6 octobre 2016
Les travailleurs défendent leur droit
de parler et
d'organiser à la défense de leurs intérêts
Air Canada est forcée de réintégrer
le rédacteur de New Horizons
et
un autre agent de bord
congédiés arbitrairement
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Collègues et
supporters des travailleurs d'Air Canada congédiés à la séance
d'arbitrage le 16 septembre 2016
Les
travailleurs
défendent
leur
droit
de
parler
et
d'organiser à la défense de leurs intérêts
• Air Canada est forcée de réintégrer le
rédacteur de New Horizons et
un autre agent de bord congédiés arbitrairement
• La mobilisation des travailleurs amène la
réintégration d'un travailleur minier suspendu
• Les infirmières dénoncent ce qu'elles
appellent une «omerta» dans
le système de santé
• Vigoureux piquetage de solidarité en appui
aux travailleurs en lockout de MANA
• Un métallo tué à l'usine Gary Works de US
Steel
• Déclaration de la section locale 1014 du
Syndicat des Métallos
à Gary Works, le 1er octobre
Les travailleurs défendent leur droit de
parler et
d'organiser à la défense de leurs intérêts
Air Canada est forcée de réintégrer le rédacteur de
New Horizons et un
autre agent de bord
congédiés arbitrairement
Les agents
de bord d'Air Canada manifestent à Ottawa le 21 octobre 2011. New Horizons a
publié des numéros pendant la grève de 2011 des travailleurs d'Air
Canada, fournissant un forum pour discuter des problèmes auxquels les
travailleurs faisaient face dont la loi de retour au travail du
gouvernement qui criminalisait la défense de leurs droits.
Les gens qui assistaient à l'audience en arbitrage
dans des
bureaux d'Air Canada à Mississauga en Ontario le 16 septembre
dernier
ont vigoureusement applaudi lorsque l'arbitre a rendu son jugement.
Elle a jugé qu'Air Canada avait congédié injustement deux agents de
bord en décembre 2015 et lui a ordonné de les réintégrer
immédiatement avec plein salaire et avantages sociaux et sans mention
à leur dossier de leur congédiement. Un troisième agent de bord, qui
avait elle aussi été congédiée de pair avec ses deux collègues, a
conclu une entente avec Air Canada et pris sa retraite et n'était donc
pas visée par la décision de l'arbitre.
Le jugement en arbitrage a mis fin à plus de neuf mois
de
persécution et de harcèlement contre ces travailleurs pour avoir
défendu leur droit de parler et d'organiser à la défense des intérêts
des travailleurs d'Air Canada. Un des travailleurs injustement
congédiés est Garnet Colly, un agent de bord à l'emploi d'Air Canada
depuis 31 ans.
Il est également rédacteur du bulletin New Horizons, une
publication qui est produite par et pour les travailleurs du transport
aérien, en particulier les agents de bord. Cela fait maintenant 15
ans
que New Horizons publie ses bulletins et discute de questions
relatives aux conditions de vie et de travail des travailleurs du
transport aérien et de questions économiques, politiques et sociales
plus larges.
En novembre 2015, New Horizons a publié
des articles dans
lesquels il discutait de l'entente de principe qui a été conclue en
Octobre entre Air Canada et la composante d'Air Canada du Syndicat
canadien de la fonction publique. Les bulletins ont critiqué l'entente
qui a été ratifiée le 17 novembre dans un vote des plus
serrés ( 50,4 % en faveur et 49,6 % contre
l'entente) et ont appelé à
une discussion large sur l'accord et les questions qui préoccupent les
travailleurs comme New Horizons le fait de façon conséquente
depuis 15 ans.
Le 7 décembre, alors qu'il venait juste d'arriver
à Rio de Janeiro
de Toronto pour un séjour de 55 heures, Garnet a reçu l'ordre de
représentants d'Air Canada de prendre l'avion immédiatement pour
revenir à Toronto. Ils lui ont dit que sa performance générale allait
être évaluée et qu'il allait devoir répondre à des accusations
d'avoir propagé des informations erronées qui endommageaient l'image et
la réputation d'Air Canada. Soutirer de la sorte un membre d'un
équipage de façon aussi abrupte est quelque chose qui suggère que des
menaces ont été proférées à un passager ou à la compagnie. Garnet a dû
quitter Rio sans que ses collègues en aient été informés et
ceux-ci n'étaient pas au courant qu'un de leurs collègues était
littéralement kidnappé par les représentants d'Air Canada.
