Le Marxiste-Léniniste

Numéro 10 - 18 mars 2017

Falsifications de l'histoire pour camoufler
les crimes de guerre d'aujourd'hui

Une fabrication d'excuses pour la ministre des Affaires étrangères

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  Le serment des partisans, tableau de S. Amsonov, 1941. Des centaines de milliers
d'hommes et de femmes derrière les lignes ennemies dans les territoires occupés par les nazis, dont l'Ukraine, ont mis leur vie en péril dans la résistance organisée, individuelle et collective, à l'asservissement de l'Europe et au génocide d'Hitler. La ministre des Affaires étrangères du Canada a récemment été prise à essayer de cacher le passé de collaborateur nazi de son grand-père, qui a été à l'emploi d'un journal nazi durant la guerre en Pologne, où les
fascistes ont tué près de six millions de personnes.

Falsifications de l'histoire pour camoufler les crimes de guerre d'aujourd'hui
Une fabrication d'excuses pour la ministre des Affaires étrangères
Ce qu'il faut conclure quand la ministre essaie de duper les
Canadiens
- Tony Seed
Les collaborateurs nazis d'hier et des bellicistes d'aujourd'hui veulent échapper au verdict de l'histoire - Pauline Easton
Honteux équivoques des collaborateurs d'aujourd'hui - Sam Heaton

La conception inacceptable du «Canada, terre d'accueil»
Les libéraux vont de l'avant avec leur méprisable projet de monument anticommuniste - Louis Lang
La définition de victimes du communisme des auteurs du projet de monument

Lettres à la rédaction
L'argument du « respect des exigences minimales » - Mira Katz
Le nom de Vladimir Lénine est monumental -- aucun « monument » anticommuniste ne le ternira - Anne Jamieson

À titre d'information - Peggy Morton
Les crimes de guerre, les nationalistes ukrainiens et l'État
canadien

La Commission d'enquête sur les criminels de guerre au Canada
(Commission Deschênes)



Falsifications de l'histoire pour camoufler les crimes de guerre d'aujourd'hui

Une fabrication d'excuses pour la ministre
des Affaires étrangères

Les Canadiens se voient placés devant la tâche importante de démêler tout ce qui est raconté au sujet de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland. Les faits montrent que son grand-père maternel a collaboré avec les nazis en Pologne durant la guerre.[1] On a également porté à l'attention du public que madame Freeland a essayé de camoufler la collaboration de son grand-père avec les nazis et qu'en fait elle le considère comme un combattant de la liberté.[2] Quand on l'a interrogée à ce sujet, Chrystia Freeland a choisi de ne pas répondre et s'est contentée de reprendre les justifications habituelles du gouvernement qui consistent à blâmer les Russes pour tout, les accusant même d'avoir créé des « fausses nouvelles » pour « déstabiliser la démocratie canadienne ».

Notons au passage l'étrange silence de Radio-Canada et du réseau CBC à ce sujet et celui du premier ministre, du gouvernement du Canada, du Parti libéral et d'autres représentants des cercles dominants. Madame Freeland a d'ailleurs elle-même décidé par la suite de se retirer de l'arène.

C'est à une cabale de journalistes, professeurs et experts de divers acabits qu'on a laissé la tâche de défendre la ministre. Leur justification éhontée des crimes des collaborateurs nazis durant la Deuxième Guerre mondiale trahit un profond anticommunisme qui les place au même rang que les collaborateurs nazis. Lorsque ceux qui gagnent leur vie à parler de « valeurs canadiennes » s'avèrent des défenseurs aussi inconditionnels des agissements des collaborateurs nazis, les Canadiens peuvent conclure que les cercles dominants accordent beaucoup d'importance à défendre ce que représente Chrystia Freeland. Or, rien de ce qu'ils diront ou feront désormais ne peut racheter les valeurs qu'ils prétendent défendre au nom de la liberté et de la démocratie.

À ces apologistes éhontés du nazisme se joignent des défenseurs bien connus des collaborateurs nazis et ceux qui se portent à la défense de la ministre en usant de faux-fuyants de toutes sortes.[3] Certains vantent les mérites de Chrystia Freeland et disent que sa feuille de route la blanchit de tout soupçon.[4] D'autres disent qu'elle a commis une erreur en ne révélant pas ses squelettes dans le placard.[5] D'autres encore se déclarent indifférents au passé de sa famille et citent la Bible pour faire valoir qu'il ne faut pas « punir la faute des pères sur les fils ».[6] Seuls quelques-uns osent dire la vérité aux puissants.[7] Ils sont rejoints par beaucoup d'autres sur les médias sociaux.

Il est intéressant de noter par contre que tant l'information que la désinformation au sujet du grand-père de Chrystia Freeland et du débat à savoir si elle était au courant de ses agissements ou pas escamotent la réalité de ses faits et gestes en tant que ministre. C'est par ses propres faits et gestes qu'on voit les dangers qu'elle et son gouvernement font planer sur le Canada et sur les Canadiens aujourd'hui. Les cercles dominants veulent éviter à tout prix que les Canadiens jugent d'eux-mêmes des valeurs démocratiques que défendent madame Freeland et le gouvernement du Canada et si c'est la démocratie qu'ils veulent. Est-ce la démocratie pour laquelle ils ont versé leur sang durant la Deuxième Guerre mondiale, dans des batailles héroïques contre les hordes hitlériennes et leurs impitoyables collaborateurs ?

Ce numéro du Marxiste-Léniniste est consacré à cette controverse et à certains développements qui s'y apparentent. L'objectif est de mettre les actions du passé et du présent en contexte pour que les gens puissent démêler ce qui se passe d'eux-mêmes.

Notes 

1. Michael Chomiak fut rédacteur en chef du quotidien nazi Krakivs'ki Visti (Nouvelles de Cracovie) de 1940 à 1945 à Cracovie, en Pologne, et plus tard à Vienne, en Autriche, alors que ces villes étaient sous occupation allemande. Les autorités nazies lancèrent ce journal pour « ukrainiser » l'occupation après s'être emparées de l'imprimerie volée à son propriétaire juif Moishe Kanfer, qui fut plus tard tué dans le camp de concentration de Belzec.

Le Krakivski Visti fut publié par la Ukrains'ke Vydavnytstvo, une maison d'édition contrôlée par Volodymyr Kubijovy'c (Kubiiovych) avec l'aval de Hans Frank, Reichproteckor du gouvernement général de Pologne. Frank était un criminel de guerre responsable de tueries de masse qui fut exécuté à Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour avoir présidé à l'extermination des Polonais et des juifs.

Kubijovyˇc était quant à lui « dirigeant » (providnyk) du Comité central ukrainien (CCU), créé en juin 1940, un an avant l'invasion allemande de l'Ukraine, à titre d'« organisation parapluie officielle » des « nationalistes » dans le Gouvernement général. Entièrement financé par l'Allemagne, le CCU est décrit comme étant « la plus importante institution collaborationniste ukrainienne dans le Gouvernement général » par l'historien germano-polonais Grzegorz Rossolinksi dans Stephan Bandera : The Life and Afterlife of a Ukrainian Fascist : Fascism, Genocide and Cult , p. 254.

Le CCU était une organisation criminelle établie pour mettre à exécution les plans de génocide du Troisième Reich. Par le Krakivski Visti, il s'est livré à trois actes qui constituent des crimes de guerre : 1) propagande pour la collaboration et le nettoyage ethnique ; 2) pillage de nourriture et de matières premières et trafic de personnes ukrainiennes pour en faire des esclaves en Allemagne (en tout, durant l'occupation allemande de l'Ukraine de l'Ouest les nazis ont déporté 402 777 personnes) ; 3) recrutement, à partir de mars 1943, de chair à canon pour aller grossir les rangs de l'armée d'Hitler décimée, pour la Waffen SS (waffen signifie armée), qui s'est livrée aux pires atrocités contre l'humanité.

Le 16 mai 1943, Chomiak lança l'appel au recrutement d'Ukrainiens directement dans la SS d'Hitler, un « appel du président du Comité central ukrainien aux citoyens et à la jeunesse d'Ukraine à former la division galicienne », la 14e division de grenadiers de la Waffen SS.

Chomiak s'était enfui en Pologne sous occupation allemande en 1939 après que les territoires d'Ukraine occidentale occupés par la Pologne aient été rendus à la République socialiste soviétique d'Ukraine. À la veille de la défaite du nazi-fascisme aux mains de l'Union soviétique et des mouvements de résistance des peuples d'Europe, dont des dizaines de milliers de partisans en Ukraine, Chomiak (comme l'ensemble des dirigeants du Comité central ukrainien) se rendit à Vienne avec l'évacuation des troupes nazies et aboutit dans la ville thermale de Bad Worishofen près de Munich en mars 1945. Cette région était sous contrôle américain à la fin de la guerre et toute la direction « nationaliste » s'y est retrouvée. Chomiak et sa famille y étaient logés par les États-Unis à titre de « personnes déplacées » jusqu'à octobre 1948, lorsqu'ils furent amenés au Canada.

2. Chrystia Freeland a quant à elle raconté au Blacklock's Reporter l'histoire de son grand-père comme suit en décembre 2014 : « Mes grands-parents étaient d'Ukraine et luttaient contre le communisme. [...] Mon grand-père était avocat et éditeur, le premier de sa famille à obtenir une éducation. Il s'est joint à une campagne appelée Samopomich qui venait en aide aux fermiers et encourageait l'alphabétisation. Il était un teetotaliste et leur disait d'arrêter de boire et d'apprendre à lire ! En 1939, mes grands-parents ont fui l'Ukraine pour éviter l'arrestation lors du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Deux de leurs enfants sont nés en Pologne, deux sont nés dans un camp pour personnes déplacées en Allemagne et deux autres sont nés au Canada. Les Ukrainiens venus au Canada après la guerre se considéraient comme des exilés politiques. Ils ont été forcés de fuir. »

Elle a répété son récit en mai 2015 dans un essai pour le compte du Brookings Institute qui portait le titre assez révélateur : « My Ukraine » (Mon Ukraine). Elle écrit : « Pour le reste, mes grands-parents se considéraient comme des exilés politiques ayant la responsabilité de maintenir vivante l'idée d'une Ukraine indépendante. » Le Brookings Institute, un « think tank » majeur qui a son siège social à Washington, est étroitement lié à l'État américain, au Parti démocrate et aux opérations de changement de régime en Europe et au Moyen-Orient.

3. Lubomyr Luciuk, professeur au Collège royal militaire de Kingston, écrit dans le Ottawa Citizen le 9 mars : « C'était des fausses nouvelles à l'époque et ce sont de fausses nouvelles aujourd'hui. Les allégations à propos de 'nazis au Canada' [...] ont circulé pendant des décennies. » Il raconte ensuite comment il est intervenu personnellement dans les années 1980 pour s'assurer que « personne ne soit jamais reconnu coupable d'être 'nazi' dans une cour de justice au Canada ».

Terry Glavin, non pas dans une mais dans deux dénonciations, la première publiée par Postmedia le 8 mars et la deuxième par Maclean's le 14 mars, affirme que la révélation est un « canular » et « un exemple typique de désinformation russe par la théorie de la conspiration ». Il laisse entendre que même si c'était vrai, cela n'a pas d'importance parce que le journal nazi en question était « une planche de salut intellectuelle » et que Chomiak « n'avait aucun contrôle sur le charabia nazi ». Reprenant cet argument, Justin Ling, dans un article paru dans VICE News le 6 mars, innocente le contenu antisémite du journal de Chomiak en disant que c'était « exigé par les Allemands ».

4. Paul Wells, dans son article du 10 mars dans le Toronto Star, va jusqu'à dire que « Chrystia Freeland s'occupe d'aider les sociétés -- la nôtre, celle d'Ukraine et les sociétés du monde -- à rester du côté de la raison. Le fait que sa famille ait vécu au XXe siècle maudit donne des munitions à ses adversaires. Tout cela n'enlève rien à la légitimité du travail important qu'elle fait. »

5. Paula Simons écrit dans le Edmonton Journal le 8 mars : « Naturellement, madame Freeland est fière du grand-père qu'elle aimait, qui est devenu un leader de la communauté ukrainienne à Edmonton après la guerre. Tout de même, elle aurait pu être un peu plus candide au sujet du passé complexe de sa famille. »

6. Colby Cosh conclut dans un article du Globe and Mail le 8 mars : « Étant donné ce que nous savons, entièrement grâce à la franchise de la famille Freeland, il ne s'agit pas des 'péchés' du grand-père ni encore moins de l'innocence de la petite-fille. » Simons du Edmonton Journal rajoute : « Jugeons-la par ses mérites et pas par ce que son grand-père a fait ou n'a pas fait. »

7. Parmi eux il y a David Pugliese du Ottawa Citizen qui note le 8 mars : « Ce n'est pas si farfelu : Michael Chomiak était un collaborateur nazi. [...] Voilà ce qu'il en est de la dite désinformation russe. » Scott Taylor, dans un article du 12 mars paru dans le Chronicle Herald, tire un parallèle entre la tentative de dissimuler l'affaire et le renforcement de la présence militaire canadienne en Lettonie où ont lieu des célébrations annuelles de la SS nazie. David J. Climenhaga écrit dans rabble.ca le 12 mars : « Qui aurait jamais imaginé que les grandes entreprises médiatiques canadiennes en viennent à conclure que la collaboration avez les nazis dans leur campagne génocidaire dans votre pays est une réponse légitime à un dilemme moral difficile ? »

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Ce qu'il faut conclure quand la ministre des Affaires étrangères essaie de duper les Canadiens

Avec tout ce qui est sorti concernant Chrystia Freeland, les Canadiens sont en droit de demander sa démission pour avoir falsifié l'histoire, pour avoir caché la vérité sur l'histoire de sa famille et pour leur avoir menti à propos de son passé. Pourquoi ? Parce que si elle cache des choses sur son passé, qu'est-ce qu'elle va cacher d'autre en tant que ministre des Affaires étrangères du Canada ?

Elle a montré qu'elle est capable de duperie et d'arrogance sur les questions de la guerre et de la paix, un sujet qui préoccupe énormément les Canadiens. Ce n'est ni correct ni acceptable. Quelqu'un qui n'a rien à se reprocher ne recourt pas aux faux-fuyants et à la tromperie.


Le grand-père de Chrystia Freeland, Michael Chomiak. Au premier rang à droite se trouve Emil Gassner, chef de presse du gouvernement général nazi en Pologne occupée.

Non seulement elle défend son grand-père qui a été un haut personnage nazi mais elle ne répudie pas le Troisième Reich et la collaboration avec le nazisme durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle blâme plutôt « la désinformation russe qui vise à déstabiliser le Canada ». Elle présente son gouvernement et son grand-père comme des victimes plutôt que de prendre une position avancée et de défendre les plus grands idéaux de l'humanité. La guerre contre l'Allemagne fasciste et les Puissances de l'Axe n'était pas une guerre ordinaire ni une guerre européenne et les collaborateurs n'étaient ni des « combattants de la liberté », ni des victimes. Cette logique criminelle ferait d'Hitler et de ses généraux des « combattants de la liberté ». Le Troisième Reich a transformé l'Ukraine en un abattoir des citoyens de nationalité ukrainienne, polonaise, russe, arménienne et romani et de foi juive.[1] Tous se sont battus pour défendre leurs droits et leur pays contre l'ennemi et ont combattu jusqu'à la dernière goutte de sang pour leurs villes et villages, démontrant le courage, l'initiative et l'adresse de leur peuple.

