Statistique Canada relève des tendances
économiques inquiétantes
Dans de récentes publications, Statistique Canada
rapporte que le secteur des services est devenu le secteur dominant,
atteignant 78,4 % de l'économie. Pour sa part, le secteur
manufacturier a diminué sans arrêt au cours des
dernières années, ne constituant maintenant que
9,4 % de l'économie. D'une population active de 19
millions, seulement 1,6 millions de personnes travaillent dans le
secteur manufacturier. Le nombre de personnes travaillant actuellement
dans le secteur manufacturier est bas comparativement aux années
70 et 80, alors que l'emploi manufacturier représentait
près de 20 % de l'économie. Les statistiques
révèlent un développement inégal de
l'économie canadienne, indiquant que celle-ci est très
dépendante de l'importation de produits manufacturés pour
remplacer ceux provenant de l'économie canadienne
elle-même. C'est un phénomène qui fait en sorte que
l'économie est affaiblie, puisque siphonnée de sa valeur.
Le pourcentage de personnes travaillant dans le secteur
des services est de 78,4 %, ce qui est le niveau le plus
élevé suite à plusieurs décennies de
hausses. Trois quarts des travailleurs canadiens détiennent
désormais des emplois dans des secteurs tels la vente au
détail, le secteur alimentaire, l'éducation, les services
professionnels et les
soins de santé. La valeur qu'ils produisent ne peut être
réalisée que dans une économie dont l'industrie
manufacturière est en pleine expansion ou dans une
économie qu'on qualifie généralement
d'économie diversifiée. Ce n'est pas la
réalité actuelle et cela pose un défi de taille.
Mis à part la
nécessité d'une
économie diversifiée et autosuffisante, le faible taux de
travailleurs dans le secteur manufacturier et la hausse du taux relatif
de travailleurs dans le secteur des services représentent un
sérieux défi pour la classe ouvrière et pour
l'économie. La plupart des emplois dans le secteur des services
sont à salaires réduits, à
temps partiel et sans avantages sociaux ni sécurité.
Seule une infime partie de ces travailleurs composée de
professionnels bénéficie de salaires plus
élevés, d'avantages sociaux et de régimes de
retraite. La conséquence d'un secteur des services
représentant 78 % de l'économie est que la valeur
reproduite de la classe ouvrière, c'est-à-dire le
montant que celle-ci réclame en salaires, en avantages sociaux
et en régimes de retraite, a chuté relativement à
la valeur totale produite par les travailleurs dans l'économie.
La diminution générale de valeur reproduite et un
déséquilibre grandissant dans l'économie suite
à cette anémie du secteur manufacturier posent de graves
problèmes pour la
classe ouvrière et l'économie : on y retrouve, dans
l'ensemble, un niveau de vie en chute libre et une économie qui
ne peut pleinement réaliser la valeur produite par la classe
ouvrière, en particulier la valeur dans le secteur des services
lui-même.
La productivité à la hausse ne peut
à elle seule expliquer le déclin en nombres absolus des
travailleurs manufacturiers ainsi que la place relativement
diminuée de ce secteur dans l'économie, puisque la
population du Canada et la population active en soi ont de beaucoup
augmenté. Les statistiques révèlent que le droit
de monopole cible
délibérément le secteur manufacturier. Il ne faut
pas en conclure pour autant que le secteur des services devrait
être réduit, mais plutôt que la classe
ouvrière, en particulier les travailleurs sans emploi, les
sous-employés ainsi que les millions de personnes qui ne font
pas partie de la population active, peu importe la raison, devraient
être mobilisés
pour qu'ils puissent travailler au meilleur de leurs
compétences. Près de 2 millions de travailleurs sont sans
emploi ou bien travaillent à temps partiel faute d'emplois
à temps plein tandis que 10 millions de Canadiens ayant plus de
15 ans ne font pas partie de la population active. Ces 12 millions de
Canadiens représentent un potentiel inouï de
production de valeur permettant non seulement de consolider le secteur
manufacturier mais aussi pour participer en tant que travailleurs dans
les programmes sociaux et les services publics, secteur qui serait
stimulé par des investissements accrus.
Une population active pleinement mobilisée
exercerait une pression à la hausse sur la valeur reproduite (la
réclamation des travailleurs sur la valeur qu'ils produisent),
en particulier dans les domaines à bas salaires comme le secteur
des services. Cela aiderait à la réalisation de la valeur
dans l'économie dans son ensemble.
Le chômage et le travail à temps partiel —
un aperçu des statistiques de mars
Selon Statistique Canada, près de la
moitié des hommes au travail entre 25 et 54 ans travaillent
à temps partiel non pas par choix mais par
nécessité. Cette statistique, de pair avec le taux
élevé de chômage persistant de la population active
déclarée, taux
qui s'élève à 6,8 %, signifie que de vastes
montants de valeur potentielle que la classe ouvrière pourrait
produire si elle était pleinement employée, se perdent
sans arrêt.
Statistique Canada indique que tous les nouveaux emplois
au cours du mois de mars 2015 étaient des emplois à temps
partiel. Les postes à temps partiel ont augmenté de 56
800 tandis que les postes à temps plein ont chuté de 28
200. Ce n'est pas seulement les hommes qui se plaignent de la
pénurie d'emplois à temps plein :
35,6 % des femmes du principal groupe actif travaillant à
temps partiel disent le faire à défaut d'emplois à
temps plein. Un grand nombre de travailleurs, hommes et femmes,
travaillant à temps partiel, sans emploi ou en marge de la
population active ne peuvent se trouver un travail à temps
plein. Il semblerait que ce taux est plus élevé que
les niveaux de 2007, avant la crise économique de 2008, de
laquelle l'économie est sensée s'être
relevée. En chiffres réels, plus d'un demi-million de
travailleurs du principal groupe d'âge au travail
préféreraient un emploi à temps plein mais se
trouvent malgré eux dans des emplois à temps partiel.
