13 juillet 2017
Le gouvernement modifie le
Règlement de l'aviation canadien
Le gouvernement canadien se soustrait
à sa responsabilité sociale envers
la sécurité aérienne
- Pierre Chénier -
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Rassemblement du 1er Mai 2017 à l'aéroport Pearson
à la défense des droits des
travailleurs des aéroports
Le gouvernement modifie le
Règlement de l'aviation canadien
• Le gouvernement canadien se soustrait
à sa responsabilité sociale envers la
sécurité aérienne - Pierre Chénier
• Les pilotes critiquent
sévèrement la nouvelle réglementation
de Transports Canada
4e anniversaire de la
tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic
• Les résidents de Lac-Mégantic
revendiquent la
sécurité ferroviaire
Opposition aux
établissements de santé en partenariat
public-privé
à Terre-Neuve-et-Labrador
• «Un gouvernement est censé
procurer des services publics qui sont adéquats, forts et
sains» - Entrevue avec Wayne Lucas, président du
SCFP-
Terre-Neuve et Labrador
Le gouvernement modifie le
Règlement de l'aviation canadien
Le gouvernement canadien se soustrait à sa
responsabilité sociale envers la sécurité
aérienne
- Pierre Chénier* -
Le 30 juin dernier, le ministre
fédéral des Transports, Marc Garneau, a proposé
des modifications au Règlement de l'aviation canadien.
Les modifications concernent notamment les heures de travail et les
périodes de repos des membres d'équipage de conduite des
transporteurs
aériens faisant affaire au Canada. Selon le
ministre des Transports, la nouvelle réglementation vise
à améliorer la
sécurité des passagers et des équipages de
conduite. Un examen même
bref de la réglementation proposée montre
cependant qu'elle ne répond
pas aux demandes répétées des pilotes pour des
mesures nécessaires et
urgentes visant à réduire la fatigue des pilotes.
Le règlement proposé poursuit la voie
discréditée de
l'auto-réglementation des transporteurs aériens en
matière de sécurité
des pilotes et des passagers. Nulle part la sécurité
aérienne y
est-elle considérée comme une question de principe qui
prime sur les
objectifs des transporteurs aériens privés et restreint
ce qu'ils
peuvent faire sous peine de
ne pas être autorisés à opérer. Au
contraire, les transporteurs aériens
considèrent la sécurité aérienne comme
étant subordonnée à leurs plans
d'affaires comme c'est le cas également des
sociétés ferroviaires.
D'ailleurs, le document qui accompagne la nouvelle
réglementation
répète à satiété que le gouvernement
ne doit pas imposer de mesures
prescriptives aux transporteurs aériens sinon cela va nuire
à leur
performance en tant qu'entreprises commerciales.
Le ministre des Transports a fait publier les
modifications proposées dans la Partie I de la Gazette du
Canada
le 1er juillet 2017. Le communiqué du ministère
mentionne que « les
Canadiens et les membres de l'industrie sont invités à
faire part de
leurs commentaires sur les règles proposées
jusqu'au 29
septembre 2017 ».
Chose frappante, la réglementation
proposée par le ministre
introduit le concept « aptes à
travailler » qui s'applique uniquement aux travailleurs. Nulle
part
ne trouve-t-on dans la réglementation le concept «
aptes à opérer
une entreprise de transport aérien » . Le
communiqué mentionne que les
modifications proposées comprennent « de nouvelles
règles
qui interdiront aux membres d'équipage de conduite d'exercer
leurs
fonctions s'ils sont inaptes à travailler. Plusieurs facteurs
peuvent
avoir une incidence, notamment la consommation d'alcool ou de drogues,
les maladies mentales et physiques, et la fatigue. »
Il semble que le gouvernement fédéral
soit plus intéressé à prendre
des mesures disciplinaires contre les travailleurs qu'à prendre
des
mesures qui réduisent la fatigue des pilotes et amenuise la
possibilité
qu'un pilote contracte une maladie physique ou mentale.
