Numéro 14 - 25 mars
2015
Projet de loi C-51, Loi
antiterroriste de 2015
Des intérêts
privés
dictent la politique d'État en matière de
sécurité
Journée
d'action
contre le projet de loi C-51 le 14 mars 2015
Journée
internationale
pour
l'élimination
de la discrimination raciale
• Blâmons les riches et non le peuple
pour le racisme et les attaques racistes
• Non à toute atteinte au droit
d'être -- il faut s'opposer résolument
à
l'incitation à l'islamophobie de Harper
• «Le Canada, une terre d'accueil»
et l'hypocrisie du gouvernement
- Charles Boylan -
Les relations
Canada-États-Unis
• Le gouvernement Harper signe en secret un
nouvel accord annexionniste
- Enver Villamizar -
• L'ALÉNA impose le droit de monopole au
détriment du droit public
- K.C. Adams -
La motion du
gouvernement Harper visant à
«prolonger et
élargir» la mission canadienne en Irak
• «La lutte contre le terrorisme» -
un prétexte pour appuyer l'agression des États-Unis
contre la Syrie et l'Irak
- Louis Lang -
Quatrième
anniversaire de la guerre de l'OTAN contre la Libye
• Un crime de proportions épiques qui
montre la nécessité
d'un gouvernement antiguerre au Canada
• La duperie du gouvernement sur la
démocratie et les droits humains
• Ce que l'impérialisme a
détruit et créé
Naufrage du traversier
Sewol en Corée du Sud
• Des parents éplorés se
tournent vers les Canadiens
dans leur lutte pour la justice
France: la loi
antiterroriste fait sa première victime
• Mise en coupe réglée d'Internet
- Nicolas Bourgoin -
39e anniversaire de la
Journée de la Terre en Palestine
• Vive le peuple palestinien et sa
résistance inébranlable!
Non à la terreur
d'État sioniste!
• Le gouvernement Netanyahu s'enfonce toujours
plus dans la criminalité
• La Palestine se joint à la Cour
pénale internationale
• Chantage économique sioniste
• Intensification du vol des terres
palestiniennes
• La Commission indépendante
d'enquête de l'ONU sur le conflit
à Gaza en 2014 poursuit
son travail
Supplément
sur
le
Venezuela
• Appui international au Venezuela bolivarien
• Position sans équivoque à la
défense des gouvernements
du Venezuela, de l'Argentine et du
Brésil
• Le Venezuela dénonce
l'ingérence et l'agression
répétée des États-Unis d'Amérique
- Déclaration de
l'ambassade du Venezuela au Canada -
• Une motion du Sénat canadien donne un
appui de facto
à la déstabilisation au Venezuela
• Lettre du président Maduro au peuple
des États-Unis:
le Venezuela n'est pas une menace!
• Le Venezuela débute des exercices de
défense nationale
Projet de loi C-51, Loi antiterroriste de
2015
Des intérêts privés dictent la
politique d'État
en matière de sécurité
En revoyant les exemples de
criminalité des
forces policières, des services de renseignement et des agences
d'État dont il a été question dans les
médias depuis que le gouvernement a déposé le
projet de loi C-51, le 30 janvier, il apparaît évident que
des intérêts privés dictent la politique
d'État en matière de sécurité. Le
Marxiste-Léniniste croit que c'est un aspect important
à examiner dans le cadre de l'opposition à ce projet de
loi et aux priorités de ce gouvernement. La restructuration
néolibérale de l'État a donné
préséance au droit de monopole et les vieux
mécanismes d'une autorité publique ont été
détruits.
Le projet de loi C-51 est lui-même une rupture par
rapport aux pratiques en vigueur au Canada concernant la
primauté du droit. Le professeur de droit de l'Université
d'Ottawa Craig Frocese l'a indiqué dans son témoignage
aux audiences publiques du Comité permanent de la
sécurité publique et nationale :
« Cette proposition rompt brutalement avec
les préceptes fondamentaux de notre démocratie, a-t-il
dit. Pour la première fois, on demande
à des juges d'absoudre d'avance une infraction à nos
droits garantis par la Charte, en audience secrète et sans
appel, où seul le gouvernement est représenté. Il
n'y a pas d'analogie avec les mandats de perquisition. Ils sont
conçus pour assurer le respect de la Charte. Le gouvernement
propose un
mandat qui enfreint la Constitution. »
Warren Bell du Vancouver Observer va plus
loin. Il dit qu'avant la création du Service canadien du
renseignement de sécurité (SCRS), « la
Commission McDonald, dont le rapport a mené à sa
création, a fermement résisté aux pressions de
l'empiètement sur les droits civils des Canadiens ».
Il y avait un souci de faire les choses en respectant la
primauté du droit, même dans les atteintes aux droits.
Avec le gouvernement Harper la primauté du droit est
renversée et remplacée par le diktat
d'intérêts privés. Cela explique pourquoi il avance
à fond de train avec le projet de loi C-51 malgré une
opposition quasi-unanime du public, des
experts, journalistes, juristes, anciens premiers et autres
représentants officiels, des premiers ministres provinciaux et
de tous ceux qui faisaient partie de la vieille société
civile. L'intérêt du gouvernement n'est pas de maintenir
le vieux concept d'équilibre entre la sécurité et
les droits, comme l'avait également fait la Commission McDonald,
mais de
s'assurer que des intérêts privés puissent
prévaloir.
De récents rapports
dans les médias sur
les activités de la GRC et du SCRS contre les Canadiens montrent
ce qui se fait avant même que les projets de loi C-44 et C-51 ne
soient adoptés et laissent présager des agissements pires
encore.
Dans un reportage du réseau CBC le 12 mars, on
expliquait que Tim Takaro, professeur de sciences de la santé
à l'Université Simon Fraser, a été
harcelé par la GRC qui est même parvenue à le
contacter par téléphone en utilisant le cellulaire de sa
fille dont le numéro est confidentiel. M. Takaro raconte que
quelques jours plus tôt, alors qu'il
était en randonnée sur le mont Burnaby, il a pris des
photos près du site où doit passer l'oléoduc
Kinder Morgan. La GRC l'a informé qu'elle savait qu'il avait
antérieurement participé à des actions de
protestation. M. Takaro se trouvait sur une terre de la Couronne et la
GRC ne répondait pas à des allégations
d'activité illégale mais tout
simplement au diktat privé de Kinder Mortan qui ne veut pas
qu'on prenne des photos du site. La CBC rapporte qu'une femme de 71 ans
a également été interrogée pour les
mêmes raisons en septembre.
Le 18 mars, APTN National News faisait état de
l'ampleur du partage d'information sur les activités politiques
des Premières Nations entre le ministère des Affaires
autochtones et du Développement du Nord, le SCRS, la GRC et le
Centre intégré d'évaluation du terrorisme (CIET).
Une note du gouvernement révélait que durant les jours
qui
ont précédé les manifestations de décembre
2012 sous la bannière Idle No More, le Centre des
opérations du gouvernement (COG) avait consulté le CIET,
la GRC, le ministère des Affaires autochtones, Transport Canada
et Sécurité Canada. Le Centre des opérations se
décrit comme un centre névralgique du gouvernement
fédéral créé pour faire
face aux menaces d'envergure nationale.
Les documents obtenus par APTN révèlent
également que des échanges sur Internet sur les
manifestations ont été épiés, que les
informations ont été communiquées à
différentes agences gouvernementales et utilisées pour
répandre l'idée que les actions prévues
représentaient « un risque de violence ».
Un autre article paru le même jour décrit
plus en détail les activités du Centre des
opérations. Dans une analyse de « prévisions
de risques » préparée pour les comités
des ressources et de l'énergie de vice-ministres, le Centre des
opérations les avertit qu'« une portée
géographique croissante et une augmentation de
manifestations ciblant des infrastructures telles que les voies
ferrées font aussi croître l'impact des
protestations », écrit la Presse canadienne. Le
gouvernement fédéral a eu des rencontres
« pour se préparer en vue de possibles manifestations
en réaction à des décisions sur des projets de
matières premières tels que l'oléoduc Northern
Gateway ».
Niant la base objective du
changement, du
développement et du mouvement, le Centre des opérations
affirme que la résistance montante à l'offensive
antisociale au Canada est mue par « la
notoriété et le succès » des mouvements
de protestations ici et ailleurs dans le monde. On apprend aussi dans
cette étude que les protestations
individuelles, qui n'étaient pas surveillées
jusque-là, sont maintenant
« notées » à cause de leur
potentiel de propagation. La préoccupation première de
l'étude est que les manifestations et autres activités
politiques peuvent gêner l'exercice du droit de monopole dans les
secteurs de l'énergie et des ressources.
Un article de la Presse canadienne paru le 17 mars
explique en détail le rôle joué par le SCRS dans le
processus d'approbation de l'oléoduc Northern Gateway, notamment
en fournissant des « évaluations » de
l'opposition au projet et en la considérant comme une affaire de
sécurité nationale.
CTV News nous informait le 16 mars que le gouvernement
canadien a demandé des renseignements sur 388 usagers de
Facebook en 2014 et que l'entreprise des médiaux sociaux a
accepté de les lui transmettre dans 53 % des cas. Le site
d'information indépendant Blacklock's Reporter
détaillait dans un article du 19 mars
l'allégation que le SCRS entretient un « dialogue
régulier » avec les grandes banques canadiennes et
peut surveiller des comptes bancaires canadiens sans mandat.
On apprenait par ailleurs que les activités et
« méthodes sales » de la GRC qui ont
été à l'origine de la Commission McDonald n'ont
pas du tout été abandonnées. Dans un article du 19
mars, la revue VICE écrivait que dans le cadre d'une
arnaque auprès d'activistes politiques à Sherbrooke, des
agents de la GRC et un
informateur ont tenté d'inciter un activiste à commettre
un détournement d'avion et un attentat à la bombe.
L'opération, liée à une enquête sur une
explosion antérieure, a été menée par une
« équipe intégrée de la
sécurité nationale » constituée
d'agents de la GRC et du SCRS.
Sur un autre front, il y a les activités
très discutables du SCRS à l'étranger. Suite
à des révélations dans la presse turque, on
apprenait au Canada le 12 mars qu'un agent (payé) du SCRS qui a
déjà vécu à Ottawa est impliqué dans
le trafic de personnes, y compris des mineurs de Grande-Bretagne, vers
des régions du la Syrie contrôlées par
l'État islamique. On apprenait par la suite que l'individu en
question était en possession d'équipements canadiens et
qu'il a travaillé avec des espions canadiens à
l'ambassade du Canada en Jordanie, sous la direction de Bruno
Saccomani, ancien officier de la GRC et garde du corps du premier
ministre Stephen Harper. L'agent affirme qu'on lui a
promis la citoyenneté canadienne en échange de ce boulot
pour le SCRS. Selon le Globe and Mail, il prétend
avoir aidé une dizaine de personnes à se rendre en Syrie
et fourni beaucoup d'information à l'ambassade canadienne. Son
voyage a été payé par le Canada et il affirme
avoir fait rapport à des individus appelés
« Matt » et « Claude ».
Cela rappelle les coups montés par la police aux
États-Unis et au Canada pour financer et organiser le terrorisme
au nom de la lutte au terrorisme.
Le journaliste d'enquête Andrew Mitrovica note
dans iPolitics que « les déclarations
tièdes d'Ottawa concernant cette affaire ressemblent à un
cas classique de fausse dénégation qui porte à
conclure que le SCRS a peut-être été pris sur le
fait, encore une fois, avec ses vieilles ruses. »
Un des aspects décriés du projet de loi
C-44, Loi sur la protection du Canada contre le terrorisme,
et du projet de loi C-51, Loi antiterroriste de 2015, est
qu'ils autorisent le SCRS à mener des opérations à
l'étranger « sans égard à toute autre
règle de droit, notamment le droit de tout État
étranger ». Les
activités du SCRS, y compris ses liens avec l'État
islamique, enfreignent certainement les lois des États
concernés bien que ces projets de loi n'aient pas encore
été adoptés. Durant les débats sur le
projet de loi C-44 à la Chambre des communes et au Sénat,
des ministres et sénateurs conservateurs ont avoué que le
but du projet de loi est d'ajuster
la loi aux pratiques courantes. Plusieurs aspects du projet de loi C-51
semblent aussi correspondre à des pratiques existantes.
Le danger qu'il y a à ajuster la loi aux
« pratiques existantes » est que si ces agences
policières agissent impunément quand leurs pratiques ne
sont pas conformes à la loi, il va de soi qu'avec des pouvoirs
accrus, sans surveillance publique, elles vont aller encore plus loin.
Ces pouvoirs sont déjà utilisés
contre les mouvements de la classe ouvrière et du peuple qui
contestent le droit de monopole, contre les Premières Nations
qui exercent leurs droits et leur souveraineté, contre le peuple
québécois et contre quiconque veut le changement. De
récents rapports ont révélé que le
gouvernement, la police et les services
de renseignement surveillent déjà toute activité
politique qui est contre le statu quo et que leur attention est
particulièrement tournée vers la défense directe
des intérêts privés des monopoles. Ils le font en
assimilant le droit de monopole à la sécurité
nationale.
Journée d'action nationale contre le projet de
loi C-51
(Voir
le
reportage
du Renouveau, bulletin du
Parti marxiste-léniniste du Canada,
sur les manifestations
à Ottawa,
en
Ontario,
dans
les
Prairies, en Colombie-Britannique,
au Québec
et
dans
les provinces
atlantiques.)
Photos d'actions (de haut
en bas): Yellowknife,
Victoria, Vancouver,
Calgary, Edmonton,
Winnipeg, Toronto, Montréal, Halifax et St. John's.
Journée internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale
Blâmons les riches et non le peuple pour le
racisme
et les attaques racistes
Le massacre de Sharpeville
en Afrique du Sud le 21 mars 1960
Le 21 mars est consacré Journée
internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
pour marquer l'anniversaire du massacre de Sharpeville de 1960 en
Afrique du Sud, lorsque la police sud-africaine a tiré sur des
centaines de manifestants qui protestaient contre la loi sur le
passeport intérieur. Le massacre s'est soldé par 67 morts
et
186 blessés. Des manifestations ont eu lieu au Canada et dans le
monde le 21 mars pour exprimer l'opposition au racisme et poursuivre la
lutte pour la défense des droits de tous.
Au Canada aujourd'hui, comme dans la plupart des pays
« avancés » d'Europe, et les pays
où les États européens ont saisi les terres des
populations autochtones (Amérique, Caraïbes, Australie,
Nouvelle-Zélande, Palestine et ailleurs), le racisme est une
politique d'État. Cette politique d'État sert à
perpétuer la double exploitation
des travailleurs de ces pays provenant d'Asie, d'Afrique et
d'Amérique latine, soumettre les Premières Nations et
maintenir et accroître la surexploitation et le vol des pays
d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.
Le racisme est un des
moyens à la disposition de
l'État pour diviser la classe ouvrière et le corps
politique pour les empêcher de s'unir autour d'un programme
politique immédiat contre les politiques
néolibérales des monopoles et les empêcher de
s'investir du pouvoir en renouvelant la démocratie. La campagne
raciste du gouvernement Harper
contre les gens d'origine musulmane et l'assaut contre le droit de
conscience en sont un exemple. L'incitation à l'islamophobie par
ce gouvernement n'est qu'un des nombreux exemples tirés de
l'histoire du Canada qui illustrent que ce sont les riches oligarques
et leur État qui incitent au racisme et qui profitent du racisme.
Le racisme moderne basé sur la
« visibilité » ou la couleur de la peau
est issu des rapports sociaux et de propriété du
colonialisme européen et de la traite des esclaves par l'Europe
du XVIe au XIXe siècle. En masse, les Africains ont
été enlevés, enchaînés et
transportés de l'autre côté de l'Atlantique dans
les conditions les plus
inhumaines durant la période de la traite des esclaves au profit
des occupants européens des terres autochtones du
« Nouveau Monde » et du capital marchand. Vers la
fin du XIXe siècle, enrichis par ce vol du
« nouveau » et du « vieux »
mondes des Amériques, d'Afrique et d'Asie, ces Européens
ont créé des
théories raciales à l'aube d'une deuxième
période historique de colonisation, le néocolonialisme,
l'époque moderne de l'impérialisme. Les empires se
ruèrent sur les terres et les populations de ces continents dans
leur rivalité pour les matières premières, les
marchés pour investir le capital et l'avantage militaire. Cela
s'est fait au nom de la
« civilisation des races inférieures et sans
loi », pour citer le poète
raciste-impérialiste Rudyard Kipling, à qui l'on doit
l'expression « fardeau de l'homme blanc ». Les
impérialistes des XIXe et XXe siècles comme Cecil Rhodes
encouragèrent la migration européenne vers leurs empires
tout en continuant de dépeupler les
terres autochtones et établirent des États de type
apartheid comme ceux d'Afrique du Sud et de Rhodésie et, encore
aujourd'hui, celui d'Israël. La recolonisation des populations
« excédentaires » permettait aussi de
calmer tant soi peu les contradictions de classes qui éclataient
en Europe tout en fournissant aux monopoles nord-américains un
flot constant de main-d'oeuvre à faible salaire et non
syndiquée.
