Supplément

Numéro 4013 juin 2020

La résistance s'organise aux États-Unis

Déclarations d'organisations américaines
et reportage photo


Marche à Louisville, au Kentucky, le 13 juin 2020, où la police a récemment abattu
Breonna Taylor pendant qu'elle dormait chez elle

Déclarations

Un appel au contrôle communautaire de la police de Minneapolis

Les employés de bureau de l'Université du Minnesota

• About Face: Veterans Against the War
• Courage to Resist

• United National Antiwar Coalition

• CodePink
Le Syndicat national des infirmières unies

Des organisations de la baie de San Francisco

Un appel à l'ONU à ouvrir un examen du respect des droits humains et à sanctionner les États-Unis (Extraits)

Reportage photo

Des actions partout aux États-Unis, au Canada
et dans le monde du 7 au 13 juin



Déclarations

Un appel au contrôle communautaire
de la police de Minneapolis

L'organisation Twin Cities Coalition for Justice 4 Jamar (TCJ4J) a publié le communiqué de presse suivant, le 11 juin, pour réclamer le définancement et le démantèlement du département de la police de Minneapolis.

Nous savons que la réponse du maire et du conseil municipal n'est pas basée sur une véritable justice et réconciliation face aux crimes des policiers commis contre le peuple. Il s'agit plutôt d'une tentative de sauver leur peau, de veiller à ce que le feu nourri par le pouvoir du peuple face à l'injustice du meurtre de George Floyd ne consomme pas le maire et le conseil municipal aux urnes.

Revendications pour un contrôle communautaire de la police, pour George, Jamar et toutes les vies volées !

Malgré les récents développements, TCJ4J et la communauté vont continuer de se battre pour les revendications suivantes :

- Mettez fin aux tactiques secrètes de la ville pour se cacher de la communauté !
- Un contrôle communautaire du service de police de Minneapolis !
- Rouvrez les dossiers !
- Licenciez les policiers meurtriers !
- Inculpez, accusez et envoyez en prison les policiers meurtriers !
- Arrêtez la répression de l'État et de la police via la terreur ouverte contre nos communautés !

Mettez fin aux tactiques secrètes de la ville
pour se cacher de la communauté !

Le conseil municipal s'est empressé d'adopter une résolution à l'eau de rose sans aucun plan sauf celui de la tenir à l'écart de la communauté. À la réunion du conseil municipal aujourd'hui, Gordon a demandé à l'alliance de Bender, Cano, Jenkins et Frey d'être transparents envers la communauté relativement à leurs amendements à la charte, ce qu'ils ont refusé de faire. Le maire et le conseil municipal actuels se sont fait élire sur la base d'un engagement envers une réforme de la police suite au meurtre de Jamar Clark. Cependant, c'est seulement lorsque la ville, le pays et le monde entier se sont enflammés qu'ils ont pensé à la pertinence de la reddition de comptes des policiers. TCJ4J exige un contrôle communautaire de la police depuis quatre ans. Il prépare un projet de loi depuis plus de deux ans. Le conseil municipal et le maire ne se sont pas rendu compte qu'ils avaient un pouvoir sur la police avant que le peuple et TCJ4J ne le portent à leur attention en 2018 à la suite de la mort de Thurman Blevins. Leurs réformes fragmentaires ne tiennent pas non plus compte des revendications à long terme de la communauté noire qui réclame un contrôle communautaire et une reddition de comptes de la police couvrant les 55 dernières années et plus. Le maire et le conseil municipal sont nus et le peuple se moque d'eux !

Un contrôle communautaire de la police MAINTENANT !

La communauté sait que le système de police raciste qui protège les riches et les politiciens ne peut pas être réformé par ceux qui le protègent. L'épidémie de politiciens qui se tournent les pouces pendant que la police tue en toute impunité peut uniquement être résolue si la communauté regagne son pouvoir au moyen du contrôle communautaire de la police[1] !

Rouvrez les dossiers ! Congédiez les policiers meurtriers ! Inculpez, condamnez, envoyez en prison les policiers meurtriers !

La liste est longue des membres de notre communauté qui ont perdu la vie aux mains de la terreur policière depuis même avant que les policiers aient été le moindrement tenus redevables de quoi que soit. Cette ville et ce pays ont changé. L'inaction récente des politiciens et des décideurs politiques qui ont donné leur appui tacite aux racistes et aux suprémacistes blancs va de pair avec l'inaction des décideurs politiques lorsqu'un membre de notre communauté est tué par un policier.

Arrêtez la répression de l'État et de la police via la terreur
ouverte contre nos communautés

Cela fait cinq ans que le mouvement avertit la ville, l'État et le pays des dangers de l'inaction. Le système n'a rien fait pour protéger la communauté pendant la crise économique, la pandémie et la terreur ouverte par le biais du lynchage des noirs à l'échelle du pays par les suprémacistes blancs. Nous réclamons justice ! Bender, Cano et Jenkins ont formé une coalition pour réprimer la voix et les actions du peuple au moyen des revendications néolibérales de la politique identitaire.

Note

1. Pour lire la cinquième ébauche de la loi du CPAC de Minneapolis pour un système policier communautaire soumise le 11 juin au maire et au conseil municipal de Minneapolis, cliquer ici

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 Les employés de bureau
de l'Université du Minnesota


La Fédération américaine des employés d'États, de comtés et de municipalités (AFSCME), section locale 3800, à la manifestation du 7 juin 2020 à Minneapolis

L'Amérique vit un moment déchirant. La Fédération américaine des employés d'États, de comtés et de municipalités (AFSCME), section locale 3800, est solidaire de la famille, des amis et des proches de George Floyd, de la communauté noire et de tous ceux qui exigent la redevabilité et la justice de la police.