Heures de travail et réduction de la fatigue
Selon le ministre des Transports, les consultations
avec les
pilotes et d'autres intervenants au sujet des heures de travail et de
leur relation avec le phénomène de la fatigue chez les
pilotes durent
depuis 7 ans. Il faut savoir que les plus récents
règlements sur ces
questions datent de 1996 et qu'ils ne reconnaissent même
pas le
problème de la sensibilité à la période de
la journée, c'est -à-dire à
l'effet de fatigue différent selon que le vol est de jour ou de
nuit.
Les modifications proposées par le ministre aux
heures de
travail tiennent maintenant compte de la sensibilité aux
périodes de
travail, mais elles ne respectent pas les demandes
présentées par les
pilotes pendant toutes ces années sur la base d'études
scientifiques
qui ont été faites. Les scientifiques qui ont
étudié la question
comprennent ceux
qui travaillent pour la NASA et même pour Transports Canada. Des
études
se sont aussi penchées sur ce qui se fait ailleurs dans le monde
et sur
les témoignages des pilotes.
La revendication essentielle des pilotes est que pour
tout service
de vol débutant après 17 heures, la période
maximum de service de vol
soit de10 heures et la période maximum de temps de vol soit
de 8,5
heures. Le service de vol inclut les tâches avant le
décollage et le
temps de vol jusqu'à ce que les moteurs ou les hélices
s'arrêtent. Le temps de vol débute avec le mouvement de
l'aéronef en
vue du décollage et se termine lorsque celui-ci s'immobilise
à la fin
du vol.
Les modifications proposées ne changent pas la
réglementation
actuelle en ce sens qu'elles ne précisent pas de limite en ce
qui
concerne le temps de vol maximum dans une journée. Ce qu'elles
font,
c'est qu'elles réduisent le temps de vol pour une année
entière, soit
de 1200 heures à 1000 heures par année civile,
et offrent
une forme de plage horaire d'entre 9 heures et 13 heures de
temps de
vol qui va varier selon l'heure du début du quart de travail du
pilote.
Cela n'a rien à voir avec la demande des pilotes
qui revendiquent
des règles précises qui régissent le temps de vol
maximum pendant le
jour et la nuit et cela pour tous les pilotes, qu'ils pilotent de
petits avions ou travaillent pour de plus gros transporteurs
aériens.
Le gouvernement propose des « règles de réduction
de la fatigue » qui sont contrôlées par les
compagnies et s'oppose
aux demandes
spécifiques qui sont mises de l'avant par ceux qui vivent cette
fatigue
et en ont fourni des preuves documentées !
Bien que Transports Canada utilise le langage habituel
des libéraux
de Justin Trudeau à l'effet qu'ils ont tenu des consultations
avec les
syndicats et d'autres intervenants, le communiqué indique que
les syndicats
critiquent les recommandations et leur demande d'être
ouverts au
compromis.
Systèmes de gestion des risques de fatigue (SGRF)
Comme c'est le cas dans le secteur ferroviaire, le
règlement
proposé va incorporer les nouvelles mesures dans des
Systèmes de
gestion des risques de fatigue qui vont donner le pouvoir aux
transporteurs aériens de s'exempter des règles
proposées (qui sont déjà
inacceptables aux travailleurs) en développant leur propre
système de
gestion de la
fatigue.
Le règlement proposé offrira aux
transporteurs aériens la
possibilité de dévier des mesures prescriptives (à
l'exception de la
période maximale annuelle de temps de vol et du temps maximal
annuel
de service) « s'ils peuvent démontrer, par l'entremise
d'un dossier de
sécurité, qu'ils sont en mesure d'assurer le même
niveau de sécurité
que les
mesures prescriptives instaurées dans le cadre de cette
modification ».
