Numéro 12 - 29 février 2020
Appuyons les Wet'suwet'en! La force ne fait
pas le droit!
Le Canada doit assumer ses responsabilités
et établir une nouvelle relation avec les
peuples autochtones
- Barbara Biley -
Des jeunes autochtones occupent à nouveau l'entrée
de l'Assemblée législative
de la Colombie-Britannique, 24
février 2020
• L'assaut
policier contre les barrages est dénoncé
dans des actions partout au Canada
• Déclaration
des jeunes autochtones solidaires des
Wet'suwet'en
• Les
intrigues du premier ministre du Québec pour
criminaliser
la lutte des peuples autochtones
- Pierre Soublière -
• L'état
de droit selon le ministre de la Sécurité
publique Bill Blair
- Philip Fernandez -
• Déclaration
à propos de l'arrestation de la documentariste
Melissa Cox
- Yint'ah Film -
• La
Loi sur la défense de l'infrastructure critique
de
l'Alberta criminalise l'affirmation des droits
- Peggy Morton -
Opposons-nous à l'application extraterritoriale
des sanctions américaines contre Cuba
• Lettre
ouverte au ministre des Affaires étrangères
François-Philippe Champagne
- Réseau canadien pour
Cuba -
56e Conférence annuelle de Munich sur la sécurité
• Vigoureuse
opposition à la conférence de guerre de l'OTAN
- Nick Lin -
L'Accord États-Unis-Philippines sur les forces en
visite
• Les
forces populaires ne se laissent pas détourner
90e anniversaire de la fondation du Parti
communiste du Vietnam
• Les
Vietnamiens célèbrent les grandes réalisations
de leur Parti
• Célébration
à Toronto
Appuyons les Wet'suwet'en! La
force ne fait pas le droit!
Le Canada doit assumer ses responsabilités et
établir une nouvelle relation avec les peuples
autochtones
- Barbara Biley -
Devant l'Assemblée législative de la
Colombie-Britannique, le 25 février 2020
Le gouvernement fédéral a le devoir et la
responsabilité de garantir les droits ancestraux
des peuples autochtones. Ce que le gouvernement
Trudeau et d'autres gouvernements appellent l'état
de droit canadien ne peut pas être le point de
référence pour régler les différends entre la
Couronne et les nations autochtones. Tant que cela
demeure le point de référence, il ne sera pas mis
fin aux pratiques coloniales et racistes.
Le refus obstiné du gouvernement Trudeau et du
gouvernement de la Colombie-Britannique de rompre
avec le traitement raciste et colonial des peuples
et nations autochtones est la cause immédiate de
la multiplication des actions en faveur des
Wet'suwet'en. Leur prétention d'adhérer à la
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones et que pour eux « la relation
avec les peuples autochtones est la plus
importante » est exposée comme une simple
provocation. Au lieu d'apporter une lueur
d'espoir, chaque déclaration du premier ministre
Trudeau et de ses ministres provoque le mépris et
la résistance. Et ce, dans le contexte de la
tragédie persistante des femmes et des filles
autochtones assassinées et disparues, la
surreprésentation des Autochtones dans le système
carcéral, les conditions de vie inacceptables dans
les réserves et, en particulier, les conditions
qui ont provoqué une épidémie d'autodestruction et
de suicides chez les jeunes.
Depuis le début
janvier, les chefs héréditaires wet'suwet'en
demandent aux chefs du gouvernement du Canada et
du gouvernement de la Colombie-Britannique de les
rencontrer pour un dialogue de nation à nation.
Le 18 février, Trudeau a refusé de
reconnaître la responsabilité du gouvernement
fédéral de régler la situation et de mettre un
terme à la violation des droits sur le territoire
des Wet'suwet'en. Le premier ministre de la
Colombie-Britannique, John Horgan, a également
refusé de rencontrer les chefs des Wet'suwet'en et
a déclaré à maintes reprises que, quoi qu'on en
dise et quoi qu'on en pense, le pipeline sera
construit, ce qui prouve que lui non plus ne
respecte pas les chefs héréditaires et ne
reconnaît pas que son gouvernement a la
responsabilité de rompre avec les vieilles
relations et d'en établir de nouvelles.
Les conditions des chefs héréditaires des
Wet'suwet'en sont simples : que la GRC se
retire du territoire des Wet'suwet'en, ce qui veut
dire qu'elle doit retirer son poste mobile et les
agents qui continuent de harceler et d'intimider
les Wet'suwet'en et leurs partisans sur le
territoire, et que Coastal GasLink cesse ses
activités sur le territoire pendant que se
poursuivent les discussions entre les chefs
héréditaires et les gouvernements fédéral et
provincial. C'est en appui à ces revendications
que les barrages ferroviaires ont été érigés en
Ontario, au Québec et ailleurs. C'est pour
exprimer la solidarité des gens partout au pays
avec les revendications légitimes des
Wet'suwet'en.
Le gouvernement dit qu'il veut une résolution
pacifique, et pourtant il continue de criminaliser
tous ceux qui,
autochtones et non autochtones, prennent les
moyens d'appuyer la
revendication juste et légale des chefs
héréditaires. Il insinue, comme l'a fait Trudeau
en conférence de presse le 21 février, que même si
les griefs des Wet'wuwet'en sont légitimes, ceux
des non-autochtones, eux, ne le sont pas.
Autrement dit, il n'y a pas de problèmes avec
les arrangements constitutionnels, la constitution
n'est pas en mal de
renouveau et les Canadiens n'ont que faire de la
défense des
droits ancestraux des peuples autochtones. Cela
trahit la conception du
monde rétrograde de ceux qui détiennent le pouvoir
au
Canada, et son anachronisme est mis davantage en
évidence chaque fois qu'ils déclarent que les
autochtones et les non-autochtones vont faire face
au plein poids de la
loi s'ils ne se soumettent pas à l'ordre du jour
de la loi et de
l'ordre.
Les arrestations de Mohawks par la Police
provinciale de l'Ontario à Tyendinaga et les
injonctions et menaces contre tous les autres qui
prennent position à travers le pays montrent que
la seule « résolution pacifique » qui soit
acceptable pour le gouvernement est celle où les
peuples autochtones renoncent à leurs droits. Cela
ne favorise pas du tout la paix et ça ne passera
pas ! La force ne fait pas le droit.
L'assaut policier contre le barrage de Tyendinaga,
le 24 février 2020
L'assaut policier contre les barrages est
dénoncé dans des actions partout au Canada
Dans les heures qui ont suivi l'attaque de la
police, les arrestations et le démantèlement du
barrage de Tyendinaga en Ontario, les actions de
résistance se sont multipliées. Les Gitxsan ont
rétabli un barrage sur la voie ferrée du CN dans
le nord de la Colombie-Britannique qui avait été
retiré le 13 février pour faire place à des
discussions entre les Wet'suwet'en et le
gouvernement fédéral. La GRC a arrêté plusieurs
personnes, dont des chefs héréditaires de la
nation gitxsan. D'autres ont maintenant fermé
l'autoroute 16 dans le nord de la
Colombie-Britannique pour exiger la libération des
personnes arrêtées. L'entrée du port de Vancouver
est bloquée, au mépris d'une injonction, et des
jeunes autochtones et leurs sympathisants occupent
les marches de l'Assemblée législative provinciale
à Victoria. Des rassemblements et des
manifestations ont lieu partout au pays. Des
barrages routiers et ferroviaires sont en place
depuis quelque temps dans les communautés mohawks
de Kanesatake et Kahnawake au Québec. Le 25
février, un tribunal du Québec a accordé une
injonction au Canadien Pacifique exigeant le
démantèlement d'une barricade sur la voie ferrée
qui traverse Kahnawake. L'application des lois
incombe aux Peacekeepers mohawks qui ont déclaré
qu'ils n'avaient pas l'intention d'exécuter
l'ordonnance du tribunal. Le premier ministre du
Québec François Legault a déclaré, sans aucune
preuve, que le démantèlement de ce barrage est
rendu « dangereux » à cause de la présence
d'armes AK-47 sur les lieux, ce que démentent
catégoriquement les Peacekeepers. Legault a
indiqué que la Sûreté du Québec prépare un plan
pour démanteler les barrages. Les autorités
admettent ouvertement que l'intervention policière
provoque l'organisation d'autres barrages
ailleurs.