ATTENDU QUE le 25 mai 2020, un policier blanc de Minneapolis a tué George Floyd, âgé de 46 ans, en pressant le genou sur son cou pendant huit minutes alors qu'il plaidait pour respirer ;

ATTENDU QUE trois autres policiers ont aidé à retenir George Floyd alors qu'il était en train d'être tué, ou ont lâché des épithètes anti-noirs ou associées à la drogue, ou se sont tenus là et n'ont rien fait ;

ATTENDU QUE la communauté noire a connu à plusieurs reprises la mort d'êtres chers aux mains de la police ; et

ATTENDU QUE le principe fondamental du mouvement syndical - « Une attaque contre un est une attaque contre tous » - exige que tous les travailleurs conscients prennent position pour la justice ;

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 offre notre plus sincère sympathie à la famille de George Floyd et à toute la communauté et demeure solidaire de celle-ci.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 demande l'arrestation immédiate et la poursuite en justice de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd. Nous demandons en outre l'arrestation immédiate et la poursuite vigoureuse des officiers Thomas Lane, Tou Thao et J. Alexander Keung pour avoir aidé et encouragé le meurtre de George Floyd.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à une désescalade immédiate de la police et à la fin des violences policières contre les manifestants.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 soutient la décision du président Gabel de rompre les contrats de l'Université du Minnesota avec le service de police de Minneapolis et nous appelons les autres institutions à s'en dissocier également.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 demande une surveillance communautaire immédiate et continue du service de police de Minneapolis.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à un examen approfondi des politiques et pratiques policières par les autorités fédérales, étatiques et municipales, suivi de réformes concrètes et systémiques pour garantir que tous les membres de notre société bénéficient d'un traitement égal par les forces de l'ordre et le système judiciaire, quelle que soit la couleur de leur peau.

IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à mettre fin à la terreur policière raciste systémique et au meurtre de personnes noires et brunes dans nos communautés.

ENFIN, IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 mobilisera ses membres pour participer en toute sécurité aux actions réclamées par ceux qui demandent justice pour George Floyd ou à les soutenir par d'autres moyens.

La suprématie blanche et l'oppression systémique doivent cesser !
La vie des Noirs compte !

(Traduit de l'anglais par LML)

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About Face: Veterans Against the War

MISE À JOUR : Près de 900 anciens combattants ont signé cette lettre ouverte et nous recevons des messages de dizaines de soldats qui veulent refuser des ordres ou connaître leurs options. Si vous souhaitez aider à diffuser le message, vous pouvez trouver des dépliants et des affiches imprimables, des graphiques et d'autres ressources sur notre site Web aboutfaceveterans.org. Partagez-les sur les réseaux sociaux, distribuez-les ou affichez-les là où ils peuvent être vus !

À l'attention des membres de la Garde nationale,

Nous vous écrivons en tant que compagnons vétérans et membres du service qui connaissons bien les enjeux, car beaucoup d'entre vous sont appelés à la mobilisation contre les civils dans votre propre pays. Alors que vos voisins remplissent les rues pour exiger la justice que ce pays leur a promise, votre commandement vous dit sans doute que vous êtes mobilisés au service de votre communauté. Et pourtant, ce sont les membres de votre communauté qui remplissent les rues, tandis que votre commandant en chef annonce sur Twitter qu'il veut vous mobiliser pour assassiner des gens pour quelque chose d'aussi insignifiant que des dommages matériels.

Vous faites face à un choix moral. En tant que vétérans qui avons fait face à des tests de conscience semblables, pour se rendre compte trop tard que nous avons mal choisi, nous ne saurions trop insister sur l'impact que cette décision aura sur le reste de votre vie. Nous avons tous prêté le serment de défendre le pays contre les ennemis étrangers et intérieurs. Les manifestants noirs sont-ils l'ennemi de ce pays ? Aujourd'hui, vous devez décider si vous êtes fidèles aux valeurs que vous avez juré de défendre ou aux commandants qui vous ordonneraient de dénoncer vos voisins qui réclament justice. Vous ne pouvez pas être fidèles aux deux.

Nous savons que votre intention est de rendre service et d'éviter que plus de mal ne soit fait, mais nous vous appelons à tenir compte des antécédents de la Garde nationale qui a perpétré la violence contre les manifestants - Watts en 1965, Kent State en 1970, Los Angeles en 1992 et bien d'autres exemples de l'histoire récente.

L'armée est conçue pour être mortelle, pas pour désamorcer.

Nous vous appelons à avoir le courage de faire le bon choix. Refusez les ordres de mobilisation.

Aucune propriété ne vaut une seule vie humaine. Êtes-vous vraiment prêts à perpétrer la violence que le président Trump a menacé de déclencher contre les gens du Minnesota et d'autres ? Nous vous demandons de défendre la vie de Noirs en prenant position. Nous connaissons les conséquences que vous pourriez subir en cas de désobéissance aux ordres. Beaucoup d'entre nous les avons affrontés. Et beaucoup d'entre nous vivent avec les conséquences d'avoir suivi les ordres alors que nous n'aurions pas dû, et pouvons vous dire que le coût moral est beaucoup plus élevé.

Il y a une longue tradition de soldats qui choisissent ce qui est juste plutôt que ce qui est ordonné. Vous n'êtes pas seuls dans vos convictions. Pour discuter de vos droits et des options qui s'offrent à vous, contactez la ligne d'assistance GI Rights au 1 877 447-4487. Vous pouvez également entrer en contact avec des vétérans prêts à vous soutenir en tant que pairs et à vous soutenir dans votre décision en envoyant un courriel à support@aboutfaceveterans.com.

Très respectueusement,

About Face : Veterans Against the War et les soussignés

(Traduit de l'anglais par LML)

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Courage to Resist

Lorsque vous êtes dans la Garde nationale, il faut du courage pour désobéir à un ordre direct du commandant en chef. Mais après avoir reçu l'ordre du président Trump de se déployer dans les villes du pays en vue d'attaquer et de disperser les manifestants, en violation du droit constitutionnellement garanti au rassemblement pacifique, c'est exactement ce que certains membres des gardes nationaux ont décidé de faire. Et maintenant, face à d'éventuelles mesures disciplinaires et à une cour martiale, ils ont besoin de notre soutien.

Après avoir omis de condamner le meurtre de George Floyd par la police, qui a déclenché des manifestations dans 430 villes jusqu'à présent, le 1er juin le président Trump a décidé d'utiliser l'armée et la police pour chasser des manifestants pacifiques devant la Maison-Blanche avec des balles en caoutchouc, des gaz nocifs et des grenades assourdissantes. Et ce n'est pas un cas isolé. Trump a toujours fait l'éloge des autoritaristes qui tuent et brutalisent les manifestants. [...]

La menace de Trump d'envoyer la Garde nationale dans des villes des États-Unis pour réprimer les manifestations constitue une menace directe pour notre démocratie et notre liberté d'expression. La résistance à ces ordres mérite notre respect. Mais ceux qui sont prêts à désobéir à ces ordres ont besoin de votre soutien maintenant pour lutter contre la menace d'un procès en cour martiale et d'emprisonnement.

