes qui sont chargées de développer le Plan en coopération avec le secrétaire à la Défense sont : le Secrétaire d'État, le secrétaire au Trésor, le secrétaire à la Sécurité intérieure, le directeur du Renseignement national, le président de l'État-major interarmées, l'assistant du président aux Affaires de Sécurité nationale et l'Assistant du président pour la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

Le Mémorandum présente l'« argumentation » suivante par laquelle les États-Unis et leurs alliés sont dépeints comme les victimes du terrorisme de l'ÉIIS afin de justifier leur propre campagne de terreur, laquelle doit être intensifiée contre quiconque est déclaré lié à l'ÉIIS :

- l'ÉIIS n'est pas la seule menace de terrorisme islamique radical à laquelle les États-Unis font face, mais celle-ci compte parmi les plus féroces et les plus agressives ;

- l'ÉIIS est responsable du meurtre atroce de citoyens américains au Moyen-Orient [on en nomme quelques-uns] ;

- l'ÉIIS a inspiré des attaques contre les États-Unis [San Bernardino et Orlando sont mentionnés] ;

- l'ÉIIS s'est rendu complice d'une série d'attaques terroristes contre les alliés dans lesquelles des Américains ont été blessés ou tués [Paris, Bruxelles, Nice, Berlin] ;

- l'ÉIIS s'est engagé dans une campagne systématique de persécution et d'extermination dans les territoires où il pénètre et qu'il contrôle. Si l'ÉIIS demeure au pouvoir, la menace qu'il pose ne fera que grandir. Nous savons qu'il a essayé de développer une capacité de fabriquer des armes chimiques. Il continue de radicaliser nos citoyens et ses attaques contre nos alliés et partenaires continuent de croître. Les États-Unis doivent entreprendre une action décisive pour vaincre l'ÉIIS.

Notes

 1. Un mémorandum présidentiel est un type de décret exécutif émis par le président des États-Unis pour « gérer et gouverner les actions, les pratiques et les politiques de différents départements et agences qui agissent sous l'égide de la branche exécutive du gouvernement des États-Unis. Il a force de loi et sert habituellement à déléguer des tâches, ordonner à des agences spécifiques du gouvernement de faire quelque chose, ou débuter un processus réglementaire ». Il est parfois utilisé de façon interchangeable à un 'décret présidentiel' et est considéré comme une « forme plus prestigieuse d'action exécutive qui doit dire en vertu de quelle autorité constitutionnelle ou statutaire le président y a recours » (Wikipedia - notre traduction)

 2. Trump a présenté ses opinions et intentions au sujet de la torture dans une entrevue du 25 janvier à ABC News. Il a dit : « Nous ne sommes pas à armes égales. Écoutez-moi bien. Je vais m'appuyer sur Pompeo et Mattis et sur mon groupe. S'ils ne veulent pas le faire, alors soit. Mais s'ils veulent le faire, alors je vais travailler avec eux. Je veux faire tout ce qui est légalement permis de faire. Est-ce que je pense que cela fonctionne ? Oui, ça fonctionne. »

Dans un communiqué de presse émis récemment au sujet des « Mémorandums de Trump », l'Union américaine pour les libertés civiles écrit : « [Trump] a aussi déclaré que son autorisation de la torture serait conforme aux 'lois et traités de contrôle' ou bien il changerait les lois pour autoriser la torture. Trump a suggéré à un nombre de reprises que les méthodes de torture qu'il autoriserait seraient du type de celles que l'administration Bush a autorisées, soit les soi-disant 'techniques d'interrogation améliorées'. Ces méthodes de torture et d'abus, dont font partie la simulation de noyade, ont fait l'objet de Memoranda émis par le Bureau du Conseiller juridique du Département de la justice (OLC) qui a statué que ces techniques sont légales. Ces mémos ont été largement discrédités puis retirés depuis, et des lois ont été adoptées afin de prévenir tout recours dans l'avenir au raisonnement juridique erroné qu'ils mettaient de l'avant. »

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L'autorisation d'un assaut américain encore plus poussé contre le Yémen

Les médias rapportent que le président américain Donald Trump a donné au Commandant en chef du U.S. Central Command le général Joseph Votel et à d'autres commandants l'autorité nouvelle d'ordonner une action militaire au Yémen et dans d'autres pays sans demander l'approbation du président. Alors que les commandants sur le terrain ont l'autorité d'approuver des frappes aériennes dans ce qu'on appelle les « zones de guerre actives » comme l'Irak et la Syrie, les actions dans des pays comme le Yémen devaient jusqu'à maintenant recevoir l'approbation du président.