L'exploitation des travailleurs européens en
Europe et sur le continent américain était en quelque
sorte atténuée par les notions racistes qu'on leur
faisait avaler à propos de leur
« supériorité » et de leur
« avantage » par rapport aux travailleurs
provenant des pays opprimés ou occupés, exploitant dans
ce sens les
différences visibles et la couleur de la peau, la langue
parlée, la religion et la culture. Le racisme, la notion non
scientifique selon laquelle certaines personnes sont supérieures
aux autres en raison de traits phylogénétiques, de leur
lange ou de leur religion, était et continue d'être la
base idéologique principale du système
impérialiste mondial.
Le chauvinisme raciste promu par les gouvernements,
leurs armées, corps policiers, institutions d'enseignement,
médias de masse et employeurs monopolistes s'est emparé
des pays d'Europe à l'éclatement de la guerre mondiale
impérialiste en 1914. En plus d'être une politique
gouvernementale officielle et un objet de propagande des médias,
des institutions d'État et des employeurs, le chauvinisme
raciste s'empara aussi des chefs corrompus des partis ouvriers et des
syndicats. La trahison des idées avancées du XIXe
siècle, que les travailleurs du monde entier doivent s'unir pour
donner naissance à un monde meilleur par la révolution et
la défense des droits de tous, permit aux
oligarchies et aux États d'Europe d'inciter
« leurs » travailleurs à se massacrer
entre eux durant les près de cinq ans que dura la
Première Guerre mondiale. Cette trahison coûta la vie
à des millions de personnes et seules les révolutions
ouvrières de Russie et d'Allemagne purent y mettre fin.
Les empires des « vainqueurs » se
partagèrent entre eux les empires des
« vaincus », ce qui mena à la formation
d'États du Moyen-Orient par le redécoupage de l'empire
ottoman et à l'établissement d'une base pour
l'État colonisateur européen appelé Israël en
territoire palestinien. Le racisme demeure la base
idéologique de l'État d'apartheid d'Israël et du
projet sioniste, qui a toujours jouit de l'appui de l'État
canadien.
Aujourd'hui l'appui extrémiste du gouvernement
Harper au gouvernement ouvertement raciste de Netanyahu en Israël
s'accompagne de l'incitation à l'islamophobie au Canada.
Celle-ci sert en retour à justifier la création d'un
État policier au Canada avec le projet de loi C-51.
Le racisme organisé par l'État aujourd'hui
a comme caractéristique que ceux qui le pratiquent et
l'encouragent prétendent être antiracistes, voire les plus
grands défenseurs de la démocratie et des droits humains,
qu'il s'agisse du premier ministre canadien Stephen Harper, des chefs
d'État d'Europe ou même du président
américain. Leurs
discours hypocrites se brisent sur le rock de la réalité.
Tout en présentant des excuses pour les écoles
résidentielles, instruments de génocide au Canada,
Stephen Harper nie la nécessité d'une enquête
nationale sur le cas de plus de 1000 femmes autochtones
assassinées ou disparues au Canada ne serait-ce qu'entre 1980 et
2012. Le gouvernement
continue d'attaquer la souveraineté et les droits
inhérents des Premières Nations par des lois racistes
comme la Loi sur les élections au sein des Premières
Nations et la Loi sur la transparence financière des
Premières Nations.
Pourtant disposé à dénoncer comme
« antisémite » quiconque appuie les droits
de la nation palestinienne, Stephen Harper se permet de faire cette
déclaration on ne peut plus provocatrice que la
« culture » de l'Islam est
« anti-femme ». Il s'est tout de suite fait
remettre à sa place par un tollé de protestation
à travers le Canada, ce qui montre encore une fois que c'est
l'État et non le peuple qui est derrière le racisme et
les attaques racistes.
Identifions ceux qui font la promotion du racisme et qui
en profitent, au Canada et plus généralement dans le
système impérialiste d'États : les
milliardaires et les monopoles, leurs États racistes, le
système de cartel de partis politiques et les médias
monopolisés, et tous ceux qui en profitent en collaborant avec
le statu quo raciste.
Blâmons les riches et leur
État, pas le peuple, pour le racisme et les attaques
racistes ! Travailleurs et opprimés du monde, unissez-vous
dans la défense des droits de tous !
Non à toute atteinte au droit d'être -- il
faut s'opposer résolument à l'incitation à
l'islamophobie de Harper
Le 10 mars 2015, pendant la période des questions
à la Chambre des communes, Stephen Harper a lancé une
attaque frontale contre le droit d'être. Il a
déclaré : « Il est très facile de
comprendre pourquoi nous ne permettons pas aux gens de se couvrir le
visage durant les cérémonies de citoyenneté.
Pourquoi les Canadiens iraient-ils
à l'encontre de leurs propres valeurs et appuieraient-ils une
pratique qui n'est ni transparente ni ouverte et qui est,
honnêtement, enracinée dans une culture misogyne ?
C'est inacceptable pour les Canadiens et les Canadiennes. »
Ces propos machistes et
racistes de Harper visaient
à justifier l'intention du gouvernement de porter en appel la
décision du 6 février 2015 de la Cour
fédérale dans l'affaire de Zunera Ishaq, une femme de
nationalité pakistanaise, âgée de 29 ans et
mère de trois enfant, qui avait fait une contestation judiciaire
de l'édit anti-nibaq du
gouvernement Harper. Le juge Keith Boswell a déterminé
que la politique du gouvernement, en place depuis 2011,
d'empêcher les femmes de porter le niqab lors d'une
cérémonie de citoyenneté contrevenait à la
Loi sur la citoyenneté actuelle. Le juge Boswell, une
nomination récente de Harper à la Cour
fédérale, a statué que la
position du gouvernement que les candidats à la
nationalité « sont tenus de retirer le voile qui
couvre leur visage pour la partie de prestation de serment de la
cérémonie » était incompatible avec
l'article de loi qui impose aux juges de la citoyenneté qui
« font prêter le serment de citoyenneté [...]
l'obligation de permettre la plus
grande liberté possible pour ce qui est de la profession de foi
religieuse ou l'affirmation solennelle des nouveaux
citoyens ».
Comment est-il possible, a demandé le juge
Boswell, qu'une politique exige des candidats à la
nationalité « de violer ou de renoncer à des
principes fondamentaux de leur religion ? »
« Par exemple, comment un juge de la citoyenneté
pourrait-il permettre à un moine qui obéit à des
règles strictes de silence la 'plus
grande liberté possible' lors de la prestation de serment, s'il
est tenu de trahir sa discipline et de rompre son
silence ? »
Zunera Ishaq, une diplômée universitaire et
une militante communautaire, a dénoncé la décision
du gouvernement et défendu son droit d'être dans une
lettre d'opinion publiée dans le Toronto Star le 16
mars. « Mon désir de vivre à ma façon
est également une raison pourquoi j'ai choisi de contester la
décision du
gouvernement de me refuser la citoyenneté à moins que
j'enlève mon niqab lors de ma cérémonie du
serment, écrit-elle. J'ai enlevé mon niqab pour des
raisons de sécurité et d'identité dans tous les
cas où cela a été exigé de moi, comme quand
j'ai fait prendre la photo de mon permis de conduire ou passé au
contrôle de la sécurité aéroportuaire. Je
vais enlever mon niqab encore une fois sans protester avant la
cérémonie du serment pour que je puisse être
convenablement identifiée. Je n'enlèverai pas mon niqab
lors de la cérémonie comme telle tout juste parce que
quelqu'un n'aime pas cela, même si cette personne est Stephen
Harper. Je ne demande pas à M. Harper d'approuver mon choix
de vie ou ma robe. Je ne lui demande certainement pas de parler en mon
nom et de me 'sauver' de l'oppression, sans même avoir pris la
peine de me contacter et de me parler. »
Le 19 mars, l'animatrice de l'émission The
Current de la Radio de la CBC s'est entretenue avec trois femmes
musulmanes sur le port du niqab. Cet entretien avec Shomyla Hammad de
Mississauga, Rezan Mosa, étudiante à l'Université
Western, et Khadra Ali, de Toronto, a bien montré comment les
déclarations islamophobes de
Harper au Parlement sont une attaque violente contre le droit
d'être des Canadiens. Shomyla Hammad a expliqué qu'elle
avait immigré au Canada en 2002. Mère de jeunes enfants
à la maison, elle a entrepris l'étude de sa religion et
en 2007 a décidé de porter le niqab pour se rapprocher de
son Dieu. Malgré ses craintes d'être rejetée, ses
amis
musulmans et non musulmans ont entièrement accepté sa
décision. Mais elle a dû surmonter la résistance de
son mari qui croyait que s'il marchait avec elle dans la rue, les gens
allait le juger parce qu'ils penseraient qu'il l'a forcée
à porter le niqab. Elle a dit qu'elle pouvait comprendre les
gens qui la fixent du regard ou font des commentaires
ignorants parce qu'ils ne connaissent pas sa religion et son engagement
personnel à porter un voile. Interrogée sur les propos de
Harper, elle a répondu : « J'étais
vraiment triste et choquée d'entendre cela. Je veux vraiment
dire à Harper que vivant au Canada depuis 2002 et portant le
hijab et niqab et étant musulmane, je n'ai jamais eu
de problèmes avec les gens. Je dirais qu'il est en train de
corrompre l'esprit des gens et de les monter contre nous. Alors ne
faites pas cela. »
Rezan Mosa dit que ses
parents, surtout son père,
se sont opposés à sa décision personnelle de
porter le niqab parce qu'ils craignaient qu'elle se fasse attaquer
à cause de son choix de vêtements. « Ils ont
peur quand il arrive des événement comme à comme
à Paris ou à Chapel Hill, parce que les gens pourraient
être en colère et s'en
prendre à moi. » Interrogée sur les propos de
Harper, elle a répondu : « Je suis née et
ait grandi au Canada et il parle de valeurs canadiennes. Je veux parler
de cela parce que je sens que je suis tout aussi canadienne que les
autres Canadiens. Donc, ses commentaires sur la façon dont que
je m'habille me mettent vraiment en
colère, il me font sentir marginalisée, j'ai l'impression
de ne pas avoir ma place ici. En tenant de tels propos, il soutient
ceux qui font des commentaires semblables. »
Khadra Ali a expliqué qu'elle a adopté le
niqab à 20 ans. Elle a été agréablement
surprise de voir que ses collègues et ses employeurs n'y
voyaient aucun problème. C'est librement qu'elle a
décidé de ne plus le porter parce qu'elle avait le
sentiment que cela gênait ses relations sociales.
« Comme Canadienne, j'espère que nous allons
aller au-delà de la tolérance. [...] il est important de
se sentir tous en sécurité. Ça ne vaut rien quand
une femme musulmane est ciblée, on a l'impression de faire
quelque chose de mal alors qu'il n'en n'est rien. »
Interrogée sur la sortie de Harper contre le
niqab, elle a dit : « J'ai été vraiment
déçue d'entendre notre premier ministre dire des choses
comme ça. Il a été mal conseillé. Je sais
pas d'où il tient cette information, mais il a compris tout de
travers. »
Dans plusieurs des articles écrits contre les
attaques de Harper, il est expliqué que le gouvernement n'est
pas préoccupé par la décision future de la Cour
d'appel puisqu'elle ne sera rendue qu'après les
élections. Certains soutiennent que l'objectif principal de
Harper est de faire de cette question un « enjeu
politique » pour dérouter
l'électorat et inciter au racisme. Le chroniqueur du Vancouver
Sun,
Stephen Hume, a écrit un article le 16 mars
intitulé « Si il y a un pays qui a une culture
anti-femme, c'est bien le Canada ». Dans son article, il
cite les statistiques inquiétantes de meurtres, d'agressions
sexuelles et d'autres actes de violence contre les
femmes au Canada, et le fait que le gouvernement refuse
d'établir une enquête nationale sur les femmes autochtones
assassinées ou portées disparues au Canada.
De l'autre côté, le député
conservateur de Bruce Grey-Owen Dound, Larry Miller, a dû
présenter des excuses pour les propos qu'il a tenus sur les
ondes de CSFOS de Parry Sound le jour où Stephen Harper a
lancé son épithète au sujet des femmes qui portent
le nijaq. « Franchement, si vous n'êtes pas
prête à montrer votre visage lors
d'une cérémonie pour vous joindre au meilleur pays au
monde, franchement si vous n'aimez pas ça ou que vous ne voulez
pas le faire, au diable, retournez d'où vous
venez ! », a lancé M. Miller. Lorsqu'il a
présenté ses excuses il a dit que ces paroles
étaient « mal à propos » mais qu'il
est quand même d'accord avec le
premier ministre quand il dit que les femmes ne doivent pas porter le
niqab quand elles font le serment de citoyenneté.
Plus de 500 000 femmes canadiennes sont musulmanes. La
moitié d'entre elles sont nées au Canada, et une petite
minorité d'entre elles ont choisi de porter le niqab. Les femmes
qui portent le niqab sont prêtes à l'enlever à des
fins de sécurité comme l'obtention d'un permis ou pour
prendre l'avion. Mais ces faits ne comptent pas pour de
Harper. Le but des attaques contre le droit d'une femme de choisir les
vêtements qu'elle veut porter en public à une
cérémonie de citoyenneté est d'alimenter
l'islamophobie, de dérouter et de diviser la collectivité
politique.
La meilleure riposte à la sortie de Harper contre
le droit d'être est de renforcer l'opposition organisée au
projet de loi C-51, la Loi antiterroriste de 2015, qui
repose également sur l'islamophobie, et d'intensifier le travail
organisé pour défaire Harper en 2015.
«Le Canada, une terre d'accueil» et
l'hypocrisie
du gouvernement
- Charles Boylan -
Les attaques contre la communauté musulmane, qui
se sont intensifiées depuis le 11 septembre 2011, ne sont pas
nouvelles. L'État canadien a une longue tradition d'attaquer les
nations autochtones, la nation québécoise et la nation
métisse et toutes les minorités nationales, à
l'exception de celles qui sont d'origine européenne.
L'État canadien a
commis des crimes odieux contre les Chinois, les Japonais et les
Indiens ainsi que contre les noirs du Canada, les personnes d'origine
antillaise, africaine et latino-américaine, la communauté
philippine et les croyants de religions minoritaires. Malgré
cela, l'État canadien veut construire à Ottawa une
monstruosité appelée « Monument aux
victimes du communisme — Le Canada, une terre d'accueil ».
Le génocide raciste
des nations autochtones du
Canada est un crime aux proportions énormes qui se poursuit et
auquel participent tous les niveaux de l'État canadien et les
gouvernements de tous les partis politiques. Ces nations, qui ont
donné refuge à de nombreux Européens venus sur
leurs terres, ont été victimes du vol brutal de leurs
territoires par les colons européens, un crime qui se poursuit
encore aujourd'hui. Un autre crime notoire est l'enlèvement et
l'emprisonnement des enfants autochtones dans les
« écoles résidentielles »,
où ils étaient victimes d'abus, dont la raison
d'être était de « tuer l'Indien dans
l'enfant » en détruisant leur langue et leur
culture, un acte de génocide flagrant. En 2013, il a
été révélé que des
« expériences médicales » avaient
été conduites sur les enfants autochtones dans les
années 1940 et 1950. Les familles autochtones qui
résistent sont étiquetées
« terroristes » par la GRC et le SCRS.
L'État leur retire leur enfant et les garde sous couvert
de la protection de l'enfance jusqu'à ce qu'elles renoncent
à défendre les terres autochtones contre les
empiétements des monopoles. Ce ne sont rien d'autre que des
enlèvements contre rançon organisés par
État.
Dans les années 1870, pour construire le chemin
de fer Canadien Pacifique à travers les montagnes de la
Colombie-Britannique, le gouvernement du Canada a fait appel à
des travailleurs chinois, qui ont été maltraités
et dépouillés de leur salaire, et beaucoup sont morts
à cause des conditions dangereuses. Par la suite, des lois
racistes ont été
adoptées pour les empêcher de s'installer en
Colombie-Britannique, notamment une « taxe
d'entrée » et d'autres mesures d'exclusion par
lesquelles des millions de dollars ont été
extorqués à la communauté chinoise et
utilisés pour financer les infrastructures et l'expansion vers
l'Ouest du projet d'édification de la nation canadien du
colonialisme britannique.
En Colombie-Britannique durant cette période, les
propriétaires des mines de charbon ont monté les mineurs
européens et asiatiques les uns contre les autres et ont
établi des villages et des camps selon les races dans les mines
et les camps de bûcherons dans toute la province.
L'incident du Komogata
Maru en 1914 est un
exemple d'une attaque raciste contre la communauté indienne
avant la Première Guerre mondiale. Les gouvernements britannique
et canadien et les fonctionnaires de l'État ont
empêché par la force des citoyens panjabis de
l'« Empire britannique » à bord de ce
navire de
s'installer dans la colonie britannique de leur choix. C'était
une tentative de réprimer le mouvement de lutte anticolonialiste
grandissant au sein des communautés indiennes de l'Ouest de
l'Amérique du Nord.
Dans les années 1930, pendant la Grande
Dépression, les travailleurs qui résistaient ont
été expulsés du Canada vers l'Angleterre et
d'autres pays d'Europe. De 1930 à 1935, plus de 28 000
travailleurs, notamment des milliers de communistes qui luttaient pour
les droits de tous, ont été expulsés à
cause de leurs convictions politiques ou pour
d'autres prétextes comme le chômage. Également, le
gouvernement de l'époque a ciblé la communauté
juive d'Europe de l'Est et a refusé l'entrée au Canada
aux réfugiés juifs qui fuyaient l'Allemagne nazie.
