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28 avril, Jour de deuil pour les travailleurs blessés ou tués au travail Défendons les droits et la dignité
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Pleurons les morts, défendons
les vivants! CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS |
La classe ouvrière doit mener de grandes batailles pour défendre ses droits sur la question des blessures, des maladies et des décès qui sont liés au travail. Ces droits comprennent :
- le droit à un moyen de subsistance et à une pension intégrale pour tous les travailleurs accidentés et ceux qui souffrent d'une maladie liée au travail ;
- le droit aux meilleurs soins immédiats de santé et de réadaptation fournis par l'État pour tous les travailleurs accidentés et malades et le droit à la réinsertion au travail à un salaire de standard canadien ;
- le droit à des soins garantis par l'État pour les familles des travailleurs décédés ;
- le droit à des conditions de travail sécuritaires.
Le droit des travailleurs à un moyen de subsistance quand ils sont blessés ou malades n'est pas à remettre en question. Les employeurs, à travers leur État, doivent garantir un moyen de subsistance et une pension à tous les travailleurs blessés et malades sans exception et leur fournir les meilleurs soins médicaux et de réadaptation et les meillieures conditions de réinsertion au travail à un salaire de standard canadien.
Au XXIe siècle, le droit à un moyen de subsistance et à des soins de santé suite à un accident doit être considéré absolu et universel. L'arrangement entre la classe ouvrière et les employeurs, qui comprend l'échange de la force de travail, comprend la garantie que les employeurs et leur État fournissent les meilleurs soins médicaux et de réadaptation et les meilleures conditions de réinsertion au travail et l'assurance que toutes les familles des victimes ne seront pas laissées seules, et cela pour tout accident et décès et toute maladie liés au travail.
La responsabilité de fournir un moyen de subsistance et les meilleurs soins possibles aux travailleurs blessés et malades revient à l'État. Comment l'État perçoit des revenus auprès des employeurs pour financer le moyen de subsistance et la réadaptation des travailleurs accidentés n'est pas la responsabilité des travailleurs. Cette responsabilité appartient aux employeurs et à leur État.
Les travailleurs acceptent le principe de vendre leur force de travail aux employeurs en échange de l'arrangement que s'ils se blessent au travail ou y deviennent malades à cause de matériaux dangereux, il leur sera fourni un moyen de subsistance à un standard canadien de même que des conditions de réintégration du travail, une fois rétablis, à des salaires, avantages sociaux et pensions de standard canadien. Ce principe s'applique à tous les travailleurs qui vendent leur force de travail à des employeurs, que le travail soit à temps plein, temps partiel ou irrégulier.
Les travailleurs sont blessés ou tués ou meurent au cours de la production industrielle moderne des biens et services ou deviennent malades à cause de matériaux dangereux. Statistique Canada prédit avec une précision macabre le nombre d'accidents et de décès au travail qui vont se produire chaque année à l'échelle du pays. C'est un fait que ce carnage aux endroits de travail peut être prédit avec précision. Lorsque les travailleurs participent à cet arrangement en vertu duquel ils vendent leur force de travail, ils savent que leurs conditions de travail vont mener à 246 000 blessures et 975 décès au travail chaque année. Sachant cela, la classe ouvrière, au moment de vendre sa force de travail, demande ses droits et certaines assurances et garanties sur la question des accidents de travail et de l'exposition à des matériaux dangereux :
1) que les moyens de subsistance et les pensions en cas de blessure ou de maladie au travail soient garantis, de même que les soins de santé et de réadaptation, y compris le soin garanti par l'État aux familles des travailleurs tués au travail ;
2) que l'État, par le biais d'une autorité publique, prenne des mesures pour réduire le nombre d'accidents et de décès aux endroits de travail par une réglementation avec des normes sévères pour assurer des conditions de travail plus sécuritaires.
Les conditions objectives et subjectives qui entraînent la mort et les blessures des travailleurs doivent être changées. Il faut constamment améliorer les conditions de travail afin que cesse ce carnage. Cette nécessité d'améliorer les conditions de travail pour qu'elles soient plus sécuritaires est cependant un problème séparé de celui de prendre en charge les travailleurs accidentés et leurs familles et les soulager du stress pendant la période plus ou moins longue pendant laquelle ils se rétablissent de leurs blessures ou de leur maladie. Il n'y a pas de lien direct entre l'effort pour rendre plus sécuritaires les conditions objectives et subjectives de travail et l'acte d'assurer un moyen de subsistance et les meilleures possibilités de rétablissement, sans stress, aux travailleurs accidentés. Mélanger les deux est frauduleux et honteux et est une attaque contre les droits des travailleurs.
Ce sont deux problèmes distincts qui demandent à être résolus si l'on veut défendre les droits des travaillleurs :
1) Il faut founir un moyen de subsistance aux travailleurs accidentés et malades et prendre soin des familles des travailleurs qui ont été tués ;
2) Il faut améliorer les conditions objectives et subjectives aux endroits de travail pour les rendre plus sécuritaires
Dans le système capitaliste, la classe ouvrière ne contrôle pas les conditions de travail dans les établissements privés ou publics, Ce sont les employeurs qui dirigent les opérations aux endroits de travail et les travailleurs ne peuvent que faire pression pour rendre les endroits de travail plus sécuritaires et défendre leurs droits. La responsabilité ultime d'assurer des conditions de travail sécuritaires revient aux employeurs et à leur État. Ils ne peuvent pas échapper à cette vérité et à la responsabilité qu'elle implique.
Mélanger l'effort pour rendre les conditions de travail plus sécuritaires et le soin aux travailleurs accidentés est révoltant et honteux. Même au niveau administratif, les organes du gouvernement et des entreprises responsables de l'amélioration des conditions de travail et d'évaluer la part de blâme pour chaque accident ne doivent pas mélanger le problème de l'amélioration des conditions et la prise en charge des travailleurs accidentés et des familles des décédés. Les travailleurs accidentés devraient pouvoir se concentrer en paix à leur santé et à leur rétablissement ; on ne devrait pas imposer aux travailleurs accidentés et malades le stress d'avoir à corriger et à améliorer les condtions objectives et subjectives qui ont mené à leur blessure ou leur maladie.
Tout gouvernement de l'État canadien qui refuse de garantir aux travailleurs accidentés leur droit à un moyen de subsistance à un standard canadien, à des soins de santé modernes, à la réadaptation et à un emploi approprié une fois rétabli, et qui est réticent ou hésite à utiliser l'autorité publique pour s'assurer que les endroits de travail sont sécuritaires, est inapte à gouverner. La vente de la force de travail aux employeurs doit impliquer l'effort constant pour améliorer la sécurité au travail et garantir à tous les travailleurs sans exception leur droit à un moyen de subsistance en cas de blessure ou de maladie.
Les droits et la dignité des travailleurs sont inaliénables. Lorsque les employeurs achètent la force de travail, ils ont la responsabilité de garantir aux travailleurs un endroit de travail sécuritaire, un moyen de subsistance et une pension s'ils sont accidentés ou malades et les meilleurs soins de santé pendant qu'ils se rétablissent, et la prise en charge des familles de travailleurs tués au travail. Au sein de l'arrangement actuel où les travailleurs vendent leur force de travail, c'est aux employeurs et à leur État que revient la responsabilité de garantir aux travailleurs leurs droits et leur dignité.
Le 28 avril cette année est le 31e anniversaire du Jour de deuil pour les travailleurs blessés ou tués au travail. A l'échelle du globe, les travailleurs organisent des cérémonies, des réunions et des minutes de silence pour pleurer les morts et lutter pour les vivants. Au Québec par exemple, les travailleurs tiennent une vigile devant l'Assemblée nationale du 27 au soir jusqu'au matin du 28 avril et une marche solennelle dans les rues de Québec le 28. Dans toutes ces actions, les travailleurs demandent que cessent les décès et les blessures liés au travail, que le droit à des conditions de travail saines et sécuritaires soit reconnu et garanti et que les gouvernements, leurs agences et les monopoles aient à rendre des comptes de leur refus de protéger la santé et la sécurité des travailleurs. Les travailleurs veulent des actions, pas juste des paroles, afin que des changements réels soient apportés à la situation.
Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), 2,3 millions de travailleurs meurent chaque année de blessures au travail (300 000 morts) et de maladies contractées au travail (2 millions de morts). Cela veut dire que, chaque jour, 6300 travailleurs meurent de blessures ou de maladies liées au travail. Selon l'OIT, les plus grandes causes de décès sont les cancers liés au travail (32 %), les maladies du système circulatoire, les maladies et les accidents cardiovasculaires (23 %), les maladies contagieuses (17 %), et les accidents de travail (18 %). Le nombre des décès et des blessures est particulièrement élevé dans les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes à cause de la surexploitation des peuples de ces pays par les monopoles. Les accords de libre-échange et d'autres formes de diktat monopoliste sur les pays en voie de développement transforment leurs économies en zones ouvertes de pillage, sans législation de protection du travail ou de l'intérêt public, au nom des investissements. Ces arrangements néolibéraux d'intensification de l'exploitation des peuples de ces pays par les monopoles et leurs gouvernements causent, entre autres choses, un nombre très élevé de décès et de blessures au travail.