La chose a été rendue publique lorsque les États-Unis ont procédé à un barrage de frappes aériennes sur le Yémen le 2 mars. Le porte-parole du Pentagone, le capitaine Jeff Davis, a dit aux médias que la mission a été réalisée en vertu d'une autorité qui a été déléguée par le président, soit du secrétaire à la Défense au commandant du Central Command à l'effet que de telles actions pouvaient être organisées. Les forces armées des États-Unis ont effectué plus de 30 frappes en 36 heures, ce qui dépasse les 32 frappes confirmées par drones des États-Unis contre le Yémen pendant l'année 2016 tout entière.

Ces deux dernières années, les bombardements aériens de l'Arabie saoudite soutenus par les États-Unis ont fait des milliers de morts parmi les civils yéménites alors que plus du tiers des attaques saoudiennes ont frappé des cibles civiles. On lit dans un rapport du Digital Journal que « selon les résidents, les forces américaines ont fait un 'bombardement à l'aveugle » de la région les 2 et 3 mars, tuant de nombreux civils, dont Ahmed et Mohammed al-Khobze, deux frères âgés de 10 et 12 ans. Les États-Unis ont cherché à détourner l'attention de cette terreur d'État et de ces crimes de guerre en disant que les frappes visaient « Al-Qaïda dans la péninsule arabique ».

Davis a dit que le président a donné cette autorité nouvelle au même moment où il a approuvé un raid d'opérations spéciales sur le Yémen le 29 janvier. Trente personnes ont péri dans ce raid, dont au moins 9 enfants. Le commando de la marine américaine Ryan Owens a aussi été tué lors de ce raid.

Les médias monopolisés américains ont décrit cette délégation de pouvoirs pour assassiner quiconque est déclaré un ennemi par les États-Unis comme l'autorisation donnée au secrétaire de la Défense James Mattis, surnommé le « chien fou » et à ses commandants d'« enlever leurs gants blancs quand ils le jugent bon ».

On ne connaît pas l'étendue de la nouvelle autorité qui a été accordée à Mattis et à « ses généraux ». « Je ne veux pas m'étendre trop sur l'étendue de cette autorité parce qu'en le faisant, je permettrais à notre ennemi de savoir ce que nous lui réservons », a dit Davis. « Notre objectif est de surprendre l'ennemi et de le prendre au dépourvu et c'est ce que nous avons accompli avec ces frappes des dernières nuits. » Ces phrases au sujet des ennemis et de l'effet-surprise sont un effort pour couvrir les crimes que les États-Unis sont en train de commettre.

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Le programme d'assassinats par drones
de la CIA ressuscité

Le 13 mars, le Wall Sreet Journal a rapporté que l'administration Trump a autorisé la CIA à reprendre les assassinats ciblés au moyen de frappes par drones. « Un haut fonctionnaire de la Maison-Blanche » a dit au Washington Post que d'autres « restrictions » pourraient être levées bientôt. « Certaines règles mises en place par l'administration Obama nuisaient à l'efficacité des frappes », a dit un haut fonctionnaire à NBC News.

Sous l'administration Obama, la CIA était autorisée à effectuer des frappes par drones et cette pratique est devenue notoire et répandue et aurait été réduite dans les dernières années de la présidence d'Obama. On dit que les drones de la CIA servaient surtout à la collecte du renseignement alors que c'était le département de la Défense qui était investi de l'autorité de mener les frappes. La CIA était autorisée à présenter des requêtes pour tuer quelqu'un et fournir de l'information mais le département du Pentagone chargé des opérations spéciales devait approuver les assassinats.

