13 octobre 2016
Non au programme d'austérité!
Défendons les droits des travailleurs du secteur public et les services
qu'ils dispensent!
Les travailleurs de Nouvelle-Écosse
rejettent le programme d'austérité antisociale du gouvernement McNeil
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Manifestation contre la loi 148 devant le parlement de Nouvelle-Écosse
en décembre 2015
Non
au
programme
d'austérité!
Défendons
les droits des travailleurs du secteur public et
les services qu'ils dispensent
• Les travailleurs de Nouvelle-Écosse rejettent
le programme d'austérité antisociale du gouvernement McNeil
• Discussion avec Jason MacLean, président du
Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse
• Résistance à la loi 10 du gouvernement du
Québec
• Les effets des coupures du gouvernement dans
les transferts en santé au Nouveau-Brunswick - Entrevue avec
Daniel Légère, le président de la section du Nouveau-Brunswick du
Syndicat canadien de la fonction publique
La lutte contre la
précarité du travail et pour de meilleurs salaires
• Grande manifestation pour réclamer des
changements à la législation du travail de l'Ontario
L'existence
précaire
des
métallos
actifs
et
à
la
retraite
• Les travailleurs résistent aux attaques de US
Steel
• C'est le temps de donner une nouvelle
direction et un nouvel objectif à l'économie
Non au programme
d'austérité! Défendons
les droits des travailleurs du secteur
public et les services qu'ils dispensent
Les travailleurs de Nouvelle-Écosse rejettent
le programme d'austérité antisociale
du gouvernement McNeil
Les travailleurs du secteur public de Nouvelle-Écosse
se préparent
à intensifier leur lutte contre le programme d'austérité antisociale du
gouvernement libéral majoritaire de Stephen McNeil. Le gouvernement
commet un abus de pouvoir quand il nie aux travailleurs leur droit de
négocier leurs conditions de travail qui sont les conditions
mêmes de la livraison des services publics.
Les travailleurs ont été particulièrement outrés de
l'adoption le 18 décembre 2015 de la Loi 148, le Public
Services
Sustainability
Act
(la Loi sur la durabilité des
services publics). Sous prétexte de garantir
la durabilité des services publics, cette loi attaque en fait les
travailleurs qui fournissent ces services.
Elle impose à tous les travailleurs du secteur public de la province un
plafond d'augmentations salariales
de 0 %, 0 %, 1 % et 1,5 % par
année
et 0,5 % le jour de l'expiration de la convention collective.
Si les
négociations vont en arbitrage, les arbitres doivent respecter ces
paramètres
salariaux dans leurs décisions.
La Loi a également terminé rétroactivement au 1er
avril 2015 les
paiements de l'allocation de retraite et des congés de maladie
accumulés sur la base des années de service. Le gouvernement McNeil n'a
pas encore proclamé la Loi et dit qu'il le fera dès que les discussions
dans les négociations ou l'arbitrage sembleront vouloir
dépasser les paramètres établis par la loi. Autrement dit, les
travailleurs et leurs syndicats sont censés négocier un fusil sur la
tempe et se soumettre « volontairement » aux attaques du
gouvernement,
qui est aussi leur employeur, ou faire face au plein poids de la
Loi 148 qui sera proclamée.
C'est dans ce cadre que les enseignants des écoles
publiques de
Nouvelle-Écosse ont rejeté récemment une entente de principe qui avait
été conclue en septembre. Ils l'ont fait pour s'opposer à ces
négociations bidon et au chantage en vertu desquels ils doivent
accepter une offre salariale inacceptable et la détérioration de leurs
conditions ou
être frappés du couperet de la Loi.
Les travailleurs de la fonction publique membres du
Syndicat des
employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) considèrent
rejeter eux aussi une entente de principe qui avait été conclue avec
leur employeur en novembre dernier, peu avant l'adoption de la
Loi 148.
En janvier dernier, le comité de négociation du syndicat
qui représente quelque 7600 fonctionnaires syndiqués de la
province a
voté à 96 % de recommander le rejet de l'entente de principe
après que
le syndicat ait fait une tournée de ses membres à l'échelle de la
province. Dans ce cas également, l'adoption de la Loi 148
antiouvrière
a été un facteur majeur dans la
recommandation de rejet. On lit dans un communiqué de presse émis par
le comité de négociation en janvier que « l'ingérence législative
brutale du gouvernement » a été la cause du changement de
position. Les
travailleurs de la santé membres du NSGEU s'apprêtent maintenant à
entreprendre les négociations en vue du renouvellement de
leur convention collective. Ils ont eux aussi déclaré qu'ils veulent
signer un accord négocié qu'ils considèrent acceptable sans avoir cette
épée de Damoclès de la Loi 148 qui pend au-dessus d'eux.