Au Canada, les données officielles font état de 1000 décès liés au travail chaque année par des blessures et des maladies. On sait que ce nombre est bien en deçà du nombre réel parce que les gouvernements et leurs commissions de santé et sécurité refusent de reconnaître un grand nombre de maladies liées au travail, en particulier celles qui sont causées par l'exposion à des produits toxiques. Selon les données les plus récentes, il y a eu 902 décès reconnus comme étant liés au travail au Canada en 2013. Les secteurs les plus meurtriers ont été la construction (221) et le secteur manufacturier (198). Le nombre officiellement reconnu de blessures ayant causé la perte de temps de travail en 2013 est de 241 933 ( 151 000 hommes et 90 000 femmes), comparé à 245 365 en 2012 et 249 511 en 2011.
Le facteur principal de la détérioration de la santé et de la sécurité des travailleurs, c'est le fait que les gouvernements soutiennent le droit de monopole plutôt que le droit public. La santé et la sécurité sont considérées comme un coût et un fardeau pour les monopoles qui les rendent moins concurrentiels sur les marchés mondiaux. Dans l'industrie ferroviaire, les gouvernements fédéraux successifs depuis le gouvernement Chrétien ont mis en oeuvre un système de gestion de la sécurité qui repose sur l'idée que ce sont les monopoles eux-mêmes qui doivent gérer les conditions de santé et de sécurité comme un coût dans l'ensemble de leurs coûts, un coût qui doit être équilibré avec leurs autres coûts, pour demeurer concurrentiels sur les marchés. L'idée même que la santé et la sécurité sont un principe, une condition sans laquelle il ne peut pas y avoir de production, a été jetée par la fenêtre. Ce sont les monopoles qui élaborent leurs programmes de sécurité et le gouvernement y appose son sceau. Les monopoles ferroviaires et d'autres secteurs utilisent cette expression hideuse de « gestion des risques » quand ils décrivent leur politique de santé et de sécurité pour les travailleurs et le public. Ils parlent encore aujourd'hui de gérer les risques en dépit de tous les déraillements et explosions de trains transportant du pétrole brut et d'autres produits dangereux qu'on a vécus ces dernières années. Le PDG du Canadian Pacifique se fait un point de fierté de dire qu'il va éliminer 6000 emplois d'ici quelques années, et le gouvernement lui offre toute sa bénédiction.
On peut aussi voir que le droit de monopole supplante le droit public dans le fait que les monopoles privés de l'assurance s'emparent de la gestion des programmes de congés de maladie des travailleurs et les soustraient aux conventions collectives. C'est déjà le cas aux postes et le gouvernement fédéral tente maintenant de l'imposer aux employés du secteur public fédéral qui résistent fermement à cette attaque à leurs droits et à leur sécurité.
Lorsque les monopoles et leurs gouvernements parlent de santé et de sécurité, ils le font pour faire chanter les travailleurs et les réduire au silence, pour aggraver leurs conditions de travail et attaquer les syndicats. Leur soi-disant politique de « tolérance zéro » pour les blessures est une façon pour eux d'imposer des mesures disciplinaires aux travailleurs, de les suspendre ou de les congédier quand ils déclarent des blessures, exposent les dangers ou se battent pour leur santé et leur sécurité.
Les travailleurs n'acceptent pas ces attaques à leurs droits. La résistance grandit et de plus en plus de travailleurs amènent leur bataille sur le terrain de l'opinion publique, font connaître leur situation, luttent pour des solutions et demandent que ceux qui mettent leur vie en danger rendent des comptes.
En Colombie-Britannique, le Syndicat des Métallos réclame une enquête publique sur les deux explosions dans des scieries en 2012 qui ont tué quatre travailleurs et en ont blessé plusieurs sérieusement. Les métallos de Sudbury ont réussi, par leur travail soutenu depuis que deux travailleurs ont péri en 2011 à la Mine Stobie du monopole Vale, à amener le gouvernement de l'Ontario à organiser un examen public des conditions de santé et de sécurité dans les mines. Les recommandations qui ont été mises de l'avant par l'examen ont maintenant été rendues publiques et les travailleurs poursuivent leur lutte en demandant que ces recommandations ne restent pas lettre morte mais soient mises en oeuvre. C'est ainsi qu'ils pleurent les morts et combattent pour les vivants. On connaît aussi la campagne « Tuez un travailleur, allez en prison » qui vise à appliquer la loi Westray qui a amendé le Code criminel et rend les entreprises coupables au criminel quand leur négligence entraîne la mort d'un travailleur ou des blessures graves.
Le Jour de deuil arrive cette fois-ci en année d'élections fédérales et les travailleurs prennent en main de défaire le gouvernment Harper qui n'a cessé d'attaquer leurs droits dont leur droit de travailler dans des conditions saines et sécuritaires. Le gouvernement Harper doit rendre des comptes entre autres choses pour les changements qu'il a faits aux définitions que donne le Code du travail canadien de ce qui constitue un « danger » et du droit de refuser un travail dangereux. Le danger, maintenant , doit être « imminent » ( toute référence à un danger possible ou probable a été enlevée) et c'est maintenant le ministre du Travail qui décide si l'exercice par un travailleur du droit de refus est légitime ou « frivole, vexatoire ou de mauvaise foi », ce qui mène à des mesures disciplinaires.
En cette occasion du Jour de deuil, les travailleurs à l'échelle du globe renouvellent leur engagement à pleurer les morts et combattre pour les vivants en demandant que leur droit à des conditions de travail saines et sécuritaires soit reconnu et garanti.
Entrevues
Dans la soirée du 8 juin 2011, à la mine Stobie du géant minier Vale, Jordan Fram et Jason Chenier ont perdu la vie lorsqu'un torrent incontrôlé de boue et de minerai mouillé a inondé la cheminée où ils travaillaient. Vale a refusé de coopérer avec le syndicat pour faire une enquête conjointe sur la tragédie, alors le syndicat a fait sa propre enquête. Son rapport très détaillé a conclu que la mort des deux travailleurs était directement attribuable à l'accumulation non sécuritaire d'eau à la mine et au caractère inadéquat des procédures en place pour faire face à ce problème dont les conséquences sont bien connues. La section locale 6500 du Syndicat des Métallos a demandé qu'une enquête publique soit tenue sur la santé et la sécurité minières en Ontario. Le gouvernement ontarien a refusé et le syndicat a finalement accepté que se tienne plutôt un examen des conditions de santé et de sécurité dans les mines dans lequel il a joué un rôle clé. Le rapport final de l'examen a été émis le 15 avril.
Mike Bond est le directeur de la santé et de la sécurité de la section locale et le co-président du Comité minier législatif, qui comprend des représentants syndicaux de toute la province, qui étudie la situation aux endroits de travail et fait des recommandations au ministère du Travail en vue de changements à la réglementation.
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Conférence de presse à Timmins en 2012 pour réclamer une enquête publique sur la sécurité dans les mines |
La section locale 6500 est au centre de toute l'activité en santé et en sécurité en ce moment. Nous avons appuyé la tenue de l'examen de la santé, de la sécurité et de la prévention minières qui vient de finir ses travaux. Les métallos de Sudbury avaient demandé une enquête publique sur la santé et la sécurité dans les mines. Ce que nous avons réussi à obtenir, c'est cet examen présidé par le directeur général de la prévention du ministère du Travail, sur lequel siégeaient des représentants de l'industrie et des syndicats. Nous avons tenu des consultations publiques, reçu des témoignages verbaux et écrits, des suggestions et des recommandations, et l'examen a mené à une série de recommandations. Nous sommes aussi très impliqués dans l'enquête du coroner sur les décès à la mine Stobie qui est en cours et va durer douze jours.
Nous espérons que l'enquête du coroner va produire des recommandations et que celles-ci aideront à convaincre tout le monde que nous avons besoin d'endroits de travail qui sont sécuritaires. Nous voulons que les gens puissent avoir confiance dans ces recommandations, qu'elles viennent de l'enquête du coroner ou de l'examen. Nous avons besoin de recommandations qui vont mener à l'amélioration de la santé et de la sécurité et à un travail qui implique les travailleurs et leurs syndicats et tous les travailleurs qui sont prêts à travailler fort pour donner la plus grande importance à la santé et à la sécurité. Nous avons joué un rôlé clé dans l'examen de la sécurité minière. Les recommandations des métallos traversent tout le rapport. Lors des consultations, les métallos ont fait part de plusieurs préoccupations. Nous avons été présents dans toutes les villes où des consultations ont eu lieu. Trois de nos métallos participent à l'enquête du coroner, un qui représente le syndicat, un qui représente la famille Fram et l'autre la famille Chénier.