On lit ceci ailleurs dans le document : «
À titre d'exemple, un
exploitant aérien pourrait avoir la permission de prolonger le
temps de
service de vol prescrit s'il respecte les exigences des systèmes
de
gestion des risques de fatigue et s'il montre que ni la vigilance ni la
fatigue ne seront touchées. »
Ou encore : « La proposition vise à
modifier les limites
prescriptives (à l'exception des exploitants privés et
des exploitants
de services de travail aérien) et à instaurer une option
de SGRF
permettant la dérogation aux exigences prescriptives pour tous
les
services de transport aérien au Canada. »
La grève des travailleurs ferroviaires au Canadien Pacifique en
2015 portait notamment sur la demande de périodes de repos
adéquates pour prévenir la fatigue.
|
Comme il le fait dans l'industrie ferroviaire, le
ministère des
Transports oppose une approche « holistique de la gestion des
risques »
à une approche prescriptive imposée par loi et
réglements.
Les pilotes demandent des mesures de
sécurité immédiates. Ils en
ont eux-mêmes défini la mesure essentielle, soit une
mesure
prescriptive s'appliquant à tous les pilotes sur le temps de vol
et le
service de vol en soirée et pendant la nuit, afin de transformer
leur
situation difficile. Le gouvernement fédéral, toujours
enclin à utiliser
des phrases qui
masquent la réalité, a inventé un monde holistique
de fantaisie dans
lequel le transporteur aérien peut « cerner les dangers,
évaluer les
risques, élaborer des stratégies d'atténuation,
offrir des programmes
de formation et d'éducation, présenter des
systèmes de surveillance de
la fatigue, et adopter des processus d'amélioration continue
pour tenir
compte des circonstances changeantes, ainsi que pour formuler de la
rétroaction ».
Il semblerait selon Transports Canada que les pilotes
n'ont jamais
identifié les risques pendant toutes ces années, et ne
connaissent rien
de ces problèmes et de leurs solutions, qui commencent pourtant
par des
mesures spécifiques et appliquées en pratique sur le
temps de vol des
pilotes.
Quel sera le rôle de Transports Canada dans tout
cela ? Le même
rôle qu'il joue déjà, mais plus poussé
encore, soit de donner le
pouvoir aux transporteurs aériens privés de se
réglementer eux-mêmes
d'une manière qui sert leurs intérêts privés
étroits. Le ministère va
estampiller leurs rapports sur la sécurité, s'il se donne
la peine de
les
lire ou de les faire lire à son personnel non scientifique du
département des ressources humaines. Le document de la Gazette
du
Canada
est on ne peut plus clair à ce sujet :
« Il n'y aura
aucun coût
administratif pour le gouvernement du Canada, car Transports Canada ne
prévoit pas approuver les SGRF. Le Ministère demandera
plutôt aux
exploitants aériens de l'aviser au moyen d'un AI et d'une lettre
de
confirmation qu'ils utiliseront un SGRF pour gérer leurs
périodes de
service de vol. Les exploitants aériens devront présenter
seulement sur
demande les documents décrivant leur système, leur
dossier de sécurité
appuyant la ou les dérogations proposées ainsi que les
données
recueillies au cours d'une année pour appuyer leurs horaires de
vol
suggérés. Les inspecteurs régionaux de Transports
Canada aideront à
administrer le processus dans le cadre de leurs activités
quotidiennes,
lequel sera simplement ajouté à l'horaire des inspections
sans frais
additionnels pour le gouvernement. »
Et ceci :
« Les coûts administratifs
réglementaires associés aux activités
susmentionnées seront négligeables. Le processus
d'évaluation devrait
faire partie des responsabilités des ressources existantes. Les
résultats d'une évaluation préliminaire ont
également permis de
conclure que l'embauche d'employés supplémentaires ne
sera pas
nécessaire. Par
conséquent, il n'y aura aucune administration
réglementaire
supplémentaire dans l'ensemble. »
C'est ainsi que les
inspecteurs de Transports Canada sont
transformés de défenseurs de la sécurité
des travailleurs et des
passagers et d'intervenants de première ligne ayant le pouvoir
de faire
cesser l'opération si elle n'est pas sécuritaire en
lecteurs de rapports de compagnies. On remarque à quel point il
semble facile au
gouvernement
fédéral de
juste ajouter aux responsabilités des inspecteurs avec toutes
ces
lectures sans avoir à modifier les ressources existantes et bien
sûr
sans augmenter les coûts afin de mettre en oeuvre la
réglementation de
sécurité. Les ressources déjà insuffisantes
du ministère des Transports
vont être utilisées pour tenter de donner
crédibilité au concept
régressif selon
lequel
les oligopoles du transport sont ceux qui savent ce qui est bon pour la
sécurité et qu'ils doivent incorporer la
sécurité dans leurs « coûts
d'opération » afin de demeurer concurrentiels sur le
marché mondial du
transport aérien.
