22 juin 2017
Le plan d'arrangement de
Stelco/Bedrock
L'État prive les métallos
de leur droit de faire le bilan des échecs de US Steel et
d'ouvrir la voie à une nouvelle direction
- K.C. Adams -
Le plan d'arrangement de Stelco/Bedrock
• L'État prive les métallos de
leur droit de faire le bilan des échecs de US Steel et d'ouvrir
la voie à une nouvelle direction - K.C. Adams
• Un
plan d'arrangement qui attaque les métallos, les travailleurs
salariés,
les communautés de l'acier de même que l'économie
et l'indépendance du
Canada
Les camionneurs
demandent la reconnaissance de leur métier
• «Tout va très bien madame la
marquise », répond
le gouvernement -
Normand Chouinard
Régie des
alcools de l'Ontario
• C'est une lutte pour la justice et la
dignité et contre l'hypocrisie
libérale - Un
lecteur de Toronto
Les paramédics
du Québec poursuivent leur grève pour leurs
justes revendications
• Le refus méprisable du gouvernement du
Québec de négocier -
Pierre Chénier
Le plan d'arrangement de Stelco/Bedrock
L'État prive les métallos de leur droit
de faire le bilan des échecs de US Steel et d'ouvrir la voie
à une nouvelle direction
- K.C. Adams -
Le plan d'arrangement de Stelco/Bedrock (PdA)
organisé par l'État pour sortir Stelco de la protection
de la faillite montre que la direction économique actuelle est
au bout du rouleau et est un échec. Le PdA
révèle que les oligarques qui contrôlent
l'économie sont
incapables de résoudre les problèmes et d'ouvrir la voie
à une nouvelle
direction qui sert les travailleurs et la société.
L'élite dominante
est obnubilée par son objectif d'édification d'empire qui
sert ses
intérêts privés étroits en opposition aux
besoins de l'économie et au
désir des travailleurs d'un projet d'édification
nationale moderne.
L'expérience de Stelco montre une fois de plus que, sans une
intervention organisée
et déterminée de l'Opposition ouvrière pour
créer une nouvelle
direction prosociale pour l'économie, rien ne changera et les
anciens
problèmes ressurgiront en provoquant encore plus de crises, de
destruction et de souffrances.
Le processus régi
par la Loi sur
les
arrangements
avec
les
créanciers
des compagnies
(LACC) et
le PdA ne permettent pas de répondre à
la question : pourquoi la prise de contrôle de Stelco
en 2007 par US
Steel (USS) s'est-elle soldée par un échec total et une
faillite ? USS
n'a pas respecté ses promesses en matière de quotas
d'emploi et de
production et n'a pas renouvelé la capacité de
production de Stelco ni fait en sorte que les régimes de
retraite
soient pleinement capitalisés. La décennie qui a conduit
à la
protection de la faillite de Stelco, de même qu'à celle
d'Algoma
Steel à
Sault-Sainte-Marie, n'a été témoin d'aucun effort
de
contrôler les prix de
l'acier qui fluctuent énormément ou de faire correspondre
la production
d'acier à la
demande apparente. Au lieu de cela, USS n'a cessé de faire du
saccage
et d'attaquer les réclamations des travailleurs de l'acier
actifs et
retraités. Il a fermé le département de recherche
et de développement de
Stelco et s'est
départi de ses ingénieurs, a transféré ses
contrats liés au secteur de
l'automobile vers ses usines américaines, a rejeté le
blâme de tous les
problèmes
sur ses concurrents au sein du système impérialiste
d'États et a
finalement menacé en 2014 de tout liquider en se
plaçant sous la protection de la faillite de la LACC et de ses
pouvoirs de police de
l'État.[1]
Le PdA ne comporte rien qui puisse contribuer
à faire le bilan de
l'expérience de Stelco et du secteur sidérurgique
canadien au cours de
la dernière décennie afin que les Canadiens puissent
trouver un moyen
de se sortir des crises récurrentes et de participer
consciemment à la construction du nouveau. Sans un secteur de
l'acier vibrant sous le contrôle des Canadiens, qui comble la
demande interne en acier, l'économie ne pourra pas être
résiliente et capable de résister aux crises
inévitables qui affectent le commerce mondial.