Parmi les préoccupations qui ont été soulevées, il y a les représailles. Nous savons qu'en Ontario les travailleurs ne font pas état de leurs préoccupations à leurs superviseurs à cause des représailles qui peuvent aller des mesures disciplinaires en escalade jusqu'au congédiement.
Le s équipements sont aussi une grosse préoccupation. Les pièces d'équipement sont gigantesques, elles fonctionnent à haute vitesse et leur technologie est changeante. Il faut toujours être à jour dans leur fonctionnement.
Le contrôle des pressions de terrains est une grosse question parce que des travailleurs y laissent leur vie et sont blessés en rapport aux pressions de terrains. Ils se font frapper par des roches, par de la boue mélangée à des minéraux, par des matériaux, sans parler des tremblements de terre qui se produisent dans les mines.
La gestion des quantités d'eaux dans les mines est aussi une préoccupation importante. Ce problème a été au centre de la tragédie à la mine Stobie. Plusieurs mines n'ont pas de plan de gestion de l'eau dans les mines.
Nous avons dit lors de l'examen qu'il faut que des actions soient prises en rapport aux activités à haut risque. Je suis convaincu et notre section locale est convaincue que les Ontariens veulent qu'on se penche sérieusement sur ces activités à haut risque. Les standards ne sont pas en place ou encore ils diffèrent d'un endroit à l'autre.
Le ministère du Travail doit être à jour sur ce qui se passe dans l'industrie, les changements technologiques par exemple. On ne peut pas dire que les règles de sécurité ne sont pas appliquées mais elles ne le sont pas au niveau requis. Le ministère n'a pas le personnel ou les ressources nécessaires pour soutenir les projets, les initiatives et la recherche. En ce moment, l'approche du ministère est essentiellement réactive. L'approche proactive fait défaut. Nous devons faire pression sur le ministère, nous faire entendre en intensifiant la pression pour forcer le ministère à venir voir ce qui se passe dans nos endroits de travail et faire les changements qui s'imposent.
Il reste beaucoup de travail à faire à Sudbury et en Ontario. La porte est ouverte pour que les entreprises et les travailleurs prennent en main la question de la sécurité. Nous sommes au fait des problèmes et nous avons identifié lesquels nous sommes prêts à mettre sur la table. Il faut maintenant que l'industrie fasse sa part et implique les travaillleurs. Les travailleurs sont ce qu'il y a de plus important. Nous sommes prêts à aller de l'avant, à intensifier le travail et amener toutes les parties impliquées à prendre sérieusement en main la question de la sécurité.
Notre but, c'est d'empêcher que ces tragédies se produisent.
Le 28 avril nous organisons une cérémonie dans la grande salle de l'édifice de la section locale, une cérémonie ouverte à tous. Des représentants d'entreprises et de syndicats viennent déposer des couronnes et je vais prendre la parole au nom de la section locale 5795 du Syndicat des Métallos.
Depuis 2009, nous avons eu quelques décès suite à des accidents et plusieurs travailleurs sont morts de maladies industrielles. Notre plus grand problème, c'est la poussière, la silicose et l'entretien de la place. Elle doit être gardée propre en tout temps.
La compagnie vient de nous annoncer qu'elle va faire des réductions de main-d'oeuvre et mettre à pied plusieurs de nos membres. Elle va mettre à pied tous les concierges. C'est la pire nouvelle qui aurait pu nous arriver. Vous pouvez vous imaginer ce que les niveaux de poussières vont être maintenant. Les concierges gardent l'endroit de travail propre alors c'est certain que les niveaux de poussières vont recommencer à remonter.
Une autre préoccupation, ce sont les changements que la compagnie a faits dans les quarts de travail, obligeant les travailleurs à travailler sept quarts de travail de 12 heures d'affilée suivis de sept jours de congé. Vous pouvez vous imaginer ce que ça signifie, conduire un énorme camion pendant 12 heures, surtout la nuit, aller-retour sans arrêt d'un point A à un point B. Quand vous êtes de nuit, cela veut dire sept nuits d'affilée de 12 heures comme ça. Cela va causer beaucoup de fatigue et d'accidents. C'est meurtrier vraiment. Des accidents se sont déja produits depuis que les changements sont en vigueur. La fatigue est en train de s'installer. Évidemment, d'avoir sept jours de congé cela plaît beaucoup aux travailleurs mais sept quarts de travail d'affilée c'est beaucoup.
Notre situation est difficile parce qu'en ce moment le nombre de nos travailleurs est en baisse et maintenant nous allons en perdre 150 de plus avec les mises à pied. Alors les changements dans les quarts de travail ne semblent pas avoir la même importance que les pertes d'emplois. Mais ils affectent beaucoup la sécurité. Ma plus grande inquiétude c'est que la compagnie met à pied 150 de nos travailleurs. Elle va forcer ceux qui restent à faire beaucoup de temps supplémentaire et le départ des concierges va accroître les niveaux de poussières. Ça ne va pas être facile pour nous.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) fait une nuit de deuil devant l'Assemblée nationale, une vigile toute la nuit à partir du 27 au soir vers 18 heures. On plante des croix vers 21 heures pour commémorer les travailleurs tués ou blessés au travail et on passe la nuit devant l'Assemblée nationale. Le lendemain, on organise une manifestation qui va partir du Palais des Congrès a l'occasion du Congrès de l'Alliance de la fonction publique du Canada ; on marche dans les rues et on s'arrête devant l'Assemblée nationale. On veut exprimer qu'il existe des moyens pour diminuer le nombre des décès et le nombre d'accidents qu'on a à chaque année, qu'on ne lâchera pas et qu'on va continuer à revendiquer que ces moyens-là soient appliqués. .
Les conditions de sécurité étaient parmi les enjeux de la grève des travailleurs de la construction en juin 2013. |
Ils sont déjà prévus dans la loi au Québec, la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui date de 1979 mais dont les articles sur l'industrie de la construction n'ont toujours pas été promulgués. Cela comprend la nomination par les travailleurs d'un représentant à la prévention, un travailleur qui est à temps plein sur le chantier de construction pour faire de la prévention.
Dans la construction on a fait des pas en avant, sur les chantiers de grande importance, on en a obtenu, des représentants en prévention. C'est difficile parce que la loi ne les oblige pas d'en avoir. On a des représentants en prévention sur des chantiers qui ont au moins 500 travailleurs à un moment donné des travaux, un par association représentative, soit les cinq syndicats de la construction.
Les moyens de diminuer les risques sont là sauf que les employeurs ne veulent pas les utiliser. Ils préfèrent utiliser les moyens de protection individuels et un moyen de protection individuel cela ne s'attaque pas aux causes. Souvent même ça donne l'illusion qu'on est moins en danger même si ça n'est pas le cas.
Les problèmes sont les mêmes qu'avant. Les méthodes sont vieilles et ne tiennent pas compte du contexte nouveau. Il faut que le projet soit livré hier. Le chantier commence et les délais de livraison sont courts. Il y a l'augmentation du nombre de métiers, de travaux superposés qui se font en même temps. Le nombre de travailleurs sur les chantiers est de plus en plus élevé. Il ne se fait pas de planification de la prévention. L'organisation est centrée sur la production, pas la prévention. On remet aux travailleurs la responsabilité de la prévention. On leur dit : portez des lunettes, des bottes, des gants. Au lieu de regarder quels sont les dangers et de les éliminer un par un. On doit encore se battre pour que les employeurs posent des garde-corps. Au lieu de cela, on met des harnais aux travailleurs. Des harnais, cela n'empêche pas les chutes. Ils ne font que diminuer les conséquences d'une chute. Passer cinq minutes suspendu dans un harnais, cela peut avoir des conséquences qui peuvent aller jusqu'à la mort.
On transfère la responsabilité de l'employeur sur le travailleur en disant qu'on l'a formé. On lui a donné une formation bidon d'une heure, et « maintenant tu es au courant, fais attention et va travailler ! » .
