Le Marxiste-Léniniste

Numéro 20 - 28 avril 2015

Supplément

La crise existentielle
de l'économie canadienne

Statistique Canada relève des tendances économiques inquiétantes
Ce que dit Statistique Canada au sujet du ralentissement de l'industrie manufacturière canadienne de 1998 à 2008


La crise existentielle de l'économie canadienne

Statistique Canada relève des tendances économiques inquiétantes


Dans de récentes publications, Statistique Canada rapporte que le secteur des services est devenu le secteur dominant, atteignant 78,4 % de l'économie. Pour sa part, le secteur manufacturier a diminué sans arrêt au cours des dernières années, ne constituant maintenant que 9,4 % de l'économie. D'une population active de 19 millions, seulement 1,6 millions de personnes travaillent dans le secteur manufacturier. Le nombre de personnes travaillant actuellement dans le secteur manufacturier est bas comparativement aux années 70 et 80, alors que l'emploi manufacturier représentait près de 20 % de l'économie. Les statistiques révèlent un développement inégal de l'économie canadienne, indiquant que celle-ci est très dépendante de l'importation de produits manufacturés pour remplacer ceux provenant de l'économie canadienne elle-même. C'est un phénomène qui fait en sorte que l'économie est affaiblie, puisque siphonnée de sa valeur.

Le pourcentage de personnes travaillant dans le secteur des services est de 78,4 %, ce qui est le niveau le plus élevé suite à plusieurs décennies de hausses. Trois quarts des travailleurs canadiens détiennent désormais des emplois dans des secteurs tels la vente au détail, le secteur alimentaire, l'éducation, les services professionnels et les soins de santé. La valeur qu'ils produisent ne peut être réalisée que dans une économie dont l'industrie manufacturière est en pleine expansion ou dans une économie qu'on qualifie généralement d'économie diversifiée. Ce n'est pas la réalité actuelle et cela pose un défi de taille.

Mis à part la nécessité d'une économie diversifiée et autosuffisante, le faible taux de travailleurs dans le secteur manufacturier et la hausse du taux relatif de travailleurs dans le secteur des services représentent un sérieux défi pour la classe ouvrière et pour l'économie. La plupart des emplois dans le secteur des services sont à salaires réduits, à temps partiel et sans avantages sociaux ni sécurité. Seule une infime partie de ces travailleurs composée de professionnels bénéficie de salaires plus élevés, d'avantages sociaux et de régimes de retraite. La conséquence d'un secteur des services représentant 78 % de l'économie est que la valeur reproduite de la classe ouvrière, c'est-à-dire le montant que celle-ci réclame en salaires, en avantages sociaux et en régimes de retraite, a chuté relativement à la valeur totale produite par les travailleurs dans l'économie. La diminution générale de valeur reproduite et un déséquilibre grandissant dans l'économie suite à cette anémie du secteur manufacturier posent de graves problèmes pour la classe ouvrière et l'économie : on y retrouve, dans l'ensemble, un niveau de vie en chute libre et une économie qui ne peut pleinement réaliser la valeur produite par la classe ouvrière, en particulier la valeur dans le secteur des services lui-même.

La productivité à la hausse ne peut à elle seule expliquer le déclin en nombres absolus des travailleurs manufacturiers ainsi que la place relativement diminuée de ce secteur dans l'économie, puisque la population du Canada et la population active en soi ont de beaucoup augmenté. Les statistiques révèlent que le droit de monopole cible délibérément le secteur manufacturier. Il ne faut pas en conclure pour autant que le secteur des services devrait être réduit, mais plutôt que la classe ouvrière, en particulier les travailleurs sans emploi, les sous-employés ainsi que les millions de personnes qui ne font pas partie de la population active, peu importe la raison, devraient être mobilisés pour qu'ils puissent travailler au meilleur de leurs compétences. Près de 2 millions de travailleurs sont sans emploi ou bien travaillent à temps partiel faute d'emplois à temps plein tandis que 10 millions de Canadiens ayant plus de 15 ans ne font pas partie de la population active. Ces 12 millions de Canadiens représentent un potentiel inouï de production de valeur permettant non seulement de consolider le secteur manufacturier mais aussi pour participer en tant que travailleurs dans les programmes sociaux et les services publics, secteur qui serait stimulé par des investissements accrus.

Une population active pleinement mobilisée exercerait une pression à la hausse sur la valeur reproduite (la réclamation des travailleurs sur la valeur qu'ils produisent), en particulier dans les domaines à bas salaires comme le secteur des services. Cela aiderait à la réalisation de la valeur dans l'économie dans son ensemble.

Le chômage et le travail à temps partiel — un aperçu des statistiques de mars

Selon Statistique Canada, près de la moitié des hommes au travail entre 25 et 54 ans travaillent à temps partiel non pas par choix mais par nécessité. Cette statistique, de pair avec le taux élevé de chômage persistant de la population active déclarée, taux qui s'élève à 6,8 %, signifie que de vastes montants de valeur potentielle que la classe ouvrière pourrait produire si elle était pleinement employée, se perdent sans arrêt.