Discussion avec Jason MacLean, président du Syndicat
des employés du gouvernement
de la Nouvelle-Écosse
Forum ouvrier s'est récemment entretenu avec
Jason
MacLean, président du Syndicat des employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse, au sujet de la situation que vivent présentement les
employés du gouvernement et les Néo-écossais en général. Jason
a dénoncé la fraude des négociations imposée aux travailleurs du
secteur public. Il explique qu'en plus de l'imposition d'un plafond sur
les salaires, les travailleurs sont très préoccupés par l'abolition de
l'allocation de retraite parce qu'elle fait partie de la convention
collective en vigueur.
« Le projet de loi nous enlève la prime d'ancienneté,
en vertu de laquelle le syndiqué est admissible à une semaine de
salaire par année de service à concurrence de 26 semaines lorsqu'il
prend sa retraite. Cette prime existe dans notre convention collective
et l'employeur veut nous l'enlever. Le projet de loi 148 élimine cette
prime rétroactivement à partir du 1er avril 2015.
« C'est le gouvernement qui change la convention
et c'est aussi lui
l'employeur. Il passe une loi pour éliminer des clauses de la
convention collective. Si nous acceptions et votions en faveur de cette
entente, nous n'aurions plus de possibilité de la contester. Mais si
nous votons contre, nous pouvons la contester
devant les tribunaux, en vertu de la Charte des droits et libertés
.
« Cette loi est un outil dont le gouvernement se
sert pour nous
forcer à accepter une entente, nous forcer à accepter ces mesures
d'austérité en acceptant l'entente et à perdre pour toujours ces
clauses qui font partie de la convention collective. Alors nous pensons
que la chose à faire
est de rejeter cette entente et essayer de retourner à la table de
négociation. Si nous ne pouvons pas y retourner, nous allons aller en
conciliation avec l'employeur et espérer que cela aille en arbitrage.
« Entre-temps, le gouvernement pourrait proclamer
l'entrée en
vigueur de la Loi 148. Alors nous allons tout de suite voir les
options de
contestation juridique quand il y a atteinte à la convention collective
et que des clauses sont abolies. Ces clauses ont été négociées
librement et
collectivement sur une période de plusieurs années. Personne ne peut
venir nous dire que nous n'en voulons plus et s'en sauver. »
Jason a expliqué que le syndicat s'apprête à faire une
tournée de
la province pour présenter la recommandation du syndicat, qui est de
rejeter l'entente de principe conclue sous la menace que le
gouvernement pourrait nous l'imposer si nous ne l'acceptons pas. Les
votes devraient avoir lieu à la
mi-novembre ou vers la fin de novembre.
Il a dit en conclusion : « Ce que je dis de
ce processus, c'est que
le gouvernement a acculé les gens au mur et beaucoup de travailleurs
disent que nous
n'allons pas le laisser faire et n'allons pas accepter ses mesures
d'austérité. Le mouvement syndicat en Nouvelle-Écosse est uni sur cette
question et nous
allons nous concerter et travailler ensemble jusqu'au bout. »
Résistance à la loi 10 du gouvernement du Québec
Les travailleurs de la
santé manifestent à Montréal le 1er octobre 2015 contre le programme
d'austérité antisociale du gouvernement Couillard
La Loi 10 s'attaque aux
conditions de travail et à la livraison des
services
dans le secteur de la santé.
Les travailleurs mènent des actions à l'échelle du
Québec contre la
détérioration des conditions dans le secteur de la santé qu'amène la
restructuration antisociale du secteur par le gouvernement libéral du
Québec. La Loi 10, Loi modifiant l'organisation et la
gouvernance du
réseau de la santé et des services sociaux notamment par l'abolition
des agences régionales, est un élément important de cette
détérioration.
La loi 10 a été adoptée sous le bâillon par le
gouvernement majoritaire de Philippe Couillard le 7 février 2015.
Elle
concentre le pouvoir décisionnel de tout ce qui concerne le système de
santé dans les mains du ministre de la Santé. Elle a réduit le nombre
des établissements de 182 à 33 et c'est le ministre de la
Santé qui
nomme et peut démettre leurs conseils
d'administration.