La sécurité des travailleurs et des
passagers n'est pas considérée
comme un principe qui donne lieu à des mesures restrictives par
l'État
à la capacité des oligopoles privés de faire comme
bon leur semble pour
satisfaire leur objectif de profit privé étroit au
détriment du
bien-être de tous,. Les mesures de sécurité sont
transformées en des
énoncés
de politique creux qui n'ont pas de dents sauf contre les travailleurs
et blâment les travailleurs lorsque des désastres se
produisent.
Le Centre
ouvrier du PCC(M-L) appuie entièrement la
lutte des pilotes à la défense de leur
sécurité et celle des passagers et des
communautés. Il fait entendre sa voix en appui à la lutte
de tous les travailleurs du transport
contre
le démantèlement de leurs conditions de travail, la
privatisation des
systèmes de transport et l'affaiblissement des
restrictions par l'État aux activités des monopoles, des
restrictions qui pourraient servir le bien commun.
* Pierre
Chénier est le secrétaire du Centre ouvrier du PCC(M-L).
Les pilotes critiquent sévèrement la
nouvelle réglementation de Transports Canada
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Dans le cadre de leur campagne Ciel plus sûr, qui
exhorte le
ministre des Transports Marc Garneau à instaurer des
règles plus
rigoureuses sur la sécurité du transport aérien,
les organisations de
pilotes critiquent sévèrement les nouveaux
règlements que Transports
Canada a annoncés le 30 juin.
Dans leur communiqué du 4 juillet, les
syndicats des pilotes
rappellent que les changements annoncés par Transports Canada
sont bien
en-dessous de ce que les scientifiques proposent en ce qui concerne la
réduction de la fatigue, notamment les scientifiques qui
travaillent
pour la NASA et pour Transport Canada lui-même. La
recommandation de ces scientifiques, disent-ils, est de limiter
à 10
heures la période de service de nuit des pilotes, ce qui revient
à 8,5
heures de temps de vol. Le service de vol commence au moment où
le
pilote se présente au travail ou accomplit une tâche pour
le
transporteur aérien avant de se présenter au travail et
il se termine au
moment où les moteurs ou les hélices s'arrêtent
à la fin d'un vol. Les
pilotes demandent que cette limite soit mise en oeuvre par Transports
Canada pour toute période de vol qui commence
après 17 heures.
Le
règlement annoncé ne prend même pas en compte les
demandes des pilotes sur la réglementation du temps et du
service de vol
de nuit. Le communiqué des syndicats mentionne qu'en fait,
« la
nouvelle durée maximale permise pour les long-courriers de nuit
représente jusqu'à 25 % de plus que les heures
préconisées par l'Ames
Research Center de la NASA pour les pilotes ».
Les pilotes critiquent ce qu'ils appellent la division
des pilotes
et des passagers du fait que les pilotes des petits transporteurs
devront attendre 48 mois
pour
être protégés même par les maigres mesures
qui ont été proposées par
Transports Canada alors que le délai de mise en oeuvre pour les
pilotes
des plus grands transporteurs est de 12 mois.