Un jeune homme qui résiste aux ordres de Trump avait rejoint la Garde nationale dans l'espoir de rejoindre des missions médicales qui interviennent dans les cas de catastrophes naturelles. Il dit maintenant : « Je ne peux pas le faire. Même la vue de mon uniforme me rend malade d'être associé à cela, surtout après que [l'unité de la Garde nationale] ait abattu cet homme qui était propriétaire de restaurant grill [à Louisville, Kentucky]. » Il a ajouté : « Je vis avec les événements de l'université de Kent. Je ne fais pas partie de cela », se référant aux événements 1970 au cours desquels la Garde nationale a tué par balle des étudiants qui protestaient pacifiquement contre la guerre du Vietnam.

Les armes que la police et la Garde nationale doivent aujourd'hui utiliser contre les manifestants, comme les balles en caoutchouc, sont classées comme « moins mortelles », et non pas « non mortelles », et ont déjà causé des blessures graves, la perte permanente de la vue et la mort. Les gaz lacrymogènes, utilisés ces derniers jours en Amérique, sont interdits au niveau international car il s'agit d'armes chimiques.

Un autre membre de la Garde nationale qui résiste à ces ordres a dit : « Je sens que je ne peux en aucun cas être complice quand j'ai vu tant d'exemples de soldats et de policiers agissant de mauvaise foi [...] Aucun aspect de ma formation n'a porté sur cette question. [...] Nous n'avons eu aucune formation ou discussion sur les tactiques de désescalade. »

Nous vivons des temps historiques. De la brutalité policière à la crise de la COVID-19 en passant par la montée des inégalités économiques et la suppression des électeurs, les citoyens ont de nombreuses raisons de se mobiliser pour défendre notre démocratie. Les menaces de Trump de supprimer la protestation sont celles d'un aspirant autoritariste. Il est essentiel que nous soutenions ceux qui donnent l'exemple en résistant à ces ordres.

Courage to Resist aide les membres de la Garde nationale qui ont résisté aux ordres de Trump d'attaquer violemment des personnes dans les rues de Washington qui protestent légalement contre l'injustice raciale. Vos contributions iront aux services juridiques, au soutien logistique et au plaidoyer public pour défendre ces courageux hommes et femmes contre la traduction en cour martiale et l'emprisonnement. Alors que Trump menace de déployer plus de militaires contre des manifestants dans tout le pays, le nombre de ceux qui ont besoin d'aide devrait augmenter. Merci de soutenir les soldats qui ont le courage de résister !

Pour aider à la défense juridique, voir couragetoresist.org.

(Traduit de l'anglais par LML)

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United National Antiwar Coalition

Défendons la vie des Noirs !
Non à un État policier ! Non à la dictature militaire !
Relâchez tous ceux qui ont été arrêtés ! Mettez fin aux attaques
contre les manifestants antiracistes !

La Coalition nationale antiguerre unie (UNAC) est solidaire des communautés qui se soulèvent à l'échelle du pays contre la violence policière raciste. Alors que Donald Trump appelle au déploiement des soldats américains en réponse à ces manifestations nationales, l'UNAC condamne le recours à toute force policière ou militaire qui est déployée afin de réprimer ces manifestations par la violence. Nous lançons l'appel à tous les activistes antiguerre à organiser ou à se joindre à ces actions pour réclamer justice et la fin de la terreur d'État infligée aux communautés noires et brunes du pays.

Les protestations en cours ont commencé au Minnesota le lundi 25 mai 2020 en réponse au meurtre de George Floyd, un homme noir de 46 ans, par quatre officiers de police de la ville de Minneapolis. Cette tuerie horrifique a été captée sur de multiples vidéos qui ont montré deux officiers en train de clouer au sol, face contre terre, George Floyd déjà menotté, un policier debout près de lui et un quatrième pressant son genou sur le cou de la victime pendant près de neuf minutes bien qu'il criait « je ne peux pas respirer » et a rapidement perdu conscience. Floyd est mort quelques moments plus tard.

Le 29 mai, après CINQ JOURS de manifestations militantes sans relâche à Minneapolis et dans différentes villes du pays, le policier qui a pressé le genou sur le cou de Floyd a finalement été arrêté et accusé de meurtre au troisième degré. Ses trois complices n'ont toujours pas été accusés. [En réponse aux demandes fermes soulevées dans tout le pays, Chauvin a maintenant été accusé de meurtre au second degré et les trois autres d'avoir aidé et été complices du meurtre au second degré – Note de la rédaction]

Bien sûr, ce meurtre tragique ne s'est pas produit en vase clos. Il représente une tendance qui dure depuis trop longtemps dans ce pays. Chaque année, plus de 1 000 personnes sont victimes de violence meurtrière aux États-Unis. Des hommes, des femmes et des enfants noirs non armés ont été terrorisés et tués par la police depuis plus d'un siècle et les policiers impliqués dans ces actes n'ont presque jamais fait face à des accusations pour leurs crimes. Juste depuis quelques années, seuls les cas captés par caméra et autres moyens d'enregistrement ont attiré l'attention de ceux qui sont au pouvoir, et même dans ces conditions, il est très rare que justice ait été faite.

Plus récemment, des cas comme celui de Breonna Taylor et Ahmaud Arbery ont retenu l'attention à l'échelle nationale après qu'ils ont été tués par des policiers et d'anciens policiers et seulement après que des enregistrements vidéo et sur 911 ont été envoyés aux médias. Les policiers qui ont tué Breonna Taylor dans son appartement n'ont pas fait l'objet d'accusations et ceux qui ont tué Ahmaud Arbery pendant qu'il faisait son jogging n'ont reçu aucune accusation avant qu'une vidéo de l'incident n'ait provoqué une indignation publique et des manifestations des semaines plus tard.

Les soulèvements actuels à l'échelle du pays ont été caractérisés par une semaine de grandes manifestations et des actes de désobéissance civile dans presque chaque État du pays. Des centaines d'actions se sont tenues dans de grandes et petites villes, d'un bout à l'autre du pays, afin de dénoncer non seulement le meurtre de George Floyd, mais la longue histoire d'oppression et de violence de l'État contre les noirs américains qui se poursuit toujours et n'a jamais vraiment été reconnue par les États-Unis.

Tout comme le mouvement antiguerre a contesté les guerres racistes et impérialistes des États-Unis à l'étranger, les manifestations massives à l'échelle du pays aujourd'hui contestent la violence raciste institutionnalisée au pays. Les millions de personnes qui sont dans les rues aujourd'hui sont les annonciatrices de mobilisations larges et unies qui s'en viennent et qui ont le potentiel de poser un défi fondamental au système oppresseur, raciste et violent.

(Traduit de l'anglais par LML)

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CodePink

Le cas de Black Lives Matter devrait être appliqué mondialement et l'effort pour définancer la police devrait être étendu à l'armée américaine.