Il y a aussi l'histoire honteuse des internements
pendant la guerre du Canada. Pendant la Première Guerre
mondiale, un grand nombre de travailleurs ukrainiens, dont beaucoup
avaient des idéaux révolutionnaires, ont
été internés et obligés de travailler
à des projets gouvernementaux sous prétexte qu'ils
représentaient une « menace pour la
sécurité ».
Les mêmes raisons ont été
invoquées par l'État pour interner dans des camps les
Canadiens d'origine japonaise pendant la Deuxième Guerre
mondiale et voler leurs biens.
Juste après la Deuxième Guerre mondiale,
la communauté doukhobor russe a été
étiquetée comme « terroriste ». Les
enfants de cette communauté ont été
internés à l'école résidentielle de New
Denver et privés de leurs familles.
Pendant de nombreuses décennies, les
communautés afro-canadienne au Canada ont également
été attaquées, ces communautés ont
été perturbées et détruites par la
réalisation de projets immobiliers, notamment Africville
à Halifax dans les années 1960, et leurs membres ont fait
l'objet de discrimination par la police, les gouvernements et les
employeurs.
L'idée de la bande de Harper de déclarer
aujourd'hui le Canada une « terre d'accueil » est
totalement absurde alors qu'ils attaquent les réfugiés et
attisent les sentiments hostiles aux immigrés. Entre autres
choses, le gouvernement a supprimé l'accès des
réfugiés au système public de soins de
santé et a établi une liste douteuse de
« pays sûrs » pour refuser le statut de
réfugié à ceux qui fuient la violence
réactionnaire et raciste de pays comme le Mexique et la Hongrie.
Tout récemment, le député conservateur John
Williamson a affirmé que cela n'avait pas de sens que
« les entreprises engagent des gens qui ont la peau
brune » dans le cadre du
Programme canadien des travailleurs étrangers temporaires
(PTET). Non seulement le gouvernement Harper refuse l'asile au Canada
à des demandeurs, mais avec le PTET et d'autres programmes
semblables, il se livre activement au trafic de main-d'oeuvre et
à la servitude sous contrat, ce qui plonge ces travailleurs dans
un situation d'insécurité
constante.
Programme pilote de capital de risque pour les
immigrants investisseurs
Loin de montrer que le
Canada est une terre d'accueil,
le gouvernement a procédé à une restructuration du
système d'immigration en instaurant des programmes comme le
Programme pilote de capital de risque pour les immigrants investisseurs
qui transforme
la possibilité d'enracinement au Canada en un privilège
pour les riches.
Toutes ces attaques contre des communautés bien
précises au Canada s'accompagnent du mensonge énorme,
répété sans cesse par l'État, les
médias monopolisés et une foule de flagorneurs que c'est
le peuple canadien qui est raciste et xénophobe et qui a une
« tolérance limitée » pour les
personnes qui ont « des traits
distinctifs et nouveaux ». C'est l'État, disent-ils,
qui les a généreusement
« accueillis », alors que c'est exactement le
contraire. La classe ouvrière du Canada se compose de personnes
d'origines ethniques diverses. Par sa nature même, elle a des
décennies d'expérience à s'unir contre les
attaques racistes organisées par l'État. La
résistance organisée des communautés à ces
attaques est extrêmement importante. Plus elles sont
organisées et déterminées à défendre
leurs droits, plus elles ont l'appui de leurs collègues de
travail et de leur voisins. L'unité est créée par
la lutte pour la justice, pour les droits de tous, et non en courtisant
les autorité à des fins personnelles et par
l'accommodement des élites.
Dans leur lutte de résistance contre les attaques
de l'État, les communautés ciblées se heurtent aux
opérations occultes de la GRC et du SCRS. Celles-ci incluent
l'infiltration, le colportage de rumeurs, les tentatives de recruter
des gens comme informateurs contre leurs amis et leurs familles, ainsi
que les opérations d'infiltration montées par les
agents du gouvernement, généralement en profitant de
quelques jeunes involontaires ou personnes souffrant d'une maladie
mentale, qui sont ensuite sensationnalisées comme des
événements « terroristes » par les
médias monopolisés. Deux cas résultant de telles
opérations sont actuellement devant les tribunaux en
Colombie-Britannique
et en Ontario.
Les révolutionnaires canadiens organisés
dans le PCC(M-l) ont été la cible des attaques continues
de la GRC et du SCRS. Ils ont été avec d'autres personnes
progressistes désignés
« terroristes » à cause de leur
défense résolue de leur droits. Malgré toute la
propagande des médias monopolisés et tout le
harcèlement et les
intimidations de la police politique, le peuple canadien, en
particulier la classe ouvrière, combat le racisme et les
attaques racistes, comme le montrent les manifestations récentes
contre le projet de loi C-51 et contre l'islamophobie et les
manifestations de masse de solidarité avec les peuples
autochtones.
Aujourd'hui, il y a un mouvement grandissant de
résistance à l'ordre du jour néolibéral et
antisocial d'« austérité » qui vise
à enrichir les monopoles au détriment de la classe
ouvrière, de la jeunesse, des minorités nationales, des
peuples autochtones et de la grande masse du peuple. La riche histoire
canadienne de lutte contre le
racisme organisé par l'État et les autres attaques peut
et doit guider les luttes d'aujourd'hui, avec comme principal
enseignement que notre sécurité réside dans la
défense des droits de tous. La défense des droits parce
que tous ont des droits inaliénables qui leur appartiennent en
vertu de leur humanité constitue une base puissante pour
organiser une
alternative au statu quo.
Le 21 mars, la journée internationale pour
l'élimination de la Discrimination raciale, les forces
opposées au gouvernement Harper, au racisme, à
l'impérialisme et à la guerre qui ont manifesté
partout au Canada ont repris le slogan : Notre
sécurité est dans la lutte pour les droits de tous !
Les relations Canada-États-Unis
Le gouvernement Harper signe en secret
un nouvel accord
annexionniste
- Enver Villamizar -
Le 26 mars dernier, le ministre canadien de la
Sécurité publique et de la Protection civile du Canada,
Steven Blaney, et le secrétaire américain à la
Sécurité intérieure, Jeh Johnson, ont signé
l'Accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des
États Unis d'Amérique relatif au précontrôle
dans les domaines du transport
terrestre, ferroviaire, maritime et aérien. L'Accord
représente un engagement majeur du Plan d'action Par
delà la frontière publié en décembre
2011 par le Premier ministre Harper et le président Obama.
Le précontrôle se réfère aux
arrangements en vertu desquels les agents des services frontaliers des
États-Unis opèrent en sol canadien, en particulier dans
les aéroports mais récemment aussi dans les ports
maritimes et les postes frontières. Cela fait depuis 2011 que
des tests sont faits sur une base ad hoc dans des points frontaliers
autres que les
grands aéroports en préparation pour établir un
cadre légal qui rend ces arrangements permanents.
Le contenu de l'accord va être gardé secret
jusqu'à ce qu'il soit déposé au Parlement. Les
communiqués du gouvernement et les reportages médiatiques
laissent tout de même entendre qu'il va établir toutes les
autorités légales nécessaires aux
opérations de précontrôle dans le transport
aérien, maritime, terrestre et ferroviaire de passagers et de
biens entre le Canada et les États-Unis. Il permettrait entre
autres aux agents américains des services frontaliers de porter
une arme quand ils font leurs opérations de
précontrôle aux douanes et à l'immigration en sol
canadien et leur permettrait aussi de détenir des individus, ce
qui n'était pas le cas jusqu'à maintenant. Les agents
américains ne
pourraient procéder à des arrestations, qui devront
être faites par des agents canadiens.
Lors de l'annonce de la signature de l'accord, le
ministre Blaney a dit que celui-ci « apporterait une
contribution importante en vue de garantir la circulation
légitime des échanges et des déplacements, et ce,
tout en continuant de veiller à la sécurité et
à l'intégrité frontalières : les
déplacements et les échanges transfrontaliers
efficients et efficaces sont essentiels aux économies du Canada
et des États-Unis et à la prospérité de nos
collectivités. Cet accord unique applicable à tous les
modes de transport veillerait à l'adoption d'une approche
uniforme vis-à-vis toutes les activités de
précontrôle, indépendamment du mode de transport.
Cela facilitera la mise en oeuvre et la
gouvernance des activités de
précontrôle. »
On a ici un exemple typique de comment le gouvernement
Harper tente délibérément de désinformer le
public au sujet de ses activités odieuses. Il commence par
affirmer que les déplacements et les échanges
transfrontaliers « légitimes » sont
essentiels à l'économie du Canada et des
États-Unis et à la prospérité. Les
Canadiens sont
ainsi supposés accepter comme une vérité que le
Canada vit de sa dépendance au commerce avec les
États-Unis et que cette relation de dépendance n'est pas
en réalité un problème posé et à
résoudre. Plus encore, les Canadiens sont censés accepter
que c'est dans leur intérêt d'aider à ce que les
intérêts nationaux américains nous soient
imposés le
plus rapidement possible et quiconque ose s'opposer à cela est
contre la « prospérité » du Canada.
Le fait est que le Canada et les États-Unis sont
deux pays distincts. Les Canadiens ne veulent pas se faire dicter leurs
affaires ou se faire contrôler par les États-Unis et le
contraire est aussi vrai, bien que ce problème ne se pose pas.
Harper le sait et c'est pour cela qu'une chose aussi grave que de
déployer des agents américains en sol canadien
pour y conduire des opérations de type militaire est
traitée à la légère, comme une chose qui ne
vaut même pas une discussion, et pourtant on nous dit que c'est
essentiel « à la prospérité de nos
communautés ». Il veut que les gens regardent
ailleurs pendant que ces mesures traîtresses, qui en attirent
d'autres, sont imposées à l'échelle
du pays.
Selon le gouvernement, avant que l'accord ne puisse
entrer en vigueur, il doit être déposé au Parlement
puis débattu pendant 21 jours de séance puis
adopté par le parlement. Ensuite, les deux pays doivent le
ratifier.
L'accord n'a pas été rendu public lors de
l'annonce. Tout le bruit qui l'a entouré était une
façon pour le gouvernement de dire aux Canadiens ce qu'ils
doivent penser de ces développements afin qu'ils ne tirent pas
leurs propres conclusions sur la base de leurs propres actes conscients
pour découvrir.
Le Windsor Star n'a pas manqué de
sauter sur l'occasion pour publier un éditorial le 18 mars
intitulé « Cet accord frontalier historique est
fantastique pour Windsor », sans poser de question. Selon la
rédaction du Star, « l'accord de lundi est
historique et 'd'une grande portée', comme l'a dit Johnson
[le sécrétaire américain à la
Sécurité intérieure], et les gens d'affaires des
deux autres côtés de la frontière l'accueillent
comme une façon d'aller de l'avant compte tenu surtout de
l'effet dévastateur de la récession sur
l'économie. »
Le fait que cela serve ou non les Canadiens ou
l'édification nationale au Canada n'entre même pas en
ligne de compte dans les calculs du gouvernement Harper.
L'extension du précontrôle
Le précontrôle aux douanes et à
l'immigration dans certains aéroports canadiens remonte aux
années 1950. Il s'agissait en fait d'arrangements ad hoc
établis selon la quantité de voyages personnels et
d'affaires vers les États-Unis qui étaient faits par ces
aéroports. Depuis la signature du Plan
d'action Par-delà la frontière en 2011, un
objectif majeur a été d'établir un cadre
légal pour que ces arrangements soient plus étendus,
surtout en ce qui concerne le précontrôle des biens
permettant d'éviter les délais à la
frontière. Le facteur clé à l'oeuvre ici c'est
l'effort de l'impérialisme américain pour mettre le
Canada entièrement
sous sa domination dans tous les aspects de la vie en construisant les
États-Unis des monopoles de l'Amérique du Nord. Les
monopoles veulent éliminer toute entrave à leurs
opérations et détruisent toute autorité publique
qui pourrait se mettre en travers, la remplaçant par des
intérêts privés agissant par le biais d'organismes
de surveillance
composés de représentants des monopoles.
Cet accord fait aussi partie des efforts de
l'impérialisme américain pour placer ses agents
armés en sol canadien et se mettre en position d'autorité
pour prendre des décisions sur les affaires canadiennes. Parmi
les autres arrangements du même genre, on compte la
création de comités de surveillance
« conjoints » des aéroports
canadiens qui permettent aux agents de sécurité des
États-Unis d'établir des politiques et des
procédures pour les aéroports canadiens. Tout ceci est
fait au nom de la « sécurité ». Les
Canadiens cependant savent très bien que le fait de donner des
pouvoirs aux agences de sécurité américaines au
Canada n'assure pas leur sécurité. On
rapporte déjà l'accroissement du harcèlement et de
la discrimination aux postes frontières avec les
États-Unis depuis l'entrée en vigueur de nouveaux
arrangements qui permettent aux agents américains des douanes et
des services frontaliers d'avoir accès à la banque de
données du Centre du renseignement de la police canadienne.
L'accord du 16 mars est présenté comme un
progrès historique dans l'effort pour améliorer
l'efficacité aux frontières et réduire le temps
d'attente et la congestion à cause du nouveau cadre
d'opérations de précontrôle pour les quatre modes
de transport (maritime, aérien, terrestre et ferroviaire). Selon
le gouvernement, « le nouvel accord
mettra en place un cadre juridique qui rendra possible
l'établissement de nouvelles opérations de
précontrôle dans n'importe lequel des quatre modes de
transport. Cela permettra au marché de proposer des
opérations lorsqu'il sera logique de le faire, facilitant ainsi
les échanges et les déplacements, en plus de créer
des avantages économiques pour
les Canadiens ». Bien qu'on ne précise pas ce que
cela veut dire, il est clair que ce n'est pas l'intérêt
public qui va guider le caractère et l'étendue de ces
arrangements et que ceux-ci vont répondre aux demandes des
monopoles qui
réclament des arrangements qui maximisent leurs profits.
On doit garder à l'esprit que, depuis
l'entrée en vigueur de Par-delà la frontière,
certains monopoles et
surtout ceux de l'automobile ont cherché à obtenir le
précontrôle de leurs produits aux endroits de production.
Cela signifie que les agents américains des services frontaliers
et de la Sécurité intérieure contrôlent qui
et quoi entre et sort d'une usine de production canadienne. Est-ce que
ce qu'on entend par
« laisser le marché proposer des
opérations », que les monopoles vont décider
où on va faire des inspections et sous l'autorité de qui
elles vont être faites ? L'accord va créer un
« groupe consultatif de
précontrôle » qui va superviser son
application. Pourquoi un accord binational d'une telle importance
est-il placé
sous l'autorité de ce groupe plutôt que sous celle du
ministère canadien des Affaires étrangères, du
Commerce et du Développement et du département
d'État des États-Unis ? On peut prévoir que
des représentants des monopoles du transport vont usurper la
fonction politique de superviser quand et où ces installations
de précontrôle vont être
installées au lieu que ce soit les représentants
élus, qui sont censés défendre
l'intérêt public, qui le fassent.
On dit que l'accord va donner aux agents du
précontrôle de l'Agence des services frontaliers du Canada
(ASFC) et du United States Customs and Border Protection les pouvoirs
nécessaires pour s'acquitter efficacement de leur processus de
sécurité, de facilitation et d'inspection dans l'autre
pays. Le fait que des agents américains porteront des
armes et auront le pouvoir de détenir des individus, sinon de
les mettre en état d'arrestation, est une question très
sérieuse. Cela montre que les agents de sécurité
des États-Unis se font investir du droit de faire des
opérations en sol canadien, de faire usage de leurs armes et de
détenir des gens sur la base de leurs propres critères
qui peut-être n'ont
rien à voir avec l'inspection des marchandise ou des passagers.
Afin de créer l'impression que les Canadiens vont
être protégés d'un abus de pouvoir des agents
américains, le gouvernement dit que l'accord va créer un
régime de responsabilités pénales qui
s'appliquerait aux agents du
précontrôle de l'ASFC et du CBP. « De
façon générale, la partie responsable de
l'inspection aurait la compétence principale sur ses agents du
précontrôle pour les infractions commises dans
l'exécution de leurs fonctions officielles.
Généralement parlant, le pays hôte aurait la
compétence principale en
matière pénale sur les actes commis par les agents du
précontrôle en dehors du cadre de leurs fonctions
officielles, y compris au cours des trajets pour aller au travail et en
revenir. » On nous dit que « tel qu'il est le cas
conformément à l'accord en vigueur, les agents du
précontrôle seraient tenus de se conformer aux lois du
pays hôte
lorsqu'ils se trouveraient dans ce pays, qu'ils soient ou non de
service ». Aux termes de l'Accord, « toutes les
activités de précontrôle des É.U.
exercées au Canada devraient être exécutées
d'une façon conforme aux lois canadiennes, y compris la Charte
canadienne
des
droits
et libertés, la Déclaration
canadienne des
droits et la Loi canadienne sur les droits de la personne ».
On
nous
dit
que ces pouvoirs et ces obligations vont être
rigoureusement réciproques. Jusqu'à maintenant cependant,
aucune opération canadienne de précontrôle n'a
été faite aux États-Unis.
De plus, les assurances que donne le gouvernement que la
loi requiert des agents des services frontaliers des États-Unis
qu'ils respectent les lois canadiennes n'a pas de quoi nous rassurer
quand on sait que les lois « antiterroristes » du
gouvernement Harper comme le C-44 et le C-51 vont permettre aux agences
de sécurité
canadiennes d'enfreindre la loi avec impunité. Va-t-on croire
qu'un gouvernement qui va donner à la police secrète le
droit d'enfreindre les lois de son pays et celles d'autres pays va
demander des comptes aux agents américains qui vont enfreindre
les lois canadiennes au nom de la « lutte au
terrorisme » ?