Pour Chrystia Freeland, le mensonge devient vérité et les bourreaux deviennent les victimes. Elle n'a qu'à l'affirmer pour que cela devienne vrai. Si vous n'êtes pas d'accord, vous êtes des amis de la Russie sinon des terroristes et vous méritez d'être exterminés comme cela se produit en Ukraine aujourd'hui. Cela nous amène à nous interroger sur les raisons de ses agissements. Si elle n'est pas franche au sujet des collaborateurs nazis et fascistes, quels autres collaborateurs défend-elle ou défendra-t-elle en tant que ministre des Affaires étrangères du Canada ? Les collaborateurs nazis et fascistes en Ukraine aujourd'hui ! Au fond, tout cela ne concerne pas vraiment l'Ukraine, la Pologne ou la Russie. C'est l'attitude de la ministre le problème, celle qui consiste à déclarer sans ambages : nous avons le droit de faire ce que nous voulons. Sur cette base elle peut faire et justifier à peu près n'importe quoi. Cette attitude est une grave menace pour la liberté, la paix et la sécurité des peuples.

Chrystia Freeland doit rendre des comptes pour avoir trompé les Canadiens dans cette affaire. Elle se dérobe et se démène et le récit qu'en font les médias change du tout au tout en quelques jours !

Les libéraux semblent très silencieux ! Il y a deux raisons possibles. Ils semblent s'appuyer sur les médias monopolisés pour répandre la désinformation et les insinuations comme première ligne de défense. L'autre possibilité est qu'une autre « nuit des longs couteaux » se déroule dans le dos des Canadiens.[2] Les libéraux canadiens au nom de qui agit cette ministre des Affaires étrangères devraient aussi être appelés à nous dire si ce comportement répréhensible et lâche est quelque chose qu'ils appuient.

Chrystia Freeland est la deuxième ministre des Affaires étrangères du gouvernement Trudeau à se faire prendre en flagrant délit à duper les Canadiens. Son prédécesseur, Stéphane Dion, avait créé l'impression en janvier et mars 2016 qu'une vente d'armes de 14,8 milliards $ au Royaume de l'Arabie saoudite découlait d'un accord conclu par le gouvernement précédent alors qu'il avait lui-même signé l'autorisation. Il a dit qu'« il ne serait pas correct de rompre cet accord à cause des conséquences que cela entraînerait », rapportait LML. « Il a répété que l'objectif du Canada est d'amener la stabilité dans la région et a donné plusieurs autres justifications pragmatiques de l'agression et de la guerre. Il a également cherché à cacher le fait que le Canada a procuré des armes à l'Arabie saoudite dans son intervention militaire au Bahreïn pour étouffer les protestations. » Durant la campagne électorale de 2015, le Parti libéral avait promis de mettre fin à la « mission de combat » du Canada en Irak et avait donné l'impression qu'il s'opposait à l'extrémisme du gouvernement Harper et qu'il favorisait la paix. Plutôt que de mettre fin à la mission de combat en Irak, les libéraux ont annoncé une augmentation du nombre de forces spéciales canadiennes à déployer dans la guerre menée par les États-Unis. Ces forces combattent aux côtés des milices peshmergas pour découper l'Irak et créer un Kurdistan indépendant. Le déploiement militaire au Moyen-Orient est sans précédent dans l'histoire. Assez c'est assez. La duperie a assez duré.

Il faut s'arrêter par ailleurs sur le fait que la ministre des Affaires étrangères du Canada et les médias sont restés bouche cousue au sujet des liens financiers de madame Freeland et de ses services passés rendus aux plus grands oligarques d'Ukraine, notamment Viktor Pintchouk, le deuxième oligarque le plus riche du pays avec qui elle a collaboré dans le cadre de son forum économique annuel de Yalta. Ce sont ces oligarques et leurs patrons américains qui ont financé et organisé le coup d'État qui a renversé un gouvernement élu le 23 février 2014 et qui ont financé et organisé les milices punitives privées (au nombre de 50 environ) qui sont maintenant intégrées à la Garde nationale formée à la hâte et entraînée par les États-Unis et le Canada.[3]

L'affaire entourant la ministre Freeland doit être située dans le contexte du prolongement de deux autres années de l'intervention militaire du Canada en Ukraine par le gouvernement Trudeau. Notons que dans tout le tapage à Ottawa et ailleurs au sujet de la « désinformation russe », personne ne s'est élevé contre l'ingérence du Canada dans les affaires de pays souverains et personne n'a fait de mise en garde contre le rôle des États-Unis aux commandes de cette force interventionniste. Le Canada doit rappeler ses soldats et se retirer de la Commission militaire États-Unis-Ukraine formée en 2014 et à laquelle le Canada et la Grande-Bretagne ont été invités à se joindre. Cette agence des États-Unis opère à l'extérieur de l'OTAN et des Nations unies.[4]

Tout cela est inacceptable, peu importe le prétexte. L'Ukraine ne saurait en aucune manière être considérée comme un pays indépendant ou démocratique comme l'affirme Affaires mondiales Canada. La mission militaire du Canada en Ukraine ne peut non plus être considérée comme une opération pacifique, sans combat ou bilatérale. C'est tout simplement faux. Les États-Unis tirent toutes les ficelles. L'intervention militaire canadienne en Ukraine et en Europe de l'Est est une grave menace pour les peuples qui luttent pour leur liberté et indépendance et pour la paix et la sécurité dans le monde. Elle ne doit pas être prise à la légère. Le Canada doit rompre tous les liens diplomatiques, économiques et commerciaux avec l'Ukraine.

Il n'y a pas de place dans la gouvernance moderne pour des fascistes ou des apologistes sans remords du fascisme, des menteurs et des magouilleurs. Les Canadiens ont raison de condamner l'arrogance et le comportement éhonté de Chrystia Freeland. Exigeons la démission immédiate de la ministre des Affaires étrangères !

Notes

1. L'Encyclopédie de l'Ukraine, dans la section « Crimes de guerre nazis en Ukraine » écrit : « Selon de récentes données soviétiques, au total plus de 5 265 000 civils et prisonniers de guerre ont été tués durant l'occupation de l'Ukraine. Ce chiffre comprend vraisemblablement les 900 000 juifs ukrainiens qui auraient été tués selon des chercheurs occidentaux. Les Allemands ont détruit 714 villes et régions urbaines et 28 000 villages et fermes et laissé environ 10 000 000 personnes sans abri. Les pertes matérielles totales sont évaluées à quelque 1,2 billion de roubles pré-guerre. »

2. Une allusion à la division orchestrée au sein du cabinet du premier ministre canadien John Diefenbaker par l'administration Kennedy et le renseignement américain en 1962-1963 dans le cadre d'un coup d'État pour remplacer le gouvernement conservateur de Diefenbaker par le gouvernement libéral de Lester Pearson. Diefenbaker avait refusé d'autoriser l'installation d'armes nucléaires américaines en sol canadien. Des journalistes bien en vue comme Charles Lynch de Southam News firent partie de l'opération. Voir : Richard Sanders, « 1962-1963, 'Knocking Over' "Dief the Chief" : How the U.S. Ambassador Helped Engineer 'Regime Change' in Canada », Global Research, 31 mars 2003.

 3. Dix-sept de ces unités maintiennent un « personnel conjoint » séparé et se disent une alternative aux Chefs de personnel des forces armées régulières ». Le « personnel conjoint » n'a pas établi de quartiers généraux à Kiev mais à Dnipropetrovsk où se trouve aussi la résidence de l'oligarque milliardaire Ihor Kolomoïskyi qui était alors gouverneur et a financé différents bataillons de volontaires depuis le putsch de février 2014.

4. Le Globe and Mail rapportait le 8 décembre 2014 que « le Canada opère indépendamment de l'OTAN dans l'aide militaire additionnelle qu'il procure à l'Ukraine pour se défendre contre la Russie ». Steve Chase, « Canada to offer Ukraine military aid outside of NATO », Globe and Mail, 8 décembre 2014.

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Les collaborateurs nazis d'hier et
des bellicistes d'aujourd'hui veulent échapper
au verdict de l'histoire

La position de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland sur la collaboration de son grand-père avec les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale a ramené au premier plan une question très importante - celle du choix moral. Comme si les millions de personnes qui ont donné leur vie pour sauver l'humanité du fascisme et du nazisme n'étaient pas conscientes des sacrifices qui s'imposaient, un journaliste dit dans ses excuses éhontées de la conduite des collaborateurs nazis que dans une situation de guerre, il faut faire des choses indésirables pour survivre. Ce n'est rien d'autre qu'une ruse bien connue des impérialistes anglo-américains qui l'utilisent dans le cinéma et les oeuvres littéraires pour faire la promotion de la collaboration et détourner l'attention des actes héroïques des millions de personnes qui ont souffert, ont été blessées et tuées pour vaincre les nazis, les fascistes et les militaristes japonais. La résistance héroïque est ainsi éclipsée en faveur de la promotion des objectifs impérialistes anglo-américains.

Ce discours apologétique, entre autres, repose sur l'argument que Chomiak n'avait pas le choix moral de se soumettre aux nazis ou de refuser de le faire. Bien sûr, c'est précisément le point de litige. En faisant fi du contexte historique de ses actions et de celles des autres, les apologistes des collaborateurs nazis insinuent même que les nazis et les fascistes étaient les « bons » et les communistes les « méchants ». En fait, aujourd'hui, dans le climat politique actuel, quiconque dit le contraire et affirme que partout les communistes ont dirigé la lutte des peuples pour vaincre le fléau nazi est immédiatement qualifié d'espion russe et/ou d'ennemi de l'État ou de personne dont on doit se méfier parce qu'elle pourrait faire le jeu des « méchants ». C'est précisément ce que fait Chrystia Freeland quand elle fulmine contre les « fausses nouvelles » de la Russie.

Il y avait et il y a toujours un choix moral



Partisans en Europe pendant la Deuxième Guerre. En haut à gauche : détachement féminin de partisans russes, membres du Front antifasciste des femmes. En haut à droite : partisans juifs
du Bélarus. Bas à gauche : jeunes partisans yougoslaves. En bas à droite : unité de
partisans de Sydir Kovpak en Ukraine.

C'est par millions que les Ukrainiens, les Polonais et les travailleurs de toute l'Europe ont rejoint les forces antifascistes dirigées par l'Armée rouge et l'Union soviétique pendant la guerre. Ils ont sacrifié leur vie pour la paix, la liberté et la démocratie. La brutalité et le racisme du régime nazi et de sa guerre n'étaient pas une discussion de café polie. Le choix moral de résister ou de collaborer s'imposait au peuple, en particulier sur le Front de l'Est. Entre se joindre avec tant d'autres à l'alliance antifasciste pour la paix, la liberté et la démocratie ou collaborer avec l'agression nazie au nom d'idéaux élevés, Chomiak et d'autres ont choisi de collaborer avec les nazis. C'est dans le feu de la lutte que la question du choix moral a été réglée et qu'on a vu qui était de quel côté.

Tenir les nazis et leurs collaborateurs
responsables de leurs crimes contre l'humanité

À juste titre, le choix moral a été l'un des principes établis comme critère par les procès de Nuremberg pour juger ceux qui avaient commis des crimes de guerre pendant la guerre. Les excuses comme celle d'avoir « suivi les ordres » et l'absence de choix en raison de circonstances difficiles n'ont pas été acceptées par les juges à Nuremberg.

Faut-il croire que des journalistes canadiens de renom, sans parler des ministres et des députés qui prétendent être des défenseurs de la liberté et de la démocratie, ne connaissent pas les principes de Nuremberg ? On ne peut trop insister sur l'importance de ces principes, car les peuples les ont payés de leur sang.

La Cour de Nuremberg de 1945 était composée de représentants de tous ceux qui avaient combattu pour la liberté contre la tyrannie. Les travaux de ce tribunal reposaient sur des documents originaux pour la plupart saisis aux belligérants. L'authenticité de ces documents, qui révélaient les plans racistes et violents des agresseurs fascistes pour conquérir le monde par tous les moyens possibles, a été clairement établie. Le consensus atteint au cours de ces procès a jeté les bases de la création de l'Organisation des Nations unies, de la Convention de Genève, de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du mouvement syndical mondial.


« Accusation », Koukryniksy, partie d'une série de tableaux sur les procès de Nuremberg

Quels intérêts sont servis par la remise en cause du jugement et des principes historiques de Nuremberg et des institutions qui ont été créées par la victoire sur le fascisme, par le sang versé de millions de personnes ?[1] Quels intérêts sont servis par les spéculations sur les motifs de ceux qui ont combattu et qui sont morts pour vaincre l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon militariste, qui sèment le doute sur les communistes qui ont été toujours à l'avant-garde, dirigeaient et se sacrifiaient, et qui insinuent que des collaborateurs nazis « secondaires » ont collaboré au nom d'une cause supérieure ou bien parce que le choix moral à l'époque était trop difficile ? Le renversement du verdict de la Deuxième Guerre mondiale ne peut servir que les forces bellicistes, racistes et impérialistes déchaînées d'aujourd'hui dirigées par l'État militariste américain.

Comment un journaliste digne du nom peut-il ne pas savoir qu'un choix moral existait à la Deuxième Guerre et que beaucoup de Canadiens ont risqué leur vie pour combattre les nazis et leurs collaborateurs, les responsables de crimes odieux contre l'humanité ? Nous ne pouvons accepter le discours apologétique à la défense des collaborateurs nazis du passé et les pitreries de l'actuelle ministre des Affaires étrangères, qui ne sont rien d'autre que l'apologie d'une politique étrangère qui pousse à la guerre et à l'agression aujourd'hui et qui utilise actuellement l'alliance agressive de l'OTAN, dirigée par les États-Unis, qui, par un irrationalisme parfait, blâme la Russie pour tous les problèmes du monde.

Les Canadiens ne peuvent accepter ce discours apologétique à la défense des collaborateurs du passé ou d'aujourd'hui. Aucun défenseur de la paix, de la liberté et de la démocratie ne peut l'accepter. On demande aux Canadiens de renverser le verdict de l'histoire pour permettre aux impérialistes d'aujourd'hui de poursuivre leur politique agressive. Les Canadiens doivent à nouveau régler leurs comptes avec ceux qui chercheraient à embraser l'humanité, à la plonger dans les divisions racistes, l'agression, la guerre et l'occupation. Ils répondront à l'appel de l'histoire, établiront un gouvernement antiguerre et feront du Canada une zone de paix.

Les crimes contre l'humanité aujourd'hui

Le problème dans l'affaire Chrystia Freeland n'est pas son grand-père en soi, mais le fait qu'elle défend aujourd'hui la même cause que lui en son temps. Elle le fait de la même façon et est devenue ministre des Affaires étrangères d'un gouvernement qui nous entraîne vers des actes d'agression, la guerre et les crimes contre l'humanité. Ceux qui ont justifié leurs crimes contre l'humanité par le passé en disant qu'ils n'avaient pas le choix, moral ou non, sont semblables à ceux qui justifient dans le présent les crimes contre l'humanité, mais avec l'élément nouveau qu'ils ont fait un choix moral d'agir au nom d'idéaux élevés, comme ceux qui adhèrent à des doctrines contraires aux principes de Nuremberg, comme la « responsabilité de protéger » et la « conviction responsable ».

