Le régime de retraite de l'Alberta et le droit à la sécurité à la retraite

Le déni de responsabilité sociale de l'élite dirigeante

– K.C. Adams –

Les pensions versées aux personnes âgées lorsqu'elles prennent leur retraite ou pour des raisons d'incapacité sont des éléments importants du contrat entre la classe ouvrière et ceux qui possèdent et contrôlent l'économie socialisée. Des pensions pour tous de standard canadien sont à la fois nécessaires et possibles dans le cadre de l'accord entre les travailleurs et ceux qui achètent leur capacité de travail. Les pensions pour tous de standard canadien moderne sont possibles grâce à l'énorme capacité de production de la classe ouvrière dans l'économie socialisée actuelle. La classe ouvrière reconnaît ce droit et, par la lutte de classe, elle oblige ceux qui ont pris le contrôle de l'économie socialisée à prévoir un moyen de subsistance à la retraite pour tous au niveau le plus élevé que permet le développement des forces productives.

L'élite dirigeante prétend que les besoins de chacun à la fin de la vie active sont une affaire individuelle et non collective. Chaque travailleur est censé épargner pour sa retraite tout en travaillant, même s'il n'a aucun droit de regard ou de contrôle sur l'orientation de l'économie socialisée et sur la sécurité de son emploi, de son salaire actuel et de son fonds de pension. La négation de la nature collective de l'économie moderne occulte la réalité : à la retraite, les travailleurs ne produisent plus et doivent compter sur la capacité de production de la classe ouvrière active pour subvenir à leurs besoins. En réalité, les prochaines générations de travailleurs produisent plus qu'il n'en faut pour subvenir aux besoins des membres de leur collectivité qui sont déjà à la retraite ou incapables de travailler pour quelque raison que ce soit. L'élite dirigeante interfère avec cet arrangement en expropriant une grande partie de la nouvelle valeur produite par les travailleurs pour satisfaire son objectif de profit privé.

La fraude des régimes de retraite impérialistes

La classe ouvrière de tout le pays est très préoccupée par le fait que les élites dirigeantes ont transformé l'épargne-retraite en un stratagème pour payer les riches. Des fonds de pension individuels et collectifs ont été créés qui sont devenus une source de valeur sociale que les riches utilisent pour étendre leur propriété et leur contrôle de l'économie. Les fonds de pension impérialistes taxent la classe ouvrière en prélevant des paiements sur les salaires individuels que les travailleurs reçoivent en vendant leur capacité de travail.

Les régimes de retraite impérialistes, tels que les régimes enregistrés d'épargne-retraite au Canada et les régimes 401(k) aux États-Unis, ainsi que les fonds de pension collectifs des entreprises et des gouvernements, volent les salaires individuels des travailleurs pour payer ce qui devrait leur appartenir de droit en tant que programme social de retraite garanti par la capacité de production de l'économie socialisée et l'énorme quantité de travail que les travailleurs produisent dans le présent. Le vol des salaires individuels des travailleurs pour constituer des fonds de pension a mené à la création de certaines des plus grandes sources de valeur sociale au monde. Les riches utilisent ces fonds pour accroître leur pouvoir et leur contrôle monopoliste de l'économie, ainsi que pour diviser la classe ouvrière et l'empêcher de changer les rapports de production privés pour qu'ils correspondent à la base socialisée de l'économie.

La Banque du Canada écrit : « Le secteur des caisses de retraite représente quelque 15 % du total des actifs du système financier canadien, ou 1,5 billion de dollars. Environ les deux tiers de l'actif des régimes de pension sont gérés par les huit principales caisses de retraite publiques du Canada : l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario (RREO), la British Columbia Investment Management Corporation (BCI), l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP), l'Alberta Investment Management Corporation (AIMCo), le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario (OMERS) et le Healthcare of Ontario Pension Plan (HOOPP). Ces organismes, dont l'actif net attribuable aux placements atteint de 64 à 265 milliards de dollars, comptent parmi les plus grandes caisses de retraite au monde. Les huit figurent sur la liste des 100 principales caisses de retraite, et trois d'entre elles se classent parmi les 20 plus importantes. Les membres du Groupe des huit gèrent les fonds de divers régimes de retraite à prestations déterminées : le Régime de pensions du Canada, le Régime des rentes du Québec ainsi que les régimes des employés de la fonction publique du gouvernement fédéral et de quatre gouvernements provinciaux. »

Taxer les travailleurs pour qu'ils épargnent en vue de leur retraite permet aux propriétaires et aux dirigeants de nier leur responsabilité sociale à l'égard de la retraite des travailleurs, en faisant de celle-ci une responsabilité de la classe ouvrière qui, en réalité, n'a pas son mot à dire ni de contrôle sur l'économie. L'élite dirigeante utilise ces fonds imposés pour ses intérêts privés étroits et divise la classe ouvrière en fonction du niveau de sécurité que les fonds de pension particuliers peuvent offrir à la retraite. De cette façon, l'élite dirigeante se soustrait à sa responsabilité sociale de créer un mécanisme efficace par le biais de l'État pour collecter des fonds dans le présent à partir de l'économie socialisée afin de garantir un niveau de vie de standard canadien à tous les retraités sans exception et de détourner la classe ouvrière de la nécessité d'une révolution sociale.

La classe ouvrière se reproduit elle-même par son travail socialisé. La valeur sociale reproduite que la classe ouvrière produit au sein de l'économie est plus que suffisante pour répondre à tous les besoins individuels et sociaux de la population tels que l'éducation, la santé et le logement pour toutes et tous et la retraite selon des normes déterminées par la classe ouvrière, y compris pour ceux qui sont devenus malades ou accidentés ou qui, pour quelque raison que ce soit, n'ont pas bien réussi au travail.

La nouvelle valeur, lorsqu'elle est collectée et distribuée d'une manière socialement responsable, augmente le temps disponible pour tous et les possibilités d'élever le niveau de vie au pays et à l'étranger à des niveaux acceptables et d'éliminer les crises dans l'économie. Une telle transformation améliore la société en général et constitue une avancée cruciale dans la création des conditions objectives pour humaniser l'environnement social et naturel, pour rendre les rapports de production plus conformes à la base économique socialisée et pour harmoniser les rapports des individus entre eux et avec leurs collectifs et les intérêts généraux de la société.


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Volume 53 Numéro 12 - Décembre 2023

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