De retour à Toronto, Garnet a appris qu'il était
congédié pour
avoir soi-disant violé le Code de conduite de la compagnie et son Guide
en ce qui concerne les médias sociaux. Il a aussi été accusé de
mauvaise conduite jetant le discrédit sur Air Canada, toutes des choses
qui, selon la compagnie, justifiaient un congédiement immédiat. Tout
cela
était entièrement faux. Ce qu'il avait fait, c'est exprimer son
désaccord avec l'entente de principe et discuter de l'accord en
profondeur avec ses collègues sur la base des faits et de façon
raisonnée.
Les travailleurs de plusieurs secteurs connaissent très
bien ce
genre d'attaques des entreprises et des gouvernements contre le droit
des travailleurs de parler et d'organiser à la défense de leurs
intérêts. Leur expérience commune est d'être souvent accusés de
mauvaise conduite et de manque de loyauté envers leur employeur et même
le pays
lorsqu'ils expriment leurs opinions sur les problèmes auxquels ils font
face.
Les représentants d'Air Canada ont congédié les deux
autres
travailleurs sur la base de justifications similaires inventées de
toutes pièces. Une travailleuse a été congédiée parce qu'elle a affiché
un numéro de New Horizons sur une page Facebook non publique
tandis que l'autre l'a été parce qu'il avait autorisé New Horizons
à publier un article qu'il avait écrit sur l'entente de principe et
qu'il avait affiché sur cette page Facebook non publique.
Les trois travailleurs ont été congédiés et laissés
sans revenus ni avantages sociaux y compris l'assurance médicale.
Ils ont refusé ce verdict de la compagnie et d'accepter
de se
soumettre à tout ce que dit et fait la compagnie et d'être réduits au
silence en ce qui concerne ce qui leur arrivait. Pendant des mois, ils
ont été soumis à un processus de traitement de grief et d'organisation
de l'arbitrage bien plus long qu'il ne l'est normalement. À chaque
étape du
processus, Air Canada a maintenu qu'elle était dans son droit en
congédiant les travailleurs de façon arbitraire.
Deux journées d'audience en arbitrage ont été
réservées, soit
les 12 et 16 septembre à Mississauga en Ontario. Les deux
fois,
environ 40 collègues et travailleurs d'autres secteurs de
l'économie
sont venus exprimer leur appui à ces travailleurs, défendre leur
performance comme agents de bord et dénoncer qu'ils aient été
congédiés pour s'être exprimés et avoir créé un espace de discussion
sur les questions qui concernent les travailleurs.
Les travailleurs d'Air Canada présents ont dit que la
question de
l' « image » d'Air Canada est devenue un prétexte de la part de la
compagnie pour harceler de manière systématique les travailleurs et
prendre des mesures disciplinaires contre eux afin d'abaisser leurs
conditions de travail. Cette obsession de la soi-disant image est telle
que
la capacité des travailleurs de se concentrer sur leur travail dans le
calme et de voir aux besoins des passagers est grandement compromise.
Il est clair qu'ils considéraient comme un enjeu important ce qui
allait se dérouler lors de ces procédures parce qu'Air Canada voulait
manifestement faire un exemple de ces travailleurs congédiés et de leur
soi-disant « manque de loyauté ».
Le 16 septembre, l'arbitre a tenu l'audience
formelle. L'avocat
d'Air Canada est tout de suite intervenu pour dire que la compagnie
concédait qu'il n'y avait pas matière à congédiement dans le cas de ces
deux travailleurs et qu'elle les réintégrait immédiatement avec plein
salaire rétroactif et sans perte d'ancienneté et que toute mention
de cette mesure disciplinaire allait être retirée de leur dossier.
L'arbitre a alors demandé aux deux travailleurs de
décrire l'impact
que le congédiement avait eu sur leur vie. Elle a ensuite demandé aux
deux parties de faire une déclaration sur la question de la liberté
d'expression, la question selon elle qui est au coeur de la dispute.
Même si la compagnie venait juste d'avouer qu'elle avait congédié ces
travailleurs sans raison, l'avocat d'Air Canada a quand même déclaré
que les politiques de la compagnie sont justes et vont être maintenues.