Le fait historique demeure que les Canadiens se sont joints à la lutte antifasciste dans le passé et ont donné leur vie pour la paix, la liberté et la démocratie et ils l'ont fait avec conviction. La même opposition à la guerre impérialiste se développe aujourd'hui. L'élite impérialiste a peur de ce développement au sein du corps politique canadien et fait tout en son pouvoir dans les médias pour donner de la légitimité aux actions des bellicistes comme le gouvernement Trudeau et celles des autres membres de l'alliance agressive de l'OTAN qui sont à l'origine de l'hystérie guerrière actuelle contre la Russie. Les médias voient des pirates informatiques russes partout. Pour eux, ce sont les Russes qui incitent ceux qui aujourd'hui hissent le drapeau de la paix, de la liberté et de la démocratie. Ils justifient crûment les agissements des pirates de la CIA, les énormes augmentations des budgets militaires déjà pléthoriques, l'occupation de l'Europe orientale par l'OTAN, l'encerclement de la Russie et les fournitures d'armes aux néonazis ukrainiens et à l'Arabie saoudite et invitent l'armée et les espions américains en sol canadien — tout cela au nom d'idéaux élevés.

Chrystia Freeland doit être démise de son poste de ministre des Affaires étrangères, non pas à cause de ce que son grand-père a fait mais parce qu'elle en a pris le relais en cherchant à sauver les nazis et leur cause en Ukraine et qu'elle blâme la Russie pour tout ce qu'elle, ses associés et collaborateurs font. Même maintenant, alors que la vérité irréfutable sur son grand-père a été portée à l'attention du public, elle a eu l'impudence de déclarer que cette information faisait partie des « fausses nouvelles » russes.

Cette désinformation sur les fausses nouvelles et l'entrave aux institutions démocratiques est devenue l'arme de choix du gouvernement de Trudeau, du gouvernement de Trump et de leur suite dans les médias et les universités. Comme si la surveillance et la perturbation par les agences de renseignement était quelque chose de complètement inconnu jusqu'à aujourd'hui, ils sont devenus les théoriciens par excellence de la conspiration au sujet du piratage informatique russe et de la CIA et de la perturbation de nos « institutions démocratiques ». Ainsi, ils établissent des gouvernements de pouvoirs de police, justifient la criminalisation de la conscience et la privation du droit de parole et barrent la voie du progrès de la société. Le gouvernement Trudeau a même abandonné son programme de réformes électorales et l'a transformé en un programme d'espionnage des Canadiens pour éliminer les pirates informatiques russes et la perturbation russe de nos institutions démocratiques !


  À gauche : soldats des Premières Nations de Moose Factory.
À droite : soldats canadiens-chinois.

Les actes héroïques des Canadiens pendant la Deuxième Guerre mondiale sont la preuve éclatante du choix moral que les Canadiens ont fait. Ils ont choisi de s'opposer aux collaborateurs des pouvoirs de police hitlériens dans le passé et aujourd'hui ils s'opposent aux alliés et aux collaborateurs des pouvoirs de police impérialistes.

Pourquoi quiconque s'opposait aux hitlériens et à leurs collaborateurs dans le passé les appuierait-il aujourd'hui ? L'élite dominante et les médias du Canada pensent que la désinformation sur la définition de la liberté, de la démocratie et de la paix déroutera les Canadiens et les incitera à soutenir les bellicistes et les apologistes des crimes contre l'humanité d'aujourd'hui. Mais cette fausse croyance idéologique est en train de se retourner contre eux.

Les Canadiens cherchent à établir un gouvernement antiguerre afin que ceux qui professent des choix moraux inacceptables et sont inaptes à gouverner soient remplacés par ceux dont les choix moraux sont acceptables et qui sont, en conséquence, aptes à gouverner.

Note

1. Les procès de Nuremberg

La Cour de Nuremberg (connue sous le nom de Tribunal militaire International) s'est réunie le 20 novembre 1945, à Nuremberg, en Allemagne, pour juger plus de 20 hauts fonctionnaires nazis, dont quatre membres du haut commandement des Forces armées. Le procès a duré près de onze mois et le verdict a été rendu le 1er octobre 1946. Les équipes juridiques de chacune des quatre nations alliées, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Union soviétique et la France, avaient la responsabilité partagée pour la poursuite.

Le procureur général des États-Unis, Robert H. Jackson, juge à la Cour suprême des États-Unis, a fait la déclaration d'ouverture au procès de Nuremberg :

« Le privilège d'ouvrir la première audience du procès des crimes contre la paix mondiale entraîne une lourde responsabilité. Les méfaits que nous avons à condamner et à punir font preuve d'une telle vilenie et ont été si nuisibles que la civilisation ne pouvait se permettre de passer outre, parce qu'elle ne pourrait continuer à exister si jamais ils devaient se répéter. Que quatre grandes nations victorieuses mais lésées n'exercent point de vengeance envers leurs ennemis prisonniers, c'est là un des tributs les plus importants qu'une puissance ait jamais payé à la raison. »

Dans sa plaidoirie finale, le procureur Jackson a déclaré :

« Ce procès fait partie du grand effort pour renforcer la paix. Il constitue un acte juridique qui assure que ceux qui commencent une guerre vont le payer personnellement. Nuremberg est un avertissement à tous ceux qui planifient et mènent une guerre d'agression. »

L'accusation a divisé l'acte d'accusation en quatre chefs d'accusation qui reposaient sur des preuves irréfutables :

Chef 1 : Conspiration pour mener une guerre d'agression - poursuivi par les États-Unis

Chef 2 : Crimes contre la paix - poursuivis par la Grande-Bretagne

Chef 3 : Crimes de guerre - poursuivis conjointement par l'URSS et la France

Chef 4 : Crimes contre l'humanité - poursuivis conjointement par l'URSS et la France

Les principes de Nuremberg

Le 21 novembre 1947, un an après la fin du premier procès de Nuremberg (TMI), l'Organisation des Nations unies a adopté la résolution 177 de l'Assemblée générale afin de codifier les « principes de Nuremberg ».

177 (II). Formulation des principes reconnus par le Statut de la Cour de Nuremberg et dans l'arrêt de cette Cour

L'Assemblée générale décide de confier la formulation des principes de droit international reconnus par le Statut de la Cour de Nuremberg et dans l'arrêt de cette Cour à la Commission du droit international, dont les membres seront, conformément à la résolution 174 (II), élus à la prochaine session de l'Assemblée générale, et

Charge cette Commission de :

a) formuler les principes de droit international reconnus par le Statut de la Cour de Nuremberg et dans l'arrêt de cette Cour, et

b) Préparer un projet de code des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, indiquant clairement la place qu'il convient d'accorder aux principes mentionnés au sous-paragraphe a) ci-dessus.

Pour remplir ce mandat, la Commission du droit international (créée en vertu de la résolution 174 de l'ONU) a dûment codifié sept principes énumérés ci-dessous et les a adoptés le 29 juillet 1950.

Les principes de Nuremberg sont :

Principe I : Tout auteur d'un acte qui constitue un crime de droit international est responsable de ce chef et passible de châtiment.

Principe II : Le fait que le droit interne ne punit pas un acte qui constitue un crime de droit international ne dégage pas la responsabilité en droit international de celui qui l'a commis.

Principe III : Le fait que l'auteur d'un acte qui constitue un crime de droit international a agi en qualité de chef d'État ou de gouvernant ne dégage pas sa responsabilité en droit international.

Principe IV : Le fait d'avoir agi sur l'ordre de son gouvernement ou celui d'un supérieur hiérarchique ne dégage pas la responsabilité de l'auteur en droit international, s'il a eu moralement la faculté de choisir.

Principe V : Toute personne accusée d'un crime de droit international a droit à un procès équitable, tant en ce qui concerne les faits qu'en ce qui concerne le droit.

Principe VI : Les crimes énumérés ci-après sont punis en tant que crimes de droit international :

a. Crimes contre la paix,
b. Crimes de guerre,
c. Crimes contre l'humanité.

Principe VII : La complicité d'un crime contre la paix, d'un crime de guerre ou d'un crime contre l'humanité, tels qu'ils sont définis dans le principe VI, est un crime de droit international.

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Honteux équivoques des collaborateurs d'aujourd'hui


Des partisans antifascistes ukrainiens, 1943

Les révélations à propos de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, qui a dissimulé la collaboration de son grand-père avec les nazis pendant la guerre en Pologne et en Autriche, ont mené de nombreux experts du monde médiatique canadien à se faire les apologistes éhontés de l'occupation nazie fasciste de l'Europe et de ses collaborateurs pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Dans leur empressement à exonérer la ministre qui a menti à propos de son passé familial et qui a pendant de nombreuses années présenté son grand-père collaborateur nazi, Michael Chomiak, comme « une victime du communisme » et de l'agression russe, certains sont allés jusqu'à présenter les actions de Chomiak et d'autres participants au génocide des juifs européens et à d'innommables atrocités comme étant moralement acceptables ou comme un choix qui se justifie dans une situation difficile. D'autres affirment qu'en ces temps de paix relative, on ne doit pas porter de jugement sur ceux qui ont décidé, pour une raison ou une autre, d'aider à l'asservissement de l'Europe au fascisme.

Ces collaborateurs modernes, comme ceux du passé, ont fait leur lit avec une élite dirigeante impérialiste qui requiert d'une certaine intelligentsia et des médias officiels une justification incessante de leurs actions irresponsables. Ils adhèrent à la croyance qu'on peut en toute légitimité gagner sa vie à satisfaire ce besoin. Se rebeller contre cela serait sacrifier sa carrière et perdre ses privilèges. Cette diffamation professionnelle a maintenant conduit bon nombre des « lumières » du journalisme canadien et du discours politique officiel à user de faux-fuyants sur la moralité de la collaboration nazie, tout comme leurs collègues l'ont fait pendant la Deuxième Guerre mondiale.

On a observé à l'époque que l'élite et les plus proches des riches et puissants ont été les plus susceptibles de collaborer. À titre d'exemple, la riche styliste et femme d'affaires française Coco Chanel a profité de l'occupation allemande de la France en 1941 pour demander aux autorités nazies de retirer les directeurs juifs de sa compagnie de parfums et de lui accorder le contrôle complet. Les documents d'archives ont plus tard démontré que, pour préserver ses privilèges et son mode de vie, Coco Chanel a travaillé directement pour les services secrets allemands.[1]

Des membres bien en vue de l'élite dominante d'Europe et leurs suites avaient comme préoccupation première de défendre la richesse, le privilège et la propriété privée contre les revendications de la classe ouvrière, incarnées par l'Union soviétique voisine, qui montrait au monde qu'il était possible d'avoir un projet d'édification nationale moderne et démocratique, hors du contrôle de l'impérialisme et du capital financier. Le concept hitlérien de « judéo-bolchevisme » qui blâme les juifs pour le succès de la révolution en Russie, ainsi que pour la force et le prestige croissants des partis communistes et ouvriers, visait en partie l'expropriation pour le gain personnel. Dans ce contexte, ceux de l'élite tels que Raoul Wallenberg et Oskar Schindler qui ont été complices complaisants des nazis et qui ont partagé leurs objectifs tout en s'arrangeant pour protéger certains individus, sont salués comme exemplaires.[2]


Tableau dépeignant la résistance à Kiev sous occupation nazie, 1942
(V. Puzirkov)

Les travailleurs, eux, ont été et demeurent les plus susceptibles de se joindre à la résistance au nazi-fascisme et à l'impérialisme. Ils ont organisé un nombre incalculable d'actions collectives et individuelles, souvent au sacrifice de leur vie, sachant que tous les efforts pour mettre fin au génocide fasciste contribueraient à assurer un avenir pour leurs enfants et leur pays. Ils ont rendu une aide incalculable aux armées de l'alliance antifasciste, en particulier à l'Armée rouge qui a joué le plus grand rôle dans la libération de l'Europe.[3]

Dans les pays sous occupation nazie, les travailleurs se sont organisés en unités partisanes pour opérer derrière les lignes ennemies. En Ukraine, pendant les années d'occupation à partir de 1941, les partisans ont éliminé 464 682 soldats et collaborateurs nazis, détruit 4 958 trains, 1 566 chars et blindés, 13 535 automobiles et 2 220 ponts et mis hors service 5 294 locomotives à vapeur et 51 981 wagons. Parallèlement au devoir militaire, les partisans ont mené un travail politique parmi la population, notamment en organisant la résistance aux tentatives des nazis d'utiliser les Ukrainiens comme main-d'oeuvre esclave pour les monopoles allemands. En 1944, 47 800 Ukrainiens étaient regroupés dans des unités partisanes antifascistes.[5]


Les partisans marchent dans les rues de Kiev en 1943.


Au péril de leur vie, le 6 novembre 1942 des membres de la Jeune Garde hissent le drapeau rouge sur les plus hauts immeubles de Krasnodon sous occupation nazie pour célébrer le 25e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'octobre. 

Parmi eux, Oleg Koshevo (âge de 16 ans) et Ivan Tourkénitch (âgé de 20 ans) ont regroupé plus de 100 étudiants, jeunes travailleurs et travailleuses antinazis dans une organisation partisane appelée La Jeune Garde (Molodaya gvardiya) dans la ville de Krasnodon, en Ukraine.[6] Parmi les exploits de ces jeunes gens on compte la libération de 70 prisonniers d'un camp de concentration le 15 novembre 1942, la soustraction de 2000 Ukrainiens à la déportation vers l'Allemagne en tant que travailleurs esclaves le 6 décembre 1942 en brûlant les listes par un incendie à l'agence de placement allemande à Krasnodon, la destruction de véhicules automobiles, de munitions et de carburants ainsi que diverses actions politiques, y compris hisser le drapeau de l'Union soviétique sur les plus hauts bâtiments de Krasnodon les 6 et 7 novembre 1942 pour commémorer le 25e anniversaire de l'Union soviétique.