Statistique Canada indique que tous les nouveaux emplois au cours du mois de mars 2015 étaient des emplois à temps partiel. Les postes à temps partiel ont augmenté de 56 800 tandis que les postes à temps plein ont chuté de 28 200. Ce n'est pas seulement les hommes qui se plaignent de la pénurie d'emplois à temps plein : 35,6 % des femmes du principal groupe actif travaillant à temps partiel disent le faire à défaut d'emplois à temps plein. Un grand nombre de travailleurs, hommes et femmes, travaillant à temps partiel, sans emploi ou en marge de la population active ne peuvent se trouver un travail à temps plein. Il semblerait que ce taux est plus élevé que les niveaux de 2007, avant la crise économique de 2008, de laquelle l'économie est sensée s'être relevée. En chiffres réels, plus d'un demi-million de travailleurs du principal groupe d'âge au travail préféreraient un emploi à temps plein mais se trouvent malgré eux dans des emplois à temps partiel. Aussi, 1,3 million de travailleurs n'ont aucun travail du tout et des centaines de milliers sinon des millions de travailleurs ont tout simplement abandonné la population active.

Dans le secteur de production de biens, la part de l'industrie manufacturière à l'emploi total a chuté à des niveaux sans précédent. Elle a sombré à 9,4 % en mars, alors qu'elle était de 15 % dans les années 90 et de 19 % dans les années 70 et 80.

Statistique Canada dit que la croissance dans le secteur des services est souvent divisée en deux types d'emplois — les emplois à compétence élevée, aux salaires plus élevés que la moyenne (tels les ingénieurs et les architectes), et les emplois à compétences moindres, aux salaires sous la moyenne (tels que les emplois d'hôtellerie et de restauration rapide).

Au pays, le taux de participation à la population active en mars était de 65,9 %. La population de plus de 15 ans était de 29 millions alors que la population active déclarée était de 19 millions. En somme, Statistique Canada conclut que plus d'un demi-million de travailleurs du principal groupe d'âge (entre 25 et 54 ans) préféreraient de loin des emplois à temps plein plutôt que les emplois à temps partiel qu'ils ont présentement.

Dans les deux provinces productrices de pétrole, l'Alberta et Terre-Neuve, les taux de chômage ont grimpé à 5,5 % et à 13,3 % respectivement.

L'enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises publiée à la mi-avril révèle que les intentions d'embauche des principales compagnies sont les plus faibles depuis 2009.

Caractéristiques de la population active selon l'âge et le sexe
— Données désaisonnalisées


  Février 2015 Mars 2015 Erreur-type1 Février à mars 2015 Mars 2014 à mars 2015 Février à mars 2015 Mars 2014 à mars 2015
  milliers (sauf les taux) variation en milliers (sauf les taux) variation en %
Les deux sexes, 15 ans et plus              
Population 29 160,7 29 183,3 ... 22,6 303,8 0,1 1,1
Population active 19 197,6 19 224,0 29,0 26,4 111,9 0,1 0,6
Emploi 17 885,9 17 914,6 28,7 28,7 138,1 0,2 0,8
Temps plein 14 488,2 14 460,0 39,2 -28,2 110,5 -0,2 0,8
Temps partiel 3 397,8 3 454,6 36,1 56,8 27,6 1,7 0,8
Chômage 1 311,7 1 309,3 24,6 -2,4 -26,3 -0,2 -2,0
Taux d'activité 65,8 65,9 0,1 0,1 -0,3 ... ...
Taux de chômage 6,8 6,8 0,1 0,0 -0,2 ... ...
Taux d'emploi 61,3 61,4 0,1 0,1 -0,2 ... ...
Taux de temps partiel 19,0 19,3 0,2 0,3 0,0 ... ...
Jeunes, 15 à 24 ans              
Population 4 446,9 4 443,8 ... -3,1 -43,2 -0,1 -1,0
Population active 2 870,9 2 872,4 16,9 1,5 6,8 0,1 0,2
Emploi 2 488,4 2 499,0 15,6 10,6 23,3 0,4 0,9
Temps plein 1 266,2 1 262,7 18,8 -3,5 -14,6 -0,3 -1,1
Temps partiel 1 222,1 1 236,3 19,8 14,2 37,9 1,2 3,2
Chômage 382,6 373,3 14,5 -9,3 -16,6 -2,4 -4,3
Taux d'activité 64,6 64,6 0,4 0,0 0,7 ... ...
Taux de chômage 13,3 13,0 0,5 -0,3 -0,6 ... ...
Taux d'emploi 56,0 56,2 0,3 0,2 1,0 ... ...
Taux de temps partiel 49,1 49,5 0,7 0,4 1,1 ... ...
Hommes, 25 ans et plus              
Population 12 087,5 12 099,8 ... 12,3 168,9 0,1 1,4
Population active 8 674,0 8 655,8 15,3 -18,2 63,0 -0,2 0,7
Emploi 8 139,5 8 135,2 16,5 -4,3 76,3 -0,1 0,9
Temps plein 7 497,2 7 486,7 21,9 -10,5 102,2 -0,1 1,4
Temps partiel 642,3 648,5 17,9 6,2 -25,9 1,0 -3,8
Chômage 534,5 520,6 14,3 -13,9 -13,3 -2,6 -2,5
Taux d'activité 71,8 71,5 0,1 -0,3 -0,5 ... ...
Taux de chômage 6,2 6,0 0,2 -0,2 -0,2 ... ...
Taux d'emploi 67,3 67,2 0,1 -0,1 -0,3 ... ...
Taux de temps partiel 7,9 8,0 0,2 0,1 -0,4 ... ...
Femmes, 25 ans et plus              
Population 12 626,2 12 639,8 ... 13,6 178,2 0,1 1,4
Population active 7 652,7 7 695,8 16,5 43,1 42,1 0,6 0,6
Emploi 7 258,1 7 280,4 16,0 22,3 38,5 0,3 0,5
Temps plein 5 724,7 5 710,6 24,9 -14,1 22,8 -0,2 0,4
Temps partiel 1 533,4 1 569,8 23,7 36,4 15,7 2,4 1,0
Chômage 394,6 415,4 13,2 20,8 3,6 5,3 0,9
Taux d'activité 60,6 60,9 0,1 0,3 -0,5 ... ...
Taux de chômage 5,2 5,4 0,2 0,2 0,0 ... ...
Taux d'emploi 57,5 57,6 0,1 0,1 -0,5 ... ...
Taux de temps partiel 21,1 21,6 0,3 0,4 0,1 ... ...
...
n'ayant pas lieu de figurer
1.
Erreur-type moyenne du changement entre deux mois consécutifs. Voir « Variabilité d'échantillonnage des estimations » dans la section « À propos de l'Enquête sur la population active » figurant à la fin de la publication Information sur la population active (Numéro au catalogue71-001-X) pour plus d'explications.
Note(s) :
La somme des catégories pourrait parfois ne pas correspondre au total en raison de l'arrondissement.
Source(s) :
Tableau de CANSIM 282-0087.