Le Bureau du journalisme d'enquête a révélé que l'administration Obama a effectué au moins 563 frappes par drones, surtout au Pakistan, en Somalie et au Yémen.

On a dit que cela constituait une pratique « responsable » alors que les pouvoirs sans restriction de la CIA dénoteraient une « absence de responsabilité ». On lit dans un journal britannique que ce geste « retire les frappes par drones du seul contrôle des militaires, ce qui crée des craintes en ce qui concerne la responsabilité. Contrairement au Pentagone, la CIA n'est pas obligée de rendre publiques ses frappes par drones ou les morts de civils qui en résultent. »

La décision de Trump de revenir à la politique de commettre des crimes de guerre comme s'ils étaient constitutionnels et faisaient partie d'un gouvernement des lois est encore plus sinistre que la description des guerres criminelles par drones de la présidence d'Obama comme étant marquée par la « responsabilité ». Ce traitement criminel des choses vise à légitimer le recours aux assassinats ciblés aujourd'hui, en autant qu'ils sont commis dans un climat de « responsabilité ». L'humanité n'accepte pas qu'on justifie ainsi des crimes de guerre.

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Situation dangereuse dans la péninsule coréenne

Non aux exercices de guerre Key Resolve/Foal Eagle dirigés contre la RPDC! Pas de bouclier antimissile américain en territoire coréen!


Ligne de piquetage devant le consulat américain à Toronto le 15 mars 2017

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et la Fédération coréenne au Canada dénoncent résolument les exercices militaires massifs des États-Unis et de la Corée du sud qui ont lieu en mars et avril. Les exercices Key Resolve/Foal Eagle préparent le déclenchement d'une frappe nucléaire préventive contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) comme prélude à l'invasion et à l'occupation de ce pays. Nous appelons les Canadiens et les peuples du monde à être solidaires du peuple coréen qui exige que cessent ces exercices de guerre.

Ces manoeuvres de plus en plus provocatrices et agressives sont des crimes contre la paix. Le verdict final du Tribunal militaire international de Nuremberg sur les crimes de guerre qui a jugé les criminels de guerre nazis a décrit le crime contre la paix comme étant « la planification, la préparation, le déclenchement ou la conduite d'une guerre d'agression, ou d'une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux ». Ce fut la première accusation portée contre les nazis. Le verdict final de Nuremberg a aussi défini le crime contre la paix comme étant « le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre que du fait qu'il les contient tous ». Les exercices Foal Eagle ont commencé en 1997 et sont devenus les manoeuvres militaires conjointes Foal Eagle/Key Resolve en 2008. Ce sont les Sud-Coréens qui défraient ces exercices massifs. Le Canada, le Japon et l'Australie y ont également participé dans le passé. Il importe de noter par ailleurs qu'ils constituent une violation de l'Accord d'armistice de Corée signé par les États-Unis et la RPDC le 27 juillet 1953 pour mettre fin aux combats à la conclusion de la Guerre de Corée. Depuis, les États-Unis ont obstinément refusé de signer un traité de paix avec la RPDC comme le prévoyait l'armistice pour officiellement mettre fin à la Guerre de Corée et contribuer à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne.

Selon l'armée américaine, les exercices de 2017 seront les plus grands en leur genre jusqu'à présent et comprendront pour la première fois « les concepts 4D (détection, défense, disruption et destruction) et le guide de mise en oeuvre des principes qui renforcent la stratégie anti-missile de l'Alliance à la lumière de la menace grandissante des missiles balistiques nord-coréens ». Près de 300 000 soldats sud-coréens et 30 000 soldats américains participent à ces exercices d'entraînement et à ces manoeuvres militaires simulées par ordinateur. Le super porte-avion USS Carl Vinson y sera aussi déployé à partir de la mer de Chine où il défie la Chine.

