27 avril 2017
28 avril, Journée de
commémoration des personnes décédées
ou blessées au travail
Les travailleurs luttent pour que le
droit
de travailler dans des conditions saines
et sécuritaires soit garanti
8
avril,
Journée
de
commémoration
des
personnes
décédées
ou blessées au travail
• Les travailleurs luttent pour que le droit de
travailler dans des conditions
saines et sécuritaires soit
garanti
• Défendons le droit des travailleurs
à des conditions de travail saines et sécuritaires! -
Normand
Chouinard
• Appuyons fermement les pompiers de Fort
McMurray -
Peggy
Morton
• Les travailleurs parlent à la
défense de leurs droits
• La réalité brutale des
statistiques sur les
décès et les blessures au travail
• Monuments commémoratifs: le Canada
honore leur mémoire
28 avril, Journée de
commémoration des personnes décédées
ou blessées au travail
Les travailleurs luttent pour que le droit
de travailler dans des conditions saines
et sécuritaires soit garanti
Le 28 avril 2017 est la 33e
Journée annuelle de commémoration des
personnes décédées ou blessées au travail.
Encore une fois, les
travailleurs partout au Canada et ailleurs dans le monde vont
participer à des cérémonies et des rencontres et
observer un moment de
silence pour pleurer les morts et lutter pour les
vivants.
Cette année encore, les travailleurs
marquent l'occasion en luttant
pour que le droit de travailler dans des conditions saines et
sécuritaires soit garanti. En plus de mener la lutte sur une
base
quotidienne contre leurs employeurs, ils blâment avec raison les
gouvernements qui persistent à refuser de garantir ce droit. Les
gouvernements doivent
forcer tous ceux qui emploient des travailleurs à assumer leurs
responsabilités. Les employeurs et surtout les grandes
entreprises
continuent aujourd'hui d'attaquer les travailleurs en toute
impunité à
cause du refus des gouvernements de faire respecter la
réglementation
en matière de santé et de sécurité et de
rendre redevables de leurs
actes les
entreprises qui ne respectent pas la réglementation de toutes
sortes de
façons insidieuses. Au lieu de faire leur devoir, les
gouvernements retirent eux-mêmes des règlements qui
protègent la santé et la
sécurité. Ils disent que ces règlements nuisent
aux entreprises, montrant qui ils servent et qu'ils ne défendent
pas les intérêts du peuple. Loin de demander des comptes
aux
entreprises, les
gouvernements mènent eux-mêmes une offensive
idéologique qui
criminalise les travailleurs qui défendent leurs droits et
s'opposent à
la détérioration de leurs conditions de travail.
Les intérêts privés dominants
affirment qu'assurer la santé et la
sécurité des travailleurs représente un coût
de production qui doit
être réduit si leur concurrence internationale avec leurs
rivaux, pour
le profit et la domination sur les marchés mondiaux, doit
être un
succès. Ils réclament que cette question soit
laissée dans leurs mains,
comme une
affaire privée et même secrète parce que
révéler les conditions de
santé et de sécurité les rendrait
vulnérables face a leurs
concurrents ! Les gouvernements se mettent au service de ce diktat
par
des mesures diverses comme « l'auto-réglementation des
industries »
dans des secteurs importants de l'économie notamment le secteur
ferroviaire. Le gouvernement de l'Ontario vient lui-même de
modifier la Loi sur la santé et la sécurité au
travail pour introduire des systèmes
d'auto-réglementation des entreprises.
En même temps, les monopoles déclarent que
leur objectif premier
est la santé et la sécurité. Ils déclarent
que leurs installations sont
les plus sécuritaires qui soient et que les travailleurs y
produisent
sans se blesser. Ils mettent des panneaux partout qui disent «
ici, pas
d'accidents et d'heures de travail perdues ». Les conditions
véritables
et les faits racontent une tout autre chose.
Les travailleurs se font dire que la santé et la
sécurité aux
endroits de travail est une question d'attitude de leur part. C'est
ainsi que les travailleurs sont blâmés pour les accidents
et frappés de
toutes sortes de mesures disciplinaires lorsqu'ils se blessent ou
dénoncent les conditions non sécuritaires. Les
commissions des
accidents du travail
disent elles aussi que les accidents sont dus au mauvais comportement
des travailleurs. Elles contestent de manière
systématique les
réclamations des travailleurs sous toutes sortes de raisons
frauduleuses en prétendant par exemple que les blessures des
travailleurs proviennent d'une condition préexistante dans leur
vie et
non des conditions de
travail
Les travailleurs font face chaque jour à un mur
de silence qu'ils
essaient de briser pour faire en sorte que leurs besoins et leurs
droits soient respectés et que tous les travailleurs sans
exception
soient protégés. Produire
dans des
conditions saines et sécuritaires et recevoir des compensations
adéquates pour leurs
blessures fait partie de l'échange que les travailleurs font
avec les
employeurs de
leur capacité de travailler contre des conditions
définies qui leur
sont acceptables. Ces conditions sont maintenant niées et cela
crée une situation impossible dans les relations de production
aux
endroits de
travail et dans la société.
Chaque jour qui passe place les travailleurs devant la
nécessité de renverser la situation en leur faveur en ce
qui a trait à
leur santé et leur sécurité et à celle du
public lui-même en
intensifiant leur résistance et en revendiquant une nouvelle
direction
de l'économie qui reconnaît et garantit les droits de
tous. À cet
égard, les travailleurs
trouvent les façons de se faire entendre et de briser le silence
sur
leurs conditions de travail. Le mot d'ordre « Notre
sécurité est dans
la lutte pour les droits de tous » les guide dans leur
travail pour
bâtir leur unité d'action et faire en sorte qu'ils ne sont
pas
criminalisés quand ils défendent leur droit de refuser un
travail
dangereux.
Le 28 avril, nous pleurons les morts et luttons
pour les vivants ! Ce numéro de Forum ouvrier est
dédié à tous ceux qui mènent ce combat
aujourd'hui.
Défendons le droit des travailleurs à des
conditions
de travail saines et sécuritaires!