Les travailleurs du Québec disent que la Loi 10 et
toute
l'offensive antisociale dans la santé y a accru le chaos, au point où
les conditions de travail sont devenues intenables et le bien-être et
la sécurité des travailleurs et des patients sont mis à risque. Les
actions ont lieu dans toutes les
régions du Québec et les travailleurs exposent ce qui se passe
réellement dans le système de santé en vertu de cette restructuration
antisociale et exigent des changements.
Le 6 octobre dernier,
les travailleurs ont dénoncé la décision du
conseil d'administration imposé par Québec du Centre intégré de santé
et de services sociaux de la région de Lanaudière de centraliser les
laboratoires médicaux dans les grands centres
urbains, ce qui causera des pertes d'emplois et de services dans
l'ensemble de la région.
Des actions ont aussi eu lieu dans plusieurs régions.
Sur la
Côte-Nord, les travailleurs ont protesté contre l'élimination de
positions dans les services d'urgence à Sept-Îles, laquelle cause le
chaos dans les salles d'urgence. Dans le Bas-Saint-Laurent, les
travailleurs de la santé ont
dénoncé la coupure de l'ordre de 20 millions $ qui va
affecter la
région dans l'année qui vient, une coupure qui vient s'ajouter à celle
de 17 millions $ déjà imposée. Ils ont dit que la situation
est
carrément devenue intenable et met en péril
travailleurs et patients. Le burn-out et l'épuisement parmi les
travailleurs sont devenus chose commune. Les coupes sont faites dans
des secteurs comme les soins intensifs où des lits sont fermés et les
unités qui traitent des problèmes de maladie mentale. Dans une
municipalité, la dernière
position encore en place de soins infirmiers en santé mentale a même
été éliminée.
La Loi 10 centralise la prise de décision dans le
système de santé
dans les mains des gestionnaires nommés par le ministre et en prive
toujours plus les travailleurs qui sont ceux qui fournissent les
services. Les gestionnaires gardent leur position seulement s'ils font
l'affaire du ministre qui leur demande
d'agir comme des PDG du secteur privé uniquement intéressés à la
colonne des chiffres. Afin de réduire les salaires sans tenir compte de
l'impact que cela aura sur les services et le maintien de l'expertise
publique, ces gestionnaires de type PDG doivent centraliser
l'administration en éliminant des
milliers de positions dans les départements des finances, de la paie,
des achats et dans d'autres départements.
Le gouvernement prépare aussi des attaques contre les
professionnels et les techniciens. Un exemple en est le projet Optilab
qui vise à centraliser les laboratoires médicaux afin d'éliminer des
centaines d'emplois. Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a parlé à
maintes reprises
d'une « surconsommation » de tests de laboratoire, de rayons
X, de
tests de sang et d'autres tests du genre qui selon lui sont inutiles.
Le ministre dit que les médecins de famille passent trop de temps à
faire des examens médicaux et de la médecine préventive au lieu de se
concentrer
sur ceux qui selon lui « ont de vrais problèmes médicaux ».
Le projet
Optilab repose sur la technologie la plus coûteuse fournie par les
entreprises privées spécialisées en technologie de laboratoire et sert
à détourner les fonds du système de santé
vers leurs intérêts privés. À cause de cette centralisation qui est
faite au bénéfice des entreprises privées, les services de laboratoire
qui sont présentement disponibles dans les hôpitaux sont réduits au
minimum et plusieurs positions de travailleurs de laboratoire sont
éliminées.
La Loi 10 a également centralisé les Centres
jeunesse en les
mettant sous la gestion directe des nouveaux Centres intégrés de santé
et de services sociaux. Les travailleurs de plusieurs Centres jeunesse
ont récemment dénoncé la réduction des services qui y sont offerts,
laquelle a un impact sérieux sur leurs conditions de travail et le
bien-être des jeunes. Les effectifs y sont inadéquats et les charges de
travail deviennent impossibles et les actes de violence contre le
personnel augmentent.
Les travailleurs rapportent aussi qu'en vertu de la
Loi 10, la
capacité même limitée qu'ils avaient précédemment de traiter des
problèmes avec les autorités locales disparaît tout à fait. Les
travailleurs font maintenant affaire localement à des gens sans pouvoir
qu'on appelle des coordonnateurs. Les travailleurs les appellent plutôt
des « boîtes aux lettres » parce que tout ce qu'ils font
c'est recevoir
des rapports et des plaintes alors que les travailleurs ne reçoivent
pas de réponse. Les travailleurs se font dire que leurs plaintes sont à
l'étude, mais il n'existe aucun espace ni aucune avenue pour discuter
de
ces questions de façon concrète et régler les questions.
