La violation des droits humains et les atrocités commises contre le peuple bonairien

– James Finies –

Les Bonairiens mènent une lutte ardue pour protéger leur culture et leur héritage et pour défendre leurs droits humains contre l'assaut d'une politique d'immigration hollandaise qui vise à faire de nous une minorité, voire même à nous effacer, dans notre propre pays. Dans la poursuite de leur objectif de détruire tous les aspects de notre souveraineté, les Hollandais ont commis des actes extrêmes qui ont eu un grave impact sur l'autonomie bonairienne.

Les droits dont les Pays-Bas privent le peuple bonairien

D'abord, ils ont :

- placé les frontières sous le contrôle des maréchaussées hollandaises;

- désarmé toute force de sécurité, même les forces volontaires, et mené des campagnes de porte-à-porte pour désarmer les gens – leur enlevant même les fusils à plombs;

- agrandi le poste de police dominé par des étrangers et construit la plus grande prison au monde relativement à la population.

Dépopulation et colonisateurs – colonisation :

Immigration ouverte – la population étrangère a doublé de 2010 à 2022. Elle est passée de 11 000 à 22 000, et un européen hollandais n'a qu'à avoir une adresse depuis 90 jours pour voter dans les élections au Bonaire. En 2017, le nombre de natifs de l'île était inférieur à 40 % de la population et en 2030 ils seront moins que deux-tiers de la population et pourraient disparaître dans quelques décennies.

Des lois draconiennes :

- Loi I : Le gouvernement hollandais a imposé l'euthanasie aux personnes âgées – les médecins ont le droit de refuser des interventions médicales aux personnes de plus de 70 ans [le taux de mortalité a par conséquent explosé de près de 60 %].

- Loi II : Les organes humains des citoyens sont la propriété de l'État hollandais et du système médical hollandais en Colombie; COOMEVA est sous enquête criminelle pour le trafic illégal d'organes humains de jeunes personnes qui sont décédées dans leurs établissements en raison de problèmes de santé mineurs.

- La stérilisation systématique de nos jeunes femmes – les naissances naturelles ont baissé de près de 50 %.

- La diaspora – les enfants de personnes natives de l'île nés dans des îles avoisinantes en raison de problèmes médicaux ne peuvent retourner à Bonaire.

- Enlever les enfants de leur mère en raison des conditions de vies déplorables et les donner à des familles d'adoption hollandaises, offrant d'importantes sommes d'argent aux familles hollandaises et abandonnant les mères de l'île dans la pauvreté.

Impôts et terre :

- Les impôts ont été augmentés pour correspondre aux normes hollandaises-européennes – avec des impôts aussi élevés qu'en Hollande – et des revenus inférieurs de plus de la moitié à ceux de la Hollande – de sorte que plus de 60 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

- L'impôt foncier – qui a été augmenté de 800 à 1000 % – fait en sorte que même les établissements sportifs, récréatifs et d'exploration appartenant à des ONG sont imposés excessivement et pris en charge.

- La vente de 10 % de l'île à un Hollandais privé.

- L'accès aux plages nié aux natifs de l'île ou réglementé.

Pauvreté et système financier :

- Notre monnaie a été changé du florin des Antilles néerlandaises au dollar américain; par conséquent, le coût de la vie en produits et aliments a augmenté et les salaires et les revenus ont baissé. Le prix du pain a augmenté de 270 %.

- Les politiques d'open market et de liberté tarifaire dans notre marché restreint ont mené à la création de cartels et à l'explosion des prix.

- Le système financier a été pris en charge par les marchés financiers de l'autorité hollandaise – les natifs de l'île ne peuvent plus prêter de l'argent, rendant inaccessibles tout système de transfert d'argent tel que Western Union, etc. – tout système de paiement par carte de crédit, tout système coopératif, toute coopérative de crédit, qui ont contribué à bâtir notre île – éliminant le financement de logements sociaux et de maisons construites indépendamment.

- Les services publics tels que l'eau et l'électricité ont été pris en charge par le marché de consommation de l'autorité hollandaise variaient, pour un couple ou une famille, entre 100 et 200 dollars. Le mois dernier, en septembre 2022, le même ménage payait 1000 dollars – les frais de débranchement et de re-branchement sont très élevés.