- Normand Chouinard -
À la veille du 28 Avril, Journée de
commémoration des personnes
décédées ou blessées au travail, les
travailleurs réfléchissent à
comment rendre hommage à leurs pairs disparus ou
blessés au travail
ou qui sont morts ou sont devenus malades des suites de leurs
conditions de travail. Des activités se mènent
à travers le pays dans lesquelles vont participer des
milliers de travailleurs qui vont porter le même message, «
un mort est
un mort de trop ». Le problème de comment participer
dans la production sans y laisser sa peau ou se
blesser grièvement est une préoccupation quotidienne pour
l'ensemble de
la
classe ouvrière.
Sur cette importante question également se
mène une bataille entre la conception des oligarques qui veulent
« prendre en
main » les questions relatives à la
« santé-sécurité » de « leurs
employés » et celle des travailleurs partout qui
cherchent des
solutions pour assurer leur pleine et entière
sécurité au travail. Les
travailleurs
savent que les entreprises, ceux qui
les
contrôlent et leurs représentants
politiques bloquent tout travail
d'organisation de la
classe ouvrière visant à prendre en main sa
sécurité. L'obstruction
systématique et consciente des entreprises pour détruire
ce que les
travailleurs eux-mêmes veulent bâtir est un des
problèmes urgents à
résoudre. Le message des oligarques est clair : «
Laissez votre sécurité et votre santé
dans nos mains. Faites-nous confiance.
N'écoutez pas vos organisations qui s'intéressent juste
à votre
argent,. On va payer pour vous et tout ira bien ». Ce
message ne vise
qu'à
paralyser et rendre apathique la classe ouvrière, sa section
organisée
et non organisée. Il vise également à semer le
doute sur nos capacités
de transformer nos endroits de travail de manière à les
rendre plus
sécuritaires.
La méthode des oligarques
est très claire: intensifier l'exploitation de la classe
ouvrière en
augmentant
les heures de travail et la productivité tout en
arrachant des concessions aux ouvriers en utilisant les pouvoirs de
police de l'État. Cette
offensive mène inévitablement à plus de dangers et
d'accidents. Pour détourner l'attention des travailleurs, on
impose des « programmes de santé et sécurité
» sous
forme de campagne
publicitaire sur
l'importance
pour les entreprises que « leurs » travailleurs
adoptent un bon comportement. Les « programmes de
récompenses pour ceux qui n'ont pas
d'accidents » font encore plus de la sécurité
au travail
une question
de comportement et d'attitude. C'est sans parler de la privatisation de
la prévention en matière de santé et
sécurité dans laquelle des firmes privées font la
promotion des produits derniers cris qui
vont
soi-disant assurer notre sécurité. Bref, les travailleurs
se font dire de laisser leur
sort à ces entreprises sous prétexte que personne
n'est plus
intéressé qu'elles à leur sécurité
au travail.
Le 28 avril prochain, c'est ce que les
travailleurs
doivent rejeter. Tout en rendant hommage à leurs pairs, les
travailleurs doivent rendre redevables les autorités politiques
et les
entreprises privées pour qu'elles prennent leurs
responsabilités. Elles doivent cesser leur obstruction et leur
tentative de détruire ce
que
les travailleurs
veulent bâtir. C'est une question de droit fondamental pour la
classe
ouvrière de ne pas laisser son sort dans les mains des riches
pour la
protéger.
La classe ouvrière doit continuer son travail
pour mettre sur pied
les organisations dont elle a besoin pour transformer les endroits de
travail et les rendre sécuritaires à tous les niveaux.
C'est aux
travailleurs à discuter, élaborer et décider de
l'ordre du jour sur
l'ensemble des questions qui concernent leur sécurité au
travail et à
participer
consciemment à transformer la situation en leur faveur. Les
endroits de travail gouvernementaux, publics et privés doivent
faciliter
l'affirmation de ce droit. En mettant le plein
poids de nos organisations derrière la résolution de ce
problème nous
pouvons faire une différence. Sans cela, les travailleurs sont
à la
merci des riches.
Notre sécurité est dans la
lutte pour la défense des droits de tous !
Un mort est un mort de trop !
Appuyons fermement les pompiers de Fort McMurray
- Peggy Morton -
Une étude vient de confirmer que de nombreux
pompiers
qui sont intervenus dans les opérations de
sauvetage à Fort McMurray en mai 2016 souffrent de
problèmes de santé. Près de 3500
pompiers se sont mobilisés
dans la lutte contre l'incendie. Ils sont venus de partout en Alberta
et au Canada et d'aussi loin que l'État de Jalisco au
Mexique. Près de 90 000 personnes ont dû quitter
la ville pendant que
les feux de forêt faisaient rage. La population de Fort McMurray
et les
travailleurs d'urgence ont accompli l'évacuation de la ville
dans des
conditions extrêmement périlleuses.
Les gens sont également affectés par le
stress post-traumatique parce qu'ils ont été
laissés à
eux-mêmes pendant l'incendie et sont laissés à
eux-mêmes pour trouver des solutions aux problèmes
auxquels ils font face à cause de l'incendie. Pendant ce
temps-là, les entreprises qui engagent les travailleurs qui sont
de retour à Fort McMurray pour y vivre et travailler s'en tirent
indemnes. Elles construisent des murs coupe-feu autour de leurs
campements et de leurs chantiers de travail mais on ne leur demande pas
d'en faire de même pour Fort McMurray. C'est inacceptable parce
que si les gouvernements du Canada activaient le facteur humain, les
dommages que cause un incendie aussi dévastateur pourraient
être évités.
La publication de cette étude sur
l'impact de cette lutte contre l'incendie sur la santé des
pompiers coïncide avec le premier anniversaire de ces
événements. La docteure Nicola Cherry, une
épidémiologiste à l'École de santé
publique de l'Université de l'Alberta, et son
équipe ont
rencontré la première
vague de pompiers souffrant d'épuisement du comté de
Strathcona alors
qu'ils revenaient de Fort McMurray en mai dernier afin d'évaluer
l'impact que la fumée et les cendres épaisses ont eu sur
leur système
respiratoire. La docteure a rapporté qu'« une très
grande
proportion » des 355 pompiers examinés montrait
des signes de symptômes
respiratoires comme l'essouflement, la toux, une respiration sifflante
et le serrement de poitrine.