La répression violente des manifestants non armés
solidaires des justes revendications des
Wet'suwet'en ne convaincra personne que l'État a
raison. Les Wet'suwet'en défendent leurs droits
ancestraux et la Terre-Mère, ce qui leur gagne
l'appui de tous ceux qui sont préoccupés par la
spoliation de l'environnement naturel, et ils
demandent un dialogue de nation à nation. Il
appartient au Canada de défendre les droits
ancestraux des peuples autochtones. C'est la voie
vers un règlement pacifique des conflits en cours.
Victoria, Colombie-Britannique
Saanich, Colombie-Britannique
Vancouver, Colombie-Britannique
Abbotsford, Colombie-Britannique
Winnipeg, Manitoba
Six Nations du territoire de Grand River
Hamilton, Ontario
London, Ontario
Toronto, Ontario, rassemblement et danse en cercle
Toronto, Ontario, blocage ferroviaire
Orillia, Ontario
Ottawa, Ontario
Territoire mohawk de Kanesatake
Territoire mohawk de Kahnawake
Montréal, Québec
Halifax, Nouvelle-Écosse
Fredericton, Nouveau-Brunswick
St. John's, Terre-Neuve, occupation des bureaux
du député Seamus O'Regan
Déclaration des jeunes autochtones
solidaires des Wet'suwet'en
Les jeunes tiennent une conférence de presse sur
les marches de l'Assemblée législative de la
Colombie-Britannique, le 26
février 2020.
Ce sont nos revendications que nous portons à
l'attention du Canada, de la Colombie-Britannique,
des fonctionnaires canadiens. Nous sommes des
jeunes autochtones de partout au Canada qui, de
manière indépendante, sommes solidaires des cinq
clans de la nation wet'suwet'en qui ont
unanimement rejeté le projet Coastal GasLink. À la
défense de nos proches de la nation wet'suwet'en,
nous occuperons les bureaux du ministère, des
voies ferrées et des édifices parlementaires afin
de tenir tous les niveaux du gouvernement canadien
responsables de la perpétuation de l'héritage
génocidaire du Canada. Nous nous engageons à tenir
les représentants canadiens responsables. Cela
signifie revenir continuellement dans les espaces
de gouvernance et de droit jusqu'à ce que le
Canada respecte la gouvernance et le droit
traditionnels des Wet'suwet'en. Il est de notre
responsabilité inhérente, en tant que jeunes
autochtones, de résister à l'injustice et de
défendre la souveraineté des Wet'suwet'en. Nous
reconnaissons que les Wet'suwet'en qui assument
leurs responsabilités envers les terres, l'eau et
la justice climatique protègent notre avenir
collectif.
Les jeunes autochtones sont solidaires de tous
les peuples autochtones qui défendent leurs terres
au Canada, de Wet'suwet'en à Tyendinaga. Nous
résistons à la Gendarmerie royale du Canada et à
la Police provinciale de l'Ontario qui
criminalisent violemment les peuples autochtones
qui pourtant ne réclament que le strict minimum du
Canada. Par ces arrestations honteuses, le monde a
vu le masque colonial de la réconciliation
s'écrouler pour révéler la réalité canadienne du
génocide autochtone, qui n'a jamais été
interrompu, et qui n’a jamais connu de
réconciliation. Les jeunes autochtones de tout le
pays déclarent que la réconciliation est morte.
Nous condamnons les tactiques coercitives
employées par Coastal GasLink, le manque de
dialogue significatif de la part de l'État
canadien et la tentative générale de supprimer les
droits, titres et lois autochtones.
La situation sur le territoire de Wet'suwet'en a
révélé la véritable nature des pratiques de
consultation prédatrices du Canada. Il a été
clairement établi que les nations autochtones
n'ont pas droit à un consentement libre, préalable
et éclairé. Le raid en cours contre les
Wet'suwet'en montre que dire NON entraîne une
invasion de type militaire. La saisie des terres
autochtones sous la menace d'une arme, tout en
refusant simultanément les programmes et services
essentiels à nos communautés, n'est pas de la
négociation de bonne foi. Non seulement le raid de
la GRC sur les territoires des Wet'suwet'en est-il
un recours à la force coercitive au nom de Coastal
GasLink, mais il est l'emblème du traitement
systémique fait aux peuples autochtones au Canada.
Nos communautés ne devraient pas avoir à subir
des pratiques de consultation prédatrices qui
exploitent les cycles de pauvreté que le Canada
maintient intentionnellement, tout en générant une
richesse immense de nos territoires depuis la
colonisation. Les avis d’ébullition de l'eau, la
quasi extermination des aliments traditionnels
comme le saumon sauvage, le caribou et le bison
ainsi que le sous-financement de programmes
sociaux, en santé et en éducation qui sont
accessibles aux Canadiens, sont toutes des
conditions coercitives pour les négociations avec
l'industrie. Telle est la composante économique
incontournable de la colonisation continue. Une
pression indue est exercée sur les nations
autochtones pour qu'elles s'engagent dans des
ententes sur les répercussions et des ententes sur
les avantages mutuels avec des projets
destructeurs du point de vue environnemental.
L'oppression économique de la colonisation est
utilisée comme levier par les intérêts d'affaires
et appuyée par le gouvernement. Les négociations
sur les répercussions et les avantages sont un
processus corrompu. Ce n'est pas la même chose que
le consentement véritable.
Nos droits humains en tant que peuples
autochtones sont inhérents et ne peuvent être
subordonnés à une transaction et à
l'anéantissement de nos terres. En tant que jeunes
autochtones, nous allons faire tout ce qui est en
notre pouvoir pour protéger notre avenir et les
terres des Wet'suwet'en de la destruction. Il est
temps que les représentants du Canada fassent la
même chose. Si vous ne nous soutenez pas, vous
êtes complices d'une injustice permanente. Notre
génération et les générations futures de nos
nations se souviendront de ceux qui ont pris
position contre le génocide. Nous n'oublierons pas
non plus ceux qui ont été complaisants face aux
actes continus de violence coloniale.
Nous demandons aux dirigeants de la
Colombie-Britannique et du Canada d'entamer des
discussions de nation à nation avec les chefs
héréditaires des Wet'suwet'en. Pour que ces
discussions se tiennent de bonne foi et sans
coercition, la Gendarmerie royale du Canada doit
se retirer des territoires des Wet'suwet'en.
Toutes les patrouilles et toute la surveillance
actuelle de la GRC doivent cesser. Le retrait du
Bureau pour la sécurité de la collectivité et de
l'industrie ne satisfait pas à cette exigence si
toutes les activités de la GRC ne sont pas
arrêtées. Coastal GasLink doit cesser ses
activités et retirer son personnel des territoires
des Wet'suwet'en en conformité avec l'éviction qui
a été promulguée par les chefs héréditaires
wet'suwet'en le 4 janvier 2020. Le Canada doit de
manière urgente examiner comment le traitement
systémique des peuples autochtones du Canada est
un facteur de coercition dans les négociations
avec l'industrie. Il ne peut y avoir de
consentement libre, préalable et éclairé pendant
que de nombreuses nations autochtones du Canada
sont toujours sous le coup d'avis de faire
bouillir l'eau. La Colombie-Britannique doit
révoquer tous les permis accordés à CGL, à la
lumière surtout du rejet par le Bureau
d'évaluation environnementale de la
Colombie-Britannique du rapport de données
techniques de CGL. La Colombie-Britannique doit
aussi mettre fin à sa diffamation et à sa
criminalisation des dirigeants et des
gouvernements autochtones. La rhétorique
incendiaire du premier ministre de la province ne
sert qu'à inciter à la haine et à la violence
contre les peuples autochtones qui luttent pour
leurs droits et leur moyen de subsistance
inhérents. Le Canada doit mettre fin à la
criminalisation de toutes les actions et blocus de
solidarité pacifique autochtones qui ont lieu
parce que le Canada refuse d'adhérer à la
diplomatie et de rencontrer les chefs héréditaires
des Wet'suwet'en. Sortez l'OPP du territoire
mohawk de Tyendinaga. Il est temps que vous
preniez vos responsabilités.