Le 1er juin, le président Trump a menacé de déployer des forces militaires actives contre les manifestants de Black Lives Matter dans toutes les villes des États-Unis. Trump et des gouverneurs d'États ont éventuellement déployé près de 17 000 soldats de la Garde nationale partout au pays. Dans la capitale nationale, Trump a déployé neuf hélicoptères d'assaut Blackhawk, des milliers de soldats de la Garde nationale provenant de six États et près de 1 600 polices militaires et des troupes de combat actives de la 82e Division Airborne, avec des instructions écrites de se munir de baïonnettes.

Après une semaine d'instructions conflictuelles où Trump a exigé que 10 000 soldats se rendent dans la capitale, les troupes actives ont finalement reçu l'instruction de retourner dans leurs bases en Caroline du Nord et à New York le 5 juin, puisque la nature pacifique des manifestations rendait le recours à la force militaire entièrement redondant, dangereux et irresponsable. Mais les Américains ont été lourdement affectés par les troupes armées jusqu'aux dents, le gaz lacrymogène, les balles en caoutchouc et les chars d'assaut qui ont transformé les rues américaines en zones de combat. Ils ont aussi été abasourdis de constater à quel point il était facile pour le président Trump, à lui seul, de mettre en branle un déploiement de force aussi sinistre.

Mais nous ne devrions pas nous en surprendre. Nous avons permis à notre classe dirigeante corrompue de bâtir la machine de guerre la plus destructrice de l'histoire et de la remettre entre les mains d'un président aussi erratique qu'imprévisible. Et lorsque les manifestations contre la brutalité policière ont pris les rues du pays d'assaut, Trump s'est senti enhardi de retourner cette machine de guerre contre nous — et pourrait très bien être enclin à le faire à nouveau si jamais l'élection de novembre était contestée.

Les Américains ont eu un échantillon du feu et de la fureur que l'armée américaine et ses alliés infligent aux peuples d'outremer sur une base régulière de l'Irak et de l'Afghanistan au Yémen et à la Palestine, et de l'intimidation que ressentent les peuples d'Iran, du Venezuela, de la Corée du nord et d'autres pays qui sont depuis longtemps en proie aux menaces des États-Unis de les bombarder, de les attaquer ou de les envahir.

Pour les Afro-Américains, la plus récente ronde de furie déchaînée par la police et l'armée n'est qu'une escalade de la guerre parallèle que les dirigeants américains mènent contre eux depuis plusieurs siècles. Pensons aux horreurs de l'esclavage en passant par la location de forçats dans la période suivant la Guerre civile et le système d'apartheid Jim Crow et, aujourd'hui, la criminalisation de masse, les incarcérations de masse et l'intervention policière militarisée. Les États-Unis ont toujours traité les Afro-Américains comme une sous-classe permanente à exploiter et à « garder à sa place » avec toute la force et la brutalité requises.

Aujourd'hui, les Noirs américains risquent de se faire abattre par la police quatre fois plus souvent que les Blancs américains et les cas d'incarcération sont six fois plus élevés. Le nombre de fouilles auprès de chauffeurs noirs est trois fois plus élevé et la possibilité de se faire arrêter lors d'interventions routières deux fois plus élevée, même si la police trouvera certainement plus de contrebande dans les autos de Blancs. Tout cela fait partie d'un système d'incarcération et de police raciste, où les Afro-Américains sont les principales cibles, pendant que les forces policières américaines sont de plus en plus militarisées et armées par le Pentagone.

La persécution raciste ne se termine pas lorsqu'un Afro-Américain sort de prison. En 2010, un tiers des hommes afro-américains avaient une accusation criminelle dans leur dossier, rendant impossible l'accès à l'emploi, à un logement, à l'aide-étudiante, aux programmes sociaux comme SNAP (Programme d'aide alimentaire supplémentaire) et à l'aide financière, et dans certains États, au droit de voter. Dès la première intervention policière ou routière où on les arrête et les fouille, les hommes afro-américains sont confrontés à un système conçu pour les piéger dans une pauvreté et une citoyenneté de deuxième ordre permanentes.

Tout comme les peuples d'Iran, de la Corée du nord et du Venezuela souffrent de la pauvreté, de la faim, de maladies évitables, de morts résultant de manière délibérée de sanctions économiques brutales des États-Unis, le racisme systémique a des conséquences similaires aux États-Unis, gardant les Afro-Américains dans une pauvreté exceptionnelle, avec un taux de mortalité infantile deux fois plus élevé que celui des Blancs et des écoles tout aussi frappées de ségrégation et d'inégalité que lorsque la ségrégation était légale. Cette disparité sous-jacente dans les normes de santé et du niveau de vie semble être la principale raison pourquoi les Afro-Américains meurent de la COVID-19 à un taux deux fois plus élevé que les Blancs américains.

Libérons le monde néocolonial

Bien que la guerre américaine contre la population noire au pays soit maintenant étalée aux yeux de l'Amérique — et du monde — les victimes des guerres américaines à l'étranger continuent d'être dissimulées. Trump a escaladé les guerres horribles qu'il a héritées d'Obama, larguant plus de bombes et de missiles en trois ans que Bush II ou Obama lors de leurs premiers mandats.

Mais les Américains ne voient pas les boules de feu causées par les bombes, ni les corps morts et mutilés, ni les ruines laissées après les bombardements. Le discours public américain sur la guerre se limite presque entièrement aux expériences et aux sacrifices des troupes américaines qui sont, après tout, des membres de nos familles et nos voisins. Toute comme le deux poids, deux mesures entre les vies noires et les vies blanches aux États-Unis, il existe ce même écart entre les vies des troupes américaines et les millions de victimes et de vies détruites de l'autre côté des conflits déchaînés par les forces armées américaines et leur arsenal de guerre contre d'autres pays.

Lorsque les généraux à la retraite se sont prononcés contre la volonté de Trump de déployer des troupes actives dans les rues américaines, il importe de comprendre qu'ils défendent précisément ce deux poids deux mesures. Bien qu'elles aient siphonné le Trésor américain pour semer une violence terrible contre les peuples d'autres pays, et qu'elles n'aient pas « gagné » ces guerres même selon la manière confuse dont elles les décrivent, les forces armées américaines ont conservé une réputation malgré tout favorable auprès du public américain. C'est ce qui a protégé en quelque sorte les forces armées du dégoût du public face à la corruption systémique des autres institutions américaines.

Les généraux Mattis et Allen, qui ont dénoncé le déploiement par Trump de troupes américaines contre les manifestants pacifiques, comprennent mieux que quiconque que la façon la plus rapide de ternir la réputation « téflon » de l'armée auprès du public est de la déployer largement et ouvertement contre les Américains aux États-Unis même.