Un des traits les plus
importants de la Loi 10 est qu'elle canalise
toutes les ressources dans les services médicaux qui sont les plus
profitables aux monopoles mondiaux. Cette tendance, couplée à la
réduction des investissements dans le système de santé, éloigne
toujours davantage le
système de santé de son mandat profond qui doit être de fournir des
soins de santé complets à tous. La Loi restreint aussi la capacité des
travailleurs d'avoir un mot décisif à dire et d'exercer un contrôle sur
le
travail qu'ils font et les problèmes qui surviennent. Il en résulte le
chaos et la paralysie dans le secteur.
Le gouvernement considère aussi comme étant un
« fardeau
administratif » l'existence de travailleurs organisés et de
syndicats
dans le système de même que l'existence de toute prise de parole et de
mesure de contrôle par les travailleurs. La Loi 10 impose la
restructuration des affiliations syndicales à l'échelle de tout le
système de santé, ce qui est une ingérence inacceptable dans leur droit
de s'organiser sur la base de leur propre pensée, de leurs propres
opinions et de leurs besoins. Dans le contexte de la centralisation des
établissements de
santé dans ce qui revient en pratique à un seul méga-établissement par
région, il ne peut exister qu'un seul syndicat par établissement pour
chacune des quatre catégories d'emplois qui sont : (1) personnel
en
soins infirmiers et cardiorespiratoires, (2) personnel paratechnique,
services
auxiliaires et de métiers, (3) personnel de bureau, techniciens et
professionnels de l'administration, (4) techniciens et professionnels
de la santé et des services sociaux.
Le gouvernement demande que les travailleurs de la
santé revotent
sur leur affiliation syndicale selon les catégories d'emplois dans le
système de santé afin d'en faire triompher une seule, ce qui constitue
une façon délibérée de perturber la vie des organisations des
travailleurs y
compris dans leurs relations avec les autres. Les travailleurs
dénoncent cette ingérence dans leurs affaires syndicales et demandent
qu'elle prenne fin.
Les effets des coupures du gouvernement dans les
transferts en santé au Nouveau-Brunswick
- Entrevue avec Daniel Légère, le
président de la section du Nouveau-Brunswick du Syndicat canadien de la
fonction publique -
Forum ouvrier : Dans un
communiqué émis
récemment par le Conseil des syndicats hospitaliers du
Nouveau-Brunswick (CSHNB) et le SCFP du Nouveau-Brunswick, tu dis
craindre que le gouvernement fédéral soit en train de sous-financer les
soins de santé afin d'accélérer la privatisation des services. Peux-tu
nous
en dire plus ?
Daniel Légère : Les coûts
encourus par le système
de santé, certainement en ce qui concerne le Nouveau-Brunswick qui est
la province où la population vieillit le plus vite, augmentent
constamment. Les pressions qui s'exercent sur le système de santé
augmentent elles aussi. On assiste donc à l'augmentation de ce qui
en coûte pour livrer les soins de santé à la population du
Nouveau-Brunswick. Le fait de ne pas accroître les taux d'augmentation
des transferts de 3 % à 6 % ne va qu'aggraver les
problèmes. [ Les transferts fédéraux vont chuter en 2017 d'un
taux garanti de croissance annuelle de 6 % à un taux lié à
la croissance économique avec un plancher minimum de 3 % -
note de la rédaction. ]
Nous sommes très inquiets à l'idée de voir les soins de
santé
privés prendre de la place au Nouveau-Brunswick, ce qui va mener à un
système de santé à deux vitesses. Ceux qui ont la capacité de payer
vont passer devant les autres en allant au privé.
L'autre inquiétude que nous
avons c'est que la privatisation draine
les ressources humaines. Toutes les provinces, je crois, vivent ce
problème, mais il est certainement très aigu dans les provinces de
l'est alors qu'il est déjà difficile de recruter de nouveaux médecins
et de les garder dans nos communautés, en particulier les communautés
rurales. En ce moment au Nouveau-Brunswick, il y a des milliers de
personnes qui n'ont pas de médecin de famille. Si le privé vient nous
faire la concurrence pour les ressources humaines, ce problème ne va
qu'empirer.