Ainsi, sur la base d'une désinformation grossière qui dit que la RPDC est un agresseur sur la péninsule coréenne et représente une menace nucléaire, les impérialistes américains et leurs subalternes sud-coréens ont commencé à battre encore plus agressivement les tambours de la guerre. Il est inacceptable pour les Coréens et pour toutes les personnes démocratiques et éprises de justice au Canada et dans le monde que la vérité soit virée à l'envers de cette façon. La RPDC, qui est depuis des décennies la cible de menaces nucléaires incessantes, sans compter les sanctions économiques et politiques écrasantes, est présentée par les impérialistes américains et le gouvernement canadien et les autres forces de la réaction comme étant l'agresseur.

Il est inadmissible que les nombreuses demandes par écrit du gouvernement de la RPDC au Conseil de sécurité de l'ONU de mettre les exercices Key Resolve/Foal Eagle à l'ordre du jour n'aient pas même reçu la courtoisie d'une réponse. Au lieu d'intervenir pour arrêter ces crimes contre la paix, le nouveau secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est joint aux États-Unis, au Japon, à la Corée du sud, au Canada et à d'autres pour condamner la RPDC pour avoir lancé quatre missiles le 6 mars. Il ne s'agissait que d'essais et cela devait servir d'avertissement aux agresseurs américains et sud-coréens massés aux frontières de la RPDC. Entre autres, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland a dit : « Nous continuerons à travailler avec nos partenaires internationaux pour freiner les actions déstabilisantes de la Corée du Nord. » De toute évidence, la ministre Freeland ne voit pas ces exercices militaires massifs aux portes de la RPDC comme étant des « actions déstabilisantes ». Elle ne voit pas non plus les manoeuvres des États-Unis pour établir leur système de défense de zone du théâtre à haute altitude (THAAD) en Corée du sud, ni les plans de l'administration Trump pour réintroduire des armes nucléaires stratégiques en Corée du sud (après leur prétendu retrait en 1991) comme étant des « actions déstabilisantes ».

Le PCC(M-L) et la Fédération coréenne au Canada notent que la situation est devenue extrêmement dangereuse sur la péninsule coréenne en raison de l'agression des impérialistes américains et de leurs alliés, dont le Canada, qui force la RPDC à prendre des contre-mesures, dont la construction de son propre arsenal de défense nucléaire en légitime défense, pour affirmer son droit à l'existence. L'insistance de la RPDC à défendre son droit d'être et son droit à l'autodétermination, avec l'appui de ses citoyens et de tous les Coréens progressistes et démocratiques du monde, et la voix de l'humanité qui réclame la paix sont ce qui empêche les impérialistes américains et leurs alliés d'asservir les habitants de la RPDC.

Ce sont les préparatifs de guerre, les actes d'agression et l'hostilité des États-Unis, de pair avec les menaces que représente la militarisation du Japon sous le gouvernement Abe et l'hystérie des fauteurs de guerre de l'administration Trump et son serviteur, le gouvernement libéral de Justin Trudeau, qui sont la source du danger d'une guerre nucléaire dans la péninsule coréenne. Ça ne doit pas passer !

Nous appelons conjointement les Canadiens à s'opposer aux exercices de guerre Key Resolve/Foal Eagle et à exiger que le gouvernement canadien mette fin à sa politique d'hostilité envers la RPDC basée sur l'anticommunisme et qu'il normalise les relations bilatérales avec le RPDC établies en 2001. Cela contribuerait à la paix dans la péninsule coréenne, comme le demandent les Coréens et l'ensemble de l'humanité.

Non aux exercices militaires conjoints des États-Unis et de la Corée du sud !
Les États-Unis doivent signer le traité de paix avec la RPDC !

(Sources : Département de la défense des États-Unis, www.history.com, Accord d'Armistice de Corée, Radio-Canada)

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Actions à Toronto en appui à la lutte du peuple coréen et contre les préparatifs de guerre


Action du 4 mars 2017 à Toronto pour exiger que l'ex-présidente de la Corée du sud Park Guen-hye rende des comptes pour ses activités criminelles.