C'est la
deuxième fois que Stelco a
été placée sous les pouvoirs de police de la LACC
et c'était la quatrième
fois en
ce qui concerne les métallos d'Algoma Steel. Alors qu'aucun de
ces
problèmes fondamentaux n'a été résolu, la
situation est devenue si
précaire que le chercheur Peter Warrian de l'Université
de Toronto,
considéré par l'élite dominante comme « le
plus important économiste au
Canada sur les questions de l'acier », prédit
une
autre crise économique du secteur de l'acier et
générale d'ici 24 à 26 mois.
C'est le temps d'une nouvelle direction pour
l'économie
La classe ouvrière ne peut jamais accepter cette
direction en
banqueroute qui consiste à ignorer les problèmes
fondamentaux de
l'économie. Elle ne peut pas non plus se permettre d'être
un spectateur
pendant que les oligarques utilisent les symptômes destructeurs
qui
émergent spontanément d'une économie en crise
comme une excuse pour
attaquer les travailleurs et les priver de ce qui leur revient de
droit. C'est pourtant ce que la classe dirigeante veut que les
travailleurs
fassent. L'une des formes que cela prend est de réduire les
travailleurs qui sont attaqués à supplier les partis
politiques de faire quelque chose, ces mêmes partis qui ont
formé un cartel politique pour maintenir le peuple hors du
pouvoir et l'empêcher de résoudre les problèmes.
Ces partis cartellisés ne sont pas
politiques. Ils ignorent
eux-mêmes les problèmes et utilisent les symptômes
dévastateurs des crises économiques pour
adopter des mesures intéressées propres à
renforcer les intérêts privés
étroits des oligarques au détriment des
intérêts du peuple, de
l'économie et de la société. Lorsque Stelco s'est
placée sous la LACC de 2004 à 2006, les partis
cartellisés au parlement ont utilisé l'occasion pour
renforcer les pouvoirs de police de la LACC et rendre encore plus
difficile aux travailleurs de défendre leurs
intérêts et leurs droits. Ces partis cartellisés
ont comme rôle de protéger le pouvoir des oligarques et
d'affaiblir la politique, l'organisation et le pouvoir
indépendants de la classe ouvrière. Cela bloque
l'émergence du nouveau.
Sans un bilan sérieux et objectif
de l'expérience
économique et politique, à la fois bonne et
mauvaise, il est impossible de comprendre les problèmes
à la source et d'ouvrir une voie
vers l'avant. Ce n'est que par une participation
consciente au bilan des échecs du secteur de
l'acier et de
l'économie en
général, et en se donnant les ressources et la
liberté de tracer une
nouvelle direction économique et politique, que les Canadiens
peuvent
mieux comprendre ce qui doit être fait pour construire le
nouveau, qui
sert le peuple et la société, et éviter de
nouveaux échecs.
Note
1.
Prédisant
une
autre
crise
dans
le secteur de l'acier, Peter
Warrian a dit ce qui suit selon le Soo
Today
dans un discours prononcé à Sault-Sainte-Marie : « Les prix de
l'acier vont
tomber, peut-être de cent dollars la tonne. Je ne dis pas cela
pour faire peur aux gens mais la croissance de l'économie est
faible. L'économie va ralentir. Pas de façon
nécessairement désastreuse. À moins que quelqu'un
ait fait disparaître les lois de l'économie, d'ici
à 24 ou 36 mois, il va y avoir une récession. »
Soo Today
poursuit: « L'achat de Stelco par US Steel en 2007 a fait reculer
l'industrie canadienne de dix ans, a dit Warrian. 'US Steel a
acheté et exploité Stelco selon le modèle
classique d'une succursale canadienne d'une entreprise
américaine. US Steel a essentiellement dépouillé
l'entreprise de tout développement de produits et d'outils de
mise en marché et l'a départie de ses
ingénieurs... Nous pensions tous que Stelco était un
bijou. Selon les normes nord-américaines, Stelco est devenue un
simple actif de niveau 2. En regardant en arrière, c'est notre
faute à nous. Si nous savions ce qui allait arriver, nous les
Canadiens n'aurions jamais dû laisser une industrie primordiale
comme celle-là passer aux étrangers sans rien
dire.'»