Aussi, 1,3 million de travailleurs n'ont aucun
travail du tout et des centaines de milliers sinon des millions de
travailleurs ont tout simplement abandonné la population active.
Dans le secteur de production de biens, la part de
l'industrie manufacturière à l'emploi total a
chuté à des niveaux sans précédent. Elle a
sombré à 9,4 % en mars, alors qu'elle était
de 15 % dans les années 90 et de 19 % dans les
années 70 et 80.
Statistique Canada dit que la croissance dans le secteur
des services est souvent divisée en deux types d'emplois — les
emplois à compétence élevée, aux salaires
plus élevés que la moyenne (tels les ingénieurs et
les architectes), et les emplois à compétences moindres,
aux salaires sous la moyenne (tels que les emplois d'hôtellerie
et de
restauration rapide).
Au pays, le taux de participation à la population
active en mars était de 65,9 %. La population de plus de 15
ans était de 29 millions alors que la population active
déclarée était de 19 millions. En somme,
Statistique Canada conclut que plus d'un demi-million de travailleurs
du principal groupe d'âge (entre 25 et 54 ans)
préféreraient de
loin des emplois à temps plein plutôt que les emplois
à temps partiel qu'ils ont présentement.
Dans les deux provinces productrices de pétrole,
l'Alberta et Terre-Neuve, les taux de chômage ont grimpé
à 5,5 % et à 13,3 % respectivement.
L'enquête de la Banque du Canada sur les
perspectives des entreprises publiée à la mi-avril
révèle que les intentions d'embauche des principales
compagnies sont les plus faibles depuis 2009.
Caractéristiques de la population active
selon
l'âge et le sexe
— Données désaisonnalisées
Février
2015
Mars 2015
Erreur-type1
Février
à
mars
2015
Mars 2014
à mars 2015
Février
à
mars
2015
Mars 2014
à mars 2015
milliers
(sauf
les
taux)
variation
en
milliers
(sauf les taux)
variation
en
%
Les
deux sexes, 15 ans et plus
Population
29 160,7
29 183,3
...
22,6
303,8
0,1
1,1
Population
active
19 197,6
19 224,0
29,0
26,4
111,9
0,1
0,6
Emploi
17 885,9
17 914,6
28,7
28,7
138,1
0,2
0,8
Temps plein
14 488,2
14 460,0
39,2
-28,2
110,5
-0,2
0,8
Temps
partiel
3 397,8
3 454,6
36,1
56,8
27,6
1,7
0,8
Chômage
1 311,7
1 309,3
24,6
-2,4
-26,3
-0,2
-2,0
Taux
d'activité
65,8
65,9
0,1
0,1
-0,3
...
...
Taux de
chômage
6,8
6,8
0,1
0,0
-0,2
...
...
Taux
d'emploi
61,3
61,4
0,1
0,1
-0,2
...
...
Taux de
temps partiel
19,0
19,3
0,2
0,3
0,0
...
...
Jeunes,
15
à
24 ans
Population
4 446,9
4 443,8
...
-3,1
-43,2
-0,1
-1,0
Population
active
2 870,9
2 872,4
16,9
1,5
6,8
0,1
0,2
Emploi
2 488,4
2 499,0
15,6
10,6
23,3
0,4
0,9
Temps plein
1 266,2
1 262,7
18,8
-3,5
-14,6
-0,3
-1,1
Temps
partiel
1 222,1
1 236,3
19,8
14,2
37,9
1,2
3,2
Chômage
382,6
373,3
14,5
-9,3
-16,6
-2,4
-4,3
Taux
d'activité
64,6
64,6
0,4
0,0
0,7
...
...
Taux de
chômage
13,3
13,0
0,5
-0,3
-0,6
...
...
Taux
d'emploi
56,0
56,2
0,3
0,2
1,0
...
...
Taux de
temps partiel
49,1
49,5
0,7
0,4
1,1
...
...
Hommes,
25
ans
et plus
Population
12 087,5
12 099,8
...
12,3
168,9
0,1
1,4
Population
active
8 674,0
8 655,8
15,3
-18,2
63,0
-0,2
0,7
Emploi
8 139,5
8 135,2
16,5
-4,3
76,3
-0,1
0,9
Temps plein
7 497,2
7 486,7
21,9
-10,5
102,2
-0,1
1,4
Temps
partiel
642,3
648,5
17,9
6,2
-25,9
1,0
-3,8
Chômage
534,5
520,6
14,3
-13,9
-13,3
-2,6
-2,5
Taux
d'activité
71,8
71,5
0,1
-0,3
-0,5
...
...
Taux de
chômage
6,2
6,0
0,2
-0,2
-0,2
...
...
Taux
d'emploi
67,3
67,2
0,1
-0,1
-0,3
...
...
Taux de
temps partiel
7,9
8,0
0,2
0,1
-0,4
...
...
Femmes,
25
ans
et plus
Population
12 626,2
12 639,8
...
13,6
178,2
0,1
1,4
Population
active
7 652,7
7 695,8
16,5
43,1
42,1
0,6
0,6
Emploi
7 258,1
7 280,4
16,0
22,3
38,5
0,3
0,5
Temps plein
5 724,7
5 710,6
24,9
-14,1
22,8
-0,2
0,4
Temps
partiel
1 533,4
1 569,8
23,7
36,4
15,7
2,4
1,0
Chômage
394,6
415,4
13,2
20,8
3,6
5,3
0,9
Taux
d'activité
60,6
60,9
0,1
0,3
-0,5
...