Les intrigues du premier ministre du Québec pour
criminaliser la lutte des peuples autochtones
- Pierre Soublière -
Les chefs héréditaires des Wet'suwet'en rendent
visite aux Mohawks de Kahnawake pour exprimer leur
reconnaissance pour leur solidarité à la défense
de la souveraineté et des droits autochtones,
le 22 février 2020.
Avec sa plus récente sortie au sujet de la
présence d'armes dangereuses sur le territoire
mohawk de Kahnawake, le premier ministre du Québec
François Legault persiste et signe. Il semble
vouloir à tout prix contribuer à la
criminalisation de la juste et courageuse lutte
des peuples autochtones, ce qui est en définitive
le modus operandi de ces institutions dites
démocratiques faute de pouvoir apporter des
solutions aux problèmes sociaux et politiques
historiques. Les solutions à ces problèmes doivent
être fondées sur la reconnaissance des droits
autochtones et engendrer les nouvelles relations
que tous désirent, des relations harmonieuses et
respectueuses entre nous et non ces éternels
appels à la division et ces tentatives de faire
taire les voix dissidentes.
Comme le
mentionnait le LML du 22 février, les
travailleurs et le peuple québécois ont beaucoup
d'expérience avec cette criminalisation de toute
résistance et toute lutte à la défense des droits.
Legault prend le ton exaspéré pour dire qu'il
comprend « qu'il faut dialoguer », mais cette
façon de criminaliser les luttes vise précisément
à arrêter tout dialogue, à mal représenter les
peuples autochtones en laissant entendre qu'il y a
des éléments « extrémistes » parmi eux et
ainsi complètement détourner l'attention de la
nécessité de respecter les droits ancestraux des
Wet'suwset'en et d'en finir avec les vieux
arrangements coloniaux fondés, entre autres, sur
la Loi sur les Indiens, une loi raciste et
dépassée.
Legault et d'autres auraient intérêt à se
rappeler qu'à certains moments de notre histoire,
le Québec a raté des occasions de forger une
alliance avec les peuples autochtones face à
l'État anglo-canadien. C'est ce qui s'est produit
en 1982, lors des négociations sur le
rapatriement constitutionnel desquelles furent
exclus le gouvernement québécois et l'ensemble des
nations autochtones. À cette époque, Georges
Erasmus, président de l'Assemblée nationale des
Premières Nations, avait adressé à René Lévesque,
alors premier ministre du Québec, un vibrant
plaidoyer pour que le Québec et les autochtones
allient leurs forces et fassent front commun
contre le processus constitutionnel en cours.
« Nous les Autochtones, déclarait-il, avons été,
avec le Québec, poussés sous le tapis du pays que
Trudeau et ses comparses des provinces anglaises
viennent de constituer. J'en appelle au
gouvernement et au peuple du Québec, et à René
Lévesque en particulier, pour qu'ils fassent
connaître leur réaction à ce sujet et qu'ils
expriment leurs sentiments quant aux droits des
populations aborigènes à l'autodétermination. Je
mets au défi le peuple du Québec — si, de fait, ce
peuple croit en l'autodétermination : c'est
maintenant que le temps est venu d'appuyer le
peuple aborigène. Ce n'est pas le moment pour nous
de rester séparés et de nous diriger
individuellement vers la défaite. C'est maintenant
qu'il faut agir. L'heure vient de sonner. Nous les
Autochtones avons besoin de l'appui du Québec au
cours des heures qui viennent. Nous avons besoin
de l'appui du peuple québécois. Le pays est dans
un état d'urgence nationale qui commande aux
Autochtones et aux Québécois de mettre leur force
en commun. »[1]
Or, le gouvernement du Québec a refusé son appui,
et n'a pas jugé bon de former une alliance avec
les peuples autochtones. Cette alliance est à
nouveau nécessaire. Elle ne pourra venir des
institutions démocratiques actuelles, mais de
l'unité dans l'action des travailleurs et du
peuple québécois et des peuples autochtones pour
la lutte historique pour le renouveau des
arrangements constitutionnels, des arrangements
basés, entre autres, sur l'indemnisation des torts
historiques, sur des relations de nation à nation
et sur une union libre, en d'autres mots, des
principes dignes d'une société moderne.
Note
1. Sur la piste du
Canada errant, Jean Morisset (2018), p.355
L'état de droit selon le ministre
de la Sécurité publique Bill Blair
- Philip Fernandez -
Le 23 février, le ministre de la Sécurité
publique, Bill Blair, a été interviewé dans le
cadre de l'émission radio Cross Country
Checkup de la CBC sur la surveillance et le
maintien de l'ordre sur le territoire des
Wet'suwet'en qui mènent une lutte déterminée, avec
le soutien du peuple canadien d'un océan à
l'autre, pour affirmer leur souveraineté et l'état
de droit sur leur territoire traditionnel.
Sur les ondes, le
ministre Blair a contredit le chef héréditaire des
Wet'suwet'en Woos qui avait dit lors du même
programme : « Nous ne parlerons pas avec le
gouvernement tant que la GRC n'aura pas
complètement quitté notre territoire. Nous
n'allons pas parler avec un pistolet pointé sur la
tête. Ce n'est pas la façon de procéder. » Il
a également rappelé qu'au lieu de désamorcer la
situation, la GRC avait accru ses harcèlements et
ses arrestations.
Le ministre Blair a affirmé que le chef Woos se
trompait complètement et que la GRC avait été
redéployée à proximité de Houston, la ville
voisine, mais que ses agents continuaient de
patrouiller la région, ignorant complètement le
fait que continuer à patrouiller la région
signifie que la GRC n'a pas quitté le territoire
des Wet'suwet'en. Lorsque l'animateur de
l'émission de la CBC a insisté sur le fait que
Houston se trouvait en fait sur le territoire des
Wet'suwet'en et lui a rappelé que le chef Woos
avait dit que « dehors, c'est dehors », le
ministre Blair a déclaré : « Non. Laissez-moi
être très clair. Il n'y a aucun endroit au Canada
qui puisse être privé du service et de la
protection de la police. La police a la
responsabilité, partout au Canada, de faire
respecter l'état de droit. »
Lorsque l'animateur
de l'émission lui a demandé « ... alors comment la
police est-elle censée minimiser l'usage de la
force et agir en tant que gardien de la paix dans
la situation dans laquelle elle se trouve
actuellement ? », le ministre Blair a
répondu avec arrogance : « ... Comme vous le
savez, j'ai été policier pendant 39 ans et
j'ai assisté à un grand nombre de ces
manifestations, et je sais exactement ce que dit
le cadre de référence en cas d'incident critique
concernant les Autochtones et comment la police a
été formée pour y répondre. Les policiers sont
absolument déterminés à résoudre ce problème de
manière pacifique, tout comme nous, dans toutes
nos discussions... La directive du premier
ministre n'était pas destinée à la police, et nous
avons été très clairs à ce sujet. Nous ne donnons
pas de directives à la police. Ce n'est pas la loi
dans ce pays. »
Le ministre Blair devrait savoir que les peuples
autochtones de l'île de la Tortue et le peuple
canadien ont une assez bonne idée de ce qu'est
l'état de droit lorsqu'il s'agit de leurs droits.