Au Nouveau-Brunswick, il existe de longues listes
d'attente pour
les chirurgies. Un des facteurs qui explique cela, du moins en partie,
c'est l'exode démographique que nous connaissons du nord vers le sud de
la province, surtout dans les communautés francophones. Nous appelons
cela la deuxième déportation. Les jeunes quittent la péninsule
acadienne pour Moncton et Dieppe où les occasions d'emplois sont
meilleures, ce qui en retour exerce une pression supplémentaire sur le
système de santé. La population de nos centres urbains augmente
rapidement.
Il existe aussi un problème en ce qui concerne les
ressources
humaines, comme je viens de le mentionner, les ressources humaines
nécessaires pour livrer les services de santé. Le troisième problème
est le financement. Nous faisons face à ces trois problèmes, le
financement, les longues listes d'attente et le manque de médecins. La
décision du
gouvernement en ce qui a trait aux transferts rend ces problèmes encore
plus aigus. Certainement en tout cas le problème des ressources
humaines et financières.
Nous sommes également inquiets de l'intention de notre
gouvernement
provincial d'accueillir les bras ouverts une clinique de plasma
rémunéré qui devrait s'ouvrir à Moncton. Selon nous, cela va éroder
notre système public d'approvisionnement en sang et c'est un geste de
privatisation. Les produits sanguins sont une composante de notre
système de santé et nous essayons d'attirer l'attention publique sur
cette intention en expliquant pourquoi elle est néfaste selon nous. En
ce moment, donner du plasma sanguin est un geste bénévole, non
rémunéré. Le gouvernement est en train de proposer qu'une entreprise
privée rémunère les gens qui vont donner du plasma sanguin au
Nouveau-Brunswick. Cela ne peut qu'éroder notre système public en
matière de sang et de produits sanguins. On sait par expérience que
cette compagnie établit ses cliniques dans les quartiers où elle peut
attirer les membres les plus vulnérables de la société.
En plus de cela, n'avons-nous pas dépensé des millions
de dollars pour la Commission Krever ?
[La Commission d'enquête sur l'approvisionnement
en sang au
Canada ou Commission Krever a été créée par le gouvernement fédéral
en 1997 - note de la rédaction. ] Nous nous souvenons tous du
scandale du sang contaminé dans les années 1980. Le rapport de la
Commission a fait état de cinq principes qu'il faut
respecter. Un de ces principes c'est que le don de plasma sanguin ne
doit absolument pas être rémunéré
La lutte contre la précarité du travail
et pour de meilleurs salaires
Grande manifestation pour réclamer des changements à la
législation du travail de l'Ontario
Cinq mille travailleurs se
sont rassemblés à Queen's Park à
Toronto le 1e octobre pour revendiquer une législation du travail
en
Ontario qui réponde aux besoins de la classe ouvrière, en particulier
des travailleurs marginalisés dans les secteurs dits précaires. Un
grand nombre de travailleurs sont venus par autobus des quatre coins de
la province -- Ottawa, Alexandria, Thunder Bay, Sudbury, Barrie,
Windsor, St. Catharines, Cambridge, Hamilton et plusieurs autres
communautés. Les différents contingents sont partis du Steelworkers'
Hall et d'Allan Gardens et ont marché jusqu'à Queen's Park.
Parmi les participants, il y avait des travailleurs de
l'hôtellerie, de l'alimentation, des bibliothèques, des aéroports et
des établissements scolaires qui subissent tous les conséquences de la
sous-traitance et du travail à temps partiel sans véritable protection
légale et sans le respect des normes établies. Les travailleurs sont
confrontés à des lois du
travail qui défendent les intérêts des monopoles privés et de
l'oligarchie financière. Souvent la législation du travail n'offre pas
aux travailleurs les protections minimales. Un grand nombre de
travailleurs présents étaient des jeunes et des immigrants embauchés
dans des secteurs de l'économie où les travailleurs sont très
vulnérables.
Les orateurs ont exigé que l'examen sur les lois du
travail entrepris par le gouvernement ontarien mène à l'adoption de
lois
qui protègent les travailleurs les plus vulnérables et qui contribuent
à mettre fin aux abus et aux attaques.
Un des orateurs a relaté son expérience dans
l'industrie de la
transformation alimentaire où les travailleurs ont fait la grève
pendant 22 mois avant d'en arriver à une entente avec l'employeur.
D'autres ont fait part de l'expérience des travailleurs d'hôtellerie
qui travaillent dans des hôtels où se côtoient des travailleurs
syndiqués et non
syndiqués, d'aînés qui sont de plus en plus obligés de travailler dans
des emplois précaires parce qu'ils n'ont pas les moyens de prendre leur
retraite, ainsi que des obstacles légaux à surmonter dans
l'organisation des travailleurs collégiaux à temps partiel.