Les chercheurs ont rencontré les pompiers une
nouvelle fois par la suite et conclu qu'un pompier sur cinq souffrait
toujours de problèmes respiratoires causés ou
aggravés par l'incendie.
Un pompier sur six souffrait également de problèmes de
santé mentale.
La docteure Cherry a dit que les pompiers pourraient bien
développer d'autres symptômes avec le temps.
Elle a dit également qu'il est important de
tirer les leçons de
l'incendie afin de prendre des mesures qui vont fournir plus de
protection aux pompiers dans l'avenir. Elle a lancé l'appel
à tous les
pompiers qui ont participé à cette lutte contre
l'incendie de Fort
McMurray à la contacter pour prendre part à la prochaine
phase de
l'étude. Parmi les
changements qui protégeraient la santé des travailleurs,
on compte la
modification de la durée des quarts de travail et du type de
protection
respiratoire qui est utilisée.
Les pompiers urbains sont exposés à un
mélange complexe et vaste de
toxines dégagées par les incendies qui peuvent comprendre
des sous-produits de combustion de matériel organique et
synthétique, des
solvants, des
métaux lourds, des pesticides et des produits chimiques
industriels.
Parmi les substances cancérigènes, on retrouve l'amiante,
le
benzène, le formaldéhyde, la suie, le benzopyrène
et les dioxines.
De nombreux pompiers ont combattu les incendies sans
interruption pendant plusieurs semaines. Selon une étude du BC
Medical
Journal
, les émissions des incendies sur des terres non
cultivées
comprennent le
dioxyde de carbone, de fines particules de matière, le monoxyde
de
carbone, des composés organiques volatiles comme le
formaldéhyde et l'acroléine, le nitrogène et les
oxydes de souffre, de
même que des substances cancérigènes de rang
inférieur comme les
hydrocarbures polycycliques aromatiques.
Les pompiers, leurs syndicats et le mouvement ouvrier
organisé ont
mené une longue bataille pour que soient reconnus les impacts de
leur
travail sur leur santé à long terme et qu'ils aient droit
à une
indemnisation présomptive. Ils souffrent de taux plus
élevés de cancer
dans au moins quatre types de cancer. Une vaste étude
menée par
l'Institut
national des États-Unis en santé et
sécurité du travail a prouvé de
manière certaine que les pompiers sont plus à risque de
cancer à cause
de leur travail. Les pompiers en région forestière sont
cependant
toujours exclus de la législation présomptive qui
reconnaît des risques
plus élevés de cancer et il n'existe pas en ce moment au
Canada de
couverture présomptive pour les maladies respiratoires. Cela
montre à
quel point il est nécessaire d'intensifier les efforts
collectifs pour
défendre la santé et la sécurité des
travailleurs et leur droit à un
moyen de subsistance quand ils se blessent ou deviennent malades au
travail.
Les gens de Fort McMurray, en particulier les pompiers,
les
intervenants d'urgence, les travailleurs des usines de traitement des
eaux, les travailleurs de la santé et tous les travailleurs qui
ont assumé leurs responsabilités avec dévouement
et courage
nous montrent
ce qui existe de plus précieux au sein de la classe
ouvrière et du
peuple canadiens.
Les gouvernements doivent accomplir leur devoir et s'assurer qu'ils
sont traités adéquatement quand ils se blessent au
travail.
Les travailleurs parlent à la défense de
leurs droits
À l'occasion du 28 avril, la Journée
de commémoration des personnes décédées ou
blessées au travail, Forum ouvrier
publie des entrevues de représentants des travailleurs de
l'acier, de la
construction, du rail et de la fonction publique municipale et
fédérale
de même que de représentants des travailleurs
accidentés et des
travailleurs
migrants qui discutent des problèmes de leur secteur et
présentent le travail qu'ils font pour faire respecter
leur droit à la
santé et à la
sécurité. Ils montrent les attaques qui viennent de
toutes parts contre
les droits des travailleurs et les défis que les travailleurs
relèvent
pour changer les choses.
Doug Finnson, président de la Conférence
ferroviaire
de Teamsters Canada
Un problème majeur est l'injustice totale au
sein de la structure
actuelle. La législation fédérale permet aux
compagnies ferroviaires
d'avoir leurs Systèmes de gestion de la sécurité
(SGS) qui sont secrets
et leur permettent de s'auto-réglementer en secret, ce qui fait
que,
dans l'industrie ferroviaire au Canada, les travailleurs se sont pas
traités en
égaux en matière de santé et
sécurité. Ils n'ont pas le même poids à la
table. La structure est dominée par les compagnies ferroviaires,
appuyées par la législation. Les travailleurs du rail ont
des droits
minimaux. Nous ne pouvons même pas connaïtre les
détails du
SGS qui nous gouverne. Nous sommes confrontés à une sorte
de club privé
des entreprises ferroviaires et des bureaucrates qui se terrent au sein
du ministère des Transports.
Ce sont les bureaucrates
terrés dans ces bureaux qui
établissent les règles de concert avec les compagnies
ferroviaires. Les
ministres vont et viennent et il serait naïf de croire que le
système
actuel de SGS secret est la création des ministres
eux-mêmes. La
gouvernance est entre les mains des bureaucrates et des compagnies
ferroviaires, pas
dans les mains des élus. Les bureaucrates se terrent dans leurs
bureaux
et les lobbyistes des compagnies ferroviaires font le va-et-vient sur
la colline du Parlement et ils adorent ça, vraiment. Ce sont eux
qui
rédigent les règles puis le ministre se pointe et dit
« Bien, tout a
l'air beau, c'est parfait » mais qu'est-ce qu'il en
sait ? Avec le
secret qui entoure le SGS, les compagnies ferroviaires peuvent
justifier presque n'importe quoi. Avec cette structure, si on prend le
travail au quotidien d'un travailleur individuel, les compagnies
ferroviaires sont capables de bloquer ses préoccupations. Cette
structure limite la participation des travailleurs.
En ce qui nous concerne, nous allons poursuivre notre
lutte sur la
question de la fatigue des travailleurs. Nous allons continuer toutes
les luttes que nous menons et poursuivre nos efforts pour briser ce mur
de secret.