- Plus de 60 % de la population vit maintenant sous le seuil de la pauvreté, selon le KITLV [Institut royal des Pays-Bas de l'Asie du Sud et des études caribéennes], Dutch Human Rights, Ombudsman, Greenpeace, Child Rights, etc.

Éducation et culture :

- Tous les niveaux d'éducation ont été changés selon les normes hollandaises, transformant notre éducation en langue native papiamento à une éducation en langue étrangère – en violation des droits humains des enfants de Bonaire à une éducation dans leur langue maternelle. Nos enfants natifs de l'île ont un niveau d'éducation inférieur aux autres et il y a ségrégation de nos jeunes.

- Rétrogradation et congédiement d'enseignants locaux pour les remplacer par des enseignants parlant hollandais.

- Offrir des incitatifs aux enseignants hollandais pour qu'ils émigrent – incitatifs fiscaux/primes doubles aux ménages, etc.

- Formation professionnelle et école de la deuxième chance – évoquer une méconnaissance du hollandais pour rétrograder les étudiants.

- Rendre Bonaire attractif pour les stagiaires hollandais en leur offrant des postes de direction ou de gestionnaires.

- Événements culturels – l'existence même du carnaval de Rincon et de la régate est menacée.

- Notre mode de vie tel que la chasse et la pêche est rigoureusement limité et réglementé, empêchant l'accès des habitants aux ressources naturelles d'alimentation.

- Contrôle des frontières maritimes – des garde-côtes armés jusqu'aux dents; des pêcheurs et des événements culturels tels les régates arrêtés et fouillés en haute mer et harcelés comme s'ils étaient des terroristes ou des criminels.

Secteur institutionnel et des affaires :

- Des dirigeants d'institutions gouvernementales ont été rétrogradés et remplacés par des européens hollandais.

- Des entrepreneurs locaux ont été imposés rétroactivement et réglementés jusqu'à ce qu'ils ferment leurs portes et les Hollandais ont pris le contrôle des entreprises locales.

- Le marché local du tourisme – réglementé et contrôlé par les Hollandais.

- Aujourd'hui, même les jardiniers, les peintres, etc., sont hollandais.

Ce que la Hollande a gagné avec cette annexion illégale

Avec l'annexion de Bonaire, le gouvernement de la Hollande a gagné ce qui suit :

- Le plein pouvoir politique et législatif et le contrôle de l'île.

- Deux cents miles nautiques d'une Zone économique exclusive dans la mer des Caraïbes.

- Le plein contrôle de l'aéroport local qui a été développé pour répondre aux normes militaires. Et puisque Bonaire est seulement à 50 miles du Venezuela, avec qui les États-Unis et l'Occident sont en conflit perpétuel, l'Occident pourrait utiliser Bonaire comme base de l'OTAN pour pacifier le Venezuela et la région. L'avenir de l'Amérique latine est menacé par la présence d'une base de l'OTAN sur les rives de l'Amérique latine.

La charte de l'ONU et le droit international violés par les Hollandais

La lutte des peuples colonisés et réduits à l'esclavage pour leur indépendance et l'égalité (agitation continuelle pour la liberté) a pris de l'ampleur après les ravages de la première et de la deuxième guerres mondiales. Le sacrifice de 80 millions de vies humaines a engendré une nouvelle conscience : aucun peuple, aucun gouvernement, qu'il soit petit ou grand, ne devrait être enchaîné par un autre pays puisque tous les pays devraient être libres et égaux. C'était là l'unique engagement envers l'humanité sur lequel furent fondées les Nations unies, dont le principal objectif était de défendre la paix et la sécurité internationales conformément au principe des droits humains égaux et de l'autodétermination de tous les peuples.

Le statut de Bonaire n'est pas conforme aux normes d'autonomie et représente une décolonisation non achevée fondée sur un déséquilibre politique fondamental entre le territoire et la métropole. Ces arrangements contemporains de dépendance où règne l'inégalité politique ne respectent pas les normes de gouvernance démocratique et représentent tout simplement une décolonisation non achevée, puisque le statut de dépendance de Bonaire devait être une étape préparatoire vers la pleine décolonisation avec une pleine autonomie et une égalité politique absolue.