L'état de droit que le ministre Blair a juré de
faire respecter est celui de l'État canadien des
riches. Cela était très clair lors du G20 à
Toronto à l'été 2010, alors que Blair était
chef du service de police de Toronto.
Au sommet du G20 de 2010,
quelque 30 000 travailleurs, jeunes et
femmes de tous les secteurs du peuple canadien ont
manifesté contre l'ordre du jour néolibéral et les
politiques des gouvernements du G20 qui
représentaient l'oligarchie financière
internationale à l'origine de la guerre, de la
pauvreté, de la dégradation de l'environnement et
d'autres problèmes sociaux auxquels l'humanité est
confrontée. Ils sont venus hisser le drapeau de
leurs droits.
Le chef de police de Toronto Bill Blair, en
étroite collaboration avec le premier ministre de
l'époque, Stephen Harper, et avec la GRC, qui
coordonnait la sécurité avec la Sécurité
intérieure des États-Unis et les services de
renseignement américains, était responsable du
maintien de l'ordre au sommet. Sur le
terrain, 21 000 personnes étaient
chargées de la sécurité, dont 6 200
policiers de Toronto, 5 000 de la
GRC, 3 000 des Forces armées
canadiennes, 3 000 de la Police
provinciale de l'Ontario et 740 de la région
de Peel, ainsi que des contingents de Halton,
York, Ottawa, Hamilton, London, Niagara Falls,
Peterborough, Durham, Sudbury, Waterloo, Barrie,
Terre-Neuve-et-Labrador, Winnipeg, Montréal,
Edmonton et Calgary.
On sait ce qui s'est passé au G20. La police a
terrorisé les manifestants. De nombreux policiers
de Toronto ont retiré leurs insignes afin de ne
pas être identifiés. Plus de 1 140
personnes, dont de nombreux passants, ont été
arrêtées. Les policiers à pied et à cheval ont
chargé les manifestants à coups de matraque et ont
blessé d'innombrables personnes. Des centaines de
personnes ont été « encerclées » et gardées
sous une pluie battante pendant des heures, sans
raison, dans le but de réprimer l'affirmation des
droits du peuple.
En fin de compte, l'indignation publique a été
telle que cela a forcé la tenue de plusieurs
enquêtes pour demander des comptes à la police et
également dissiper l'indignation de la population
face à la brutalité généralisée et aux violations
des droits civils et politiques. Plusieurs
enquêtes, dont celle du Bureau du directeur
indépendant de l'examen de la police, ont révélé
que la police avait agi illégalement dans de
nombreux cas pendant le sommet du G20. Finalement,
les gens n'ont pas obtenu justice même lorsqu'ils
ont collectivement et individuellement intenté des
poursuites contre la police. Quelques « pommes
pourries » de la police ont été accusées,
mais le chef de police Blair a refusé de présenter
des excuses publiques pour les violences et les
brutalités policières.
Blair avait fait un si bon travail pour l'État
canadien pendant le G20, que lorsque la Commission
des services policiers de Toronto a décidé de ne
pas renouveler le contrat du chef en 2015, il
a été courtisé par les trois principaux partis
cartellisés pour devenir leur candidat à
l'élection fédérale de 2015. Il a finalement
accepté de se présenter pour le Parti libéral dans
la circonscription de Scarborough-Sud-Ouest après
une rencontre avec Trudeau.[1]
Lors du G20 comme aujourd'hui, la question
demeure : quelle loi, décidée par qui et dans
l'intérêt de qui ? Les peuples autochtones,
le peuple canadien et le peuple québécois luttent
pour un état de droit qui défend leurs droits, et
non les droits d'une poignée de parasites et de
profiteurs de l'oligarchie financière
internationale et canadienne qui dictent la loi à
l'ensemble de la société par l'intermédiaire de
leurs gouvernements, de leurs tribunaux et de leur
police.
Note
1. L'un des candidats qui
s'est présenté contre Bill Blair aux élections
fédérales de 2015 était Tommy Taylor,
candidat du Parti Vert. Il s'est présenté
simplement pour s'opposer à Blair et à ce qu'il
avait fait au G20 à Toronto. Tommy Taylor était un
des passants qui ont été arrêtés au sommet et a
passé 24 heures menotté. Il avait alors
déclaré à la presse : « Tout le monde se
renvoie la balle » et si le Canada est « bon
pour faire la morale aux autres sur les droits
civils et de la manière de traiter les
manifestants, quand il s'agit du Canada, c'est une
autre histoire. » « Nous confrontons et
irritons d'autres pays à ce sujet, mais quand cela
se passe ici, nous essayons de balayer tout cela
sous le tapis », avait-il déclaré.
Déclaration à propos de l'arrestation de la
documentariste Melissa Cox
- Yint'ah Film -
La GRC intervient et arrête des Gitxsan qui
bloquent la voie ferrée du CN près de New
Hazelton, en solidarité avec les défenseurs de la
terre wet'suwet'en, le 24 février 2020.
Nous sommes outrés de la décision de la
Gendarmerie royale du Canada (GRC) d'arrêter notre
collègue de longue date, la journaliste et
cinéaste Melissa Cox, le soir du 24
février 2020 à New Hazelton, sur le
territoire non cédé des Gitxsan.
Depuis près de deux mois, Mme Cox filme les
défenseurs de la terre wet'suwet'en et leur
résistance au projet d'oléoduc de Coastal GasLink,
dans le cadre d'un documentaire dont le titre
provisoire est Yint'ah et dont nous sommes
les producteurs. Aussi fait-elle parvenir des
rapports vidéo à d'autres réseaux médiatiques.
Le 24 février, elle filmait les chefs
héréditaires gitxsan et leurs supporters alors
qu'ils bloquaient le chemin de fer à New Hazelton
en solidarité avec les Wet'suwet'en et les Mohawks
de Tyendinaga. Sa carte de presse de l'Association
nationale des photographes de presse était bien en
vue.
Mme Cox venait de filmer la GRC en train
d'arrêter le chef héréditaire gitxsan Spookw. En
dépit du fait qu'elle est bel et bien journaliste,
les agents de la GRC ont choisi de l'arrêter,
rendant impossible son travail de cinéaste et
l'empêchant de capter sur le vif les événements
qui se déroulaient.
Par ailleurs, la GRC a eu recours à une force
exagérée, tordant le bras gauche de Mme Cox, la
faisant grimacer de douleur tandis que de nombreux
agents arrachaient la caméra de son autre main,
arrachant du même coup ses écouteurs. Les
policiers ont lancé sa caméra par terre, après
quoi ils ont manié la caméra en appuyant sur les
différents boutons de l'appareil. Une observatrice
judiciaire a demandé de façon répétée si elle
pouvait ramasser la caméra pour la protéger, mais
sa requête a été ignorée par la GRC.
Celle-ci a menotté Mme Cox les mains derrière le
dos, aggravant une blessure qu'elle s'était déjà
faite à l'épaule gauche. Elle s'est plainte à
maintes reprises que la douleur à son épaule
devenait insupportable et a demandé aux agents
qu'ils changent la position des menottes, ce
qu'ils ont refusé de faire pendant qu'ils
l'informaient de ses droits et la fouillaient.
Elle était en larmes tellement elle avait mal.
Puisqu'elle-même arrêtée, Mme Cox n'a pu filmer
l'arrestation de la première Cheffe de Maison et
matriarche de 71 ans, Gwininitxw (Yvonne
Lattie), et les autres arrestations menées par la
GRC.
Mme Cox a été détenue par la GRC pendant près
de 7 heures et libérée à condition de
respecter certaines restrictions, y compris
l'obligation de ne pas s'approcher à une «
distance de 10 mètres de toute propriété ou
de tout chantier du CN ». Le fait de
respecter cette condition ferait en sorte qu'elle
ne pourrait filmer d'autres barricades
ferroviaires. De plus, elle doit comparaître
le 24 avril 2020 où elle devra faire
face à de nouvelles accusations.