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Ce que dit Statistique Canada au sujet du ralentissement de l'industrie manufacturière canadienne de 1998 à 2008

Voici la deuxième partie de «La crise existentielle de l'économie canadienne» de K. C. Adams qui cite une étude de Statistique Canada publiée en 2009 sur la situation dans le secteur manufacturier depuis 1998. Pour la première partie voir LML du 1er avril 2015.

***

De façon générale, Statistique Canada ne tentent pas d'analyser ses données en partant de la considération que le Canada a besoin d'une économie durable qui réponde aux besoins du peuple. Pour ce faire, il est nécessaire d'analyser les contradictions sous-jacentes des rapports de production, c'est-à-dire les rapports des Canadiens entre eux au sein de l'économie. Une analyse centrée sur l'humain tient compte avant tout de la structure de classe existante, dans laquelle la plupart des Canadiens vendent leur capacité de travail à des compagnies ou à des institutions d'État. Le rapport de classes sociales fondé sur la propriété privée des moyens de production n'est pas en harmonie avec l'amplitude du caractère social des forces productives. Les producteurs de fait — la vaste majorité du peuple canadien — n'exercent aucun pouvoir sur le secteur particulier de l'économie où ils travaillent ni sur leur milieu de travail en lien avec l'ensemble. Ils ne détiennent aucun pouvoir permettant de décider de la direction ni de leur secteur ni de l'ensemble ni de résoudre les problèmes qui s'y trouvent. Cette dictature vécue par les Canadiens dans le contexte économique est reflétée dans leur dépossession dans le domaine politique, où domine un système cartel de dictature parlementaire.

Si l'étude suivante de Statistique Canada offre un début d'analyse dans sa conclusion, l'ensemble est essentiellement une description de problèmes qui ne traite pas des profondes contradictions et qui ne cherche pas à les exposer. Tout en reconnaissant la valeur de ce travail, nous ne pouvons que constater l'absence de théorie centrée sur l'humain et comment il est nécessaire de la développer. Statistique Canada est une institution d'État au service de la classe capitaliste monopoliste. Les économistes qui y travaillent sont d'un grand professionnalisme et très compétents dans leur domaine. Leur travail ne touche qu'à la surface de l'économie et ne prétend pas aller au-delà d'une représentation superficielle de celle-ci. Aucun des économistes de Statistique Canada n'est autorisé à présenter une analyse qui critique la direction actuelle de l'économie en crise ou à traiter des contradictions inhérentes à l'économie qui doivent être résolues afin que celle-ci puisse avancer. Si un économiste de Statistique Canada devait procéder à de telles analyses, il serait sévèrement réprimandé et appelé à se rétracter sous menace de congédiement.

Une théorie centrée sur l'humain ne tombe pas du ciel ni n'émerge spontanément de descriptions d'événements ou de données, aussi vastes soient-elles. Cette théorie exige un effort conscient d'analyse des conditions concrètes du point de vue de ce que requiert l'économie pour qu'elle avance tout en servant le peuple et en résolvant les contradictions inhérentes à l'économie. La théorie nécessite cette grande pratique humaine consistant à concevoir ce qui manque ou ce que Hardial Bains a décrit comme un acte de participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir.

L'importance de l'industrie manufacturière dans une économie moderne ne peut être sous-estimée. L'économie nationale doit posséder des moyens de production et des articles de consommation, et ce, sans interruption. Ceci ne peut être fait que sur une base rationnelle et planifiée, permettant à tous les secteurs de participer de façon équilibrée en vertu d'un échange interne de valeur appuyé par mais non dépendant de l'importation et de l'exportation. L'échange interne de la valeur provenant de l'industrie manufacturière est nécessaire pour soutenir une économie indépendante qui n'est pas secouée par les crises récurrentes propres à la direction actuelle de l'économie centrée sur le capital où des sections sous contrôle et propriété séparés se livrent à la concurrence et à la collusion sans aucune allégeance à l'ensemble. Il ne s'agit pas d'un manque de compassion de la part des propriétaires privés mais plutôt de la condition objective qu'est la concurrence entre les sections de propriété privée au pays et à l'étranger. Ainsi éprouve-t-on un souci extrême pour ce qui est de chaque section particulière, tandis que les producteurs de fait sont laissés pour compte. On les tourne en dérision et on les rejette sommairement sous prétexte qu'ils ne sont qu'un coût de production.