Les pancartes et les
bannières des participants exprimaient haut et
fort les revendications des Ontariens que les gouvernements affirment
les droits des travailleurs plutôt que d'en faciliter la violation. Il
y avait la revendication d'un salaire minimum à 15 $ et aussi
de
congés de maladie payés, d'une législation qui interdirait aux
employeurs le recours aux travailleurs de remplacement et qui
permettrait l'accréditation par vérification des cartes d'adhésion pour
contrecarrer l'ingérence de l'employeur durant les campagnes de
syndicalisation. Il y avait aussi des revendications pour une période
de repos obligatoire entre quarts de travail, des normes provinciales
touchant aux
avantages sociaux et à la sécurité d'emploi pour l'ensemble des
travailleurs à temps partiel, contractuels et à temps plein, ainsi
qu'un plus grand contrôle des changements fréquents de contrats de
sous-traitance.[1] Une des
questions soulevées a été la nécessité pour les gouvernements
d'appliquer de façon
proactive les lois qui en principe existent déjà pour protéger les
travailleurs.
Des femmes de la communauté bangladaise revendiquent du
travail
non précaire et de meilleurs salaires
Un contingent de cinquante personnes, en grande majorité
des
femmes immigrantes bangladaises qui travaillent dans les emplois
précaires et mal payés, a été mobilisé pour le rassemblement de Queen's
Park par le chapitre de la communauté d'East Danforth d'Unifor
(Unifor-EDCC) et par l'Organisation des droits des femmes de l'Asie du
Sud (SAWRO).
Nous publions une partie du discours de Shapla Yesmine,
présidente
d'Unifor-EDCC, et de Husna Sweet, secrétaire-trésorière du chapitre, au
rassemblement d'Unifor à Allen Gardens.
« Nous représentons une
communauté de femmes immigrantes qui avons
été obligées de travailler dans des emplois précaires et mal payés en
marge du marché du travail. Les femmes de notre communauté veulent
mettre fin à cette marginalisation. Nous voulons des modifications à la
Loi sur les normes
d'emploi pour que les employeurs
soient forcés de respecter notre dignité humaine et nos droits en tant
que travailleuses. Nous voulons de vrais emplois et des salaires
décents -- en commençant par une augmentation du salaire minimum
à 15 $
de l'heure.
« Les immigrants ne quittent pas leurs foyers et leurs
familles
pour venir au Canada vivre dans la pauvreté, comme des parias. Lorsque
je suis partie du Bangladesh, j'espérais trouver un emploi à un salaire
aux normes canadiennes qui m'aurait permis de travailler fort pour
permettre à ma famille de bénéficier d'un niveau de vie canadien.
Mais c'est loin d'être la réalité pour un grand nombre de nouveaux
arrivants.
« J'ai travaillé pendant douze ans à des emplois à
salaire minimum
dans les secteurs du commerce et de l'industrie légère. Pendant toutes
ces années, j'ai dû travailler soixante heures par semaine à trois
emplois différents seulement pour assurer ma survie, tentant tant bien
que mal de payer mon loyer et mes factures sans jamais pouvoir
consacrer du temps à ma vie familiale. Cette vie n'a rien d'humain. Ce
n'est pas ce que j'espérais lorsque je suis venue au Canada.
« Un grand nombre de femmes de notre communauté vit la
même
situation que moi ou pire encore. Les gens de notre communauté sont
vulnérables à la surexploitation par les employeurs parce que nous
sommes de nouveaux arrivants dans un marché de travail déjà engorgé.
Aussi, nous sommes aux prises avec un recours abusif au travail à
temps partiel, aux agences de placement et aux systèmes salariaux et
d'avantages sociaux à deux vitesses des employeurs. Cette situation
donne aux employeurs le pouvoir de bafouer nos droits au travail et
notre dignité humaine. Même les normes juridiques d'emploi les plus
minimes sont violées avec impunité. Une action gouvernementale est
nécessaire pour empêcher les employeurs de se servir de leur pouvoir de
marché accru pour s'en prendre aux travailleurs.
« Les mesures suivantes
doivent être prises par le gouvernement pour améliorer la vie de notre
communauté :
- augmenter immédiatement à 15 $ l'heure le
salaire minimum pour qu'il soit d'un minimum vital ;
- restreindre le recours de l'employeur au travail à temps partiel et
aux horaires abusifs ;
- restreindre le recours des employeurs aux agences de placement et
examiner le fonctionnement de ces agences ;
- exiger des employeurs qu'ils accordent les mêmes salaires et
avantages sociaux aux travailleurs qui font le même travail ;
- appliquer avec rigueur la Loi sur
les normes d'emploi.