Nous sommes très troublés par l'arrestation de
Mme Cox par la GRC, arrestation qui vient
s'ajouter à toute une série de détentions,
d'arrestations et d'efforts déployés pour limiter
l'accès et la mobilité des journalistes tels que
nous l'avons vu partout au pays au cours du
dernier mois. La liberté de la presse et d'autres
médias de communication est une liberté
fondamentale protégée par la Charte canadienne
des droits et libertés. En mars 2019,
dans une décision historique d'un tribunal de
Terre-Neuve-et-Labrador dans le procès Justin
Brake, il a été réaffirmé que même lorsqu'on a
recours à une injonction, il faut réserver un
traitement particulier aux journalistes qui
travaillent de bonne foi et qui couvrent des
événements d'intérêt public. Selon la
décision : « Afin d'atteindre l'objectif de
la réconciliation, une meilleure connaissance des
peuples autochtones et des questions autochtones
est requise. Il en devient d'autant plus important
de veiller à ce que l'information provenant des
médias indépendants au sujet des questions
autochtones, y compris les manifestations
autochtones, soit rendue disponible dans la mesure
du possible. »
De telles arrestations par les forces de l'ordre
de journalistes et de cinéastes ont de graves
répercussions sur la liberté de parole et privent
le public de son droit d'être informé. Il s'agit
là des pierres angulaires de la démocratie. La
transparence et la communication rendues de façon
équitable, factuelle, nuancée et honnête
constituent aussi l'unique fondement des bonnes
relations entre peuples et entre nations. C'est
précisément dans cet esprit que Mme Cox a toujours
oeuvré en tant que documentariste et nous
l'appuyons de tout coeur. Nous espérons qu'aucune
accusation ne sera portée contre elle et qu'à
mesure que les événements d'intérêt public liés
aux interventions policières dans les communautés
autochtones continueront de se dérouler partout au
Canada, les journalistes et les cinéastes pourront
faire leur travail en toute liberté.
Franklin Lopez
Michael Toledano
Dam Vinal
Andréa Schmidt
La Loi sur la défense de l'infrastructure
critique de l'Alberta criminalise
l'affirmation des droits
- Peggy Morton -
L'Assemblée législative de l'Alberta a débuté sa
session du printemps le 25 février avec le
discours du Trône, suivi immédiatement de
l'introduction du projet de loi 1, Loi
sur la défense de l'infrastructure critique.
Les Albertains et les peuples autochtones
affirment présentement leurs droits et exigent que
cessent l'offensive antisociale brutale et la
destruction du tissu social de la société. Or, la
première mesure du gouvernement Kenney à la
session du printemps a été d'intensifier
l'offensive contre tous ceux qui défendent leurs
droits et mettent de l'avant leurs revendications.
Le gouvernement Kenney a aussi lancé l'appel à
toutes les autres provinces à adopter une telle
loi.
Le
gouvernement Kenney affirme que le but du projet
de loi est de « protéger l'infrastructure
essentielle de dommages et d'ingérences
occasionnés par des barricades, des manifestations
ou d'autres activités du même ordre, qui peuvent
avoir de graves conséquences sociales, économiques
et environnementales ainsi que sur la sécurité
publique. » Le projet de loi 1
s'applique aux infrastructures autant publiques
que privées.
Le projet de loi 1 prévoit des amendes de
l'ordre de 10 000 dollars pour une
première infraction et de 20 000 dollars
pour des récidives ainsi que des peines de prison
allant jusqu'à six mois et des amendes de près
de 200 000 dollars pour « les
corporations qui aident ou qui dirigent les
intrus ». Si l'infraction est continue, cette
continuité constitue, jour par jour, des
contraventions distinctes. La police peut procéder
aux arrestations à sa discrétion sans mandat ni
injonction.
Le projet de loi dresse une longue liste d'«
infrastructures essentielles », y compris les
oléoducs, les sites de production et de raffinerie
de pétrole et de gaz, les services publics, les
autoroutes, les chemins de fer, les
télécommunications, les mines, les sites
agricoles, ainsi que le terrain sur lequel
l'infrastructure est située, y compris un édifice,
une structure, un appareil ou toute autre chose
prescrite par les règlements ». En un mot,
tout ce que le gouvernement estime être une
infrastructure essentielle. Les règlements sont
promulgués en vertu de la prérogative ou des
pouvoirs de police de l'exécutif et peuvent être
changés à tout moment par décision exécutive.
Le gouvernement Kenney prétend défendre la loi et
l'ordre contre l'anarchie et le chaos. « Depuis
quelques semaines, nous sommes témoins d'actions
de plus en plus hors-la-loi partout au pays,
forçant nos réseaux ferroviaires à s'arrêter
brusquement, a dit le ministre albertain de la
Justice Doug Schweitzer. C'est tout simplement
inacceptable. C'est un affront à notre pays fondé
démocratiquement. Nous passons donc à l'action de
façon pour y répondre. »
La rage, la
haine et le venin de Kenney et l'esprit revanchard
qui l'anime contre ceux qui défendent leurs droits
font ressortir toute la laideur de la vieille
société où « tout est permis » lorsqu'il
s'agit de préserver le règne des riches et servir
les monopoles, étrangers pour la plupart, qui ont
saisi le contrôle de toute prise de décision.
Incapable de résoudre aucun des problèmes auxquels
le peuple fait face, leur réponse est de passer à
l'offensive, à la diffamation des individus et à
la criminalisation de l'idéologie et des actes de
résistance.
Cette « primauté du droit » nie la réalité
des peuples autochtones en Alberta qui ne sont pas
un peuple conquis et dont les titres territoriaux
n'ont jamais été supprimés. La plupart des
territoires autochtones traditionnels en Alberta
proviennent de traités en vertu desquels les
peuples autochtones ont accepté de les partager.
Ce ne sont pas des traités de cessation de
territoires et il n'y a pas de primauté du droit
quand les droits inhérents et issus de traités
sont niés.
Le projet de loi vise aussi les travailleurs qui
défendent leurs droits en faisant la grève, la
résistance à l'offensive antisociale ainsi que
l'unité dans l'action et le NON ! des
travailleurs du secteur public devant l'assaut
mené contre leurs salaires, leurs conditions de
travail et leur sécurité à la retraite. Elle vise
les travailleurs qui défendent leurs lignes de
piquetage, qui sont déjà restreintes par des
injonctions et d'autres mesures visant à les
rendre inefficaces. Le projet de loi 1 est
une arme de plus dans l'immense arsenal de mesures
qui servent à imposer des amendes colossales aux
syndicats qui défendent le droit des travailleurs
de décider de salaires et de conditions de travail
qui leur sont acceptables.
Cela ne s'arrête pas là. Kenney a exprimé tout
son mépris envers le droit international dans son
discours du Trône en déclarant : « Le
gouvernement de l'Alberta est prêt à faire tout ce
qu'il faut pour développer nos ressources de façon
responsable et pour qu'elles puissent accéder aux
marchés mondiaux afin de rivaliser avec l'énergie
— et la déplacer s'il le faut — provenant des
pires régimes du monde. » « Tout ce qu'il
faut » veut dire changement de régime,
sanctions brutales, agression et guerres pour «
déplacer » le pétrole de pays comme le
Venezuela, l'Iran et l'Irak. Cela veut dire une
économie albertaine liée à la machine de guerre
des États-Unis et des efforts accrus pour
criminaliser toute opposition.
Il va sans dire que le projet de loi 1 sera
contesté parce que c'est une loi illégale et une
violation de la Charte ou du droit civil
de liberté d'expression et de liberté
d'association. Elle sera fort probablement
contestée par le peuple en action à la défense des
droits humains et des droits civils. Lorsque les
lois ne reconnaissent pas les droits qui
appartiennent à tous en vertu de leur qualité
d'êtres humains, y compris les droits souverains
des peuples autochtones et les droits des
travailleurs en tant que producteurs de toute la
valeur sociale, cela engendre de sérieux
problèmes. Ce refus engendre un conflit entre
l'autorité et les conditions modernes. Il s'agit
d'un problème de taille auquel le peuple et la
société sont confrontés et qui doit être discuté
et résolu. Ce n'est pas un problème qui peut être
réglé par la force ou la violence au nom de la «
loi et ordre ».