...
Taux de
chômage
5,2
5,4
0,2
0,2
0,0
...
...
Taux
d'emploi
57,5
57,6
0,1
0,1
-0,5
...
...
Taux de
temps partiel
21,1
21,6
0,3
0,4
0,1
...
...
...
n'ayant pas lieu de figurer
1.
Erreur-type
moyenne du changement entre deux mois consécutifs. Voir «
Variabilité
d'échantillonnage des estimations » dans la section
« À propos de
l'Enquête sur la population active » figurant à la
fin de la
publication Information sur la population active (Numéro au catalogue71-001-X) pour
plus d'explications.
Note(s) :
La somme des catégories
pourrait parfois ne pas correspondre au total en raison de
l'arrondissement.
Source(s) :
Tableau de CANSIM 282-0087.
Date de modification :
Ce que dit Statistique Canada au sujet du
ralentissement de l'industrie manufacturière canadienne de 1998
à 2008
Voici la deuxième partie de «La
crise existentielle de l'économie canadienne» de K. C.
Adams qui cite une étude de Statistique Canada publiée en
2009 sur la situation dans le secteur manufacturier depuis 1998. Pour
la première partie voir LML du 1er avril
2015.
***
De façon
générale, Statistique Canada ne tentent pas d'analyser
ses données
en partant de la considération que le Canada a besoin d'une
économie durable qui réponde aux besoins du peuple. Pour
ce faire, il est
nécessaire d'analyser les contradictions sous-jacentes des
rapports de production, c'est-à-dire les rapports des Canadiens
entre
eux au sein de l'économie. Une analyse centrée sur
l'humain tient compte avant tout de la structure de classe existante,
dans laquelle la plupart des Canadiens vendent leur capacité de
travail à des compagnies ou à des institutions
d'État. Le rapport de classes sociales fondé sur la
propriété privée des moyens de production n'est
pas en harmonie
avec l'amplitude du caractère social des forces productives. Les
producteurs de fait — la vaste majorité du peuple canadien —
n'exercent aucun pouvoir sur le secteur particulier de
l'économie où ils travaillent ni sur leur milieu de
travail en lien avec l'ensemble. Ils ne détiennent aucun pouvoir
permettant de décider de la direction ni de leur secteur
ni de l'ensemble ni de résoudre les problèmes qui s'y
trouvent. Cette dictature vécue par les Canadiens dans le
contexte économique est reflétée dans leur
dépossession dans le domaine politique, où domine un
système cartel de dictature parlementaire.
Si l'étude suivante de Statistique Canada offre
un début d'analyse dans sa conclusion, l'ensemble est
essentiellement une description de problèmes qui ne traite pas
des profondes contradictions et qui ne cherche pas à les
exposer. Tout en reconnaissant la valeur de ce travail, nous ne pouvons
que constater l'absence de théorie centrée sur
l'humain et comment il est nécessaire de la développer.
Statistique Canada est une institution d'État au service de la
classe capitaliste monopoliste. Les économistes qui y
travaillent sont d'un grand professionnalisme et très
compétents dans leur domaine. Leur travail ne touche qu'à
la surface de l'économie et ne prétend pas aller
au-delà d'une
représentation superficielle de celle-ci. Aucun des
économistes de Statistique Canada n'est autorisé à
présenter une analyse qui critique la direction actuelle de
l'économie en crise ou à traiter des contradictions
inhérentes à l'économie qui doivent être
résolues afin que celle-ci puisse avancer. Si un
économiste de Statistique Canada devait procéder à
de telles analyses, il serait sévèrement
réprimandé et appelé à se rétracter
sous menace de congédiement.
Une théorie centrée sur l'humain ne tombe
pas du ciel ni n'émerge spontanément de
descriptions d'événements ou de données, aussi
vastes soient-elles. Cette théorie exige un effort conscient
d'analyse des conditions concrètes du point de vue de ce que
requiert l'économie pour qu'elle avance tout en servant le
peuple et en résolvant les
contradictions inhérentes à l'économie. La
théorie nécessite cette grande pratique humaine
consistant à concevoir ce qui manque ou ce que Hardial Bains
a décrit comme un acte de participation consciente de
l'individu, l'acte de découvrir.
L'importance de l'industrie manufacturière dans
une économie moderne ne peut être sous-estimée.
L'économie nationale doit posséder des moyens de
production et des articles de consommation, et ce, sans interruption.
Ceci ne peut être fait que sur une base rationnelle et
planifiée, permettant à tous les secteurs de participer
de façon équilibrée
en vertu d'un échange interne de valeur appuyé par mais
non dépendant de l'importation et de l'exportation.
L'échange interne de la valeur provenant de l'industrie
manufacturière est nécessaire pour soutenir une
économie indépendante qui n'est pas secouée par
les crises récurrentes propres à la direction actuelle de
l'économie centrée sur le capital
où des sections sous contrôle et propriété
séparés se livrent à la concurrence et à la
collusion sans aucune allégeance à l'ensemble. Il ne
s'agit pas d'un manque de compassion de la part des
propriétaires privés mais plutôt de la condition
objective qu'est la concurrence entre les sections de
propriété privée au pays et à
l'étranger. Ainsi éprouve-t-on
un souci extrême pour ce qui est de chaque section
particulière, tandis que les producteurs de fait sont
laissés pour compte. On les tourne en dérision et on les
rejette sommairement sous prétexte qu'ils ne sont qu'un
coût de production.