Il y a eu deux actions à Toronto en mars contre les exercices de guerre conjoints des États-Unis et de la Corée du sud appelés Key Resolve/Foal Eagle qui visent un changement de régime en RPDC et préparent le déploiement du système de défense en haute altitude appelé THAAD en Corée du sud. Les participants à la première action ont également exigé que l'ancienne présidente de la Corée du sud, Park Guen-hye, rende des comptes pour les crimes commis contre le peuple coréen.

Manifestation pour exiger la démission de la présidente et pour dire non au système antimissile des États-Unis

Une centaine de personnes, principalement des gens provenant de la communauté coréenne de Toronto, ont bravé le froid pour manifester au parc Mel Lastman le 4 mars et exiger la démission de la présidente de la Corée du sud Park Guen-hye mise en accusation par le gouvernement et des comptes pour le scandale de corruption qui a plongé le gouvernement sud-coréen dans la crise. C'était la quatrième manifestation à ce sujet à Toronto parallèlement aux grandes manifestations partout en Corée et dans le monde.

L'événement était organisé par la Korean Canadian Democratic Community Roundtable. Des activistes du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), de la Fédération coréenne au Canada et de la Commission de la vérité sur la Corée (chapitre canadien) y ont également participé.

Les orateurs ont réitéré la demande que la présidente Park démissionne et rende des comptes pour ce qu'elle a fait. Ils ont fait valoir qu'elle n'est pas apte à gouverner et qu'elle est responsable de la crise dans laquelle est présentement plongé le gouvernement. Un porte-parole de la Commission de la vérité sur la Corée (chapitre canadien) a noté que la crise politique qui secoue la Corée du sud a ses origines dans l'occupation militaire de cette moitié de la Corée depuis la Deuxième Guerre mondiale. Il a dit que l'occupation militaire américaine a signifié que les résidents du sud de la Corée n'ont pas eu droit à la tranquillité d'esprit et à la stabilité politique pour s'affirmer et exercer leur droit à l'autodétermination, y compris le droit à la réunification pacifique. Il a noté que les exercices de guerre Key Resolve/Foal Eagle et le projet d'installer le système de défense en haute altitude dans le sud de la Corée ne font qu'accroître la menace à la paix dans la péninsule coréenne et qu'il faut continuer de s'y opposer.

Le rassemblement s'est terminé avec des chants patriotiques et la lecture de poèmes qui affirment le droit du peuple coréen à la justice, à la démocratie et à l'autodétermination.

Piquet contre les préparatifs de guerre américains et la défense antimissile dans la Péninsule coréenne

Des activistes du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et de la Fédération coréenne au Canada, auxquels se sont joints des jeunes Coréens opposés à la guerre, ont tenu un militant piquet le 15 mars devant le consulat américain à Toronto pour s'opposer aux préparatifs de guerre conjoints des États-Unis et de la Corée du sud contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Ils ont également exigé que l'administration Trump annule immédiatement son projet de système de défense antimissile en haute altitude (THAAD) dans le sud de la Corée et retire tous les soldats américains de la péninsule coréenne et que les États-Unis signent un traité de paix avec la RPDC pour mettre officiellement fin à la Guerre de Corée.

En dépit du vent froid et de la température sous zéro, beaucoup de passants se sont arrêtés pour prendre une copie de la déclaration conjointe des deux organisations qui appelle les Canadiens à prendre position pour la justice et la paix dans la péninsule coréenne et à s'informer du danger que ces actes d'agression et ces crimes contre la paix des États-Unis et de la Corée du sud représentent pour la Corée, puisque cela pourrait provoquer une guerre nucléaire qui entraînerait toute l'Asie de l'Est et le monde entier dans la catastrophe.

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Calendrier d'événements

Piquets à Toronto contre les préparatifs de guerre dans la péninsule coréenne


Toronto, 4 mars 2017

Protestons contre les exercices de guerre conjoints des États-Unis et de la Corée du sud en préparation pour une frappe préventive, l'invasion et le changement de régime en République populaire démocratique de Corée (RPDC) ainsi qu'à l'installation du bouclier de défense antimissile des États-Unis en Corée du sud!