Le chef Allan Adam de la Première Nation
Athabasca Chipewyan a observé : « Lorsque
nous tenons compte de toutes les questions qui
préoccupent les gens des Premières Nations, peu
importe où ils vivent, que ce soit dans les villes
ou les réserves, ils vivent tous dans les mêmes
conditions. Il n'y a eu aucune amélioration. Vous
allez donc sans doute voir davantage de
manifestations en ce sens. »
« Rappelez-vous bien que Jason Kenney faisait
partie du gouvernement Harper à Ottawa qui était
géré pratiquement comme un État policier. S'il va
dans le même sens que Harper, je présume que nous
allons nous retrouver dans une province d'État
policier », a dit Adam.
Les propos d'Adam reflètent le fait que le peuple
n'acceptera pas un état de droit qui va à
l'encontre d'une compréhension moderne de
l'intention d'une loi qui sert la cause de la
justice. Peu importe les efforts déployés par
Kenney pour semer la division et la rancune,
inciter des groupes de gens à faire eux-mêmes la
loi, déchirer des ententes et imposer la volonté
des oligarques par le recours aux pouvoirs
policiers, ils n'empêcheront pas la marche en
avant des Albertains et des peuples autochtones.
La nécessité de renouveau démocratique pour que la
classe ouvrière puisse avoir un mot à dire dans la
gouvernance et pour des relations de nation à
nation entre le Canada et les peuples autochtones
n'a jamais été aussi urgente. Le projet de
loi 1 doit être abrogé !
Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous !
Opposons-nous à l'application
extraterritoriale
des sanctions américaines contre Cuba
Lettre ouverte au ministre des Affaires
étrangères François-Philippe Champagne
- Réseau canadien pour Cuba -
Piquetage mensuel à Vancouver contre le blocus des
États-Unis contre Cuba, 17 janvier 2020
(gauche) et 17 février 2020.
Objet : Western Union et les sanctions
économiques des États-Unis contre Cuba
Je vous écris au nom du Réseau canadien pour Cuba
(CNC), qui représente les organisations d'amitié
et de solidarité Canada-Cuba partout au Canada,
allant de Vancouver à Halifax, et qui comptent
plus de 50 000 membres. L'un des
principaux objectifs du CNC est de préconiser que
la politique étrangère du Canada à l'égard de Cuba
demeure fondée sur l'égalité et le respect de la
souveraineté et du droit à l'autodétermination.
Par conséquent, le CNC est profondément préoccupé
par la décision de Western Union Financial
Services (Canada), Inc. de mettre fin au transfert
de fonds du Canada à Cuba. Comme Elizabeth Hill,
une résidente de Toronto, l'a appris le 21
février au point de vente de Western Union sur
l'avenue St. Clair, « les employés de Western
Union ont reçu aujourd'hui une note de service
leur disant qu'ils ne peuvent plus transférer de
fonds vers Cuba. Ils ne peuvent envoyer des fonds
qu'à des membres de famille de personnes
américaines. »
Cette décision causera non seulement un tort
important aux contacts entre peuples et aux
relations Canada-Cuba, mais
constitue également une violation de la
souveraineté du Canada en élevant les lois
américaines au-dessus de celles du Canada. Il
s'agit d'un acte d'hostilité sans contredit contre
Cuba commis au Canada par Washington.
Comme l'observe Mme Hill : « Comment cela
peut-il se produire au Canada ? Je suis une
citoyenne canadienne et le Canada entretient de
bonnes relations avec Cuba depuis plus de 70
ans. Nous n'avons pas de blocus contre Cuba comme
les États-Unis, pas de règles interdisant aux
citoyens d'envoyer des fonds vers Cuba. »
La législation américaine supplante-t-elle la
législation canadienne au Canada ? Cette
décision de Western Union ne constitue-t-elle pas
non seulement une violation de la souveraineté du
Canada, mais aussi une infraction à la Loi sur
les mesures extraterritoriales étrangères du
Canada (LMEÉ) ?
Le gouvernement du Canada a promulgué la LMEÉ
en 1984 afin de protéger le Canada contre la
nature extraterritoriale croissante du blocus
économique des États-Unis contre Cuba. Elle a en
outre été spécifiquement modifiée et renforcée en
réponse directe au Torricelli Act
de 1992 des États-Unis et à la Loi
Helms-Burton de 1996. En bref, la LMEÉ
interdit aux entreprises canadiennes de se
conformer aux mesures extraterritoriales de
sanctions économiques américaines contre Cuba.
Nous souhaitons donc demander : quelles
mesures concrètes le gouvernement du Canada
mettra-t-il en oeuvre pour s'opposer à
l'application extraterritoriale des sanctions
américaines contre Cuba et faire respecter la
Loi sur les mesures extraterritoriales
étrangères ?
Cette violation de la souveraineté canadienne par
Western Union Financial Services (Canada) Inc.
illustre que Washington impose à Cuba un blocus
non seulement économique, mais aussi diplomatique
et politique. Durant 28 années consécutives,
l'Assemblée générale des Nations unies a rejeté et
condamné ces sanctions économiques - un blocus
économique - imposées à Cuba par les États-Unis.
La politique de Washington, avec son caractère
extraterritorial, est une violation flagrante de
la Charte des Nations unies et du droit
international coutumier. En 2019, comme les années
précédentes, la communauté mondiale a massivement
appuyé Cuba, par un vote de 187 en faveur
et 3 contre Washington. Le Canada a de
nouveau été parmi le vaste nombre des nations du
monde qui ont rejeté catégoriquement la politique
coercitive, unilatérale et extraterritoriale des
États-Unis.
Le CNC demande au gouvernement du Canada de
défendre la souveraineté canadienne et de rejeter
cet effort ou tout autre effort qui vise à mettre
en oeuvre au Canada le blocus économique illégal
des États-Unis contre Cuba, un blocus qui a été
condamné à l'échelle internationale.
Pour terminer, je tiens à vous remercier d'avance
de votre considération sur ces questions soulevées
et de votre réponse aux questions posées.
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me
contacter.
Respectueusement,
Isaac Saney, coprésident et porte-parole national
Réseau canadien pour Cuba
Piquetage mensuel à Ottawa contre le blocus des
États-Unis contre Cuba, 17 janvier 2020
56e Conférence annuelle de Munich
sur la sécurité
Vigoureuse opposition à la conférence
de guerre de l'OTAN
- Nick Lin -
Le 15 février, près de 4 000 personnes
de l'Allemagne et d'autres pays d'Europe ont
convergé vers Munich pour s'opposer vigoureusement
à la 56e Conférence annuelle de Munich sur la
sécurité (CMS) qui se tenait du 14 au 16
février. Les manifestants ont déclaré sans détour
que les fauteurs de guerre de l'OTAN ne sont pas
les bienvenus et que le peuple allemand ne fait
qu'assumer sa responsabilité de défendre le
verdict historique de la Deuxième Guerre mondiale,
« Plus jamais ! ».
La CMS est une conférence de guerre dans la même
veine que le Forum de Halifax sur la sécurité
internationale. Elle se fonde sur une définition
impérialiste de la « sécurité » pour
justifier l'agression et les guerres menées par
l'OTAN contre des pays qui ne se soumettront pas
au diktat économique et politique impérialiste. La
CMS de cette année a réuni quelque 500 fauteurs de
guerre et d'autres qui appartiendraient aux «
domaines de la politique, des affaires, du monde
universitaire et de la société civile [pour]
discuter des crises actuelles et des défis futurs
en matière de sécurité », que la CMS appelle
tous des « preneurs de décision ».
Trente-cinq chefs d'État ou de gouvernement, ainsi
que plus de 100 ministres des affaires
étrangères et de la défense étaient attendus à la
conférence.
