Les Néo-Écossais demandent un système de santé moderne et centré sur l'humain

Le 3 avril, le Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) a organisé un « rassemblement pour sonner l'ALARME face à la crise dans les soins de santé pour tous les Néo-Écossais ». Quelques jours avant le rassemblement qui s'est tenu devant le parlement de la Nouvelle-Écosse, le président du NSGEU, Jason MacLean, a accordé une entrevue à Forum ouvrier sur le but de l'action.

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Forum ouvrier  : Quel est le but du rassemblement que vous tenez le 3 avril ?

Jason MacLean : Nous avons organisé le rassemblement pour sonner l'alarme concernant l'état des soins de santé. Nos membres réclament que nous intensifiions nos actions et que nous soyons entendus à l'Assemblée législative. Le gouvernement McNeil a déposé son budget le 26 mars et nous espérions qu'il y aurait plus de fonds pour venir en appui à nos travailleurs de la santé qui sont sur les premières lignes et à nos travailleurs sociaux. Le budget est une énorme déception, avec vraiment pas beaucoup de nouvelles sommes pour les soins de santé et rien pour les soins de première ligne, rien pour gérer les problèmes dans les soins à domicile, dans les soins de longue durée et dans les services d'urgence des hôpitaux

En fin de compte, nous avons des problèmes dans tout le système de santé. Cela commence au service des urgences où nous avons encore beaucoup de personnes qui s'y présentent, à la fois parce que plus de personnes sont en moins bonne santé et beaucoup d'autres n'ont pas de médecin de famille. Cela surcharge les services d'urgence et les personnes sont déplacées vers d'autres parties de l'édifice, ce qui a pour résultat que nous nous retrouvons avec de la « médecine de corridor ».

Aussi, nous manquons de professionnels de la santé, dont des infirmières, et nous faisons face à un employeur qui a commencé à interpréter différemment les dispositions relatives aux heures supplémentaires lors de la dernière ronde de négociations. Ils ne paient pas aux employés les heures supplémentaires alors que le système dépend des heures supplémentaires. Il y a des personnes qui font constamment des heures supplémentaires mais qui sont rémunérées à taux simple car elles ont peut-être eu un jour de congé plus tôt durant la même période de paie.

Les employés sont dissuadés de travailler ; ils ne veulent pas travailler parce qu'ils ne se sentent pas valorisés au travail et ils sont épuisés. En outre, le nombre de cas sévères parmi les patients est si élevé que de plus en plus de personnes sont admises à l'hôpital. On n'a pas créé de nouveaux lits dans les centres de soins de longue durée. À cause de cela, les patients ne peuvent pas être transférés dans des établissements de soins de longue durée et ils occupent donc des lits dans les hôpitaux.

Lorsque des personnes sont renvoyées chez ekkes pour recevoir des soins à domicile, il n'y a pas assez d'assistants en soins de longue durée (ACC) ; il n'y a pas assez de préposés aux soins à domicile pour s'occuper de cet aspect des soins. On dit aux agences qu'elles ne peuvent pas avoir de liste d'attente mais la réalité est que les gens ne peuvent pas obtenir à temps les services dont ils ont besoin car il n'y a pas assez d'ACC. En plus, à cause de la façon dont les heures sont organisées et du taux de rémunération, les gens ont tendance à vouloir travailler dans un établissement de soins de courte durée ou de longue durée plutôt que de se rendre à domicile pour prodiguer des soins.

Nous avons un problème d'afflux de patients ; nous avons trop de patients et nulle part où les placer, et personne pour les soigner, car les travailleurs qui les prennent en charge sont malmenés par le gouvernement et l'employeur. La Nova Scotia Health Authority (NSHA), l'employeur dans le secteur de la santé, est un échec colossal créé par le premier ministre McNeil lors de son accession au pouvoir. Au sein de cette autorité de la santé, la main gauche ne sait pas ce que fait la main droite. Les autorités de la santé s'inquiètent davantage des résultats financiers que des soins aux patients ou du bien-être de leur personnel.

FO  : Quelles sont vos revendications ?

JM  : Nous voulons travailler avec le gouvernement. J'ai demandé au ministre de la Santé de venir passer une journée au service des urgences et de suivre les professionnels de la santé de n'importe quel service des urgences ou d'aller dans une unité et d'observer une infirmière pendant un jour pour voir ce qui se passe dans le système. Il essaie de régler les problèmes d'admission que nous rencontrons dans les hôpitaux où les ambulanciers paramédicaux sont bloqués dans des hôpitaux en attendant qu'un patient qu'ils ont amené soit pris en charge plutôt que d'être dans la communauté à aller chercher des patients chez eux. Les gens attendent entre 6 et 12 heures pour avoir une ambulance. Jusqu'à présent, le ministre n'a pas répondu. Il n'est pas allé dans un des services d'urgence pour voir ce qui se passe.

Nous disons qu'il nous faut plus de professionnels de la santé, plus d'infirmières, plus d'ACC, plus de lits de soins de longue durée. Nous avons besoin qu'une grande attention soit portée au système de soins de santé en général, mais vous ne serez jamais en mesure de résorber les retards qui s'accumulent sans y mettre du personnel. Nous avons également besoin de plus de médecins. Les professionnels et le système ont été privés d'investissements depuis si longtemps, c'est presque comme si l'employeur et le gouvernement agissent délibérément pour que le système de santé de notre province soit mûr pour la privatisation.

Je sais qu'il y a des problèmes. Je sais que le gouvernement sait qu'il y a des problèmes mais il ne les reconnaît pas. Ils n'ont jamais reconnu l'existence d'une crise dans les soins de santé. Vous ne pouvez pas parler à un médecin, à une infirmière, à un professionnel de la santé, à quiconque travaille dans un hôpital, sans vous faire dire que ce système est en crise. C'est pourquoi nous organisons un rassemblement de deux heures devant l'Assemblée législative et attirons l'attention sur la crise des soins de santé.


Cet article est paru dans

Numéro 11 - 4 avril 2019

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