Après une courte pause, l'arbitre a rendu une décision
verbale.
Elle a dit qu'Air Canada avait congédié ces travailleurs sans raison
valable et qu'elle doit les réintégrer tous les deux avec plein
salaire et avantages sociaux. Elle a dit que toute mention de ce
congédiement doit être effacée des dossiers d'Air Canada. Elle a
également fait un bref
commentaire sur la question de la liberté d'expression, disant que le
discours syndical relatif à la négociation collective est protégé par
la Charte. Elle a dit qu'elle allait bientôt
soumettre une décision écrite sur cet aspect de la cause.
Lorsque l'arbitre a terminé son intervention et ordonné
la
réintégration immédiate des deux travailleurs congédiés, les
travailleurs ont applaudi et sont allés féliciter les deux travailleurs
pour la détermination qu'ils ont démontrée pendant ces neuf mois très
difficiles.
Dans sa décision écrite émise le 20 septembre,
l'arbitre déclare
que les opinions exprimées par ces travailleurs constituent un discours
protégé et ne peuvent être considérées comme jetant le discrédit sur
Air Canada ou de la diffamation. Elle a dit que les articles
étaient « sérieux, articulés et émettaient des critiques à l'employeur.
Peut-être que l'employeur n'a pas apprécié les commentaires mais cela
ne constitue pas un motif pour congédier les deux plaignants. Ceux-ci
ont fait usage d'un discours protégé. »
Forum ouvrier salue la détermination des
travailleurs qui
ont tenu tête au diktat arbitraire d'Air Canada et la détermination de
ceux qui leur ont fourni l'appui nécessaire. New Horizons
fait
partie du journalisme qui défend la voix des travailleurs et crée un
espace pour que cette voix puisse être entendue et se consolider. Cette
activité est une composante du travail qui est nécessaire à la solution
des problèmes de l'industrie du secteur aérien, de l'économie et de la
société dans son ensemble et ce travail se fait par la mobilisation des
producteurs véritables, ceux qui produisent les biens et les services,
dans la réflexion sur ces
problèmes, dans l'élaboration des solutions et le travail en commun
pour
les mettre en oeuvre.
La mobilisation des travailleurs amène la réintégration
d'un travailleur minier suspendu
Le lundi 19 septembre, un travailleur minier de
l'Abitibi, André
Racicot, un spécialiste des questions de santé et sécurité dans le
secteur minier, a été réintégré, sans mention à son dossier, après
avoir été suspendu par la minière Iamgold pour avoir parlé des
conditions de sécurité à la mine lors de la réunion d'un comité de
travail
conjoint de la CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la santé
et de la sécurité du travail).
André est actif depuis environ 20 ans sur de tels
comités de
santé-sécurité où il a acquis une réputation de franc-parler et
d'intégrité en ce qui concerne la défense des travailleurs et
l'amélioration de la sécurité dans les mines. Il est aussi le président
de la section locale 9291 du Syndicat des Métallos et travailleur
à la
mine
Westwood de Iamgold à Preissac en Abitibi.
Le jeudi 15 septembre, André avait été avisé par
la compagnie qu'il
était suspendu avec paie en raison de commentaires qu'il avait faits à
la réunion du comité de travail deux jours plus tôt sur les conditions
de sécurité à la mine. La raison invoquée par la minière pour la
suspension est qu'elle voulait vérifier les informations qu'André
avaient données au comité et que peut-être certaines d'entre elles
étaient « erronées ». Il semble que la compagnie voulait établir
un
précédent pour que des mesures disciplinaires puissent être prises
contre un travailleur pour des propos tenus en comité à cette
commission. [1]
Les travailleurs n'ont vu aucun lien logique entre
enquêter sur
l'exactitude d'informations présentées et suspendre un travailleur. Les
travailleurs de la mine se sont mobilisés et ont tenu une manifestation
devant l'entrée de la mine à laquelle ont aussi participé d'autres
travailleurs. Ils ont utilisé les médias sociaux pour alerter tout le
monde sur
ce qui était arrivé à leur collègue et demandé sa réintégration
immédiate. On a rapporté que la CNESST a aussi fait des pressions pour
que le travailleur soit réintégré.