La création de pôles de transport
Un des objectifs de l'Accord de précontrôle
semble être la création de pôles de transport pour
des marchandises et passagers à destination des
États-Unis dans les aéroports et ports non internationaux
afin d'éviter la congestion et les autres délais qu'on
rencontre dans les ports
internationaux. Les voyageurs qui veulent se rendre à de petits
aéroports non internationaux aux États-Unis passeraient
leur précontrôle au Canada et il en serait de même
pour les grands monopoles qui veulent établir des
opérations dans de petits aéroports municipaux pour
expédier des produits aux États-Unis.
Selon le gouvernement, le nouvel accord va permettre aux
voyageurs « d'éviter des files d'attente
douanières longues et imprévisibles aux É.
U. » et va favoriser « une meilleure circulation
des passagers arrivant par vol transnational qui transitent par les
aéroports canadiens, en plus de rendre ces aéroports plus
compétitifs en
tant que carrefours pour les déplacements en
transit. »
Le gouvernement donne cet exemple :
« Les opérations maritimes et ferroviaires existantes
en Colombie-Britannique permettent aux ports locaux d'offrir des
pôles d'échange pour les bateaux de croisière
destinés aux petits ports alaskiens dépourvus
d'installations douanières, ainsi que pour les
traversiers ; de plus, elles
facilitent la circulation transfrontalière des trains à
destination des É. U. à partir de Vancouver. »
On peut voir un exemple d'un arrangement du genre qui
aide les monopoles pour leurs inspections de marchandises hors des
grands aéroports internationaux dans la ville de Windsor,
à la frontière avec Détroit, où un terminal
multimodal de marchandises est en train d'être construit. La
construction du terminal est financée pour l'essentiel par le
biais du Plan d'action économique du gouvernement Harper et la
ville y met un peu d'argent. Le premier locataire du nouveau terminal
à l'Aéroport de Windsor va être le monopole postal
privé américain FedEx, un concurrent de Postes Canada,
qui a signé un bail de vingt ans et devrait s'y installer en
décembre 2015. Il ne fait pas de doute que le
précontrôle de paquets au Canada à destination des
États-Unis et l'établissement de Windsor comme pôle
« sécuritaire » de paquets en transit vers
les États-Unis va aider l'usage de Windsor par FedEx pour ses
opérations.
Les Canadiens doivent prendre note de ces arrangements
dans le but de les combattre. Le fait de placer des agents armés
de l'impérialisme américain en sol canadien et de
détruire les autorités publiques, qui sont censées
soutenir la souveraineté du Canada, pour servir des
intérêts privés est inacceptable. Ces nouveaux
arrangements ne vont
mener qu'à de l'insécurité pour la classe
ouvrière et tous les Canadiens. Cette insécurité
est déjà présente quand les monopoles
nord-américains déplacent la production de façon
arbitraire afin de servir leurs intérêts étroits
aux dépens de la population et des communautés.
Les Canadiens doivent défaire le gouvernement
Harper et ainsi mettre en garde tous les gouvernements qu'ils
s'opposent à l'annexion du pays aux États-Unis des
monopoles de l'Amérique du Nord.
L'ALÉNA impose le droit de monopole
au
détriment du droit public
- K.C. Adams -
Un tribunal de commerce international de l'Accord de
libre-échange nord-américain (ALÉNA) a
ordonné au gouvernement canadien de verser 17,3 millions $
à ExxonMobil et à Murphy Oil en dédommagement. Les
deux monopoles pétroliers américains contestent une
réglementation conjointe des gouvernements fédéral
et de Terre-Neuve-et-Labrador concernant des investissements à
faire en échange du droit d'exploiter en haute mer les richesses
pétrolières de Hibernia et de Terra Nova. Au début
mars, le tribunal a statué que les deux gouvernements ont
contrevenu aux règles de l'ALÉNA en demandant aux
monopoles de dépenser de l'argent en recherche et en formation
à
Terre-Neuve-et-Labrador. L'argent pour l'investissement aurait
été pris à même les profits
réalisés par ces compagnies par l'extraction et la vente
de ce pétrole canadien de haute mer.
Ressources naturelles
Canada a confirmé que le
jugement sur la dispute en vertu des droits des investisseurs
prévus par l'ALÉNA accorde 13,9 millions $ à
ExxonMobil et 3,4 millions $ à Murphy Oil. Les compagnies
ont plaidé que les gouvernements n'ont pas le droit de dire
combien d'argent elles doivent investir dans des
programmes sociaux et autres à même le profit sur le
capital investi. Le tribunal a jugé que le fait de demander aux
monopoles du pétrole de dépenser un pourcentage des
revenus de leur activité en haute mer pour de la recherche et de
la formation à Terre-Neuve contrevenait aux règles de
l'ALÉNA qui interdisent aux gouvernements hôtes de faire
des demandes aux entreprises basées sur leur performance en
terme d'investissements et d'achats locaux.
L'affaire a été traitée en vertu du
Chapitre 11 de l'ALÉNA qui permet aux entreprises du Canada, des
États-Unis et du Mexique de faire des poursuites en
dédommagement si elles croient avoir été victimes
de discrimination injuste de la part d'un organisme gouvernemental de
l'un des trois pays hôtes. Les clauses de droit des investisseurs
permettent entre autres choses aux entreprises de contester le droit
des gouvernements de passer des règlements sur les questions de
santé, de sécurité et les questions sociales si
ceux-ci requièrent que les investisseurs puisent dans les
profits de leurs actionnaires. Toute réglementation ou
ordonnance que les entreprises jugent nuisible à leurs profits
ou à leurs investissements est sujette au chapitre 11 et
à son mécanisme de règlement des différends
concernant le droit des investisseurs. Le droit de monopole qu'impose
l'ALÉNA prime le droit public et souverain que les pays
participants peuvent vouloir mettre de l'avant.
L'Accord économique
et commercial global (AECG)
entre le Canada et l'Union européenne que le gouvernement Harper
veut mettre en vigueur comprend une clause similaire de droit des
investisseurs. Les Canadiens ont exprimé leur opposition
à l'AECG à l'échelle du pays mais le gouvernement
Harper utilise ses pouvoirs parlementaires
dictatoriaux pour en faire une loi. La même chose s'est produite
avec le premier traité de libre-échange entre le Canada
et les États-Unis en 1988 et avec l'ALÉNA par la suite.
Les Canadiens se sont constamment opposés lors des
élections et dans d'autres actions au droit de monopole
enchâssé dans le libre-échange et à sa
négation du droit public
souverain du Canada.
Scott Sinclair, du Centre canadien de politiques
alternatives (le CCPA), a dit que le cas de ExxonMobil/Murphy Oil
« démontre que ces accords [de libre-échange]
prémunissent les entreprises étrangères contre nos
tribunaux et nos gouvernements ». Avant que l'ALÉNA
ne soit saisie de la question, ExxonMobil, selon Sinclair, a
été
débouté dans sa poursuite en cour au Canada contre les
requêtes en investissements du gouvernement de Terre-
Neuve-et-Labrador. Après cette défaite,
les deux entreprises ont entamé une poursuite en vertu du
Chapitre 11. Le gouvernement fédéral doit maintenant
verser 17,3 millions $ aux monopoles.
Les réclamations des investisseurs envers
les
États sont « hors de contrôle »
En 2010, le gouvernement fédéral a
dû faire un chèque de 130 millions $ à
AbitibiBowater suite à la contestation devant l'ALÉNA du
geste posé par le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador
Danny Willians pour empêcher le
démantèlement d'une usine d'AbitibiBowater. Dans une
étude sur le mécanisme de l'ALÉNA pour le
règlement des différends entre les investisseurs et les
États et sur ses résultats, le CCPA conclut que les
réclamations des investisseurs à l'égard des
États en vertu de l'ALÉNA sont hors de
contrôle. « Entre 1995 et 2005, les investisseurs ont
fait 12 réclamations au Canada et dans les derniers dix ans leur
nombre a atteint 23. Le Canada a été visé par 35
réclamations d'investisseurs, le Mexique 22 et les
États-Unis 20.
Scott Sinclair écrit au sujet de l'étude
qu'« en vertu du Chapitre 11 de l'ALÉNA, le Canada a
été poursuivi plus souvent que tout autre pays
développé dans le monde dans le cadre du mécanisme
de règlement des différends entre investisseurs et
États (RDIE) ».
Le CCPA fait remarquer au sujet de l'étude que
« la plupart des contestations d'investisseurs envers les
États sont sur des questions de politique publique et de
réglementation. Soixante-trois pour cent des réclamations
contre le Canada portent sur des questions de protection de
l'environnement ou de mesures de gestion des ressources. Le
Canada est présentement sous le coup de neuf contestations en
vertu du RDIE qui visent des mesures gouvernementales de toutes sortes
qui bouleversent censément les prévisions de
profitabilité des investissements étrangers. Les
investisseurs étrangers réclament plus de 6
milliards $ en dédommagement au gouvernement canadien. Sont
visées
par exemple l'interdiction par le gouvernement du Québec de la
fracturation hydraulique (le cas Lone Pine) ; la décision
d'un tribunal fédéral canadien d'invalider un brevet sur
un produit pharmaceutique parce qu'il n'était pas suffisamment
innovateur et utile (le cas Eli Lilly) ; des clauses qui font la
promotion de l'adoption rapide
d'énergies renouvelables (le cas Mesa) ; un moratoire sur
des projets éoliens dans le lac Ontario (le cas Windstream) et
la décision de bloquer un projet controversé de
carrière géante en Nouvelle-Écosse (le cas
Clayton/Bilcon).
« Le Canada a déjà
été débouté ou payé des
dédommagements dans six de ces contestations d'une valeur totale
de 170 millions $ et a dû payer des dizaines de millions de
dollars de frais juridiques. Le Mexique a perdu cinq contestations et a
payé 204 millions $US en dédommagements. Les
États-Unis n'ont jamais perdu
dans une poursuite d'investisseurs contre les États en vertu de
l'ALÉNA. Les trois gouvernements ont dépensé des
dizaines de millions de dollars en frais juridiques pour se
défendre contre des réclamations d'investisseurs. La
menace continuelle de contestations d'investisseurs contre les
États en vertu du Chapitre 11 de l'ALÉNA constitue un
véritable frein à toute réglementation
d'intérêt public. »
Pour lire le texte intégral du rapport du CCPA, cliquer
ici.
La motion du gouvernement Harper visant
à «prolonger
et élargir» la mission
canadienne en Irak
«La lutte contre le terrorisme» - un
prétexte
pour appuyer l'agression des États-Unis
contre
la Syrie et l'Irak
- Louis Lang -
Lors d'un discours à Mississauga le 18 mars 2015,
le premier ministre Stephen Harper a annoncé qu'il
présenterait une motion à la Chambre des communes la
semaine prochaine pour « prolonger et
élargir » la mission canadienne en Irak.
Présentement, les Forces armées
canadiennes ont six avions CF-18 déployés en Irak qui
bombardent des sites de l'État islamique. Les CF-18, de
même que deux avions de surveillance, un avion de ravitaillement
et un personnel de soutien d'environ 600 personnes sont basés au
Koweït.
En plus d'effectuer des bombardements aériens, le
Canada a déployé 70 soldats des forces spéciales
en Irak en tant que « conseillers et
instructeurs » travaillant avec des combattants irakiens et
peshmergas kurdes situés dans le nord de l'Irak.
Le Canada agit en appui à la coalition
dirigée par les États-Unis en Irak en vertu d'une motion
présentée à la Chambre des communes par le
gouvernement Harper en octobre 2014 demandant à tous les partis
d'appuyer la décision du gouvernement de « contribuer
des approvisionnements militaires canadiens afin de lutter contre
l'ISIL et
les terroristes alliés à ISIL, y compris des frappes
aériennes sur une période allant jusqu'à six
mois ». Une condition liée à la motion
était que « les troupes canadiennes ne
participeraient pas aux combats ».
En faisant son annonce,
Harper n'a pas expliqué
ce que « prolonger et élargir » la mission
voudrait dire. Il a dit que l'« autorisation actuelle nous
permet d'aller en Syrie, bien que nous n'y sommes pas
allés ».
Ces commentaires ont soulevé un grand nombre de
questions et de préoccupations au sujet de l'intention de Harper
de prolonger l'action militaire du Canada pour laquelle, selon
plusieurs, aucune explication ou justification satisfaisante n'a
été offerte. Le fait de suggérer, comme l'a fait
Harper, qu' lSIS a « déclaré la guerre contre
le
Canada » et que le Canada doit appuyer la coalition
dirigée par les États-Unis afin de protéger la
sécurité des Canadiens ainsi que notre « mode
de vie » revient à poursuivre la voie de l'agression
et de guerres étrangères en appui à
l'impérialisme étasunien, ce qui a déjà
donné lieu à d'innombrables désastres en Irak, en
Afghanistan et en Libye. Loin d'assurer la sécurité des
Canadiens, l'anarchie et la violence que représentent de telles
guerres ne pourront que mettre en péril le monde entier.
Plusieurs commentateurs dans les médias
contestent les références que fait Harper au sujet de
l'« autorisation actuelle » de l'implication du
Canada. Cette agression des États-Unis en Irak n'a pas
été autorisée par les Nations unies. Toute
suggestion à l'effet que
l'« autorisation » du bombardement et d'autres
activités
militaires viendrait du gouvernement irakien est aussi douteuse puisque
la dévastation et la destruction de l'Irak résultant de
l'occupation et de l'invasion de ce pays depuis 2002 ont laissé
le pays meurtri et divisé en plusieurs factions. Non seulement
de grandes sections du pays sont-elles contrôlées par
l'ISIS mais le gouvernement central
symbolique à Bagdad tente de reconstruire l'armée
irakienne avec l'aide de ses alliés iraniens. La partie nord de
l'Irak est contrôlée par les forces kurdes qui combattent
aussi l'ISIS mais en fonction de leur propre ordre du jour et de leur
objectif de longue date qui est d'établir un Kurdistan
indépendant.
Selon Harper l'« autorisation »
qui permet à son gouvernement d'intervenir en Irak viendrait du
vote du 7 octobre 2014 à la Chambre des communes, bien qu'il
soit admis qu'un tel vote ne soit pas nécessaire pour
expédier des troupes à l'étranger. Le gouvernement
avait d'abord défendu la légitimité de cette
autorisation en
prétendant qu'il s'agissait d'une demande de la part du
gouvernement irakien pour qu'il participe et qu'il fournisse de l'aide
à la lutte contre l'ISIS. À cet égard, le
gouvernement avait prétendu qu'il ne suivrait pas les
États-Unis dans son ingérence en Syrie suite aux
déclarations du gouvernement syrien à l'effet qu'il
n'accepterait pas de violation
de sa souveraineté sous quelque prétexte que ce soit.
La justification mise de l'avant pour la participation
à la guerre est maintenant de combattre le terrorisme afin de
protéger la sécurité et le « mode de
vie » des Canadiens. Ces dernières semaines,
lorsqu'on lui a demandé si le Canada allait s'impliquer en Syrie
dans le cadre de la « prolongation » et de
l'« élargissement » de sa participation
à la guerre, le gouvernement a abandonné toute
référence à la souveraineté de la Syrie et
à ce qui est censé donner légitimité
à la guerre. « L'autorisation actuelle nous ouvrait
la porte pour intervenir en Syrie, a-t-il déclaré
à Mississauga, mais nous ne l'avons pas fait ».
Maintenant, il
compte « traiter de ces questions » lorsque la
nouvelle proposition sera présentée, a-t-il dit.
Des rapports récents laissent entendre que pour
les États-Unis, le Canada et d'autres pays de la coalition,
l'ISIS ne serait pas le principal ennemi ni la raison la plus urgente
pour laquelle ils sont en Irak.
Selon ce qu'ont rapporté les forces irakiennes,
les avions des États-Unis et de la coalition parachutent des
armes et des munitions qui parviennent aux forces de l'ISIS à
différents endroits. Selon le reportage de l'agence de nouvelles
Fars, publié le 19 mars 2015 sur le site web de Global
Research : « Un commandant des forces
populaires de l'Irak a révélé que l'écoute
électronique des communications de l'ISIL avait confirmé
des rapports selon lesquels des avions étasuniens parachutaient
des denrées et des armes aux terroristes Takfiri ».
La source de l'agence était le commandant du bataillon irakien
Ali Akbar.
Des rapports semblables ont commencé à
poindre ces derniers mois, provenant de représentants de l'Irak.
Le chef du Comité de défense national du parlement
irakien, Haken al-Zameli, a révélé que
« des avions de la coalition anti-ISIL ont parachuté
des armes et des denrées pour l'ISIL dans les provinces de
Salahudin, Al-Anbar et
Diyala. »
Le député irakien Majid-al-Gharawi a
déclaré que les États-Unis et la coalition
internationale « ne sont pas sérieux lorsqu'il s'agit
de combattre l'organisation de l'ISIL, puisqu'avec la puissance
technologique qu'on leur connaît ils pourraient déterminer
où sont les hommes armés de l'ISIL et les détruire
en moins d'un mois ».