Mercredi 29 mars -- 17 h-18 h
Cour supérieure de l'Ontario (devant le consulat américain),
361, avenue University

Mercredi 5 avril -- 17 h-18 h
Station de métro Christie (coin Christie et Bloor)

  Mercredi 12 avril -- 17 h-18 h 
Cour supérieure de l'Ontario (devant le consulat américain),
361, avenue University

  Mercredi 19 avril -- 17 h-18 h 
Dundas Square (Yonge et Dundas)

  Mercredi 26 avril -- 17 h-18 h
Cour supérieure de l'Ontario (devant le consulat américain),
361, avenue University

Organisé par le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et
la Fédération coréenne au Canada. Information : (647) 907-7915

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Mettons fin à l'occupation de la Palestine!

La secrétaire exécutive d'une agence de l'ONU
refuse de retirer un rapport sur les
conditions des Palestiniens

Rima Khalaf, secrétaire de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO), a démissionné de son poste le 17 mars 2017 en réponse à la demande formelle qu'elle retire la publication d'un rapport de la CESAO sur la situation des Palestiniens dans lequel il est écrit que l'État d'Israël a mis en place une structure d'apartheid. Rima Khalaf a déclaré en conférence de presse à Beyrouth que le nouveau secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait exigé le 16 mars qu'elle retire le rapport « Les pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et la question de l'apartheid » et qu'elle avait refusé.

Le rapport a été rédigé par Richard Falk, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, et Virginia Tilley, professeure de sciences politiques à la Southern Illinois University et ancienne directrice spécialiste de la recherche au Human Sciences Research Council d'Afrique du Sud, où elle a entrepris une étude de deux ans de la situation dans les territoires palestiniens. Le rapport conclut qu'« Israël a établi un régime d'apartheid qui domine le peuple palestinien dans son ensemble » et que « les preuves disponibles établissent hors de tout doute raisonnable qu'Israël est coupable de politiques et de pratiques qui constituent le crime d'apartheid tel que juridiquement défini dans les instruments du droit international ».


Le secrétaire général de l'ONU a exigé que ce rapport soit retiré après que la nouvelle représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, ait émis le 15 mars une déclaration demandant son retrait. Haley a déclaré : « Les États-Unis sont scandalisés par le rapport de CESAO. Que ce type de propagande anti-Israël vienne d'un corps dont presque tous les membres ne reconnaissent pas Israël n'est pas surprenant. Qu'il ait été rédigé par Richard Falk, un homme qui a fait à plusieurs reprises des commentaires biaisés et profondément offensants sur Israël et qui adhère aux théories de la conspiration ridicules, y compris celles sur les attentats du 9/11, est tout aussi peu surprenant. Le secrétariat de l'ONU a eu raison de se distancer de ce rapport, mais il doit aller plus loin et le retirer. Les États-Unis se tiennent aux côtés de notre allié Israël et continueront de s'opposer aux actions tendancieuses et anti-Israël au sein du système des Nations Unies et dans le monde entier. »

Les autorités israéliennes ont également porté accusé le rapport d'antisémitisme. Yair Lapid, chef du parti israélien Yesh Atid de centre-droit, a déclaré que le rapport de l'ONU est « empreint de haine et d'antisémitisme ». Il a déclaré : « Les États-Unis et l'Europe doivent bien préciser qu'ils ne soutiendront pas les Nations Unies et ses agences tant que ces organismes continueront à se dresser contre Israël. » Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a comparé le rapport à une publication nazie.