Une économie indépendante servant le
peuple nécessite un secteur manufacturier dynamique dans toutes
les régions du Canada produisant la valeur nécessaire
à un échange continu avec le secteur public (en
particulier avec les secteurs publics de l'éducation et de la
santé), l'extraction des ressources, la construction,
l'infrastructure matérielle et
sociale (en particulier les programmes sociaux), la culture, les sports
et tous les autres divers aspects d'une économie moderne et
viable.
La question clé qui se pose non seulement
à la théorie mais aussi au mouvement pratique du peuple
à la défense de ses droits et qui permettrait d'avancer
est devenue : Qui décide ? La classe ouvrière
en est arrivée à une étape de l'histoire où
elle est appelée à diriger tous les Canadiens sur toutes
les questions, y compris la question
importante de la direction de l'économie. Les producteurs de
fait doivent s'avancer de façon consciente et organisée
pour fournir une nouvelle direction à l'économie et
résoudre ses problèmes. Ceux qui soulèvent la
question de la propriété privée des moyens de
production comme au rôle de leadership de la classe
ouvrière doivent comprendre que
sans résoudre la contradiction fondamentale entre la
propriété privée de composantes de
l'économie et le caractère social de l'économie
moderne, rien ne peut être résolu. Le peuple a le droit de
décider de ces questions qui ont une incidence directe sur son
existence. L'autorité despotique actuelle qui prive le peuple de
ce droit à la fois en économie
et en politique doit à son tour être privée de son
autorité d'agir.
Tendances de l'emploi manufacturier
(extraits) - André Bernard -
De 2004 à 2008, plus d'un emploi manufacturier
sur sept, soit près de 322 000 ont disparu (au Canada). En
même temps, la croissance de l'emploi dans les autres secteurs a
été relativement vigoureuse. Il s'est en effet
créé plus de 1,5 million d'emplois dans
le reste de l'économie de 2004 à 2008, une croissance de
11 %. Le taux de chômage national s'est de plus
régulièrement situé, au cours des années
2007 et 2008, parmi les niveaux les plus bas des 30 dernières
années. Le secteur manufacturier se porte beaucoup moins bien
que le reste de l'économie.
Le contexte mondial
Le Canada est loin d'être le seul pays devant
composer avec le recul de sa base manufacturière. Les
États-Unis, qui continuent d'être le plus important
partenaire commercial du Canada, ont vu près du quart de leurs
emplois manufacturiers (4,1 millions) disparaître de 1998
à 2008.
La grande majorité des autres pays membres de
l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) ont également enregistré des
pertes d'emplois importantes dans ce secteur ces dernières
années.
De 1990 à 2003, l'emploi manufacturier a
reculé de 29 % au Royaume-Uni, de 24 % au Japon, de
20 % en Belgique et en Suède et de 14 % en France.
L'Irlande a été le seul pays à
avoir connu une croissance impressionnante (25 %). Cette
croissance s'inscrivait cependant dans un contexte particulier
où l'afflux d'investissements étrangers et le secteur des
services ont crû encore plus rapidement que le secteur
manufacturier. Le Mexique, l'Espagne et dans une moindre mesure le
Canada
et la Nouvelle-Zélande étaient les seuls autres pays
à avoir connu une augmentation de l'emploi manufacturier de 1990
à 2003. L'année 2003 étant la dernière
année disponible aux fins de comparaisons internationales, le
résultat pour le Canada ne tient pas compte des importantes
pertes d'emplois à partir de 2004. La part du secteur
manufacturier
dans l'emploi total a régressé de façon
persistante dans presque tous les pays membres de l'OCDE. Cette
tendance n'est pas récente. Par exemple, au début des
années 1970, plus d'un emploi sur cinq aux États-Unis
était un emploi manufacturier. En 2003, cette proportion
était à peine supérieure à 11 %. Au
Royaume-Uni, plus de
30 % des emplois au début des années 1970
étaient des emplois manufacturiers. En 2003, cette proportion
est passée à 12 %.
À long terme, la proportion des emplois du
secteur des services a augmenté alors que la part des emplois
manufacturiers a diminué dans presque tous les pays de l'OCDE.
Ce phénomène, s'il peut expliquer les tendances à
long terme de la part relative de l'emploi manufacturier dans l'emploi
total, n'explique pas le déclin du nombre absolu
d'emplois manufacturiers.
Alors que l'importance relative des activités
manufacturières a diminué dans les pays de l'OCDE, la
Chine est devenue le centre mondial de l'emploi manufacturier. En
effet, le nombre de travailleurs dans le secteur manufacturier en Chine
était estimé à 109 millions en 2002, ce qui
représente plus de deux fois plus de travailleurs que le total
combiné (53 millions) de tous les pays membres du G-7.
Les facteurs démographiques, en particulier le
vieillissement de la population observé dans presque tous les
pays développés, contribuent à l'augmentation de
la demande pour les services au détriment de la demande pour les
produits manufacturés. On observe en effet une diminution
progressive de la demande de produits manufacturés dans la
demande finale totale de nombreux pays membres de l'OCDE.
Lorsque la croissance de la productivité du
secteur manufacturier est plus élevée que celle du
secteur des services, on peut s'attendre à ce qu'il y ait une
réallocation des emplois du secteur manufacturier vers le
secteur des services. Aux États-Unis, par exemple, la croissance
de la productivité du travail dans le secteur manufacturier a
été
largement supérieure à celle de l'ensemble de
l'économie non agricole depuis les années 1970,
contribuant à la baisse de l'importance du secteur manufacturier
dans l'emploi. Une productivité élevée signifie
aussi qu'une entreprise peut produire la même quantité de
biens avec moins de travailleurs, ce qui peut conduire à des
pertes d'emplois Les
variations du taux de change ont certainement un impact important sur
le secteur manufacturier de tout pays fortement engagé dans le
commerce extérieur. Le Canada a connu de grandes fluctuations de
son taux de change depuis dix ans, sans tendance générale
à l'appréciation ou à la
dépréciation.
