8 décembre 2016
Résistance des enseignants et des
travailleurs de
l'éducation en Nouvelle-Écosse
Défaisons l'offensive
antisociale
brutale contre les enseignants, les travailleurs de l'éducation et
l'éducation publique
- Mira Katz -
PDF
Manifestation des enseignants à Halifax le 6 décembre 2016
Résistance des enseignants et des
travailleurs de l'éducation en Nouvelle-Écosse
• Défaisons l'offensive antisociale brutale
contre les enseignants,
les travailleurs de l'éducation et l'éducation publique -
Mira Katz
• Le gouvernement est forcé de reculer
• À titre d'information
31e Congrès de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
• Les délégués s'expriment avec passion en
faveur de campagnes qui défendent les droits de tous et toutes
Entrevues
• Les cols bleus de Montréal -
Chantal Racette
• Les travailleuses des services de garde à la
petite enfance - Sonia Charette
• La lutte contre l'imposition de conditions de
travail inférieures aux jeunes - Vincent Barrette
La vente des centres
de soins pour les personnes âgées
• Non à la propriété étrangère des services de
soins aux aînés! Oui au contrôle public et à des soins modernes aux
aînés!
• L'affrontement entre les droits
Résistance des enseignants et des
travailleurs de
l'éducation en Nouvelle-Écosse
Défaisons l'offensive antisociale
brutale contre
les enseignants, les travailleurs de l'éducation et l'éducation
publique
- Mira Katz -
Les enseignants manifestent à Yarmouth le 6 décembre 2016.
La résistance des enseignants et des travailleurs de
l'éducation, à
laquelle d'autres travailleurs et des étudiants se sont joints, a fait
en sorte que le
gouvernement libéral de Stephen McNeil a été forcé de reculer en ce qui
concerne sa menace d'adopter une loi qui va décréter les conventions
collectives des enseignants qui ont commencé une campagne de grève
du zèle pendant laquelle ils se retirent des activités parascolaires
bénévoles. Le gouvernement a aussi été forcé de retirer sa menace de
mettre les étudiants en lockout pendant qu'il débat du projet de loi.
Les étudiants et les parents manifestent en appui aux enseignants le 5
décembre 2016.
Le 5 décembre, lorsque le gouvernement et les
commissions scolaires
ont mis les élèves en lockout, les parents et les élèves sont allés
manifester devant le parlement de la province. Même lorsque le
gouvernement a reculé, de grands rassemblements d'enseignants
accompagnés par d'autres travailleurs se sont tenus le lendemain à
Halifax,
Yarmouth et Antigonish et ont fait retentir la demande :
Négociez ! Ne
dictez pas !
Manifestation des enseignants à Antigonish le 6 décembre 2016
La résistance des
enseignants de
Nouvelle-Écosse fait partie de la résistance que les enseignants et les
travailleurs de l'éducation du pays mènent contre les attaques contre
leurs droits. Le gouvernement libéral majoritaire de Nouvelle-Écosse
s'est joint à ceux de l'Ontario, de Colombie-Britannique et du Québec
pour trouver de nouvelles façons d'imposer un programme d'austérité
frauduleux dont l'objectif est de payer les riches au nom de grands
idéaux. La résistance des travailleurs n'a cessé de mettre des bâtons
dans leurs roues et la lutte se poursuit.
Le jugement récent de la Cour suprême de
Colombie-Britannique
contre les libéraux de la province et le jugement similaire
rendu précédemment contre les libéraux de l'Ontario et leur
Loi 115 (Loi de 2012 donnant
priorité aux élèves) ont
affirmé une fois de plus que les gouvernements agissent en dehors de la
loi lorsqu'ils s'attaquent aux salaires et aux conditions de travail
des enseignants et des travailleurs de l'éducation. À cause de la
résistance des enseignants et des travailleurs de l'éducation à leur
diktat et de leurs victoires en cour, les menaces des libéraux de
Nouvelle-Écosse apparaissent de plus en plus illégitimes. Les
enseignants et les travailleurs de l'éducation
tiennent bon.
Négociez, ne dictez pas, disent-ils !
Les menaces du gouvernement
McNeil n'ont pas permis d'atteindre l'objectif d'amener les enseignants
à capituler, en particulier sur la question de comment ils vont
utiliser leur travail bénévole, et le gouvernement doit donc recourir
maintenant à des mesures plus désespérées. C'est la résistance des
enseignants, des travailleurs de l'éducation, des étudiants et des
parents qui démasque les objectifs réels de l'offensive antisociale
visant à privatiser l'éducation pour servir les riches et non le
peuple. L'expérience vécue dans tout le pays a démontré la nécessité
d'intensifier la lutte pour les droits de tous sur ce front également.
Les gouvernements de l'Ontario et de
Colombie-Britannique ont recours à des stratagèmes afin d'accomplir «
légalement » ce
qu'ils
n'ont pas pu accomplir « illégalement ». Ils poussent les
enseignants et les travailleurs de l'éducation à renoncer «
volontairement » à leurs droits au moyen de ce qu'ils
qualifient faussement de négociation. Suite aux défaites en cour des
gouvernements libéraux dans des jugements importants, les gouvernements
tentent d'utiliser les négociations qui se tiennent sur la
réparation à apporter aux enseignants comme une occasion d'étouffer la
résistance
des enseignants et des travailleurs de l'éducation et d'éliminer leur
capacité de dire
Non ! aux attaques à leurs droits.
Les enseignants de Colombie-Britannique envoient un message de
solidarité aux enseignants de Nouvelle-Écosse.
Le gouvernement libéral ontarien de Kathleen Wynne
essaie d'amener les syndicats des enseignants et des travailleurs de
l'éducation de l'élémentaire et du secondaire à négocier des
prolongations de leurs conventions collectives qui s'appliquent à
l'échelle de la province plutôt que de tenir des négociations selon les
normes en vigueur. Le gouvernement cherche ainsi à éviter une lutte
ouverte avec les
enseignants et les travailleurs de l'éducation avant le déclenchement
de la prochaine élection provinciale prévue en octobre 2018.[1] En
prolongeant les conventions collectives, le gouvernement veut pousser
les syndicats provinciaux de
l'éducation à renoncer « volontairement » au droit à la
négociation
collective entre commissions scolaires et syndicats locaux en leur
promettant des « gains ». L'élimination de la négociation locale
et l'affaiblissement des syndicats et des
commissions scolaires élus localement était au coeur de la Loi 115
du gouvernement McGuinty qui a donné au ministre de
l'Éducation
le pouvoir arbitraire de s'ingérer dans les négociations et les
conventions collectives locales ou d'y passer outre.