Les pilotes dénoncent aussi le fait que les
règles annoncées
reposent sur un système de gestion des risques liés
à la fatigue (SGRF)
qui ne s'appuie pas sur des limites prescriptives basées sur la
science
ni même sur une vérification indépendante et sur
l'approbation et la
supervision de Transports Canada. Les transporteurs pourront s'exempter
des règles selon leur propre plan d'affaires et leurs propres
considérations, des règles que les pilotes
considèrent déjà
inacceptables. Selon les syndicats de pilotes , « cela va
permettre aux
exploitants de faire passer les considérations commerciales
avant le
souci de la sécurité, donc créer une faible marge
de sécurité
parfaitement inacceptable pour les
passagers aériens du Canada et les localités et quartiers
à proximité
des aéroports ».
Pétition sur la réduction de la fatigue
En avril 2017, les syndicats représentant
les pilotes canadiens ont
commencé à faire circuler une pétition demandant
l'adoption par
Transports Canada de mesures précises en vue de réduire
la fatigue qui
règne parmi eux. La pétition est adressée
au ministre des
Transports et peut-être remplie en ligne au site ici :
Elle se lit comme suit :
Pétition au Ministre des Transports
« Attendu que :
« Les pilotes commerciaux du Canada jouent un
rôle essentiel dans la sécurité des passagers, des
équipages et du public ;
« Des recherches scientifiques ont établi
que la fatigue nuit aux
capacités cognitives et au rendement de tous, notamment des
pilotes ;
« D'autres pays, comme les États Unis, ont
mis à jour leurs règles
en matière de fatigue des pilotes afin de gérer le risque
de fatigue ;
« Les règles actuelles au Canada en
matière de fatigue des pilotes sont en retard de 20
ans ;
« Les mises à jour proposées par le
gouvernement aux règles en
matière de fatigue des pilotes au Canada ne sont alignées
ni sur les
données scientifiques en la matière,
particulièrement en ce qui
concerne les vols long courriers de nuit, ni sur les limites
établies
dans d'autres pays ;
« Les règles proposées en
matière de fatigue permettraient aux
exploitants aériens de passer outre les limites établies
en présentant
un système de gestion des risques liés à la
fatigue inadapté qui ne
tient pas compte de la surveillance réglementaire, de la
rétroaction
des pilotes et des dispositions de mise en application.
« Nous, soussignés, résidents du
Canada,,demandons au Ministre des
Transports de protéger la sécurité des passagers,
des équipages et du
public en modifiant les règlements sur la gestion de la fatigue
de
l'équipage pour :
« 1. Accorder aux pilotes et aux passagers
de toutes les tailles
d'aéronefs, qu'ils transportent des passagers ou des
marchandises, les
mêmes limites de protection en matière de fatigue et les
faire entrer
en vigueur en même temps ;
« 2. Trouver des solutions aux risques de
fatigue établis résultant
des vols long-courriers de nuit - exposés dans les recherches de
la
NASA - en limitant les périodes de service débutant
après 17 h à 10
heures (8,5 heures de temps de vol) ; et
« 3. S'assurer que les systèmes de
gestion des risques liés à la
fatigue se fondent sur des limites prescriptives scientifiques, ce qui
nécessite des données vérifiables
indépendantes et un processus
rigoureux d'approbation et de surveillance de Transports
Canada. »
La campagne Ciel plus sûr est soutenue
par les plus gros groupes de pilotes du Canada : l'Association des
pilotes d'Air Canada ; l'Air Line Pilots Association
International ;
Unifor ; Teamsters Canada ; l'Association internationale des
machinistes et des travailleurs de
l'aérospatiale et l'Union internationale des employés
professionnels et
de bureau. Pour en savoir plus sur la campagne, visiter le www.CielPlusSur.ca.