Gharawi a ajouté que « les États-Unis tentent
de prolonger la guerre contre l'ISIL afin d'obtenir du gouvernement
irakien qu'il leur garantira les bases des provinces de Mossoul et
d'Anbar. »
Des rapports récents ont aussi
révélé le rôle joué par le Canada et
son service de renseignement dans le recrutement de mercenaires de
l'ISIS. Selon un reportage détaillé du Ottawa Citizen
du 13 mars 2015, l'ambassade du Canada à Amman, en Jordanie,
aurait été impliquée dans le recrutement de
« djihadistes » de
l'ISIS. L'article décrit spécifiquement comment trois
adolescentes britanniques ont été recrutées et
déplacées clandestinement en territoire
contrôlé par l'ISIS en Syrie. Selon l'article,
« un espion étranger arrêté en Turquie
et soupçonné d'avoir facilité le voyage de trois
étudiantes britanniques en Syrie pour qu'elles joignent les
rangs de l'État
islamique travaillait pour le service de renseignement
canadien ».
L'ambassadeur canadien en Jordanie, Bruno Saccomani, a
été nommé à ce poste l'année
dernière en vertu de son expérience en matière de
sécurité. Il a été surintendant de la GRC
avant de devenir chef de la sécurité personnelle de
Stephen Harper. Au cours de son mandat avec la GRC et avec le bureau du
premier ministre, Saccomani a
travaillé de près avec le SCRS.
Le rôle du service de renseignement canadien
à l'ambassade canadienne à Amman est partie
intégrante d'un processus de longue date de recrutement et de
financement de terroristes chapeauté par les États-Unis
et OTAN visant à déstabiliser la Syrie et l'Irak afin
d'isoler l'Iran et la Russie. Juste avant le déclenchement de la
guerre civile en
Syrie, l'OTAN et le Haut Commandement de la Turquie ont commencé
le recrutement de milliers de « volontaires
musulmans » devant combattre côte-à-côte
avec les « rebelles syriens ». L'armée
turque a hébergé les volontaires, les a formés et
a assuré leur passage en Syrie.
Le soi-disant débat à la Chambre des
communes pour « prolonger et élargir la mission
militaire en Irak » est un écran de fumée
visant à masquer la véritable intention des
États-Unis et du Canada qui est de continuer de menacer les
peuples de cette région en ayant recours à la
déstabilisation et à l'occupation
étrangère. Une
entrevue récente dans le Washington Post avec le
général David H. Petraeus, qui avait commandé les
troupes des États-Unis en Irak, révèle clairement
que l'ISIS n'est pas la raison pour laquelle les États-Unis sont
en Irak. Petraeus a dit : « Oui, en dépit de
l'histoire et du legs laissé, je pense que l'Irak et les forces
de la
coalition progressent de façon considérable dans leur
lutte contre l'État islamique. En fait, je dirais que la menace
la plus importante à la stabilité à long terme de
l'Irak et au plus grand équilibre régional n'est pas
l'État islamique, mais plutôt les milices chiites, dont
plusieurs sont appuyées, et certaines guidées, par
l'Iran. »
Même si les conservateurs de Stephen Harper
continuent leur hystérie au sujet de la nécessité
de combattre « la menace djihadiste au Canada »,
ils ne peuvent cacher que leur plan vise en fait à prolonger la
participation du Canada à l'agression étrangère
injuste et illégale en appui aux objectifs de
l'impérialisme étasunien visant à
contrôler la région et ses ressources. Leur objectif
immédiat est de prolonger la guerre civile en Syrie dans le but
de réaliser un changement de régime ou du moins de
créer une instabilité qui empêcherait tout
redressement de la situation. Cet objectif ainsi que la prolongation de
la lutte contre l'ISIS en Irak servent à saigner l'Iran et
à saborder la
coopération des peuples du Moyen-Orient dans le cadre de
l'effort global de l'OTAN pour isoler la Russie.
La supercherie et la dissimulation à la Chambre
des communes ne réussiront pas à donner une
légitimité aux actions criminelles dans lesquelles le
gouvernement Harper compte s'engager contre les peuples de l'Irak, de
la Syrie et de l'Iran. Le Canada doit cesser sa participation à
l'agression et aux guerres des États-Unis ! Les positions
extrémistes et la nature belliciste du gouvernement Harper n'ont
plus la confiance du peuple canadien et ce gouvernement doit être
défait.
Le
Canada a besoin d'un gouvernement antiguerre !
Quatrième anniversaire de la
guerre de l'OTAN contre la Libye
Un crime de proportions épiques qui montre la
nécessité d'un gouvernement antiguerre au Canada
Le 19 mars 2015 était le quatrième
anniversaire de la guerre criminelle de l'OTAN contre la Libye
lancée au nom de la doctrine impérialiste de
défense de la « sécurité
humaine ». Cette agression s'est déroulée dans
le contexte de ce qui est appelé le « printemps
arabe » au cours duquel des manifestations ont eu lieu
contre des gouvernements en Afrique du Nord et au Moyen Orient, dans de
nombreux cas organisées ou récupérées par
des forces de l'extérieur pour machiner un changement de
régime au service des intérêts
impérialistes. L'opération de l'OTAN, visant
officiellement à instaurer une « zone d'exclusion
aérienne » sur la Libye, a eu lieu
du 7 mars au 31 octobre 2011. La guerre a été
déclarée terminée peu de temps après que le
convoi du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et d'autres responsables
libyens ait été bombardé par l'OTAN et que
Kadhafi, capturé, ait été assassiné
sauvagement par des miliciens armés le 20 octobre 2011. Ce qui a
été présenté comme l'instauration
d'une « zone d'exclusion aérienne » a
été en fait une campagne de bombardements impitoyables
contre l'armée et les villes libyennes et contre les civils
libyens patriotiques qui s'étaient armés pour se
défendre.
Après ce crime,
l'affirmation frauduleuse
à l'effet que l'OTAN n'avait tué des Libyens que pour
défendre des manifestants et promouvoir la liberté et la
démocratie a été oubliée. Après un
barrage incessant de propagande des médias monopolisés
rapportant les mensonges les plus délirants pour justifier
l'agression impérialiste et ensuite vanter
les actions brutales de l'OTAN et de ses alliés sur le terrain,
la Libye a disparu de l'actualité, à l'exception de
mentions occasionnelles du dysfonctionnement du pays et des crimes
contre le peuple commis par ceux que l'OTAN avait mis au pouvoir, comme
les véritables massacres de manifestants, qui pourtant
n'inquiétaient plus l'OTAN ou les
États-Unis ou les cercles dirigeants canadiens. La Libye est
revenue dans l'actualité quand des chrétiens coptes ont
été assassinés par des forces alignées avec
l'OTAN qui maintenant ont prêté serment à l'EIIL et
que l'Égypte et d'autres pays ont demandé une nouvelle
intervention militaire dans le pays. Ceux qui ont lancé et
concouru à l'agression
qui a détruit l'État libyen, dévasté les
villes libyennes et porté au pouvoir ceux que les
États-Unis et le Canada disent maintenant combattre n'ont pas
tiré les conclusions qui s'imposent.
Il y a quatre ans, l'impérialisme
américain a mobilisé tout ce qu'il a pu trouver dans les
médias, les milieux politiques, les universités et les
ONG pour bloquer l'opposition populaire à l'agression contre la
Libye. Cette alliance incestueuse a clamé que les
autorités libyennes commettaient des massacres et qu'un
génocide était imminent si
l'OTAN ne déclenchait pas une guerre. Tous les
députés du Parlement du Canada, sauf un, ont
appuyé cette mission de guerre et quatre ans après aucun
n'a exprimé le moindre regret. Selon cette alliance, on ne
pouvait s'opposer à cette guerre parce que contrairement
à l'Iraq, à l'Afghanistan, au Vietnam et aux autres
guerres des États-Unis,
l'impérialisme intervenait pour répondre à une
crise humanitaire urgente. Cette confusion et ces vacillations qui ont
été semées parmi les gens sont allées de
pair avec l'échec à reconnaître ce qui
s'était vraiment passé et à condamner cette
propagande guerrière qui était une violation de la
Convention de Genève.
La réalité de la situation en Libye, qui
en fait n'était pas un mystère à l'époque,
a été clarifiée par des études
sérieuses qui restent encore dans l'oubli. Certaines de ces
études ont été faites par ceux qui ont
fabriqué les mensonges utilisés pour justifier la guerre.
Comme tous les mea culpa, elles sont mièvres et laissent un
goût amer dans la
bouche mais elles valent la peine d'être mentionnées en ce
quatrième anniversaire de l'un des pires crimes contemporains
commis par l'impérialisme américain.
Un document d'orientation politique intitulé
« Lessons from Libya : How Not to
Intervene » (Les leçons de la Libye : Comment ne
pas intervenir) publié en septembre 2013 par le Belfer Center
for Science and International Affairs de l'Université Harvard
souligne le caractère frauduleux du prétexte
invoqué pour cette
guerre :
« Contrairement à ce qui a
été rapporté dans les médias occidentaux,
Kadhafi n'a pas initié la violence en Libye en attaquant des
manifestants pacifiques. Les Nations unies et Amnistie Internationale
ont montré que dans les quatre villes libyennes ravagées
par le conflit civil à la mi-février 2011, Benghazi, El
Beïda, Tripoli et Misrata, ce
sont en fait les manifestants qui ont initié la violence. Le
gouvernement a réagi aux gestes des rebelles en envoyant
l'armée, mais n'a jamais intentionnellement ciblé de
civils ou fait usage excessif et aveugle de la force, comme l'ont
affirmé les médias occidentaux. Les comptes rendus de
presse initiaux ont exagéré le nombre de morts, le
multipliant par dix, rapportant « plus de 2000
morts » à Benghazi au cours des premiers jours de
l'insurrection, alors que Human Rights Watch (HRW) n'a recensé
plus tard que 233 morts dans toute la Libye pour cette
période. »
« Une autre preuve que Kadhafi a
évité de cibler les civils vient de la ville libyenne qui
a été la plus touchée par les premiers combats,
Misrata. Selon HRW, sur les 949 personnes qui ont été
blessées au cours des sept premières semaines de la
rébellion, seulement 30 étaient des femmes ou des
enfants, ce qui signifie que les forces de
Kadhafi se concentraient exclusivement sur les combattants. Au cours de
la même période, seulement 257 personnes ont
été tuées dans cette ville de 400 000 habitants,
une fraction inférieure à 0,0006, ce qui apporte une
preuve supplémentaire que le gouvernement a évité
d'utiliser la force sans discernement. De plus, Kadhafi n'a pas commis
de
« massacres » dans les villes que ses forces ont
reprises aux rebelles avant l'intervention de l'OTAN, notamment
Ajdabiya, Bani Walid, Marsa El Brega, Ras Lanouf, Zaouïa et une
grande partie de Misrata. Il n'y avait donc pratiquement aucun risque
que cela se produise s'il avait eu le temps de reprendre le dernier
bastion rebelle de
Benghazi. »
« Les faits démontrent que l'objectif
premier de l'OTAN était le renversement du régime de
Kadhafi, même au coût d'importantes souffrances parmi les
libyens. L'OTAN a attaqué les forces libyennes sans
discernement, y compris des unités en retraite et d'autres dans
la ville natale de Kadhafi, Syrte, qui n'étaient pas une menace
pour
les civils. L'OTAN a continué de soutenir les rebelles alors
qu'ils avaient rejeté à plusieurs reprises les
propositions de cessez-le-feu du gouvernement qui auraient pu mettre
fin aux violences et épargner les civils. »
Ce document, basé sur un article paru dans le
journal Security International intitulé « A
Model Humanitarian Intervention ? Reassessing NATO's Libya
Campaign » (Une intervention humanitaire
modèle ? Réévaluer la campagne de l'OTAN en
Libye), clarifie ces questions dans l'optique de proposer une
intervention militaire plus « efficace » qui
« ne se retourne pas » contre ses initiateurs
comme dans le cas de la Libye. Les objectifs de l'intervention de
l'OTAN ont été effectivement atteints, notamment la
destruction du projet libyen d'édification d'une nation
indépendante et l'expansion de l'emprise de
l'impérialisme
américain sur le continent africain et sur le Moyen-Orient.
Cette propagande de guerre était si trompeuse
qu'elle a transformé en leur contraire tous les termes et
définitions hérités du XXe siècle. Ces
termes sont devenus des armes aux mains des impérialistes pour
lancer leurs agressions et fouler aux pieds le droit public. En cet
anniversaire de l'agression de la Libye, il est plus urgent que jamais
que
les peuples élaborent leur propre pensée, analysent les
conditions objectives et rejettent les termes démagogiques du
passé et les définitions vagues et
déformées qui peuvent servir la guerre
impérialiste et le droit de monopole. Les définitions
modernes des droits humains, de la démocratie, du socialisme, du
syndicalisme et du développement
économique ne peuvent être articulées que dans la
lutte contre l'impérialisme à la défense des
droits de tous, dans des actions avec analyse au service des
intérêts du peuple contre le droit de monopole. Même
la définition des intérêts du peuple et de la lutte
pour défendre ces intérêts et du contrôle de
sa destinée doit être la création du peuple
lui-même et de ses organisations.
L'état actuel d'anarchie et de violence en Libye,
un pays qui avait le niveau de vie le plus élevé
d'Afrique et un large éventail de programmes sociaux, fournis
gratuitement, est une tragédie et un crime dont les responsables
sont nuls autres que les impérialistes américains et les
pays de l'OTAN dont le Canada. Cette déstabilisation s'est
étendue
aux pays voisins de la Libye. Cela montre clairement que la frauduleuse
doctrine de la sécurité humaine et de la
responsabilité de protéger n'est qu'un exemple brutal de
plus de la doctrine impérialiste irrationnelle et en banqueroute
inventée pendant la guerre du Vietnam : « Nous
avons dû détruire le village pour le sauver ».
En 2011, le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) a souligné la
nécessité de dénoncer l'agression contre la Libye
et a appelé les Canadiens à rejeter la manipulation des
événements qu'ont faite les États-Unis, l'OTAN et
les autres qui n'ont pas à coeur les intérêts des
peuples de leur pays et du monde. Le PCC (M-L) a appelé la
classe ouvrière et les jeunes du Canada à amener les
mouvements antiguerre et pour la paix à prendre position sans
équivoque contre les préparatifs d'invasion de la Libye
et à s'opposer aux efforts pour entraîner les Canadiens
à soutenir la doctrine impérialiste de la
« responsabilité de protéger » sous
prétexte d'« arrêter les
tueries » en Libye. Le PCC(M-L) à appelé le
peuple à prendre fermement position contre les
allégations mensongères qui servent de prétexte
pour envahir la Libye et réaliser les visées des
États-Unis et des autres ennemis des peuples
En cet anniversaire de l'agression de l'OTAN contre la
Libye, alors que les agresseurs impérialistes américains
et leurs alliés de l'OTAN comme le Canada poursuivent leurs
plans d'intervention, de coups d'État et de changement de
régime du Venezuela à la Syrie, les Canadiens doivent
défendre le principe inviolable de l'opposition à
l'agression impérialiste et rejeter fermement et sans
équivoque la ligne pragmatique impérialiste qui ne
reconnaît aucune loi et proclame que « rien ne
réussit comme le succès ». Peu importe les
nobles idéaux invoqués pour justifier ces
activités, elles demeurent des violations du droit international
et un crime contre la paix, le crime le
plus grave de tous au plan international. Ces lois qui appuient le
droit international ont été établies en
réponse aux pertes terribles de la Deuxième Guerre
mondiale, dans le but de garantir qu'une telle guerre ne se produira
plus jamais. La gravité du crime qui a été commis
contre le peuple libyen démontre à quel point il est
urgent que les
Canadiens travaillent à s'investir du pouvoir pour
établir un gouvernement antiguerre qui incarne l'aspiration des
Canadiens à faire du Canada une véritable force de paix
dans le monde.
La duperie du gouvernement sur la démocratie
et
les droits humains
Les médias ont rapporté récemment
que le gouvernement Harper savait parfaitement que l'agression contre
l''OTAN n' allait pas mener et ne pouvait pas mener à l'atteinte
de l'objectif déclaré qui était de promouvoir la
démocratie ou les droits humains.
Le journaliste David Pugliese, dans un article du1er
mars 2005 du Ottawa Citizen, souligne que juste avant
l'agression de l'OTAN des spécialistes canadiens du
renseignement avaient envoyé un mémo à l'adresse
de hauts responsables des services secrets : 'Il y a de fortes
chances que la situation en Libye dégénère en une
longue guerre civile ou une guerre entre tribus ',
écrivaient-ils dans leur rapport du 15 mars 2011. 'C'est
très probablement ce qui va se produire si les forces
d'opposition reçoivent de l'aide militaire d'autres pays '.
« Certains officiers des Forces
canadiennes,
au début de la guerre, ont tenté de faire part de leurs
inquiétudes à l'effet que l'élimination de Kadhafi
ferait le jeu des extrémistes islamistes, mais des sources
militaires disent que ces avertissements sont restés lettre
morte. De même, les pilotes canadiens plaisantaient entre eux,
disant que les
CF-18 du Canada faisaient partie 'de la force aérienne
d'al-Qaïda 'étant donné que leurs bombardements
aidaient à ouvrir la voie aux rebelles affiliés au groupe
terroriste. » Le Ottawa Citizen rapporte que
l'Aviation royale canadienne a effectué 10 % des missions
de la campagne de l'OTAN.
Pendant l'agression de l'OTAN, LML a
souligné que l'OTAN était incapable de légitimer
sa mission et son gouvernement intérimaire et les factions
installées au pouvoir dans le cadre du changement de
régime, et que la situation ne pouvait que
dégénèrer en davantage d'anarchie et de violence.