« C'est du jamais vu, de telles sanctions contre un
syndicaliste
qui participe en toute bonne foi à un comité de la CNESST, a déclaré le
directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, lors de la
manifestation. Les mines, c'était un vrai tue-monde il n'y a pas si
longtemps. Et même aujourd'hui il y a encore trop d'accidents graves et
de morts
dans ce secteur. Ça s'est amélioré grâce au travail de gens de terrain
comme André Racicot et plusieurs autres qui ont formulé des
recommandations pour que les lieux de travail soient plus sécuritaires.
Il n'est pas question de laisser une compagnie museler un de nos
pionniers en santé et sécurité du travail », a-t-il ajouté.
La mine Westwood de Iamgold a connu un certain nombre
d'incidents
qui auraient pu être dévastateurs pour la vie des mineurs. Le 26
mai 2015, une secousse sismique a fait en sorte que des voies de
sortie
de la mine ont été bloquées et que neuf travailleurs ont été
prisonniers de la mine pendant plusieurs heures. Le 22
janvier de la même année, un effondrement s'est produit qui a aussi
emprisonné dans la mise trois travailleurs pendant plusieurs heures.
Les problèmes que soulèvent les travailleurs ne sont pas des mirages et
les criminaliser ne va qu'aggraver les problèmes.
Fier de sa réintégration suite à la mobilisation des
travailleurs, André Racicot a fait le commentaire suivant à Forum
ouvrier :
« La bataille qu'on a menée aujourd'hui va
servir à
tous les membres des autres syndicats que ce soit les métallos, la CSN
peu importe. Cela va protéger les autres travailleurs de la
santé/sécurité et des comités pour qu'il n'y ait pas de représailles
suite à des discussions qui se font lors de réunions à huis clos.
L'opinion publique n'accepte
pas cela qu'il y ait des représailles. Comment veux-tu empêcher un
président de syndicat de s'inquiéter pour ses membres ? On ne veut
pas
qu'il y ait d'autres effondrements. Je pense que c'est une victoire
pour la démocratie et la liberté d'expression. Il faut que l'employeur
respecte cela parce que nous ne sommes pas toujours d'accord avec
la position de l'employeur. Si on n'est pas capable de l'exprimer parce
qu'on a peur d'avoir des sanctions alors on s'en va où ? »
Les travailleurs demandent entre autres choses que la
protection
qui est accordée au Conseil d'administration de la CNESST par rapport
aux représailles soit étendue aux travailleurs qui participent dans les
différents comités de la commission.
Note
1. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité
du travail (CNESST) est le résultat de la fusion de la Commission des
normes du travail (CNT), de la Commission de l’équité salariale (CES)
et de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST).
Les infirmières dénoncent ce qu'elles appellent une
«omerta» dans le système de santé
Les
travailleurs de la santé manifestent contre la loi 10 à l'Assemblée
nationale le 1er octobre 2015
Les infirmières du Québec dénoncent ce qu'elles
appellent une
véritable « omerta » dans le système de santé, une loi du silence
que
le gouvernement et les autorités de la santé essaient d'imposer au
personnel infirmier à coup de menaces et de mesures disciplinaires.
Le 22 septembre dernier, la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec en Abitibi a appris que la direction du Centre
intégré de santé et de services sociaux a exigé que les employé-e-s
arrêtent de faire signer une pétition demandant que soit revue la
décision de fermer l'Unité interne de santé mentale au Centre
hospitalier de La Sarre et que des représentants de la direction ont
même circulé sur les
étages pour saisir des copies pour la direction.
La direction a donné comme argument que la circulation
de la
pétition était une infraction au devoir de loyauté du personnel
infirmier envers l'institution, un prétexte qui est de plus en plus
utilisé pour harceler et criminaliser les travailleurs qui dénoncent
les attaques à leurs conditions et aux services qu'ils dispensent.
Cette pétition est
parrainée par une représentante de l'opposition à l'Assemblée nationale
alors les infirmières disent aussi qu'il s'agit d'une attaque contre
une représentante élue de l'Assemblée. La FIQ demande qu'on lui remette
immédiatement les pétitions confisquées sinon elle enclenchera des
procédures juridiques.