« L'action que nous menons aujourd'hui démontre que le
mouvement
syndical et la communauté reconnaissent la nécessité de lutter ensemble
contre les employeurs qui veulent transformer le Canada en une économie
de faibles salaires. Les travailleurs syndiqués mènent un combat pour
défendre des salaires et des conditions de travail
conformes aux normes canadiennes et nous, travailleuses précaires,
luttons pour atteindre ces normes.
« Nous sommes tous ensemble dans cette lutte ! Le
peuple uni ne sera jamais vaincu ! »
Note
1. Les changements fréquents de contrats de
sous-traitance font en sorte que lorsque les services sont confiés à de
nouvelles mains il en résulte souvent des pertes d'emplois, des baisses
de salaires et une détérioration des conditions de travail.
Généralement, suite à ces changements, les conventions collectives sont
mises à la poubelle et les travailleurs doivent s'organiser à nouveau
pour renégocier leur convention. C'est un des problèmes qui ont été
soulevés par le contingent des travailleurs de l'aéroport Pearson
International
qui a participé au rassemblement..
L'existence précaire des métallos actifs
et à la retraite
Les travailleurs résistent aux attaques de US Steel
Manifestation à l'aciérie Gary Works de US Steel le 26 août 2016
La mort de Jonathan Arrizola à L'aciérie de US Steel de
Gary, dans l'Indiana, s'est produite à peine quelques semaines après
les manifestations des métallos contre la détérioration des conditions
de travail. Les congédiements et démotions des travailleurs de
l'entretien et la sous-traitance de leur travail étaient à l'origine de
ces manifestations à la fin d'août et en septembre.
À Gary Works, US Steel a
congédié 75 travailleurs
d'entretien et en a rétrogradé 200 autres au rang de journaliers
avec
des coupures de salaire allant de 7 $ à 9 $ de
l'heure. Les métallos
disent que l'objectif ultime de cette campagne antiouvrière est de
remplacer les travailleurs
d'entretien par des travailleurs à contrat qui n'appartiennent pas aux
syndicats locaux de l'usine, qui reçoivent des salaires et des
avantages sociaux plus bas et qui ne sont pas membres des régimes de
retraite. Les métallos disent aussi que des centaines de tâches
d'entretien qui doivent être faites ne le sont pas et que l'entretien
préventif qui est
effectué est minime. Ces mesures mettent en péril la sécurité des
travailleurs qui craignent avec raison que d'autres tragédies se
produisent.
Les métallos de Gary Works
et leurs alliés ont répliqué à ces
atteintes à leurs droits et leur sécurité en tenant des manifestations
et d'autres actions. Des centaines de métallos se sont rassemblés à de
multiples reprises au centre-ville de Gary et ont marché vers les
barrières de Gary Works pour exprimer leur opposition.
Les métallos ont le sentiment que s'ils ne résistent
pas aux mises
à pied, à la sous-traitance et aux autres atteintes à leurs droits, US
Steel va multiplier les mesures antiouvrières dans tout son empire. Ils
sont déterminés à y mettre fin. La mort à l'usine de leur collègue
métallo Jonathan Arrizola a bouleversé tout le monde et démontré qu'il
est
encore plus urgent de résister aux attaques contre leurs droits et leur
bien-être.
Manifestation à l'entrée de l'aciérie
Gary Works le 26 août 2016
(Pour plus
d'information sur la mort tragique de
Jonathan lire le numéro du 6 octobre de Forum ouvrier)
C'est le temps de donner une nouvelle direction et un
nouvel objectif à l'économie
Qui est responsable ? Que
doit-on faire ?
Une lutte
des idées a éclaté entre les barons de l'acier et les métallos sur la
question de qui est responsable de la crise dans le secteur de l'acier
et ce qu'il faut faire. Le secteur de l'acier a besoin d'être
revitalisé de sorte à permettre aux métallos de travailler et de
produire la
richesse sociale nécessaire à l'existence collective de la classe
ouvrière et aux intérêts généraux de la société. Les travailleurs mis à
pied et les retraités ne doivent pas être laissés à eux-mêmes pour
subvenir à leurs besoins. L'économie moderne de la production
industrielle de masse socialisée est à ce point productive que les
riches l'accusent même
de surproduction bien qu'un grand nombre de travailleurs se trouvent
démunis et même dans le plus grand besoin. Le problème réside dans la
direction et l'objectif périmés d'une économie qui sert les riches aux
dépens des travailleurs qui produisent la richesse.