Un autre problème, c'est le refus politique, le refus des gouvernements de faire les changements qui rendraient les chantiers plus sécuritaires. Ils ne nous expliquent pas pourquoi ils ne le font pas. Ils nous écoutent puis ça s'arrête là. On a été capable de s'entendre, les cinq centrales syndicales, on a présenté un projet au gouvernement pour avoir des représentants en prévention sur les chantiers. On a répondu à leurs préoccupations, que les représentants en prévention vont faire des relations de travail, qu'il va y avoir du maraudage, que cela voudrait dire plus de représentants syndicaux sur les chantiers, etc On a trouvé une façon de faire. On est conscient qu'on ne peut pas avoir tout le temps cinq représentants en prévention sur les chantiers. On s'entendrait entre nous pour former notre monde comme représentants en prévention, on les nommerait, on déciderait entre nous qui serait représentant sur un chantier. Pas de chicane, il serait représentant en prévention de tous les travailleurs sur le chantier, toutes associations syndicales confondues. On va le faire pour la santé et la sécurité. Il ne ferait pas de relations de travail, juste de la prévention.
On a présenté cela au PQ, au Parti libéral, on nous a dit « oui, oui, on va regarder ça ». On n'a fait aucun progrès là-dessus.
À la FTQ-Construction, nous avons 150 représentants à travers le Québec, des permanents syndicaux, qui vont sur les chantiers, vérifient la prévention, si le chantier est en bon ordre ; ils interviennent auprès du maître d'oeuvre et font venir la CSST quand les employeurs ne veulent rien savoir. Ils interviennent pour faire faire des droits de refus. C'est compliqué, ça n'arrive pas souvent sur les chantiers de construction parce que les travailleurs craignent de subir des mesures disciplinaires s'ils exercent un droit de refus.
Le 28 avril, au niveau national, le STTP va tenir une minute de silence partout à travers le Canada en commémoration des travailleurs décédés ou blessés au travail.
Au niveau des problèmes que nous rencontrons aux postes, qui affectent la santé et la sécurité de nos membres, il y a d'abord le problème des intempéries pour les facteurs, la température, surtout l'hiver, surtout cet hiver qui a été si froid. C'est une problématique énorme, les entrées qui ne sont pas déneigées, la neige, la glace, les chutes qui s'ensuivent. Il y aussi la livraison au niveau des super-boîtes qui commence à se faire et nos facteurs et factrices sont en position statique devant ces boîtes, ils restent là à classer leurs lettres, à faire le tri du courrier qu'ils doivent mettre dans les boîtes, souvent aux quatre vents.
Au niveau des conditions de travail, il y a le problème des routes des facteurs qui sont tellement plus longues. Les routes sont allongées, étant donné que les volumes de circulaires ne sont pas inclus dans le calcul du temps que prend une route. Il y a des projets qui sont implantés où on regarde comment donner une valeur de temps pour les circulaires et cela fait qu'on a gagné une vingtaine de routes au dépôt Marseille à Montréal. À l'heure actuelle, les circulaires n'ont pas de valeur de temps, c'est une valeur monétaire. Le temps peut être payé en temps supplémentaire si le temps est allongé mais d'autres problèmes surviennent avec la société quand il y a trop de temps supplémentaire. On fait face à des rencontres avec l'employeur et des mesures disciplinaires.
Il y a aussi moins de gens qui déclarent des accidents de travail. Il y a eu des changements qui ont été faits au niveau des assurances, ce qui pousse des travailleurs à ne pas déclarer les accidents mais le nombre d'accidents reste quand même assez élevé.
On rencontre de plus en plus des problèmes d'épuisement. On parle d'épuisement physique et, à un moment donné, le moral est affecté lui aussi. Les problèmes mentaux sont de plus en plus nombreux. Nous avons un réseau de délégués sociaux, que nous avons renforcé récemment. Ils sont appelés très régulièrement pour aller rencontrer les gens, tenter de les aider, les aider par exemple à aller là où sont les soins. Nous croyons qu'il y a un lien entre ces problèmes et les conditions de travail. Il y une partie de ces problèmes qui est un problème de société mais il y a une partie qui est sûrement reliée aux conditions de travail. On a des gens qui travaillent de longues heures, qui ont des horaires qui ont été modifiés. On parle de facteurs mais aussi de factrices, la conciliation travail-famille devient plus difficile, on ne voit plus les enfants. On devient fatigué. Ce n'est pas sécuritaire pour nos factrices de travailler souvent à la noirceur. Les gens prennent les moyens qu'ils trouvent, portent des lumières de mineurs.
Au niveau des gens à l'interne il y a de plus en plus de mécanisation donc le travail est tout le temps le même, les mêmes mouvements. Là aussi on a des problèmes. Au niveau des accidents de travail, selon la CSST, il n'existe pas de mouvement répétitifs à Postes Canada.
Le STTP a des comités conjoints de santé et sécurité dans chaque succursale. Nous mettons beaucoup d'accent sur la prévention. Au niveau des routes, nous agissons au niveau de la convention collective et à travers des projets qui sont en branle, comme le projet-pilote à Marseille qui va durer un an et donner des valeurs de temps aux circulaires.
Les compressions gouvernementales minent
la santé et la sécurité publiques
À un moment donné durant l'après-midi du 8 avril, du mazout s'est mis à couler d'un navire ancré dans la baie English dans le bassin extérieur du port de Vancouver alors qu'il attendait pour charger sa cargaison de grain sur les quais. A 17h10, un plaisancier a remarqué une grande nappe de pétrole et a composé le 911. L'appel a été transmis à la Garde côtière canadienne, l'organisation responsable désignée pour les incidents de ce genre. Un bateau des autorités portuaires de la région métropolitaine de Vancouver est apparu sur la scène autour de 18h00. Toujours à 18h00, la Garde côtière a alerté la Western Canada Marine Response Corporation, une société privée mise en place pour gérer les déversements portuaires. Le contact a été activé à 20h00 et la compagnie est arrivée sur les lieux à 21h25. La Garde côtière a initialement rapporté que l'estacade flottante devant absorber le mazout a été fixée autour du navire vers minuit. Cependant, il a été rapporté plus tard que cela n'a pas été fait avant 05h53, le matin du 9 avril. Pendant ce temps, la nappe de mazout s'est répandue dans le port et sur les plages environnantes. Il a fallu 48 heures pour que le déversement soit identifié comme du mazout de type C, une forme extrêmement lourde, toxique et visqueuse de carburant que la plupart des cargos utilisent. Tout cela a eu lieu deux semaines seulement avant le Jour de la Terre, le 22 avril.
Ce déversement de mazout a eu lieu dans le contexte où deux aspects contradictoires du programme économique de l'oligarchie financière s'affrontent au port de Vancouver : l'intensification de l'activité portuaire et les compressions massives dans le réseau de la sécurité maritime.
Il est évident que l'efficacité de la Garde côtière canadienne a été gravement compromise par les fermetures et compressions sous le gouvernement conservateur fédéral. Le navire qui a laissé fuir le mazout était visible à l'oeil nu de l'ancienne station de la Garde côtière de Kitsilano près de Jericho Beach, fermée en février 2013 (un gain de 700 000 $ par an pour les conservateurs fédéraux dans leur quête du Saint-Graal, un budget équilibré). Fred Moxy, l'ancien commandant de la station Kitsilano, a déclaré que le temps de réponse face à la marée aurait été une question de minutes au lieu d'heures si la station était encore ouverte. Le capitaine à la retraite de la Garde côtière Tony Toxopeus, un barreur qui a travaillé à partir de Kitsilano, a déclaré que la base était équipée d'un navire spécialement bâti pour lutter contre la pollution pétrolière, d'une estacade autogonflante de 300 mètres et d'autres équipements et les équipages ont été formés régulièrement pour répondre à des déversements de pétrole. « Dès que nous aurions vu qu'il y avait du mazout nous aurions appuyé sur la sonnette d'alarme et serions intervenus », a-t-il dit. « Nous aurions pu nous porter à la rescousse du navire, remorquer l'estacade et être aux côtés du vaisseau en 30 minutes. »
Un an avant la fermeture de la base de Kitsilano, six bureaux régionaux du Programme des urgences environnementales d'Environnement Canada ont été fermés à travers le Canada, y compris celui de Vancouver, laissant seulement un bureau à Montréal et à Gatineau, au Québec. Soixante emplois ont été supprimés.
Unifor, le syndicat représentant les officiers en communication de la Garde côtière, a soulevé des inquiétudes concernant de nouvelles compressions budgétaires au réseau de sécurité maritime de la côte ouest. « Lorsqu'un incident grave de pollution se produit, la notification et le temps de réponse rapides sont essentiels pour limiter la propagation des polluants », a déclaré Allan Hughes, directeur pour l'ouest canadien de la section locale 2182. « Le gouvernement Harper est en train de démanteler le système de prévention et de réponse de la côte ouest qui a été mis en place depuis des décennies. « Le centre à Vancouver des Services de communication et de trafic maritimes (STCM) va être fermé le 6 mai, en même temps que le Centre régional d'information maritime. Avec la fermeture le mois prochain du centre STCM, la Garde côtière ne sera plus en mesure de fournir une assistance d'ancrage aux navires, y compris les pétroliers.