Une économie indépendante servant le peuple nécessite un secteur manufacturier dynamique dans toutes les régions du Canada produisant la valeur nécessaire à un échange continu avec le secteur public (en particulier avec les secteurs publics de l'éducation et de la santé), l'extraction des ressources, la construction, l'infrastructure matérielle et sociale (en particulier les programmes sociaux), la culture, les sports et tous les autres divers aspects d'une économie moderne et viable.

La question clé qui se pose non seulement à la théorie mais aussi au mouvement pratique du peuple à la défense de ses droits et qui permettrait d'avancer est devenue : Qui décide ? La classe ouvrière en est arrivée à une étape de l'histoire où elle est appelée à diriger tous les Canadiens sur toutes les questions, y compris la question importante de la direction de l'économie. Les producteurs de fait doivent s'avancer de façon consciente et organisée pour fournir une nouvelle direction à l'économie et résoudre ses problèmes. Ceux qui soulèvent la question de la propriété privée des moyens de production comme au rôle de leadership de la classe ouvrière doivent comprendre que sans résoudre la contradiction fondamentale entre la propriété privée de composantes de l'économie et le caractère social de l'économie moderne, rien ne peut être résolu. Le peuple a le droit de décider de ces questions qui ont une incidence directe sur son existence. L'autorité despotique actuelle qui prive le peuple de ce droit à la fois en économie et en politique doit à son tour être privée de son autorité d'agir.

Tendances de l'emploi manufacturier (extraits)
- André Bernard -

De 2004 à 2008, plus d'un emploi manufacturier sur sept, soit près de 322 000 ont disparu (au Canada). En même temps, la croissance de l'emploi dans les autres secteurs a été relativement vigoureuse. Il s'est en effet créé plus de 1,5 million d'emplois dans le reste de l'économie de 2004 à 2008, une croissance de 11 %. Le taux de chômage national s'est de plus régulièrement situé, au cours des années 2007 et 2008, parmi les niveaux les plus bas des 30 dernières années. Le secteur manufacturier se porte beaucoup moins bien que le reste de l'économie.

Le contexte mondial

Le Canada est loin d'être le seul pays devant composer avec le recul de sa base manufacturière. Les États-Unis, qui continuent d'être le plus important partenaire commercial du Canada, ont vu près du quart de leurs emplois manufacturiers (4,1 millions) disparaître de 1998 à 2008.

La grande majorité des autres pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont également enregistré des pertes d'emplois importantes dans ce secteur ces dernières années.

De 1990 à 2003, l'emploi manufacturier a reculé de 29 % au Royaume-Uni, de 24 % au Japon, de 20 % en Belgique et en Suède et de 14 % en France.

L'Irlande a été le seul pays à avoir connu une croissance impressionnante (25 %). Cette croissance s'inscrivait cependant dans un contexte particulier où l'afflux d'investissements étrangers et le secteur des services ont crû encore plus rapidement que le secteur manufacturier. Le Mexique, l'Espagne et dans une moindre mesure le Canada et la Nouvelle-Zélande étaient les seuls autres pays à avoir connu une augmentation de l'emploi manufacturier de 1990 à 2003. L'année 2003 étant la dernière année disponible aux fins de comparaisons internationales, le résultat pour le Canada ne tient pas compte des importantes pertes d'emplois à partir de 2004. La part du secteur manufacturier dans l'emploi total a régressé de façon persistante dans presque tous les pays membres de l'OCDE. Cette tendance n'est pas récente. Par exemple, au début des années 1970, plus d'un emploi sur cinq aux États-Unis était un emploi manufacturier. En 2003, cette proportion était à peine supérieure à 11 %. Au Royaume-Uni, plus de 30 % des emplois au début des années 1970 étaient des emplois manufacturiers. En 2003, cette proportion est passée à 12 %.

À long terme, la proportion des emplois du secteur des services a augmenté alors que la part des emplois manufacturiers a diminué dans presque tous les pays de l'OCDE. Ce phénomène, s'il peut expliquer les tendances à long terme de la part relative de l'emploi manufacturier dans l'emploi total, n'explique pas le déclin du nombre absolu d'emplois manufacturiers.

Alors que l'importance relative des activités manufacturières a diminué dans les pays de l'OCDE, la Chine est devenue le centre mondial de l'emploi manufacturier. En effet, le nombre de travailleurs dans le secteur manufacturier en Chine était estimé à 109 millions en 2002, ce qui représente plus de deux fois plus de travailleurs que le total combiné (53 millions) de tous les pays membres du G-7.

Les facteurs démographiques, en particulier le vieillissement de la population observé dans presque tous les pays développés, contribuent à l'augmentation de la demande pour les services au détriment de la demande pour les produits manufacturés. On observe en effet une diminution progressive de la demande de produits manufacturés dans la demande finale totale de nombreux pays membres de l'OCDE.