Cette année, la CMS est hantée par un phénomène
que les organisateurs qualifient de « vide
occidental », une référence aux crises
politiques qui secouent les pays membres de l'OTAN
et ce qu'ils perçoivent comme étant la perte de
l'influence des valeurs dites occidentales. La vie
montre que les « valeurs universelles
occidentales » de la démocratie libérale,
l'économie de marché et la démocratie
représentative – qu'on prétend être le summum du
développement social et politique – ne peuvent
mettre de l'avant des solutions aux problèmes
auxquels les peuples sont confrontés. Les peuples
rejettent les institutions démocratiques libérales
anachroniques sur la base de leur propre
expérience que ces institutions sont le véhicule
même par lequel on les prive d'avoir un mot à dire
sur la direction de la société, y compris sur les
questions fondamentales de la guerre et de la
paix.
Parmi les personnes
présentes à la CMS, il y avait le premier ministre
Justin Trudeau, qui a prononcé une allocution lors
de la conférence du 14 février. Une grande
partie du discours était une tentative de gagner
de l'appui pour que le Canada obtienne un siège au
Conseil de sécurité des Nations unies, et de
suggérer que le Canada a un rôle vital à jouer en
tant que puissance moyenne au sein de l'ordre
international. Il a également souligné la
nécessité de renforcer le néolibéralisme appelé
démocratie libérale, de maintenir le statu quo
dans les relations internationales en faveur d'un
ordre fondé sur des règles. Dans son discours, il
a présenté le scénario où les travailleurs sont à
blâmer pour avoir élu des gouvernements «
populistes », pour camoufler une partie de la
crise de la démocratie libérale où le peuple est
empêché d'avoir son mot à dire, tandis que les
partis politiques de l'establishment font de leur
mieux pour semer les divisions parmi le peuple.
Quant aux pays qui affirment leur droit d'être et
établissent leur propre voie politique et
économique, y compris le rejet de l'hégémonie
américaine sur la politique et le commerce, il y a
fait référence en disant que « L'équilibre du
pouvoir mondial se déplace, avec de nouvelles
puissances qui gagnent rapidement en importance,
et d'autres qui s'affirment davantage dans leur
région. » Il a spécifiquement ciblé le
Venezuela, présentant la sale tentative du Canada
pour fomenter le changement de régime d'un
gouvernement démocratiquement élu par le biais du
Groupe de Lima - une violation manifeste du droit
international - comme la défense de la démocratie.
Ce conflit entre
l'autorité et les conditions était bien visible à
Munich, avec, d'un côté, les soi-disant dirigeants
présents à la conférence pour décider de la
prochaine cible du bellicisme de l'OTAN afin de
consolider le diktat impérialiste sous le couvert
des « valeurs occidentales » , et de l'autre,
ceux qui manifestaient à l'extérieur à la défense
des intérêts des peuples opprimés du monde et à la
défense de la paix internationale.
Dans l'appel à la manifestation de masse durant
la conférence de cette année, les activistes
antiguerre
ont fait valoir que la définition de la sécurité
chère à la conférence de guerre de
Munich « n'est pas, comme le prétend le
dirigeant de
la conférence Wolfgang Ischinger, la 'résolution
pacifique des conflits', ni la sécurité des
peuples d'ici
ni celle des peuples d'ailleurs dans le monde,
mais bien la
suprématie de l'Occident avec son système
économique capitaliste fondé sur l'exploitation
des
êtres humains et de la nature ».
Les activistes ont souligné comment ce système
économique et l'agression militaire qui sert à
l'imposer sont responsables de la promotion de
coups d'État et des sanctions contre Cuba, le
Venezuela et la Bolivie, par exemple, et les
confrontations commerciales et économiques avec la
Chine et la Russie, qui menacent d'éclater en
guerres ouvertes. Ils affirment : « La
politique prédominante de changement de régime et
d'accès par la force aux ressources mène à la
déstabilisation, aux sanctions, aux boycottages
économiques, à la guerre civile et à la
guerre. »
Alors même que le premier ministre Trudeau et
d'autres prétendent que le Canada et d'autres «
pays occidentaux » défendent la gouvernance
basée sur les règles de droit, les activistes
antiguerre soulignent que sous l'égide de ces
pays, « La loi [internationale] est
systématiquement violée, de récents exemples étant
le génocide caché au Yémen par la coalition de
guerre saoudienne, la guerre continue menant à la
destruction de la Syrie et les attaques de la
Turquie contre les Kurdes au nord-est de la
Syrie. » En d'autres mots, la prétention que
les pays « occidentaux » ont tous les droits
de dicter et d'intervenir dans les affaires des
autres est fermement rejetée.
Les activistes
sonnent l'alarme face à la militarisation accrue
de l'Allemagne. Ils expliquent que
depuis 1992, selon les principes directeurs
de la politique de défense du gouvernement
allemand, « le maintien du libre-échange mondial
et l'accès illimité aux marchés et aux matières
premières partout dans le monde » sont «
primordiaux aux intérêts de la sécurité de
l'Allemagne ». Le gouvernement allemand s'est
engagé à doubler son niveau de dépenses militaires
de 2018 d'ici 2031. L'Allemagne et la
France ont les programmes d'armements les plus
onéreux de l'Europe, et le réarmement massif de
l'armée allemande a comme unique but les
interventions agressives, et non la défense, et
est partie intégrante de la militarisation globale
de l'Union européenne, font remarquer les
activistes. Il s'agit, soulignent-ils, de la
continuation du réarmement de l'Allemagne initié
il y a vingt ans par un gouvernement de coalition
du Parti social-démocrate et du Parti vert, qui a
autorisé la participation de l'Allemagne dans
l'invasion illégale par l'OTAN de la Yougoslavie.
Comme le montre l'exemple de la Yougoslavie, les
guerres
menées par les pays de l'OTAN pour imposer leurs
intérêts économiques et de pouvoir se font au prix
de nombreuses vies, de la dévastation de régions
entières dans le monde qui prive les futures
générations de leurs moyens de subsistance et
force les
peuples à fuir massivement, ont souligné les
activistes.
Et pourtant, en pleine connaissance des
conséquences de leurs
gestes, « les représentants de la 'communauté des
valeurs' continuent d'escalader leurs
activités. »
La plus récente CMS met en lumière que les
soi-disant valeurs occidentales et les pays dont
les gouvernements y adhèrent en ayant recours
aux menaces d'interventions et à la force de
l'OTAN et à d'autres moyens agressifs font face à
une crise irréversible. Ce qui compte, c'est que
les travailleurs du monde soient à la hauteur des
défis actuels, qu'ils continuent de parler en leur
propre nom, d'être actifs dans l'opposition au
bellicisme de l'OTAN et s'organisent et
s'investissent eux-mêmes du pouvoir pour que les
crises auxquelles l'humanité est confrontée soient
résolues en faveur des peuples et dans l'intérêt
de la paix internationale.
L'Accord États-Unis-Philippines
sur les forces en visite
Les forces populaires ne se laissent pas
détourner
Marche à Manille aux Philippines, la Journée
internationale des droits de l'homme, le 10
décembre 2019, dans le cadre de la lutte
continue du peuple contre le régime brutal de
Duterte
Le 11 février, le président des Philippines,
Rodrigo Duterte, a informé le gouvernement des
États-Unis qu'il mettait fin à l'Accord sur les
forces en visite signé en 1999 entre les
Philippines et les États-Unis. Les médias
spéculent qu'il a pris cette mesure en réponse à
l'annulation par le gouvernement américain du visa
de voyage du sénateur Ronald de la Rosa, un des
amis de Duterte et ancien chef de la police
nationale philippine qui est responsable de la
mise en oeuvre de la soi-disant « guerre contre la
drogue » de Duterte, durant laquelle
environ 30 000 personnes ont été tuées
et un règne de terreur a été perpétré contre les
personnes progressistes et leurs organisations de
masse.