En janvier 1943, tous sauf 11 membres de La Jeune Garde ont été capturés. Tous ont été torturés et exécutés. Ouliana Gromova, âgée de 19 ans, connue pour ses efforts pour exhorter la population à désobéir aux ordres ennemis et à perturber l'occupation, a été brutalement battue et agressée. Elle et d'autres jeunes gardes ont été exécutés le 16 janvier 1943 et leurs corps jetés dans un puits de mine de 58 mètres de profondeur à Krasnodon. Les autres membres ont été exécutés le 9 février 1943. Krasnodon fut libérée par l'Armée rouge cinq jours plus tard, le 14 février 1943.[8]

Les Jeunes Gardes avaient fait le serment de « venger sans pitié l'incendie et la destruction de nos villes et villages, le sang de notre peuple ». « Et si ma vie est requise pour les venger, je sacrifierai ma vie sans hésitation ... Si, sous la torture ou par lâcheté, je viole ce serment sacré, que mon nom et celui de mes proches soient maudits pour toujours et qu'une sévère punition me soit infligée par mes camarades. Sang pour le sang, mort pour la mort ! »

Pendant que ces jeunes adolescents étaient torturés à mort dans l'Ukraine occupée par les nazis, Michael Chomiak, le grand-père de la ministre des Affaires étrangères du Canada, assistait à des dîners en Pologne avec des officiers nazis et avec Emil Gassner, le chef du service de presse du gouvernement général allemand, l'agence administrative chargée de la Pologne et de l'Ukraine de l'Ouest occupées par les nazis. Pendant que les Ukrainiens étaient rassemblés comme travailleurs esclaves et préféraient la mort à la tyrannie, Chomiak publiait un journal louant Hitler comme un libérateur et diffusait de la propagande contre les Juifs polonais et ukrainiens et les Russes pendant même qu'ils étaient envoyés à leur mort. Le fait demeure que le sacrifice de ceux qui se sont joints au front uni et à la résistance au fascisme hitlérien a énormément contribué à la victoire de la lutte antifasciste. Leurs exploits furent héroïques. Ceux qui se disent journalistes ou intellectuels au Canada doivent rendre compte de ces faits quand qu'ils ont l'audace de dire que Chomiak n'a fait que défendre l'Ukraine et la culture ukrainienne dans un contexte difficile.

La défense de Nuremberg

Une prémisse principale de ceux qui défendent aujourd'hui les actions de Chomiak, le grand-père de Chrystia Freeland, en tant que rédacteur en chef d'un journal nazi antisémite et anticommuniste à Cracovie, volé à l'éditeur juif Moishe Kanfer, qui fut tué plus tard dans le camp de concentration de Belzec, est ce qu'on appelle la « défense de Nuremberg ». Les procès de Nuremberg de 1945 à 1946 ont établi que la défense qui consiste à dire « je n'ai fait que suivre les ordres » n'a pas été une défense acceptable pour justifier la complicité avec les crimes de guerre. Le Principe 4 de Nuremberg stipule : « Le fait d'avoir agi sur l'ordre de son gouvernement ou celui d'un supérieur hiérarchique ne dégage pas la responsabilité de l'auteur en droit international, s'il a eu moralement la faculté de choisir. »

Par exemple, Terry Glavin, de Postmedia, écrit le 8 mars : « Le journal Krakivs'ki Visti a été la seule planche de salut intellectuelle laissée aux gens de l'Ukraine démembrée à l'époque et le grand-père de Freeland, le journaliste Michael Chomiak, n'avait aucun contrôle sur le charabia nazi, qu'il était obligé d'imprimer en tant que rédacteur en chef du journal. » D'abord, dire que la propagande nazie n'était que du « charabia » est on ne peut plus irresponsable. En fait, le Krakivs'ki Visti n'a jamais été distribué dans l'Ukraine occupée par l'Allemagne ; il était distribué à Cracovie, en Pologne, et à Vienne, en Autriche, sous occupation allemande et comme moyen d'endoctrinement pronazi des travailleurs esclaves ukrainiens en Allemagne. Le but était de les endoctriner et de les dissuader de résister. La culture et la littérature ukrainiennes ont continué de s'épanouir dans la République socialiste soviétique d'Ukraine, sauf dans les territoires occupés par les nazis entre 1941 et 1945.[9] La prétention de Glavin que la collaboration avec les nazis était le seul choix moral pour Michael Chomiak a été rejetée avec mépris par les Procès de Nuremberg. Et c'est calomnier les dizaines de millions de personnes qui ont choisi de donner leur vie pour la cause de la paix et la liberté.

Paul Wells écrit le 10 mars dans le Toronto Star  : « Il n'y a aucune preuve que Chomiak ait écrit une seule de ces diatribes anti-juives » dans le journal et que « si Chomiak était encore vivant à la fin de la guerre, c'est parce qu'il a mis beaucoup d'efforts à demeurer du bon côté des meurtriers qui ont occupé l'Ukraine et la Pologne pour la durée de la guerre. Tout le monde le faisait. Tout le monde était obligé de le faire. »

Justin Ling, de VICE News, écrit le 6 mars que « certains de ces articles [dans Krakivs'ki Visti qui cherchaient à déshumaniser la population juive] étaient exigés par les Allemands, selon des archives de correspondance des rédacteurs du journal ». Ling se défend en disant que ce matériel antisémite consistait dans bien des cas à accuser les « bolcheviks russes » d'être « majoritairement juifs » et il répète le mensonge hitlérien de Goebbels selon qui les « bolcheviks russes » ont été les auteurs de massacres d'Ukrainiens pour le justifier.

Le raisonnement de Ling n'est pas très différent de celui du provocateur Gavin McInnes du site réactionnaire Rebel Media qui, dans une vidéo diffusée le 11 mars, répète la fraude hitlérienne du génocide de l'« Holodomor », un prétendu massacre d'Ukrainiens fabriqué de toute pièce par les propagandistes nazis parallèlement à la propagande à propos du « judéo-bolchevisme » utilisée pour justifier l'Holocauste. « Je crois que dans l'Holodomor, ce sont dix millions d'Ukrainiens qui ont été tués. Ils ont été tués par des juifs. Ils ont été tués par des marxistes, des staliniens, des gauchistes, des communistes, des socialistes, des juifs », écrit McInnes.

Paula Simons va plus loin dans son article du 8 mars paru dans le Edmonton Journal. Elle affirme que non seulement n'y avait-il pas de choix moral, mais que les actions des collaborateurs ne peuvent pas être jugées aujourd'hui. « Du point de vue du Canada de 2017, il est facile de condamner les choix de Chomiak. Dans une zone de guerre, coincé entre Hitler et Staline, les choses n'ont pas été si simples. » Heureusement, les collaborateurs ont été jugés selon le verdict antifasciste de la Deuxième Guerre mondiale et non par les experts sans principes qui déplacent ciel et terre pour trouver des arguments afin de renverser ce verdict. Les collaborateurs de l'élite dirigeante sont sortis de la guerre antifasciste discrédités et ce sont les peuples qui se sont avérés être les plus honorables.

Aujourd'hui, l'élite dirigeante au Canada a été intégrée aux visées et aux plans de guerre de l'impérialisme américain pour dominer l'Europe et contrôler l'Asie. Dans ce contexte, la Russie est devenue un ennemi principal et les mesures proposées par les impérialistes sont basées sur le renforcement des pouvoirs de police à utiliser contre toute personne ciblée.

Des troupes canadiennes sont déployées en Ukraine pour soutenir l'armée et les milices fascistes contre les « séparatistes » et les « sympathisants russes ». Les troupes canadiennes seront envoyées en juin en Lettonie, où des centaines de milliers de personnes déclarées « ethniquement russes » se voient refuser le droit de vote et le droit de participer à la vie civique, tout cela sous l'enseigne de la lutte contre les cyber-attaques russes et généralement pour masser des troupes le long des frontières avec la Russie. On demande aux Canadiens de s'attendre à une militarisation accrue telle qu'exigée par les États-Unis, y compris l'augmentation des dépenses de guerre et l'installation de missiles américains au Canada. Les Canadiens continuent de faire entendre de toutes les façons possibles leur opposition à ce que les forces armées canadiennes participent à une action militaire étrangère agressive.

Pour transformer cette opposition à la guerre impérialiste en une puissante force organisée, il faut reprendre l'appel Non c'est non ! dans l'esprit de ceux qui se sont organisés pour vaincre la menace fasciste en Europe et en Asie durant la Deuxième Guerre mondiale. Les peuples se sont battus pour sauvegarder cette victoire en établissant des arrangements qui ne permettraient pas de violer la paix et par lesquels ils pourraient rendre les dirigeants redevables de leurs actions. En même temps, les agences de renseignement des États anglo-américains et de l'OTAN ont fait tout en leur pouvoir pour s'assurer que ce ne soit pas le cas en utilisant les méthodes et les agents fascistes du passé. Il n'y a pas de problème plus important pour les Canadiens aujourd'hui que de trouver les moyens d'arrêter le bras des fauteurs de guerre et d'éviter d'autres tragédies comme celles qui ont fait du mot « collaborateur nazi » l'un des termes des plus détestés par les travailleurs du monde.

Notes

1. Hal Vaughan, Sleeping with the Enemy : Coco Chanel's Secret War. Vintage, 2011.

2. « Pourquoi le Canada célèbre-t-il la Journée Raoul Wallenberg ? Pourquoi Raoul Wallenberg ? Qui était-il ? Qu'a-t-il fait ? », Pauline Easton et Dougal MacDonald,  LML, 11 février 2015

3. Voir « 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme en Europe », Supplément du LML, 12 mai 2015

4. « Partisan Movement in the Great Patriotic War of 1941-45 », Great Soviet Encylopedia, 3rd edition (1979).

Dans le mouvement des partisans, les communistes se sont vus confier le rôle dirigeant dans la lutte de résistance immédiatement après le début de la guerre. Une résolution du parti communiste uni (bolchévique) en date du 18 juillet 1941 exige « que tous les dirigeants des organisations du Parti communiste de l'Union soviétique (bolchévique) dirigent personnellement toute la lutte contre l'arrière-garde des troupes allemandes de façon à inspirer par leur exemple personnel, la bravoure et le sacrifice de soi... »

5. « Soviet partisans in Ukraine, 1941-5 », Encyclopedia of Ukraine, vol. 5 (1993)

6. Oleg Koshevoy et Ivan Turkenich Molodaya gvardiya

7. Molodaya gvardiya

8. Juliana Gromova, Molodaya gvardiya

9. La grande destruction des monuments et institutions culturels d'Ukraine durant l'occupation allemande, en plus des pertes humaines immenses qu'elle a entraînées, est incluse dans la section « Crimes de guerre nazis en Ukraine » de l'Encyclopedia of Ukraine, ce que Galvin et consorts voudraient faire oublier. « Les pertes encourues par l'Académie des sciences de la RSS d'Ukraine représentent à elles seules 126 millions de roubles. Les Allemands ont détruit 116 institutions d'enseignement supérieur et 8104 écoles (et partiellement détruit 10 052 autres écoles). De nombreuses oeuvres architecturales ont été détruites et 151 musées et expositions ont été pillés ou endommagés au-delà de tout recouvrement. Plus de 50 millions de livres ont été brûlés ou volés ; 634 imprimeries (77 % de l'ensemble de la RSS d'Ukraine) ont été ruinées ; plus de 200 théâtres ont été détruits. Dans leur retraite d'Ukraine, les Allemands ont adopté la politique de la terre brûlée et détruit tout ce qui pouvait être utile à l'ennemi. »

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La conception inacceptable du «Canada, terre d'accueil»

Les libéraux vont de l'avant avec leur méprisable monument anticommuniste


Beaucoup de Canadiens raillent le projet de monument et rejettent la falsification de l'histoire et l'offensive antisociale du gouvernement conservateur, reprises aujourd'hui par le gouvernement Trudeau. À gauche : rassemblement sur la colline du Parlement le
19 septembre 2015 ; à droite : même le National Post critique le monument et le qualifie
de laid, de gaspillage d'argent et d'intimidation politique, en mars 2015.

Le gouvernement Trudeau va de l'avant avec le plan d'ériger un monument anticommuniste à Ottawa. Il le fait malgré l'opposition exprimée par des Canadiens de tous les milieux. Les plus en vue parmi ceux qui soutiennent le projet de monument semblent avoir intérêt à ressusciter les nazis et les collaborateurs des nazis qui auraient été « victimes du communisme ». C'est méprisable que le gouvernement du Canada lui donne le soutien officiel du Canada et c'est aussi inacceptable.


Les ministres du cabinet conservateur Chris Alexander (deuxième rangée, deuxième à partir de la droite) et Jason Kenney
(première rangée, à droite) lors de la cérémonie d'engagement de fonds publics en appui au monument anticommuniste de
Tribute to Liberty

Le projet fait l'objet de beaucoup d'opposition depuis qu'il a été proposé en 2009 par le premier ministre Stephen Harper, son ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme Jason Kenney et l'organisme privé appelé « Tribute to Liberty ». Les liens de Tribute to Liberty avec des collaborateurs lettons des nazis et sa haine des communistes et des juifs sont vérifiables. Si le gouvernement était franc au sujet la définition que donne Tribute to Liberty de « victimes du communisme », il mettrait fin à ce projet méprisable. Tout ce projet repose sur la définition hitlérienne du communisme comme ennemi principal de l'humanité qui doit être détruit. C'était la prémisse des hitlériens en Allemagne et de leur alliance avec l'Italie fasciste et le Japon militariste, qui a pris le nom officiel de Pacte anti-Komintern.[1]

Cette position extrémiste a été ajustée à différents moments, que ce soit par l'ajout de « Canada terre d'accueil » à la fin de « Monument commémoratif aux victimes du communisme » ou la volonté de courte durée de la Commission de la capitale nationale de mettre le mot « totalitaire » après « communisme » pour prétendre que le monument ne stigmatise pas une idéologie particulière qui n'est pas illégale au Canada. Conscient de l'opposition publique au projet, le Parti libéral a déclaré que le monument ne serait pas bâti sur le terrain vacant situé en face de la Cour suprême du Canada et qu'il ne recevrait pas de fonds publics. Il a ensuite décidé que le monument serait érigé sur le site proposé initialement par la Commission de la capitale nationale et déclaré qu'il limitait l'injection de fonds publics à 2 millions $, ce qui est 2 millions $ de trop comme l'ont fait valoir le PCC(M-L) et d'autres avec lui.[2]

Le concept de « Canada, terre d'accueil »

Le concept de « Canada, terre d'accueil », lorsqu'appliqué au monument anticommuniste, repose sur de fausses affirmations, à savoir que « des millions de Canadiens ont été touchés par le communisme » et que des millions de personnes sont venues au Canada pour fuir l'injustice et la persécution « par les communistes ». En dépit de tous les efforts qui sont faits pour donner au projet une apparence raisonnable, le dévoilement le 2 mars des modèles de cinq finalistes confirme que les libéraux épousent les mêmes opinions extrémistes et la même conception inacceptable du « Canada, terre d'accueil » que Tribute to Liberty et ses commanditaires. Les modèles proposés du monument font explicitement la promotion de la définition hitlérienne ou de la définition anticommuniste donnée par la Guerre froide de « victimes du communisme ». Cette définition ne s'intéresse pas aux combattants pour la liberté durant la Deuxième Guerre mondiale ni aux véritables agresseurs et auteurs de génocide.

Les modèles proposés comprennent des descriptions tordues et prétentieuses comme « la noirceur du communisme et la lumière de la liberté qu'est le Canada », « l'immensité de la souffrance des individus aux mains des régimes communistes » et les affirmations sans fondement des apologistes fascistes à propos des « cent millions de morts attribuées au communisme à l'échelle mondiale ». Comme si les hitlériens, les fascistes et les militaristes japonais étaient des communistes et comme si c'était les communistes qui avaient réduit la Corée en cendres pendant la Guerre de Corée ou envahi le Vietnam ou établi une dictature militaire de 40 ans en Grèce, ou l'apartheid en Afrique du Sud, ou promu Pinochet et lancé l'opération Condor en Amérique latine et dans les Caraïbes ou encore perpétré les massacres des peuples de l'Inde lorsque l'Inde a été divisée entre l'Inde et le Pakistan. Et la liste continue.