Ces fermetures sont encore plus condamnables compte tenu de la vaste expansion de l'activité portuaire qui se déroule.
Depuis l'élection en 2006 des conservateurs fédéraux, le port de Vancouver a subi une vaste expansion sous l'égide d'un plan financé par le gouvernement fédéral appelé Initiative de la porte et du corridor de l'Asie-Pacifique. De nouvelles installations portuaires et de transbordements maritimes ont été et sont en cours de construction avec plus de chemins de fer, de routes et de ponts pour desservir une importante augmentation de la circulation des marchandises destinées à l'exportation, y compris les céréales et les huiles de céréales, le charbon, le soufre (un sous-produit de l'industrie d'extraction pétrolière de l'ouest du Canada ), les produits chimiques, le bois et les produits du papier et (dans une moindre mesure) les produits manufacturés. La société Kinder Morgan a fait une demande auprès de l'Office national de l'énergie (ONÉ) pour développer des oléoducs pour transporter jusqu'à Vancouver du bitume des sables bitumineux de l'Alberta, ce qui se traduirait par une augmentation de 700 % du trafic des pétroliers dans le port, et une augmentation concomitante de déversements toxiques à grande échelle, encore plus mortels. Plutôt que de simplement attendre à l'ancre dans la baie English, ces pétroliers se faufileraient à travers des eaux peu profondes du canal étroit de Second Narrows avec moins de deux mètres de dégagement sous quille pendant une fenêtre de temps de moins de 20 minutes correspondant au pic de la marée haute. Tant les conservateurs fédéraux et les libéraux provinciaux appuient la demande faite par Kinder Morgan. Le groupe Kinder Morgan refuse de divulguer les détails de son plan d'intervention d'urgence, même aux gouvernements locaux, citant des « raisons personnelles, commerciales et de sécurité », et le régulateur fédéral s'est rangé du côté de cette entreprise lorsque la Ville de Vancouver a demandé à l'ONÉ de rendre accessible cette information essentielle .
Le MV Marathassa, le navire qui a laissé fuir le mazout, le 8 avril, était flambant neuf, construit au Japon en février de cette année, naviguant sous la gérance d'Alassia NewShips, une société maritime propriétaire de navires basée en Grèce. Le navire avait quitté la Corée pour son voyage inaugural. Selon Transports Canada, le déversement semble avoir été causé par des problèmes mécaniques avec le système de pompage du navire combinés à une fuite de la valve qui a laissé fuir le carburant dans l'eau au lieu de le contenir au sein du navire. Tenant compte de l'intensification générale à l'échelle mondiale des conditions de travail sous le néolibéralisme, on peut aisément soupçonner que l'intensification des cadences de travail lors de la construction du navire combinée au manque de formation et au nombre insuffisant d'employés à bord du navire pourraient avoir joué un rôle dans l'accident. Les propriétaires et les gestionnaires de navires n'ont aucun intérêt à éviter ou à signaler les déversements (les gestionnaires du Marathassa ont d'abord nié que le déversement provenait de leur navire). Les risques de déversements et les dommages causés sont une occasion d'affaires, pour lesquels ils prennent une assurance pour se prémunir contre toute responsabilité financière. Il y a un plafond de responsabilité de 28 millions $ sur les contributions provenant du propriétaire du navire, tandis que 162 millions $ sont disponibles par le biais des Plans canadiens d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures causée par les navires, qui peuvent être utilisés si les plafonds de contributions des propriétaires de navires sont dépassés. Mais comme Penny Ballem, la directrice municipale de Vancouver a dit, « Il n'y a aucune garantie que nous serons remboursés pour chaque cent que nous avons dépensé pour effectuer le nettoyage. »
Avec les réductions à la capacité d'intervention d'urgence et de communication maritime, le gouvernement fédéral a diminué la capacité des scientifiques à étudier et à comprendre les effets à long terme du déversement de pétrole et d'autres matières toxiques sur la santé de la vie marine. Les conservateurs fédéraux ont coupé des millions en financement du ministère des Pêches en 2012, et plus de 50 scientifiques ont perdu leur emploi.
Peter Ross a été l'un de ces scientifiques, son programme de toxicologie marine a été mis au rancart. Il a dit à la Presse canadienne, dans une entrevue donnée le 16 avril, que « Il n'y a pas de politique officielle sur qui doit surveiller les effets d'un déversement », ajoutant qu'il y a une lacune importante dans la recherche et les mesures préalables en raison des compressions fédérales dans les programmes de sciences. Ross a noté qu'il n'y a pas de suivi cohérent à long terme des écosystèmes côtiers de la Colombie-Britannique, et le manque de données de référence rend difficile aux scientifiques d'évaluer l'impact de la marée noire. « Nous pensons qu'il y a un manque du point de vue de notre capacité à comprendre l'océan, à documenter notre impact sur l'océan, ce qui affecte beaucoup notre capacité à protéger l'océan », a-t-il dit. « Ces sortes de déversements ne font que souligner le manque de compréhension et de préparation pour quelque chose de cette envergure. »
Pendant le déversement de mazout et son nettoyage, les libéraux provinciaux ont été des critiques acerbes de la Garde côtière sous les conservateurs fédéraux. Le 10 avril, la première ministre Christy Clark a dit : « Quelqu'un doit faire un meilleur travail de protection de la côte et la Garde côtière ne l'a pas fait [...] Nous pourrions faire mieux. » Pourtant, les libéraux de Clark, avec les conservateurs fédéraux, sont des apologistes enthousiastes de l'expansion du transport et de l'exportation de bitume et d'autres ressources premières par le port de Vancouver. Aucune autre voie de développement économique n'est offerte pour être prise en considération, et ils n' ont présenté aucun plan concret pour prévenir ou atténuer la destruction et les catastrophes qui accompagneraient l'expansion de l'exploitation des ressources naturelles. Le message, à savoir, « Faites-nous confiance, nous pouvons mieux gérer les choses » est le même message que le cartel des partis politiques donne toujours, tout en essayant de détourner l'attention de la destruction de l'environnement naturel et social qui se déroule sous leurs yeux.
Les événements chaotiques autour du déversement de mazout démontrent que les monopoles et les dirigeants du capital financier (ainsi que les partis politiques qui leur sont fidèles) sont incapables de gérer l'économie d'une manière qui ne porte pas préjudice aux intérêts de la majorité des membres de la société. Ils sont incapables de développer intégralement tous les aspects de l'économie. Ils s'ingèrent dans la capacité des membres de la classe ouvrière et des peuples autochtones qui sont capables de gérer l'économie et l'environnement naturel pour le bénéfice de tous. Et malgré leurs fausses promesses qu'ils peuvent apprendre de leurs « erreurs » et tirer les leçons qui s'imposent (comme le président Obama l'a dit après les derniers meurtres de civils par les frappes de drones américains au Moyen-Orient que les États-Unis, contrairement aux autres nations, « peuvent apprendre de leurs erreurs » ) ils ont prouvé maintes fois qu'ils ne peuvent pas apprendre de leurs mésaventures. Cependant, dans leur folie, ils font preuve sans cesse du même comportement dysfonctionnel tout en espérant un résultat différent. La seule leçon qu'ils sont capables d'apprendre de ces événements est le besoin d'essayer de dissimuler les catastrophes qu'ils créent et d'étouffer par tous les moyens (projet de loi C-51 et d'autres mesures) l'opposition croissante de ceux qui sont affectés par leurs actions destructrices. Ce sont seulement la classe ouvrière, les nations autochtones et les collectifs des peuples du Canada et du Québec qui ont le potentiel de tirer les leçons qui s'imposent et qui sont capables de renverser la situation.
(Sources : la Presse canadienne, Metro News, rabble.ca, 24 h News, Times Colonist, The Tyee, Vancouver Sun)
Dans un communiqué de presse en date du 31 mars, le Syndicat de l'Agriculture écrit que face à une crise financière en raison du sous-financement imposé par le gouvernement Harper, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), l'agence responsable de la sécurité alimentaire au Canada, revient discrètement en arrière sur des mesures destinées à prévenir la répétition de la pire intoxication par des aliments contaminés de l'histoire canadienne, soit l'éclosion en 2008 de la listériose causée par les charcuteries contaminées provenant de Maple Leaf Foods qui ont causé la mort de 22 personnes ainsi que de nombreux cas de maladies. Plus de 8000 membres du Syndicat de l'Agriculture travaillent pour plusieurs ministères et organismes fédéraux comme l'ACIA, Agriculture et Agroalimentaire Canada, la Commission canadienne des grains et la Commission canadienne du lait.