Lorsque la croissance de la productivité du secteur manufacturier est plus élevée que celle du secteur des services, on peut s'attendre à ce qu'il y ait une réallocation des emplois du secteur manufacturier vers le secteur des services. Aux États-Unis, par exemple, la croissance de la productivité du travail dans le secteur manufacturier a été largement supérieure à celle de l'ensemble de l'économie non agricole depuis les années 1970, contribuant à la baisse de l'importance du secteur manufacturier dans l'emploi. Une productivité élevée signifie aussi qu'une entreprise peut produire la même quantité de biens avec moins de travailleurs, ce qui peut conduire à des pertes d'emplois Les variations du taux de change ont certainement un impact important sur le secteur manufacturier de tout pays fortement engagé dans le commerce extérieur. Le Canada a connu de grandes fluctuations de son taux de change depuis dix ans, sans tendance générale à l'appréciation ou à la dépréciation.

Tendances au Canada


Graphique A Après avoir connu une augmentation à la fin des années
1990, l'emploi manufacturier a stagné puis décliné


Le marché de l'emploi manufacturier a été marqué au cours des dix dernières années par une période de grand dynamisme, un ralentissement et une décroissance importante. La reprise du marché de l'emploi au Canada à partir du milieu des années 1990 a d'abord coïncidé avec l'essor de l'emploi manufacturier, très durement touché par la récession de 1991 à 1993. De 1998 à 2000, la croissance de l'emploi manufacturier a été vigoureuse, atteignant un sommet de 4,7 % en 1999 et a été, pour chacune de ces trois années, supérieure à celle du reste de l'économie.

Après avoir enregistré une croissance très faible de 0,7 % en 2004, l'emploi manufacturier a entrepris une tendance baissière très nette, enregistrant des pertes annuelles successives d'au moins 3 % de 2005 à 2008. Au cours de ces quatre années, c'est plus d'un emploi manufacturier sur sept qui a été perdu.

Ces pertes ont eu pour conséquence l'érosion rapide de la part de l'emploi manufacturier dans l'économie. De 14,9 % en 1998, cette part est d'abord passée à 14,4 % en 2004 avant de chuter rapidement à 11,5 % en 2008. (graphique B).


Graphique B La part de l'emploi manufacturier a chuté depuis le début du siècle

Les pertes d'emplois dans le secteur manufacturier ont été compensées par des gains importants dans le secteur des services et dans l'industrie de la construction (tableau 1). Ainsi, de 1998 à 2008, alors que la part de l'emploi manufacturier chutait de 3,4 points de pourcentage, celles de la construction et des services augmentaient de 2,0 points et de 2,5 points respectivement, pendant que 9 des 15 industries de services ont vu leur part augmenter.

 Tableau 1 Emploi par secteur d'activité, part de l'emploi total 1998 2001 2004 2008
%
Secteur des biens 26,0 25,3 25,0 23,5
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 3,8 2,8 2,7 2,4
Extraction minière, exploitation en carrière et extraction de pétrole et de gaz 1,3 1,2 1,2 1,5
Services publics 0,8 0,8 0,8 0,9
Construction 5,2 5,5 6,0 7,2
Fabrication 14,9 14,9 14,4 11,5
Secteur des services 74,0 74,7 75,0 76,5
Commerce de gros 3,2 3,7 3,7 3,7
Commerce de détail 11,9 12,1 12,1 11,9
Transport et entreposage 5,1 5,2 5,0 5,0
Industrie de l'information et industrie culturelle 2,7 2,7 2,4 2,3
Finance et assurances 4,3 4,3 4,3 4,5
Service immobiliers, de location et de location à bail 1,8 1,6 1,7 1,7
Services professionels, scientifiques et techniques 6,1 6,6 6,4 7,0
Gestion de sociétés et d'entreprises 0,0 0,0 0,0 0,0
Services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d'assainissement 3,4 3,6 3,9 4,0
Services d'enseignement 6,6 6,6 6,5 7,0
Soins de santé et assistance sociale 10,2 10,3 10,9 11,1
Arts, spectacles et loisirs 1,7 2,0 2,2 2,1
Hébergement et services de restauration 6,5 6,3 6,3 6,3
Autres services 5,0 4,5 4,4 4,4
Administration publiques 5,6 5,3 5,2 5,4
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.


Les industries manufacturières en recul généralisé depuis 2004

Presque toutes les industries manufacturières sont en net recul depuis 2004. Sur les 23 industries examinées, seulement 6 ont connu des hausses d'emploi de 2004 à 2008. Mentionnons tout particulièrement les industries de matériels de transport (autre que les véhicules et les pièces automobiles) (9,2 %), de produits du pétrole et du charbon (8,5 %) et de produits informatiques et électroniques (7,4 %). À l'opposé, 17 industries ont perdu des emplois, souvent dans des proportions considérables (tableau 2).