Un des designs proposés comprend une statue de Lénine figée en un angle comme si elle venait d'être renversée. Cela rappelle le démantèlement et la destruction en cours des statues et des monuments en Europe de l'Est qui honorent la contribution des peuples de l'Union soviétique, des combattants de la résistance et de l'Armée rouge à la libération de l'Europe du fascisme nazi. Une attaque similaire à la mémoire de la guerre antifasciste se voit dans les parades des anciens Waffen SS en Lettonie et dans d'autres pays.



Rassemblement à Riga en Lettonie pour dénoncer la marche annuelle pour réhabiliter les membres lettons des Waffen SS nazis le 16 mars 2017

Parmi les affirmations les plus communes que font le gouvernement et les médias en appui au projet du monument commémoratif, on retrouve l'affirmation de Tribute to Liberty à l'effet que « plus de 8 millions de Canadiens sont les descendants de quelqu'un qui a fui ou a été obligé de quitter un régime communiste pour diverses raisons ». Le gouvernement Trudeau s'empresse d'accommoder ces fausses croyances idéologiques. La vérité est que la plus grande migration des Ukrainiens vers le Canada s'est produite entre 1891 et 1914, soit 170 000 personnes.[3] De 1924 à 1939, les quelque 70 000 Ukrainiens qui ont immigré au Canada provenaient de Pologne et de Roumanie, dont les gouvernements étaient farouchement antisoviétiques et anticommunistes. La réinstallation des Ukrainiens au Canada suite à la Deuxième Guerre mondiale a été la plus petite, 34 000 personnes, et le Canada a connu une nouvelle vague de migration ukrainienne suite à l'effondrement de l'Union soviétique.[4] Décrire tous les Canadiens d'origine ukrainienne, une communauté qui a toujours été un contingent de la classe ouvrière canadienne combattant pour ses droits, y compris dans le mouvement ouvrier et communiste, comme des « victimes du communisme » est inacceptable.

Cette conception masque le fait que c'est l'État canadien qui a été responsable des attaques contre les sections du peuple défendant leurs droits, dont les Canadiens ukrainiens et d'autres immigrants.[5]


6e Congrès de l'Association du temple ukrainien travailleur agriculteur (ULFTA), au Temple
du travail ukrainien, du 26 au 28 janvier 1925. En 1940, le gouvernement canadien a banni
l'ULFTA, a saisi ses actifs et les a donnés à la Fédération nationale ukrainienne profasciste.

Une nouvelle ronde de consultations douteuses

Créant la fausse impression que la seule question qui reste à décider est le design du monument, Patrimoine Canada a lancé un concours de design et les propositions finales ont été présentées au public le 2 mars. Patrimoine Canada demande l'opinion du public une fois de plus.

On lit sur le site web du gouvernement : « En février 2016, le gouvernement du Canada a demandé l'avis des Canadiens sur des aspects du design du Monument commémoratif. Nous vous invitons maintenant à partager vos opinions sur les concepts de design proposés par l'équipe finaliste. »

La référence au questionnaire de février 2016 est totalement hypocrite. Les questions étaient limitées de sorte à restreindre la discussion aux concepts de design et les gens n'ont eu aucune possibilité d'exprimer leurs opinions sur le projet comme tel. Cela n'a pas empêché plusieurs personnes de soulever de sérieuses questions en ce qui concerne l'objectif d'un tel monument et plusieurs ont demandé que le projet soit annulé. Certains ont aussi suggéré qu'un autre type de monument soit érigé et se sont opposés à l'utilisation de fonds publics pour ce projet.

Voici les réponses à la question numéro 4 du questionnaire avec lequel on a tenté en vain de limiter les commentaires à la question du design.

Question 4. Avez-vous des idées ou des réflexions à faire au sujet du design du monument aux victimes du communisme?

  Nombre de fois où un sujet a été mentionné
Suggestion concernant le nom ou le thème du monument
168
Préoccupations concernant la raison d’être du monument
144
Formulation d’une demande pour que le projet de monument soit annulé
139
Commentaires à propos de la conception du monument
96
Proposition visant la construction d’un autre type de monument
91
Préoccupations concernant l’utilisation de fonds fédéraux pour le monument
88
Commentaires à propos de la taille du monument
53
Commentaires à propos de l’emplacement du monument
51
Autres
37
Soutien exprimé à l’égard du monument
25
Préoccupations concernant le sondage lui-même
9
Total 504 répondants
901

Le fait de tirer des conclusions à partir de réponses de 504 personnes ayant soumis 901 opinions, sur une population adulte de près de 20 millions de Canadiens, montre le caractère frauduleux du processus de consultation qu'a organisé le gouvernement Trudeau pour imposer ses visées. Bien que seul un petit nombre de gens y aient participé, le gouvernement a déclaré dans un communiqué de presse que « les Canadiens veulent un monument à échelle humaine qui reflète les valeurs canadiennes fondamentales ».

Le nouveau questionnaire sur les propositions de design annoncé par Patrimoine Canada est une nouvelle insulte aux Canadiens dont les opinions ont été systématiquement ignorées.

Par exemple, on lit ce qui suit au premier item du questionnaire :

« Prenant en considération la vision du Monument commémoratif, entrez jusqu'à trois adjectifs qui expriment votre impression de chaque design. Vous pouvez entrer un seul mot dans chaque casier. »

Ce n'est pas si facile de répondre à cette question par un seul mot. De combien de façons peut-on dire « inacceptable » ? Détestable, inapproprié, inadmissible, répréhensible, offensant, répugnant, indésirable, ou toutes ces réponses !

Le reste du « questionnaire » est tout aussi ridicule et empêche les gens de donner leur point de vue. Voilà un autre exemple de ce que le gouvernement Trudeau veut dire quand il parle de l'« importance de consulter les Canadiens ».[6] Huit ans plus tard, et après une série de rejets de sites et de designs, le gouvernement Trudeau pense toujours s'en tirer et ériger ce monument méprisable. Ce projet, qui repose sur les vieilles définitions intéressées de la Guerre froide, est une attaque contre le mouvement des Canadiens et des peuples du monde pour la liberté, la démocratie et la paix pour lequel ils ont tant sacrifié lors de la Deuxième Guerre mondiale, l'Union soviétique étant celle qui a consenti les plus grands sacrifices.

Les designs qui sont en montre dans le communiqué du 2 mars reflètent l'effort désespéré des architectes de présenter des faussetés historiques et des positions extrémistes et de les rendre acceptables. Il n'est pas surprenant que pas une de ces propositions ne fasse quelque contribution que ce soit à l'élévation de la conscience et de la culture des Canadiens.

Il est clair que le gouvernement libéral a recours une fois de plus à des consultations frauduleuses pour imposer son irrationalité et son projet détestable.

Comme l'écrivait le Marxiste-Léniniste dans un rapport sur le sondage de l'année dernière : « La cause à laquelle ce monument est dédié est fausse et indigne du Canada parce que jamais les Canadiens n'ont donné leur vie dans les guerres pour défendre les définitions de liberté, de démocratie et de droits humains des nazis. En continuant d'insister pour que ce monument soit construit et en recourant à des méthodes frauduleuses pour déclarer qu'il a un appui populaire, les libéraux ne font qu'exposer leurs manoeuvres pronazies. » [7]

Notes

1. « Rappel historique - Le prétexte d'Hitler : sauver le monde du communisme », Le Marxiste-Léniniste, Numéro 128, 24 août 2013

2. Le rapport d'impôt de 2016 de Tribute to Liberty en tant qu'organisation caritative enregistrée à l'Agence du revenu du Canada déclare, comme ce fut le cas les années précédentes, que l'organisme « n'a pas mené d'activités politiques pendant l'année fiscale... » Un article du numéro du 19 mars 2015 du Globe and Mail mentionnait pourtant :

« Un examen des rapports d'impôt de Tribute to Liberty à l'ARC dévoile une claire intention de mener des activités politiques. Lorsqu'on lui a demandé s'il entendait s'engager dans des activités politiques quand l'organisme a demandé un statut d'organisme caritatif en 2009, celui-ci a répondu 'oui '. Il a dit qu'il allait notamment contacter des députés et des sénateurs pour leur demander d'appuyer le projet. »

En dépit du lobbying politique de Tribute for Liberty, son statut d'organisme caritatif n'a jamais été remis en question par le gouvernement Harper. Il a éliminé toute mention d'activité de lobbying politique sur son site web lorsque le gouvernement Harper a décidé d'intervenir contre d'autres organismes caritatifs dont il ne partageait pas les objectifs et de les priver de leur statut.

En 2016, le gouvernement canadien a versé 42 248 $ à Tribute to Liberty mais la majeure partie de ses fonds, soit 159 368 $ lui est venue de l'extérieur du Canada. En 2015, il a reçu 176 599 $ du gouvernement fédéral. Le groupe continue d'accumuler des fonds et a déclaré, en 2016, avoir 1 103 602 $ dans son compte de banque, dont très peu provient des Canadiens.

Le 2 février 2008, Alide Forstmanis a affiché ce qui suit sur le site web du journal Western Standard en réponse à des rapports médiatiques selon lesquels Jason Kenney, le ministre d'alors de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, allait prendre la parole à un souper de Tribute to Liberty : « Bien que le ministre Kenney appuie notre projet d'ériger un monument commémoratif permanent à Ottawa aux victimes des crimes du communisme, aucun fonds public ne sera alloué à la construction du monument. C'est dans le secteur privé que nous amassons des fonds pour ce projet important tant attendu. » La tentative de collecter des fonds privés pendant les neuf dernières années pour construire le monument anticommuniste a échoué lamentablement parce que les Canadiens n'appuient pas le projet.

3. « Histoire de l'immigration : Groupes ethniques et culturels : Ukrainiens ». Bibliothèque et Archives Canada

4. « Ukrainian Canadians », Canadian Encyclopedia

5. George Allen, « Le recours à des mesures d'exception au Canada pour attaquer les communistes, les syndicalistes et les Ukrainiens antifascistes », Le Marxiste-léniniste,  24 août 2013

6. D'autres exemples du questionnaire en ligne sur les propositions de design des finalistes pour le Monument commémoratif aux victimes du communisme, Canada, une terre d'accueil :

Question 2 - Les objectifs du Monument commémoratif

Le Monument commémoratif sera un endroit de haute signification et servira de catalyseur à la discussion. Il invitera les visiteurs à commémorer et à en apprendre davantage sur les tragédies que d'autres - dont, pour plusieurs Canadiens, leurs propres ancêtres -, ont vécues sous les régimes communistes dans le monde. En même temps, le Monument commémoratif va rappeler aux visiteurs l'engagement du Canada envers la liberté, la démocratie et les droits humains. Pour réaliser ces objectifs, le design du Monument commémoratif doit remplir plusieurs fonctions.

Quels designs selon vous répondent aux critères suivants ?

Vous pouvez sélectionner plus d'un design par critère.

- Engage les visiteurs dans une expérience visuelle stimulante

- Crée un environnement propice à la réflexion

- Exprime la souffrance et les pertes endurées par les victimes du communisme

- Communique un message d'espoir et de liberté

- Encourage les visiteurs à interagir avec le Monument commémoratif

Question 3 – Exprimez-vous

Veuillez nous faire parvenir tout commentaire additionnel que vous voulez partager au sujet des designs proposés.

(maximum 200 mots par réponse)

 7. Pauline Easton et Louis Lang, « Le monument exposera les définitions intéressées de la démocratie, de la liberté et des droits humains », Le Marxiste-Léniniste, 24 février 2016

(Photos : Citoyenneté et Immigration Canada, LML, National Post, RT, Sputnik)

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La définition de victimes du communisme des auteurs du projet anticommuniste


Tableau et monument en hommage à Imants Sudmalis, un partisan letton sous l'occupation nazie, tué par les Allemands en 1944. Imants était membre de l'Union des jeunes communistes de Lettonie et rédacteur en chef du journal du parti, puis organisateur de la résistance sous l'occupation. Le commanditaire du « monument aux victimes du communisme », l'organisme Tribute to Liberty, propose plutôt de rendre hommage aux collaborateurs nazis lettons et
de les faire passer pour les victimes.

Alide Forstmanis (née Brodelis) est la trésorière et l'ex-présidente de Tribute to Liberty (de 2008 à 2012), un groupe établi en 2008 pour faire du lobbyisme auprès du gouvernement du Canada pour la construction d'un « Monument aux victimes du communisme » à Ottawa, la capitale nationale. Elle est un des neuf membres du conseil d'administration et une des deux seules personnes avec un titre défini, l'autre étant le président Ludwik Klimkowski. Selon les données de l'Agence du revenu du Canada, l'adresse et autres informations pour contacter Tribute to Liberty correspondent à celles d'Adile Forstmanis et c'est son adresse courriel personnelle qui est donnée pour les dons de charité. Son mari est Talivaldis (Talis) Forstmanis.


Des juives humiliées avant d'être abattues
par des collaborateurs nazis lettons, ces criminels de guerre que Tribute to Liberty veut faire passer pour des « victimes
du communisme »  (defendinghistory.com)

Alide Forstmanis est l'initiatrice d'une pétition lancée en mars 2008 pour demander au Parlement du Canada de soutenir le projet de « Monument aux victimes du communisme », un des premiers appels publics du genre.[1] La pétition permet de voir que le but premier du monument n'est pas de commémorer les victimes mais bien de faire de la criminalisation du communisme une politique officielle de l'État et de poursuivre la cause entreprise par les hitlériens de faire disparaître le communisme de la surface de la terre. Forstmanis écrit : « La victoire de la guerre froide demeure incomplète et nous devons faire de notre mieux pour que tout le monde reconnaisse la vraie nature de cette folle idéologie. Une société libre ne peut se dire satisfaite tant que tout le monde ne reconnaîtra pas que le communisme est une voie vers la terreur et l'oppression. [...] Le communisme n'est pas une chose du passé, il fait rage dans plusieurs pays aujourd'hui et pose une menace pour l'avenir du monde libre. »

Alide Forstmanis et son mari sont de Suède, nés de parents lettons. Ils citent tous deux le fait que leurs familles ont été des « victimes du communisme » pour appuyer leur projet de monument anticommuniste. Comme la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, tous deux avaient des parents qui ont soutenu activement la guerre d'extermination fasciste et le nazisme, la mère d'Alide comme infirmière en Lettonie occupée par les nazis et plus tard en Allemagne pour soigner les soldats allemands, et le père de Talis Forstmanis en tant que rédacteur en chef d'une maison d'édition fasciste et d'un journal fasciste en Lettonie occupée.