Pendant la lutte contre la
Loi 115 en 2012, la Commission des relations de travail de
l'Ontario a été utilisée pour criminaliser la résistance des
travailleurs en statuant que le retrait coordonné des enseignants et
des
travailleurs de l'éducation des activités parascolaires constituait une
grève
illégale. La tentative des libéraux de Nouvelle-Écosse de faire la même
chose au moyen de la législature a été bloquée et ils vont maintenant
chercher d'autres avenues pour attaquer les enseignants, les
travailleurs de l'éducation, les étudiants et les parents.
Forum ouvrier croit fermement que la
détermination des
enseignants et des travailleurs de l'éducation à défendre leurs droits
défend également les droits des Canadiens à un système public
d'éducation qui est digne d'un Canada moderne et que la lutte des
enseignants et des travailleurs de l'éducation de même que des parents
et des
étudiants de Nouvelle-Écosse a de quoi rendre fiers tous les
Néo-Écossais et tous les Canadiens.
Note
1. Les libéraux ont indiqué qu'ils avaient l'intention
de tenir l'élection ontarienne en juin 2018
ce qui la rapprocherait de la date butoir d'août 2017 où se terminent
les conventions collectives des enseignants et des travailleurs de
l'éducation qui s'appliquent provincialement.
Le gouvernement est forcé de reculer
Halifax, le 6 décembre 2016
Deux jours après que le gouvernement libéral de
Nouvelle-Écosse ait annoncé, le samedi 3 décembre, qu'il allait
rappeler la législature pour décréter les conventions collectives des
enseignants, la résistance des enseignants, des travailleurs de
l'éducation et des étudiants l'a forcé à reculer. La vitesse du recul,
l'unité des travailleurs et la panique qui s'est installée dans les
rangs des libéraux de la Nouvelle-Écosse illustrent la crise aiguë de
légitimité dans laquelle l'offensive et l'austérité antisociales sont
plongées.
En même temps qu'il annonçait son intention de décréter
les
conventions collectives, le gouvernement a menacé d'imposer un lockout
aux élèves à compter du lundi 5 décembre sous prétexte d' «
assurer la sécurité des élèves ». Il a reculé sur cette
question
également et annoncé que les écoles allaient rouvrir le
mardi 6 décembre. Un grand nombre d'élèves s'étaient présentés à
l'école le 5 décembre, défiant l'ordonnance gouvernementale. Les
nombreux parents et étudiants qui ont protesté aux côtés des
enseignants devant le parlement de Nouvelle-Écosse ont aussi contribué
à bloquer la fermeture des écoles. Les parents ont tenu le gouvernement
entièrement responsable de la situation et ont refusé de blâmer les
enseignants
parce qu'ils savent que ce sont eux qui défendent les conditions
d'apprentissage des élèves. Par exemple, un
groupe Facebook qui se nomme Parents de la Nouvelle-Écosse en appui aux
enseignants a plus de 17 000 membres et discute avec passion de comment
s'opposer aux manoeuvres du gouvernement.
Les étudiants et les parents manifestent en appui aux enseignants le 5
décembre 2016.
Le recul du gouvernement s'est aussi fait dans le
contexte de la décision du Syndicat des enseignants de la
Nouvelle-Écosse
(SENE) d'entreprendre une campagne de grève du zèle le 5
décembre dans le cadre de ses négociations pour une nouvelle convention
collective. La grève du zèle signifie que les enseignants s'en tiennent
à la lettre de la convention collective en vigueur et n'accomplissent
aucune tâche additionnelle bénévole et parascolaire. Le syndicat avait
donné au gouvernement
une semaine de préavis plutôt que les 72 heures prévues par la loi
dans
le cas de tels moyens de pression pour permettre au gouvernement, aux
commissions scolaires et aux familles de faire les arrangements
nécessaires.
La
présidente du syndicat, Liette Doucet, a expliqué que « les enseignants
ont décidé qu'en limitant le travail que nous faisons, nous allons
démontrer l'étendue des activités que les enseignants mènent pour les
étudiants qui vont bien au-delà de leur tâche de travail et qui parfois
les empêchent de
passer le temps nécessaire à enseigner aux élèves. Pendant cette
campagne, les enseignants ne participeront pas aux activités
parascolaires bénévoles ni aux sorties planifiées. » Les
enseignants n'arriveront pas plus tôt à l'école et ne resteront
pas plus tard une fois leur journée d'enseignement terminée. Ils
n'accompliront pas
de tâches administratives, ne rentreront pas de données et ne
participeront pas aux réunions qui ne sont pas essentielles à la
planification et à la dispensation des cours. »
Les syndicats du secteur public s'unissent aux
enseignants
Les autres travailleurs du secteur public considèrent
que la lutte
des enseignants de la Nouvelle-Écosse est aussi la leur parce qu'eux
aussi font face aux mêmes attaques du gouvernement. Le président du
Syndicat des
employés généraux et du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, Jason
MacLean, a déclaré : « D'abord le premier ministre de cette
province a saccagé notre système de santé, et maintenant il veut faire
la même chose au système d'éducation en empêchant les enfants d'aller à
leurs propres écoles. Nous allons nous tenir aux côtés du Syndicat des
enseignants de la Nouvelle-Écosse et nous opposer à cet assaut mené par
Stephen McNeil contre les droits des travailleurs du secteur
public. » On lit dans le même communiqué : « Prochainement,
nous serons
peut-être dans l'obligation de demander à nos membres d'entreprendre
des actions sans précédent contre ce gouvernement. Nous demandons à
nos 31 000 membres d'être prêts à passer à l'action au moment
voulu. »
Les infirmières manifestent en appui aux enseignants le 6 décembre
2016.
|
La présidente du Syndicat canadien de la fonction
publique,
section Nouvelle-Écosse, Nan McFadgen, a émis une déclaration où elle
dit : « Le fait d'imposer une convention collective à nos
enseignants
est anti-démocratique. Le projet de loi 75 est essentiellement une
loi
antisyndicale qui ne tiendra pas la route du point de vue
juridique. » Elle a dit que bien que le projet de loi 75 vise
spécifiquement les enseignants, « il annonce la fin de la négociation
collective équitable en Nouvelle-Écosse ».