Tendances au Canada
Graphique A Après
avoir connu une augmentation à la fin des années
1990, l'emploi manufacturier a stagné puis décliné
Le marché de l'emploi manufacturier a
été marqué au cours des dix dernières
années par une période de grand dynamisme, un
ralentissement et une décroissance importante. La reprise du
marché de l'emploi au Canada à partir du milieu des
années 1990 a d'abord coïncidé avec l'essor de
l'emploi
manufacturier, très durement touché par la
récession de 1991 à 1993. De 1998 à 2000, la
croissance de l'emploi manufacturier a été vigoureuse,
atteignant un sommet de 4,7 % en 1999 et a été, pour
chacune de ces trois années, supérieure à celle du
reste de l'économie.
Après avoir enregistré une croissance
très faible de 0,7 % en 2004, l'emploi manufacturier a
entrepris une tendance baissière très nette, enregistrant
des pertes annuelles successives d'au moins 3 % de 2005 à
2008. Au cours de ces quatre années, c'est plus d'un emploi
manufacturier sur sept qui a été perdu.
Ces pertes ont eu pour conséquence
l'érosion rapide de la part de l'emploi manufacturier dans
l'économie. De 14,9 % en 1998, cette part est d'abord
passée à 14,4 % en 2004 avant de chuter rapidement
à 11,5 % en 2008. (graphique B).
Graphique B La part de
l'emploi manufacturier a chuté depuis le début du
siècle
Les pertes d'emplois dans le secteur manufacturier ont
été compensées par des gains importants dans le
secteur des services et dans l'industrie de la construction (tableau
1). Ainsi, de 1998 à 2008, alors que la part de l'emploi
manufacturier chutait de 3,4 points de pourcentage, celles de la
construction et des services augmentaient de 2,0 points
et de 2,5 points respectivement, pendant que 9 des 15 industries de
services ont vu leur part augmenter.
Tableau
1
Emploi
par secteur d'activité, part de l'emploi total
1998
2001
2004
2008
%
Secteur des biens
26,0
25,3
25,0
23,5
Agriculture, foresterie,
pêche et chasse
3,8
2,8
2,7
2,4
Extraction minière,
exploitation en carrière et extraction de pétrole et de
gaz
1,3
1,2
1,2
1,5
Services publics
0,8
0,8
0,8
0,9
Construction
5,2
5,5
6,0
7,2
Fabrication
14,9
14,9
14,4
11,5
Secteur des services
74,0
74,7
75,0
76,5
Commerce de gros
3,2
3,7
3,7
3,7
Commerce de détail
11,9
12,1
12,1
11,9
Transport et entreposage
5,1
5,2
5,0
5,0
Industrie de l'information et
industrie culturelle
2,7
2,7
2,4
2,3
Finance et assurances
4,3
4,3
4,3
4,5
Service immobiliers, de
location et de location à bail
1,8
1,6
1,7
1,7
Services professionels,
scientifiques et techniques
6,1
6,6
6,4
7,0
Gestion de
sociétés et d'entreprises
0,0
0,0
0,0
0,0
Services administratifs, de
soutien, de gestion des déchets et d'assainissement
3,4
3,6
3,9
4,0
Services d'enseignement
6,6
6,6
6,5
7,0
Soins de santé et
assistance sociale
10,2
10,3
10,9
11,1
Arts, spectacles et loisirs
1,7
2,0
2,2
2,1
Hébergement et services
de restauration
6,5
6,3
6,3
6,3
Autres services
5,0
4,5
4,4
4,4
Administration publiques
5,6
5,3
5,2
5,4
Source : Statistique
Canada, Enquête sur la population active.
Les industries manufacturières en recul
généralisé depuis 2004
Presque toutes les industries manufacturières
sont en net recul depuis 2004. Sur les 23 industries examinées,
seulement 6 ont connu des hausses d'emploi de 2004 à 2008.
Mentionnons tout particulièrement les industries de
matériels de transport (autre que les véhicules
et les pièces automobiles) (9,2 %), de produits du
pétrole et du charbon (8,5 %) et de produits informatiques
et électroniques (7,4 %). À l'opposé, 17
industries ont perdu des emplois, souvent dans des proportions
considérables (tableau 2).