Le syndicat se réfère à un document interne de l'ACIA fortement caviardé dans lequel la sécurité publique est traitée comme une question de gestion des risques dans le contexte de la réduction des coûts et non pas d'assurer la sécurité du public : « ... pour nous assurer que nous vivons selon nos ressources, nous devons exercer notre jugement pour décider quel travail sera fait maintenant, ce qui sera remis à plus tard et ce que nous ne ferons carrément pas ». À partir du 5 janvier, l'ACIA a demandé à son personnel dans le nord de l'Alberta de réduire de 50 % les activités d'inspection générale de l'assainissement et de 30 % les inspections de pré-exploitation. Ces réductions sont applicables aux établissements produisant pour les marchés intérieurs et d'exportation.
Bob Kingston, président du Syndicat de l'Agriculture, a déclaré dans le communiqué de presse :
« Après la contamination chez Maple Leaf, l'ACIA a renforcé la vérification de la salubrité des installations de production de viande, parce que Sheila Weatherill [nommée par le gouvernement Harper afin d'enquêter sur l'épidémie de listériose de 2008 - note du LML] avait trouvé que la contamination persistante était un facteur qui avait contribué au désastre. Pour faire face à sa crise financière, l'ACIA entreprend maintenant de démanteler ces mesures. »
Selon les prévisions de l'ACIA, le gouvernement Harper prévoit réduire les dépenses sur la sécurité alimentaire de 21 % d'ici 2016-2017. Selon le syndicat, cela va se traduire par des réductions de personnel de 16,5 % ou 548 postes.
On peut lire dans le communiqué :
« Conséquemment, l'ACIA fait face à une pénurie critique d'inspecteurs. Dans le Nord de l'Alberta par exemple, seulement 12 des 18 postes d'inspection de la salubrité de la viande sont actuellement pourvus. L'embauche de nouvelles personnes est gelée et la formation est remise à plus tard. Sheila Weatherill avait cité la pénurie d'inspecteurs et l'absence de formation comme des facteurs qui ont contribué au désastre chez Maple Leaf Foods. »
Le 20 avril, le Syndicat de l'Agriculture a publié un sondage qu'il a mené auprès de ses membres montrant que chaque équipe d'inspection de la viande fédérale au Québec manque de personnel, laissant le fonctionnement de la plupart des installations d'abattage et de transformation de la viande au Québec avec moins d'inspecteurs de viande que ceux requis pour assurer la conformité aux exigences de sécurité. Selon le syndicat, les programmes de salubrité des aliments de l'ACIA sont à court de personnel à travers le pays.
« Le gouvernement fédéral a baissé la garde depuis la contamination chez Maple Leaf Foods, qui a causé la mort de 22 Canadiens. J'espère sincèrement que le gouvernement n'attendra pas qu'une autre contamination le force à protéger les consommateurs canadiens », a dit Kingston dans le communiqué de presse.
Le communiqué de presse poursuit en déclarant que « Les inspecteurs de la viande en poste dans les usines de transformation dans toute l'Alberta, qui produisent les aliments prêts-à-manger comportant les risques les plus élevés, fonctionnent à 33 % sous le seuil minimum de dotation en personnel depuis plus d'un an. Les tâches d'inspection dans les usines albertaines ont été réduites, et on a implanté un système d'inspection à deux niveaux selon lequel les viandes destinées aux consommateurs canadiens répondent à des standards d'inspection moins élevés que celles produites pour l'exportation. Après que la ministre de la Santé Rona Ambrose eût qualifié les révélations du syndicat « d'inexactes et irresponsables », un document interne de l'ACIA a confirmé les allégations du syndicat. Un seul inspecteur en charge de la protection des consommateurs est responsable de tous les restaurants et de tous les commerces alimentaires de détail pour toute la ville de Toronto. Entretemps, toute l'unité de protection des consommateurs de la Colombie-Britannique a été démantelée. »
Le syndicat demande au gouvernement d'augmenter les ressources aux fins d'inspection de la sécurité alimentaire et de les placer sur la ligne de front pour permettre à l'agence de satisfaire les besoins minimaux en personnel d'inspection. Kingston s'est entretenu avec LML du travail que le syndicat est en train de faire pour rendre ces questions publiques et régler les problèmes de manière à ce que l'ACIA puisse remplir son mandat de protéger la sécurité alimentaire :
« Le principal problème est que l'ACIA, l'agence responsable de la sécurité alimentaire, n'a pas fait son travail et est loin d'avoir les ressources dont elle a besoin pour faire son travail. Le gouvernement s'est fait dire cela depuis très longtemps. Nous avons fait pression pour exiger une vérification sérieuse des ressources de l'ACIA face à son mandat d'assurer qu'elle dispose des ressources nécessaires pour mener à bien ce mandat et le gouvernement a refusé. Le gouvernement s'est fait dire à plusieurs reprises où il y a des problèmes, et dans certains cas, il a admis qu'il y a des problèmes, mais le bureau de la ministre de la Santé, Rona Ambrose, nous assure que les ressources étaient disponibles pour combler les postes vacants qui sont requis pour faire ce travail. Et pourtant, les postes sont toujours vacants et le travail ne se fait pas. Nous dénonçons publiquement cette situation. Nous n'avons pas le choix. »
40e anniversaire de la réunification du Vietnam
Le Monument de la victoire de Xuan Loc |
Le 30 avril 2015 est le 40e anniversaire de la victoire totale du peuple vietnamien sur l'agression militaire des États-Unis et sa division du pays. Les forces unies de l'Armée populaire vietnamienne et du Front national de libération du Sud-Viêt Nam ont chassé de Saigon le 30 avril 1975 ce qu'il restait de l'armée américaine et de l'armée du régime fantoche sud-vietnamien pour atteindre l'objectif chéri depuis longtemps de la réunification et l'indépendance nationale.
Dans l'une des plus remarquables et des plus héroïques guerres de libération nationale et au prix de millions de vies, le peuple vietnamien a réussi en un peu plus de 30 ans à vaincre trois armées d'occupation étrangères.
L'occupation japonaise du Vietnam a commencé en septembre 1940, mais sous la direction de Hô Chi Minh et du Parti communiste du Vietnam, l'armée impériale fut chassée en 1945. Le peuple vietnamien héroïque a également battu de manière écrasante les colonialistes français, dont la défaite a été consacrée à la bataille finale de Dien Bien Phu en 1954.
Dans sa lutte contre les agresseurs impérialistes américains du début des années 1960 jusqu'en 1975, le peuple vietnamien a gagné le soutien et l'admiration des peuples du monde. Aux États-Unis et au Canada, les jeunes et les étudiants ont bâti un puissant mouvement antiguerre qui a grandi chaque année malgré les attaques de la police et les emprisonnements. Les campus universitaires partout au Canada, aux États-Unis, en Europe et partout dans le monde ont été des lieux d'organisation politique de masse et de luttes pour appuyer la lutte de libération nationale du peuple vietnamien et contre l'agression et la politique étrangère de l'impérialisme américain.
La brillante victoire du peuple vietnamien le 30 avril 1975 a conduit à la réunification du Vietnam et à la création de la République socialiste du Vietnam qui a été proclamée en 1976. Devenus maîtres de leur destinée, le gouvernement et le peuple vietnamien ont réussi à bâtir une économie stable et prospère et à surmonter les ravages causés par des décennies d'occupation impérialiste, de pillage et de bombardements aveugles des États-Unis.
Le 30 avril a été et sera toujours célébré au Vietnam, au Canada et partout dans le monde comme un grand chapitre dans l'histoire des luttes de libération nationale. Le peuple vietnamien a montré au monde qu'un peuple déterminé à défendre sa liberté et sa souveraineté est plus puissant que toute armée étrangère, quelque soit sa force et son arrogance.
Le 23 avril 2015, le projet de loi S-219, Loi sur la Journée du Parcours vers la liberté, a reçu la sanction royale. Cette loi désigne officiellement le 30 avril de chaque année comme « Journée du Parcours vers la liberté » en référence à ceux qui ont quitté le Vietnam pour le Canada après la victoire sur les forces des États-Unis le 30 avril 1975. Bien que le titre originel de Loi sur le Jour de l'Avril noir ait été changé à cause de l'opposition à ce projet de loi provocateur et semeur de division, il est clair, comme le montrent le texte de la loi et le débat à la Chambre des communes, que ce qui est visé est le verdict que l'histoire a rendu contre l'impérialisme américain et la grande victoire pour la liberté et l'indépendance.
Le texte définitif du projet de loi affirme que le 30 avril 1975, « les forces militaires de l'Armée populaire vietnamienne et du Front national de libération ont envahi le Vietnam du Sud » et associe ces événements à « la situation vécue par les gens du Vietnam, notamment la détérioration des conditions de vie et les violations des droits de la personne ». On n'y trouve aucune mention, et encore moins de condamnation, de l'agression des États-Unis ou de la destruction sytématique du pays par les bombardements aériens de masse des impérialistes qui ont tué des millions de Vietnamiens.