Nous disons également que les employés de
bureau devraient rester
dans leurs bureaux et qu'on devrait laisser les professionnels du rail
conduire les trains. Le fait de confier à des personnes non
qualifiées
la conduite de trains a déjà causé des accidents
et failli en causer
plusieurs autres.
Le 28 avril nous rappelle que nous ne pouvons pas
changer le passé,
mais nous pouvons certainement modifier l'avenir. Alors que nous
commémorons les travailleurs qui ont été
tués ou blessés, il nous
incombe de continuer à nous battre pour obtenir des endroits de
travail
sécuritaires.
Frank Mesich, coprésident du comité de
santé et sécurité à
la section locale 1005 du Syndicat des Métallos à
Stelco Hamilton Works
Un problème majeur est le cancer en milieu de
travail. Les cancers
ne sont pas assez souvent considérés comme étant
liés au lieu de
travail. Il y a beaucoup de décès dont la cause a
été le lieu de
travail, mais la compagnie dit que non, ce n'est pas le cas. C'est
difficile à prouver, mais lorsque vous travaillez 40 heures
par semaine
pendant des années et que vous êtes continuellement
exposés aux
émissions de coke, benzène et à l'huile
légère et à d'autres agents
cancérigènes connus, la probabilité est que vous
avez été contaminés
sur les lieux de travail. À la maison, je ne suis pas
exposé à toutes
ces choses et pourtant l'entreprise veut vous croire que c'est votre
style de vie
qui en est la cause. Chaque jour, des travailleurs viennent au bureau
du syndicat souffrant de différents types de cancers. En ce
moment,
nous essayons de mettre sur pied une clinique de santé et
sécurité au
travail où viendront tous ceux qui ont des maladies
professionnelles
afin que nous puissions documenter leur histoire de travail et ce genre
de
choses. C'est une initiative de la section locale. Nous sommes en train
d'établir une telle clinique. Il y a tant d'autres
problèmes, y compris
la santé mentale, et nous devons continuer à nous battre
sur toutes ces
questions.
Comme vous le savez, lorsque US Steel était
propriétaire de
l'usine, le programme de santé-sécurité
était basé sur le
comportement. Nous commençons à changer cette situation.
Ce qui se
passe maintenant, c'est que nous fonctionnons en vases clos à
Stelco
alors que Santé et sécurité et Ressources humaines
(RH) ont chacun
leur propre programme. Lorsque se produit un incident, le Comité
de santé
et sécurité fait son enquête. En même temps,
les Ressources humaines
viennent parfois faire enquête pour voir si quelqu'un a enfreint
une
procédure ou une politique. Nous tendons à nous
éloigner de cette
approche, mais avec US Steel, cela se produisait tout le temps chaque
fois qu'il y avait un incident. Maintenant, cela ne se produit pas
autant, mais lorsqu'il y a un incident qui peut menacer la vie d'un
travailleur, les Ressources humaines s'en mêlent. Ils semblent
choisir
d'intervenir quand cela fait leur affaire. Parfois, avant que le
Comité
de santé et sécurité n'arrive, RH impose des
sanctions avant que
nous
puissions enquêter sur ce qui s'est passé. Il y a eu un
incident
récemment, un problème de cadenassage impliquant entre
autres un
électricien. Avant
même que le Comité de santé et
sécurité
ne fasse son enquête, RH avait
déjà fait la sienne et imposé une
pénalité aux travailleus. Pourtant,
lorsque nous avons effectué une enquête sur cet incident,
nous avons
découvert qu'il y avait plus en cause que des gens qui n'avaient
pas
fait ce qu'ils auraient dû faire. Ils n'avaient pas
été formés
adéquatement. Il y a eu de la confusion à propos de qui
devait faire
quoi dans cette procédure. À force de demander «
pourquoi, pourquoi ? »
nous nous sommes rendus à la source du problème mais
entretemps ils avaient déjà suspendu les travailleurs
pendant deux
jours.
Ce qu'ils essaient de faire, c'est d'effrayer les
travailleurs,
mais pensez-vous que punir la personne garantit que l'incident ne se
reproduira plus ? C'est toujours fait pour blâmer les
travailleurs,
mais dans ces situations, il existe de nombreuses questions dont celle
de la gestion et de la formation. Même si nous
continuons de
mettre
de l'avant les faits révélés par l'enquête
du Comité de santé et
sécurité, la direction des RH continue de les remettre en
question.
Mon message en ce 28 avril est le message
fondamental que nous
mettons constamment de l'avant et qui est celui de la prévention
des
décès, des blessures et des maladies sur les lieux de
travail. C'est le
but de notre lutte encore aujourd'hui.
Serge Bourgon, représentant du Comité de
santé et sécurité du travail du Syndicat des cols
bleus regroupés de Montréal
Un des principaux problèmes, c'est le
caractère déficient de la
formation et de l'information fournie aux travailleurs par l'employeur.
Pour être capable de comprendre une procédure, en
plusieurs occasions
tu peux avoir besoin d'une formation. L'information c'est une
procédure
de travail, un protocole, et le travailleur n'est pas mis au courant
ce qui cause énormément de problèmes. Il semble
que pour la partie
patronale, te former et t'informer lui enlève un certain pouvoir
de
décision. Elle n'aime pas que le travailleur puisse critiquer si
une
procédure de travail n'a pas été respectée
par un supérieur. Cela cause
des incidents et des accidents.
Je prends le cas de cette travailleuse
qui
opérait un appareil de nettoyage et polissage de glace naturelle
au Lac
des Castors. La glace s'est enfoncée et l'appareil est
tombé. La
travailleuse s'en est sortie mais elle a subi un choc post-traumatique
qui dure encore. Cela nous a pris suite à cela environ un an et
demi
pour établir une procédure de travail sécuritaire
qui tienne compte de
tous les
facteurs comme l'épaisseur de la glace, le poids de l'appareil,
etc
Pourtant nous avons eu un autre cas cette année où
l'appareil a défoncé
la glace et dans notre enquête sur les lieux nous nous sommes
rendus
compte que près de la moitié des travailleurs faisant ce
travail
n'avaient pas été formés selon la procédure
qu'on a mis tant de temps à
établir. Le syndicat fait connaïtre les dangers, demande
des protocoles
de travail sécuritaires, autrement dit fait de la
prévention La partie
patronale est réticente parce qu'elle doit investir dans des
procédures
sur le terrain pour faire de la prévention.