Tableau
2
L'emploi
dans le secteur manufacturier
2008
Variation
1998 à 2004
Variation
2004 à 2008
nombre
%
nombre
%
Usines de textiles
9 600
3 400
20,7
-10 200
-51,5
Vêtements
44 400
-32 700
-28,5
-37 800
-46,0
Usines de produits textiles
14 700
-14 700
-37,1
-10 200
-41,0
Produits en bois
129 000
37 900
25,5
-57 300
-30,8
Pièces de
véhicules automobiles
98 700
37 200
36,4
-40 600
-29,1
Produits en plastique et en
caoutchouc
103 300
26 700
23,9
-35 300
-25,5
Véhicules automobiles
64 500
3 800
5,0
-15 900
-19,8
Machines
112 300
35 100
33,9
-26 200
-18,9
Meubles et de produits connexes
103 600
32 100
33,9
-23 100
-18,2
Activités diverses
85 600
12 900
14,3
-17 800
-17,2
Première transformation
des métaux
77 400
-15 100
-14,0
-15 000
-16,2
Papier
90 600
-17 900
-14,7
-13 200
-12,7
Impression et activités
connexes de soutien
101 100
19 000
20,2
-11 900
-10,5
Produits en argile et produits
réfractaires
59 000
14 800
29,4
-6 200
-9,5
Produits chimiques
109 800
9 300
8,6
-7 800
-6,6
Aliments
259 400
45 600
20,0
-14 000
-5,1
Matériel d'appareils et
de composants électriques
47 800
-1 900
-3,8
-900
-1,8
Produits métalliques
177 500
17 500
11,0
1 500
0,9
Boissons et de produits du tabac
38 700
-600
-1,6
1 400
3,8
Produits en cuir et de produits
analogues
8 000
-6 200
-44,6
300
3,9
Produits informatiques et
électroniques
109 500
-3 300
-3,1
7 500
7,4
Produits du pétrole et
du charbon
19 100
-1 000
-5,4
1 500
8,5
Matériel de transport
(sauf vehicules et pièces automobiles)
106 700
-2 900
-2 ,9
9 000
9,2
Source : Statistique
Canada,
Enquête
sur la population active.
L'industrie du textile et du vêtement, qui fut
longtemps un des plus importants employeurs manufacturiers du pays, a
été l'industrie manufacturière la plus durement
touchée . De 2004 à 2008, les industries de la
fabrication de vêtements et les usines de textiles et de produits
textiles ont vu près de la moitié de leurs emplois
disparaître.
L'industrie automobile canadienne a aussi
été durement touchée. Le secteur de la fabrication
de pièces automobiles a perdu plus du quart de ses emplois de
2004 à 2008, pendant que celui de la fabrication de
véhicules automobiles en perdait le cinquième. Le secteur
de la fabrication de pièces a vu le nombre de ses emplois passer
de 139 300 à
98 700, ce qui a annulé entièrement la croissance
vigoureuse de 1998 à 2004. Le secteur de la fabrication de
véhicules automobiles a de son côté perdu 15 900
emplois de 2004 à 2008, ce qui faisait suite à une
croissance de l'emploi plutôt modeste de 5,0 % de 1998
à 2004. L'industrie canadienne de l'automobile, surtout
concentrée en
Ontario, est en mutation depuis plusieurs années. La production
de véhicules des trois grands constructeurs américains
est en forte baisse depuis 1998, alors qu'elle a augmenté dans
les usines appartenant aux Japonais.
Toutes les industries reliées au bois et au
papier sont en difficultés. L'industrie de la fabrication de
produits en bois a perdu 57 300 emplois de 2004 à 2008, ce qui a
plus qu'annulé toute la croissance qu'avait connue cette
industrie de 1998 à 2004 (37 900 emplois). Toute l'industrie du
bois d'oeuvre a connu d'importantes difficultés ces
dernières années, devant notamment composer avec
l'imposition de droits antidumping et de droits compensateurs par les
États-Unis de 2002 à 2006, la hausse du prix de
l'énergie et de la matière première, la chute de
la demande et du prix du bois d'oeuvre et la hausse du taux de change
du dollar canadien. L'industrie de la fabrication du papier
est pour sa part en recul constant depuis 10 ans, l'emploi ayant
reculé successivement de 14,7 % de 1998 à 2004 et de
12,7 % de 2004 à 2008. Reflétant la morosité
du secteur du papier, l'industrie de l'impression a perdu 10,5 %
de ses emplois de 2004 à 2008.
Baisse du taux de syndicalisation dans le secteur
manufacturier
Seule une très petite minorité
(4,1 % en 2008) des emplois manufacturiers sont à temps
partiel et cette proportion est demeurée pratiquement
inchangée depuis 1998, ce qui indique que proportionnellement
autant d'emplois à temps plein que d'emplois à temps
partiel ont été perdus (tableau 3). La très faible
proportion d'emploi à temps partiel est une
caractéristique propre au secteur manufacturier alors que plus
de 20 % des emplois dans le reste de l'économie sont
à temps partiel.
Tableau
3
Caractéristiques
des emplois
1998
2008
%
Secteur de
la fabrication
Emplois à
temps plein
96,0
95,9
Emplois à
temps partiel
4,0
4,1
Taille de
la firme
Moins de 20
employés
12,4
12,9
20 à 99
employés
20,4
20,2
100 à 500
employés
19,5
19,6
Plus de 500
employés
47,7
47,3
Taux de
syndicalisation
32,2
26,4
Âge moyen
(années)
38,8
41,4
Nombre moyen
d'années d'ancienneté
9,0
9,6
Gains moyens ($
courants)
15,6
20,8
%
Reste de
l'économie
Emplois
à temps plein
78,6
79,7
Emplois
à temps partiel
21,4
20,3
Taille de
la firme
Moins de 20
employés
23,7
20,3
20 à 99
employés
15,8
15,4
100 à
500 employés
15,1
13,4
Plus de 500
employés
45,4
50,9
Taux de
syndicalisation
30,1
29,5
Âge moyen
(années)
38,3
39,9
Nombre moyen
d'années d'ancienneté
7,9
8,0
Gains moyens ($
courants)
12,6
17,7
Source : Statistique
Canada, Enquête sur la population active.
La syndicalisation est généralement vue
comme un indicateur, parmi d'autres, de la qualité des emplois.
Les emplois syndiqués bénéficient habituellement
d'un avantage salarial, même lorsque l'on prend en compte les
caractéristiques des employés et des milieux de travail.
De 1998 à 2008, les emplois syndiqués ont disparu
à un taux deux fois
plus élevé que celui des emplois non syndiqués.