Plus tôt cette année, la FIQ a révélé que de nombreux
gestionnaires
du réseau de la santé et des services sociaux utilisent les menaces et
la peur pour empêcher que des professionnelles en soins s'expriment
contre les situations inacceptables qui compromettent la qualité et la
sécurité
des soins aux patients. Elle dénonce le fait que lorsque des
infirmières osent dénoncer ces situations, elles sont suspendues sans
salaire, reçoivent des avis disciplinaires ou sont même congédiées.
« C'est véritablement l'omerta qui a cours dans le
réseau de la
santé », écrit la FIQ. La Fédération note que cette pratique
s'aggrave
avec la restructuration antisociale de la santé à laquelle procède le
gouvernement libéral majoritaire du Québec. En février 2015, le
gouvernement du Québec a adopté la loi 10 qui entre autres
choses donne tout pouvoir au ministre de la Santé de nommer et de
démettre les autorités des centres de la santé et des services sociaux
du Québec. La FIQ note qu'on assiste à un climat de paranoïa chez les
dirigeants du réseau. Ils répondent par des menaces et des mesures
disciplinaires à toute critique qui leur est adressée par les
professionnelles
de la santé dans ce contexte où le ministre a toute autorité sur elles
et peut les congédier arbitrairement. Plutôt que d'être à l'écoute des
problèmes, les personnes en position d'autorité imposent la loi du
silence pour créer l'impression que les problèmes n'existent pas. Tout
à fait inacceptable, disent les infirmières.
Vigoureux piquetage de solidarité en appui aux
travailleurs en lockout de MANA
Un mur de drapeaux s'est dressé le matin du 30
septembre devant
l'entrée de MANA à Hamilton, en Ontario. Des travailleurs sont venus
d'aussi loin que Grimsby, Welland et Brantford à l'appel de la section
locale 1005 du Syndicat des Métallos à tenir un rassemblement de
solidarité avec les travailleurs en lockout de MANA.
En décembre 2012, la compagnie allemande Max Aicher North America
(MANA) a mis à pied tous ses travailleurs dans le but de leur imposer
des concessions draconiennes. Devant le refus des 118 travailleurs
de
se soumettre au diktat de la compagnie, celle-ci a eu recours à un
lockout contre eux le 28 juin 2013.
Depuis les plus de trois ans que les travailleurs sont
en lockout,
ils maintiennent leur piquetage à l'entrée de l'usine tandis que MANA
poursuit sa production avec des scabs. Ayant recours aux tribunaux et
aux lois pour affaiblir la ligne de piquetage, MANA a obtenu une
injonction de la cour qui limite à 15 minutes la période de temps
pendant laquelle les travailleurs peuvent empêcher un véhicule d'entrer
sur le terrain de l'usine. Le président de la section locale 1005,
Gary Howe,
de
même que le représentant des travailleurs de MANA de la même section
locale, Tim Blackborow, ont souligné l'injustice d'une loi qui interdit
que les travailleurs en lockout empêchent pendant plus de 15 minutes
un véhicule d'entrer dans l'usine alors qu'il
n'existe
aucune loi permettant de prendre des mesures contre MANA parce que la
compagnie prive les travailleurs de leur emploi et nie leur dignité,
leurs droits et leur moyen de subsistance depuis plus de trois ans tout
en maintenant une production assurée par des scabs.
Pour ajouter encore à l'insulte, l'injonction comprend
une
disposition qui interdit les « files d'attente », ce qui veut dire
que
si une deuxième ou plusieurs autos s'arrêtent derrière la première auto
de scab avant que les 15 minutes de délai ne soient écoulées, les
travailleurs en lockout doivent laisser passer toutes les autos une
fois ces 15 premières minutes écoulées. Au début du piquetage,
la
question ne se posait pas vraiment puisque les scabs ne formaient pas
de file à l'entrée de l'usine, mais peu avant 8 heures les autos
ont
commencé à faire la file. Les travailleurs ont décidé que chaque
voiture attendrait 15 minutes avant de pouvoir passer. Les
gardiens de sécurité sont devenus très nerveux parce qu'ils auraient pu
recevoir des sanctions pour ne pas avoir protégé la production scab de
MANA. Ils ont menacé de faire venir la police si les
travailleurs ne respectaient pas la disposition de l'injonction sur
l'interdiction des « files d'attente ».