4e anniversaire de la tragédie
ferroviaire de Lac-Mégantic
Les résidents de Lac-Mégantic
revendiquent
la sécurité ferroviaire
Jeudi le 6 juillet était le
quatrième anniversaire
de la tragédie
ferroviaire de Lac-Mégantic. La tragédie a causé
la mort
de 47 personnes,
détruit le centre-ville et contaminé les sols et la
rivière Chaudière. En cette triste occasion, la Coalition
de citoyens et d'organismes engagés pour la
sécurité
ferroviaire a tenu une conférence de presse près de la
voie ferrée où a
eu
lieu le déraillement. La Coalition a demandé que les
gouvernements fédéral et québécois prennent
des mesures immédiates de sécurité
ferroviaire commençant par la construction d'une voie de
contournement
pour que les
matières dangereuses, surtout le pétrole brut, ne passent
plus par
le
centre-ville. La Coalition a déclaré avec fermeté
que la sécurité
ferroviaire
doit être au centre de tout le développement
économique de la ville et de la région avoisinante et que
les
résidents doivent avoir un mot décisif à dire
à leur sujet.
La Coalition a entre
autres dénoncé le fait qu'au lieu de construire la voie
de contournement on ait reconstruit au lendemain de la tragédie
la section de voie ferrée où
le convoi de trains a déraillé avec une courbe de 8
degrés, une courbe encore plus prononcée que la courbe
originale de 4 degrés. La voie ferrée est donc encore
plus
à risque de
déraillement. Les gens de Mégantic n'ont reçu
cette information que
lors
des audiences tenues par le Bureau d'audiences
publiques
sur l'environnement en mai dernier sur
l'acceptabilité
sociale de différentes options ferroviaires suite à la
tragédie.
Cette nouvelle courbe ferroviaire est
utilisée en continu depuis janvier 2014 pour le passage
hebdomadaire
d'une dizaine de convois de la compagnie Central Maine and
Quebec, qui
a acheté les actifs québécois de la Montreal,
Maine & Atlantic
Railway, l'opérateur du convoi de trains ayant
déraillé et explosé lors
de cette nuit tragique et qui a déclaré faillite peu
après. La
compagnie Central Maine and Quebec transporte
régulièrement de
nombreuses citernes dans le centre-ville. Comme c'était le cas
avant la nuit fatidique, les wagons-citernes sont remplis de produits
dangereux comme le
gaz propane,
l'acide sulfurique et l'essence d'automobile avec éthanol. On
s'attend à ce que le transport de pétrole brut y reprenne
en 2018. En l'absence d'une voie de contournement, la Coalition
demande à tout le moins que le
degré de courbure
de la voie ferrée au point de déraillement soit
corrigé
immédiatement et ramené au degré le plus bas
possible.
La Coalition estime aussi qu'un autre facteur de danger
concerne le triage du contenu des wagons de marchandises. Il se fait
présentement sur la voie de service tout en haut de la pente qui
descend en continu vers le centre-ville de Mégantic. Tout
problème
survenu
au moment de la manutention ou dans le raccordement des trains
à la voie principale pourrait entraîner le départ
d'un train à la
dérive sur un terrain en pente aigue. Le fait que la voie
de
service est utilisée pour la manutention signifie
également que les trains
sont
encore stationnés sur la voie principale, plutôt que sur
la voie de service, comme ce fut le cas du
train
rempli de pétrole brut qui est parti à la dérive
et a dévalé la pente dans la nuit du 6 juillet 2013 et a
déraillé et explosé. La Coalition
demande que des
correctifs soient apportés sur ces questions.