En ce qui concerne les contrats accordés par la
ville au privé,
en général les entreprises privées sont
équipées pour faire les travaux
et ont les accréditations nécessaires. Mais quand
elles-mêmes donnent
le contrat en sous-traitance, il n'y a pas une surveillance
adéquate
des endroits de travail qui est faite et on a dû intervenir dans
des
cas où le
travail était fait de façon non sécuritaire par du
personnel non formé.
En ce qui concerne les Organismes à but non
lucratif, auxquels la
ville accorde de plus en plus de contrats, les conditions de
santé et
sécurité sont encore pires. On fait faire aux gens qui
sont engagés en
tant que « cheap labour » des travaux qui
débordent de plus en plus sur
les travaux qui reviennent aux cols bleus et on assiste à un
recul sérieux en matière de santé et
sécurité. On a vu des cas
d'échafauds mal solidifiés dans le sol
opérés de manière totalement non
sécuritaire par du personnel non qualifié.
Nous intervenons du mieux que nous le pouvons dans ces
cas même si
nous n'avons pas juridiction car ce ne sont pas nos travailleurs.
Simon Lévesque, responsable du dossier
santé et sécurité de la FTQ-Construction
L'objectif des employeurs doit être de revoir les
mesures de santé
et sécurité parce qu'elles sont inefficaces. Le bilan de
santé et
sécurité ne s'améliore pas. On peut voir que
l'implication de
travailleurs au niveau de la santé et sécurité
n'est pas importante
pour les employeurs. Dans la construction, les articles 204
à 215 de la
loi,
prévoyant les comités de chantier et les
représentants en prévention,
cela fait des années qu'on devrait les avoir et on ne les a pas.
On n'a
jamais promulgué ces articles là qui pourtant
amèneraient une
implication directe des travailleurs.
Au niveau d'Hydro-Québec,
on
avait rencontré les travailleurs avant même l'accident
mortel de La
Romaine,
mais on ne nous écoute plus, cela fait 25-30 ans qu'on
travaille dans
nos métiers mais supposément « on ne connaît
rien ». Les travailleurs
qui soulèvent des problématiques et dénoncent des
situations, on s'en
débarasse par des gens qui ne se plaignent pas. On trouve une
raison
pour s'en débarasser. C'est facile de les mettre a pied car
il n'y a pas de sécurité d'emploi dans la construction.
Corriger la
situation cela entraîne des frais, cela coûte moins cher de
se
débarasser du travailleur. Jusqu'à temps que ça
soit fatal mais pour un
décès il arrive un paquet d'accidents qui devraient
sonner l'alarme.
À la FTQ-Construction, on a fait des sorties, on
a demandé
d'avoir des représentants en prévention et on a
réussi à en avoir
quelques uns. On a en a gagné sur quelques chantiers. On en
à gagné au Centre hospitalier de l'Université de
Montréal, à l'Échangeur Turcot, à la
Romaine et au Pont
Champlain. On en avait un
à Ciment McKinnis mais le chantier est terminé .
Ça n'en fait pas
beaucoup, sur 25 000 chantiers. Pour nous, avoir des
représentants en
prévention c'est quelque chose de crucial. Si les travailleurs
ne
savent pas ce que cela fait un représentant à la
prévention, ne les
voient pas en action, cela ne leur donne pas confiance pour en
réclamer. Pour nous c'est important de démontrer que nos
représentants
à la prévention sont une plus value pour les
travailleurs. La
construction est au premier rang du premier groupe prioritaire selon la
loi. On devrait avoir des représentants à la
prévention. On a besoin du
représentant à la prévention qui est un
travailleur du chantier, choisi
par les travailleurs, formé par eux et payé par
l'employeur. On doit
aussi avoir
des comités de chantier mais ceux que nous avons sont des
chantiers-bidon dirigés par les employeurs dont ceux-ci se
servent pour
montrer qu'ils font preuve de diligence raisonnable.
Denis St-Jean, agent national en
santé-sécurité pour l'Alliance de la fonction
publique du Canada
Il y a de nombreux problèmes en ce qui concerne
la santé et la
sécurité des travailleurs. Le plus important, je dirais,
en ce qui nous
concerne à l'AFPC c'est probablement l'enjeu de la santé
mentale et des
risques psychosociaux en milieu de travail au sein de la fonction
publique fédérale et chez les autres employeurs parce que
nous avons
aussi des membres dans toutes les juridictions à travers le
Canada. On
parle ici des problèmes de stress, d'anxiété en
milieu de travail comme
étant des enjeux qui contribuent fortement à des
problèmes de santé
mentale chez nos membres. Même au niveau de l'invalidité
à long terme,
on dit qu'à peu près 50 % de toutes les
réclamations au cours des derniers cinq ans ont touché
les problèmes de
santé mentale. Ce ne sont là que les problèmes
déclarés parce que ce
n'est pas toujours facile d'aller en invalidité à long
terme. Ces
problèmes sont liés à la transformation du
travail, aux cadences du
travail, à la charge de travail, de même qu'à
l'instabilité au niveau
des
contrats d'emploi, qui augmentent la détresse psychologique.
Pour les
travailleurs, la précarité d'emploi est un facteur
extrêmement
important, le travail à temps partiel, occasionnel, saisonnier,
accompagné de l'angoisse à l'effet de retrouver son
emploi afin de
survivre. Une de nos préoccupations c'est de réduire
l'impact que le
milieu de travail
toxique peut créer sur les gens qui souffrent de
problèmes de santé
mentale qui ne sont pas toujours liés au travail, comme les
deuils, les
séparations, les divorces, les événements de la
vie. En milieu de
travail toxique cela crée des difficultés
supplémentaires. Il y a
toutes sortes d'organisations qui font un bon travail de promotion de
la santé
mentale mais bâtir un milieu de travail qui fait partie de la
solution
pour gérer les problèmes de santé mentale chez les
travailleurs voilà
un défi des plus important.