Tout comme nous exposons la corruption des forces policières américaines et exigeons de définancer la police, nous devons également exposer la corruption de la politique étrangère américaine et exiger le définancement du Pentagone. Les guerres américaines menées contre les peuples d'autres pays sont motivées par le même racisme et les mêmes intérêts économiques des classes dirigeantes que la guerre contre les Afro-Américains dans nos villes. Depuis trop longtemps, nous avons laissé les politiciens et les chefs d'entreprise cyniques nous diviser et nous mater, financer la police et le Pentagone plutôt que les vraies nécessités humaines, nous dresser les uns contre les autres au pays et nous entraîner dans des guerres contre nos voisins à l'étranger.

Le deux poids deux mesures qui fait que la vie des troupes américaines est révérée et que celle des peuples qu'elles bombardent et envahissent est niée, est aussi cynique et meurtrier que celui qui accorde plus de valeur aux vies blanches qu'aux vies noires aux États-Unis. Lorsque nous scandons « Les vies noires comptent », nous devrions inclure les vies des personnes noires et brunes qui meurent tous les jours en raison des sanctions américaines contre le Venezuela, la vie des personnes noires et brunes qui sont tuées sous les bombes américaines au Yémen et en Afghanistan, la vie des peuples de couleur en Palestine qu'on attaque à coup de gaz lacrymogènes, et qui sont tabassés et abattus par les armes israéliennes financées par les contribuables américains. Nous devons exprimer notre solidarité avec les gens qui se défendent contre la violence parrainée par les États-Unis, que ce soit dans les rues de Minneapolis, de New York et de Los Angeles, d'Afghanistan, de Gaza ou de l'Iran.

Cette semaine, nos amis partout dans le monde ont montré à quoi ressemble une telle solidarité internationale. De Londres, Copenhague et Berlin, en passant par la Nouvelle-Zélande, le Canada et le Nigéria, le peuple a pris les rues d'assaut pour exprimer sa solidarité avec les Afro-Américains. Ils comprennent que les États-Unis sont au coeur d'un ordre économique et politique international raciste qui domine toujours le monde soixante ans depuis la fin officielle du colonialisme occidental. Ils comprennent que notre lutte est la leur, et nous devons comprendre que leur avenir est aussi le nôtre.

Ainsi, tout comme les autres nous appuient, nous devons aussi appuyer les autres. Ensemble, nous devons saisir l'occasion pour passer de réformes progressives à un réel changement systémique, non seulement aux États-Unis, mais dans tout le monde néocolonial raciste où l'armée américaine fait la loi.

Medea Benjamin est le cofondatrice de CODEPINK pour la Paix et auteure de plusieurs livres, y compris Inside Iran : The Real History and Politics of the Islamic Republic of Iran.

Nicolas J.S. Davies est un journaliste indépendant et chercheur auprès de CODEPINK et auteur de Blood On Our Hands : the American Invasion and Destruction of Iraq.

(Codepink, 9 juin 2020. Traduit de l'anglais par LML)

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Le syndicat national des infirmières unies

Déclaration sur l'utilisation d'armes de guerre contre les manifestants

Dans le sillage des récentes morts brutales de George Floyd et Breonna Taylor aux mains de la police et du meurtre d'Ahmaud Arbery par des résidents blancs armés, les manifestations pour la justice raciale ont balayé le pays d’un bout à l’autre. Avec elles, sont venus les gaz lacrymogènes, les grenades assourdissantes, les balles en caoutchouc et d'autres armes utilisées contre les manifestants par des services de police de plus en plus militarisés de ce pays. Les manifestants sont nos patients et ils sont victimes de violences et de brutalités policières incessantes. Le Syndicat national des infirmières unies (NNU) condamne toutes les formes de brutalité policière, y compris l'utilisation d'armes de guerre contre des manifestants par des policiers qui sont tenus de protéger les personnes, et nous appelons tous les échelons de gouvernement et toutes les forces de police à respecter le droit de manifester inscrit dans le premier Amendement.

« Au cours des récentes manifestations, nous avons été témoins de blessures dévastatrices causées par des armes dites ‘moins létales’. Les infirmières ont déjà vu ces tactiques policières, notamment lors des déploiements du Réseau d’intervention des infirmières enregistrées du NNU durant Occupy Wall Street, à Standing Rock et à la frontière mexicaine. En tant qu'infirmières, nous nous engageons à protéger la santé et la sécurité publiques, ce qui signifie mettre fin à l'utilisation de la force militarisée et des armes de guerre contre les personnes qui manifestent contre l'injustice », a déclaré la  présidente du NNU Jean Ross, IA, qui est également membre de l’Association des infirmières du Minnesota/NNU.

« Nous soutenons le Mouvement Black Lives Matter dans la lutte pour la justice raciale, a ajouté la directrice exécutive de NNU, Bonnie Castillo, IA. La brutalité policière dans les communautés noires doit cesser immédiatement. Les infirmières sont déterminées à lutter contre le racisme systémique qui est endémique dans notre pays. »

Les infirmières se lèvent et disent : « Assez! » à l’usage par la police de ce qui suit :

Gaz lacrymogènes

Les infirmières sont horrifiées de voir des gaz lacrymogènes être utilisés comme une arme contre nos patients, alors qu'ils exercent leur droit de se rassembler. Les divers agents chimiques appelés « gaz lacrymogènes » peuvent provoquer des symptômes tels que la toux, les éternuements, le vomissement, une vision trouble, l’essoufflement, des larmoiements, la difficulté à avaler, la cécité temporaire, la douleur et dans des cas documentés le décès. C'est pourquoi depuis plus de 20 ans, son utilisation en guerre est interdite en vertu de la Convention sur les armes chimiques, signée par presque tous les pays du monde, y compris les États-Unis. Pourtant, il est utilisé amplement par les services de police américains lors des manifestations.

L'utilisation de gaz lacrymogènes est particulièrement préoccupante pour les infirmières lors d'une pandémie, car elle provoque la toux et l'éternuement des manifestants, alors qu'ils sont déjà dans des conditions confinées, propageant plus facilement le virus à l'origine de la COVID-19. Pour les manifestants qui s’opposent au racisme systémique, dans de nombreuses communautés où les résidents noirs sont trois à quatre fois plus susceptibles de contracter la COVID-19, l'utilisation par la police d'une arme affectant le système respiratoire est particulièrement cruelle et dangereuse. Mais cela n'a pas empêché les policiers de Minneapolis à Oakland, et même dans la capitale de notre pays, de lancer aveuglément des gaz lacrymogènes sur les manifestants, y compris des enfants aussi jeunes qu'un bambin.

