Une organisatrice communautaire parle des problèmes auxquels sont confrontés les demandeurs d'asile

Lors d'une entrevue radiophonique le 24 janvier, Eva Gracia-Turgeon, coordonnatrice de Foyer du Monde, a expliqué que la communauté est de plus en plus appelée à répondre aux besoins des demandeurs d'asile, en particulier pour ce qui est de l'accès aux services. Foyer du Monde fait partie d'une coalition d'organisations communautaires qui luttent à la défense des demandeuses et des demandeurs d'asile. Elle ajoute que le logement est un des besoins les plus criants.

Eva Gracia-Turgeon a expliqué qu'au Québec au lieu d'avoir un système où tout le monde est sous la responsabilité du Programme régional d'accueil et d'intégration des demandeurs d'asile (PRAIDA), le PRAIDA s'occupe seulement d'une personne sur quatre, soit 25 % des demandeurs d'asile. Les autres, dit-elle, sont hébergés dans des hôtels gérés par le fédéral, où le seul service fourni est de l'aide pour remplir les formulaires de demande d'asile. Comme ils ne bénéficient d'aucun autre service, ils cherchent de l'aide dans les quartiers limitrophes. Les organisations communautaires ainsi sollicitées ne reçoivent aucun financement supplémentaire du gouvernement.

Ceux qui ont la chance de relever de la compétence de PRAIDA sont pris en charge pour deux semaines, après quoi personne ne sait ce qui leur arrive, a affirmé l'organisatrice communautaire.

Le Québec et le gouvernement fédéral sont ensemble responsables de l'immigration en vertu de l'Accord Canada-Québec relatif à l'immigration. Eva Gracia-Turgeon explique qu'il existe une zone grise dans laquelle se trouvent les demandeurs d'asile et tous ceux qui ont un statut temporaire, y compris les travailleurs temporaires, et que les personnes sans statut ne sont pas inclus dans l'accord.

« Le Québec veut de l'argent pour gérer le territoire et, en ce sens, le gouvernement fédéral négocie pour déterminer les sommes à accorder. (...) Ce sont les familles sur le terrain qui écopent cette impasse politique », a-t-elle dit.

Au sujet de la demande de la coalition voulant que la décision du Conseil des ministres au Québec en 1996 de restreindre l'accès aux services publics pour les demandeurs d'asile soit abrogée, Eva Gracia-Turgeon explique que « ce que nous voulons, c'est que les demandeurs d'asile soient traités comme des immigrants. (...) En raison de cette décision, tous les services financés par le ministère de l'Immigration ne sont pas accessibles aux demandeurs d'asile. Je parle ici des services qui font partie du Programme d'accompagnement et de soutien à l'intégration (PASI), qui sont accessibles à tous les résidents permanents au Québec ».

Eva Gracia-Turgeon a expliqué que la coalition demande aussi un accès aux services de garde subventionnés. « Nous avons des gens qui veulent travailler à tout prix, mais ont de la difficulté à obtenir leur permis de travail. Toutefois, il s'agit là d'une autre procédure réglementée par le fédéral, avec tous les délais associés. Ils sont ici et ils ne demandent qu'à travailler mais, malheureusement, parce qu'ils n'ont pas accès à des services d'employabilité, ils doivent plus souvent qu'autrement faire affaire avec des agences. Et nous connaissons bien tous les problèmes liés à ces agences en ce moment. Nous avons beaucoup entendu parler d'elles. Ce n'est pas un endroit où, en tant qu'employé ou travailleur, vous êtes protégé. »


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Volume 53 Numéro 2 - Février 2023

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