L'AFPC a collaboré avec différentes
organisations pour élaborer
une norme nationale en santé et sécurité
psychologique, un cadre de
gestion permettant une meilleure approche pour mettre en place des
mesures de prévention. Nous avons participé directement
à la rédaction
de cette norme et avons incorporé une revendication au sein de
la
convention collective pour avoir un groupe de travail mixte avec les
employeurs pour élaborer des mesures de mise en oeuvre de
programmes de
prévention en santé mentale.
Dans son travail, l'AFPC s'assure que la promotion et
la prévention
en matière de santé mentale ne sont pas faites du sommet
vers le bas,
ne sont pas des initiatives de la haute gestion qui ne trouvent que peu
d'écho parmi les travailleurs, qui ne se sentent pas
écoutés. Nous
travaillons à assurer la participation des travailleurs par des
sondages
réguliers sur cette question et en les mobilisant sur les
comités de
santé et sécurité et d'autres instances. Nous
mettons de l'avant les
problèmes reliés à la charge de travail et
à la gestion des ressources
humaines, la nécessité de développer des
ressources qui sont
représentatives des intérêts des travailleurs.
En conclusion, je veux dire que la santé mentale
ça touche tout le
monde. Ce n'est pas toujours le travail qui est le problème,
mais le
travail peut faire partie de la solution.
Peter Page, coordonnateur du journal Justice for
Injured Workers
La première chose qui vient à l'esprit ce
sont les tragédies qui se
produisent chaque année, les centaines de travailleurs qui sont
tués ou
empoisonnés par leurs endroits de travail. Ces tragédies
se poursuivent
toujours, c'est pourquoi nous demandons à la commission des
accidents
de travail (WSIB) comment il se fait qu'elle continue de placer
les employeurs en premier et les travailleurs en second. Elle ne
considère pas que l'indemnisation des travailleurs
accidentés est un
droit ou un geste qui sert le bien commun mais un coût pour
la société qui
doit être réduit.
La commission se dit préoccupée du
passif de financement à long
terme du système, ce qui veut dire en fait ouvrir l'Ontario aux
affaires et entre autres choses rendre notre système
d'indemnisation
plus concurrentiel avec celui des autres juridictions. On assiste
à une
attaque en règle contre les systèmes d'indemnisation dans
toute
l'Amérique
du Nord. Selon cette conception de l'Ontario ouvert aux affaires, si
l'État de l'Ohio par exemple possède des taux
d'indemnisation plus bas,
cela constitue un incitatif pour les employeurs de
déménager en Ohio pour payer des indemnisations moindres
et faire face à moins de
règlements ou un incitatif pour affaiblir encore plus notre
système
d'indemnisation et cela ne va que s'aggraver de la façon dont
Trump
élimine la réglementation.
La façon dont le système d'indemnisation
traite les travailleurs
accidentés constitue un sérieux problème. Le WSIB
ne respecte pas le
mandat qui lui a été donné il y a cent ans. Le
système d'indemnisation
n'agit pas conformément à ses obligations. Lorsqu'un
travailleur se
blesse, il ne reçoit pas l'indemnisation à laquelle il a
droit. On
plonge
les travailleurs accidentés dans la pauvreté. Cela
continue de se
produire et en fait le problème s'aggrave. C'est même la
politique de
la commission des accidents de travail en Ontario que de réduire
les
prestations des travailleurs accidentés. Cela fait longtemps que
nous
lui demandons d'éliminer le « deeming » [le
« deeming » est
la pratique utilisée par le WSIB pour déterminer le
montant de perte de
revenus que le travailleur a subie en étant blessé ou en
devenant malade au
travail. La commission réduit le montant de la perte de revenus
en
assumant que le travailleur possède un emploi. - note de FO] En
vertu du
«
deeming »,
lorsque le salaire minimum augmente le WSIB sauve de
l'argent parce qu'il assume que le travailleur gagne un plus haut
salaire à son emploi fantôme et réduit les
prestations d'autant.
Nous sommes aussi très préoccupés
du fait que le gouvernement de
l'Ontario introduit une forme d'auto-réglementation des
employeurs, où
ils sont comme le renard surveillant le poulailler et décident
des
règles qui sont en vigueur aux endroits de travail. Le
gouvernement réduit le
rôle que jouent les inspecteurs du ministère du Travail en
réduisant
leurs
visites et leur surveillance des endroits de travail. Laisser les
employeurs s'auto-réglementer va causer de grands
problèmes aux
travailleurs accidentés et à toute la question de la
santé et sécurité
au travail [à titre d'exemple, le gouvernement de l'Ontario a
amendé la Loi de la Santé et de la
Sécurité
au travail
pour donner au directeur général de la prévention
le pouvoir d'établir des
systèmes de gestion de la
santé et de la sécurité et de permettre aux
employeurs de les utiliser.
Ceux-ci bénéficient alors de choses comme la
réduction des inspections
aux endroits de travail par les agents du ministère. Le tout a
été fait
sous prétexte de « réduire le fardeau des
employeurs en éliminant les
inspections non annoncées non nécessaires » --
Note de FO ]
Nous sommes également préoccupés par l'Accord
économique et commercial global (AÉCG) et les autres
traités de
libre-échange en vertu desquels une compagnie qui s'installe en
Ontario
et ouvre une usine ne serait pas obligée de se conformer
à nos lois de
santé et de sécurité.
Nous menons aussi des actions en cour comme celle en
Cour suprême
où le Réseau ontarien des groupes de travailleurs
accidentés (ONIWG)
est intervenu dans un cas au Québec pour soutenir le droit
humain des
travailleurs accidentés à des assignations avec
tâches appropriées quand
ils exercent leur droit de retourner à leur endroit de travail.
ONIWG est aussi en train de se préparer à
l'élection générale
ontarienne qui doit se tenir en 2018 pour faire entendre la voix
des
travailleurs accidentés.
Puis il y a notre Tournée Cyclistes pour la
justice qui débute
le 24 mai à Ottawa et se temine le 1er juin, la
Journée des
travailleurs accidentés à Queen's Park. Notre
thème cette année est LES
DROITS DE TOUS (pour plus d'information cliquer
ici).