Un plan d'arrangement qui attaque les métallos,
les travailleurs
salariés, les communautés de l'acier de même que
l'économie et
l'indépendance du Canada
Au lieu de traiter des problèmes et de trouver
une voie vers
l'avant, le Plan d'arrangement de Stelco/Bedrock (PdA) attaque les
travailleurs
et diminue leurs
réclamations actuelles et futures à la valeur qu'ils
produisent. Cela
ne résout rien et ne fait que concentrer la richesse sociale
dans les
mains de quelques privilégiés, en l'occurrence des
oligarques des
États-Unis. La
redistribution de la valeur produite, à la fois passée
et potentielle, est la principale composante et
préoccupation du
PdA. Cela réduit directement les réclamations des
travailleurs et
déplace et élimine même les réclamations de
nombreux autres, y compris
un prêt de 150 millions $ du trésor public de la
province.
En retirant les régimes de retraite et les autres
avantages sociaux
à la retraite (OPEB) du bilan financier pour les
retraités actuels et
futurs, ce qui va restreindre directement leur réclamation
à la future
valeur de Stelco promise légalement, on
évite de
traiter des problèmes fondamentaux de la production et de la
distribution
de l'acier chez Stelco ou dans le secteur en général.
Cela
augmente la
réclamation à la valeur produite des
intérêts privés américains qui
ont pris le contrôle, et cela réduit les
réclamations des travailleurs
retraités qui vivent pour la plupart dans les communautés
de l'acier.
Selon les relations de production actuelles, ce que les
propriétaires américains font en augmentant leur
réclamation à la
valeur produite par les métallos de Stelco est leur
prérogative. Le but
impérialiste de la production, qui est de trouver le plus haut
rendement
possible, domine la pensée et la vision des oligarques en
position de
contrôle. La valeur
ajoutée que les nouveaux propriétaires de Bedrock vont
réclamer à même
la valeur produite par les ouvriers va être en quête du
rendement le
plus élevé possible qui puisse se trouver au sein du
système
impérialiste d'États. Ils ne cherchent pas à
résoudre les problèmes
économiques ou sociaux du Canada car cela contredit leur but.
Ils ne
sont pas
venus en Ontario pour renouveler le secteur de l'acier. Ils vont
refuser de se soumettre au contrôle et à la direction des
travailleurs
qui exigent d'avoir leur mot à dire et un contrôle sur ce
qui doit être
fait avec la valeur que produisent les travailleurs de l'acier car une
telle demande contredit leur objectif impérialiste. Les
oligarques américains
sont
des
autocrates qui sont venus à Hamilton pour satisfaire leur
motivation de trouver le meilleur rendement pour leur argent et faire
ce
qu'ils
veulent avec leur réclamation, sans aucune restriction. Penser
qu'il en
est autrement est irrationnel.
Le fait que le PdA va réduire et éliminer
les nombreuses
réclamations de ceux à qui des sommes sont dues pour des
services
rendus ou des matériaux fournis à Stelco, ne va
résoudre aucun
problème. En fait, cela cause des problèmes dans le
secteur de l'acier
et les communautés, puisque des entrepreneurs, fournisseurs et
d'autres
comme eux à
qui Stelco doit de l'argent se verront refuser 90 % de leurs
réclamations. Cela affaiblit ceux qui ont des
réclamations, leurs
entreprises et l'économie locale de l'acier. Les montants ne
sont pas
insignifiants puisque ceux qui sont dans cette catégorie dans le
PdA de
Stelco, le Fonds général des créanciers non
garantis, recevront
seulement 10 cents sur chaque dollar des 154 millions $
de comptes non
réglés de Stelco qui devraient leur être
payés. En outre, la somme
de 150 millions $ plus intérêts à
rembourser à la province de l'Ontario
a été sommairement et totalement rejetée sans
aucun souci pour les
dommages que cela va causer.