Bien que l'impact spécifique des gaz lacrymogènes sur les enfants ne soit pas aussi bien documenté que l'impact sur les adultes, une étude de 1989 dans Journal of American Medicine a révélé qu'un nourrisson exposé aux gaz lacrymogènes tirés dans une maison par la police « a développé une grave pneumonie qui a nécessité un traitement à l’aide de stéroïdes, oxygène, antibiotiques et de 29 jours d'hospitalisation ». Une étude de 2011 de l'Université du Chili a également révélé que les gaz lacrymogènes peuvent nuire aux enfants au cours des premières années de vie et peuvent nuire au développement du fœtus.

En tant qu'infirmières qui promettent de défendre la santé et la sécurité de tous, nous condamnons fermement l'utilisation de gaz lacrymogènes sur les personnes qui défendent la justice raciale, y compris les foules où sont présents des mères et des enfants. Tout comme ils sont interdits pour la guerre, leur usage par la police devrait être interdit - point final.

Grenades assourdissantes et grenades éclairs

Les infirmières ont été consternées de voir l'utilisation de grenades assourdissantes contre les manifestants. Avec une chaleur supérieure à 1 000 degrés Fahrenheit et une explosion de 175 décibels, les grenades éclairs et les grenades assourdissantes peuvent provoquer des brûlures, une perte auditive, une cécité temporaire, des blessures par des éclats d'obus et la mort. Entre 2000 et 2015, selon une enquête de ProPublica, au moins 50 Américains ont été grièvement blessés, mutilés ou tués par des grenades éclairs.

Avec leur capacité à étourdir, aveugler et rendre sourds les manifestants, ces grenades peuvent également exposer la personne à des risques de blessures secondaires, comme être heurté par une voiture ou renversé par la foule. Les infirmières condamnent fermement l'utilisation de cette arme de guerre par la police militarisée.

Balles en caoutchouc et munitions « moins létales »

Il n'y a pas de projectile « sécuritaire » pour tirer sur des manifestants. Il suffit de demander à Brandon Saenz, dont l'œil a été atteint lors d'une manifestation du 30 mai à Dallas, ou à Linda Tirado, une photographe indépendante dont l'œil a été atteint lors d'une manifestation du 28 mai à Minneapolis. On a rappelé aux infirmières qu'il s'agissait d'une tendance, et non d'une anomalie, à notre séjour à Standing Rock en 2016, lorsque l'œil de la protectrice de l'eau Vanessa Dundon a été arraché.

Les balles en caoutchouc, qui ont souvent un noyau métallique, sont également responsables de décès, souvent dus à des traumatismes crâniens, cervicaux et thoraciques, ainsi qu'à des saignements internes, des lésions d'organes et des ecchymoses. Les infirmières appellent à l’arrêt de l’utilisation des balles en caoutchouc et autres munitions par la police qui affirme qu'elles sont « moins létales » car la protection des personnes lors d'une manifestation ne devrait dans aucune mesure être « légale ».

Les infirmières ont le devoir de protéger les gens et nous savons ce qu'il faut pour assurer la sécurité de nos patients. Les armes de guerre n'ont pas leur place dans une société bienveillante, surtout pas lors de manifestations pacifiques.

Autres formes de violence policière

Dans tout le pays, la police s'est constamment livrée à d'autres formes de violence, notamment des coups de pied, des poussées et des coups de bâton contre des manifestants. Des tactiques telles que le fait d'étouffer les manifestants ont piégé les gens sans aucun moyen d'échapper à la violence brutale infligée par la police. Les infirmières condamnent le recours à l'escalade policière lors des manifestations.

L'utilisation accrue des armes de guerre est également une étape troublante de la militarisation nationale qui représente une menace pour la démocratie et un gaspillage colossal de ressources publiques qui seraient bien mieux dépensées pour la santé publique et d'autres programmes sociaux qui sont particulièrement essentiels au milieu d'un pandémie et crise économique.

Le Syndicat national des infirmières unies est le plus grand syndicat et organisation professionnelle d'infirmières autorisées du pays, avec plus de 150 000 membres à l'échelle nationale.

(5 juin 2020. Traduit de l’anglais par LML)

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Des organisations de la baie de San Francisco

Le 2 juin 2020, à la veille d'une manifestation majeure contre le couvre-feu à Oakland, cette déclaration a été écrite pour aider les organisations à s'unir autour d'une pensée commune à un moment où le gouvernement et la plupart des médias cherchent à nous diviser de l'intérieur. Il y a de vraies conversations à avoir sur la stratégie et la tactique et nous espérons que cette déclaration aide à commencer ce processus d'une manière qui s'éloigne du blâme et de la criminalisation pour agir avec discipline, intégrité et compréhension. Alors que nous envisageons l'avenir d'un mouvement puissant qui se construit dans l'intérêt de la justice, tenons-nous également responsables les uns les autres de nouvelles façons. Merci d'avoir pris le temps de lire cette déclaration et songez à y ajouter votre nom.

Le meurtre de George Floyd a déclenché un mouvement national et notre appel à la justice fait écho à l'échelle internationale. Des protestations puissantes éclatent dans le monde entier. Et l'État policier mondial riposte.

La principale méthode utilisée par le gouvernement pour réprimer les manifestations majeures est la force écrasante et l'agression, y compris les grenades paralysantes, les produits chimiques, les projectiles et les chars.

L'autre méthode consiste à nous diviser de l'intérieur.

À chaque période de recrudescence et de résistance - de Rodney King à Oscar Grant en passant par Occupy et Standing Rock - le gouvernement a exploité les différences entre nous pour diviser et supprimer la croissance de notre mouvement.

Après la première nuit de chaque recrudescence, la police et les responsables gouvernementaux utilisent exactement le même manuel et le diffusent par les médias :

- Étiqueter les personnes qui ont été arrêtées comme des « éléments extérieurs » et des « opportunistes ».

- Diviser les gens en « bons » et « mauvais » manifestants.

- Envoyer des provocateurs et des voyous pour leur faire du mal et envoyez des agents s'infiltrer pour apprendre nos faiblesses et nos différences afin de les exploiter plus tard.

- Encourager les suprémacistes blancs et autres à nous attaquer et à nous désorienter.

Ils discréditent nos mouvements et nous poussent à chercher des ennemis de l'intérieur au lieu de renforcer la solidarité et notre mouvement.