Si on vous nie votre droit à une indemnisation,
vous ne recevez pas
la prestation à laquelle vous avez droit et vous tombez dans la
pauvreté ; en conséquence votre droit à un
logement abordable est lui
aussi nié et il en est de même de vos autres droits en
tant
qu'être
humain. Nous disons que la négation d'un droit signifie la
négation de
tous les droits.
Sharmeen Khan, Alliance des travailleurs migrants pour
le changement
Le problème majeur c'est
l'inégalité systémique au sein de la
législation, des lois fédérales comme
provinciales, en ce qui a trait
aux travailleurs migrants. La contrat qui lie le travailleur migrant
à
son employeur est la seule base qui lui permet de demeurer au pays.
C'est ce qu'on appelle un contrat fermé, qui lie le travailleur
à un
employeur
unique. Si un travailleur migrant travaille dans des conditions non
sécuritaires et se blesse, cela veut dire que dès qu'il
perd son emploi
parce qu'il s'est blessé il ne peut plus demeurer au pays. Il
fait face
à la déportation. Seuls les travailleurs migrants
à bas salaires vivent
une telle chose. Les autres travailleurs canadiens ne font pas face
à
la
déportation. Du fait que le permis de travail est un permis
fermé, il
devient très difficile aux travailleurs migrants de se
défendre ou de
recevoir des indemnisations s'ils se blessent et doivent quitter le
pays. Un autre problème qui est lié au premier, en
particulier en ce
qui concerne la Loi sur les normes d'emploi en Ontario, c'est
la faible
application de la loi aux endroits de travail où se retrouvent
les
travailleurs migrants. Le système repose sur les plaintes et les
travailleurs migrants sont peu incités à porter plainte
parce que leur
contrat de travail les lie à leur employeur unique. En plus de
cela,
nous
devons jongler avec la législation fédérale et
provinciale car la
première est celle qui
détermine le statut du travailleur et la seconde les normes et
la
sécurité et les deux lois ne concordent pas et ne sont
pas cohérentes.
Dans notre travail, nous
mettons de la pression sur les
gouvernements en organisant différentes campagnes. Nous faisons
du
travail d'organisation, tenons des manifestations, faisons du lobbying
etc. Il y a une pétition sur notre site web qui réclame
des gestes
immédiats de la part du gouvernement fédéral pour
éliminer l'exigence
d'un permis
fermé entre le travailleur et l'employeur et demander des
contrats
ouverts pour les travailleurs migrants. C'est une première
étape vers
l'octroi du statut d'immigrant permanent aux travailleurs migrants
dès
qu'ils mettent le pied au Canada. Le Comité permanent du
Parlement qui
examine la situation des travailleurs migrants en est arrivé
à la même
recommandation mais le gouvernement n'a rien fait pour changer la
situation, Nous espérions qu'il le ferait lors de la
présentation du
budget mais cela ne s'est pas produit. Nous faisons aussi de la
formation auprès des travailleurs migrants afin qu'ils
connaissent la
loi et leurs droits et peuvent s'organiser eux-mêmes, avec notre
appui
et notre
solidarité bien entendu.
Les autres travailleurs doivent être solidaires
avec les
travailleurs migrants puisque ceux-ci constituent une des sections les
plus exploitées de la classe ouvrière du Canada. Selon
nous, le Canada
possède un système d'apartheid en ce qui concerne le
travail dans
lequel certains travailleurs ont des conditions de travail
différentes
de celles des
autres travailleurs. Peu importe votre statut, un travailleur c'est un
travailleur. Les travailleurs migrants font le travail agricole que les
autres travailleurs ne veulent pas faire ; ils fournissent une
grande
partie de la nourriture que nous mangeons et de concert avec les aides
domestiques migrants ils contribuent à faire fonctionner notre
pays.
Certains d'entre eux travaillent dans des conditions très
dangereuses
et sont très mal payés et certains d'entre eux
travaillent au Canada
depuis plusieurs années avec des contrats de travail
renouvelés chaque
année et pourtant ils ne sont pas capables d'obtenir un statut.
Il faut
établir un processus qui permette à ces travailleurs
d'obtenir un
statut.
La réalité brutale des statistiques sur
les
décès et
les blessures au travail
Les statistiques les plus récentes au sujet des
décès et des
blessures aux endroits de travail proviennent de l'Association des
commissions des accidents de travail du Canada (ACATC) et concernent
l'année 2015. Ces statistiques démontrent une
réalité brutale mais elles
sont également
inférieures à celles de l'année
précédente comme si la situation
s'était améliorée. Les travailleurs qui s'occupent
des questions de
santé et de sécurité au travail et les
représentants des travailleurs
accidentés ont dit à Forum ouvrier
que ces chiffres sont en deçà de la
réalité. Ils comprennent uniquement
les cas qui ont été acceptés et couverts par les
commissions des
accidents de travail à l'échelle du
pays. La proportion des travailleurs qui ne sont pas couverts par les
systèmes d'indemnisation augmente (surtout en ce qui concerne
les
travailleurs dits autonomes) et de plus en plus de travailleurs voient
leur réclamation contestée par les intérêts
privés qui se sont emparés
des systèmes d'indemnisation. Les représentants des
travailleurs
accidentés
disent que le système d'indemnisation est lui-même devenu
« plus
judiciarisé, plus difficile et plus lourd » et que
son financement est
inadéquat. Les travailleurs rapportent que leurs
réclamations, une fois
qu'ils sont autorisés par les commissions à les
présenter, sont
systématiquement contestées.
Selon l'ACATC, le nombre
des accidents acceptés avec perte de temps
a diminué constamment depuis 1995 ( de 410 464
en 1995 à 232 629
en 2015) alors que le nombre de décès est
demeuré à environ 915 en
moyenne par année. Cela indique vraisemblablement qu'un grand
nombre
d'accidents ne sont pas rapportés même dans les milieux
syndiqués,
qu'un grand nombre de réclamations sont contestées ou
rejetées et qu'on
assiste à un déplacement massif des emplois vers des
emplois précaires
de toutes sortes.