Les Palestiniens et les défenseurs des droits humains ont félicité Rima Khalaf d'avoir remis sa démission plutôt de retirer le rapport. Le coordonnateur général du Comité national palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS), Mahmoud Nawajaa, a déclaré dans un communiqué publié le 17 mars :

« Les Palestiniens sont profondément reconnaissants envers la directrice de la CESAO, la docteure Rima Khalaf, qui a choisi de démissionner plutôt que de trahir ses principes face à l'intimidation des États-Unis et d'Israël. En ces moments des plus sombres de répression accrue de la part d'Israël, y compris contre des défenseurs non violents des droits de la personne, du vol continu des terres palestiniennes et de politiques d'apartheid de plus en plus répressives, les Palestiniens espèrent que ce rapport sans précédent sera le précurseur d'une nouvelle époque où le régime d'injustice d'Israël sera tenu responsable par l'entremise de sanctions et d'autres mesures, comme pour l'Afrique du Sud dans le passé. »

Hanan Ashraw, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré : « Plutôt que de succomber au chantage politique ou de se laisser censurer ou intimider par des partis externes, les Nations Unies devrait condamner les actes décrits dans le rapport et tenir Israël responsable. »

Le 21 mars, la prestigieuse médaille d'honneur de la Palestine fut décernée à Rima Kahlaf par le conseiller présidentiel palestinien des Affaires extérieures et des Relations internationales, Nabil Shaath, qui a loué son courage pour avoir tenu ferme contre ceux qui ont fait pression pour qu'elle retire le rapport.

Entretemps, les États-Unis ont déclaré qu'ils réduiraient de 10 milliards $ leur financement des agences des Nations Unies. Ils exigent aussi d'« importantes réformes » du Conseil onusien des droits de la personne. Le secrétaire d'État des États-Unis, Rex Tillerson, affirme dans une lettre publique que pour l'instant les États-Unis sont toujours membres mais dans le but spécifique de « réitérer notre forte objection de principe envers l'ordre du jour biaisé du Conseil des droits de la personne contre Israël » tout en s'objectant à la présence de pays que les États-Unis critiquent en raison de questions dites « liées aux droits de la personne ». Mark Toner, à titre de porte-parole pour le département d'État des États-Unis, a affirmé que les États-Unis allaient « demander davantage de comptes au conseil et à ses membres et exiger une plus grande reddition de compte ainsi qu'une transparence accrue ».

(Sources : Mondoweiss, Al Jazeera, PressTV)

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Lettre de démission d'une haute
représentante de l'ONU

Le 17 mars, Rima Khalaf a démissionné de ses fonctions en tant que secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO) après que celle-ci fut obligée de retirer un rapport dans lequel il est dit qu'Israël est un « régime d'apartheid ». Sa lettre de démission adressée au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a été traduite et publiée par la poète Lena Khalaf Tuffaha le lendemain sur sa page Facebook. Khalaf Tuffaha écrit :

« La docteure Rima Khalaf, diplomate de carrière extraordinaire, une héroïne à moi, et secrétaire exécutive de la CESAO a démissionné aujourd'hui après que le secrétaire général de l'ONU ait tenté de retirer un rapport qui identifie à juste titre Israël comme un régime apartheid. Quiconque se soucie de la liberté et de l'égalité doit lire sa lettre de démission, que j'ai traduite pour vous. C'est un document qui fait maintenant partie de l'histoire de la lutte pour la liberté. Et tous ceux et celles qui, en Occident, sont super inquiets de la situation des femmes dans le monde arabe doivent s'asseoir, parce que nous avons Rima et de nombreuses autres femmes comme elle qui n'ont besoin que d'une chose : qu'on ne les empêche pas de faire ce qu'elles font. Les femmes Khalaf ne jouent pas. Les femmes palestiniennes ne jouent pas. »

***

Cher Monsieur le secrétaire général,

J'ai considéré avec attention votre message transmis par le Chef de cabinet et vous assure que je n'ai à aucun moment remis en question votre droit de retirer la publication du rapport de notre site internet ou le fait que nous tous, travaillant pour le secrétariat, sommes soumis à l'autorité du secrétariat général. Tout comme je n'ai aucun doute concernant votre engagement envers les droits de l'homme en général, et votre position ferme concernant les droits du peuple palestinien. Je comprends aussi vos préoccupations, particulièrement dans ces temps difficiles qui vous laissent peu de choix.