 Tableau 2 L'emploi dans le secteur manufacturier 2008 Variation 1998 à 2004 Variation 2004 à 2008
nombre % nombre %
Usines de textiles 9 600 3 400 20,7 -10 200 -51,5
Vêtements 44 400 -32 700 -28,5 -37 800 -46,0
Usines de produits textiles 14 700 -14 700 -37,1 -10 200 -41,0
Produits en bois 129 000 37 900 25,5 -57 300 -30,8
Pièces de véhicules automobiles 98 700 37 200 36,4 -40 600 -29,1
Produits en plastique et en caoutchouc 103 300 26 700 23,9 -35 300 -25,5
Véhicules automobiles 64 500 3 800 5,0 -15 900 -19,8
Machines 112 300 35 100 33,9 -26 200 -18,9
Meubles et de produits connexes 103 600 32 100 33,9 -23 100 -18,2
Activités diverses 85 600 12 900 14,3 -17 800 -17,2
Première transformation des métaux 77 400 -15 100 -14,0 -15 000 -16,2
Papier 90 600 -17 900 -14,7 -13 200 -12,7
Impression et activités connexes de soutien 101 100 19 000 20,2 -11 900 -10,5
Produits en argile et produits réfractaires 59 000 14 800 29,4 -6 200 -9,5
Produits chimiques 109 800 9 300 8,6 -7 800 -6,6
Aliments 259 400 45 600 20,0 -14 000 -5,1
Matériel d'appareils et de composants électriques 47 800 -1 900 -3,8 -900 -1,8
Produits métalliques 177 500 17 500 11,0 1 500 0,9
Boissons et de produits du tabac 38 700 -600 -1,6 1 400 3,8
Produits en cuir et de produits analogues 8 000 -6 200 -44,6 300 3,9
Produits informatiques et électroniques 109 500 -3 300 -3,1 7 500 7,4
Produits du pétrole et du charbon 19 100 -1 000 -5,4 1 500 8,5
Matériel de transport (sauf vehicules et pièces automobiles) 106 700 -2 900 -2 ,9 9 000 9,2
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

L'industrie du textile et du vêtement, qui fut longtemps un des plus importants employeurs manufacturiers du pays, a été l'industrie manufacturière la plus durement touchée . De 2004 à 2008, les industries de la fabrication de vêtements et les usines de textiles et de produits textiles ont vu près de la moitié de leurs emplois disparaître.

L'industrie automobile canadienne a aussi été durement touchée. Le secteur de la fabrication de pièces automobiles a perdu plus du quart de ses emplois de 2004 à 2008, pendant que celui de la fabrication de véhicules automobiles en perdait le cinquième. Le secteur de la fabrication de pièces a vu le nombre de ses emplois passer de 139 300 à 98 700, ce qui a annulé entièrement la croissance vigoureuse de 1998 à 2004. Le secteur de la fabrication de véhicules automobiles a de son côté perdu 15 900 emplois de 2004 à 2008, ce qui faisait suite à une croissance de l'emploi plutôt modeste de 5,0 % de 1998 à 2004. L'industrie canadienne de l'automobile, surtout concentrée en Ontario, est en mutation depuis plusieurs années. La production de véhicules des trois grands constructeurs américains est en forte baisse depuis 1998, alors qu'elle a augmenté dans les usines appartenant aux Japonais.

Toutes les industries reliées au bois et au papier sont en difficultés. L'industrie de la fabrication de produits en bois a perdu 57 300 emplois de 2004 à 2008, ce qui a plus qu'annulé toute la croissance qu'avait connue cette industrie de 1998 à 2004 (37 900 emplois). Toute l'industrie du bois d'oeuvre a connu d'importantes difficultés ces dernières années, devant notamment composer avec l'imposition de droits antidumping et de droits compensateurs par les États-Unis de 2002 à 2006, la hausse du prix de l'énergie et de la matière première, la chute de la demande et du prix du bois d'oeuvre et la hausse du taux de change du dollar canadien. L'industrie de la fabrication du papier est pour sa part en recul constant depuis 10 ans, l'emploi ayant reculé successivement de 14,7 % de 1998 à 2004 et de 12,7 % de 2004 à 2008. Reflétant la morosité du secteur du papier, l'industrie de l'impression a perdu 10,5 % de ses emplois de 2004 à 2008.

Baisse du taux de syndicalisation dans le secteur manufacturier

Seule une très petite minorité (4,1 % en 2008) des emplois manufacturiers sont à temps partiel et cette proportion est demeurée pratiquement inchangée depuis 1998, ce qui indique que proportionnellement autant d'emplois à temps plein que d'emplois à temps partiel ont été perdus (tableau 3). La très faible proportion d'emploi à temps partiel est une caractéristique propre au secteur manufacturier alors que plus de 20 % des emplois dans le reste de l'économie sont à temps partiel.

 Tableau 3 Caractéristiques des emplois 1998 2008
%
Secteur de la fabrication
Emplois à temps plein 96,0 95,9
Emplois à temps partiel 4,0 4,1
Taille de la firme
Moins de 20 employés 12,4 12,9
20 à 99 employés 20,4 20,2
100 à 500 employés 19,5 19,6
Plus de 500 employés 47,7 47,3
Taux de syndicalisation 32,2 26,4
Âge moyen (années) 38,8 41,4
Nombre moyen d'années d'ancienneté 9,0 9,6
Gains moyens ($ courants) 15,6 20,8
  %
Reste de l'économie
Emplois à temps plein 78,6 79,7
Emplois à temps partiel 21,4 20,3
Taille de la firme
Moins de 20 employés 23,7 20,3
20 à 99 employés 15,8 15,4
100 à 500 employés 15,1 13,4
Plus de 500 employés 45,4 50,9
Taux de syndicalisation 30,1 29,5
Âge moyen (années) 38,3 39,9
Nombre moyen d'années d'ancienneté 7,9 8,0
Gains moyens ($ courants) 12,6 17,7
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

La syndicalisation est généralement vue comme un indicateur, parmi d'autres, de la qualité des emplois. Les emplois syndiqués bénéficient habituellement d'un avantage salarial, même lorsque l'on prend en compte les caractéristiques des employés et des milieux de travail. De 1998 à 2008, les emplois syndiqués ont disparu à un taux deux fois plus élevé que celui des emplois non syndiqués. Conséquemment, le taux de syndicalisation a reculé de 32,2 % à 26,4 %. Pour le reste de l'économie, la syndicalisation a moins reculé, passant de 30,1 % à 29,5 %.