Rassemblement du 3e anniversaire de la tragédie ferroviaire de
Lac-Mégantic le 10 juillet 2016
En ce qui concerne la voie de contournement, la
Coalition
dénonce l'inaction des gouvernements qui se cachent
derrière la
nécessité de
faire des études pour ne pas donner d'échéancier
précis à la communauté. La Coalition rapporte que
les
conseils de
ville des municipalités avoisinantes de Nantes et de Frontenac
se sont
entendus
avec la ville de Lac-Mégantic au sujet d'un tracé
modifié qui serait
sécuritaire. Le tracé minimiserait le passage de la
nouvelle voie sur les terres
agricoles et forestières. Les producteurs agricoles et
forestiers qui seraient affectés par la voie de contournement se
sont déclarés prêts à l'appuyer en
échange
de compensations financières. Selon la Coalition, tout ce qui
manque
dans ce
dossier pour que la construction puisse commencer c'est la
volonté politique du gouvernement
fédéral et du
gouvernement du Québec. Le manque du sens d'urgence de la part
des gouvernements impose un stress additionnel aux résidents qui
ont déjà tellement souffert et qui demandent que leur
sécurité soit la considération première en
ce qui a trait au fonctionnement de la ligne ferroviaire.
À l'occasion du 4e anniversaire de la
tragédie, Forum ouvrier exprime
son
entier appui à la population de Lac-Mégantic
et de la région qui
lutte pour se faire entendre. Ses droits, sa sécurité et
son bien-être doivent être au centre des mesures qui sont
prises pour revitaliser la ville et l'économie et assurer un
avenir à ceux qui ont vécu ce désastre.
Opposition aux établissements de
santé en partenariat public-privé
à Terre-Neuve-et-Labrador
«Un gouvernement est censé procurer des
services publics qui sont adéquats, forts et sains»
- Entrevue avec Wayne Lucas,
président du SCFP-Terre-Neuve et Labrador -
Rassemblement organisé par le SCFP contre la privatisation des
soins de
santé à St. John's
le 11 juillet 2017
Forum ouvrier :
Le Syndicat
canadien de la Fonction publique, section Terre-Neuve-et- Labrador a
organisé un rassemblement le 11 juillet à St-John's
pour mobiliser les
résidents contre ce que vous appelez les « PPP, le Cheval
de Troie du
système de santé des libéraux ». Cela
fait
partie d'une campagne que vous avez l'intention de mener dans toute la
province. Quel est l'objectif de cette campagne ?
Wayne Lucas : Tout comme le
Cheval de Troie au
temps de la Guerre de Troie, les établissements en partenariat
public-privé, les PPP, sont présentés par le
gouvernement de
Terre-Neuve-et-Labrador comme un cadeau qui est fait au peuple mais il
faut examiner comme il faut un cadeau du genre. Parfois, les
apparences sont trompeuses. Lors de la Guerre de Troie, après
dix ans
de guerre, les Grecs ont installé un cheval en bois aux abords
de la
ville de Troie. À l'intérieur du cheval se
trouvaient 30 soldats grecs.
Les Grecs ont donné l'impression qu'ils mettaient les voiles et
retournaient dans leur pays. Les résidents de Troie
étaient heureux
d'un
tel cadeau, y voyant la fin de la guerre. Ils ont donc amené le
cheval
à l'intérieur des murailles. Pendant la nuit, pendant que
tout le monde
dormait, les soldats sont sortis du cheval et ont ouvert les portes aux
autres soldats grecs qui attendaient non loin. Ce fut la fin de Troie.
Le gouvernement
prétend que les projets PPP sont un cadeau fait au
peuple mais il a été prouvé hors de tout doute
qu'ils ne bénéficient
qu'à un groupe restreint, c'est-à-dire aux grandes
entreprises et aux
riches de la société, au détriment des gens qui
ont besoin des soins de
longue durée et des hôpitaux et, bien sûr, des
employés. Nous avons
donc une version réduite du Cheval de Troie de 15 pieds que
nous
amenons avec nous dans les communautés pour montrer aux gens que
ce
gouvernement essaie de nous berner. Nous allons nous rendre dans le
plus de communautés possible pour éduquer les
résidents en prenant
l'exemple du Cheval de Troie, qui devait être un cadeau au
peuple de Troie mais qui l'a mené à sa perte, et leur
expliquer que les
PPP mèneront, tout comme l'a fait le Cheval de Troie, à
la faillite de
Terre-Neuve-et-Labrador.