« Nos membres appuient le droit des enseignants de
négocier
équitablement leurs conditions et ils sont choqués que les enfants
soient utilisés comme pions dans les plans du gouvernement qui refuse
de respecter les droits des travailleurs de cette province. Jamais
notre gouvernement provincial n'avait-il attaqué les syndicats d'une
telle façon.
« Le Syndicat canadien de la fonction publique, section
Nouvelle-Écosse, va se battre pour protéger notre droit de négocier
collectivement et nous appelons les membres du SCFP à faire de même.
Nous demandons à nos 19 000 membres d'être prêts à se mettre
en action comme ils ne l'ont jamais fait. »
Le président de la Fédération des travailleurs de la
Nouvelle-Écosse, Danny Cavanagh, a dit : « Les choix de ce
gouvernement
libéral vont forcer tous les contribuables à payer chèrement pour ces
mauvaises décisions s'il impose une convention collective aux
enseignants. La récente décision de la Cour suprême de la
Colombie-Britannique a été une victoire sans équivoque pour les
enseignants de la Colombie-Britannique, la Cour ayant déclaré
anticonstitutionnelle et invalidé la Loi de 2002 qui retirait aux
enseignants le droit de négocier leur convention collective.
« Nous confions nos enfants, leur éducation et leur
sécurité aux
enseignants depuis plus de 100 ans dans cette province et ce
gouvernement va devoir commencer à écouter ce que les enseignants, les
parents et les étudiants ont à dire : la seule façon d'améliorer
les
conditions dans les salles de classe et dans notre système
d'éducation est de retourner à la table de négociation et de travailler
à trouver des solutions. »
(Photos: NSTU
Yarmouth Local, S.L. Morse)
À titre d'information
En décembre 2015, le gouvernement libéral de la
Nouvelle-Écosse a adopté le projet de loi 148, Loi sur la
durabilité des services publics
. Cette loi, sous prétexte de garantir la durabilité des services
publics, s'attaque à ceux qui les dispensent.[1] Elle impose à tous les
travailleurs du secteur public provincial un plafond
salarial de 0 %, 0 %, 1 %
et 1,5 % par année sur 4 ans, et 0,5 % le
dernier jour de la convention collective. Si les négociations vont en
arbitrage, le projet de loi oblige l'arbitre à respecter ces
paramètres salariaux. Bien que le projet de loi
ait
été adopté, le gouvernement ne l'a pas encore mise en oeuvre,
préférant la brandir comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête
des travailleurs du secteur public. La menace cependant ne marche pas.
Les enseignants du secteur public ont jusqu'ici rejeté
deux
ententes de principe négociées entre le gouvernement et leur syndicat,
le Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse (SENE), dans cette
ronde de négociations commencée le 29 septembre 2015. Lors du
vote le
plus récent, 70 % des membres du SENE ont rejeté la dernière
entente de principe. Le vote reflète le refus des enseignants
d'accepter le diktat du gouvernement dans les négociations. En dépit
des craintes à l'effet
qu'un rejet pourrait pousser le gouvernement à mettre en oeuvre son
projet de loi antiouvrier, le syndicat a rapporté le 25 octobre
que « 96% des 9 300 membres des écoles
publiques ont voté en faveur de moyens de pression ».
Selon la présidente du SENE, Liette Doucet, les
enseignants veulent
davantage de temps de qualité avec leurs étudiants. « Les enseignants
n'ont pas été sérieusement consultés en ce qui concerne les décisions
gouvernementales touchant aux classes et aux écoles, ce qui fait que
nous passons moins de temps à faire les choses qui importent le
plus aux étudiants. » Elle a dit également que les négociations
collectives libres et équitables et le maintien des avantages sociaux
sont importants. « Avec la Loi 148, on nous a enlevé nos avantages
sociaux négociés ainsi que notre capacité de négocier une entente
salariale équitable et raisonnable. Les enseignants accomplissent bien
plus que leur tâche afin de répondre aux besoins des étudiants, et nous
voulons
que notre contribution soit reconnue à sa juste valeur par le
gouvernement. »
Le 17 novembre, le syndicat et le gouvernement
sont allés en
conciliation et le syndicat a indiqué qu'il n'abandonnait pas ses plans
de passer aux moyens de pression. Quand les pourparlers ont été rompus
le 25 novembre, le syndicat a annoncé que les moyens de pression
commenceraient le lundi 5 décembre.
Note
1. Voir le numéro du 13
octobre 2016 de Forum ouvrier
31e Congrès de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec
Les délégués s'expriment avec passion en faveur de
campagnes qui défendent les droits de tous e toutes
Du 28 novembre au 2 décembre s'est tenu à
Montréal le 31e Congrès
statutaire de la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec (FTQ). La FTQ est la plus grande centrale syndicale du Québec,
comprenant environ 600 0000 membres dont
environ 60 % sont du secteur
privé et représentent tous
les grands secteurs de la production industrielle. Au dernier jour du
Congrès, 809 membres délégués étaient inscrits, 578 hommes
et 231
femmes, provenant de 229 sections locales, 12 conseils
régionaux et 28
syndicats affiliés. Si on ajoute les observateurs, les invités et les
représentants des médias, le nombre
total de personnes présentes au Congrès était d'environ 1100. Le
Congrès a réélu par acclamation Daniel Boyer et Serge Cadieux au poste
de président et secrétaire général de la centrale.
Le thème du Congrès était « Dessinons l'avenir
ensemble » et les
deux sous-thèmes principaux étaient la lutte aux inégalités sociales et
les changements climatiques et la transition à une économie verte avec
notamment la transition en ce qui concerne les emplois. Le Congrès a
tenu des commissions sur la question des inégalités sociales
et adopté un plan d'action à cet effet et il a aussi adopté une
déclaration de politique sur les changements climatiques intitulée «
Changeons le Québec, pas le climat ». Dans son programme, la FTQ
vise à
l'instauration d'un « dialogue social » avec le gouvernement.