Unissons-nous pour construire le Nouveau - cela
peut se faire !
Les travailleurs et les entreprises de Hamilton et de
Nanticoke se
retrouvent avec une économie locale affaiblie à cause de
la réduction
des réclamations des retraités à la production
future de la valeur, du
refus de payer les fournisseurs locaux, les entrepreneurs et autres
pour les services et les matériaux fournis et de l'interdiction
d'utiliser la
valeur future que les travailleurs de Stelco vont produire pour
dépolluer les terrains à Hamilton. Ce
transfert
de la valeur de l'acier de l'économie locale vers les
impérialistes
étrangers renforce leur contrôle de l'économie
canadienne et concentre
une plus grande richesse sociale entre les mains de l'oligarchie
financière. Cela
ne résout aucun problème ; bien au contraire, cela
ne fait qu'empirer
la situation, car le contrôle de l'économie est encore
moins à la
portée des Canadiens.
Nier qu'il existe un problème fondamental dans
la façon dont
l'économie est structurée et dans le transfert de la
valeur des mains
des travailleurs et d'autres vers celles des oligarques
américains ne
fait que priver les travailleurs de leur droit moderne de
résoudre les
problèmes économiques auxquels ils font face, d'apprendre
en le
faisant, de
contrôler les affaires qui les concernent et d'ouvrir une voie
vers une
direction prosociale nouvelle au sein d'un Canada indépendant.
Le Canada a besoin d'une nouvelle
direction indépendante !
Ensemble construisons le nouveau !
Les
camionneurs
demandent la reconnaissance de leur métier
«Tout va très bien madame la
marquise », répond le gouvernement
- Normand Chouinard -
Arrivée du convoi de camions à Québec le 19
novembre 2016 pour une manifestation à
l'Assemblée nationale pour affirmer les droits et la
dignité des camionneurs
On pourrait rire si ce n'était pas si
sérieux en lisant la réponse
de la ministre de l'Emploi, du Développement de la main d'oeuvre
et du
Travail, Patty Hadju, à la pétition demandant la
reconnaissance du
métier de camionneur et du droit des camionneurs d'avoir voix au
chapitre sur leurs conditions de travail. Cette réponse du
gouvernement
fédéral nous rappelle cette chanson
bien connue des
années 1930 « Tout va très bien madame la
marquise » qui signifie une
attitude d'aveuglement face à une situation
désespérée.
Le détachement bureaucratique des institutions
de l'État vis-à-vis
les problèmes que vivent les travailleurs est très
élevé. Les processus
par lesquels les différents collectifs de la
société peuvent en toute
légitimité faire valoir leurs demandes est
inopérant. Les camionneurs
canadiens affrontent à la fois le détachement des
autorités et ce
caractère
inopérant des processus en place. Voici une partie de la
réponse de la
ministre :
« Le gouvernent du Canada (Emploi et
Développement social Canada) a
octroyé un financement à Ressources humaines camionnage
Canada (RHCC) afin
que ce
dernier mette à jour les normes nationales de professions (NNP)
concernant les camionneurs professionnels. Une NNP définit les
connaissances, les tâches et les sous-tâches qui
décrivent
collectivement la profession, et les nouvelles NNP sont
formulées en
tenant compte des éléments suivants : les
compétences complémentaires,
les compétences fonctionnelles et les capacités de
conduire. »
Madame la ministre ne veut pas voir que la
pétition visait
justement à fournir aux camionneurs canadiens une méthode
officielle
de décider de nouvelles normes dans le transport. En quoi nous
répéter
que des normes existent déjà peut-il être
considéré comme une réponse
ou même une reconnaissance du problème ? Ce sont
justement ces
normes et processus de mise en application actuels qui posent
problème et doivent
être changés
et mis à jour.
Les camionneurs sont ceux
qui connaissent le mieux les problèmes de
l'industrie et leurs solutions et non la ministre et les membres de son
ministère. Les camionneurs revendiquent leur droit moderne
d'avoir voix
au chapitre et un contrôle sur leurs conditions de travail de
même
qu'un mécanisme officiel qui garantit ce droit en pratique. Ils
veulent un processus décisionnel moderne au moyen duquel leur
voix va
signifier quelque chose et où ils pourront exercer un
contrôle sur
leurs
conditions de travail.
Le détachement de la ministre par rapport
à la réalité vécue par
les camionneurs va très loin : « Chaque association
de camionnage a
participé au projet d'élaboration des NNP en tant que
partenaire
officiel, et des séances de consultation ont été
tenues dans toutes les
régions du pays, lors desquelles chaque province a
été représenté. La
NNP est le fondement de la formation des débutants obligatoire
en
Ontario, comme annoncé par le ministre des Transport de
l'Ontario
en 2016. RHCC a noté 2000
téléchargements uniques des NNP depuis
qu'elles ont été rendues disponibles sur son site web.
»
Le lancement de la pétition exprimait justement
le désir des
camionneurs d'être représentés en ce qui concerne
les décisions qui les
affectent. Si nous nous sentions représentés par les
associations
provinciales et les autres « partenaires officiels »,
nous n'aurions
pas eu besoin de cette pétition ; on ferait
déjà partie des décideurs,
ce
qui n'est pas le cas.
La ministre nous parle de séances de
consultations tenues à la
grandeur du pays. Pourquoi aucun camionneur n'en a-t-il jamais entendu
parler ? C'était pour qui ces consultations ? Pour les
associations «
patronales » provinciales probablement qui elles, ont
participé à
élaborer des NNP ? Ce n'est pas acceptable ! La
pétition était un cri du coeur de
milliers de
camionneurs qui veulent affirmer leur droit de décider les
choses qui
les concernent, que plus jamais nous n'accepterons de subir des
décisions prises par d'autres. Les camionneurs canadiens ont
d'ores et
déjà rejeté cette lamentable réponse avec
tout le mépris qu'elle mérite.
La ministre pousse la chose encore plus loin en
écrivant que « la
partie 3 du Code canadien du
travail établit les conditions
de travail
minimales dans les industries soumises à la
réglementation fédérale,
notamment les heures de travail, le salaire minimum, les jours
fériés
et les congés annuels, et prévoit divers types de
congés
statutaires ».
Si la ministre connaissait un tant soit peu ce qui se
passe dans
notre industrie, elle saurait que même les « conditions de
travail
minimales » ne sont pas respectées pour un grand
nombre de camionneurs,
toutes catégories de transport confondues. Un exemple parmi tant
d'autres : la partie 3 du code canadien définit
très bien
la durée maximale d'une journée de travail avant que la
rémunération ne
soit majorée de moitié (temps et demi). Selon le code,
« les
dispositions sur les heures normales de travail visent à
permettre aux
employés de jouir d'une période raisonnable de
repos ». Pour nous,
camionneurs et camionneuses, qui opérons en majorité sous
juridiction
fédérale, le temps majoré doit se faire
au-delà d'une semaine de plus
de 60 heures de travail. La ministre sait-elle combien de
camionneurs
ne reçoivent jamais ce temps majoré tel que prescrit par
la loi ? Serait-elle surprise d'apprendre que la
réalité sur le terrain n'a rien
à
voir avec ses belles phrases et les normes qu'elle aime
évoquer ?
Le gouvernement canadien a toujours fermé les
yeux devant ce vol
éhonté de salaires de la part des grandes entreprises de
transport et
la complicité des grandes entreprises manufacturières.
Non seulement la
ministre nous dit-elle de ne pas nous inquiéter car des normes
minimales existent déjà mais, chose encore pire, son
gouvernement
laisse
agir en toute impunité les entreprises qui ne respectent pas sa
propre
loi et ses normes minimales. Les clauses du Code canadien du
travail
qui nous concernent ne servent à rien si elles ne sont pas
appliquées
en pratique. Les répéter dans sa réponse ajoute
encore à l'injure.
Par les demandes inscrites dans notre pétition,
les camionneurs et
camionneuses canadiens ont fait un grand pas dans leur devoir de
prendre en main leur industrie pour servir les intérêts de
ceux qui
font le travail et appliquer les normes qu'ils décident. Les
camionneurs en ont assez de ces bureaucrates et ministres qui se
qualifient de «
preneurs de décisions ayant un mandat » et qui
abusent de leur position
d'autorité en prenant des décisions derrière des
portes closes sur des
enjeux qui nous appartiennent parce que c'est nous qui faisons le
travail et subissons les conséquences de ces décisions.
Nous sommes des milliers de camionneurs à dire
à la
ministre que non, « tout ne va
pas très bien madame la marquise » et que nous
rejetons la réponse de
son gouvernement. Nous allons poursuivre notre travail pour nous
assurer de la sécurité et de la viabilité du
transport routier que nous
considérons comme un élément essentiel à
l'ensemble de la
chaine de production des différents secteurs productifs de notre
économie nationale. Nous allons continuer de nous organiser pour
assurer que les camionneurs et camionneuses soient au centre des
décisions qui les concernent et nous n'allons pas laisser les
vieilles
institutions archaïques nous barrer le chemin pour réaliser
ce que nous
croyons
nécessaire de faire pour nous-mêmes et pour la
société.
Les camionneurs de Brampton lors de leur grève le 8 septembre
2015
Régie des alcools de l'Ontario
C'est une lutte pour la justice et la dignité et
contre l'hypocrisie libérale
- Un lecteur de Toronto -
Les travailleurs de la LCBO présentent leurs demandes lors d'un
piquet d'information à Toronto.
Quatre-vingt-treize pour cent des travailleurs de la
Régie des
alcools de l'Ontario (LCBO) ont
voté pour la grève qui va
commencer le 26 juin. C'est une bonne nouvelle pour tout le monde.
Les
conditions de travail des milliers de travailleurs de la LCBO - des
employés provinciaux - rendent cette grève
nécessaire non seulement
pour eux mais pour le bien public. Quelques
jours à peine avant le déclenchement de la grève,
la LCBO tente de
créer une fois de plus un climat de panique en Ontario pour
inciter les
consommateurs à faire le plein de boissons alcoolisées
plutôt que de
satisfaire les revendications raisonnables de ses travailleurs.
Le travail à la LCBO a été
à toutes fin pratiques réduit à du
travail occasionnel où les heures sont trop rares pour qu'un
travailleur y gagne sa vie. Les salaires sont des salaires de
crève-faim. L'objectif de la LCBO est de réduire la
capacité des
travailleurs de survivre et de riposter. Cette grève vise
à mettre fin
à cette injustice.
Les travailleurs de Hamilton préparent leur quartier
général de grève le 20 juin 2017.
|
Les travailleurs peuvent être appelés
à travailler à peu près
n'importe quand. L'heure de fermeture est de plus en plus proche de
minuit. Le dimanche devient une journée «
normale » à temps simple.
Selon la LCBO, les travailleurs n'ont pas le droit à une vie de
famille
normale et doivent travailler à toute heure qu'on leur donne et
vivre
à des salaires de crève-faim.
Il y a des décennies, travailler à la
LCBO était perçu comme un
privilège que vous obteniez par corruption et népotisme.
Tout était
affaire de connections que vous possédiez. Cette injustice
flagrante
d'une LCBO réservée aux idiots des familles des
puissantes élites de la
province était dénoncée de toutes parts. Le
népotisme et les autres
formes de corruption étaient même dénoncés
à l'Assemblée législative.
La LCBO a connu certaines réformes essentiellement parce que les
Ontariens ont demandé des changements. Elle a
été forcée d'engager
des travailleurs de minorités nationales et des femmes.
Maintenant ces travailleurs et travailleuses font
partie de la
vaste classe ouvrière de cette province et il y a plus de
travailleuses
que jamais. La direction a dû changer de stratégie. Elle
crée le moins
d'emplois possible à temps plein et transforme le plus de
travailleurs
possible en travailleurs vulnérables à temps partiel et
occasionnels.
Le seul
choix que nous avons maintenant est de nous faire mettre à pied
avec peu
ou pas d'indemnisation ou d'essayer de survivre avec presque pas
d'heures de travail.
Warren (Smokey) Thomas, le président du Syndicat
des employés de la
Fonction publique de l'Ontario (SEFPO), a bien exprimé la
situation : «
La manière d'agir des cadres supérieurs et la pression
exercée par le
gouvernement provincial pour accroître les profits, peu importe
le coût
pour les travailleurs, nous a conduits sur le point de
déclencher la grève. Aucun travailleur ne mérite
d'être traité de cette
façon par son employeur -- surtout pas par une
société d'État rentable
qui peut se permettre de faire mieux. Au lieu de se lancer dans une
course vers le bas avec Walmart, la LCBO devrait être un exemple
pour
les autres employeurs de l'Ontario. »
Cette grève est à la défense de la
justice et de la dignité et elle frappe directement au coeur de
ce que les puissantes élites
politiques de cette province
pensent vraiment des travailleurs. Kathleen Wynne et son gouvernement
libéral ne cessent de prétendre qu'ils se
préoccupent des pauvres de
cette province. Quand ils ont une chance de le montrer avec les
travailleurs de la LCBO, ils montrent que ce qu'ils veulent, ce sont
des travailleurs pauvres et à genoux. Les travailleurs de la
LCBO
entreprennent de se donner du pouvoir et déclarent qu'assez
c'est assez.
Piquet d'information des travailleurs de la LCBO dans le nord de
l'Ontario
Les paramédics du Québec
poursuivent leur grève
pour leurs justes revendications
Le refus méprisable du gouvernement
du
Québec de négocier
- Pierre Chénier -
Le contingent des paramédics à la marche du 1er Mai 2017
à Montréal
Les quelque 6000 paramédics du Québec
sont maintenant en grève
depuis mars dernier et leurs conventions collectives sont échues
depuis
le 31 mars 2015, soit depuis plus de deux ans. Ils ont mis de
l'avant de justes revendications au niveau des salaires, de la
bonification du régime de retraite et de l'abolition
des horaires de faction, ces horaires de disponibilité
ininterrompue à
partir de la maison 24 heures par jour pendant sept jours suivis
de
sept jours de congé. Non seulement le gouvernement du
Québec
refuse-t-il d'accéder à ces revendications mais il refuse
même de
négocier avec ces travailleurs d'urgence qui sont aux
premières lignes
de la
sauvegarde de la vie des patients vivant des situations de crise. Le
gouvernement s'est même retiré des tables de
négociation en déclarant
que les diverses associations patronales qui sont toutes
financées par
les fonds publics sont « autonomes » et libres de
négocier comme bon
leur semble. En même temps, le gouvernement leur impose des
ententes de service qui dictent les budgets et les effectifs de ces
employeurs. Cela en dit long sur le mépris du gouvernement
du
Québec pour ces travailleurs.
Les paramédics poursuivent leur juste
grève et refusent
d'abandonner leurs demandes qui sont importantes pour eux et la
population qu'ils servent.
Les quelque 3600 membres de la
Fédération de la santé et des
services sociaux (FSSS-CSN) ont décidé récemment
de réactiver leur
grève afin de la rendre plus efficace tout en continuant
à fournir les
services d'urgence. Jean Gagnon, le
représentant du
secteur préhospitalier de la Fédération de la
santé et des services
sociaux-CSN, a fait les commentaires suivants à Forum
ouvrier dans un entretien récent :
« Nous avons réactivé notre
grève. À Montréal, nous avons arrêté
notre grève pendant quelques jours puis nous l'avons repartie en
augmentant les moyens de pression, notamment en remplissant nos
formulaires d'une façon qui rend impossible aux employeurs de
facturer
les patients pour les services que nous leur avons rendus. On nous dit
que
les employeurs perdent des dizaines de milliers de dollars par jour
avec ce moyen de pression, on verra bien aux tables de
négociation si
cela les pousse à bouger.