Je ne suis pas insensible aux attaques vicieuses et aux menaces qui pèsent sur les Nations Unies et sur vous personnellement de la part d'importants États membres en réponse à la publication du rapport de la CESAO intitulé « Les pratiques d'Israël envers les Palestiniens et la question de l'apartheid ». Je ne trouve pas surprenant que de tels États membres, qui ont maintenant des gouvernements qui se préoccupent peu des normes et valeurs internationales concernant les droits humains, aient recours à l'intimidation quand ils trouvent difficile de défendre leurs politiques et pratiques illicites. Il est normal que des criminels mettent la pression et attaquent ceux qui défendent la cause de leurs victimes. Je ne peux pas me soumettre à une telle pression.

Ce n'est pas en vertu de mon statut d'officiel international mais en vertu de mon statut d'être humain honnête, que je crois, comme vous, dans les valeurs et principes universels qui ont toujours été les lignes de conduite du bien dans l'histoire humaine, et sur lesquels une organisation comme la nôtre, les Nations Unies, est fondée. Comme vous je considère que la discrimination envers toute personne sur le motif de sa religion, de sa couleur de peau, de son sexe ou de son origine ethnique est inacceptable, et que de telles discriminations ne peuvent être rendues acceptables par les calculs de l'opportunisme ou du pouvoir politique. Je considère de plus que les peuples ne devraient pas seulement avoir le droit de dire la vérité au pouvoir mais ils ont le devoir de le faire.

En l'espace de deux mois, vous m'avez demandé le retrait de deux rapports produits par la CESAO, pas à cause de fautes que l'on aurait commises dans ces rapports, et probablement pas parce que vous étiez en désaccord avec leur contenu, mais à cause de la pression politique exercée par des États membres qui violent gravement le droit des peuples de la région.

Vous avez vu que les peuples de cette région vivent une période de souffrance inégalée dans l'histoire moderne, et que le nombre considérable de catastrophes aujourd'hui résulte du flot d'injustices qui furent ignorées, camouflées ou ouvertement approuvées par des gouvernements puissants à l'intérieur et à l'extérieur de la région. Ces mêmes gouvernements sont ceux qui vous mettent la pression pour faire taire la voix de la vérité et l'appel pour la justice présenté dans ces rapports.

Étant donné ce qui précède, je ne peux que maintenir les conclusions du rapport de la CESAO comme quoi l'État d'Israël a établi un régime d'apartheid qui recherche la domination d'un groupe racial sur un autre. Les preuves fournies dans ce rapport rédigé par des experts de renom sont nombreuses. Tous ceux qui ont attaqué ce rapport n'ont pas eu un mot pour son contenu. Je considère comme mon devoir de mettre en lumière le fait légalement et moralement indéfendable qu'au XXIe siècle existe encore un État d'apartheid, plutôt que de supprimer les preuves. En disant cela je ne clame aucune supériorité morale ou vision supérieure. Ma position est influencée par une vie d'expériences où j'ai vu les conséquences désastreuses pour la paix quand on bloque les plaintes des peuples dans notre région.

Je réalise que je n'ai que peu de choix. Je ne peux pas retirer maintenant un autre dossier des Nations Unies bien documenté et faisant suite à des recherches approfondies sur les violations graves des droits humains bien que je sache que des instructions claires du secrétaire général doivent être appliquées rapidement. C'est un dilemme que je ne peux résoudre que par ma démission pour permettre à quelqu'un d'autre de fournir ce que je ne peux fournir en bonne conscience. Je sais que je n'ai plus que deux semaines à mon poste ; ma démission n'est donc pas destinée à exercer une pression politique. C'est simplement car je pense que c'est mon devoir envers les peuples que nous servons, envers les Nations Unies et envers moi-même, de ne pas retirer un témoignage honnête sur un crime en cours qui est à la racine de tellement de souffrances humaines. En conséquence, je vous remets par la présente ma démission des Nations Unies.

Avec tous mes respects,

Rima Khalaf

(Publiée initialement sur le site de l'Association Palestine Solidarité, 21 mars 2017)

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