Alide Forstmanis relate les activités de sa mère sur le site web de Tribute to Liberty où l'on trouve également un don au projet par une personne appelée Katie Subins qui se dit une « victime du communisme ». Forstmanis affirme : « Durant la Deuxième Guerre mondiale, Katie et ma mère ont fait des merveilles à soigner les soldats [nazis -- note du LML] en Lettonie et en Allemagne. »[2]


Premier numéro du Tevija, 1er juillet 1941

Le père de Talivaldis Forstmanis était Fricis Forstmanis, aussi connu sous le nom de Fricis Dziesma.[3] Durant l'occupation nazie de la Lettonie de 1941 à 1944, Fricis était réviseur technique dans une maison d'édition antisémite et anticommuniste appelée Zelta ābele et comme Michael Chomiak, le grand-père de Chrystia Freeland, il a travaillé pour un journal nazi appelé Tevija (« La patrie »).[4]

Tevija était le seul quotidien publié en Lettonie sous l'occupation nazie, soit du 1er juillet 1941 (le jour où les fascistes ont occupé la Lettonie) à octobre 1944. Le premier numéro publiait en page couverture une photo d'Adolf Hitler et annonçait : « La Lettonie est dorénavant libérée des communistes et des juifs. »[6] Il annonce aux Lettons l'occupation de la capitale, Riga, avec ces mots : « La glorieuse armée allemande a eu le plaisir de libérer la vieille Riga grise du joug bolchévique. Nous jurons de combattre avec les Lettons jusqu'à ce que nous chassions les bolchéviques de cette terre. Que Dieu bénisse la Lettonie ! »


Fricis Forstmanis apparaît comme chef illustrateur dans la liste des collaborateurs
de Tevija.

Le journal publiait régulièrement de la propagande antisémite, antisoviétique et anticommuniste et citait Hitler et Goebbels.[7] Comme Kravivski Visti, dont le rédacteur en chef était Chomiak, Tevija a joué un rôle majeur par sa propagande pour le recrutement de groupes comme le « Sonderkommando Ar js » (le commando spécial Ar js), une unité de volontaires fascistes lettons responsable de pogroms contre les juifs, les Roms, les communistes et d'autres. Plus tard il fit la promotion de la création de divisions SS lettones nazies. Parmi elles, il y avait la 15e division SS de grenadiers (1ere lettone) créée en 1943 et la 19e division SS de grenadiers de Lettonie (2e lettone) en 1944, qui ensemble formaient la « Légion lettone ». Les unités de volontaires qui ont commis des atrocités ont plus tard été intégrées à la « Légion ».[8]

Dans un éditorial caractéristique du Tevija on lit : « Finalement, le temps est venu où la presque totalité des nations d'Europe ont appris à reconnaître leur ennemi commun : les juifs. Presque tous les peuples d'Europe ont commencé la guerre contre cet ennemi, tant sur les champs de bataille que dans la construction intérieure. »[9]

Le propriétaire de la maison d'édition Zelta ābele était Miķelis Goppers qui, comme Forstmanis, s'est enfui en Suède pour échapper à la justice après la défaite des nazis en Lettonie. Goppers et Zelta ābele ont publié en 1942 l'ignoble fraude historique antisémite intitulée Latvia : Year of Horror (Baigais Gads), qui, avec des photos d'atrocités nazies et de faux comptes rendus, prétendait que le communisme est une conspiration juive pour déposséder la Lettonie. Le livre falsifie l'histoire de la Lettonie et de son appartenance à l'Union soviétique à la veille de la guerre et présente les actions de masse des Lettons comme une conspiration de juifs pour « annihiler rien de moins que l'âme de la nation lettone ».

Le mythe de « Baigais Gads » créé par les nazis a continué d'être répété par les collaborateurs nazis en exil et leurs descendants après la guerre et a reçu ensuite statut officiel du gouvernement letton post-soviétique. Le blog Latvian History explique les origines du mythe dans un article du 13 juin 2016 :

« Les besoins de ce mythe s'expliquent par les objectifs des nazis en Lettonie en 1941-1942. Les directives politiques nazies édictées par Adolf Hitler étaient d'éliminer les juifs et les bolchéviques de l'Union soviétique. La politique nazie était de créer l'image que l'extermination était l'oeuvre de Lettons qui voulaient se venger contre l'Union soviétique. Les Allemands n'auraient qu'encouragé leurs actions par la propagande et l'aide. [...] À la fin, le mythe crée l'idée d'un génocide letton qui doit être vengé. [Le livre Latvia : Year of Horror] contient des documents et des images choisis ou faussés, dont beaucoup d'images très crues. [...] On y raconte que la République de Lettonie, à cause de sa faiblesse et des erreurs, s'est retrouvée sous occupation soviétique dirigée par des juifs suivant leur projet de domination mondiale. Les principales campagnes de répression auraient été menées par des bolchéviques juifs. L'Allemagne nazie est arrivée comme libératrice et a secouru les Lettons du danger du bolchévisme juif et maintenant les Lettons doivent faire leur part dans la création d'une Europe nouvelle. Il n'a jamais été question de rétablir l'indépendance de la Lettonie : l'avenir de la Lettonie était avec l'Allemagne nazie. [...] Après la défaite de l'Allemagne nazie, l'« année horrible » a été vécue par l'entremise des exilés lettons. Ils en parlaient dans leurs journaux et souvent cela devenait une partie de leur identité. »[5]

Dans les années 1990, une traduction anglaise du livre a été publiée avec une nouvelle introduction, non signée, provenant du Canada, qui cite des articles du Toronto Sun répétant les mensonges hitlériens à propos de la « prédominance de juifs parmi les dirigeants bolchéviques ».

La brochure promotionnelle du livre contient un tas de photos avec des vignettes comme celles-ci :

- « Des prisonniers accompagnés d'une foule en majeure partie juive et la foule contrainte de manifestants arrivent dans la rue. Un prisonnier s'adresse à la foule. Son visage est clairement tordu par la haine et le désir de détruire. »

- « Des bolchéviques antigouvernementaux déportés ou échappés retournent en Suède. Inutile de dire que la majorité d'entre eux sont juifs. »

- « Les bénévoles de l'ancien Front rouge de la guerre civile d'Espagne sont accueillis par des fonctionnaires juifs. »

- « La plupart des juifs étaient en extase. Les manifestations [prosoviétiques] du 5 août se transforment en célébrations nationales juives. »

- « Des juifs demandent l'annexion de la Lettonie à l'Union soviétique. »

- « L'organisateur de la Garde ouvrière et de la Milice populaire, un homme au long dossier criminel, était le juif Isaac Bucinskis. »

- « Les juifs se servent de contacts radio avec Moscou. »

- « Ils font la queue pour de la viande kasher. Ils adorent le dieu juif cruel qui exige que des animaux soient abattus lentement et torturés suivant le rituel religieux. »

Talis Forstmanis a écrit un compte rendu pronazi de l'histoire de son père et de la Lettonie dans une lettre parue dans le National Post le 28 décembre 2015. Il y parle de l'immense perte de vies en Lettonie sous occupation nazie, notamment une majorité de juifs lettons, et en blâme les communistes. Il écrit : « Mon père avait toujours une caméra avec lui. Son meilleur ami a été torturé à mort par les communistes. Beaucoup de parents d'amis ont 'disparu' et n'ont jamais été revus. La Lettonie a perdu environ 25 % de sa population durant cette période. Ceux qui vivent encore et qui sont au courant de ces événements tragiques sont en faveur de la construction du monument aux victimes du communisme à Ottawa. Il est devenu évident que beaucoup de gens au Canada ne connaissent pas l'histoire. »[10]

Les Canadiens connaissent assez bien l'histoire de la lutte antifasciste et sont fiers de leurs contributions. Aujourd'hui, Talis Forstmanis est également trésorier de la division canadienne de Daugavas Vanagi, une organisation fondée par et pour des anciens combattants lettons de la Waffen-SS qui ont combattu pour l'Allemagne nazie durant la Deuxième Guerre mondiale et qui ont fui vers les secteurs de l'Allemagne nazie qui allaient être sous contrôle américain. Parmi les fondateurs de Daugavas Vanagi se trouve Vilis Janums, un commandant de la 15e division SS de grenadiers et décoré de la Croix de fer nazie. Un autre fondateur, Andrejs Eglītis, était correspondant de guerre à Berlin pour Tevija. Tous ont servi d'une façon ou d'une autre dans la Légion lettone nazie.[11]


Musha Bruskina, une partisane bélarusse de 17 ans à Minks sous occupation nazie (26 octobre 1941), tient une pancarte sur laquelle on lit : « Nous sommes les partisans qui ont tué des soldats allemands », en marche vers le peloton d'exécution.


Des membres de la « Légion lettone » nazie défilent dans Riga occupée, 1943.

Comme le grand-père de la ministre Freeland, les « victimes du communisme » identifiées par la fondatrice de Tribute to Liberty ont pris une part active à l'asservissement de l'Europe au fascisme nazi et à l'holocauste. Ils ont joué un rôle important dans la propagande inhumaine qui a directement facilité le génocide de juifs européens. Ils s'identifient tous à la cause hitlérienne de balayer le communisme de la surface de la terre, cause que Tribute to Liberty reprend aujourd'hui à son compte et veut faire adopter comme politique officielle par les Canadiens et par le gouvernement du Canada.

Mais ils ne parviendront pas à en convaincre les Canadiens qui ont à coeur leur contribution à la guerre antifasciste et leurs sentiments démocratiques. Ils ont maintenant une démonstration claire que l'élite dominante veut éliminer cette contribution et ces sentiments pour leur faire accepter les plans bellicistes et anticommunistes rejetés par l'humanité. Faire passer les fascistes et les collaborateurs nazis pour des victimes du communisme ne saurait durer. Le Canada doit officiellement répudier ce projet de monument anticommuniste fasciste et toutes les tentatives de raviver le fascisme aujourd'hui, en Ukraine, en Lettonie et au Canada.

Notes 

1. « Monument aux victimes du communisme à Ottawa »,  petitiononline.com, adressée au Parlement du Canada.

2. Sur le site de Tribute to Liberty à http://tributetoliberty.ca/content/alide-forstmanis-0

3. « Fricis Forstmanis (Dziesma) », geni.com

4. « Fricis Dziesma »,  Nekropole.

5. Maris Goldmanis, « The Myth of The Horrible Year », Latvian History, 13 juin 2016

6. Sur une liste d'éditeurs, Fricis Forstmanis apparaît comme responsable des illustrations. Des caricatures antisémites et antibolchéviques étaient routinières. Voir : Didzis Bērziņš, « Anti-Semitic Nazi Propaganda in 'Tevija' Newspaper in July 1941 : The Discourse of Latvian Participation ». Archives nationales lettones, 2009

7. Voir les archives numérisées de la Bibliothèque nationale lettone.

8. Pour plus d'information sur le meurtre de juifs en Lettonie sous occupation nazie, voir : « Mass murder of Jews in Latvia », Holocaust Education and Archive Research Team, ainsi que le livre de Gertrude Schneider, Journey Into Terror : Story of the Riga Ghetto. Praeger, 2001.

9. Traduit du russe.

10. Durant l'occupation fasciste de la Lettonie de 1941 à 1945, près de 400 000 Lettons ont été tués selon les données soviétiques d'après-guerre. Cela comprend 70 000 personnes de foi juive tuées par les escadrons de la mort nazis et de nombreux Roms, des Russes et des gens d'origines ethniques diverses. Plus de 150 000 soldats sont morts sur le champ de bataille pour libérer la Lettonie du joug nazi, y compris des soldats lettons de l'Armée rouge.

Selon les estimés d'une étude confidentielle de 1944 de l'OSS, précurseur de la CIA américaine, durant l'invasion nazie de la Lettonie en 1941 près de 75 000 Lettons ont cherché refuge en Union soviétique et de juin 1941 à juillet 1944 environ 60 000 Lettons ont été faits travailleurs esclaves pour l'Allemagne, tandis qu'un nombre équivalent de juifs lettons et d'autres nationalités ont été exécutés. L'OSS a répété les prétentions de la Croix rouge lettone sous occupation nazie que de 1939 à 1941, quelque 1 488 Lettons ont été exécutés et 34 340 ont été déplacés en Union soviétique.

11. Pour plus d'information, voir : E. Avotins, J. Dzirkalis, V. Petersons. Daugavas vanagi : who are they ? Latvian State Publishing House, 1963

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Lettres à la rédaction

L'argument au sujet du
« respect des exigences minimales »

Suite aux révélations concernant le grand-père de Chrystia Freeland et les vues pronazies de la ministre, des gens qui se disent journalistes se livrent à de spectaculaires acrobaties intellectuelles pour venir à sa défense. Certains se pâment d'admiration pour ses capacités intellectuelles et son activité au service du Parti libéral mais n'en sont pas moins troublés par son silence au sujet des affiliations nazies de son grand-père. Un journaliste va jusqu'à dire que madame Freeland est une des grandes intellectuelles du Canada qui a aidé son oncle du côté paternel à écrire un essai sur la collaboration nazie de son grand-père maternel en s'arrangeant pour ne rien dire sur qui il était précisément et quelle fut son activité pronazie. Il fustige quiconque suggère que les faits montrent qu'il a aidé les nazis allemands. Le journaliste conclut son article en disant que « ce que madame Freeland a fait revient à un respect des exigences minimales sur le plan intellectuel »[1]

Le « respect des exigences minimales » ! Comment peut-on prétendre qu'une « véritable intellectuelle, une des meilleures au pays », pour citer l'auteur, puisse se satisfaire de respecter « les exigences minimales » en matière de vérité ? Ça dépasse l'entendement.

Cette défense pitoyable de madame Freeland est précisément ce que les apologistes de la ministre invoquent pour défendre son grand-père Michael Chomiak : il aurait contribué à la campagne génocidaire des nazis mais seulement suivant « les exigences minimales ». Ils prétendent en effet qu'il a servi les nazis au nom d'une cause supérieure, celle de maintenir la culture des Ukrainiens de Cracovie et d'autres régions sous occupation allemande. Qu'il l'ait fait en sachant que les nazis qu'il servait se livraient au massacre de tous ceux qui résistaient à leur guerre barbare serait sans conséquence. C'est inconcevable.

Note

1. Michael Harris, « From Russia with loathing : Freeland and the media », iPolitics , 9 mars 2017. Le « respect des exigences minimales » est un terme employé dans les relations de travail pour signifier la grève du zèle, c'est-à-dire le respect des règles de base « sans enthousiasme ».

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Le nom de Vladimir Lénine est monumental --
aucun « monument » anticommuniste ne le ternira


La statue de Lénine à Donesk, en Ukraine, s'élève au-dessus d'un rassemblement pour un référendum sur l'indépendance en 2014.

J'ai été vraiment dégoûtée aujourd'hui de lire dans un quotidien distribué gratuitement que cinq soumissions finales ont été reçues pour le monument anticommuniste à Ottawa.[1] L'article écrit d'Ottawa décrit une des « soumissions » pour la conception du monument qu'on veut ériger à Ottawa, un projet du gouvernement Harper approuvé par le gouvernement libéral de Justin Trudeau. L'auteur décrit avec délectation une maquette comportant une statue de Lénine en train d'être renversée, comme celle de Saddam Hussein, par exemple, jetée au sol par les troupes américaines en Irak pour créer un effet visuel qui capterait l'attention des grands médias du monde. Cela ne pourrait provenir que de l'imaginaire macabre d'un concepteur anticommuniste. Les pouvoirs en place cherchent toujours de nouvelles et de meilleures façons de manipuler la conscience des gens en faisant appel à l'anticonscience. Les monuments font partie de leur arsenal.