À la place de l'évaluation du
renseignement canadien sur l'inévitabilité de
« la guerre entre différentes tribus », il
faudrait examiner comment les liens sordides entre les chefs et groupes
rebelles avec la CIA, le MI6 (le service du renseignement britannique),
al-Qaïda au Maghreb, soutenu par la CIA, et les autres agences
étrangères,
ont permis aux contradictions inter-impérialistes et aux
opérations occultes de jouer leur rôle dans cette lutte
pour la domination d'un pays africain propère et riche en
ressources naturelles. De nombreux articles des médias à
l'époque soulignaient les profondes divisions entre les
« rebelles » qui faisaient partie du pacte
faustien avec
l'OTAN contre le peuple libyen. Aujourd'hui, certains de ces dirigeants
rebelles, notamment Abdel Hakim Belhaj, seraient à la tête
de la section libyenne de l'EIIL, que le Canada considère comme
le plus grand ennemi de l'humanité.
Le site Web du gouvernement du Canada pour l'ambassade
du Canada en Libye indique présentement sur sa page d'accueil
que la révolution contre la tyrannie en 2011 aurait
instauré le premier gouvernement démocratique et une
nouvelle ère dans les relations entre le Canada et la Libye
où les deux pays travaillent « ensemble à
promouvoir la liberté, les règles de loi et les droits
humains. »
Quelle est la nature de cette
« démocratie » installée par
l'agression de l'OTAN et ses fantoches libyens ? Dans un
encadré rouge en-dessous de ces phrases fleuries sur la
démocratie et des droits humains, l'ambassade affirme tout aussi
sérieusement :
« En raison du caractère
imprévisible de l'environnement de sécurité en
Libye, le Ministère des Affaires étrangères, du
Commerce et du Développement a pris la décision de
temporairement suspendre ses activités à son bureau de
Tripoli. Les relations diplomatiques avec la Libye n'ont pas
été suspendues.
« L'ambassade du Canada en Libye est
présentement fermée, mais continuera de fonctionner
temporairement depuis l'ambassade du Canada en Tunisie jusqu'à
ce que les conditions permettent sa réouverture.
« Il s'agit d'une mesure temporaire sans lien
avec nos relations diplomatiques continues et de longue date avec la
Libye.
« Le Canada demeure déterminé
à appuyer le peuple Libyen dans ses efforts pour construire une
démocratie stable et sécuritaire. »
Sur la même page, dans une boîte jaune vif,
on lit la recommandations suivante aux voyageurs :
« Libye : Évitez tout voyage
« Affaires étrangères, Commerce
et Développement Canada recommande d'éviter tout voyage
en Libye en raison de la situation politique imprévisible et
fragile et la menace que pose le terrorisme dans la région.
Étant donné les conditions de sécurité
volatiles, l'ambassade du Canada à Tripoli a suspendu ses
activités jusqu'à nouvel ordre.
Les représentants canadiens ont quitté le pays. Les
Canadiens qui se trouvent en Libye devraient communiquer avec
l'ambassade du Canada à Tunis, en Tunisie (+216 70 010 200), ou
le Centre de surveillance et d'intervention d'urgence à Ottawa
(+1 613 996 8885). »
Dans un autre conseil aux voyageurs, sous le titre
« Troubles civils et manifestations »,
l'ambassade écrit :
« La situation politique est
extrêmement fragile. Une coalition de groupes armés s'est
emparée de la capitale, et le gouvernement
démocratiquement élu a été contraint de
s'exiler à Tobrouk, dans l'est du pays. Les structures de
sécurité étatique officielles se sont en grande
partie effondrées.
« Des affrontements armés ont lieu
dans l'ensemble du pays, et la violence s'est propagée de l'est
de la Libye vers la capitale en juin 2014. Les groupes armés qui
appuient le gouvernement élu à Tobrouk et ceux qui
soutiennent le gouvernement d'opposition à Tripoli s'affrontent
quotidiennement. Les morts se comptent par centaines, les
blessés par milliers et les personnes déplacées
par centaines de milliers.
« Les manifestations, qui sont courantes dans
toute la Libye, ont entraîné des actes de violence et ont
fait des morts. Suivez la situation de près en surveillant les
médias locaux, prenez des mesures appropriées pour
assurer votre sécurité personnelle et ne vous
déplacez que pendant le jour. Évitez les rassemblements
publics et les
manifestations, car ils peuvent soudainement donner lieu à des
actes de violence. »
Ce que l'impérialisme a détruit et
créé
Depuis le renversement par l'OTAN en 2011 de la
Jamahiriya arabe
libyenne, ce pays prospère, développé et riche en
pétrole n'a plus de
véritable autorité étatique et le pouvoir ne cesse
de se déplacer entre
deux ou plusieurs des principales factions belligérantes des
anciens
« rebelles » et plus d'un millier de groupes plus
petits. La
paralysie du pays et l'intervention continue des impérialistes
pour
soutenir telle ou telle faction ont conduit certains des rebelles de
l'OTAN en 2011 à prêter serment à l'EIIL qui
contrôle maintenant
plusieurs villes libyennes. Selon des rapports de février, une
grande
partie de la côte libyenne est sous contrôle de
l'État islamique. L'EI
occupe la
ville de Derna depuis octobre 2014 et Syrte depuis le 16 février
2015.
Syrte, qui a été une ville de plus de 100 000 habitants
et est la ville
natale de Mouammar Kadhafi, a été complètement
dévastée par les
bombardements de l'OTAN en 2011.
Paradoxalement, l'agression américaine contre la
Libye a fourni un
important soutien à ceux que les États-Unis
prétendent combattre en
Syrie et en Irak. Aux yeux de l'impérialisme américain,
le projet
d'édification des nations indépendantes des peuples du
Moyen-Orient et
d'Afrique du Nord et la coopération fraternelle des peuples en
dehors
de l'orbite anglo-américaine sont un ennemi bien plus important
que
l'État islamique. C'est pourquoi la destruction de la Libye, la
guerre
prolongée en Irak et la réoccupation de l'Irak par les
États-Unis
servent l'objectif américain d'empêcher les peuples de la
région de
vaincre leurs ennemis à l'intérieur et d'ouvrir la voie
au progrès.
Dans un article de novembre 2014 intitulé
« La Libye hier et
aujourd'hui : un aperçu du travail de l'OTAN »,
le journaliste et
chercheur Mahdi Darius Nazemroaya donne un aperçu de
l'état du pays
avant et après la guerre de l'OTAN. Mahdi Darius Nazemroaya
était en
Libye pendant la guerre et a été directement
témoin de
l'agression des forces de l'OTAN. LML reproduit des extraits
de son article pour informer les lecteurs sur les objectifs et les
conséquences de l'« intervention
humanitaire » des impérialistes
américains.
Dans son article, Nazemroaya décrit les
principales avancées
réalisées par la Libye depuis son indépendance, et
en particulier
depuis la nationalisation des revenus pétroliers en 1970.
« Pendant des
années, jusqu'en 2011, la Libye a eu le niveau de vie le plus
élevé
d'Afrique et un des plus élevés du monde arabe. [...] Le
fait que la
Libye
soit parvenue à devenir un pays riche était un de ses
crimes qui lui
été reproché en 2011. Les ressources
pétrolières, financières,
économiques et les ressources naturelles libyennes ont toujours
tenté
les États-Unis et leurs alliés. Elles étaient le
butin de guerre en
Libye. Alors que les réserves d'énergie et la
géopolitique sont pour
beaucoup dans le
déclenchement de la guerre de 2011, celle-ci a été
également menée en
partie pour s'emparer des vastes avoirs financiers de Tripoli et pour
élargir et maintenir l'hégémonie financière
au bord de l'effondrement
de Wall Street et des autres places financières. Wall Street ne
pouvait
pas permettre à Tripoli de ne pas être endettée, de
continuer à
accumuler des avoirs financiers internationaux et d'être un pays
créancier qui accorde des prêts internationaux et fait des
investissements dans d'autres pays, en particulier en Afrique. Ainsi,
les grandes banques des États-Unis et de l'Union
européenne, tout comme
les grands conglomérats pétroliers multinationaux,
avaient des intérêts
importants et
ont joué un rôle majeur dans la guerre de l'OTAN contre
Tripoli. »
Dans cet article, Nazemroaya explique que la division
actuelle de la
Libye en entités géographiques et factions politiques est
un projet
impérialiste ancien :
« Historiquement, le plan de partage de la
Libye remonte à la
période 1943-1951. Plusieurs tentatives infructueuses ont
été faites
pour placer sous tutelle la Libye après la défaite de
l'Italie et
l'Allemagne en Afrique du Nord. Après la Deuxième Guerre
mondiale, ces
tentatives de partage de la Libye ont débouché sur
l'instauration d'un
régime monarchique fédéral, une
fédération semblable à celle qui sera
mise en place en Irak après l'invasion anglo-américaine
illégale de
2003. Si les Libyens n'avaient pas accepté la forme
fédérale pour leur
société relativement homogène, ils n'auraient pas
acquis leur
indépendance en 1951.
« Au cours de la Deuxième Guerre
mondiale, les Libyens ont aidé la
Grande-Bretagne et lui ont permis de pénétrer dans leur
pays pour
combattre les Italiens et les Allemands. Benghazi a éte reprise
par
l'armée britannique le 20 novembre 1942 et Tripoli le 23 janvier
1943.
Malgré ses promesses de permettre à la Libye de devenir
un
pays indépendant, le plan de Londres était d'administrer
les deux
provinces libyennes de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque
séparément
comme des colonies, tandis que Paris mettrait sous contrôle le
Fezzan,
près d'un tiers de la Libye, la région sud-ouest du pays
à la frontière
de l'Algérie, du Niger et du Tchad. [...] Après la
Deuxième Guerre
mondiale, les vainqueurs et l'Italie ont voulu diviser la Libye en
territoires sous tutelle qu'ils gouverneraient. Les gouvernements
américain, britannique, français et soviétique
saisirent de la question
l'Assemblée générale de l'ONU le 15 septembre
1948. Les Britanniques et
les Italiens ont alors fait une ultime proposition le 10 mai 1949,
appelée le
Plan Bevin-Sfora pour la Libye, qui diviserait le territoire libyen en
une Tripolitaine sous tutelle italienne, une Cyrénaïque
sous tutelle
britannique et un Fezzan sous tutelle française. Ce plan a
échoué à
cause du vote crucial d'Haïti qui a voté contre cette
proposition.
Haïti fut le seul pays à s'opposer à la partition de
la Libye.
« Les britanniques se sont alors
tournés vers le roi Idris pour
balkaniser en douce la Libye avec la création d'un émirat
fédéral doté
d'une Assemblée nationale, contrôlée par le roi
Idris et un petit
conseil de chefs libyens non élus. Ce type de système
fédéraliste était
inacceptable pour la plupart des Libyens, car il était
conçu comme un
moyen de contourner la volonté du peuple libyen. Les
représentants élus
de la région très peuplée de la Tripolitaine
étaient neutralisés par
les chefs non élus de la Cyrénaïque et du Fezzan.
« Cette situation mécontentait
beaucoup de nationalistes arabes. Le
Caire a été extrêmement critique envers ce que les
États-Unis et leurs
alliés essayaient de faire et a qualifié cette manoeuvre
de tromperie
diplomatique. Néanmoins, malgré l'opposition de la
majorité des
Libyens, Idris a imposé le fédéralisme à la
Libye en 1951. Les
Libyens ont généralement considéré cela
comme une trahison
franco-anglaise. Idris a été forcé d'abolir le
système fédéraliste et
de le remplacer par un système unitaire le 27 avril 1963.
« Le projet impérialiste de diviser la
Libye n'a jamais été
abandonné, il a seulement été mis de
côté temporairement dans les
différents ministères des Affaires
étrangères du bloc occidental et les
capitales de l'OTAN. En mars 2011, le directeur national du
renseignement des États-Unis, James Clapper Jr, a
témoigné devant le
Comité des
Services armés du Sénat que à la fin du conflit en
Libye, ce pays
d'Afrique du Nord reviendrait à ses anciennes divisions
fédéralistes
monarchiques et qu'il aurait deux ou trois différentes
administrations.
Le même mois, le Commandant suprême de l'OTAN, l'amiral
Stravridis, a
également dit au Comité des Services armés du
Sénat que les
différences tribales en Libye allaient être
amplifiées par la guerre de
l'OTAN à bord. Il y a même eu des discussions
multilatérales sur
comment diviser le pays, mais il n'y a jamais eu d'entente sur les
lignes exactes et les négociations n'ont pas avancé sur
la
délimitations des frontières dans le désert et les
régions montagneuses.
« Les plans américains pour le
renversement du gouvernement libyen
qui avait été élaborés en 1982 par le
Conseil national de sécurité des
États-Unis (NSC) sous le gouvernement Reagan ont
été également révisés
ou mis à jour pour la guerre de l'OTAN en 2011. On peut voir
clairement
que ces plans prévoyait une utilisation mixte de
l'insurrection et l'attaque militaire. Selon Joseph Stanik, les plans
des États-Unis prévoyaient la guerre et le soutien
simultané aux
groupes d'opposition contrôlée par la CIA et
« une combinaison
d'actions visibles et d'opérations sous couverture
destinée à exercer
une pression significative sur Kadhafi ». Pour
exécuter le plan des
États-Unis, Washington devait tout d'abord fomenter un conflit
en
utilisant les pays voisins de la Libye « pour trouver un casus
belli
pour une action militaire » et assurer les besoins
logistiques des
groupes d'opposition contrôlés par la CIA qui devaient
lancer une
campagne de sabotage de l'économie et des infrastructures contre
le gouvernement de la Libye. Le nom de code pour ces plans secrets
était « Flower ». Stanik explique :
« Le NSC a restreint l'accès à
ces plans top secrets à environ deux
douzaines de fonctionnaires. « Flower » avait
deux sous-composantes :
l'opération Tulipe et l'opération Rose. Opération
Tulipe était le nom
de code de l'opération secrète de la CIA visant à
renverser Kadhafi en
soutenant des groupes d'exilés
anti-kadhafistes et des pays comme l'Égypte, qui voulait chasser
Khadafi du pouvoir. Opération Rose était le nom de code
pour une
attaque surprise contre la Libye qui devait être lancée
par un pays
allié, l'Égypte probablement, et soutenu par la force
aérienne
américaine. Si Kadhafi était tué au cours de
« Flower », Reagan était
prêt à
en accepter le blâme. »
« Il se trouve que le Secrétaire
à la défense des États-Unis du
gouvernement Obama, Robert Gates, qui était le directeur adjoint
du
renseignement à l'époque, a approuvé Rose, la
sous-composante militaire
de « Flower ».
« Depuis le renversement du gouvernement de
la Jamahiriya par
l'OTAN, c'est exactement ce qui est arrivé en Libye. Un
état de chaos
généralisé s'est installé, et a
débordé dans les États voisins comme le
Niger. Il y a d'innombrables factions et plusieurs organes de
gouvernement, notamment le Conseil de transition dans le District de
Tripoli, le Conseil militaire de Misrata dans le District de Misrata,
plusieurs pseudo Émirats en Cyrénaïque et des
gouvernements loyaliste
de la Jamahiriya et des gouvernements tribaux dans les montagnes de
l'Ouest et le Fezzan. Il y a même eu des alliances entre des
milices
loyalistes de la Jamahiriya et des milices anti-Jamahiriya pour
combattre
toutes les autres factions. Le résultat final est une situation
d'anarchie et de guerre civile semblable à la situation
somalienne.
L'État a essentiellement été
« failli » par les États-Unis et leurs
alliés. L'autorité gouvernementale de
l'après-Jamahiriya est limitée
aux bureaux de ceux qui ont été mis au pouvoir et
à quelques autres
endroits.
Les crimes violents ont explosé. Les différentes factions
se combattent
mutuellement pour le contrôle de Tripoli et des autres grandes
villes
et les armes libyennes sont introduites en contrebande dans
différents
pays. Même les responsables américains, qui ont
facilité la création
des groupes qui sévissent en Libye, ne sont pas à l'abri
des troubles
qu'ils ont fomentés comme le montre l'assassinat de
l'ambassadeur des
États-Unis, John Christopher Stevens, à Benghazi le 12
septembre 2012.
« La production pétrolière et
gazière a été arrêtée. Les biens
nationaux ont été vendus à des
sociétés étrangères et privatisés.
La
Libye n'est plus une puissance économique concurrentielle en
Afrique ni
une puissance financière grandissante. La Libye a
été transformée
pratiquement du jour au lendemain d'un pays sans dette à un pays
endetté.
« Il y a aussi une grande ironie à
tout cela. Les avions de guerre
du régime libyen soutenu par les États-Unis qui a
remplacé la
Jamahiriya ont commencé à bombarder les citoyens libyens
en 2014 alors
que les combats pour le contrôle de Tripoli faisaient rage. Les
États-Unis, l'Union européenne et l'OTAN n'ont pas
bougé alors qu'en
2011 ils avaient lancé une campagne de bombardements et la
guerre sur
la base des fausses accusations que le gouvernement de la Jamahiriya,
bombardaient des civils. La fraude de ces acteurs est plus
qu'évidente. »
Naufrage du traversier Sewol en
Corée du Sud
Des parents éplorés se tournent vers les
Canadiens dans leur lutte pour la justice
Le 16 avril 2014, le traversier Sewol transportant 476
personnes a chaviré et coulé, ce qui constitue la plus
importante catastrophe maritime de l'histoire de la Corée du
Sud. Deux-cent-quatre-vingt-quinze passagers ont perdu la vie, dont 245
étudiants de 11ème année en excursion. Neuf
passagers manquent toujours à l'appel, dont quatre
étudiants et deux enseignants. Jusqu'à ce jour, en
dépit des demandes des familles des victimes, du peuple
coréen et des peuples de partout, aucune enquête
complète n'a été faite pour faire la
lumière sur la cause du naufrage, pour expliquer pourquoi les
passagers n'ont pas été secourus sur-le-champ puisque des
bâtiments de la Garde côtière étaient
à proximité du traversier en détresse, et pourquoi
celui-ci n'a pas été récupéré pour
qu'on découvre de nouvelles preuves.