L'exemple le plus extrême aujourd'hui est que les « antifa » ont été déclarés organisations terroristes. Ne vous y trompez pas, la cible est maintenant les « antifa » et les « anarchistes blancs », mais ils vont tôt accoler l'étiquette « extrémistes identitaires noirs » à d'autres. Et les anarchistes noirs et bruns pourraient être étiquetés comme faisant partie des deux catégories.

Ce sont les mêmes tactiques que la « chasse aux rouges » des années 1950 et de la « chasse à la violence » utilisées contre le Parti Black Panther, le Mouvement des Amérindiens et le mouvement pour l'indépendance de Porto Rico, qui ont laissé beaucoup de nos camarades en prison à vie, où ils se trouvent encore aujourd'hui.

Nous ne pouvons pas résoudre toutes les divergences d'opinions concernant la stratégie de protestation du jour au lendemain - et nous devons toujours considérer l'impact de différentes approches sur celles qui sont déjà les plus ciblées par la police - mais nous pouvons accepter de nous engager dans un débat de bonne foi et une lutte de principe lorsque des différences surviennent.

Nous pouvons convenir de résoudre les désaccords en privé et hors ligne et ne pas partager des images qui pourraient nuire au mouvement. Notre force et notre solidarité doivent être publiques et nos différences doivent rester entre nous.

Le meurtre brutal de George Floyd a déclenché la fureur et la douleur comme jamais auparavant. Nous avons encore des vagues d'infection au coronavirus à survivre et plus de 100 000 funérailles à assister. Nous nous dirigeons vers une crise économique pire que la Grande Dépression, et les États-Unis tentent de dominer le monde dans les conditions d'une année électorale. Et l'armée occupe littéralement nos communautés.

Mais la répression à laquelle nous sommes confrontés ne se produit que parce que le peuple s'est levé et s'est uni. En quelques jours, nous avons fait en sorte qu'une chose est devenue claire : il n'y a pas de retour à ce qu'on appelle la « normale ». Fixons le regard sur le monde que nous voulons créer, tout en continuant à construire, à grandir et à guérir. Relevons tous les défis à venir avec discipline, intégrité et compréhension.

Selon les mots d'Assata Shakur :

Il est de notre devoir de lutter pour notre liberté.
Il est de notre devoir de gagner
Nous devons nous aimer et nous protéger les uns les autres
Nous n'avons rien à perdre que nos chaînes.

Voir la liste des cosignataires en date du 11 juin 2020

(Traduit de l'anglais par LML)

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Un appel à l'ONU à ouvrir un examen du respect
des droits humains et à sanctionner
les États-Unis (Extraits)

Les avocats de la famille de George Floyd ont envoyé le 3 juin une lettre à l'ONU dans laquelle ils soumettent aux Nations unies, au nom de leurs clients, une demande de sanction contre les États-Unis pour violation des droits humains des Afro-Américains. La lettre se lit en partie comme suit :

« La famille de George Floyd, ses représentants légaux et les membres concernés de la société civile appellent le Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, le rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants,  le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, le rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, le rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, et tous les titulaires de mandat concernés à demander des mesures urgentes en ce qui a trait à la torture et à la mort extrajudiciaire de George Floyd, un Afro-américain et personne d'ascendance africaine, survenue le 25 mai 2020, à Minneapolis, Minnesota, États-Unis d'Amérique. »

Après avoir présenté les détails de la mort brutale de George Floyd, le licenciement des policiers et les charges criminelles retenues contre eux, la lettre rappelle que :

« Les États-Unis d'Amérique ont une longue tradition et une pratique de violence policière meurtrière appliquée de manière disproportionnée aux personnes d'ascendance africaine. Bon nombre de ces cas ont eu pour conséquence que les gouvernements locaux et des États n'ont pas tenu responsables les policiers qui commettent des violations des droits humains. Par exemple, en 2014, Michael Brown, un Afro-Américain de 18 ans non armé, accusé d'avoir volé dans un dépanneur, a été tué à Ferguson (Missouri) et abattu de six coups de feu alors qu’il avait les mains en l’air. Aucun policier n'a été inculpé au criminel. En 2014, l'Afro-Américain non armé Eric Garner a été tué à New York; la police l'a accusé d'avoir vendu illégalement des cigarettes et les policiers l’ont étranglé en le retenant, malgré le fait qu'il ait dit à l'agent ‘Je ne peux pas respirer’ onze fois avant de mourir. Aucun des policiers impliqués n'a été reconnu coupable d'actes répréhensibles. Le 13 mars 2020, Breonna Taylor, une Afro-Américaine de vingt-six ans, a été tuée par balle dans son appartement de Louisville, au Kentucky, par des policiers qui exécutaient un mandat d'intrusions sans frapper; elle n'était pas armée et n'était accusée d'aucun crime. Aucun officier de police n'a été inculpé pour sa mort.

« Le meurtre extrajudiciaire d'Afro-américains par des policiers aux États-Unis constitue un modèle tellement généralisé et répandu que les Américains blancs ont été encouragés à agir en tant que justiciers. En 2012, Trayvon Martin, un Afro-Américain de dix-sept ans, qui n'était pas armé et ne commettait aucun crime, a été abattu par un « gardien de quartier ». Le 23 février 2020, l'Afro-Américain Ahmaud Arbery, âgé de vingt-cinq ans, non armé, a été abattu par des hommes blancs alors qu'il faisait du jogging dans un quartier de Géorgie. Il ne commettait aucun crime et les éléments de preuve ont révélé que ses tueurs avaient agi sur une autorité apparente des forces de l'ordre locales.

« Le 1er juin 2020, le président Donald Trump s'est adressé à la nation et a affirmé qu'il protégerait les droits des citoyens au deuxième amendement, le droit de porter les armes. Peu de temps après cette déclaration, le shérif Grady Judd du comté de Polk, en Floride, a publié la déclaration suivante : ‘Les gens du comté de Polk aiment les armes à feu ... si vous essayez de pénétrer par effraction dans leurs maisons pour voler, pour mettre le feu, je recommande fortement qu'ils vous fassent sauter hors de la maison avec leurs fusils.’  Nous pensons que de telles déclarations des autorités incitent davantage au comportement de justicier et incitent à des exécutions extrajudiciaires d’Afro-Américains par la police et des citoyens.

« L'incapacité des États-Unis d'Amérique à combattre la violence policière et les exécutions extrajudiciaires de personnes d'ascendance africaine constitue une atteinte à leurs droits fondamentaux.