La répartition des emplois manufacturiers selon la taille de la firme n'a pas non plus changé de façon notable ces dix dernières années, ce qui signifie que les pertes d'emplois n'ont pas touché plus durement les petites entreprises que les grandes.

Le Centre du pays plus durement touché

Le Québec et l'Ontario représentent le coeur industriel du Canada. En s'éloignant de ces deux provinces, on retrouve généralement proportionnellement moins d'emplois manufacturiers. En 2008, la part de l'emploi manufacturier au Québec et en Ontario était de 14,0 % et de 13,5 % respectivement, alors que la moyenne nationale était de 11,5 % (tableau 4). Ces deux provinces comptent ensemble plus de 1,4 million (73,3 %) des emplois manufacturiers du Canada. Le Manitoba compte également une importante présence manufacturière, avec 11,3 % de ses emplois qui en dépendent. Toutes les autres provinces affichent des proportions sous la moyenne nationale. La Saskatchewan, plus fortement axée sur les ressources naturelles, est la province dont le secteur manufacturier est le moins important (6,0 %).

 Tableau 4 Variation de l'emploi selon la province Variation 1998 à 2004 Variation 2004 à 2008 Emploi manufacturier 2008
nombre % nombre % nombre % de l'emploi total
Secteur de la fabrication 198 600 9,5 -321 800 -14,0 1 970 300 11,5
Terre-Neuve-et-Labrador 1 400 8,9 -3 100 -18,0 14 100 6,4
Île-du-Prince-Édouard 800 14,8 -100 -1,6 6 100 8,7
Nouvelle-Écosse 2 600 6,3 -4 500 -10,3 39 100 8,6
Nouveau-Brunswick 5 300 14,5 -6 700 -16,0 35 200 9,6
Québec 30 200 5,0 -86 700 -13,8 543 600 14,0
Ontario 119 200 12,2 -198 600 -18,1 901 200 13,5
Manitoba 6 000 9,5 -200 -0,3 68 700 11,3
Sasktachewan -400 -1,4 2 100 7,3 30 900 6,0
Alberta 18 400 14,6 -300 -0,2 144 100 7,2
Colombie-Britannique 15 300 7,8 -23 800 -11,3 187 400 8,1
Reste de l'économie 1 702 100 14,2 1 500 700 11,0 15 155 600 88,5
Terre-Neuve-et-Labrador 20 500 11,6 9 100 4,6 206 200 93,6
Île-du-Prince-Édouard 6 500 12,0 3 500 5,8 64 200 91,3
Nouvelle-Écosse 44 300 12,5 15 500 3,9 414 100 91,4
Nouveau-Brunswick 29 500 10,6 22 800 7,4 331 000 90,4
Québec 392 800 14,8 287 900 9,4 3 338 100 86,0
Ontario 744 000 16,6 569 400 10,9 5 786 100 86,5
Manitoba 36 400 7,7 30 300 6,0 538 000 88,7
Sasktachewan 9 600 2,2 30 900 6,9 481 800 94,0
Alberta 229 200 16,6 256 100 15,9 1 869 200 92,8
Colombie-Britannique 189 000 11,4 275 400 14,9 2 126 900 91,9
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

Dans six provinces, il s'est perdu au moins un emploi manufacturier sur 10 de 2004 à 2008. L'Ontario a subi le recul le plus important, ayant perdu 198 600 emplois soit près d'un emploi sur cinq (18,1 %) en quatre ans seulement. Terre-Neuve-et-Labrador (-18,0 %), le Nouveau-Brunswick (-16,0 %), le Québec (-13,8 %), la Colombie-Britannique (-11,3 %) et la Nouvelle-Écosse (-10,3 %) ont également connu des pertes fort importantes.

Les petites régions urbaines éprouvent-elles plus de difficultés à composer avec les pertes d'emplois ?

De 2004 à 2008, ce sont les très grandes RMR (régions métropolitaines de recensement telles Toronto, Montréal et Vancouver) qui ont perdu, proportionnellement, le plus d'emplois manufacturiers. Plus de 150 000 emplois ont été perdus dans l'une ou l'autre de ces trois très grandes RMR, une baisse collective de 17,2 % (tableau 5).

Tableau 5 Variation de l'emploi selon le type de région 2008 Variation 1998 à 2004 Variation 2004 à 2008
milliers % milliers %
Secteur de la fabrication 1 970,3 198,6 9,5 -321,8 -14,0
Montréal-Toronto-Vancouver 742,4 69,2 8,4 -154,2 -17,2
Grandes régions métropolitaines de recensement 273,8 30,8 11,5 -23,9 -8,0
Petites régions métropolitaines de recensement 267,4 16,0 5,4 -46,5 -14,8
Petites villes et régions rurales 691,7 82,6 11,8 -92,3 -11,8
Reste de l'économie 15 155,6 1 702,1 14,2 1 500,7 11,0
Montréal-Toronto-Vancouver 5 323,8 706,5 17,5 581,1 12,3
Grandes régions métropolitaines de recensement 2 885,1 367,7 16,7 309,8 12,0
Petites régions métropolitaines de recensement 2 124,9 233,4 13,7 182,5 9,4
Petites villes et régions rurales 4 827,2 394,5 9,9 432,9 9,9
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

Dans les plus petites régions (les grandes RMR telles Québec, Ottawa-Gatineau, Hamilton, Winnipeg, Calgary et Edmonton) les baisses ont été moins grandes, mais quand même significatives.