Le peuple de Bonaire a un droit humain sacré inaliénable à l'autodétermination tel que garanti par de nombreuses instances internationales, que les Pays-Bas transgressent ouvertement :

- Les métropoles qui maintiennent des territoires et des arrangements territoriaux dans les Caraïbes doivent assumer leurs responsabilités internationales en vertu de la Charte des Nations unies pour que les territoires qu'ils administrent puissent accéder à leur pleine autonomie.

La société civile de Bonaire, en tant qu'Organisation non gouvernementale (ONG), a demandé au projet d'études sur les pays dépendants de mener une enquête sur l'état de la démocratie et de l'autonomie à Bonaire. Ce sera la première fois de l'histoire qu'un tel projet sera entrepris par une ONG de la société civile, alors que de tels projets sont généralement entrepris par les gouvernements. En raison des coûts élevés d'une telle enquête, nous avons dû recueillir des fonds au moyen de barbecues, des collectes de dons, de loteries et de boîtes de donations pendant plus de trois ans. Un simple Bonairien, préférant conserver l'anonymat, a vendu un bout de terrain pour aider au financement de l'enquête.

Évaluation de la capacité d'autonomie conformément aux normes internationales : le pays Bonaire

L'évaluation conclut :

« Le droit inaliénable à l'autodétermination n'a pas conduit à un processus de transformation de la décolonisation et de la démocratie, mais a été remplacé par un processus déformé qui a abouti à la cruelle mystification de la réforme coloniale, les Néerlandais perpétuant l'inégalité que le processus était censé remplacer. Il convient de noter que la gouvernance de la dépendance n'est pas une gouvernance démocratique, tout comme le colonialisme n'est pas une démocratie. L'entité publique rebaptisée 'organisme public territorial' est l'un des nombreux modèles mondiaux de gouvernance de la dépendance projetés à tort au XXIe siècle comme des formes de démocratie et appliqués d'une manière qui contourne le droit inaliénable à une véritable autodétermination en vertu du droit international. C'est ainsi que le scénario a évolué pour Bonaire. »

La conclusion est que toute prétention que Bonaire soit un modèle de gouvernance démocratique est illusoire et ne répond à aucun des critères de gouvernance démocratique. Cependant, quoique le colonialisme demeurera toujours une forme d'oppression illégale, son illégalité et sa nature oppressive est souvent une question de pouvoir, et non de justice. C'est là le défi fondamental du processus contemporain d'autodétermination et la décolonisation éventuelle de juridictions iliennes comme celle de Bonaire.

Un rapport reconnu par l'ONU

En inscrivant Bonaire sur une liste de territoires non autonomes, le gouvernement hollandais serait dans l'obligation, conformément aux articles, résolutions et traités de la Charte de l'ONU, de faire ce qui suit : les Hollandais devraient faire rapport annuellement à l'Assemblée générale sur le progrès social, économique et politique de l'île, tel que stipulé par l'article 73 de la Charte des Nations unies. En outre, sa réinscription sur la liste permet aux organisations supranationales de l'ONU d'évaluer et d'intervenir, d'aider et d'appuyer l'île lorsque requis, et de superviser toutes activités et actions menant à la décolonisation et à l'autonomie.

Une fois ces mesures appliquées, Bonaire sera en mesure de réclamer son droit inhérent à l'autodétermination et de faire partie de la communauté des nations en tant qu'État souverain, puisque la dimension d'un pays ne devrait jamais l'empêcher de vivre librement.

James Finies est le président de Nos Kier Boneiru Bek et vice-président de l'Organisation des droits humains de Bonaire. Bonairien natif de l'île, il a mené une campagne s'étendant sur plusieurs décennies pour faire connaître la situation coloniale à Bonaire et la violation des droits humains et du droit à l'autodétermination du peuple de Bonaire.

(20 décembre 2022. Traduit de l'anglais par LML)


Cet article est paru dans
Logo
Volume 53 Numéro 12 - Décembre 2023

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LM531216.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca