Supplément
Numéro 4013 juin 2020
La résistance s'organise aux États-Unis
Déclarations d'organisations américaines
et reportage photo
Marche à Louisville, au Kentucky, le 13 juin 2020,
où la police a récemment abattu
Breonna Taylor pendant qu'elle dormait chez elle
Déclarations
• Un
appel au contrôle communautaire de la police de
Minneapolis
• Les
employés de bureau de l'Université du Minnesota
• About
Face: Veterans Against the War
• Courage to Resist
• United
National Antiwar Coalition
• CodePink
• Le Syndicat national
des infirmières unies
• Des
organisations de la baie de San Francisco
• Un
appel à l'ONU à ouvrir un examen du respect des
droits humains et à sanctionner les États-Unis
(Extraits)
Reportage photo
• Des
actions partout aux États-Unis, au Canada
et dans le monde du 7 au 13 juin
Déclarations
Un appel au contrôle communautaire
de la police de Minneapolis
L'organisation Twin Cities Coalition for
Justice 4 Jamar (TCJ4J) a publié le communiqué
de presse suivant, le 11 juin, pour réclamer le
définancement et le démantèlement du département
de la police de Minneapolis.
Nous savons que la réponse du maire et du
conseil municipal n'est pas basée sur une
véritable justice et réconciliation face aux
crimes des policiers commis contre le peuple. Il
s'agit plutôt d'une tentative de sauver leur peau,
de veiller à ce que le feu nourri par le pouvoir
du peuple face à l'injustice du meurtre de George
Floyd ne consomme pas le maire et le conseil
municipal aux urnes.
Revendications pour un contrôle
communautaire de la police, pour George, Jamar et
toutes les vies volées !
Malgré les récents développements, TCJ4J et la
communauté vont continuer de se battre pour les
revendications suivantes :
- Mettez fin aux tactiques secrètes de la
ville pour se cacher de la communauté !
- Un contrôle communautaire du service de police
de Minneapolis !
- Rouvrez les dossiers !
- Licenciez les policiers meurtriers !
- Inculpez, accusez et envoyez en prison les
policiers meurtriers !
- Arrêtez la répression de l'État et de la
police via la terreur ouverte contre nos
communautés !
Mettez fin aux tactiques secrètes de la ville
pour se cacher de la communauté !
Le conseil municipal s'est empressé d'adopter
une résolution à l'eau de rose sans aucun plan
sauf celui de la tenir à l'écart de la communauté.
À la réunion du conseil municipal aujourd'hui,
Gordon a demandé à l'alliance de Bender, Cano,
Jenkins et Frey d'être transparents envers la
communauté relativement à leurs amendements à la
charte, ce qu'ils ont refusé de faire. Le maire et
le conseil municipal actuels se sont fait élire
sur la base d'un engagement envers une réforme de
la police suite au meurtre de Jamar Clark.
Cependant, c'est seulement lorsque la ville, le
pays et le monde entier se sont enflammés qu'ils
ont pensé à la pertinence de la reddition de
comptes des policiers. TCJ4J exige un contrôle
communautaire de la police depuis quatre ans. Il
prépare un projet de loi depuis plus de deux ans.
Le conseil municipal et le maire ne se sont pas
rendu compte qu'ils avaient un pouvoir sur la
police avant que le peuple et TCJ4J ne le portent
à leur attention en 2018 à la suite de la mort de
Thurman Blevins. Leurs réformes fragmentaires ne
tiennent pas non plus compte des revendications à
long terme de la communauté noire qui réclame un
contrôle communautaire et une reddition de comptes
de la police couvrant les 55 dernières années et
plus. Le maire et le conseil municipal sont nus et
le peuple se moque d'eux !
Un contrôle communautaire de la police
MAINTENANT !
La communauté sait que le système de police
raciste qui protège les riches et les politiciens
ne peut pas être réformé par ceux qui le
protègent. L'épidémie de politiciens qui se
tournent les pouces pendant que la police tue en
toute impunité peut uniquement être résolue si la
communauté regagne son pouvoir au moyen du
contrôle communautaire de la police[1] !
Rouvrez les dossiers ! Congédiez les policiers
meurtriers ! Inculpez, condamnez, envoyez en
prison les policiers meurtriers !
La liste est longue des membres de notre
communauté qui ont perdu la vie aux mains de la
terreur policière depuis même avant que les
policiers aient été le moindrement tenus
redevables de quoi que soit. Cette ville et ce
pays ont changé. L'inaction récente des
politiciens et des décideurs politiques qui ont
donné leur appui tacite aux racistes et aux
suprémacistes blancs va de pair avec l'inaction
des décideurs politiques lorsqu'un membre de notre
communauté est tué par un policier.
Arrêtez la répression de l'État et de la police
via la terreur
ouverte contre nos communautés
Cela fait cinq ans que le mouvement avertit la
ville, l'État et le pays des dangers de
l'inaction. Le système n'a rien fait pour protéger
la communauté pendant la crise économique, la
pandémie et la terreur ouverte par le biais du
lynchage des noirs à l'échelle du pays par les
suprémacistes blancs. Nous réclamons justice !
Bender, Cano et Jenkins ont formé une coalition
pour réprimer la voix et les actions du peuple au
moyen des revendications néolibérales de la
politique identitaire.
Note
1. Pour lire la cinquième
ébauche de la loi du CPAC de Minneapolis pour un
système policier communautaire soumise le 11 juin
au maire et au conseil municipal de Minneapolis,
cliquer ici
Les employés de bureau
de l'Université du Minnesota
La Fédération américaine des employés d'États, de
comtés et de municipalités (AFSCME), section
locale 3800, à la manifestation du 7 juin 2020 à
Minneapolis
L'Amérique vit un moment déchirant. La
Fédération américaine des employés d'États, de
comtés et de municipalités (AFSCME), section
locale 3800, est solidaire de la famille, des
amis et des proches de George Floyd, de la
communauté noire et de tous ceux qui exigent la
redevabilité et la justice de la police.
ATTENDU QUE le 25 mai 2020, un policier
blanc de Minneapolis a tué George Floyd, âgé
de 46 ans, en pressant le genou sur son cou
pendant huit minutes alors qu'il plaidait pour
respirer ;
ATTENDU QUE trois autres policiers ont aidé à
retenir George Floyd alors qu'il était en train
d'être tué, ou ont lâché des épithètes anti-noirs
ou associées à la drogue, ou se sont tenus là et
n'ont rien fait ;
ATTENDU QUE la communauté noire a connu à
plusieurs reprises la mort d'êtres chers aux mains
de la police ; et
ATTENDU QUE le principe fondamental du mouvement
syndical - « Une attaque contre un est une attaque
contre tous » - exige que tous les
travailleurs conscients prennent position pour la
justice ;
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 offre notre
plus sincère sympathie à la famille de George
Floyd et à toute la communauté et demeure
solidaire de celle-ci.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 demande
l'arrestation immédiate et la poursuite en justice
de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd.
Nous demandons en outre l'arrestation immédiate et
la poursuite vigoureuse des officiers Thomas Lane,
Tou Thao et J. Alexander Keung pour avoir aidé et
encouragé le meurtre de George Floyd.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à
une désescalade immédiate de la police et à la fin
des violences policières contre les manifestants.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 soutient la
décision du président Gabel de rompre les contrats
de l'Université du Minnesota avec le service de
police de Minneapolis et nous appelons les autres
institutions à s'en dissocier également.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 demande une
surveillance communautaire immédiate et continue
du service de police de Minneapolis.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à un
examen approfondi des politiques et pratiques
policières par les autorités fédérales, étatiques
et municipales, suivi de réformes concrètes et
systémiques pour garantir que tous les membres de
notre société bénéficient d'un traitement égal par
les forces de l'ordre et le système judiciaire,
quelle que soit la couleur de leur peau.
IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800 appelle à
mettre fin à la terreur policière raciste
systémique et au meurtre de personnes noires et
brunes dans nos communautés.
ENFIN, IL EST RÉSOLU QUE L'AFSCME 3800
mobilisera ses membres pour participer en toute
sécurité aux actions réclamées par ceux qui
demandent justice pour George Floyd ou à les
soutenir par d'autres moyens.
La suprématie blanche et
l'oppression systémique doivent cesser !
La vie des Noirs
compte !
About Face: Veterans Against the War
MISE À JOUR : Près de 900 anciens
combattants ont signé cette lettre ouverte et
nous recevons des messages de dizaines de
soldats qui veulent refuser des ordres ou
connaître leurs options. Si vous souhaitez aider
à diffuser le message, vous pouvez trouver des
dépliants et des affiches imprimables, des
graphiques et d'autres ressources sur notre site
Web aboutfaceveterans.org. Partagez-les sur les
réseaux sociaux, distribuez-les ou affichez-les
là où ils peuvent être vus !
À l'attention des membres de la Garde nationale,
Nous vous écrivons en tant que compagnons
vétérans et membres du service qui connaissons
bien les enjeux, car beaucoup d'entre vous sont
appelés à la mobilisation contre les civils dans
votre propre pays. Alors que vos voisins
remplissent les rues pour exiger la justice que ce
pays leur a promise, votre commandement vous dit
sans doute que vous êtes mobilisés au service de
votre communauté. Et pourtant, ce sont les membres
de votre communauté qui remplissent les rues,
tandis que votre commandant en chef annonce sur
Twitter qu'il veut vous mobiliser pour assassiner
des gens pour quelque chose d'aussi insignifiant
que des dommages matériels.
Vous faites face à un choix moral. En tant que
vétérans qui avons fait face à des tests de
conscience semblables, pour se rendre compte trop
tard que nous avons mal choisi, nous ne saurions
trop insister sur l'impact que cette décision aura
sur le reste de votre vie. Nous avons tous prêté
le serment de défendre le pays contre les ennemis
étrangers et intérieurs. Les manifestants noirs
sont-ils l'ennemi de ce pays ? Aujourd'hui,
vous devez décider si vous êtes fidèles aux
valeurs que vous avez juré de défendre ou aux
commandants qui vous ordonneraient de dénoncer vos
voisins qui réclament justice. Vous ne pouvez pas
être fidèles aux deux.
Nous savons que votre intention est de rendre
service et d'éviter que plus de mal ne soit fait,
mais nous vous appelons à tenir compte des
antécédents de la Garde nationale qui a perpétré
la violence contre les manifestants - Watts
en 1965, Kent State en 1970, Los Angeles
en 1992 et bien d'autres exemples de
l'histoire récente.
L'armée est conçue pour être mortelle, pas pour
désamorcer.
Nous vous appelons à avoir le courage de faire le
bon choix. Refusez les ordres de mobilisation.
Aucune propriété ne vaut une seule vie humaine.
Êtes-vous vraiment prêts à perpétrer la violence
que le président Trump a menacé de déclencher
contre les gens du Minnesota et d'autres ?
Nous vous demandons de défendre la vie de Noirs en
prenant position. Nous connaissons les
conséquences que vous pourriez subir en cas de
désobéissance aux ordres. Beaucoup d'entre nous
les avons affrontés. Et beaucoup d'entre nous
vivent avec les conséquences d'avoir suivi les
ordres alors que nous n'aurions pas dû, et pouvons
vous dire que le coût moral est beaucoup plus
élevé.
Il y a une longue tradition de soldats qui
choisissent ce qui est juste plutôt que ce qui est
ordonné. Vous n'êtes pas seuls dans vos
convictions. Pour discuter de vos droits et des
options qui s'offrent à vous, contactez la ligne
d'assistance GI Rights
au 1 877 447-4487. Vous pouvez
également entrer en contact avec des vétérans
prêts à vous soutenir en tant que pairs et à vous
soutenir dans votre décision en envoyant un
courriel à support@aboutfaceveterans.com.
Très respectueusement,
About Face : Veterans Against the War et
les soussignés
Courage to Resist
Lorsque vous êtes dans la Garde nationale, il
faut du courage pour désobéir à un ordre direct du
commandant en chef. Mais après avoir reçu l'ordre
du président Trump de se déployer dans les villes
du pays en vue d'attaquer et de disperser les
manifestants, en violation du droit
constitutionnellement garanti au rassemblement
pacifique, c'est exactement ce que certains
membres des gardes nationaux ont décidé de faire.
Et maintenant, face à d'éventuelles mesures
disciplinaires et à une cour martiale, ils ont
besoin de notre soutien.
Après avoir omis de condamner le meurtre de
George Floyd par la police, qui a déclenché des
manifestations dans 430 villes jusqu'à
présent, le 1er juin le président Trump a
décidé d'utiliser l'armée et la police pour
chasser des manifestants pacifiques devant la
Maison-Blanche avec des balles en caoutchouc, des
gaz nocifs et des grenades assourdissantes. Et ce
n'est pas un cas isolé. Trump a toujours fait
l'éloge des autoritaristes qui tuent et
brutalisent les manifestants. [...]
La menace de Trump d'envoyer la Garde nationale
dans des villes des États-Unis pour réprimer les
manifestations constitue une menace directe pour
notre démocratie et notre liberté d'expression. La
résistance à ces ordres mérite notre respect. Mais
ceux qui sont prêts à désobéir à ces ordres ont
besoin de votre soutien maintenant pour lutter
contre la menace d'un procès en cour martiale et
d'emprisonnement.
Un jeune homme qui résiste aux ordres de Trump
avait rejoint la Garde nationale dans l'espoir de
rejoindre des missions médicales qui interviennent
dans les cas de catastrophes naturelles. Il dit
maintenant : « Je ne peux pas le faire. Même
la vue de mon uniforme me rend malade d'être
associé à cela, surtout après que [l'unité de la
Garde nationale] ait abattu cet homme qui était
propriétaire de restaurant grill [à Louisville,
Kentucky]. » Il a ajouté : « Je vis avec
les événements de l'université de Kent. Je ne fais
pas partie de cela », se référant aux
événements 1970 au cours desquels la Garde
nationale a tué par balle des étudiants qui
protestaient pacifiquement contre la guerre du
Vietnam.
Les armes que la police et la Garde nationale
doivent aujourd'hui utiliser contre les
manifestants, comme les balles en caoutchouc, sont
classées comme « moins mortelles », et non
pas « non mortelles », et ont déjà causé des
blessures graves, la perte permanente de la vue et
la mort. Les gaz lacrymogènes, utilisés ces
derniers jours en Amérique, sont interdits au
niveau international car il s'agit d'armes
chimiques.
Un autre membre de la Garde nationale qui résiste
à ces ordres a dit : « Je sens que je ne peux
en aucun cas être complice quand j'ai vu tant
d'exemples de soldats et de policiers agissant de
mauvaise foi [...] Aucun aspect de ma formation
n'a porté sur cette question. [...] Nous n'avons
eu aucune formation ou discussion sur les
tactiques de désescalade. »
Nous vivons des temps historiques. De la
brutalité policière à la crise de la COVID-19 en
passant par la montée des inégalités économiques
et la suppression des électeurs, les citoyens ont
de nombreuses raisons de se mobiliser pour
défendre notre démocratie. Les menaces de Trump de
supprimer la protestation sont celles d'un
aspirant autoritariste. Il est essentiel que nous
soutenions ceux qui donnent l'exemple en résistant
à ces ordres.
Courage to Resist aide les membres de la Garde
nationale qui ont résisté aux ordres de Trump
d'attaquer violemment des personnes dans les rues
de Washington qui protestent légalement contre
l'injustice raciale. Vos contributions iront aux
services juridiques, au soutien logistique et au
plaidoyer public pour défendre ces courageux
hommes et femmes contre la traduction en cour
martiale et l'emprisonnement. Alors que Trump
menace de déployer plus de militaires contre des
manifestants dans tout le pays, le nombre de ceux
qui ont besoin d'aide devrait augmenter. Merci de
soutenir les soldats qui ont le courage de
résister !
Pour aider à la défense juridique, voir couragetoresist.org.
United National Antiwar Coalition
Défendons la vie des
Noirs !
Non à un État policier ! Non à la
dictature militaire !
Relâchez tous ceux qui ont été
arrêtés ! Mettez fin aux attaques
contre les manifestants antiracistes !
La Coalition nationale antiguerre unie (UNAC) est
solidaire des communautés qui se soulèvent à
l'échelle du pays contre la violence policière
raciste. Alors que Donald Trump appelle au
déploiement des soldats américains en réponse à
ces manifestations nationales, l'UNAC condamne le
recours à toute force policière ou militaire qui
est déployée afin de réprimer ces manifestations
par la violence. Nous lançons l'appel à tous les
activistes antiguerre à organiser ou à se joindre
à ces actions pour réclamer justice et la fin de
la terreur d'État infligée aux communautés noires
et brunes du pays.
Les protestations en cours ont commencé au
Minnesota le lundi 25 mai 2020 en
réponse au meurtre de George Floyd, un homme noir
de 46 ans, par quatre officiers de police de
la ville de Minneapolis. Cette tuerie horrifique a
été captée sur de multiples vidéos qui ont montré
deux officiers en train de clouer au sol, face
contre terre, George Floyd déjà menotté, un
policier debout près de lui et un quatrième
pressant son genou sur le cou de la victime
pendant près de neuf minutes bien qu'il criait «
je ne peux pas respirer » et a rapidement
perdu conscience. Floyd est mort quelques moments
plus tard.
Le 29 mai, après CINQ JOURS de
manifestations militantes sans relâche à
Minneapolis et dans différentes villes du pays, le
policier qui a pressé le genou sur le cou de Floyd
a finalement été arrêté et accusé de meurtre au
troisième degré. Ses trois complices n'ont
toujours pas été accusés. [En réponse aux
demandes fermes soulevées dans tout le pays,
Chauvin a maintenant été accusé de meurtre au
second degré et les trois autres d'avoir aidé et
été complices du meurtre au second degré – Note
de la rédaction]
Bien sûr, ce meurtre tragique ne s'est pas
produit en vase clos. Il représente une tendance
qui dure depuis trop longtemps dans ce pays.
Chaque année, plus de 1 000 personnes
sont victimes de violence meurtrière aux
États-Unis. Des hommes, des femmes et des enfants
noirs non armés ont été terrorisés et tués par la
police depuis plus d'un siècle et les policiers
impliqués dans ces actes n'ont presque jamais fait
face à des accusations pour leurs crimes. Juste
depuis quelques années, seuls les cas captés par
caméra et autres moyens d'enregistrement ont
attiré l'attention de ceux qui sont au pouvoir, et
même dans ces conditions, il est très rare que
justice ait été faite.
Plus récemment, des cas comme celui de Breonna
Taylor et Ahmaud Arbery ont retenu l'attention à
l'échelle nationale après qu'ils ont été tués par
des policiers et d'anciens policiers et seulement
après que des enregistrements vidéo et
sur 911 ont été envoyés aux médias. Les
policiers qui ont tué Breonna Taylor dans son
appartement n'ont pas fait l'objet d'accusations
et ceux qui ont tué Ahmaud Arbery pendant qu'il
faisait son jogging n'ont reçu aucune accusation
avant qu'une vidéo de l'incident n'ait provoqué
une indignation publique et des manifestations des
semaines plus tard.
Les soulèvements actuels à l'échelle du pays ont
été caractérisés par une semaine de grandes
manifestations et des actes de désobéissance
civile dans presque chaque État du pays. Des
centaines d'actions se sont tenues dans de grandes
et petites villes, d'un bout à l'autre du pays,
afin de dénoncer non seulement le meurtre de
George Floyd, mais la longue histoire d'oppression
et de violence de l'État contre les noirs
américains qui se poursuit toujours et n'a jamais
vraiment été reconnue par les États-Unis.
Tout comme le mouvement antiguerre a contesté les
guerres racistes et impérialistes des États-Unis à
l'étranger, les manifestations massives à
l'échelle du pays aujourd'hui contestent la
violence raciste institutionnalisée au pays. Les
millions de personnes qui sont dans les rues
aujourd'hui sont les annonciatrices de
mobilisations larges et unies qui s'en viennent et
qui ont le potentiel de poser un défi fondamental
au système oppresseur, raciste et violent.
(Traduit de l'anglais par LML)
CodePink
- Medea Benjamin et Nicolas Davies
-
Le cas de Black Lives Matter devrait être
appliqué mondialement et l'effort pour définancer
la police devrait être étendu à l'armée
américaine.
Le 1er juin, le président Trump a menacé de
déployer des forces militaires actives contre les
manifestants de Black Lives Matter dans toutes les
villes des États-Unis. Trump et des gouverneurs
d'États ont éventuellement déployé près
de 17 000 soldats de la Garde nationale
partout au pays. Dans la capitale nationale, Trump
a déployé neuf hélicoptères d'assaut Blackhawk,
des milliers de soldats de la Garde nationale
provenant de six États et près de 1 600
polices militaires et des troupes de combat
actives de la 82e Division Airborne, avec des
instructions écrites de se munir de baïonnettes.
Après une semaine d'instructions conflictuelles
où Trump a exigé que 10 000 soldats se
rendent dans la capitale, les troupes actives ont
finalement reçu l'instruction de retourner dans
leurs bases en Caroline du Nord et à New York
le 5 juin, puisque la nature pacifique des
manifestations rendait le recours à la force
militaire entièrement redondant, dangereux et
irresponsable. Mais les Américains ont été
lourdement affectés par les troupes armées
jusqu'aux dents, le gaz lacrymogène, les balles en
caoutchouc et les chars d'assaut qui ont
transformé les rues américaines en zones de
combat. Ils ont aussi été abasourdis de constater
à quel point il était facile pour le président
Trump, à lui seul, de mettre en branle un
déploiement de force aussi sinistre.
Mais nous ne devrions pas nous en surprendre.
Nous avons permis à notre classe dirigeante
corrompue de bâtir la machine de guerre la plus
destructrice de l'histoire et de la remettre entre
les mains d'un président aussi erratique
qu'imprévisible. Et lorsque les manifestations
contre la brutalité policière ont pris les rues du
pays d'assaut, Trump s'est senti enhardi de
retourner cette machine de guerre contre nous — et
pourrait très bien être enclin à le faire à
nouveau si jamais l'élection de novembre était
contestée.
Les Américains ont eu un échantillon du feu et de
la fureur que l'armée américaine et ses alliés
infligent aux peuples d'outremer sur une base
régulière de l'Irak et de l'Afghanistan au Yémen
et à la Palestine, et de l'intimidation que
ressentent les peuples d'Iran, du Venezuela, de la
Corée du nord et d'autres pays qui sont depuis
longtemps en proie aux menaces des États-Unis de
les bombarder, de les attaquer ou de les envahir.
Pour les Afro-Américains, la plus récente ronde
de furie déchaînée par la police et l'armée n'est
qu'une escalade de la guerre parallèle que les
dirigeants américains mènent contre eux depuis
plusieurs siècles. Pensons aux horreurs de
l'esclavage en passant par la location de forçats
dans la période suivant la Guerre civile et le
système d'apartheid Jim Crow et, aujourd'hui, la
criminalisation de masse, les incarcérations de
masse et l'intervention policière militarisée. Les
États-Unis ont toujours traité les Afro-Américains
comme une sous-classe permanente à exploiter et à
« garder à sa place » avec toute la force et
la brutalité requises.
Aujourd'hui, les Noirs américains risquent de se
faire abattre par la police quatre fois plus
souvent que les Blancs américains et les cas
d'incarcération sont six fois plus élevés. Le
nombre de fouilles auprès de chauffeurs noirs est
trois fois plus élevé et la possibilité de se
faire arrêter lors d'interventions routières deux
fois plus élevée, même si la police trouvera
certainement plus de contrebande dans les autos de
Blancs. Tout cela fait partie d'un système
d'incarcération et de police raciste, où les
Afro-Américains sont les principales cibles,
pendant que les forces policières américaines sont
de plus en plus militarisées et armées par le
Pentagone.
La persécution raciste ne se termine pas
lorsqu'un Afro-Américain sort de prison.
En 2010, un tiers des hommes afro-américains
avaient une accusation criminelle dans leur
dossier, rendant impossible l'accès à l'emploi, à
un logement, à l'aide-étudiante, aux programmes
sociaux comme SNAP (Programme d'aide alimentaire
supplémentaire) et à l'aide financière, et dans
certains États, au droit de voter. Dès la première
intervention policière ou routière où on les
arrête et les fouille, les hommes afro-américains
sont confrontés à un système conçu pour les piéger
dans une pauvreté et une citoyenneté de deuxième
ordre permanentes.
Tout comme les peuples d'Iran, de la Corée du
nord et du Venezuela souffrent de la pauvreté, de
la faim, de maladies évitables, de morts résultant
de manière délibérée de sanctions économiques
brutales des États-Unis, le racisme systémique a
des conséquences similaires aux États-Unis,
gardant les Afro-Américains dans une pauvreté
exceptionnelle, avec un taux de mortalité
infantile deux fois plus élevé que celui des
Blancs et des écoles tout aussi frappées de
ségrégation et d'inégalité que lorsque la
ségrégation était légale. Cette disparité
sous-jacente dans les normes de santé et du niveau
de vie semble être la principale raison pourquoi
les Afro-Américains meurent de la COVID-19 à un
taux deux fois plus élevé que les Blancs
américains.
Libérons le monde néocolonial
Bien que la guerre américaine contre la
population noire au pays soit maintenant étalée
aux yeux de l'Amérique — et du monde — les
victimes des guerres américaines à l'étranger
continuent d'être dissimulées. Trump a escaladé
les guerres horribles qu'il a héritées d'Obama,
larguant plus de bombes et de missiles en trois
ans que Bush II ou Obama lors de leurs premiers
mandats.
Mais les Américains ne voient pas les boules de
feu causées par les bombes, ni les corps morts et
mutilés, ni les ruines laissées après les
bombardements. Le discours public américain sur la
guerre se limite presque entièrement aux
expériences et aux sacrifices des troupes
américaines qui sont, après tout, des membres de
nos familles et nos voisins. Toute comme le deux
poids, deux mesures entre les vies noires et les
vies blanches aux États-Unis, il existe ce même
écart entre les vies des troupes américaines et
les millions de victimes et de vies détruites de
l'autre côté des conflits déchaînés par les forces
armées américaines et leur arsenal de guerre
contre d'autres pays.
Lorsque les généraux à la retraite se sont
prononcés contre la volonté de Trump de déployer
des troupes actives dans les rues américaines, il
importe de comprendre qu'ils défendent précisément
ce deux poids deux mesures. Bien qu'elles aient
siphonné le Trésor américain pour semer une
violence terrible contre les peuples d'autres
pays, et qu'elles n'aient pas « gagné » ces
guerres même selon la manière confuse dont elles
les décrivent, les forces armées américaines ont
conservé une réputation malgré tout favorable
auprès du public américain. C'est ce qui a protégé
en quelque sorte les forces armées du dégoût du
public face à la corruption systémique des autres
institutions américaines.
Les généraux Mattis et Allen, qui ont dénoncé le
déploiement par Trump de troupes américaines
contre les manifestants pacifiques, comprennent
mieux que quiconque que la façon la plus rapide de
ternir la réputation « téflon » de l'armée
auprès du public est de la déployer largement et
ouvertement contre les Américains aux États-Unis
même.
Tout comme nous exposons la corruption des forces
policières américaines et exigeons de définancer
la police, nous devons également exposer la
corruption de la politique étrangère américaine et
exiger le définancement du Pentagone. Les guerres
américaines menées contre les peuples d'autres
pays sont motivées par le même racisme et les
mêmes intérêts économiques des classes dirigeantes
que la guerre contre les Afro-Américains dans nos
villes. Depuis trop longtemps, nous avons laissé
les politiciens et les chefs d'entreprise cyniques
nous diviser et nous mater, financer la police et
le Pentagone plutôt que les vraies nécessités
humaines, nous dresser les uns contre les autres
au pays et nous entraîner dans des guerres contre
nos voisins à l'étranger.
Le deux poids deux mesures qui fait que la vie
des troupes américaines est révérée et que celle
des peuples qu'elles bombardent et envahissent est
niée, est aussi cynique et meurtrier que celui qui
accorde plus de valeur aux vies blanches qu'aux
vies noires aux États-Unis. Lorsque nous scandons
« Les vies noires comptent », nous devrions
inclure les vies des personnes noires et brunes
qui meurent tous les jours en raison des sanctions
américaines contre le Venezuela, la vie des
personnes noires et brunes qui sont tuées sous les
bombes américaines au Yémen et en Afghanistan, la
vie des peuples de couleur en Palestine qu'on
attaque à coup de gaz lacrymogènes, et qui sont
tabassés et abattus par les armes israéliennes
financées par les contribuables américains. Nous
devons exprimer notre solidarité avec les gens qui
se défendent contre la violence parrainée par les
États-Unis, que ce soit dans les rues de
Minneapolis, de New York et de Los Angeles,
d'Afghanistan, de Gaza ou de l'Iran.
Cette semaine, nos amis partout dans le monde ont
montré à quoi ressemble une telle solidarité
internationale. De Londres, Copenhague et Berlin,
en passant par la Nouvelle-Zélande, le Canada et
le Nigéria, le peuple a pris les rues d'assaut
pour exprimer sa solidarité avec les
Afro-Américains. Ils comprennent que les
États-Unis sont au coeur d'un ordre économique et
politique international raciste qui domine
toujours le monde soixante ans depuis la fin
officielle du colonialisme occidental. Ils
comprennent que notre lutte est la leur, et nous
devons comprendre que leur avenir est aussi le
nôtre.
Ainsi, tout comme les autres nous appuient, nous
devons aussi appuyer les autres. Ensemble, nous
devons saisir l'occasion pour passer de réformes
progressives à un réel changement systémique, non
seulement aux États-Unis, mais dans tout le monde
néocolonial raciste où l'armée américaine fait la
loi.
Medea Benjamin est le cofondatrice de
CODEPINK pour la Paix et auteure de plusieurs
livres, y compris Inside Iran : The
Real History and Politics of the Islamic Republic
of Iran.
Nicolas J.S. Davies est un journaliste
indépendant et chercheur auprès de CODEPINK et
auteur de Blood On Our Hands : the
American Invasion and Destruction of Iraq.
Le syndicat national des infirmières unies
Déclaration sur
l'utilisation d'armes de guerre contre les
manifestants
Dans le sillage des récentes morts brutales de
George Floyd et Breonna Taylor aux mains de la
police et du meurtre d'Ahmaud Arbery par des
résidents blancs armés, les manifestations pour la
justice raciale ont balayé le pays d’un bout à
l’autre. Avec elles, sont venus les gaz
lacrymogènes, les grenades assourdissantes, les
balles en caoutchouc et d'autres armes utilisées
contre les manifestants par des services de police
de plus en plus militarisés de ce pays. Les
manifestants sont nos patients et ils sont
victimes de violences et de brutalités policières
incessantes. Le Syndicat national des infirmières
unies (NNU) condamne toutes les formes de
brutalité policière, y compris l'utilisation
d'armes de guerre contre des manifestants par des
policiers qui sont tenus de protéger les
personnes, et nous appelons tous les échelons de
gouvernement et toutes les forces de police à
respecter le droit de manifester inscrit dans le
premier Amendement.
« Au cours des récentes manifestations, nous
avons été témoins de blessures dévastatrices
causées par des armes dites ‘moins létales’. Les
infirmières ont déjà vu ces tactiques policières,
notamment lors des déploiements du Réseau
d’intervention des infirmières enregistrées du NNU
durant Occupy Wall Street, à Standing Rock et à la
frontière mexicaine. En tant qu'infirmières, nous
nous engageons à protéger la santé et la sécurité
publiques, ce qui signifie mettre fin à
l'utilisation de la force militarisée et des armes
de guerre contre les personnes qui manifestent
contre l'injustice », a déclaré la
présidente du NNU Jean Ross, IA, qui est également
membre de l’Association des infirmières du
Minnesota/NNU.
« Nous soutenons le Mouvement Black Lives Matter
dans la lutte pour la justice raciale, a ajouté la
directrice exécutive de NNU, Bonnie Castillo, IA.
La brutalité policière dans les communautés noires
doit cesser immédiatement. Les infirmières sont
déterminées à lutter contre le racisme systémique
qui est endémique dans notre pays. »
Les infirmières se lèvent et disent : « Assez! »
à l’usage par la police de ce qui suit :
Gaz lacrymogènes
Les infirmières sont horrifiées de voir des gaz
lacrymogènes être utilisés comme une arme contre
nos patients, alors qu'ils exercent leur droit de
se rassembler. Les divers agents chimiques appelés
« gaz lacrymogènes » peuvent provoquer des
symptômes tels que la toux, les éternuements, le
vomissement, une vision trouble, l’essoufflement,
des larmoiements, la difficulté à avaler, la
cécité temporaire, la douleur et dans des cas
documentés le décès. C'est pourquoi depuis plus de
20 ans, son utilisation en guerre est interdite en
vertu de la Convention sur les armes chimiques,
signée par presque tous les pays du monde, y
compris les États-Unis. Pourtant, il est utilisé
amplement par les services de police américains
lors des manifestations.
L'utilisation de gaz lacrymogènes est
particulièrement préoccupante pour les infirmières
lors d'une pandémie, car elle provoque la toux et
l'éternuement des manifestants, alors qu'ils sont
déjà dans des conditions confinées, propageant
plus facilement le virus à l'origine de la
COVID-19. Pour les manifestants qui s’opposent au
racisme systémique, dans de nombreuses communautés
où les résidents noirs sont trois à quatre fois
plus susceptibles de contracter la COVID-19,
l'utilisation par la police d'une arme affectant
le système respiratoire est particulièrement
cruelle et dangereuse. Mais cela n'a pas empêché
les policiers de Minneapolis à Oakland, et même
dans la capitale de notre pays, de lancer
aveuglément des gaz lacrymogènes sur les
manifestants, y compris des enfants aussi jeunes
qu'un bambin.
Bien que l'impact spécifique des gaz lacrymogènes
sur les enfants ne soit pas aussi bien documenté
que l'impact sur les adultes, une étude de 1989
dans Journal of American Medicine a révélé
qu'un nourrisson exposé aux gaz lacrymogènes tirés
dans une maison par la police « a développé une
grave pneumonie qui a nécessité un traitement à
l’aide de stéroïdes, oxygène, antibiotiques et de
29 jours d'hospitalisation ». Une étude de 2011 de
l'Université du Chili a également révélé que les
gaz lacrymogènes peuvent nuire aux enfants au
cours des premières années de vie et peuvent nuire
au développement du fœtus.
En tant qu'infirmières qui promettent de défendre
la santé et la sécurité de tous, nous condamnons
fermement l'utilisation de gaz lacrymogènes sur
les personnes qui défendent la justice raciale, y
compris les foules où sont présents des mères et
des enfants. Tout comme ils sont interdits pour la
guerre, leur usage par la police devrait être
interdit - point final.
Grenades assourdissantes et grenades éclairs
Les infirmières ont été consternées de voir
l'utilisation de grenades assourdissantes contre
les manifestants. Avec une chaleur supérieure à 1
000 degrés Fahrenheit et une explosion de 175
décibels, les grenades éclairs et les grenades
assourdissantes peuvent provoquer des brûlures,
une perte auditive, une cécité temporaire, des
blessures par des éclats d'obus et la mort. Entre
2000 et 2015, selon une enquête de ProPublica, au
moins 50 Américains ont été grièvement blessés,
mutilés ou tués par des grenades éclairs.
Avec leur capacité à étourdir, aveugler et rendre
sourds les manifestants, ces grenades peuvent
également exposer la personne à des risques de
blessures secondaires, comme être heurté par une
voiture ou renversé par la foule. Les infirmières
condamnent fermement l'utilisation de cette arme
de guerre par la police militarisée.
Balles en caoutchouc et munitions « moins
létales »
Il n'y a pas de projectile « sécuritaire » pour
tirer sur des manifestants. Il suffit de demander
à Brandon Saenz, dont l'œil a été atteint lors
d'une manifestation du 30 mai à Dallas, ou à Linda
Tirado, une photographe indépendante dont l'œil a
été atteint lors d'une manifestation du 28 mai à
Minneapolis. On a rappelé aux infirmières qu'il
s'agissait d'une tendance, et non d'une anomalie,
à notre séjour à Standing Rock en 2016, lorsque
l'œil de la protectrice de l'eau Vanessa Dundon a
été arraché.
Les balles en caoutchouc, qui ont souvent un
noyau métallique, sont également responsables de
décès, souvent dus à des traumatismes crâniens,
cervicaux et thoraciques, ainsi qu'à des
saignements internes, des lésions d'organes et des
ecchymoses. Les infirmières appellent à l’arrêt de
l’utilisation des balles en caoutchouc et autres
munitions par la police qui affirme qu'elles sont
« moins létales » car la protection des personnes
lors d'une manifestation ne devrait dans aucune
mesure être « légale ».
Les infirmières ont le devoir de protéger les
gens et nous savons ce qu'il faut pour assurer la
sécurité de nos patients. Les armes de guerre
n'ont pas leur place dans une société
bienveillante, surtout pas lors de manifestations
pacifiques.
Autres formes de violence policière
Dans tout le pays, la police s'est constamment
livrée à d'autres formes de violence, notamment
des coups de pied, des poussées et des coups de
bâton contre des manifestants. Des tactiques
telles que le fait d'étouffer les manifestants ont
piégé les gens sans aucun moyen d'échapper à la
violence brutale infligée par la police. Les
infirmières condamnent le recours à l'escalade
policière lors des manifestations.
L'utilisation accrue des armes de guerre est
également une étape troublante de la
militarisation nationale qui représente une menace
pour la démocratie et un gaspillage colossal de
ressources publiques qui seraient bien mieux
dépensées pour la santé publique et d'autres
programmes sociaux qui sont particulièrement
essentiels au milieu d'un pandémie et crise
économique.
Le Syndicat national des infirmières unies est le
plus grand syndicat et organisation
professionnelle d'infirmières autorisées du pays,
avec plus de 150 000 membres à l'échelle
nationale.
(5 juin 2020. Traduit de
l’anglais par LML)
Des organisations de la baie de San Francisco
Le 2 juin 2020, à la veille d'une
manifestation majeure contre le couvre-feu à
Oakland, cette déclaration a été écrite pour aider
les organisations à s'unir autour d'une pensée
commune à un moment où le gouvernement et la
plupart des médias cherchent à nous diviser de
l'intérieur. Il y a de vraies conversations à
avoir sur la stratégie et la tactique et nous
espérons que cette déclaration aide à commencer ce
processus d'une manière qui s'éloigne du blâme et
de la criminalisation pour agir avec discipline,
intégrité et compréhension. Alors que nous
envisageons l'avenir d'un mouvement puissant qui
se construit dans l'intérêt de la justice,
tenons-nous également responsables les uns les
autres de nouvelles façons. Merci d'avoir pris le
temps de lire cette déclaration et songez à y
ajouter votre nom.
Le meurtre de George Floyd a déclenché un
mouvement national et notre appel à la justice
fait écho à l'échelle internationale. Des
protestations puissantes éclatent dans le monde
entier. Et l'État policier mondial riposte.
La principale méthode utilisée par le
gouvernement pour réprimer les manifestations
majeures est la force écrasante et l'agression, y
compris les grenades paralysantes, les produits
chimiques, les projectiles et les chars.
L'autre méthode consiste à nous diviser de
l'intérieur.
À chaque période de recrudescence et de
résistance - de Rodney King à Oscar Grant en
passant par Occupy et Standing Rock - le
gouvernement a exploité les différences entre nous
pour diviser et supprimer la croissance de notre
mouvement.
Après la première nuit de chaque recrudescence,
la police et les responsables gouvernementaux
utilisent exactement le même manuel et le
diffusent par les médias :
- Étiqueter les personnes qui ont été arrêtées
comme des « éléments extérieurs » et des «
opportunistes ».
- Diviser les gens en « bons » et «
mauvais » manifestants.
- Envoyer des provocateurs et des voyous pour
leur faire du mal et envoyez des agents
s'infiltrer pour apprendre nos faiblesses et nos
différences afin de les exploiter plus tard.
- Encourager les suprémacistes blancs et autres à
nous attaquer et à nous désorienter.
Ils discréditent nos mouvements et nous poussent
à chercher des ennemis de l'intérieur au lieu de
renforcer la solidarité et notre mouvement.
L'exemple le plus extrême aujourd'hui est que les
« antifa » ont été déclarés organisations
terroristes. Ne vous y trompez pas, la cible est
maintenant les « antifa » et les «
anarchistes blancs », mais ils vont tôt
accoler l'étiquette « extrémistes identitaires
noirs » à d'autres. Et les anarchistes noirs
et bruns pourraient être étiquetés comme faisant
partie des deux catégories.
Ce sont les mêmes tactiques que la « chasse aux
rouges » des années 1950 et de la «
chasse à la violence » utilisées contre le
Parti Black Panther, le Mouvement des Amérindiens
et le mouvement pour l'indépendance de Porto Rico,
qui ont laissé beaucoup de nos camarades en prison
à vie, où ils se trouvent encore aujourd'hui.
Nous ne pouvons pas résoudre toutes les
divergences d'opinions concernant la stratégie de
protestation du jour au lendemain - et nous devons
toujours considérer l'impact de différentes
approches sur celles qui sont déjà les plus
ciblées par la police - mais nous pouvons accepter
de nous engager dans un débat de bonne foi et une
lutte de principe lorsque des différences
surviennent.
Nous pouvons convenir de résoudre les désaccords
en privé et hors ligne et ne pas partager des
images qui pourraient nuire au mouvement. Notre
force et notre solidarité doivent être publiques
et nos différences doivent rester entre nous.
Le meurtre brutal de George Floyd a déclenché la
fureur et la douleur comme jamais auparavant. Nous
avons encore des vagues d'infection au coronavirus
à survivre et plus de 100 000 funérailles à
assister. Nous nous dirigeons vers une crise
économique pire que la Grande Dépression, et les
États-Unis tentent de dominer le monde dans les
conditions d'une année électorale. Et l'armée
occupe littéralement nos communautés.
Mais la répression à laquelle nous sommes
confrontés ne se produit que parce que le peuple
s'est levé et s'est uni. En quelques jours, nous
avons fait en sorte qu'une chose est devenue
claire : il n'y a pas de retour à ce qu'on
appelle la « normale ». Fixons le regard sur
le monde que nous voulons créer, tout en
continuant à construire, à grandir et à guérir.
Relevons tous les défis à venir avec discipline,
intégrité et compréhension.
Selon les mots d'Assata Shakur :
Il est de notre devoir de lutter pour notre
liberté.
Il est de notre devoir de gagner
Nous devons nous aimer et nous protéger les
uns les autres
Nous n'avons rien à perdre que nos chaînes.
Voir la liste
des cosignataires en date du 11 juin 2020
Un appel à l'ONU à ouvrir un examen du respect
des droits humains et à sanctionner
les États-Unis (Extraits)
Les avocats de la famille de George Floyd ont
envoyé le 3 juin une lettre à l'ONU dans laquelle
ils soumettent aux Nations unies, au nom de leurs
clients, une demande de sanction contre les
États-Unis pour violation des droits humains des
Afro-Américains. La lettre se lit en partie comme
suit :
« La famille de George Floyd, ses représentants
légaux et les membres concernés de la société
civile appellent le Groupe de travail d'experts
sur les personnes d'ascendance africaine, le
rapporteur spécial sur la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, le rapporteur spécial sur les
exécutions extrajudiciaires, sommaires ou
arbitraires, le rapporteur spécial sur les
questions relatives aux minorités, le rapporteur
spécial sur les formes contemporaines de racisme,
de discrimination raciale, de xénophobie et de
l'intolérance qui y est associée, et tous les
titulaires de mandat concernés à demander des
mesures urgentes en ce qui a trait à la torture et
à la mort extrajudiciaire de George Floyd, un
Afro-américain et personne d'ascendance africaine,
survenue le 25 mai 2020, à Minneapolis, Minnesota,
États-Unis d'Amérique. »
Après avoir présenté les détails de la mort
brutale de George Floyd, le licenciement des
policiers et les charges criminelles retenues
contre eux, la lettre rappelle que :
« Les États-Unis d'Amérique ont une longue
tradition et une pratique de violence policière
meurtrière appliquée de manière disproportionnée
aux personnes d'ascendance africaine. Bon nombre
de ces cas ont eu pour conséquence que les
gouvernements locaux et des États n'ont pas tenu
responsables les policiers qui commettent des
violations des droits humains. Par exemple, en
2014, Michael Brown, un Afro-Américain de 18 ans
non armé, accusé d'avoir volé dans un dépanneur, a
été tué à Ferguson (Missouri) et abattu de six
coups de feu alors qu’il avait les mains en l’air.
Aucun policier n'a été inculpé au criminel. En
2014, l'Afro-Américain non armé Eric Garner a été
tué à New York; la police l'a accusé d'avoir vendu
illégalement des cigarettes et les policiers l’ont
étranglé en le retenant, malgré le fait qu'il ait
dit à l'agent ‘Je ne peux pas respirer’ onze fois
avant de mourir. Aucun des policiers impliqués n'a
été reconnu coupable d'actes répréhensibles. Le 13
mars 2020, Breonna Taylor, une Afro-Américaine de
vingt-six ans, a été tuée par balle dans son
appartement de Louisville, au Kentucky, par des
policiers qui exécutaient un mandat d'intrusions
sans frapper; elle n'était pas armée et n'était
accusée d'aucun crime. Aucun officier de police
n'a été inculpé pour sa mort.
« Le meurtre extrajudiciaire d'Afro-américains
par des policiers aux États-Unis constitue un
modèle tellement généralisé et répandu que les
Américains blancs ont été encouragés à agir en
tant que justiciers. En 2012, Trayvon Martin, un
Afro-Américain de dix-sept ans, qui n'était pas
armé et ne commettait aucun crime, a été abattu
par un « gardien de quartier ». Le 23 février
2020, l'Afro-Américain Ahmaud Arbery, âgé de
vingt-cinq ans, non armé, a été abattu par des
hommes blancs alors qu'il faisait du jogging dans
un quartier de Géorgie. Il ne commettait aucun
crime et les éléments de preuve ont révélé que ses
tueurs avaient agi sur une autorité apparente des
forces de l'ordre locales.
« Le 1er juin 2020, le président Donald Trump
s'est adressé à la nation et a affirmé qu'il
protégerait les droits des citoyens au deuxième
amendement, le droit de porter les armes. Peu de
temps après cette déclaration, le shérif Grady
Judd du comté de Polk, en Floride, a publié la
déclaration suivante : ‘Les gens du comté de Polk
aiment les armes à feu ... si vous essayez de
pénétrer par effraction dans leurs maisons pour
voler, pour mettre le feu, je recommande fortement
qu'ils vous fassent sauter hors de la maison avec
leurs fusils.’ Nous pensons que de telles
déclarations des autorités incitent davantage au
comportement de justicier et incitent à des
exécutions extrajudiciaires d’Afro-Américains par
la police et des citoyens.
« L'incapacité des États-Unis d'Amérique à
combattre la violence policière et les exécutions
extrajudiciaires de personnes d'ascendance
africaine constitue une atteinte à leurs droits
fondamentaux.
« Nous vous demandons instamment de soutenir
notre appel aux États-Unis et à leurs États et
gouvernements locaux à :
1) demander la pleine justice pour M. George
Floyd, que tous les policiers impliqués soient
accusés de meurtre au premier degré; nous
demandons en outre des changements systémiques, y
compris, mais sans s'y limiter :
2) mettre fin à l'immunité qualifiée ;
3) mettre fin à la fourniture d'équipement
militaire et à la formation de type militaire de
la police ;
4) rétablir les décrets fédéraux de
surveillance/consentement lorsque cela est
justifié ;
5) créer des commissions d'examen civiles pour
aider à obtenir justice pour les victimes ;
6) rendre obligatoire l'utilisation de caméras
corporelles pour tous les policiers et la
diffusion immédiate de séquences vidéo et
d'enregistrements audio à la suite d'incidents
impliquant des homicides commis par des policiers
;
7) mandater une formation sur les techniques de
désescalade ;
8) appuyer un procureur indépendant pour les cas
d'inconduite policière ;
9) augmenter les restrictions sur les mandats
d'intrusions sans frapper et le recours à des
policiers sans uniforme dans les interactions avec
les citoyens;
10) créer une commission indépendante chargée
d'examiner, d'enquêter, de poursuivre et de
conduire des autopsies indépendantes dans toutes
les exécutions extrajudiciaires de la police ;
11) mettre immédiatement en œuvre et suivre les
recommandations formulées par les procédures
spéciales des Nations unies qui garantissent que
les États-Unis respectent leurs obligations en
matière de droits humains, y compris dans le
contexte de la police et de l'élimination du
racisme. »
Pour voir la lettre au complet, cliquer ici.
Reportage photo
Des actions partout aux États-Unis, au Canada
et dans le monde du 7 au 13 juin
États-Unis
Minneapolis, Minnesota
7 juin 2020
.
La statue de Christophe Colomb est retirée du
Capitole du Minnesota, le 10 juin 2020,
sous garde policière.
11 juin 2020
Washington, DC
Le frère de George Floyd témoigne devant une
audience du Congrès, le 10 juin 2020.
La clôture temporaire érigée pour éloigner les
manifestants de la Maison-Blanche a été
recouverte d'affiches et de panneaux. Le 11 juin,
les équipes des services du parc ont commencé à en
retirer des sections.
Hamden, Connecticut
Boston, Massachusetts
Dover, Delaware
New York, New York
Les travailleurs de la santé du New York
Presbyterian Hospital rendent hommage
à George Floyd, 11 juin 2020.
Brooklyn, New York
Romulus, Michigan
Ohio
Louisville, Kentucky
Libération de ballons en l'honneur de Breonna
Taylor à l'occasion de son anniversaire.
Elle aurait eu 27 ans le 5 juin. Breonna a été
tuée par la police de Louisville à son domicile en
mars de cette année.
Charlotte, Caroline du Nord
Charleston, Caroline du Sud
Rome, Géorgie
Columbia, Missouri
Little Rock, Arkansas
Prairie Village, Kansas
Houston, Texas
Les funérailles de George Floyd ont lieu à
Houston, le 9 juin 2020.
Phoenix, Arizona
Tempe, Arizona
Los Angeles, Californie
Grand rassemblement devant l'Hôtel de Ville, le 7
juin 2020
Les membres de l'Union internationale des
débardeurs sur la côte Ouest ont arrêté le travail
et déposé leurs outils le matin du 9 juin pour un
moment de silence de 8 minutes et 46 secondes en
hommage à George Floyd et à toutes les victimes de
violence policière. Les débardeurs de la côte Est
ont interrompu le travail pendant une « heure de
manifestation pacifique » dans tous les ports du
Maine au Texas.
Un rassemblement pour le retrait du financement à
la police, le 10 juin 2020
Baie de San Francisco, Californie
Une assemblée étudiante pour exiger le retrait de
la police des salles de classe de la région de la
baie de San Francisco
Tracy, Californie
L'Association des infirmières de la Californie
soutient le mouvement Black Lives Matter,
le 10 juin 2020.
Victor, Idaho
Eugene, Oregon
Seattle, Washington
Les jeunes occupent l'hôtel de ville de Seattle
pendant une heure, le 9 juin 2020. Ils
demandent la démission du maire pour le rôle de la
ville dans l'attaque aux gaz lacrymogènes contre
ceux qui protestent contre la mort de George
Floyd.
Hawaï
Anchorage, Alaska
Juneau ; Nome, Alaska
Utqiagvik, Alaska
Canada
Montréal, Québec
Halifax, Nouvelle-Écosse
Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard
Toronto, Ontario
Mississauga, Ontario
Niagara Falls, Ontario
Windsor, Ontario
Thunder Bay, Ontario
Vancouver, Colombie-Britannique
Dans le monde
Bristol, Angleterre
La statue d'Edward Colston, un marchand
d'esclaves du XVIIe siècle, est renversée et
roulée dans la rivière, le 7 juin 2020.
Londres, Angleterre
Une statue du marchand de bois Robert Milligan
est retirée de l'extérieur du Musée
des Docklands de Londres le 9 juin 2020. Le
maire de Londres, Sadiq Khan, a annoncé un
examen de toutes les statues et noms de rues de
la ville et dit que tout ce qui représente un
lien avec l'esclavage doit être retiré.
Bruxelles, Belgique
Les manifestants lors des rassemblements
antiracistes à Bruxelles ont exigé la
suppression des statues du roi Léopold,
responsable de la colonisation du Congo. Lors de
la manifestation du 7 juin 2020 à Bruxelles, des
manifestants ont grimpé sur sa statue avec un
drapeau géant de la République démocratique du
Congo, scandant « meurtrier » et « réparations
». Une statue du roi Léopold à Anvers a depuis
été enlevée.
Dusseldorf, Allemagne
Paris, France
Madrid, Espagne
Barcelone, Espagne
Budapest, Hongrie
République dominicaine
Palestine
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Marxiste-Léniniste
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