C'est la
raison pour laquelle elle demande de meilleures lois du
travail tandis que les travailleurs font face à l'urgence de vaincre
les attaques qui sont faites contre eux au moyen des lois antiouvrières
brutales et déjà adoptées à toute vapeur. Cela explique que sur la
question de l'ordre
du jour de dialogue social de la FTQ, les travailleurs des secteurs
industriels et autres aient gardé le silence alors qu'ils ont parlé
avec éloquence
de la nécessité de défendre les droits de tous et sur tous les fronts
où les attaques prennent place.
Par inégalités sociales, ce que la direction de la FTQ
entend,
c'est le résultat de la distribution inégale des ressources de la
société entre ses membres. Cette explication n'analyse pas la cause des
inégalités sociales qui est le système économique, politique et social
qui repose sur l'exploitation et l'oppression. Elle rejette le blâme
uniquement sur
les choix politiques qui sont faits par ceux qui sont au pouvoir, des
choix qui selon la FTQ créent un accès inégal non seulement aux
revenus, mais à la santé, à l'éducation, aux décisions politiques etc.
C'est sur cette base que la FTQ intègre les différentes luttes des
travailleurs et du peuple dans une sorte de déclaration générale contre
les inégalités
sociales qui devient la base des appels de la centrale à amener les
gouvernements à adopter des lois et à mettre en place des politiques
qui réduisent les inégalités.
À titre d'exemple de politiques mises de l'avant par le
Congrès sur
cette question, on compte la lutte à l'évasion fiscale et aux paradis
fiscaux, l'appel à un réinvestissement massif du gouvernement dans la
santé, l'éducation et les services sociaux, et des lois du travail qui
assurent un « meilleur équilibre des forces entre les employeurs, les
travailleurs, les travailleuses et leurs syndicats ».
Sur la question des changements climatiques, la FTQ
appelle le
gouvernement à assurer une transition adéquate à une économie verte qui
assure la qualité de l'environnement tout en ne pénalisant pas les
travailleurs et leurs emplois. En fait partie par exemple l'appel à une
stratégie industrielle mise sur pied par le gouvernement qui entre
autres
choses évalue les impacts des mesures de réduction des gaz à effet de
serre sur les industries, fournit aux entreprises un soutien financier
pendant la période de transition et accroît les 2e et 3e
transformations
des ressources naturelles. Comme c'est le cas en ce qui concerne les
inégalités sociales, la déclaration de politique sur les
changements climatiques ne fait pas de place aux luttes que mènent les
travailleurs contre des projets spécifiques que mettent de l'avant les
oligopoles mondiaux qui endommagent l'environnement et la sécurité des
communautés et au sujet desquels les communautés affectées ne sont pas
consultées.
À cet égard, un des thèmes qui a imprégné le Congrès
est ce qui
est appelé l'action politique de la centrale en vue de la construction
d'alliances avec les autres organisations syndicales et les
organisations d'autres milieux pour obtenir les changements législatifs
ou réglementaires souhaités. Cette action politique vise aussi à
assurer la défaite
du gouvernement libéral de Philippe Couillard à l'élection générale
de 2018.
Le Congrès a donné lieu à des interventions très vives
à la faveur
de résolutions qui demandent le développement de campagnes dans
laquelle la FTQ met tout son poids pour défendre ceux qui sont attaqués
dans le but de défaire l'offensive contre l'affirmation des droits des
travailleurs.
Parmi ces moments forts on compte la résolution
d'urgence présentée
par le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal pour exiger
l'abrogation de la Loi antiouvrière 24 (anciennement projet de
loi 110)
qui est une attaque en règle contre les travailleurs municipaux et leur
droit de négocier leurs conditions de travail afin de
servir des intérêts privés étroits (voir l'entrevue avec la présidente
du syndicat dans ce numéro). Cette résolution demande aux officiers de
la FTQ de rencontrer les partis de l'opposition pour qu'ils s'engagent
à abroger cette loi une fois qu'ils sont au pouvoir. Plusieurs
travailleurs sont intervenus pour dire que cette loi ne peut pas être
considérée
comme un fait accompli avec lequel les travailleurs doivent vivre. Ils
rejettent cette loi, même adoptée, comme une attaque contre tous les
travailleurs. Il faut une riposte de tous les travailleurs
indépendamment de leur affiliation syndicale, ont dit de nombreux
délégués.
Un autre point fort des interventions a été celles qui
ont été
faites autour de la résolution qui demande que le salaire minimum soit
porté à 15 $ de l'heure. En fait, ont dit les délégués, il
s'agit d'un
minimum de salaire même pour combler ses besoins élémentaires dans les
conditions actuelles. Se sont présentées au micro des
travailleuses de la santé et du textile qui ont parlé avec éloquence du
phénomène des travailleurs pauvres qu'on retrouve partout et en
nombre toujours plus grand même dans les milieux syndiqués. Tels sont
par exemple les travailleurs qui oeuvrent dans les services de santé
privatisés comme les résidences pour les personnes âgées, qui
travaillent fort pour satisfaire aux besoins des aînés et le font par
dévouement pour les membres les plus vulnérables de la société mais qui
sont traités de façon indigne du point de vue salaires et conditions de
travail qui ne correspondent pas au travail qu'ils font. Les
travailleuses qui organisent ces milieux ont parlé avec vigueur de
leurs efforts
pour les syndiquer et améliorer immédiatement les conditions des
travailleurs afin qu'ils vivent et travaillent dans la dignité.
Une autre résolution qui a donné lieu à de fortes
interventions est
celle qui réclame la fin des conditions de travail à deux vitesses,
notamment en ce qui concerne les régimes de retraite, par lesquelles
les nouveaux engagés vont devoir travailler côte-à-côte avec leurs
collègues plus anciens à des conditions très inférieures. Les délégués
ont salué
la grève de trois mois menée par les travailleurs de Ciment Lafarge qui
ont réussi à bloquer l'imposition d'un régime de retraite à cotisations
déterminées pour les nouveaux et ils ont également salué les efforts de
travailleurs d'autres endroits de travail pour bloquer des efforts
semblables. Plusieurs jeunes ont parlé de cette lutte comme d'une
bataille importante pour la défense même des syndicats.
Les délégués ont aussi parlé avec passion sur la
résolution
demandant l'arrêt immédiat de l'étranglement des services publics à la
petite enfance par les coupures et la privatisation et demandant leur
arrêt immédiat et un réinvestissement massif dans le réseau des centres
de la petite enfance (voir aussi à ce sujet l'entrevue dans ce numéro
avec
une travailleuse de CPE). Ils ont dit de façon non équivoque qu'il est
inacceptable que le service à l'enfance soit transformé en une machine
à profits et ils ont dit également que les progrès dans la vie des
femmes qu'a engendré le
développement des services publics à la petite enfance doivent être
défendus et élargis.
Pendant tout le Congrès, les délégués par leurs
interventions ont
demandé l'organisation de campagnes concrètes dans lesquelles la FTQ
met tout son poids derrière la défense des travailleurs qui sont
attaqués et défend les droits de tous afin de défaire l'offensive
antisociale des riches et de leurs gouvernements. Sans l'organisation
d'une telle lutte, la voie au progrès de la société va demeurer bloquée
ce qui
pose de graves dangers au bien-être du peuple et endommage également
grandement l'environnement naturel.
Entrevues
Les cols bleus de Montréal
« On doit se tenir debout tout le monde ensemble peu
importe
à quel syndicat tu appartiens »
- Chantal Racette -
Chantal Racette est présidente du Syndicat des cols
bleus regroupés de Montréal
***
Photo des cols bleus de Montréal tirée de la page Facebook du syndicat
Forum ouvrier : Le
Congrès de la FTQ vient
d'adopter à l'unanimité une résolution d'urgence présentée par les cols
bleus de Montréal demandant l'abrogation de la Loi 24 contre les
travailleurs municipaux (anciennement projet de loi 110). La Loi
incorpore dans le régime des relations de travail du secteur
municipal la loi spéciale de décret des conditions de travail, violant
le droit des travailleurs municipaux de négocier leurs conditions de
travail. Les cols bleus de Montréal demandent depuis le début le
retrait de cette loi. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Chantal Racette :
Notre syndicat est la section locale 301 du Syndicat canadien de la
fonction publique et à ce titre nous sommes d'abord
intervenus au Congrès national du SCFP à Vancouver en
novembre 2015 pour faire adopter une
résolution
d'urgence demandant le retrait du projet de loi. Nous l'avons fait
parce que selon nous cette loi nous fait retourner 50 ans
en arrière, au détriment des dures batailles que nos prédécesseurs ont
remportées. Malgré que le projet de loi ait été amendé, en ce qui nous
concerne, le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, ce n'est
pas suffisant et la Loi est inacceptable. Elle doit être retirée.
Notre syndicat a 24 conventions collectives et a
aussi des régimes
de retraite. Quiconque a déjà fait de la négociation sait que c'est
impossible de penser que tu peux négocier une convention collective
en 150 jours à moins que tu aies un employeur qui dit toujours
oui, et
ce n'est pas ce qui se passe ( la
Loi
impose la nomination
d'un médiateur par le ministre des Affaires municipales s'il n'y a pas
d'entente le 150e jour suite au début de la période légale de
grève, ce
qui enclenche le processus menant au décret des conditions de travail -
note de Forum ouvrier).
Pour
donner un exemple, juste pour Montréal, on a connu un cas lorsque Jean
Lapierre était le président du syndicat où cela a pris 54 mois de
négociation pour en arriver à une entente.
Avec une loi comme celle-là, c'est certain que les
travailleurs
municipaux vont devoir se restreindre pendant les négociations et ce
sont eux qui vont en faire les frais au bout du compte.
À un moment donné il faut que tout le monde se tienne
debout ; tu
vas en avant, tu défends tes membres, nous autres au syndicat des cols
bleus on est habitué à faire les choses comme cela et on va continuer
d'agir de cette façon.
Nous demandons le retrait pur et simple de la Loi. Nous
avons crié
haut et fort en ce qui concerne la loi qui a attaqué nos régimes de
retraite. On aurait dû
être l'ensemble des travailleurs du Québec pour défendre les régimes de
retraite du secteur municipal. On l'a vu ici-même au Congrès avec le
cas de Brault et Martineau et Ciment Lafarge où l'employeur s'est
attaqué au régime de retraite. Quand cela touche à un secteur, ils
prennent le plus gros en premier et après ils étendent leurs attaques
aux autres. On doit se tenir debout tout le monde ensemble peu importe
à quel syndicat tu appartiens.
FO : Comment vois-tu
l'impact que cette loi va avoir en ce qui concerne les cols bleus de
Montréal ?
CR : Présentement nous
avons un plancher
d'emplois à Montréal qui nous donne un minimum d'emplois appartenant au
syndicat. Je pense que cela va être leur prochaine cible. La ville
donne déjà de plus en plus de nos emplois à l'externe. Par exemple elle
a donné plusieurs de nos emplois d'agents de sécurité à un
organisme à but non lucratif appelé le Corps canadien des
commissionnaires qui se trouve à être dirigé par l'ancien directeur du
Service de police de la Ville de Montréal !!
Nous vivons une situation où nos emplois disparaissent,
que ce soit
dans le déneigement, la collecte des déchets, les trottoirs, etc.
Prenons le cas de la grande société multinationale française
Derichebourg, qui a déjà été poursuivie pour collusion et corruption,
et à qui la ville a accordé trois contrats de collecte des déchets dans
les
arrondissements. Avant, en ce qui concerne les déchets à la Ville de
Montréal, c'était environ 50-50 entre les emplois à l'interne et
ceux à
l'externe. Nous en avons perdu beaucoup depuis. Avec la Loi 24, ça
va
être beaucoup plus facile à la ville de Montréal d'envoyer nos emplois
au privé.
FO : Veux-tu ajouter
quelque chose en conclusion ?
CR : Les cols bleus
sont le reflet de la
société dans laquelle on vit. Nous sommes plus de 6000
travailleurs et
avec les retraités nous sommes plus de 11 000. Nous sommes là
pour
donner un service aux citoyens, pas pour nous remplir les poches. Il
faut que les citoyens en soient conscients. Les
médias nous calomnient pour pousser les gens à se réjouir si on mange
une volée. Prends la Commission Charbonneau. Ils ont l'air à l'avoir
déjà oubliée. Si le travail avait été fait par les cols bleus, on
n'aurait pas eu tout ce remplissage de poches avec notre argent.
Les travailleuses des services de garde
à la petite enfance
« Nous demandons un arrêt des coupes et de la
privatisation et un réinvestissement dans le réseau »
- Sonia Charette -
Sonia Charette travaille dans un
centre
de la petite enfance et est vice -présidente de la section
locale 9291
du Syndicat des Métallos
***
Grève d'un jour des travailleuses de garderie le 7 juillet 2014
Forum ouvrier : Plusieurs
travailleuses
des services de garde à la petite enfance ont dénoncé pendant le
Congrès de la FTQ l'étranglement qui est fait des centres de la petite
enfance et
la privatisation du réseau et demandé des mesures correctives
immédiates. Peux-tu nous en dire plus sur la situation qui prévaut dans
le
réseau ?
Sonia Charette : La
privatisation des centres des
services de garde à la petite enfance a commencé avec les crédits
d'impôt qui sont accordés pour ceux qui fréquentent les garderies
privées. Par semaine, cela revient plus cher aux parents mais quand ils
font leur rapport d'impôt avec le crédit d'impôt auquel ils ont
droit, ils se rendaient compte que cela leur coûtait moins cher
d'envoyer
leur enfant dans une garderie privée que dans un CPE. Le problème s'est
amplifié avec la modulation des services. Maintenant, les parents
paient selon les revenus. S'ils gagnent plus
que 50 000 $, ils peuvent
payer jusqu'à 20 $ par jour pour un
enfant dans les CPE. Nous avons des parents qui ont dû emprunter pour
payer le service avec la modulation des services, alors ils ont
constaté que cela était plus avantageux de s'en aller en garderie
privée
à cause du crédit d'impôt. Présentement il y a une liste de rappel pour
rappeler les enfants quand il y a des places qui se libèrent, c'est une
liste
centrale pour le Québec, et il n'y a plus de liste de rappel pour les
CPE, elle est complètement vidée. Les parents sont allés au privé.
C'est une politique délibérée du gouvernement. Depuis
que les
libéraux sont au pouvoir, ils coupent les services, alors les parents
en ont assez et se demandent pourquoi ils paieraient plus cher quand
les services sont coupés. Notre CPE a presque 40 ans, on a
toujours
été
fier de dire qu'on intégrait les enfants ayant des besoins
particuliers.
On ne peut plus le faire maintenant parce que cela prend une éducatrice
en surplus pour s'occuper de ces enfants-là et on n'a plus les moyens
de payer une éducatrice en surplus.
Depuis 10 ans c'est 330 millions $ qui
ont été coupés dans le
réseau des CPE. Le gouvernement avait annoncé que pour l'année
prochaine il y aurait une autre coupure de 120 millions $,
mais en ce
moment ils se sont mis en mode séduction alors peut-être qu'ils ne vont
pas appliquer cette coupure. Nous avons
déjà utilisé tous les moyens, par exemple nous avons accepté une
réouverture de la convention collective, toutes les éducatrices, le
patron compris, ont mis l'épaule à la roue en faisant une heure de
bénévolat. On fait le même nombre d'heures qu'auparavant mais sur notre
paie on se fait enlever une heure pour sauver des enfants et acheter
nous-mêmes un peu de matériel.
Le but est clairement de privatiser les services. Les
parents se
plaignent et nous on n'a plus les moyens de survivre, et les places
qu'on perd en CPE sont offertes au privé. En pourcentage, dans
les 3
dernières années, il y a eu un bonds de 1300 % de places
octroyées au
privé et il n'y en a pas eu dans les CPE. Les garderies
privées sont moins encadrées, elles ne sont pas régies par les mêmes
lois et règlements et n'ont pas les mêmes normes. Nous, on est obligé
d'avoir des éducatrices formées sur un ratio de 2 sur 3 sur
place,
c'est-à-dire deux éducatrices sur trois qui ont suivi une technique à
l'éducation à l'enfance. Le privé n'a pas ces obligations-là.
Au point de vue des conditions de travail, nous avons
l'impression
de retourner 25 ans en arrière. Nous avions un bon régime de
pensions
et nous sommes en négociation maintenant et nous sommes menacées de
perdre notre régime à prestations déterminées pour un régime à
cotisations déterminées. Dans tout cela, ce sont les enfants qui
sont les plus grands perdants.
FO : Quelles sont les
demandes des travailleuses des services de la petite enfance ?
SC : Nous demandons
que le gouvernement
mette fin aux coupures et fasse des réinvestissements importants dans
les centres de la petite enfance. Minimalement, nous demandons qu'il
réinvestisse immédiatement dans le réseau l'argent qu'il touche par le
biais de la modulation des services. Nous demandons aussi que
le gouvernement cesse de privatiser le réseau. La création des centres
de la petite enfance a marqué un grand progrès dans la vie des femmes,
leur permettant de sortir de la maison et d'aller travailler et elle a
aussi mis fin au terrible marché noir qui existait dans la garde
d'enfants où les femmes faisaient du travail au noir sans reçus en
gardant 10 ou 15 enfants. On ne doit pas permettre que ce
progrès soit
rayé de la carte.
La lutte contre l'imposition de conditions de travail
inférieures aux jeunes
« Il faut que les jeunes s'impliquent, la clé est
là. »
- Vincent Barrette -
Vincent Barrette est un jeune travailleur à l'affinerie CEZinc de
Valleyfield, membre de la section 6486 du Syndicat des Métallos
***
Le Congrès de la FTQ a adopté une résolution
contre les clauses de
disparité de traitement dans les conventions collectives,
principalement en ce qui touche aux régimes de retraite. Il y a
beaucoup de pression qui est faite par les employeurs au Québec dans
les milieux syndiqués pour que les nouveaux engagés soient placés sur
un régime de
retraite à cotisations déterminées plutôt que de faire partie du régime
de retraite à prestations déterminées dont sont membres les autres
travailleurs. Dans le régime à prestations déterminées que nous avons à
CEZinc, celui-ci est entièrement financé par l'employeur alors qu'un
régime à cotisations déterminées serait financé d'une part commune par
l'employé et l'employeur. On a calculé que si nous avions un régime de
retraite à deux vitesses, un jeune qui rentrerait à l'usine avec un
régime à cotisations déterminées devrait payer environ l'équivalent
d'un paiement de maison toute sa vie pour avoir une retraite semblable
à la mienne. Ces dernières années, les gens qui ont été engagés chez
CEZinc ont été en majorité des jeunes entre 18 et 35 ans. Il
y a un
renouvellement de la main-d'oeuvre en ce moment avec notamment les
nombreux départs à la retraite. L'année dernière, on a calculé qu'on
avait 15 % de notre main-d'oeuvre qui avait moins de 5
ans d'expérience
à l'usine, majoritairement des
jeunes qui ont 35 ans et moins. Pendant les cinq prochaines
années, on
va en renouveler un autre 35 %. On sait qu'il y a une vague
de jeunes
qui s'en vient alors il faut se donner les moyens d'assurer des
conditions de travail justes et équitables pour l'ensemble des
travailleurs.