« Au point de vue salaires, le gouvernement
refuse toujours de nous
donner la relativité salariale qui a été
accordée au secteur public. En
vertu de cette relativité salariale, à la dernière
année de la
convention, il y a un ajustement de salaires en fonction des
catégories
d'emploi que les travailleurs occupent. En ce qui nous concerne, dans
notre
catégorie d'emplois, cela équivaudrait à une
augmentation
d'environ 2,4 % à la dernière année de
la convention, que le
gouvernement refuse de nous accorder. Pas question pour nous de reculer
parce que nous avons entrepris un rattrapage salarial par les
années
passées et nous voulons le poursuive. Au niveau du régime
de retraite,
nous voulons le bonifier parce que la profession est très
difficile et
nous devons améliorer les conditions qui nous permettent de
prendre une
pré-retraite sans pénalité. Il y a aussi la
question de la charge de
travail qui est devenue trop lourde dans certains grands centres et les
horaires de faction en région que nous voulons
abolir. »
Les quelque 1000 paramédics de la
Fraternité des travailleurs et
travailleuses du préhospitalier du Québec (FTQ) sont eux
aussi en grève
générale. Son président Benoit Cowell a dit ce qui
suit récemment à Forum ouvrier :
« Nous avons augmenté nos moyens de
visibilité : nous avons tenu
une conférence de presse avec le Parti québécois
le 8 juin dernier,
nous ne portons plus nos uniformes au travail, nous distribuons des
tracts à nos patients et leurs familles, etc.
« Nous sommes sous le
coup d'une injonction temporaire nous
interdisant de manifester devant ou à l'intérieur du
bureau de
circonscription du ministre Barrette, sur le terrain ou à
l'entour.
L'injonction a été prolongée jusqu'en octobre et
ils veulent demander
une injonction permanente pour empêcher les syndicats de
manifester au
bureau de
Barrette. Nous contestons l'injonction parce que le bureau du ministre
Barrette est un endroit public et les gens, notamment les
électeurs,
doivent y avoir accès. Nous avons des membres qui sont
électeurs dans
la circonscription du ministre Barrette. C'est une atteinte à
notre
liberté d'expression et nous la contestons en cour. En ce qui
concerne
nos
demandes, nous avons fait une contre-proposition monétaire
le 4 janvier
dernier, et nous n'avons reçu aucune réponse des
employeurs. Les
employeurs disent que c'est la faute du gouvernement, le gouvernement
dit que c'est la faute aux employeurs, qu'ils ont tous les mandats pour
régler notre dossier. Qu'ils commencent donc par revenir
à
la table de négociations, par nous faire des offres
chiffrées. Cela
fait 2 ans et demi qu'on se parle et les entreprises
privées ne sont
pas capables de chiffrer nos demandes. En plus, il y a la question du
fonds de régime de retraite, que nous voulons bonifier. C'est
important
parce que chez nous, les gens en haut de 50 ans ont un haut
taux de blessures et de maladies. Il n'y a pas beaucoup de travailleurs
qui se rendent à la retraite de 60 ans. On demande une
bonification du
fonds de retraite pour aider à la préretraite. En ce
moment si on part
avant 60 ans, on a de grosses pénalités et on n'a
pas
un gros régime de
retraite. Il est quand même récent et la caisse n'est
pas grosse. Il y a aussi les horaires de faction que nous voulons
abolir progressivement. »
Les quelque 1500 membres de la
Fédération des employés du
préhospitalier du Québec (FPHQ) sont aussi en
grève, pour des
revendications similaires.
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