Des Canadiens d'origine vietnamienne ont dénoncé ce projet de loi et démasqué la falsification historique et l'anticommunisme virulent du gouvernement Harper. Hoang Nguyen, un ingénieur en électricité canadien âgé de 35 ans, a déclaré au Embassy Magazine que les interventions des députés conservateurs ne reflètent pas son point de vue ni les opinions de ses pairs. « Après une guerre, tout pays est déchiré... quand vous allez dans une zone de guerre, vous savez que c'est difficile. [Les Vietnamiens-Canadiens] ont quitté le Vietnam pour diverses raisons, non pas à cause du parti communiste », a-t-il dit. Julie Trang Nguyen, représentante de l'Association Canada-Vietnam, a dit lors d'une conférence de presse que son association s'est sentie insultée par le choix du 30 avril, Jour de la libération du Vietnamam. Elle a déclaré que le gouvernement Harper « impose son point de vue au reste de la communauté ».
Ce projet de loi était si controversé et semait tellement la discorde parmi les Canadiens d'ascendance vietnanienne et les Canadiens de tous les horizons que des tentatives de dernière minute ont été faites pour l'amender lors de la troisième lecture et du débat final le 22 avril. Le plus important pour les Canadiens d'ascendance vietnamienne était de retirer toute mention du 30 avril du projet de loi, car cette journée est fêtée avec fierté et joie au Vietnam et dans le monde comme la Journée nationale de la réunification. Des députés ont déclaré que, même si beaucoup de Vietnamiens au Canada souhaitent célébrer l'acceptation de réfugiés par le gouvernement après la fin de la guerre, le faire le 30 avril divise la communauté d'une façon inacceptable. La députée libérale Judy Sgro a souligné que le gouvernement « dresse une partie de la communauté contre l'autre ». Les députés conservateurs ont rejeté ces considérations importantes en déclarant avec cynisme : « Les Canadiens d'ascendance vietnamienne ont parlé ».
Malgré ces vives inquiétudes exprimées, aucun député ne s'est opposé à ce que la victoire du peuple vietnamien sur l'occupation étrangère soit calomniée et un rendu historique anticommuniste imposé aux Canadiens d'ascendance vietnamienne. Le projet de loi a été adopté à l'unanimité le 22 avril et a reçu la sanction royale le lendemain..
Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a protesté le 24 avril contre l'adoption du projet de loi S-219 qui dénature l'histoire de la lutte du peuple vietnamien pour la libération et la réunification nationales, qui a été soutenue par le peuple du Canada et les peuples du monde. Le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères Le Hai Binh a déclaré : « Il s'agit d'un recul dans les relations entre les deux pays. Cette adoption porte préjudice aux bonnes relations entre le Vietnam et le Canada, offense les sentiments du peuple vietnamien et d'une grande partie de la communauté vietnamienne au Canada. » Le même jour, le ministère vietnamien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur du Canada au Vietnam pour lui signifier ses protestations et dit espérer que le Canada prendra conscience de l'incidence négative de l'adoption du projet de loi S-219.
Les Canadiens n'accepteront pas la falsification anticommuniste de l'histoire et les vaines tentatives du gouvernement Harper de renverser la glorieuse victoire du peuple vietnamien. La classe ouvrière et le peuple canadiens, qui ont donné leur soutien indéfectible à la juste lutte du Vietnam pour la liberté et l'indépendance continueront de célébrer le 30 avril comme le jour où le peuple vietnamien a affirmé son droit d'être maître de sa destinée. La croisade du gouvernement Harper contre toutes les victoires du peuple ne peut les en empêcher.
Des activités sont en cours dans tout le Vietnam en préparation du 40e anniversaire de la libération historique de Saïgon des impérialistes américains et de la réunification du pays, le 30 Avril 1975.
La célébration nationale, qui aura lieu les 29 et 30 avril à Hô Chi Minh-Ville, se tiendra sous la direction du Comité central du Parti communiste du Vietnam, de l'Assemblée nationale, du président, du gouvernement et du Front de la Patrie du Vietnam. Des cérémonies auront lieu le 29 avril à Hanoï au Mausolée de Hô Chi Minh et au Monument des martyrs et à Hô Chi Minh-Ville, au cimetière des Martyrs et au Monument aux morts de Ben Duoc. Le 30 avril, Jour de la Réunification nationale, des défilés et des marches auront lieu à Hô Chi Minh-Ville en présence des dirigeants du Parti communiste du Vietnam, du gouvernement et de l'Armée, de représentants de ceux qui ont participé à l'offensive du printemps de 1975, de représentants des jeunes, des travailleurs, des agriculteurs, des organisations des femmes et des organisations sociales, de délégations internationales et du corps diplomatiques. La nuit du 30 avril un programme artistique spécial de plus de 4 400 artistes aura lieu à Hô Chi Minh-Ville, suivie par des feux d'artifice dans huit endroits de la ville. Ces célébrations se poursuivront le 1er mai, la Journée internationale des travailleurs.
En préparation de l'anniversaire de la réunification, des événements auront lieu partout au pays en l'honneur de la victoire d'importance historique du 30 avril, pour commémorer ceux qui ont sacrifié leur vie pour la libération du Vietnam et souligner les réalisations du pays depuis quatre décennies.
Une conférence nationale a été tenue à Hô Chi Minh-Ville le 3 avril sur l'importance de la victoire de printemps en 1975. Nhân Dân, l'organe central du Parti communiste du Vietnam, a rapporté que les discours à cette conférence « ont réaffirmé que la lutte de libération n'était pas seulement une victoire militaire décisive, elle fut aussi une victoire du peuple qui a laissé un héritage inspirant de dignité humaine qui résulte de la lutte longue et soutenue et des grands sacrifices du peuple vietnamien dans tout le pays sous la direction éclairée du Parti communiste du Vietnam. »
Le 14 avril, un colloque tenu à Hanoï a souligné le rôle du quartier général qui siégeait à la Citadelle de Hanoi dans le succès de l'offensive du printemps de 1975. Le quartier général a élaboré des stratégies et fourni des orientations à la lutte contre les forces américaines de 1965 à 1975. Au quartier général, la direction du peuple vietnamien, composée du Bureau politique du Comité Central du Parti communiste du Vietnam, de la Commission militaire centrale et du haut-commandement général a travaillé pendant plus de 7 000 jours et tenu plus de 1 000 réunions pour assurer le succès de la lutte pour la libération et la réunification nationale.
Le 14 avril, Hô Chi Minh-ville a été l'hôte d'une conférence en l'honneur de ceux qui ont apporté une contribution importante à l'offensive du printemps de 1975. Le Vice-premier ministre Vu Duc Dam a exprimé la gratitude du Parti, de l'État et du peuple aux héros qui ont sacrifié leur jeunesse et parfois leur vie pour la cause révolutionnaire nationale. Le Vice-premier ministre Vu Duc Dam a réaffirmé l'importance de la guerre de résistance pour l'indépendance nationale, la paix, le bonheur, la souveraineté et la justice du peuple vietnamien.
D'autres victoires de l'offensive du printemps ont
été célébrées en mars et avril,
notamment la libération de la province de Quang Nam le 24 mars
et
de la province de Lam Dong, le 3 avril.
Le16 avril, le président Truong Tan Sang a rencontré des anciens combattants révolutionnaires qui avaient été emprisonnés sur l'île de Phu Quoc au cours de la guerre contre les impérialistes américains. La prison de Phu Quoc a été construite par les colonialistes français en 1949-50 pour emprisonner les Vietnamiens qui résistaient à la domination étrangère de leur pays. Pendant la lutte du Vietnam pour la réunification nationale plus de 40 000 prisonniers y étaient détenus en même temps. Le président de Sang a été lui-même emprisonné à Phu Quoc, de 1971 à 1973.
Une exposition consacrée à l'appui international à la lutte du peuple vietnamien pour l'indépendance et réunification nationale de 1954 à 1975 a été inaugurée le 24 avril au Musée national d'histoire vietnamienne. L'exposition présente près de 130 photos et artefacts de près de 50 pays européens, asiatiques et africains, aux côtés de près de 30 affiches, documents et objets d'organisations internationales des travailleurs, des étudiants, de juristes démocrates, de la jeunesse des femmes, du mouvement antiguerre qui ont soutenu et contribué à la victoire du Vietnam sur les impérialistes américains. Le 4e concours international de chant choral aura lieu dans la province de Quang Nam du 30 avril et 1er mai dans dans le cadre de la célébration du Jour de la Réunification nationale et de la Journée internationale des travailleurs. Plus de 1 500 artistes provenant de 15 pays participeront à l'événement.