« Nous vous demandons instamment de soutenir notre appel aux États-Unis et à leurs États et gouvernements locaux à :

1) demander la pleine justice pour M. George Floyd, que tous les policiers impliqués soient accusés de meurtre au premier degré; nous demandons en outre des changements systémiques, y compris, mais sans s'y limiter :

2) mettre fin à l'immunité qualifiée ;

3) mettre fin à la fourniture d'équipement militaire et à la formation de type militaire de la police ;

4) rétablir les décrets fédéraux de surveillance/consentement lorsque cela est justifié ;

5) créer des commissions d'examen civiles pour aider à obtenir justice pour les victimes ;

6) rendre obligatoire l'utilisation de caméras corporelles pour tous les policiers et la diffusion immédiate de séquences vidéo et d'enregistrements audio à la suite d'incidents impliquant des homicides commis par des policiers ;

7) mandater une formation sur les techniques de désescalade ;

8) appuyer un procureur indépendant pour les cas d'inconduite policière ;

9) augmenter les restrictions sur les mandats d'intrusions sans frapper et le recours à des policiers sans uniforme dans les interactions avec les citoyens;

10) créer une commission indépendante chargée d'examiner, d'enquêter, de poursuivre et de conduire des autopsies indépendantes dans toutes les exécutions extrajudiciaires de la police ;

11) mettre immédiatement en œuvre et suivre les recommandations formulées par les procédures spéciales des Nations unies qui garantissent que les États-Unis respectent leurs obligations en matière de droits humains, y compris dans le contexte de la police et de l'élimination du racisme. »

Pour voir la lettre au complet, cliquer ici.

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Reportage photo

Des actions partout aux États-Unis, au Canada
et dans le monde du 7 au 13 juin

États-Unis

Minneapolis, Minnesota

7 juin 2020

.
La statue de Christophe Colomb est retirée du Capitole du Minnesota, le 10 juin 2020,
sous garde policière.

11 juin 2020

Washington, DC
Le frère de George Floyd témoigne devant une audience du Congrès, le 10 juin 2020.


La clôture temporaire érigée pour éloigner les manifestants de la Maison-Blanche a été
recouverte d'affiches et de panneaux. Le 11 juin, les équipes des services du parc ont commencé à en retirer des sections.

Hamden, Connecticut


Boston, Massachusetts

Dover, Delaware

New York, New York




Les travailleurs de la santé du New York Presbyterian Hospital rendent hommage
à George Floyd, 11 juin 2020.

Brooklyn, New York


Romulus, Michigan


Ohio


Louisville, Kentucky

Libération de ballons en l'honneur de Breonna Taylor à l'occasion de son anniversaire.
Elle aurait eu 27 ans le 5 juin. Breonna a été tuée par la police de Louisville à son domicile en mars de cette année.

Charlotte, Caroline du Nord


Charleston, Caroline du Sud

Rome, Géorgie

Columbia, Missouri


Little Rock, Arkansas



Prairie Village, Kansas

Houston, Texas

Les funérailles de George Floyd ont lieu à Houston, le 9 juin 2020.

Phoenix, Arizona


Tempe, Arizona


Los Angeles, Californie

Grand rassemblement devant l'Hôtel de Ville, le 7 juin 2020

Les membres de l'Union internationale des débardeurs sur la côte Ouest ont arrêté le travail et déposé leurs outils le matin du 9 juin pour un moment de silence de 8 minutes et 46 secondes en hommage à George Floyd et à toutes les victimes de violence policière. Les débardeurs de la côte Est ont interrompu le travail pendant une « heure de manifestation pacifique » dans tous les ports du Maine au Texas.


Un rassemblement pour le retrait du financement à la police, le 10 juin 2020

Baie de San Francisco, Californie

Une assemblée étudiante pour exiger le retrait de la police des salles de classe de la région de la baie de San Francisco

Tracy, Californie

L'Association des infirmières de la Californie soutient le mouvement Black Lives Matter,
le 10 juin 2020.

Victor, Idaho


Eugene, Oregon



Seattle, Washington

Les jeunes occupent l'hôtel de ville de Seattle pendant une heure, le 9 juin 2020. Ils
demandent la démission du maire pour le rôle de la ville dans l'attaque aux gaz lacrymogènes contre ceux qui protestent contre la mort de George Floyd.

Hawaï


Anchorage, Alaska

Juneau ; Nome, Alaska

Utqiagvik, Alaska

Canada

Montréal, Québec



Halifax, Nouvelle-Écosse



Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard

Toronto, Ontario

Mississauga, Ontario




Niagara Falls, Ontario

Windsor, Ontario



Thunder Bay, Ontario


Vancouver, Colombie-Britannique

Dans le monde

Bristol, Angleterre

La statue d'Edward Colston, un marchand d'esclaves du XVIIe siècle, est renversée et
roulée dans la rivière, le 7 juin 2020.

Londres, Angleterre

Une statue du marchand de bois Robert Milligan est retirée de l'extérieur du Musée
des Docklands de Londres le 9 juin 2020. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a annoncé un
examen de toutes les statues et noms de rues de la ville et dit que tout ce qui représente un lien avec l'esclavage doit être retiré.

Bruxelles, Belgique

Les manifestants lors des rassemblements antiracistes à Bruxelles ont exigé la suppression des statues du roi Léopold, responsable de la colonisation du Congo. Lors de la manifestation du 7 juin 2020 à Bruxelles, des manifestants ont grimpé sur sa statue avec un drapeau géant de la République démocratique du Congo, scandant « meurtrier » et « réparations ». Une statue du roi Léopold à Anvers a depuis été enlevée.

Dusseldorf, Allemagne

Paris, France

Madrid, Espagne


Barcelone, Espagne


Budapest, Hongrie

République dominicaine

Palestine

(Photos: LML, Xinhua, I. Omar, Unicorn riot, T. Eeytan, A. Duarte, J. Farmer, H. Taylor, D. Cram, F. Davis, A. Quintano, Sieu 1199, K. Ives, Ohio Freedom Coalition, Office Congresswoman A.S. Adams, Southern Workers Assembly, C. Lao, Queen of Pweebs, Indivisible LRCA, D. Ferguson, Shawn in Arizona, D. ExDesign, Youth Justice Coalition, ILWU Dispatch, People's City Council, B. Anderson, California Nurses Assn, Diablo Rising Tide, D. Geitgey, J. Rosenblum, I. Quai, Z. Pratt, Frankfurt Schoolgirl, A. Querry, D. Balcon, Ebony, R. Jensen, X. Cameron, Civic U.S. Alliance, T. Nguuyen, J. Burch, J. Hurst-Morrison, L. Herrera, W. White.)

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