J'ai jeté le journal dans la caisse de journaux que je conserve pour la litière du chat, mais après quelques minutes de réflexion j'ai décidé de le reprendre parce que cet article et cet acte d'approbation de quelque chose de si vil et bas ne doivent pas passer sans contestation. Vladimir Lénine était un géant, surtout comparé aux petits esprits étroits qui ont entrepris de le dénigrer. La vie et l'oeuvre de Lénine sont monumentales. Elles ont donné naissance au premier État socialiste des temps modernes et ont eu un impact sur l'histoire comme jamais auparavant, inspirant des millions et des millions de personnes qui voyaient dorénavant qu'il était possible de changer le monde.

La construction d'un « monument » anticommuniste est une tentative de l'oligarchie financière et de ses représentants d'oblitérer la conscience de l'histoire. Ils veulent que les peuples ne connaissent pas et ne soient pas inspirés par les gigantesques réalisations de Lénine, du Parti communiste de l'Union soviétique, du prolétariat et des paysans, durant cette glorieuse époque où le socialisme fut inauguré dans une forme concrète.

Les chacals qui voudraient avilir ce grand exploit ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan de l'histoire. Leurs noms seront oubliés tandis que celui de Lénine et des autres combattants et théoriciens du peuple vivra à jamais. Le nom de ces véritables héros qui représentent le meilleur de ce que l'humanité peut accomplir vivra tant que les humains continueront d'habiter la terre. L'histoire continuera, malgré l'acharnement des chacals. Le prolétariat et les peuples de la terre continueront sur la voie du changement, pour changer le monde en leur faveur, malgré l'acharnement de la classe dominante et de ses représentants à vouloir retenir l'histoire qui ne fait que commencer. Malgré leur anticonscience, ces individus savent que la théorie et la pratique de Lénine et des marxistes-léninistes sont essentielles à la marche en avant de l'humanité. C'est pourquoi ils s'efforcent si désespérément, avec cette basse manoeuvre d'un « monument » anticommuniste, à retenir le changement en créant la confusion, surtout au sein du prolétariat, pour qu'il n'entreprenne pas sa mission historique de se hisser au pouvoir et de libérer l'ensemble de l'humanité.

Note

1. « Monument has five final submissions », Metro News, 3-5 mars 2007

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À titre d'information

Les crimes de guerre, les nationalistes
ukrainiens et l'État canadien


Les accusés aux Procès de Nuremberg, 1945-46

Dans un article publié le 9 mars dans le Ottawa Citizen, Lubmyr Luciuk, professeur au Collège militaire royal à Kingston, en Ontario, écrit : « Il n'y a rien de neuf dans cette histoire. Il s'agissait de fausses nouvelles à ce moment-là et c'est encore le cas aujourd'hui. Les allégations au sujet de ‘nazis au Canada' — y compris les récentes allégations à l'encontre de la ministre des Affaire étrangères, Chrystia Freeland — circulent depuis des décennies.

« C'est compréhensible qu'immédiatement après la guerre, les juifs canadiens étaient aux aguets à l'idée de voir des ‘nazis ukrainiens' fuir la justice en se faisant passer pour des personnes déplacées. Le gouvernement libéral a alors organisé des enquêtes de haut niveau pour faire en sorte que de tels scélérats ne puissent venir s'établir ici. Malgré tout, plusieurs soutenaient jusqu'au début des années 80 que ‘des milliers de criminels de guerre nazis se cachaient au Canada', ce qui a mené à la création par le gouvernement conservateur de la Commission d'enquête sur les criminels de guerre dirigée par le juge Jules Deschênes. De façon concluante, le rapport Deschênes publié en 1987 a vivement critiqué tous ceux qui avaient avancé ‘des chiffres impossibles et grandement exagérés' au sujet de ‘criminels de guerre nazis' ».

Le savant professeur s'attribue le mérite pour le fait que pas une seule personne n'ait été accusée par la cour criminelle canadienne d'être un nazi. En réponse à la formation de la « Commission d'enquête sur les crimes de guerre », la Commission Deschênes, Luciuk a aidé à mettre sur pied l'Association ukrainienne-canadienne des droits civils (UCCLA) pour blanchir les crimes de guerre des collaborateurs nazis en Ukraine. Selon ses propres mots, elle a été mise sur pied « en 1984 pour faire face aux accusation diffamatoires à l'effet que des 'criminels de guerre ukrainiens' vivaient en liberté au Canada ». Luciuk cependant n'utilise jamais l'expression « criminel de guerre », la catégorie d'individus touchés par l'interdiction et le problème auquel nous faisons face aujourd'hui comme par le passé.

En parlant comme il le fait, Luciuk rejette la conclusion de la Commission des crimes de guerre des Nations unies (CCGNU) à l'effet que la Waffen SS était une organisation criminelle et que ses membres étaient coupables de crimes de guerre. C'est ainsi qu'il rejette la décision « Jamais plus ! » adoptée par les peuples du monde au lendemain de la défaite du fascisme ainsi que leur verdict selon lequel l'agression est le crime international suprême.

La Commission des crimes de guerre des Nations unies, le Tribunal militaire international, qui avait présidé les procès pour crimes de guerre à Nuremberg, ont déclaré expressément que la Waffen SS, l'aile armée du Parti nazi, était une organisation criminelle. Jusqu'en 1943, la Waffen Schutzstaffel (SS) était composée uniquement d'unités allemandes. Après sa défaite à la Bataille de Stalingrad, l'Allemagne nazie, de plus en plus désespérée, s'est mise à organiser ses collaborateurs en divisions Waffen SS dans tous les pays occupés, dont deux divisions ukrainiennes.

La CCGNU a attribué le statut de criminels de guerre aux membres des organisations qu'elle a identifiées comme des organisations criminelles. Seuls ceux qui n'y avaient pas participé de façon volontaire mais qui avaient été recrutés de force étaient exclus de ce statut de criminel. [1]

En octobre 1947, le représentant polonais de la CCGNU a porté des accusations spécifiques contre les membres de la Division SS Galicie ukrainienne et de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (AIU). Les accusations portaient sur les destructions injustifiées, la destruction de la propriété, la complicité dans la déportation, le terrorisme systématique, l'exécution d'otage et la complicité dans les assassinats de masse.

On peut lire dans le bref exposé des faits rédigé par le représentant polonais à la CCGNU :

« Les personnes nommées ci-haut ont participé — selon les instructions émises par les autorités hitlériennes — à l'organisation de l'AIU (Ukrainska Powtanesa Armia — Armée insurrectionnelle ukrainienne) et du SS-Schuertzen-Galizien, qu'on a nommé plus tard ‘Halyczyn'. Les deux ont participé à la déportation de la population civile polonaise, à la destruction de villages entiers et au meurtre de leurs habitants.


Les membres du Waffen SS Galizien transférés en Angleterre en 1947

« Dans une lettre datée du 3 novembre 1947 à la Commission principale d'enquête sur les crimes de guerre en Pologne, on peut lire que l'enquête avait été suspendue par la Commission onusienne sur les crimes de guerre de Londres jusqu'à ce que l'information spécifique soit recueillie pour élucider la position, le niveau d'autorité et le temps passé en poste d'autorité par les principaux individus suivants accusés d'avoir commis des crimes contre le peuple polonais dans plusieurs régions... ». Le nom de sept individus y apparaît.[2]

Les membres survivants de la SS Division Galizien se sont rendus aux Britanniques et ont été internés à Rimini, en Italie, une région contrôlée par les forces du Deuxième Corps polonais (qui faisait partie de l'armée britannique). Bien qu'ils aient adopté le nom de Première Division ukrainienne de l'Armée nationale ukrainienne, leur identité en tant qu'unité SS était bien connue. Par l'entremise du Vatican, les membres SS n'ont pas été déportés en Union soviétique tel que stipulé par l'accord de Yalta. Leur statut a plutôt été changé de celui de prisonniers de guerre à celui de personnel ennemi qui s'est rendu. Plus tard, ce statut devait changer une fois de plus, à celui cette fois de « personnes déplacées ». En 1947, ils ont été autorisés à émigrer en Grande-Bretagne et plus tard au Canada. Leurs noms n'ont jamais été rendus publics, mais près de 7 100 membres du SS Galizien immigrèrent en Grande-Bretagne.[3]

En 1950, tous les membres survivants de la Waffen SS Galicie qui désiraient immigrer au Canada ont été « exonérés » pour pouvoir immigrer au Canada même si la Waffen SS était une catégorie interdite et non admissible à l'immigration à ce moment-là.

Le Comité canadien ukrainien (CCU) a été des plus actifs à faire pression sur le gouvernement canadien pour que celui-ci autorise les membres de la Waffen SS Galicie à émigrer au Canada de même que les membres dirigeants de l'Organisation des Ukrainiens nationalistes (OUN) et de l'AIU.[4]

Le CCU a été organisé directement par le gouvernement de Mackenzie King suite à l'arrestation et à l'incarcération des dirigeants de l'Association du Temple des ouvriers et des agriculteurs ukrainiens (ULFTA) et au décret rendant l'association illégale. Les presses, les salles de réunion et d'autres propriétés de l'organisation passèrent aux mains du CCU.

Les preuves des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des crimes contre la paix commis par les divisions de la Waffen SS sont irréfutables et il en va de même du membership étroitement lié et qui se recoupe de l'OUN et de l'AIU.[5]

Nous ne savons pas si la Commission canadienne d'enquête sur les crimes de guerre (Commission Deschênes) a cherché à élucider comment ces gens, qui avaient trahi leur propre peuple et étaient responsables d'innombrables meurtres de civils et de la mort de partisans antifascistes, avaient été « exonérés » de leur statut de criminels de guerre.[6] Le gouvernement a refusé de se conformer aux recommandations de la commission et n'a pas rendu public le rapport de 560 pages du directeur de la recherche, Alti Rodal. Selon le New York Times toutefois, le rapport en était arrivé à la conclusion que les États-Unis s'étaient servis du Canada comme d'un « dépotoir » pour les nazis qui avaient perdu leur utilité pour les agences de renseignement. Une version lourdement caviardée du rapport confirmait la conclusion que les membres de la Division SS Galicie avaient participé à des crimes de guerre.

Le fait que le Canada a agi au mépris de ses propres lois et de la volonté du peuple canadien qui a tant sacrifié pour vaincre le fascisme n'a jamais été formellement reconnu. Le rôle d'individus et d'organisations comme le CCU dans le lobbying pour l'admission de criminels de guerre et de collaborateurs nazis n'a pas fait l'objet d'une enquête officielle.

Refus des impérialistes anglo-américains
de poursuivre les criminels de guerre

Comme l'a soulevé la Commission Deschênes dans son rapport, les procès pour crimes de guerre ont été arrêtés par les Britanniques et les Américains dans le cadre de leur politique de Guerre froide. On y cite une note du gouvernement britannique de 1948 dans laquelle il était expliqué que celui-ci ne poursuivrait plus les criminels de guerre parce que, à cause de la guerre froide, il était « maintenant nécessaire d'en finir avec le passé le plus tôt possible ».


Meurtres de masse par les nazis à Vinnytsia en Ukraine en 1942

Le résumé parlementaire sur la Commission Deschênes indique : « Les puissances occidentales, qui devaient faire face à la menace d'un nouvel ennemi, renoncèrent à poursuivre les derniers éléments de leurs anciens adversaires ; elles consacrèrent les modestes ressources de leurs services de sécurité à démasquer les agents soviétiques et les communistes plutôt qu'à traquer les criminels de guerre nazis. La politique canadienne en matière d'immigration fut rapidement libéralisée après la guerre, et les restrictions à l'entrée des ressortissants des anciennes puissances ennemies furent systématiquement assouplies. »

C'est ainsi que la réaction mondiale, dirigée par l'impérialisme américain, a déclaré son refus d'accepter le verdict des peuples du monde à l'effet qu'une nouvelle définition de la démocratie était née qui ne permettait pas l'existence du fascisme. C'était la négation de la demande de nouveaux arrangements sur le plan international visant à établir que l'agression était le crime international suprême et à traduire en justice ceux qui étaient coupables de crimes de guerre, de crimes contre la paix et de crimes contre l'humanité.

Même la justification à l'effet de ne pas poursuivre « les derniers éléments de leurs anciens adversaires » est de la désinformation. L'impérialisme américain recherchait activement ses « anciens adversaires » - les dirigeants et collaborateurs nazis des pays occupés par les nazis et les criminels de guerre - non pas pour les traduire en justice mais plutôt pour leur permettre de fuir clandestinement, de trouver refuge aux États-Unis pour ensuite les intégrer à l'appareil d'État, en particulier dans les services militaires et de renseignement.

Dès que le vent a tourné suite à la défaite de l'Allemagne à Stalingrad, l'espoir des puissances impérialistes que l'Allemagne nazie écraserait l'Union soviétique et son projet d'édification nationale a été anéanti. La Guerre froide annonçait non pas l'émergence de la « menace d'un nouvel ennemi » mais bien le même ordre du jour visant à écraser le nouveau qui avait été engendré par la Grande révolution d'octobre. L'impérialisme américain a alors revêtu le manteau de l'Allemagne nazie et incorporé des scientifiques nazis de haut rang, des agents de renseignement et d'autres individus dans sa machine de guerre dans le but de réussir là où l'Allemagne nazie avait échoué.

Aujourd'hui la Guerre froide est terminée, mais le danger d'une nouvelle guerre mondiale existe toujours et s'accroît de jour en jour. La campagne de désinformation au sujet du passé est directement liée au bellicisme du présent. Il s'agit d'un crime contre la mémoire de tous les Canadiens qui se sont sacrifiés pour mettre fin au fascisme et un crime grave contre les millions d'Ukrainiens qui ont combattu pour vaincre le fléau du nazisme et qui en tant que nation ont perdu des millions de leurs membres.

Notes

 1. Jugement du tribunal militaire international

 2. « Short Statement of Facts, United Nations War Crimes Commission charges against German war criminals of Ukrainian origin registered number : 6697/P/U/1124, case number 1124 received October 23, 1947 », de Genocide and Rescue dans Wolyn : Recollections of the Ukrainian Nationalist Ethnic Cleansing Campaign Against the Poles During World War II , Tadeusz Piotrowski editor, McFarland & Company (2000)

 3.Tottle, Douglas, Famine, Fraud and Fascism, The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard, Progress Books, Toronto, 1987 ; Daniel Foggo, the Telegraph, 22 juin 2003.

 4. New York Times , 9 août 1987, Per Anders Rudling, « The Honour They So Clearly Deserve : Legitimizing the Waffen-SS Galizien », The Journal of Slavic Military Studies volume 26, 2013.

 5. Serbyn, Roman, « Alleged War Criminals, the Canadian Media and the Ukrainian Community », www.ukemonde.com (donne une version aseptisée de l'histoire de la Division Galicie).

 6. Kevin C. Ruffer, Cold War Allies : The Origins of CIA's Relationship with Ukrainian Nationalists, Studies in Intelligence , 1998. (on y trouve des documents déclassifiés de la CIA) ; Simpson, Christopher, Blowback, America's Recruitment of Nazis and Its Effects on the Cold War, New York : Weidenfeld & Nicolson, 1988.

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La Commission d'enquête sur les criminels de guerre au Canada (Commission Deschênes)

La Commission d'enquête sur les criminels de guerre au Canada (Commission Deschênes) a été créée en février 1985 avec pour mandat « d'instruire l'accusation selon laquelle un nombre considérable de criminels de guerre nazis auraient trouvé refuge au Canada grâce à des moyens illégaux ou frauduleux ». Elle a remis son rapport en décembre 1986.