Les métallos et les retraités subissent un assaut
partout aux
États-Unis, au Canada et au Mexique. Les barons de l'acier et leurs
gouvernements refusent d'assumer toute responsabilité pour la crise. Au
Canada, US Steel Canada et Essar Steel Algoma se sont placés sous la
frauduleuse protection de la faillite dans laquelle les emplois, les
régimes
de retraite, les avantages sociaux et les installations de production
tombent dans la mire des riches prédateurs. Aux États-Unis, les mises à
pied sont nombreuses alors que le secteur va de crise en crise.
US Steel a mis à
pied 1 600 métallos à Granite City Works en
décembre et en janvier derniers, lesquels ont rejoint les 400
autres
travailleurs ayant perdu leur emploi en avril l'an dernier. Granite
City est une communauté de la grande région de Saint Louis. Les
sections locales 50 et 1899 du Syndicat des Métallos ont dit
que la plupart de leurs membres ont épuisé leurs
prestations de chômage et que plusieurs se retrouvent maintenant sans
avantages sociaux en matière de santé. US Steel n'a pas dit si l'usine
va rouvrir bientôt ni même qu'elle va rouvrir. Comme les emplois
industriels sont peu
nombreux à Saint Louis et que les programmes sociaux du gouvernement
le sont encore moins, de nombreux métallos doivent demander la charité
pour subvenir aux besoins de leurs familles. Une situation aussi
désespérée est inacceptable dans un pays développé doté d' une grande
production de masse industrielle socialisée. De telles situations
abondent, mais se limiter à en parler ne change rien à l'urgence de la
situation et aux maux qui frappent les travailleurs et ne va pas donner
lieu à une nouvelle direction prosociale. Pour développer cette
nouvelle direction, les travailleurs doivent s'organiser et lutter pour
en faire une réalité.
Les barons de l'acier en Amérique du Nord et leurs
gouvernements
sont aux postes de commande mais ils nient toute responsabilité pour la
crise. Ils refusent avec lâcheté d'accepter la responsabilité de ce
qu'ils ont fait et blâment plutôt des représentants chinois situés à
des dizaines de milliers de kilomètres d'ici. Les barons de l'acier et
leurs
représentants refusent d'assumer leurs responsabilités bien qu'ils
aient été aux postes de commande depuis le début. Ce ne sont que des
lâches qui refusent d'être tenus responsables du tort qu'ils ont causé
à la classe ouvrière et à l'environnement naturel et social et
d'accepter que le changement prosocial est nécessaire et urgent depuis
un bon
moment. Ils ne sont intéressés qu'à défendre leur privilège de classe
et à contrôler leur richesse sociale et leurs empires. Ils cherchent à
se laver les mains des problèmes qu'ils ont causés aux retraités, aux
travailleurs et à leurs communautés de même qu'à l'environnement. Les
seules solutions qu'ils préconisent - et ce ne sont pas des solutions -
sont d'exiger des concessions des travailleurs et d'attaquer les
Chinois, ce qui est bien commode mais cruel et stupide et rempli de
dangers. Ce sont ces barons de l'acier qui sont aux postes de commande
aux États-Unis, au Canada et au Mexique, et non les barons de l'acier
chinois. On ne pourra trouver de solution qu'ici-même, dans les pays de
l'Amérique du Nord et non pas dans un pays lointain où nous n'avons ni
le pouvoir de changer la situation ni le droit de nous ingérer dans la
vie et dans les affaires politiques d'un peuple.
Les solutions débutent ici, dans nos propres pays et
nos économies.
Le problème réside dans la direction étroite de l'économie qui sert les
riches et leur appétit insatiable aux dépens de la classe
ouvrière !
C'est cela qui doit changer ! Les travailleurs doivent affirmer
que
cette économie leur appartient en luttant pour une nouvelle
direction qui cesse d'enrichir les quelques-uns aux dépens du plus
grand nombre et qui commence à servir et à garantir les besoins et le
bien-être des travailleurs tout au long de leur vie.
Arrêtez de payer les riches !
Augmentez les investissements dans les programmes sociaux !
C'est le temps d'une nouvelle direction pour
l'économie qui cesse d'enrichir les quelques uns
et qui commence à
servir les travailleurs, ceux qui produisent la richesse sociale.
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