La disparité de traitement dans les régimes de retraite
créerait un
préjudice au niveau des nouveaux employés qui arrivent dans nos
industries, qui n'ont pas droit aux mêmes avantages d'emplois que ceux
qui sont déjà là. Un des principes fondamentaux du syndicalisme c'est
la mobilisation pour pouvoir avoir un rapport de force. Pour cela, il
faut que tes membres soient derrière toi. Ouvrir la porte aux
disparités de traitement dans nos conventions collectives cela brise ce
rapport de force. Il est difficile de mobiliser des membres qui sentent
déjà quand ils arrivent qu'ils ne sont pas représentés par le syndicat
parce qu'ils n'ont pas droit aux mêmes avantages que les autres. En
plus, les
clauses de disparité de traitement, ce n'est pas seulement les régimes
de retraite, cela peut s'appliquer aussi à tous les avantages sociaux.
Chez les métallos on mène une lutte contre les disparités de
traitement. Il y a les métallos de la cimenterie Ciment Lafarge qui ont
mené une grève de 3 mois l'hiver dernier pour que les jeunes qui
rentrent à l'usine puissent bénéficier des mêmes avantages qu'ils ont
eus. Dans
les endroits industriels, les conditions de travail ont été durement
gagnées par les combats syndicaux précédents et ce sont des conditions
qui demeurent difficiles. Il y a des enjeux au niveau de la santé et de
la sécurité qui sont très grands à cause des produits avec lesquels on
travaille. Moi je travaille avec l'antimoine qui est une substance
mortelle si on la respire ; il y a le manganèse qui donne le
Parkinson.
Ce n'est pas pour rien que nous avons de bonnes conditions de travail
et nous les avons gagnées chèrement. Chez les métallos, on a le moto
qu'on ne veut pas laisser en héritage moins que ce qu'on a reçu. La
résolution qu'on a adoptée hier laisse savoir à tous les employeurs
qu'à la grandeur de tous les affiliés de la FTQ, des clauses-orphelins
on n'en veut pas. Je me sentirais mal de faire un travail aux cotés de
quelqu'un qui n'a pas les mêmes conditions de travail. Se battre pour
conserver un régime de retraite à prestations déterminées c'est se
battre
pour s'assurer que les gens qui vont venir puissent se sentir inclus
dans l'association syndicale.
Il faut que les jeunes s'impliquent, la clé est là. Les
jeunes
doivent prendre leur place pour qu'il y ait du renouveau. Et de la
place il y en a. Les syndicats, les affiliés de la FTQ, veulent faire
de la place aux jeunes, il faut juste que les jeunes poussent un peu.
Investissez vos endroits de travail, occupez-vous de vos affaires sinon
c'est le patron
qui le fait et cela ne sera pas à votre avantage. Les choses que les
travailleurs sont allés chercher ils l'ont fait en se battant pour
elles. C'est aux jeunes à prendre cette place-là. Sinon cette place va
être laissée vacante ou bien va être prise de façon insidieuse par les
employeurs qui vont exercer une mainmise sur les syndicats. Il ne faut
pas ouvrir la
porte à ça. Il faut que les jeunes prennent leur place dans leurs
syndicats, sur le plancher de travail, partout, pour qu'on bâtisse un
mouvement syndical fort qui s'assure de l'équité intergénérationnelle.
La vente des centres de soins pour les
personnes âgées
Non à la propriété étrangère des services de soins
aux aînés! Oui au contrôle public et à
des soins modernes aux aînés!
La vente de la société privée canadienne de soins aux
aînés basée à
Vancouver, Retirement Concepts, à un acheteur étranger, Anbang
Insurance, qui est basé à Beijing, est maintenant entre les mains du
gouvernement fédéral pour examen.
L'achat proposé fait
l'objet d'une forte opposition qui demande au
gouvernement fédéral de rejeter l'accord car il va totalement à
l'encontre de l'intérêt public et aux gouvernements de la
Colombie-Britannique et de l'Alberta d'en faire de même.
Retirement Concepts possède 25 établissements
classés comme
résidences pour personnes autonomes, d'aide à la vie autonome et de
soins complexes. La plupart sont situées en Colombie-Britannique, deux
sont à Calgary et une à Montréal, et l'entreprise possède aussi des
propriétés importantes qui pourraient servir à l'expansion.
On dit que le prix de vente est supérieur à 1
milliard $ et fait
l'objet d'un examen par la Division de l'examen des investissements du
gouvernement fédéral parce qu'il dépasse le seuil de 600
millions $
au-delà duquel on doit tenir automatiquement un examen en vertu de la
Loi sur Investissement Canada.
Le
Syndicat des employés d'hôpitaux (HEU), qui représente près
de 1 900
travailleurs à 12 établissements de Retirement Concepts en
Colombie-Britannique s'oppose fermement à la vente et appelle les
gouvernements provincial et fédéral à la rejeter.
« Les services de soins en résidence et d'aide à la vie
autonome
sont une composante essentielle du continuum de soins dans cette
province », a dit Jennifer Whiteside, agente syndicale et
secrétaire du
Syndicat des employés d'hôpitaux. « Vendre des établissements de soins
aux aînés de la Colombie-Britannique à une compagnie
d'assurance outremer n'est pas dans l'intérêt des travailleurs de la
santé de la Colombie-Britannique, des aînés ou de notre système de
soins de santé. Autoriser cette vente entraînerait une perte majeure de
responsabilité et de contrôle de la prestation de soins aux aînés. Cela
enverrait un signal clair aux investisseurs mondiaux que les soins aux
personnes âgées et les autres services de santé dans cette province
sont à vendre au meilleur soumissionnaire. Autoriser l'investissement
étranger sans limites dans notre système de santé est la mauvaise chose
à faire en ce qui concerne les gens de Colombie-Britannique.