Trente-deux bustes sculptés de femmes vietnamiennes qui ont contribué à la guerre de résistance contre les Français et les Américains seront exposés jusqu'au 4 mai au Centre culturel des femmes de Hô Chi Minh-Ville. Le sculpteur, Thi Kim Thanh, a voyagé dans tout le pays pendant dix ans pour rencontrer des femmes qui ont combattu pour l'indépendance et la Réunification, notamment des généraux, des soldats, des espions, des messagers, des combattantes de la guérilla et celles qui ont perdu des enfants dans la guerre.
Une vidéoconférence diffusée à l'échelle nationale pour célébrer cet anniversaire a eu lieu le 11 avril à Hô Chi Minh ville. Des spectacles culturels et artistiques, des courts métrages documentaires et des entretiens avec des soldats et ceux qui ont participé à la campagne pour libérer la ville ont été présentés. Le même jour, une exposition thématique « Histoires sur les généraux emprisonnés dans les prisons coloniales » a été inaugurée au Musée Hô Chi Minh. Cette exposition présente au public 150 images et documents sur la vie révolutionnaire de généraux des forces armées populaires comme les généraux Vo Nguyen Giap, Mai Chi Tho, Nguyen Chi Thanh, Van Tien Dung et Muy Chu Man.
(Nhan Dan, Vietnam News, Vietnam News Agency)
Après 40 ans de reconstruction depuis la réunification nationale (1975-2015), le Vietnam est considéré comme un exemple de réussite du développement socio-économique rapide, disent les grandes organisations internationales et les médias, ce que souligne la presse vietnamienne.
L'ONU a noté qu'après la réunification, en raison des graves dommages causés par des années de guerre, les faiblesses de la politique et un environnement international difficile, l'économie du Vietnam a connu une longue période de crise durant les années 1970 et 1980. Cependant, grâce à l'oeuvre du Renouveau (Dôi moi), initié en 1986, et suite aux réformes, le Vietnam a atteint un essor remarquable.
Depuis 1990, le Produit intérieur brut (PIB) du Vietnam a triplé, le taux de croissance annuelle du PIB était estimé à 5,7 % et a consécutivement augmenté jusqu'à la crise économique mondiale survenue en 2008. La croissance a souffert en 2008 (6,2 %) et 2009 (5,3 %) et est restée atone en 2010 (6,3 %). Néanmoins, le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a été ramené de 58 % en 1993 à moins de 12 % en 2009. Les ressources intérieures pour le développement ont augmenté et le commerce international et l'investissement direct étranger ont considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies.
L'ONU a indiqué que la mise en oeuvre de la Stratégie de développement socio-économique 1991-2000 et 2001-2010 a aidé le Vietnam, autrefois une économie en grande partie pauvre basée essentiellement sur l'agriculture, à devenir une économie de marché, plus riche, s'intégrant plus profondément dans la région comme dans le monde. Et la Stratégie de développement socio-économique 2011-2020 pose des bases solides pour faire du Vietnam un pays moderne et industrialisé d'ici 2020.
L'ONU a reconnu que ces stratégies et les efforts collectifs du Vietnam, autrefois un des pays plus pauvres dans le monde, lui ont permis de devenir en seulement quelques décennies un pays à revenu intermédiaire et en croissance rapide. Dans l'ensemble, les progrès réalisés par le Vietnam ces dernières années sont principalement dus au renforcement des réformes économiques, à l'intégration à l'économie mondiale et à la stabilité macroéconomique.
La Banque mondiale attribue également le succès du développement du Vietnam à l'ouvre du Dôi moi et souligne que les réformes politiques et économiques, lancés en 1986 ont transformé le pays en seulement 25 ans d'un des pays plus pauvres du monde, avec un revenu per capita inférieur à 100 $ en un pays à revenu dont le revenu par capita est de plus de 2,000 $ à la fin de 2014. Actuellement, le Vietnam a atteint la plupart, et dans certains cas a dépassé, des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment les objectifs en matière d'égalité entre les sexes, d'éducation et de réduction de la pauvreté. Le pourcentage de personnes vivant dans la pauvreté a chuté de près de 60 % dans les années 1990 à moins de 10 % aujourd'hui.
Selon la Banque mondiale, au cours de ces 10 dernières années, le taux de croissance économique du Vietnam a atteint, en moyenne, 6,4 % par an et même si la croissance a commencé à ralentir récemment, le Vietnam a réussi à améliorer sa stabilité macroéconomique. L'inflation a chuté de 23 % en 2011 à 4,2 % en 2014. Les exportations demeurent un outil important pour la stimulation de la croissance économique du pays.
La Banque mondiale a souligné que la Stratégie de développement socio-économique 2011-2020 du pays accorde une attention particulière aux réformes structurelles, à l'environnement durable, l'équité sociale et aux questions émergentes de la stabilité macroéconomique.
La Banque mondiale a également souligné le fait que le gouvernement vietnamien a récemment accordé plus d'attention à l'amélioration de l'environnement des entreprises, avec deux résolutions adoptées en mars 2014 et en mars 2015, qui présentent des actions concrètes pour lever les obstacles pour faire des affaires au Vietnam avec comme objectif de parvenir à un environnement des entreprises comparable à la moyenne du groupe de l'ANASE + 6 (c'est-à-dire l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, dont les pays membres sont l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Brunei, le Cambodge, le Laos, le Myanmar et le Vietnam, et ses six principaux partenaires commerciaux : laChine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande).
Selon la Banque asiatique de développement (BasD), le Vietnam est une des économies à croissance les plus rapides du monde depuis 1990. Cependant, la croissance économique a diminué de 7,3 % pendant la période 2000 - 2007 à 5,7 % pendant la période 2008 - 2013, en raison de la lenteur de la restructuration, et de la situation instable dans le monde.
Lors d'une visite au Vietnam en 2014, le président de la BasD, Takehiko Nakao, a déclaré qu'afin de renforcer les acquis et de restaurer une croissance économique rapide et intégrée, le pays devrait intensifier les réformes structurelles, en particulier dans les entreprises publiques et le secteur bancaire, et le gouvernement devrait resserrer le contrôle de la dette publique par l'augmentation des recettes fiscales et la rationalisation des dépenses publiques.
Le président de la BasD a ajouté que le secteur privé joue un rôle important dans l'amélioration de la compétitivité du pays et pour éviter le piège du revenu intermédiaire. Selon lui, le Vietnam devrait essayer d'optimiser les avantages de l'intégration économique mondiale grâce à l'amélioration des échanges et des investissements sur la base d'une plus grande intégration dans l'ANASE et des accords de libre-échange.
Le rapport Perspectives de développement asiatique 2015 de la BAsD a indiqué que la priorité devrait être donnée au renforcement du système bancaire et à la définition d'une stratégie claire afin de régler le problème de créances douteuses à court terme.
Selon ce rapport, le Vietnam devrait également accélérer le désinvestissement des entreprises publiques et accélérer leur processus d'actionnarisation. La BAsD encourage une participation accrue des entreprises locales à la chaîne de valeur globale, c'est-à-dire à jouer un rôle dans la chaîne mondiale de production de divers biens, afin de « bénéficier à plein du potentiel de croissance ».
Bloomberg a récemment publié un article dans lequel il est dit le que le Vietnam présente une fois de plus des signes de grande croissance économique. « Les investissements dans l'économie de l'Asie du Sud-Est de fabricants comme Samsung Electronics Co. et Intel Corp. donnent au Vietnam une deuxième possibilité de devenir le prochain tigre de l'Asie », lit-on dans l'article.
L'article cite un rapport de la compagnie d'audit PricewaterhouseCoopers LLP (PwC), dans lequel cette dernière a estimé que le Vietnam pourrait être une des économies à croissance la plus rapide du monde pour la période de 2014 - 2050 et ajouté que la nation du sud-est asiatique gagne du terrain comme une alternative manufacturière moins coûteuse que la Chine voisine et est également une destination pour les entreprises japonaises qui investissent dans la région au milieu des querelles sino-japonaises.
Bloomberg a indiqué qu'en 2014, le Vietnam a dépassé des partenaires dans la région pour devenir le pays en tête en ASEAN en terme d'exportations vers les États-Unis et que les investissements étrangers déboursés dans le pays ont atteint 12,35 milliards de dollars en 2014, en hausse de 7,4 % par rapport à 2013 alors qu'ils étaient de 2,4 milliards de dollars en 2000.
Bloomberg a indiqué que le gouvernement vietnamien allait entreprendre d'importantes réformes économiques et a cité les propos de Dang Quyet Tien,chef adjoint du Département de finance des entreprises du ministère des Finances, qui a dit dans une interview le 13 mars que le Vietnam entend vendre cette année un nombre important d'action des entreprises publiques.
(CPA/VNA)
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