Conséquemment, le taux de syndicalisation a reculé de
32,2 % à 26,4 %. Pour le reste de l'économie,
la syndicalisation a moins reculé, passant de 30,1 %
à 29,5 %.
La répartition des emplois manufacturiers selon
la taille de la firme n'a pas non plus changé de façon
notable ces dix dernières années, ce qui signifie que les
pertes d'emplois n'ont pas touché plus durement les petites
entreprises que les grandes.
Le Centre du pays plus durement touché
Le Québec et l'Ontario représentent le
coeur industriel du Canada. En s'éloignant de ces deux
provinces, on retrouve généralement proportionnellement
moins d'emplois manufacturiers. En 2008, la part de l'emploi
manufacturier au Québec et en Ontario était de
14,0 % et de
13,5 % respectivement, alors que la moyenne nationale était
de 11,5 % (tableau 4). Ces deux provinces comptent ensemble plus
de 1,4 million (73,3 %) des emplois manufacturiers du Canada. Le
Manitoba compte également une importante présence
manufacturière, avec 11,3 % de ses emplois qui en
dépendent. Toutes les
autres provinces affichent des proportions sous la moyenne nationale.
La Saskatchewan, plus fortement axée sur les ressources
naturelles, est la province dont le secteur manufacturier est le moins
important (6,0 %).
Tableau
4
Variation
de l'emploi selon la province
Variation
1998 à 2004
Variation
2004 à 2008
Emploi
manufacturier 2008
nombre
%
nombre
%
nombre
% de l'emploi total
Secteur de la
fabrication
198 600
9,5
-321
800
-14,0
1 970
300
11,5
Terre-Neuve-et-Labrador
1 400
8,9
-3 100
-18,0
14 100
6,4
Île-du-Prince-Édouard
800
14,8
-100
-1,6
6 100
8,7
Nouvelle-Écosse
2 600
6,3
-4 500
-10,3
39 100
8,6
Nouveau-Brunswick
5 300
14,5
-6 700
-16,0
35 200
9,6
Québec
30 200
5,0
-86 700
-13,8
543 600
14,0
Ontario
119 200
12,2
-198
600
-18,1
901 200
13,5
Manitoba
6 000
9,5
-200
-0,3
68 700
11,3
Sasktachewan
-400
-1,4
2 100
7,3
30 900
6,0
Alberta
18 400
14,6
-300
-0,2
144 100
7,2
Colombie-Britannique
15 300
7,8
-23 800
-11,3
187 400
8,1
Reste de
l'économie
1 702 100
14,2
1 500 700
11,0
15 155 600
88,5
Terre-Neuve-et-Labrador
20 500
11,6
9 100
4,6
206 200
93,6
Île-du-Prince-Édouard
6 500
12,0
3 500
5,8
64 200
91,3
Nouvelle-Écosse
44 300
12,5
15 500
3,9
414 100
91,4
Nouveau-Brunswick
29 500
10,6
22 800
7,4
331 000
90,4
Québec
392 800
14,8
287 900
9,4
3 338
100
86,0
Ontario
744 000
16,6
569 400
10,9
5 786
100
86,5
Manitoba
36 400
7,7
30 300
6,0
538 000
88,7
Sasktachewan
9 600
2,2
30 900
6,9
481 800
94,0
Alberta
229 200
16,6
256 100
15,9
1 869
200
92,8
Colombie-Britannique
189 000
11,4
275 400
14,9
2 126
900
91,9
Source : Statistique
Canada, Enquête sur la population active.
Dans six provinces, il s'est perdu au moins un emploi
manufacturier sur 10 de 2004 à 2008. L'Ontario a subi le recul
le plus important, ayant perdu 198 600 emplois soit près d'un
emploi sur cinq (18,1 %) en quatre ans seulement.
Terre-Neuve-et-Labrador (-18,0 %), le Nouveau-Brunswick
(-16,0 %), le Québec (-13,8 %), la
Colombie-Britannique (-11,3 %) et la Nouvelle-Écosse
(-10,3 %) ont également connu des pertes fort importantes.
Les petites régions urbaines
éprouvent-elles plus de difficultés à composer
avec les pertes d'emplois ?
De 2004 à 2008, ce sont les très grandes
RMR (régions métropolitaines de recensement telles
Toronto, Montréal et Vancouver) qui ont perdu,
proportionnellement, le plus d'emplois manufacturiers. Plus de 150 000
emplois
ont été perdus dans l'une ou l'autre de ces trois
très grandes RMR, une baisse collective de 17,2 % (tableau
5).
Tableau
5
Variation
de l'emploi selon le type de région
2008
Variation
1998 à 2004
Variation
2004 à 2008
milliers
%
milliers
%
Secteur de la fabrication
1 970,3
198,6
9,5
-321,8
-14,0
Montréal-Toronto-Vancouver
742,4
69,2
8,4
-154,2
-17,2
Grandes régions
métropolitaines de recensement
273,8
30,8
11,5
-23,9
-8,0
Petites régions
métropolitaines de recensement
267,4
16,0
5,4
-46,5
-14,8
Petites villes et
régions rurales
691,7
82,6
11,8
-92,3
-11,8
Reste de
l'économie
15 155,6
1 702,1
14,2
1 500,7
11,0
Montréal-Toronto-Vancouver
5 323,8
706,5
17,5
581,1
12,3
Grandes régions
métropolitaines de recensement
2 885,1
367,7
16,7
309,8
12,0
Petites régions
métropolitaines de recensement
2 124,9
233,4
13,7
182,5
9,4
Petites villes et
régions rurales
4 827,2
394,5
9,9
432,9
9,9
Source : Statistique
Canada, Enquête sur la population active.