Ainsi, dans les petites RMR (dont la population est entre 100 000 et 500 000)et dans les petites villes et régions rurales, l'emploi manufacturier a baissé de 14,8 % et de 11,8 % respectivement.

Si les petites villes et les régions rurales ont perdu proportionnellement moins d'emplois, le reste de leur économie a également progressé plus lentement. En effet, la croissance totale de l'emploi de 2004 à 2008 a été de 7,6 % dans les très grandes RMR, comparativement à 6,6 % dans les petites villes et les régions rurales.

Ainsi, pour chaque emploi manufacturier perdu dans les très grandes villes de 2004 à 2008, il s'est créé en moyenne 3,8 emplois dans les autres secteurs. Dans les petites villes et les régions rurales, pour chaque emploi manufacturier perdu, il s'est créé 4,7 emplois ailleurs.

Par contre, le bassin des emplois non manufacturiers est généralement moins payant dans les petites villes et les régions rurales que dans les très grandes RMR. Ainsi, dans les petites villes et les régions rurales, les salaires et traitements manufacturiers sont en moyenne 25,3 % plus élevés que ceux des secteurs non manufacturiers, comparativement à une différence de 11,2 % dans les très grandes RMR (tableau 6).

Tableau 6 Caractéristiques des emplois selon le type de région Syndicalisation PME1 Âge moyen Ancienneté moyenne Gains horaires moyens
% années $
Secteur de la fabrication
Montréal-Toronto-Vancouver (réf.) 21,7 58,6 41,9 8,7 20,09
Grandes régions métropolitaines de recensement 20,8 51,1* 40,6* 8,8 22,87*
Petites régions métropolitaines de recensement 30,8* 44,5* 41,1* 10,5* 22,76*
Petites villes et régions rurales 32,4* 50,5* 41,0* 10,4* 19,78*
Reste de l'économie
Montréal-Toronto-Vancouver (réf.) 27,0 48,6 39,9 7,6 18,06
Grandes régions métropolitaines de recensement 30,6* 42,7* 39,0* 7,4 19,93*
Petites régions métropolitaines de recensement 31,9* 45,6* 39,4* 8,2* 17,82*
Petites villes et régions rurales 30,4* 55,9* 40,7* 8,6* 15,79*
* significativement différent par rapport au groupe de référence (réf.) au niveau de 0,05.
1. Une petite ou moyenne entreprise est définie comme une entreprise de moins de 500 employés.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 2008.

Production manufacturière et productivité


Graphique C Le PIB global a augmenté de 2005 à 2008 alors que la production manufacturière a diminué depuis 2006

L'examen de l'évolution de la production industrielle, mesuré par le produit intérieur brut (PIB), donne une perspective différente que les données sur l'emploi. La production industrielle a été anémique de 2004 à 2007, en plus d'enregistrer une baisse de 3,7 % au cours des deux premiers trimestres de 2008 (graphique C). La croissance de la production industrielle a été chaque année inférieure à la croissance de la production pour l'ensemble de l'économie. Cependant, les baisses de production ont été généralement moins importantes que les baisses d'emploi, ce qui signifie qu'une partie des baisses d'emplois s'explique par les gains de productivité des industries manufacturières. La croissance de la productivité du travail des industries manufacturières a été plus rapide que celle pour l'ensemble de l'économie 3 années sur 4 de 2004 à 2007 et 7 années sur 10 de 1998 à 2007. En d'autres termes, en même temps que la production baissait, les entreprises devenaient plus efficientes et pouvaient produire davantage avec une même main-d'oeuvre. Cette tendance à la productivité du travail à croître plus rapidement dans les industries manufacturières n'est ni nouvelle ni propre au Canada. En effet, le secteur manufacturier contribue généralement fortement à la croissance générale de la productivité dans la plupart des pays de l'OCDE

Conclusion

De 2004 à 2008, plus d'un emploi manufacturier sur sept, soit 322 000 emplois, a disparu au Canada. La majorité de ces pertes ont eu lieu en Ontario, mais on a également observé des reculs ailleurs au pays. En effet, dans six provinces, au moins un emploi manufacturier sur 10 a disparu de 2004 à 2008. Ces reculs se sont inscrits dans une période de turbulences économiques au pays, alors que le taux de change a beaucoup fluctué.

Ces tendances ne sont pas uniques au Canada. On observe un déclin du secteur manufacturier dans la plupart des pays de l'OCDE. La situation canadienne s'est toutefois distinguée par un certain retard, l'emploi manufacturier au Canada n'ayant commencé à décroître qu'à partir de 2004, alors que plusieurs autres pays, notamment les États-Unis, composaient déjà avec d'importantes pertes d'emplois depuis plusieurs années.

Le recul de l'emploi manufacturier est généralisé à presque tout le secteur manufacturier. Cependant, les industries du textile et du vêtement, les industries de la fabrication de véhicules automobiles et de pièces pour véhicules automobiles et les industries reliées au bois et au papier ont été les plus touchées. Les emplois perdus avaient davantage tendance à être des emplois syndiqués.

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