Les travailleurs n'ont pas
bronché et la police de Hamilton a été appelée sur les lieux. Cinq
agents sont arrivés, prétendant
être impartiaux et juste vouloir faire appliquer la loi. La loi oblige
les travailleurs à laisser passer toute la filée d'autos et l'action
des travailleurs est illégale, ont-ils dit. Les travailleurs ont
répliqué que cela voulait dire en fait que les travailleurs en lockout
ne peuvent même
pas empêcher les scabs d'entrer à l'usine pendant 15 minutes
tandis que
la compagnie et les lois anti-ouvrières empêchent les vrais
travailleurs de MANA
d'aller travailler dans le respect et la dignité depuis plus de trois
ans ! Les travailleurs ont tenu bon jusqu'à tout près de 8
heures,
et à ce
moment ils ont laissé passer une file d'autos. Les policiers ont quitté
les lieux et les travailleurs ont recommencé à retenir chaque véhicule
pendant 15 minutes jusqu'à ce que le dernier soit passé.
Parmi ceux qui sont venus appuyer les travailleurs de
MANA et leur
lutte pour la justice, on compte la section locale 504
et 87-M
d'Unifor ; les sections locales 175 et 633 du Syndicat
des travailleurs
unis de l'alimentation et du commerce ; la Fédération des
enseignants
de l'Ontario, section
Halton ; la section locale 4207 du Syndicat canadien de la
fonction
publique ; Anthony Marco, le président du Conseil du travail de
Hamilton et du district ; l'Organisation des retraités des
Métallos, Rolf Gerstenberger, l'ancien président de la section
locale 1005 et président du Parti marxiste-léniniste du
Canada ainsi que des candidats marxistes-léninistes de la région.
Le piquetage a commencé à 5 heures et s'est
terminé bien
après 8 heures. Les
participants ont dénoncé les attaques contre la dignité et les droits
des travailleurs de MANA et l'absence totale d'une autorité publique
qui défend les droits et s'assure que justice soit faite.
Un métallo tué à l'usine Gary Works de US Steel
Jonathan Arrizola, un métallo de 30 ans a été tué
alors qu'il
travaillait dans la cour de stockage des brames d'acier de US Steel à
Gary en Indiana. La mort tragique de Jonathan le 30 septembre
s'est
produite dans un contexte de protestations et de griefs des métallos de
Gary Works contre la sous-traitance du travail d'entretien,
de mises à pied de travailleurs de l'entretien à l'interne, de
l'élimination de programmes de formation, d'un manque d'entretien
régulier et de travail supplémentaire forcé pour les travailleurs qui
demeurent à l'ouvrage. Les métallos de Gary Works avaient prédit que
les attaques contre eux qui sont faites dans le cadre de la campagne
Carnegie Way
de US Steel ne produiraient rien de bon. En vertu de cette campagne
régressive, les contremaitres locaux sont sous pression continuelle de
s'attaquer aux droits des travailleurs, en négligeant notamment la
santé et la sécurité et en se livrant à d'autres pratiques dangereuses.
Forum ouvrier transmet ses plus sincères
condoléances à la
famille de Jonathan de même qu'à ses amis et collègues de travail. Le
carnage qui frappe les travailleurs aux États-Unis et au Canada est un
réquisitoire sérieux contre un système économique qui n'est pas capable
de résoudre ses problèmes et s'en prend plutôt aux droits des
travailleurs, les attaquant comme étant un « coût de production »,
demandant des concessions et coupant les coins ronds sur des aspects de
base de la vie aux endroits de travail.