Le 20 mars, Jisung Lee et Jongbeom Park, qui ont chacun
perdu un enfant dans cette tragédie, ont pris la parole devant
un auditoire de Toronto pour raconter leur histoire et demander au
peuple canadien de les appuyer, eux et les autres familles de victimes,
dans leur démarche visant à obtenir une enquête
pour élucider cette tragédie et pour
obtenir réparation et pour que les responsables soient
châtiés. L'événement a eu lieu au centre
Beit Zatoun et a été organisé par les Citoyens de
Toronto en solidarité avec les familles du traversier Sewol. Il
a été parrainé par le Centre pour l'étude
de la Corée de l'université de Toronto, le Réseau
communautaire des études de l'Asie-Pacifique Dr.
David Chu ainsi que le Centre pour la recherche sur l'Asie de
l'université York. L'événement faisait partie
d'une tournée nord-américaine où les victimes ont
pu s'exprimer et alerter l'opinion publique.
Dans ses remarques d'ouverture, Ju Hui Judy Han,
professeure adjointe de géographie à l'université
de Toronto, a dit que les politiques néolibérales
imposées à la société sud-coréenne
par le gouvernement conservateur de la présidente Park et de son
prédécesseur avait mené à la privatisation
d'un grand nombre d'avoirs publics. L'usurpation du
secteur public par les monopoles et les entreprises a fait en sorte
qu'on coupe les coins ronds, que les travailleurs ne sont pas
formés de façon adéquate et que les
règlements de sécurité sont souvent mis au
rancart. Elle a expliqué que plus de 50 % des travailleurs
de l'industrie coréenne, tels que le capitaine et la plupart des
membres de
l'équipage du Sewol, sont des travailleurs temporaires et
contractuels à court terme. C'est cet état de fait qui
est directement responsable de la tragédie du traversier Sewol.
Les orateurs ont mis en relief que le gouvernement Park
de la Corée du Sud n'a assumé aucune
responsabilité vis-à-vis cette catastrophe et la
présidente Park et son gouvernement ont tourné le dos aux
efforts déployés par les familles des victimes pour
obtenir réparation. Ils ont aussi souligné que pour eux
le naufrage du Sewol n'est pas un
accident maritime mais un véritable
« massacre », puisqu'il était possible de
secourir tous les passagers mais ce n'est pas ce qui s'est produit.
Jisung Lee, la mère de l'étudiant Do Eon Kim, a dit que
dès que le traversier a été en difficulté,
les parents se sont mis à recevoir des messages textes de leurs
enfants sur le traversier disant
qu'il était en danger. Pendant ce temps, les médias
rapportaient en temps réel que l'opération de sauvetage
était en cours et que les passagers n'étaient pas en
danger. Pour les parents, c'était la confusion la plus totale
sur ce qui se passait vraiment. Elle a aussi expliqué que les
principales personnes ayant été secourues sont le
capitaine et certains
membres de l'équipage qui ont abandonné le navire en
disant aux passagers de ne rien faire !
Jongbeom Park, le père de l'étudiant Ye
Seul Park, a dit que le naufrage du traversier était directement
attribuable à « l'emprise des intérêts
privés sur l'autorité publique ». Selon lui,
il existe une crise au sein de la société
sud-coréenne dans laquelle l'autorité et les institutions
publiques sont démantelées et privatisées . Par
conséquent, a-t-il dit, ces institutions rendent de moins en
moins de comptes au peuple. Il a expliqué que les familles des
victimes sont bien au fait que leur démarche se fait dans le
contexte d'une lutte plus large pour la démocratie, la paix et
le changement. Park a aussi dit qu'en raison de l'obstruction du
gouvernement sud-coréen, les familles des
victimes ont décidé d'en appeler au tribunal de l'opinion
publique pour obtenir justice. Ils souhaitent faire connaître
leur drame au monde entier et exercer une pression sur le gouvernement
Park pour qu'il assume ses responsabilités face au meurtre de
leurs enfants et aux membres des familles.
Dans la discussion qui a
suivi, une personne a dit que
le gouvernement sud-coréen doit partir et qu'on ne pouvait
s'attendre à ce que ce gouvernement coopère avec les
familles des victimes ou qu'il les assiste de quelque façon que
ce soit. Au cours de la discussion, il est devenu clair qu'une grande
désinformation était faite au sujet de cette
tragédie et que l'État sud-coréen faisait tout ce
qu'il peut pour isoler les familles des victimes. Une autre personne a
noté que les États-Unis dominent la Corée du Sud
et qu'il existe un lien direct entre les politiques nationales des
gouvernements étasuniens et sud-coréens et que les
efforts du peuple coréen visant à prendre leur avenir en
main,
mettre fin à l'occupation de leur pays et lutter pour la paix et
la réunification vont permettre de mettre fin à ces
catastrophes.
Les orateurs disent avoir été
chaleureusement accueillis par le peuple canadien. L'une des
organisatrices torontoises, Kelli Lee, a dit que depuis août 2014
jusqu'à aujourd'hui pas une journée ne se passe sans
qu'une personne ne fasse la grève de la faim à Toronto en
appui à la lutte des familles des victimes du Sewol pour la
justice. Aussi,
immédiatement après le naufrage du traversier Sewol, un
grand nombre de signatures ont été recueillies dans la
communauté universitaire de York et de Toronto pour demander la
tenue d'une enquête pour élucider cette tragédie.
À la réunion même, les participants ont
écrit des messages d'appui aux familles des victimes que les
orateurs
apporteront avec eux.
Pour de plus amples informations contacter
sewoltoronto@gmail.com, ou visiter le site web suivant pour signer la
pétition : www.sewoltruth.com.
France: la loi antiterroriste fait sa
première victime
Mise en coupe réglée d'Internet
- Nicolas Bourgoin -
Le front des libertés publiques est l'un des
rares domaines où le gouvernement ne chôme pas. L'encre du
dernier décret concernant les sites faisant l'apologie du
terrorisme est à peine sèche qu'une première
victime est déjà tombée : le site
islamic-news, réputé pro-djihad. Et celui-ci ne devrait
être que le premier d'une (très) longue liste
car au moins une cinquantaine de plateformes sont d'ores et
déjà dans le collimateur du gouvernement. Prenant acte
d'une individualisation des parcours terroristes, la loi du 13 novembre
2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte
contre le terrorisme est dirigée contre les
« loups solitaires » se radicalisant sur
Internet. Mais gares aux victimes collatérales... La tentation
est évidemment grande de s'en servir aussi contre des sites
contestataires non liés à la mouvance islamique mais
prônant l'activisme militant ou le soutien aux mouvements de
libération nationale. En réalité, tout est dans la
manière de définir le
« terrorisme », notion
éminemment élastique
Un
premier site bloqué pour
« apologie du terrorisme »
À l'occasion des débats parlementaires de
l'automne dernier, le projet de loi antiterroriste porté par
Bernard Cazeneuve a été dénoncé comme
inadapté à la menace qu'il prétendait
éradiquer et fortement liberticide. Renforçant la
surveillance sur Internet, il permet, par son article 4, le blocage
administratif des sites faisant l'apologie du terrorisme
ou incitant à commettre des actes terroristes.
L'apologie du terrorisme, comme l'apologie des crimes de
guerre, était jusque-là réprimée par la loi
sur la presse de 1881 qui encadre la liberté d'expression en
France. Le texte a sorti de ce périmètre
législatif relativement protecteur les délits de
« provocation aux actes de terrorisme » et
d'« apologie du terrorisme »,
pour les intégrer dans un article spécifique du code
pénal, considérant qu'il ne s'agit pas
« d'abus de la liberté d'expression (...) mais de
faits qui sont directement à l'origine d'actes
terroristes », afin de les réprimer plus
sévèrement tout en donnant davantage de pouvoirs aux
enquêteurs travaillant sur ces dossiers, notamment pour
infiltrer des réseaux et avoir recours à des
écoutes et des sonorisations. Le texte permet aussi la
possibilité d'un blocage administratif, sans requérir
l'aval d'un juge, de sites faisant l'apologie du terrorisme. La
procédure est expéditive : si l'éditeur et
l'hébergeur d'un site ne répondent pas aux demandes de
retrait de la police judiciaire, les
fournisseurs d'accès à Internet (FAI) sont alors saisis
pour bloquer l'accès sans délai. Une mesure qui s'inspire
des dispositions prévues pour les sites
pédopornographiques et qui, à défaut d'être
efficace, constitue une entrave de plus à la liberté
d'expression. Ce dispositif de blocage qui échappe à
toute procédure contradictoire est en effet
totalement opaque en plus d'être arbitraire : le
ministère de l'Intérieur rend inaccessible les contenus
incriminés et n'a pas à motiver pas sa décision.
Ainsi, pas un début de preuve de la dangerosité du site
islamic-news n'a été apportée. Et, cerise sur le
gâteau, en redirigeant les internautes vers une page d'accueil
sous son contrôle, le
ministère de l'Intérieur se donne les moyens de
connaître les adresses IP des visiteurs de ces sites...
Plutôt inquiétant quand on sait par ailleurs que le
gouvernement envisage d'étendre le blocage administratif aux
sites faisant la promotion de propos racistes ou antisémites,
voire antisionistes, infractions qui seraient également sorties
de la loi de la
presse de 1881 afin de faciliter et durcir les sanctions à leur
encontre.
Plus grave, le blocage concerne une infraction dont les
contours sont toujours aussi flous : la définition du
terrorisme donnée par l'Union Européenne est en effet
assez large pour permettre la répression d'actions syndicales ou
politiques non violentes (grève illégale, blocage de
systèmes informatiques, occupation de routes, de bâtiments
publics ou privés pour manifester) :
« association structurée, de plus de deux personnes,
établie dans le temps et agissant de façon
concertée en vue de commettre des infractions terroristes (...)
visant à menacer un ou plusieurs pays, leurs institutions ou
leur population avec l'intention d'intimider ces derniers et de
modifier ou détruire
les structures politiques, sociales et économiques de ces
pays ». Le soutien à un mouvement social radical ou
à une lutte comme celle du mouvement palestinien pourrait
très bien tomber à terme sous le coup de l'inculpation
d'apologie du terrorisme. Le CRIF considère d'ores et
déjà qu'une exposition photographique sur le Hamas fait
l'apologie du terrorisme et a demandé son interdiction.
Le contrôle d'Internet est une constante
préoccupation des gouvernements qui se succèdent depuis
dix ans car cet espace de liberté est aussi souvent un espace de
contestation. Mais jamais on n'était allé aussi loin dans
les mesures liberticides. Le prétexte de l'antiterrorisme
justifie une surveillance sans précédent d'Internet et un
renforcement du
pouvoir exécutif en installant une justice administrative
expéditive. Cette reprise en main est bien utile au gouvernement
pour faire diversion et resserrer les rangs dans un moment de crise
économique, sociale et politique sans précédent.
39e anniversaire de la Journée de
la Terre en Palestine
Vive le peuple palestinien et sa résistance
inébranlable! Non à la terreur d'État sioniste!
Le 30 mars est le 39e anniversaire de la Journée
de la Terre. Le 30 mars 1976, six Palestiniens habitant des villages
arabes à l'intérieur de la Ligne verte ont
été tués par des soldats israéliens alors
qu'ils protestaient contre l'ordre qui avait été
donné de confisquer 5550 âcres de terre de la
Galilée. C'est depuis ce moment que la Journée de la
Terre est commémorée par les Palestiniens vivant en
Israël de même qu'en Cisjordanie, à Gaza et à
Jérusalem et par les peuples épris de justice dans le
monde.
La commémoration cette année se tient
alors que l'occupant sioniste en Israël accroît sa pression
pour isoler les Palestiniens politiquement et les affamer
économiquement. Cela est fait non seulement comme
châtiment collectif pour leur résistance résolue,
mais pour les empêcher de forcer Israël à rendre des
comptes sur la scène internationale,
notamment devant la Cour pénale internationale, pour ses crimes
de guerre et ses autres violations du droit international. La
possibilité que cela pourrait se produire bientôt semble
pousser les forces d'occupation sionistes à intensifier leur
violence et leur agression.
Les crimes brutaux que les sionistes ont commis à
Gaza en juillet et en août 2014 ont laissé une empreinte
profonde dans la conscience des peuples du monde qui veulent que les
sionistes rendent compte de leurs crimes passés et actuels.
Pendant ce temps, sous la protection des impérialistes
américains et de leurs alliés dont le gouvernement
extrémiste pro-sioniste de Stephen Harper, les sionistes ne
reculent devant rien pour tenter de justifier leurs crimes et
échapper à leur châtiment.
La Journée de la Terre prend une importance
encore plus grande cette année alors que les sionistes
intensifient leur vol de terres en étendant leurs colonies de
peuplement dans les territoires occupés.
Ces actes d'agression contre une population civile
vivant sous occupation et la discrimination raciste contre les Arabes
israéliens exercée par le gouvernement sioniste
d'Israël sont des actes de provocation et de génocide qui
visent à faire disparaître un peuple entier et à le
priver de son droit inaliénable de retourner aux terres dont il
a été si
brutalement dépossédé. Cela ne doit pas
passer !
À l'occasion de la Journée de la Terre
2015, Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à
tous
les Canadiens à intensifier leurs activités en appui
à la juste lutte du peuple palestinien pour son droit
d'être et son droit de retourner dans sa patrie.
Vive la Palestine ! Vive la
résistance palestinienne !
Ne touchez pas à
Gaza ! Mettez fin à l'occupation !
Le gouvernement Netanyahu s'enfonce
toujours plus dans
la criminalité
Manifestation contre
Netanyahu à Tel Aviv le 7 mars 2015
Les élections législatives en Israël
ont eu lieu le 17 mars. Le premier ministre Benjamin Netanyahu et le
Parti Likoud ont fini en tête. Pendant la campagne
électorale, Netanyahu a attaqué cyniquement le peuple
palestinien et ses droits sur une base raciste et mené une
campagne de peur et de guerre contre l'Iran.
On lit dans un rapport de Democracy Now ! :
« Netanyahu a terminé sa campagne en s'engageant
à s'opposer à un État palestinien, trahissant son
engagement symbolique de 2009 pour une solution à deux
États. Netanyahu a aussi promis d'étendre les colonies de
peuplement illégales en Cisjordanie et a lancé un appel
de
dernière minute à ses supporters contre la
possibilité d'un taux de participation élevé des
électeurs arabes. »
Même l'organisation sioniste israélienne
Peace Now a fait remarquer en 2013 que le gouvernement Netanyahu,
depuis son arrivée au pouvoir en 2009, « [a
démontré], par ses politiques et ses actions en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qu'il entendait utiliser
les colonies de peuplement pour saboter et rendre impossible une
solution réaliste
et viable à deux États au conflit
israélo-palestinien.
« Ces politiques et ces actions
comprennent :
« — la construction, les appels d'offres et
l'approbation de projets de construction de même que la
planification de nouvelle construction dans des colonies situées
profondément en territoire cisjordanien, à l'est de la
route approuvée de la frontière avec Israël ;
- un nombre record d'appels d'offres, l'approbation de
projets de construction et la planification de construction à
venir dans les colonies de peuple à Jérusalem-Est ;
- la construction, les appels d'offres, l'approbation de
projets de construction et la planification de construction dans les
colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est
dont l'expansion est particulièrement problématique sinon
dévastatrice pour un éventuel accord de paix ;
- l'adoption d'une politique formelle de
'légalisation' de la construction illégale dans les
colonies de peuplement, ce qui va ajouter de nouvelles constructions et
de nouveaux avant-postes illégaux et mener à
l'établissement, pour la première fois depuis des
décennies, de nouvelles colonies de peuplement ;
- un traitement préférentiel pour les
colons et les colonies, incluant le financement de projets sont le but
est de créer de l'appui parmi les Israéliens au maintien
des colonies de peuplement, dont celles qui sont situées
profondément en territoire cisjordanien, en tant que territoire
permanent d'Israël. »
La dernière ronde de pourparlers de paix a
été levée en avril 2014 parce que les sionistes
persistaient à construire encore plus de colonies même
pendant les pourparlers et qu'ils ont fait d'autres gestes de
négociation de mauvaise foi et d'intransigeance.
Cette situation démontre clairement qu'avec la
réélection de Netanyahu comme premier ministre, les
Palestiniens n'ont pas devant eux un partenaire qui veut
réellement négocier et qu'ils ne peuvent compter que sur
leur résistance et leurs initiatives de même que sur
l'appui des peuples pour obtenir justice.
March 7, 2015
demonstration in Tel Aviv.
La Palestine se joint à la Cour pénale
internationale
L'Autorité palestinienne a soumis sa demande pour
joindre la Cour pénale internationale (CPI) le 2 janvier. Le 7
janvier, le secrétaire général des Nations unies a
confirmé que les Palestiniens vont devenir formellement membres
de la CPI le 1er avril. Le registraire de la cour a dit que la
juridiction va remonter au 13 juin 2014, soit avant
l'assaut brutal d'Israël contre Gaza, l'opération Bordure
protectrice, qui a tué plus de 2200 personnes, en
majorité des civils.