Selon les données de l'ACATC, il y a eu 852
décès au travail
en 2015 comparativement à 919 en 2014. Cela
signifie 2,3 décès par
jour. Sur les 852 travailleurs décédés,
quatre étaient de jeunes
travailleurs âgés de 15 à 19 ans, 11
âgés de 20 à 24 ans et 28
âgés
de 25 à 29 ans.
De ces décès, 307 sont dus à
des blessures et désordres
traumatiques et 533 à des maladies dont 361 à
des cas de tumeurs et
néoplasmes malins y compris des cancers.
En plus de ces décès, il y a
eu 232 629 accidents ou maladies
professionnels avec perte de temps acceptés, comparativement
à 239 643
en 2014. Cela comprend 8155 réclamations provenant de
jeunes
travailleurs d'entre 15 et 19 ans, 22 052 provenant
de travailleurs
de 20
à 24 ans et 23 839 de travailleurs de 25
à 29 ans. L'ACATC définit un
accident entraînant une perte de temps comme un « accident
pour lequel
un travailleur est indemnisé pour une perte de revenus à
la suite d'un
accident de travail (ou d'une exposition à un produit chimique
nocif)
ou pour lequel il touche une
indemnité pour une atteinte permanente avec ou sans arrêt
de travail ».
Pour être intégré au rapport statistique,
l'accident doit avoir été
accepté par une commission des accidents de travail, ce qui
signifie
que les cas qui ne sont pas acceptés n'y sont pas inclus.
À l'échelle internationale, les
statistiques
les plus récentes proviennent du 20e Congrès mondial
sur la
sécurité et la santé au
travail tenu par l'Organisation internationale du travail (OIT)
en 2014.
Les
données concernent les années 2010 et 2011. Elles
indiquent
qu'en 2010, 352 769 travailleurs sont
décédés dans des
accidents mortels au travail alors que 313 206 348
travailleurs ont
subi des accidents non mortels. En 2011, le nombre de
décès causés par
des maladies professionnelles a été
de 1 979 262 et là-dessus il y en a
eu 888 893 qui ont été causés par
l'exposition à des
substances dangereuses.
Selon l'OIT, il y a chaque
année 2,3 millions de décès dans le monde
liés à des lésions
professionnelles (300 000 décès) et des maladies
professionnelles
(2 000 000 de décès). Ainsi, 6 300
travailleurs meurent chaque jour de
lésions ou de maladies professionnelles.
Selon l'OIT, les principales causes de ces décès sont les
cancers
d'origine professionnelle (32 %), les maladies circulatoires et
cardiovasculaires d'origine professionnelle (23 %), les maladies
contagieuses (17 %) et les accidents de travail (18 %). L'OIT
va tenir
son 21e Congrès mondial sur la sécurité et la
santé au
travail du 3 au 6 septembre cette année à
Singapour et devrait
y présenter une mise à jour des statistiques.
Les accords néolibéraux de
libre-échange sont parmi les facteurs
les plus importants de la détérioration continue des
conditions de vie
et de travail dans tous les pays, y compris la santé et la
sécurité au
travail. Ces accords concentrent le pouvoir décisionnel sur une
base
supranationale, entre les mains des oligopoles mondiaux pour qui les
règlements de santé et de sécurité
représentent autant d'obstacles à la
course au profit et à la domination. Les plus lourdes pertes
dues aux
décès et aux lésions corporelles se trouvent parmi
les travailleurs
des pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des
Caraïbes dû à
leur surexploitation par les monopoles.
La Confédération syndicale internationale
a rapporté l'an dernier
que les oligopoles mondiaux tels Samsung, Apple, Wal-Mart et d'autres
n'embauchent directement que 6 % des travailleurs qui
produisent la
valeur de leurs empires mondiaux. L'autre 94 % de leurs
employés
travaillent à contrat pour des entreprises plus
petites et les travailleurs y vivent les pires conditions et n'ont
aucun recours en termes de santé et de sécurité.
Ce phénomène est aussi présent au
Canada où la classe ouvrière est
divisée en catégories arbitraires telles que «
entrepreneur indépendant »,
« travailleur étranger temporaire » et «
travailleurs sans papier »
afin de justifier l'imposition de conditions de travail de plus en plus
dangereuses.
Monuments commémoratifs:
le Canada honore leur mémoire
De gauche à droite: Escuminac, au Nouveau-Brunswick, monument
aux pêcheurs;
Lunenburg en Nouvelle-Écosse, monument aux pêcheurs
perdus en mer; Bathurst au
Nouveau-Brunswick, monument aux travailleurs de la forêt, des
mines et des fonderies
Gauche
à droite: Monument aux mineurs de Sudbury; monument à
Sudbury en hommage aux travailleurs tués dans la catastrophe de
Falconbridge en 1929
De gauche à droite: monument aux
mineurs de l'Ontario, à Kirkland Lake; monument aux
bûcherons de l'Ontario à Blind River; monument aux
travailleurs de l'automobile
de l'Ontario à Port Elgin
De gauche à droite: monument aux
mineurs d'Elliot Lake; monument aux travailleurs
du canal Welland
De gauche à droite:
à Toronto, monument aux travailleurs tués dans le
désastre de Hoggs
Hollow en construisant un tunnel souterrain; à Toronto, plaque
commémorative aux
infirmières mortes au travail pendant l’épidémie
du SRAS
De gauche à droite: à
Toronto, monument aux travailleurs chinois du rail; en hommage aux
jeunes travailleurs tués à l’ouvrage; monument du Jour de
deuil à Hamilton
De gauche à droite: pierres tombales des mineurs du charbon
d’Estavan en Saskatchewan et
de l’organisateur des mineurs Ginger Goodwin de Cumberland en
Colombie-Britannique,
et monument à Ladysmith en Colombie-Britannique au mineur Joseph
Mair, tous tués en
défendant le droit des travailleurs de se syndiquer
De gauche à droite: monument aux
pêcheurs au filet à Steveston en Colombie-Britannique;
Lake Cowichan en Colombie-Britannique, monument aux travailleurs
forestiers;
Vancouver, monument aux 19 monteurs d’acier tués en 1958 lors de
l’effondrement d’une
partie du pont Second Narrows
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|