Dans les plus petites régions (les grandes RMR
telles Québec, Ottawa-Gatineau, Hamilton, Winnipeg, Calgary et
Edmonton) les baisses ont été moins grandes, mais quand
même significatives.
Ainsi, dans les petites RMR (dont la population est
entre 100 000 et 500 000)et dans les petites villes et régions
rurales, l'emploi manufacturier a baissé de 14,8 % et de
11,8 % respectivement.
Si les petites villes et les régions rurales ont
perdu proportionnellement moins d'emplois, le reste de leur
économie a également progressé plus lentement. En
effet, la croissance totale de l'emploi de 2004 à 2008 a
été de 7,6 % dans les très grandes RMR,
comparativement à 6,6 % dans les petites villes et les
régions rurales.
Ainsi, pour chaque emploi manufacturier perdu dans les
très grandes villes de 2004 à 2008, il s'est
créé en moyenne 3,8 emplois dans les autres secteurs.
Dans les petites villes et les régions rurales, pour chaque
emploi manufacturier perdu, il s'est créé 4,7 emplois
ailleurs.
Par contre, le bassin des emplois non manufacturiers est
généralement moins payant dans les petites villes et les
régions rurales que dans les très grandes RMR. Ainsi,
dans les petites villes et les régions rurales, les salaires et
traitements manufacturiers sont en moyenne 25,3 % plus
élevés que ceux des secteurs non manufacturiers,
comparativement à une différence de 11,2 % dans les
très grandes RMR (tableau 6).
Tableau 6
Caractéristiques des emplois selon le type de région
Syndicalisation
PME1
Âge moyen
Ancienneté
moyenne
Gains horaires moyens
%
années
$
Secteur de
la fabrication
Montréal-Toronto-Vancouver
(réf.)
21,7
58,6
41,9
8,7
20,09
Grandes
régions métropolitaines de recensement
20,8
51,1*
40,6*
8,8
22,87*
Petites
régions métropolitaines de recensement
30,8*
44,5*
41,1*
10,5*
22,76*
Petites villes
et régions rurales
32,4*
50,5*
41,0*
10,4*
19,78*
Reste de
l'économie
Montréal-Toronto-Vancouver
(réf.)
27,0
48,6
39,9
7,6
18,06
Grandes
régions métropolitaines de recensement
30,6*
42,7*
39,0*
7,4
19,93*
Petites
régions métropolitaines de recensement
31,9*
45,6*
39,4*
8,2*
17,82*
Petites villes
et régions rurales
30,4*
55,9*
40,7*
8,6*
15,79*
* significativement
différent par rapport au groupe de référence
(réf.) au niveau de 0,05. 1. Une petite ou moyenne entreprise
est définie comme une entreprise de moins de 500 employés. Source : Statistique Canada,
Enquête sur la population active, 2008.
Production manufacturière et productivité
Graphique C Le PIB
global a augmenté de 2005 à 2008 alors que la production
manufacturière a diminué depuis 2006
L'examen de l'évolution de la production
industrielle, mesuré par le produit intérieur brut (PIB),
donne une perspective différente que les données sur
l'emploi. La production industrielle a été
anémique de 2004 à 2007, en plus d'enregistrer une baisse
de 3,7 % au cours des deux
premiers trimestres de 2008 (graphique C). La croissance de la
production industrielle a été chaque année
inférieure à la croissance de la production pour
l'ensemble de l'économie. Cependant, les baisses de production
ont été généralement moins importantes que
les baisses d'emploi, ce qui signifie qu'une partie des baisses
d'emplois s'explique par
les gains de productivité des industries manufacturières.
La croissance de la productivité du travail des industries
manufacturières a été plus rapide que celle pour
l'ensemble de l'économie 3 années sur 4 de 2004 à
2007 et 7 années sur 10 de 1998 à 2007. En d'autres
termes, en même temps que la production baissait, les entreprises
devenaient plus
efficientes et pouvaient produire davantage avec une même
main-d'oeuvre. Cette tendance à la productivité du
travail à croître plus rapidement dans les industries
manufacturières n'est ni nouvelle ni propre au Canada. En effet,
le secteur manufacturier contribue généralement fortement
à la croissance générale de la productivité
dans la plupart des
pays de l'OCDE
Conclusion
De 2004 à 2008, plus d'un emploi manufacturier
sur sept, soit 322 000 emplois, a disparu au Canada. La majorité
de ces pertes ont eu lieu en Ontario, mais on a également
observé des reculs ailleurs au pays. En effet, dans six
provinces, au moins un emploi manufacturier sur 10 a disparu de 2004
à 2008. Ces reculs se
sont inscrits dans une période de turbulences économiques
au pays, alors que le taux de change a beaucoup fluctué.
Ces tendances ne sont pas uniques au Canada. On observe
un déclin du secteur manufacturier dans la plupart des pays de
l'OCDE. La situation canadienne s'est toutefois distinguée par
un certain retard, l'emploi manufacturier au Canada n'ayant
commencé à décroître qu'à partir de
2004, alors que plusieurs autres pays, notamment les États-Unis,
composaient déjà avec d'importantes pertes d'emplois
depuis plusieurs années.
Le recul de l'emploi manufacturier est
généralisé à presque tout le secteur
manufacturier. Cependant, les industries du textile et du
vêtement, les industries de la fabrication de véhicules
automobiles et de pièces pour véhicules automobiles et
les industries reliées au bois et au papier ont
été les plus touchées. Les emplois perdus avaient
davantage
tendance à être des emplois syndiqués.
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