Le gouvernement libéral compte construire deux
nouveaux
établissements de santé en PPP à Corner Brook, un
centre de soins de
longue durée et un nouvel hôpital régional.
À cause des actions que
mènent le SCFP et d'autres syndicats depuis plusieurs
années, le
gouvernement dit maintenant aux gens qu'ils n'ont rien à
craindre,
qu'il
comprend les préoccupations au sujet des PPP, que ces
établissements
seront gérés de façon publique avec des
employés du secteur public. Nous disons
à la population de ne pas se laisser prendre. En guise
d'exemple, on a
dit la même chose à la population de North Bay, et des
années plus tard
il y a eu trois rondes de compressions, des fermetures de lits,
des pertes d'emplois alors que la course aux profits l'a emporté
sur
tout le reste. La raison en est simple : les entrepreneurs doivent
rendre des comptes aux actionnaires, c'est-à-dire, maximiser les
profits pour leurs actionnaires.
À Terre-Neuve, nous faisons partie de la
Confédération depuis près
de 70 ans et notre expérience c'est que les
intérêts du monde des
affaires l'emportent le plus souvent sur les intérêts des
Terre-Neuviens et des Labradoriens ordinaires, des employés et
du
public en général.
Nous dénonçons aussi le fait que le
gouvernement n'éprouve aucune
gêne à dire qu'il refuse de gouverner. Un gouvernement est
censé
procurer des services publics qui sont adéquats, forts et sains.
Les
gouvernements sont élus pour fournir ces services et non pour
servir
leurs maîtres, ceux qui marchent au profit. Ils refusent de tenir
compte
des
preuves que nous avons accumulées, telle que la situation en
Ontario où
l'expérience des PPP s'est avérée
désastreuse.
Si nous poursuivons dans cette direction, d'ici 10
à 15 ans, tout
aura été privatisé. Le gouvernement dit
ouvertement qu'il n'exclut
aucune option lorsqu'il s'agit de privatiser un service public. Ils
prétendent même que la privatisation est la meilleure
façon de
procéder, que cela coûte moins cher. C'est faux. Oui, les
premières
années, suite aux manoeuvres comptables, le processus peut
sembler
moins dispendieux, mais du moment que le vérificateur
général se met de
la partie 5 ou 10 ans plus tard il découvre, comme ce
fut le cas en
Ontario, des dépassements de coûts de l'ordre de milliards
de dollars.
FO : Comment s'est
déroulé le rassemblement à St-John's et
comptez-vous organiser de nouvelles actions cet été ?
WL : Le rassemblement a
été un franc succès. Il y
avait environ soixante personnes. Nous nous sommes d'abord
rassemblés
au Glenbrook Lodge, qui fait partie de la section locale 879 du
SCFP,
et ensuite nous avons marché sur le trottoir jusqu'à ce
que nous
arrivions à une intersection moins achalandée. Nous
avons amené le cheval dans la rue et avons marché
derrière lui. Nous
nous sommes rendus à un très beau parc où le
cheval a servi de tribune
où des orateurs du NPD et des syndicats ont pris la parole pour
dénoncer fermement la mise en oeuvre des PPP de tous genres. Le
moral
était bon, les membres étaient optimistes et les gens
disaient qu'il ne
faut pas lâcher, que nous ne laisserons pas tomber les
générations
futures.
Nous comptons d'abord organiser d'autres actions
à St-John's pour
ensuite nous rendre sur la côte ouest de Terre-Neuve,
certainement à
Corner Brook, aux sites où de nouveaux établissements
doivent être
construits de même que dans d'autres villes.
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