Jonathan Arrizola était un membre de la section
locale 1066 du
Syndicat des Métallos et travaillait au sein d'une équipe de quatre
soudeurs affectés à l'entretien à l'usine de laminage à chaud. Sa jeune
veuve Whitney a dit aux médias locaux qu'il laisse derrière lui deux
enfants et de nombreux coeurs brisés. Elle a dit que Jonathan s'était
plaint récemment de la détérioration des conditions de travail à
l'usine où les travailleurs d'entretien encore à l'ouvrage travaillent
de 70 à 90 heures par semaine. Whitney a dit que son mari et
d'autres
travailleurs étaient très inquiets au sujet de la sécurité à l'usine et
des dangers auxquels ils faisaient face, surtout après que tant de
travailleurs d'entretien aient été mis à pied au mois d'août. « Cela ne
devrait arriver à personne », a-t-elle dit aux médias locaux. «
Assurez-vous s'il vous plaît qu'une telle chose n'arrivera pas à
d'autres travailleurs. Je ne suis même pas capable de trouver les mots
pour expliquer la blessure que j'ai au coeur. »
Un métallo de Gary Works a dit aux médias locaux que
les équipes
d'entretien sont tellement à court d'effectifs qu'aucun entretien de
prévention n'est fait. Tout ce que font les équipes de travail, c'est
réparer les bris qui ralentissent la production. Les travailleurs
d'entretien ne reçoivent qu'une formation minimale une fois qu'ils ont
été
transférés et doivent travailler à des tâches qui sont parmi les
plus
dangereuses et qui requièrent de lever des charges très lourdes et se
font à de hautes températures. Les travailleurs sont déplacés dans
l'usine pour aller travailler à des tâches qu'ils ne connaissent pas
sans avoir pu suivre la formation nécessaire, tout cela parce que la
compagnie a
éliminé ces programmes. Le travailleur a dit que les travailleurs
d'entretien qui demeurent à l'ouvrage
doivent travailler des quarts de travail doubles à des horaires
irréguliers qui changent avec juste trois jours d'avis, ce qui crée des
conditions de travail dangereuses et mauvaises pour la santé. Les
coupures
mettent les travailleurs à risque parce que l'entretien de prévention
est reporté et les réparations à faire ne cessent de s'empiler. La mort
de
Jonathan est le résultat tragique des attaques aux droits des
travailleurs et de la détérioration des conditions de travail à la plus
grande usine d'acier d'Amérique du Nord.
Déclaration de la section locale 1014 du Syndicat
des Métallos à Gary Works, le 1er octobre
Un confrère de la section locale 1066 du Syndicat
des Métallos,
Jonathan Arrizola, a perdu la vie hier alors qu'il travaillait dans
notre usine. Il faisait partie d'une équipe de quatre travailleurs qui
s'affairaient à vérifier la condition d'une grue. Même si on ne connaît
pas tous les détails de ce qui s'est produit, une chose
demeure : c'est une nouvelle horrible, et ce jeune homme qui était
un
mari, un frère et un père n'est jamais rentré chez lui hier soir. Tant
que nous ne saurons pas exactement ce qui s'est passé, je ne sauterai
pas aux conclusions mais je vais répéter ce que nous n'avons cessé de
dire depuis des semaines : NOUS DEVONS GARDER UN
OEIL LES UNS SUR LES AUTRES ! Notre compagnie a décidé, afin de
sauver
quelques sous, de déplacer les gens à volonté dans cette usine, ce qui
accroît les possibilités que des accidents comme celui-ci se
produisent. La firme McKinsey Consulting s'en fout bien.
Vous allez entendre bientôt des citations des
dirigeants de USS
nous disant à quel point ils sont tristes et que c'est une grande
tragédie. Ils devraient plutôt se demander si ce n'est pas le moment de
commencer à écouter ce que nous avons dit depuis le début. Déplacer les
gens partout dans l'usine comme s'ils étaient des pions sur un
échiquier
ne peut mener à rien d'autre que des tragédies. Mettre fin à des
programmes de formation au moment où ils sont le plus nécessaires n'a
pas de sens si l'on pense que nous sommes « l'actif le plus
important de la compagnie ». Travailler avec des équipes réduites
jusqu'à l'os ça ne peut pas marcher. La question n'est pas si une
mauvaise
nouvelle va nous frapper mais QUAND. Ça peut sembler une chose terrible
à dire, mais est-ce que nous n'avons pas déjà prévenu que quelque chose
était
à veille d'arriver ? Promettez-vous à vous même que non seulement
vous
allez refuser de travailler de manière non sécuritaire mais que vous
allez vous assurer que le confrère et la consoeur qui
travaillent près de vous sont EUX AUSSI en sécurité. La seule chose que
nous ayons tous ensemble, c'est nous-mêmes ! Nos prières et nos
condoléances
à la famille Arrizola. Que Dieu les bénisse. Une telle chose ne devrait
JAMAIS arriver.
En toute solidarité,
Rodney D. Lewis Sr.
Président de la section
locale 1014 du Syndicat des Métallos
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Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
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