On lit dans un rapport du 17 mars de Mintpress que
« la
Palestine
entend
déposer sa première
plainte contre Israël à la Cour pénale
internationale (CPI) dans les prochaines semaines pour crimes de
guerre ».
« Mohammad
Shtayyeh, le ministre du Conseil
économique palestinien pour le développement et la
reconstruction, a confié à l'AFP qu un des premiers
gestes importants sera 'le dépôt d'une plainte contre
Israël le 1er avril au sujet de la guerre contre Gaza (2014) et
les activités de peuplement'.
« La Palestine, un État observateur
aux Nations unies, va officiellement se joindre à la CPI le 1er
avril, après avoir adhéré au Statut de Rome, la
charte de fondation de la CPI, le 2 janvier. La Cour a maintenant
juridiction sur la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et sur
Gaza.
« La Palestine a déposé une
requête à la CPI le 1er avril, soit la veille de son
adhésion au Statut de Rome, lui demandant de faire enquête
sur de possibles crimes de guerre sur son territoire.
« La cour depuis ce moment a ouvert un examen
préliminaire de la situation, lequel, a-t-elle dit, va permettre
une analyse 'entièrement indépendante et impartiale'.
« [Le mois dernier], Israël a
répliqué à l'annonce de la cour en demandant aux
122 États membres de la CPI d'arrêter de financer la cour.
« La CPI 'ne représente personne.
C'est un organe politique', a dit le ministre israélien des
Affaires étrangères Avigdor Lieberman. Il a
ajouté : 'Nous avons demandé à nos amis au
Canada, en Australie et en Allemagne de lui couper les fonds. '
« La France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne
et l'Italie ont dit à Reuters qu'ils vont ignorer l'appel
d'Israël. »
Chantage économique sioniste
Depuis janvier, Israël retient plus de 100
millions $ en taxes qu'il collecte chaque mois au nom de
l'Autorité palestinienne, ce qui dévaste
l'économie. C'est du chantage économique pour que
l'Autorité palestinienne se retire de la Cour pénale
internationale (CPI).
Le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires
(OCHA) expliquait la situation dans son bulletin de janvier 2015 :
« La crise économique de longue date
à Gaza a été davantage exacerbée en janvier
par la décision d'Israël de geler le transfert des revenus
de taxes qu'il perçoit au nom de l'Autorité palestinienne
(AP), en représailles pour l'accession palestinienne à la
Cour pénale internationale. Avec pour résultat, quelque
70 000 fonctionnaires sur liste
de paye de l'AP recevaient seulement une proportion de leurs salaires
de décembre 2014, alors que le sort des salaires pour janvier
2015 n'est pas clair. Cela exacerbe le problème actuel de 40 000
autres fonctionnaires et personnels de sécurité
recrutés par les autorités du Hamas qui n'ont pas
reçu de salaire depuis avril 2014, à l'exception d'un
paiement humanitaire en septembre 2014.
« La crise des salaires
continue,
aggravée par l'un des taux de chômage les plus
élevés dans le monde (près de 45 %), a
davantage compromis la sécurité alimentaire de la
population et a eu un impact direct négatif sur la fourniture
des services de base, incluant la santé, l'eau et
l'assainissement, ainsi que les réponses
d'urgence.
« La frustration de la population de Gaza est
accentuée par la lenteur des déboursements des fonds
promis par les États membres lors de la conférence
d'octobre 2014 au Caire pour la reconstruction de Gaza, un facteur qui
handicape sévèrement la possibilité pour les
acteurs humanitaires et de développement de faire face à
l'énorme
charge de travail pour le redressement et la reconstruction. Les
quelque 100 000 personnes toujours déplacées suite aux
hostilités de juillet-août sont particulièrement
affectées. Le 27 janvier, l'UNRWA [Office de secours et de
travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche-Orient] suspendait son programme d'assistance
financière pour les familles réfugiées et le
programme de l'UNDP [Programme des Nations unies pour le
développement] pour la population non réfugiée
à Gaza est compromis de manière similaire en raison de
graves insuffisances en matière de financement.
« Dans son dernier rapport au Conseil de
sécurité, le sous-secrétaire général
aux Affaires politiques a prévenu que la situation à Gaza
devient 'de plus en plus inquiétante' et qu'une 'combinaison de
l'échec de rectifier les problèmes persistants de
gouvernance et de sécurité ainsi que la lenteur de la
reconstruction a créé un environnement
de plus en plus toxique.'
« Pour s'adresser aux besoins humains les
plus critiques des 1,6 millions de Palestiniens vulnérables,
l'équipe de pays humanitaires, en partenariat avec le
gouvernement de Palestine, lançait son plan de réponse
stratégique pour 2015 le 12 février. Le plan demande 705
millions $US pour financer les interventions humanitaires dans
les territoires palestiniens occupés, dont 75 % des projets
dans la Bande de Gaza.
« Même si elles sont entièrement
financées et mis en uvre, ces seules interventions ne peuvent
arrêter la détérioration continue à Gaza, ou
prévenir un nouveau cycle de violence. Cela demanderait plus de
mesures significatives, incluant la levée du blocus
israélien ; la consolidation du gouvernement de consensus
national et la
résolution de la crise des salaires ; le
déboursement des fonds promis pour la reconstruction de
Gaza ; le renforcement du cessez le feu et la réouverture
du point de passage de Rafah avec l'Égypte. »
Les États-Unis ont aussi menacé de couper
440 millions $US en aide envoyée à l'Autorité
palestinienne si sa demande d'adhésion à la Cour
pénale internationale n'est pas retirée.
Intensification du vol des terres palestiniennes
Protestation contre la
colonisation à Abou Dis, Palestine, le 6 mars 2015
Le 12 février, le Dr Riyad Mansour, ambassadeur
et observateur permanent de l'État de la Palestine auprès
de l'Organisation des Nations unies a envoyé une lettre au
secrétaire général, au président de
l'Assemblée générale et au président du
Conseil de sécurité des Nations unies, dans laquelle il
détaille l'intensification des actions de la
puissance occupante sioniste visant à priver les Palestiniens de
leurs terres. Voici des extraits de la lettre :
« Je regrette de vous informer que les
conditions dans l'État de la Palestine occupée, y compris
Jérusalem-est, s'aggravent puisqu'Israël, la puissance
occupante, continue ses pratiques illégales et provocatrices, en
particulier dans le cadre de ses activités de colonisation et de
punition collective du peuple palestinien.
« En violation grave de la IVe Convention de
Genève, notamment les articles 49 et 33, Israël persiste
dans sa colonisation de la terre palestinienne, la confiscation et la
destruction des biens palestiniens et des déplacements
forcés de civils palestiniens. La puissance occupante persiste
avec des punitions collectives et des représailles
brutales contre l'ensemble de la population civile palestinienne dans
la bande de Gaza, avant tout grâce à son blocus inhumain.
L'effet cumulatif est l'accroissement de la souffrance, de la
frustration et du désespoir humain qui menace de
déstabiliser complètement la situation.
« Malgré les tensions et les risques
croissants, Israël commet systématiquement ces crimes qui
sont pour elle une politique. Elle le fait au mépris de
l'opinion mondiale et au mépris flagrant du droit international,
y compris des Statuts de Rome de la Cour pénale internationale,
à laquelle l'État de Palestine adhère et dont il
deviendra
bientôt un État membre. Incontestablement, le manque de
responsabilité a favorisé cette impunité
israélienne et 'il est grand temps pour la communauté
internationale d'y faire face comme une question de
responsabilité juridique, politique et morale, en sachant
parfaitement que ces actes illégaux ont et continuent d'entraver
la réalisation d'un
règlement pacifique du conflit.
« Durant la
période récente, le
gouvernement israélien est allé de l'avant avec sa
décision d'accroître plusieurs colonies en Cisjordanie
grâce à diverses mesures trompeuses et illégales.
Cela comprend l'émission de directives militaires pour la
confiscation de milliers de dunums de terres palestiniennes en les
déclarant comme des soi-disant
' terres d'État ' et déclarant d'autres régions
comme des soi-disant ' zones militaires fermées '. Durant
près d'un demi-siècle de cette occupation militaire
belligérante, toutes ces mesures ont servi un ordre du jour
israélien : pour déplacer par la force les
populations palestiniennes, coloniser et de facto annexer massivement
des régions de
terres palestiniennes, en grave violation du droit international et en
contradiction avec la solution de deux États selon les
frontières d'avant 1967.
« [... L]e 9 février, Israël a
émis une directive militaire déclarant de vastes
étendues de terres s'étendant de Jérusalem-est
occupée à Bethléem, d'Al-Khalil à la mer
Morte comme ' zones militaires fermées '. Ici, il est pertinent
de noter que le gouvernement palestinien avait déjà fait
connaître ses intentions de créer une réserve
naturelle et
de construire un aéroport dans cette région de la
Palestine. En outre, il convient de noter qu'environ 18 % de la
Cisjordanie a été désignée par Israël
comme une ' zone militaire fermée pour l'entraînement',
touchant au moins 38 communautés palestiniennes et des milliers
de civils palestiniens.
« En même
temps, Israël persiste
sans relâche avec ses activités de colonisation dans
Jérusalem-est occupée, ciblant agressivement la ville
avec sa campagne illégale. Dans la période récente
cela a impliqué la mise en place de plans pour la construction
de milliers d'unités sous le couvert du ' tourisme ' et de ' la
construction de chambres
d'hôtel ' dans plusieurs quartiers nettement palestiniens de la
ville, y compris dans Jabal Al-Mukabber, Sheikh Jarrah, Beit Safafa et
Wadi Al-Joz.
« Tous ces plans visent clairement à
enchâsser le contrôle illégitime d'Israël sur
la région avec la création de ' faits sur le terrain '
liant davantage les colonies illégales et isolant encore plus
Jérusalem-est occupée. Il s'agit de tentatives en cours
par la puissance occupante de mettre en oeuvre ce que l'on
dénomme le soi-disant plan ' E1',
y compris diverses manigances et tentatives
répétées pour déplacer par la force des
milliers de familles bédouines palestiniennes dans cette
région. Nous attirons une fois de plus l'attention de la
communauté internationale, soulignant les menaces de telles
actions israéliennes envers la contiguïté de
l'État de la Palestine, y compris Jérusalem-est. À
cet égard, les civils palestiniens protestant contre ces actions
continuent d'être agressés par les forces d'occupation
israéliennes qui ont détruit, pour la cinquième
fois cette semaine, le village de protestation de 'Bawabat Al-Qods '
(Jérusalem Gateway), près d'Abu Dis, démolissant
avec des bulldozers et confisquant des biens, y compris les effets
personnels des manifestants.
« En outre, dans le cadre de sa campagne
éhontée de colonisation illégale, Israël, la
puissance occupante, continue de démolir les maisons et les
propriétés palestiniennes en violation directe des
interdictions claires du droit international humanitaire. À cet
égard, nous devons attirer l'attention sur la directive
récente émise par le premier
ministre israélien pour la démolition de 400 structures
palestiniennes dans la soi-disant « zone C » de
la Cisjordanie, dont la majorité ont été
construits avec le soutien financier de l'Union européenne pour
des écoles et des maisons et pour le développement
économique de cette région. En outre, le 27 janvier, un
tribunal israélien a
ordonné la confiscation de centaines de dunums de terres
palestiniennes dans le village de Beit Ula, au nord-ouest d'Al-Khalil.
De plus, les forces d'occupation israéliennes ont affiché
des avis de confiscation d'un autre 2 000 dunums de terres
privées palestiniennes dans le village de Shuyukh, au nord-est
d'Al-Khalil.
« Ces actions israéliennes
délibérées, illégales et
systématiques compromettent sérieusement la
présence palestinienne et la viabilité des
communautés palestiniennes dans cette région. Durant le
mois de janvier 2015, les démolitions israéliennes dans
la ' Zone C ' ont entraîné la destruction de 86
structures, y compris des maisons, des
conduits d'eau, des citernes et des réservoirs, des
véhicules et clôtures agricoles ainsi que le
déplacement de 117 personnes, y compris des enfants. Une telle
destruction arbitraire et sans motif, qui est clairement
destinée à causer de la misère et rendre la vie
insupportable pour la population civile palestinienne, constitue une
violation de la IVe
Convention de Genève et viole de nombreux droits humains, y
compris le droit à la propriété, à un
logement convenable, à la subsistance, à
l'éducation et au développement.
« Bien sûr, la puissance occupante
continue également avec célérité ses
démolitions dans Jérusalem-est occupée. Le 9
février, les forces d'occupation israéliennes ont
démoli une maison palestinienne, à nouveau dans le
quartier de Silwan, qui a été particulièrement
visée par cette destruction. La démolition a forcé
les 14 membres de la
famille d'Ahmad Mahmoud Al-Abbasi à se retrouver sans domicile
et la famille s'est même vu empêchée de retirer ses
biens de la maison avant qu'elle ne soit démolie.
« À cet égard, [le Bureau des
Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA)] a
démontré que, durant l'année 2014, au moins 590
structures appartenant à des Palestiniens dans la ' zone C ' et
à Jérusalem-est occupée ont été
détruits par Israël. Ceci a entraîné le
déplacement forcé de 1 177 Palestiniens, le plus grand
nombre depuis que l'OCHA a commencé à surveiller le
déplacement de la population civile sous occupation
israélienne en 2008.
« Malheureusement, alors que la
communauté internationale a depuis longtemps reconnu
l'illégalité de l'ensemble de ces actions
israéliennes, les a maintes fois condamnées et a
appelé à leur cessation, l'échec de promulguer des
conséquences pour les violations israéliennes et le
mépris qui s'ensuit ont conduit à une situation
d'impunité
totale qui rend de plus en plus improbable la réalisation de la
solution de deux États, malgré le ferme engagement
palestinien et mondial envers cette solution. »
La Commission indépendante d'enquête de
l'ONU sur le conflit à Gaza en 2014 poursuit son travail
La Commission indépendante d'enquête de
l'ONU sur le conflit à Gaza en 2014 poursuit son travail, en
dépit des tentatives des sionistes pour la saborder.
Le 9 mars, les commissaires ont émis un
communiqué de presse dans lequel ils disent avoir remis une
lettre au président du Conseil des droits de l'homme demandant
un report jusqu'à juin 2015 pour la remise de leur raport.
« Le rapport devait être présenté au
Conseil le 23 mars 2015, écrivent-ils. Les commissaires
désirent avoir plus de
temps afin d'évaluer l'information qu'ils ont recueillie, la
plus grande partie ayant été reçue ces
dernières semaines. Ils apprécient les
préoccupations de toutes les victimes et témoins qui ont
témoigné à la Commission et veulent les rassurer
qu'ils ont l'intention de rendre justice à leurs
témoignages. Ce sont des questions complexes ;
évaluer
les faits et considérer les questions légales en cause
est quelque chose qui ne doit jamais être
brusqué. »
Le 3 février, le
professeur William Schabas a
démissionné comme président de la Commission, pour
s'assurer que l'accusation de parti-pris que l'occupation sioniste a
émise contre lui ne sera pas utilisée pour faire
dérailler la Commission. Le président du Conseil des
droits de l'homme, l'Ambassadeur Joachim Ruecker (Allemagne), a
nommé
plus tard le même jour la membre de la Commission Mary McGowan
Davis pour remplacer le professeur Schabas à la
présidence de la Commission.
Al-Haq, une organisation palestinienne
indépendante non gouvernementale basée à Ramallah,
en Cisjordanie, a publié le document 'Diviser pour
conquérir : une analyse légale de l'offensive
d'Israël en 2014 dans la bande de Gaza'. Al-Haq écrit :
« Entre le 8
juillet et le 26 août
2014, Israël a mené une offensive massive contre la bande
de Gaza occupée, sous le nom de code 'Bordure protectrice'.
Selon la documentation compilée conjointement par les
organisations des droits humains palestiniens Al-Haq, Al Mezan,
Aldameer et le Centre palestinien pour les droits humains, un
total de 2215 Palestiniens, dont 1639 civils, ont été
tués durant l'offensive. De ces victimes, 556 étaient des
enfants. En termes d'objectifs civils, les organisations rapportent que
des dommages ont été causés à 32 028
résidences palestiniennes. On estime que 43 503 familles
Palestiniennes, comprenant 125 079 enfants, ont été
affectées par la
destruction et les dommages aux résidences.
« La publication d'Al-Haq 'Diviser pour
conquérir' [...] traite de certains aspects de la conduite des
hostilités par Israël et place l'offensive dans le contexte
plus large de l'occupation et d'un blocus continu illégal. En
particulier, la publication discute des attaques d'Israël contres
des hôpitaux, des ambulances, des journalistes et bâtiments
de médias. Il conteste la politique et les pratiques
d'Israël au sujet des cibles légitimes, la directive
Hannibal, la notion de boucliers humains volontaires et les
avertissements avant les bombardements qui ont mené à des
déplacements forcés de masse. La publication expose le
comportement 'moral' auto-proclamé d'Israël en
démontrant qu'Israël ne
s'est pas conformé au droit humanitaire international.
Plutôt, il est évident qu'Israël a intentionnellement
donné une fausse interprétation des normes du droit
international pendant les combats. »
Pour lire le rapport, cliquez ici
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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