« Cette vente nous montre une fois de plus de façon
alarmante à
quel point les décisions sur les soins privés continus sont motivées
par l'appât du profit et non par le meilleur intérêt des
patients », a
dit Sandra Azocar, directrice générale des Amis de Medicare. « Une
société d'assurance multimilliardaire éloignée est exactement
l'opposé de ce dont nous avons besoin pour assurer les soins à nos
proches en Alberta.
« En bout de ligne, nous voulons l'élimination à long
terme des
soins de santé privés en Alberta, et voici pourquoi. Nous croyons que
des entreprises comme Retirement Concepts et maintenant Anbang
Insurance Group ne voient pas leur rôle comme celui de fournisseurs de
soins de qualité mais de chemin facile pour enrichir leur portefeuille
de placement », a ajouté Azocar. « Nous devons néanmoins insister
pour
que cette vente soit rejetée afin que nous puissions recentrer notre
système sur des soins qui répondent aux besoins locaux et qui,
ultimement, sont fournis par le secteur public. »
« Nous voulons qu'Ottawa rejette cet accord. Notre
système de soins
continus ne devrait pas être ouvert aux profits des investisseurs
internationaux », a déclaré Azocar. « En même temps, il faut que
notre
gouvernement provincial dise qu'il va défendre les intérêts des
patients de l'Alberta et s'opposer lui aussi à la vente, tout en
prenant
des mesures pour mettre notre système de soins de longue durée hors de
la portée des profiteurs. Nous pouvons mieux investir nos fonds publics
limités dans les soins de santé publics plutôt que dans les
portefeuilles axés sur le profit. »
L'affrontement entre les droits
La vente de 25 maisons de retraite pour personnes
âgées, d'aide à
la vie autonome et de centres de soins de longue durée par la société
canadienne Retirement Concepts au monopole étranger basé à Pékin,
Anbang Insurance, doit être rejetée. Ce qu'il faut faire, c'est limiter
et finalement éliminer entièrement le rôle des intérêts privés
dans les soins aux aînés.
Les gouvernements remettent
de plus en plus les soins aux personnes
âgées et les soins de santé entre les mains des intérêts privés comme
Retirement Concepts qui reçoit la plus grande part du financement
public de toute entreprise privée assurant des soins aux personnes
âgées. Ce monopole étranger considère en échange que c'est son droit de
monopole de vendre au plus offrant.
Selon la Loi sur Investissement Canada, les
prises de
contrôle étrangères au-delà d'un certain seuil (en 2016, le seuil
est
une entreprise dont la valeur est supérieure à 600
millions $) doivent
être examinées par le gouvernement fédéral et doivent procurer un «
avantage net » au Canada.
Quel avantage possible pourrait-il y avoir d'une telle
vente qui
met les soins des aînés dans les mains d'un énorme monopole mondial.
Pour ce monopole mondial, il s'agit d'un achat de biens immobiliers
commerciaux dont l'objectif est de faire de l'argent et d'augmenter son
investissement dans les plus brefs délais possibles. L'investissement
n'a rien à voir avec la prise en charge du bien-être des personnes
âgées, ou avec l'offre de logements et de soins modernes et humains aux
personnes âgées, ou avec tout autre avantage pour les Canadiens.
Dans le cadre de la vente proposée, Retirement Concepts
continuera
à détenir une part minoritaire et un contrat pour la gestion des
installations. La vente ajoute encore un autre prétendant et une autre
couche de profit privé et va mener inévitablement à de nouvelles
attaques contre les conditions de vie des personnes âgées et les
conditions de
travail des travailleurs ainsi qu'au pillage encore plus prononcé du
trésor public.
Les établissements de soins pour aînés qui sont
possédés et gérés
par des intérêts privés sont financés par les fonds publics,
c'est-à-dire par la valeur ajoutée créée par la classe ouvrière et
réclamée par les gouvernements, ainsi que par les frais que les aînés
doivent payer pour la nourriture, l'hébergement et une part croissante
des soins
personnels et de santé et des fournitures médicales non couverts par le
système de santé public. Les travailleurs qui fournissent les soins et
les services créent une valeur immense pour la société.
Les intérêts privés monopolistes revendiquent une part
croissante
de cette valeur ajoutée. Le fait de permettre qu'une couche après
l'autre de parasites profitent des soins de santé et des soins aux
personnes âgées crée des torts immenses. Dans ce cas-ci, un
propriétaire étranger fera sa réclamation pour le profit privé. Cela va
s'ajouter à la
réclamation des propriétaires actuels qui conserveront une part
minoritaire et un rôle de gestionnaire. À leur tour, ils fournissent
fréquemment des services en sous-traitance, ce qui entraîne encore plus
de réclamations pour le profit privé à la valeur ajoutée créée par la
classe ouvrière. En outre, il y a les réclamations des entreprises
pharmaceutiques,
des assureurs privés et ainsi de suite. On pille le trésor public pour
payer les riches tandis que les conditions de vie des aînés et les
conditions de travail du personnel qui les soigne sont constamment
attaquées.
Il va de soi qu'une telle
vente est inacceptable et qu'elle doit être
rejetée. Le dommage qui est causé par le programme néolibéral de
remettre les soins aux personnes âgées entre les mains d'intérêts
privés est bien documenté et connu. Cette vente ne produit aucun
avantage et ne fait qu'ajouter aux dommages causés par la privatisation
en
remettant le contrôle de ces centres entre les mains d'une société
étrangère. Les soins aux personnes âgées ne sont pas une question
privée, mais une question publique sur laquelle les Canadiens doivent
exercer un contrôle public souverain.
Le programme néolibéral de privatisation des soins de
santé et des
soins aux personnes âgées est en contradiction avec la demande moderne
d'une société où les droits sont garantis. Les soins de santé et les
soins aux aînés sont des droits modernes pour tous, des droits que les
gens ont en tant qu'êtres humains. L'ancienne conception à l'effet
que le droit au profit privé devrait prévaloir sur les droits des
producteurs et de l'intérêt public est en conflit avec la demande d'une
société moderne basée sur l'affirmation et la garantie des droits de
tous et non seulement de ceux qui possèdent la richesse et les
privilèges.
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|