Établie à un moment charnière où aucune force ne pouvait désormais agir comme avant, la Commission Deschênes a démontré le refus obstiné des cercles dominants d'apporter des définitions modernes. Elle a plutôt révélé une volonté de renverser le verdict rendu par les peuples du monde après la victoire de la guerre antifasciste, à savoir que la démocratie ne peut permettre l'existence du fascisme.

Les recommandations de la Commission ont été utilisées pour instituer des pouvoirs de police et permettre la révocation arbitraire de la citoyenneté et recourir à la déportation arbitraire. Sous prétexte de prévenir l'octroi de la citoyenneté à des criminels de guerre et/ou de faciliter la révocation de leur citoyenneté, la Commission a recommandé des modifications à la Loi sur la citoyenneté et à la Loi sur l'immigration. Dans le même but, elle a également recommandé que les candidats à l'immigration soient tenus de répondre à des questions précises concernant leurs activités civiles et leurs antécédents militaires, paramilitaires et politiques et que les documents signés indiquant leurs réponses soient conservés jusqu'à leur décès. Tout cela était fait pour établir le précédent que la citoyenneté canadienne peut être révoquée et que des citoyens canadiens peuvent être déportés. Cela pouvait se faire auparavant au Canada mais il fallait invoquer la Loi des mesures de guerre, comme lors de la Grève générale de Winnipeg de 1919.

L'article 10(1) de la Loi sur la citoyenneté stipule que « le ministre peut révoquer la citoyenneté d'une personne ou sa répudiation lorsqu'il est convaincu, selon la prépondérance des probabilités, que l'acquisition, la conservation ou la répudiation de la citoyenneté de la personne ou sa réintégration dans celle-ci est intervenue par fraude ou au moyen d'une fausse déclaration ou de la dissimulation intentionnelle de faits essentiels ». Il s'agit d'un pouvoir tout à fait arbitraire sujet à la prérogative ministérielle ou aux pouvoirs policiers. Ce pouvoir discrétionnaire n'a pas été utilisé, par exemple, contre la ministre Maryam Monsef lorsqu'on a appris qu'elle était née en Iran plutôt qu'en Afghanistan, comme elle l'avait déclaré dans sa demande de statut de réfugié, mais il a été utilisé pour déporter d'autres citoyens canadiens.

Dans le résumé parlementaire du rapport de la Commission Deschênes on apprend que dans le contexte de l'intensification de la Guerre froide, « les gouvernements du Commonwealth, dont celui du Canada, reçurent, le 13 juillet 1948, un télégramme du Bureau des relations du Commonwealth britannique, qui proposait de mettre un terme aux procès contre les criminels de guerre nazis dans la zone de l'Allemagne occupée par les Britanniques. 'La répression des criminels de guerre vise plus à dissuader les générations futures qu'à imposer des sanctions à tous les coupables ; il est désormais nécessaire d'en finir avec le passé, le plus vite possible.' Les puissances occidentales, qui devaient faire face à la menace d'un nouvel ennemi, renoncèrent à poursuivre les derniers éléments de leurs anciens adversaires ; elles consacrèrent les modestes ressources de leurs services de sécurité à démasquer les agents soviétiques et les communistes plutôt qu'à traquer les criminels de guerre nazis. La politique canadienne en matière d'immigration fut rapidement libéralisée après la guerre, et les restrictions à l'entrée des ressortissants des anciennes puissances ennemies furent systématiquement assouplies. »[1]

Le rapport Deschênes ne dit rien sur le rôle de l'État canadien dans l'admission de personnes connues comme étant des criminels de guerre ou soupçonnées de l'être. Le gouvernement n'a pas rendu public le rapport du directeur de recherche ; seule une version lourdement caviardée a été rendue publique. Le mandant restreint de l'enquête publique n'autorisait pas l'enquête sur ce que le gouvernement savait au sujet des personnes admises. La Commission n'a pas examiné par exemple les raisons pour lesquelles tous les membres survivants de la Waffen-Grenadier-Division der SS Galizien ont été déclarés admissibles à l'immigration au Canada en violation directe de la loi canadienne au moment de leur arrivée.

On ne sait pas combien de criminels de guerre ont été admis au Canada. La Commission a produit trois listes d'individus contenant le nom de 883 vieillards. Le Centre Simon Wiesenthal estime que le nombre de membres de la Waffen SS collaborationniste d'Ukraine (membres des divisions volontaires sous le commandement d'officiers nazis) admis au Canada avec la complicité de la Grande-Bretagne en 1950 se situe à 2000, ne serait-ce que pour ce groupe en particulier. En tout, 9000 membres de la Waffen SS ukrainienne ont pu fuir aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada et ailleurs. Une liste officielle contenant les noms se trouve dans les archives nationales de la Grande-Bretagne mais demeure classifiée. En 1997, l'émission 60 Minutes de la CBS rapportait qu'environ 1000 soldats de la SS et collaborateurs nazis ont pu émigrer au Canada en provenance des États baltes : Estonie, Lettonie et Lituanie. Environ 2000 criminels de guerre allemands ont été identifiés comme vivant au Canada et ont même reçu une « pension de victime » pour blessures de guerre.

Seulement quatre individus ont été formellement accusés dans le cadre des travaux de la Commission Deschênes. Le seul à se rendre jusqu'en procès est Imre Finta, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, et il a été acquitté. La Cour suprême a refusé d'entendre un appel de ce jugement. Cela a mis fin aux poursuites et les accusations contre les trois autres ont été abandonnées.

Une fois ce précédent établi et qu'une limite était désormais fixée sur la mise en accusation de quelques personnes pour crimes de guerre, la Commission a pu garantir que les organisations ukrainiennes réactionnaires qui avaient rendu ce service à la bourgeoisie ne seraient pas exposées. Cela permettait d'éviter que soit exposé le rôle méprisable de l'impérialisme anglo-américain et de l'État canadien. La Commission n'a pas tenu d'audiences ni recueilli de preuves à l'extérieur du Canada, c'est-à-dire là où les crimes ont été commis. Le juge Deschênes a établi des conditions très strictes pour la collecte de preuve en Union soviétique et a annoncé qu'il ne participerait pas à des audiences à l'étranger. Les autorités soviétiques ont reçu un ultimatum sur la collecte de preuves en Union soviétique. Elles ont mis du temps à y répondre et le juge Deschênes s'est empressé de conclure que cela avait « pris trop de temps » et qu'il ne restait plus de temps pour des audiences à l'étranger. Avec ces décisions arbitraires, il n'est pas difficile de rayer les noms de la majorité des suspects sur la liste. Tous ceux dont l'accusation dépendait de preuves recueillies à l'étranger ont été rayés de la liste. Tous les membres de la Waffen SS Galizien ont été retirés et on a déclaré qu'ils avaient été innocentés de tout crimes de guerre au moment de leur arrivée au Canada. Au bout du compte, seule une personne a été dénaturalisée et a été renvoyée en Hollande. Il n'y a eu qu'un seul procès et il s'est terminé par un acquittement. La couronne a abandonné les poursuites contre tous les autres qui avaient été mis en accusation.[2]

La Commission affirme à tort que les accusations pour crimes de guerre contre les membres de la division ukrainienne de la Waffen SS ont d'abord été enregistrées en 1950, alors qu'en réalité les premières accusations ont été portées le 23 octobre 1947. Il ne s'agit pas d'une mince erreur puisqu'en 1947, après avoir été détenus pendant deux ans comme prisonniers de guerre, le statut des membres de la division a changé, ils sont devenus des « personnes déplacées », ce qui a permis leur émigration en Grande-Bretagne et au Canada. De plus, seuls ceux qui ont été conscrits de force devaient être exemptés de poursuites aux termes des lois canadiennes, mais les membres de la Waffen SS Galizien se disaient des volontaires. Par conséquent, c'est une falsification de l'histoire de prétendre que ces personnes et tous les autres collaborateurs nazis ont été exonérés par la Commission Deschênes.

Les organisations réactionnaires au Canada se sont objectées virulemment aux travaux de la Commission en disant que c'était une attaque contre tous les Canadiens d'origine ukrainienne. C'était une façon de protéger à la fois l'État canadien et les « leaders » réactionnaires de la communauté ukrainienne qu'il avait parrainés. C'était aussi une façon de prétendre que ces réactionnaires sont « représentatifs » de tous les Ukrainiens. Le Congrès canadien ukrainien (CCU) a été créé par intervention gouvernementale, tandis que les organisations culturelles, politiques et de défense établies par les travailleurs et les fermiers par leurs propres efforts étaient criminalisées, leurs dirigeants jetés en prison sans accusation, leurs salles et presses saisies et remises au CCU « made-in-Ottawa ». C'est ce CCU parrainé et organisé par l'État canadien qui a tant insisté pour que les membres de la Waffen SS Galizien et les dirigeants de l'Organisation des nationalistes ukrainiens soient admissibles à l'immigration canadienne face aux fortes protestations de nombreuses organisations canadiennes à l'époque. L'organisation des anciens combattants de la Waffen SS Galizien est demeurée membre du CCU.[3]

L'enquête sur les criminels de guerre nazis au Canada ne fut rien de moins qu'un exercice de désinformation. Depuis le rapport de la commission, des documents jusque-là classifiés de la CIA et aujourd'hui rendus publics révèlent clairement que l'impérialisme américain et la Grande-Bretagne savaient très bien à qui ils avaient à faire. Pour l'impérialisme américain, les organisations réactionnaires et fascistes ukrainiennes étaient d'une grande utilité à leurs services de renseignement et constituaient un bassin pour recruter des saboteurs et des terroristes de tout acabit, pouvant entre autres servir dans une guerre imminente contre l'Union soviétique.

Une campagne massive de désinformation était donc nécessaire et c'est ce qui a été fait. Au service de la Guerre froide, des criminels de guerre, des ex-nazis et leurs collaborateurs ont été transformés en « victimes du communisme ». Il ne s'agissait plus seulement de la propagande nazie qui évoquait la mort de millions de personnes en Ukraine, inventée de toutes pièces par l'empire médiatique de Hearst, mais du « massacre systématique » des gens qui retournaient à leur mère-patrie, en particulier en Union soviétique. Ainsi, les « victimes du communisme » devaient être « sauvées ». Combien de personnes déplacées par la guerre ou soumises aux travaux forcés par les nazis en Allemagne et dans les pays occupés sont tombées victimes de cette propagande est une question qui ne pourra jamais être élucidée. L'objectif visé était de terroriser les gens quant au sort que prétendument le pouvoir soviétique réservait à ceux qui songeaient à retourner dans leur pays et dans leur village.

Comment oublier que pendant la Deuxième Guerre mondiale ces soi-disant « victimes du communisme » ont commis les crimes les plus haineux contre le peuple au nom de combattre le « bolchevisme juif » ? Leur but était de préserver l'ordre social, politique et économique caduc sur lequel ils régnaient et de rétablir leur pouvoir perdu ainsi que leurs privilèges propres à l'autocratie tsariste et d'autres régimes de l'empire austro-hongrois en décrépitude. En aucun moment admet-on les nombreux crimes commis par ces « victimes du communisme » et leurs héritiers. C'est au mépris des faits qu'on prétend qu'ils ont été exonérés par la Commission Deschênes. Le résumé parlementaire de la commission affirme : « Les audiences de la Commission ont révélé bien des faits, mais l'élément le plus passionnel des audiences et du débat public qu'elles ont suscité a sans doute été l'hostilité manifestée par la communauté juive canadienne à l'endroit des communautés de Canadiens originaires de l'Europe de l'Est et de la Baltique. Ces dernières ont craint que l'enquête ne tourne en une chasse aux sorcières contre leurs membres qui se sont révoltés contre la tyrannie du régime soviétique pendant la guerre, au point de faire alliance avec les Nazis. »

En 1986, John Sopinka, le conseiller juridique du Congrès canadien ukrainien devenu plus tard juge de la Cour suprême s'est adressé ainsi à la commission : « Je soutiens qu'il n'existe aucune preuve que les Ukrainiens étaient de près ou de loin les alliés de l'Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Non seulement les Ukrainiens n'étaient-ils pas les alliés de l'Allemagne nazie, mais ils se sont trouvés dans une position peu enviable, celle de devoir se battre à la fois contre la répression nazie et soviétique. »

De telles diffamations du peuple ukrainien sont répétées encore aujourd'hui. En réalité, on estime qu'entre 4,5 et 5 millions d'Ukrainiens ont combattu dans l'Armée rouge et beaucoup d'autres en tant que partisans. C'est l'Ukraine qui a subi le plus haut taux de mortalité aux mains des nazis proportionnellement à toute autre nation. C'est un fait incontestable que face à cette héroïque résistance, les organisations nationalistes de l'Ukraine de l'Ouest ont prêté allégeance à Hitler et ont déclaré que leur « indépendance » était liée à l'établissement d'un nouvel ordre fasciste en Europe ainsi qu'au nettoyage ethnique de tous les territoires qui feraient partie de leur « Ukraine indépendante ».

Notes

1. Bibliothèque du Parlement, Les criminels de guerre: La Commission Deschênes, Grant Purves, Division des affaires politiques et sociales, révisé le 16 octobre 1998.

2 . Ibid.

3. Wsevolod W. Isajiw, Yuri Boshyk, Roman Senkus, Ed., The Refugee Experience : Ukrainian Displaced Persons After World War II, Presse des études ukrainiennes de l'Institut canadien, Université de l'Alberta 1992, donne une description factuelle des efforts déployés par le Comité canadien ukrainien visant à faire venir au Canada le Division SS Galicie malgré son interdiction en vertu de la loi canadienne.

Dans Fraud, Famine and Fascism, Progress Books, 1987, Tottle et Douglas affirment qu'« en 1946, le président du Comité canadien ukrainien, Wasyl Kushnir, a rendu visite aux hommes SS à Rimini. Certains d'entre eux portaient toujours leur uniforme nazi. Lorsque Kushnir est retourné au Canada, le CCU a exercé une pression pour veiller à ce qu'ils puissent entrer au Canada, mission en toute apparence difficile puisque les membres des SS étaient frappés d'une interdiction d'entrée. Devant le Comité permanent du sénat sur l'immigration et le travail, Kushnir fut interrogé à savoir s'il y avait des hommes de l'armée parmi les personnes déplacées dont il était question. Kushnir a répondu non, soutenant ainsi la prétention du sénateur David à l'effet que les hommes de la SS étaient des travailleurs et qu'ils avaient été déportés de force. »

La Division SS Galicie est accusée d'avoir tué un grand nombre de partisans polonais, ukrainiens et yougoslaves qui combattaient pour la libération de leur pays de l'occupation allemande nazie. Cette unité fut écrasée par l'Armée rouge soviétique à la bataille de Brody en 1944. Elle a ensuite été rebaptisée Première division de l'Armée nationale ukrainienne avant de se rendre aux forces alliées en 1945. En 1947, des milliers de membres de la Division SS Galicie furent autorisés à immigrer au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Un monument commémoratif leur est consacré à Oakville, en Ontario.

(Basé sur un article paru dans Feu !, journal de discussion du PCC(M-L) de 2010)

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