Les forces révolutionnaires et patriotiques des
Philippines demandent depuis le premier jour
l'abrogation de l'Accord sur les forces en visite
et d'autres traités inégaux, et le retrait de
toutes les troupes étrangères du territoire
philippin.
Le Front démocratique national des Philippines
(NDFP) note que l'Accord sur les forces en visite
est un affront à la souveraineté des Philippines.
« Ces traités inégaux permettent aux forces
militaires américaines de contrôler les appareils
de sécurité et de renseignement du gouvernement de
Manille, de maintenir des installations secrètes
et d'entreposer des armes sur le territoire
philippin, ainsi que de commettre des crimes
contre le peuple philippin, notamment des viols et
des meurtres », souligne le NDFP.
L'Accord sur les forces en visite fait partie du
Traité de défense mutuelle de 1951 entre les
États-Unis et les Philippines, et de l'Accord de
coopération renforcée en matière de défense de
2014 qui permet aux États-Unis de mener des
exercices militaires conjoints avec l'armée
philippine et d'aider l'État philippin à réprimer
le peuple et la lutte de libération nationale
menée par la Nouvelle Armée populaire sous la
direction du Parti communiste des Philippines.
L'Accord sur les forces en visite est la version
philippino-américaine d'un Accord sur le statut
des forces (SOFA) que les États-Unis ont conclu
avec plus de 100 pays à travers le monde. Ces
accords sont des instruments d'occupation et
d'impunité américaine qui permettent aux
États-Unis de placer des troupes et des armes dans
divers pays du monde, comme en Corée du sud où ils
ont déployé des missiles antibalistiques THAAD et
d'autres armes, 28 500 soldats
américains et des bases militaires pour menacer la
République populaire démocratique de Corée et la
Chine.
Jose Maria Sison, consultant en chef du NDFP,
note qu'il faudra six mois avant que le retrait de
l'Accord sur les forces en visite entre en vigueur
et que beaucoup de choses peuvent se produire
d'ici là. Selon lui, de nombreux dirigeants des
forces armées philippines ont été formés aux
États-Unis et sont des agents payés de la CIA et
des services secrets américains qui ont un intérêt
direct à maintenir l'Accord sur les forces en
visite avec les États-Unis et à qui l'on dira de
s'opposer à Duterte parce que l'accord est
essentiel aux intérêts hégémoniques américains aux
Philippines, en Asie de l'Est et du Sud-Est et
dans le monde.
Le peuple combattant des Philippines a sa propre
longue expérience des impérialistes américains.
Dans la guerre civile qu'il mène contre l'État
philippin, qui défend les intérêts privés des
riches capitalistes et propriétaires locaux et
donne carte blanche aux monopoles étrangers, y
compris les sociétés minières canadiennes et
autres, de violer et piller le peuple et les
ressources des Philippines, il a gardé
l'initiative entre ses mains. Il mène la lutte
armée avec la Nouvelle Armée populaire sous la
direction aguerrie du Parti communiste des
Philippines pour débarrasser ses îles de la
domination de l'impérialisme américain et de ses
forces militaires et de tous les intérêts
étrangers qui exploitent et oppriment le peuple.
Il ne sera pas détourné par les manigances de
Duterte qui est pris dans le filet des États-Unis
et d'autres grandes puissances qui manoeuvrent
pour le contrôle géopolitique de la région pour
leurs propres intérêts étroits.
90e anniversaire de la fondation
du Parti communiste du Vietnam
Les Vietnamiens célèbrent les grandes
réalisations de leur Parti
Spectacle culturel à Hanoï, le 1er
février 2020, à l'occasion du 90e
anniversaire de la fondation du Parti communiste
du Vietnam.
Le 3 février, le peuple vietnamien a célébré
le 90e anniversaire du Parti communiste du
Vietnam (PCV), fondé par son dirigeant légendaire
Ho Chi Minh.
Le secrétaire général du Comité central
du PCV et président du Vietnam Nguyen Phu
Trong parle à Hanoi, le 3
février 2020.
|
Lors d'une cérémonie à Hanoï, le secrétaire
général du Comité central du PCV et président,
Nguyen Phu Trong, a déclaré que le PCV est la
seule organisation politique au Vietnam qui a la
qualité, l'intelligence, l'expérience, le prestige
et la capacité de diriger le pays pour surmonter
toutes les difficultés et les défis, et pour mener
la cause révolutionnaire nationale d'une victoire
à l'autre.
L'événement a été honoré de la présence du
premier ministre Nguyen Xuan Phuc, de la
présidente de l'Assemblée nationale Nguyen Thi Kim
Ngan et de nombreux autres dirigeants en exercice
et anciens dirigeants du Parti, de l'État et du
Front de la patrie vietnamien, ainsi que d'anciens
combattants de la révolution.
Nguyen Phu Trong a rappelé le processus de
fondation, de formation, de dévotion et de
développement du PCV et a souligné l'importance
historique de sa fondation le 3 février 1930.
« La réalité diverse et vivante de la révolution
vietnamienne au cours des 90 dernières années
a démontré que la direction clairvoyante et
judicieuse du Parti est le facteur décisif de
toutes les victoires de la révolution vietnamienne
et des nombreux exploits enregistrés par le
pays », a-t-il déclaré.
Évoquant les réalisations du Vietnam au cours de
près de 35 ans de renouveau, Nguyen Phu Trong
a déclaré que le Vietnam est devenu un pays en
développement à revenu intermédiaire avec des
perspectives sociales et politiques stables ;
la défense nationale, la sécurité, l'indépendance
et la souveraineté ont été fermement maintenues,
et sa position et son prestige sur la scène
internationale ont été renforcés.
Le pays, jusqu'à présent, est devenu membre de la
plupart des organisations internationales et en
est un membre actif et responsable de la
communauté, a-t-il souligné, notant que le Vietnam
a été élu récemment pour la deuxième fois membre
non permanent du Conseil de sécurité des Nations
unies lors d'un vote à majorité écrasante.
Sur le front
de la construction du parti, Nguyen Phu Trong a
souligné la nécessité de perpétuer les magnifiques
traditions du Vietnam, tout en maintenant et en
développant la nature révolutionnaire du parti et
son rôle de pionnier. Il a dit que le Parti doit
être fort et fondé sur des principes quand il
s'agit de sa politique, de son idéologie, de sa
morale, de son appareil et de ses membres. Il doit
rénover ses méthodes de direction, renforcer les
relations étroites entre le Parti et le peuple,
prévenir et lutter contre la dégradation, et
accroître la capacité du Parti de diriger et de
mener les batailles à venir.
Nguyen Phu Trong a également souligné les
principales tâches à accomplir en 2020, la
dernière année du mandat pour mettre en oeuvre les
résolutions du 12e Congrès du Parti national,
comme l'achèvement de tous les objectifs de
développement socio-économique, le renforcement de
la stabilité macro-économique, l'accélération de
la mise en oeuvre des percées stratégiques, la
restructuration de l'économie nationale en même
temps que la réforme du modèle de croissance, la
garantie de la sécurité sociale et du bien-être et
l'amélioration du niveau de vie de la population.
Nguyen Phu Trong a appelé à redoubler d'efforts
pour maintenir fermement l'indépendance et la
souveraineté nationales, ainsi qu'un environnement
pacifique et stable pour servir le développement
national et promouvoir les relations extérieures.
Il a déclaré qu'il fallait porter attention à
faire des congrès du parti des réussites à tous
les niveaux en vue de la préparation du 13e
congrès national du parti, ainsi qu'à la mise en
oeuvre des résolutions sur la construction du
parti adoptées lors des quatrièmes plénums des 11e
et 12e comités centraux du parti, et de la
directive numéro 5 du Bureau politique sur la
promotion de l'étude et de la mise en oeuvre de la
théorie et de la pratique du président Ho Chi Minh
pour renforcer le travail de construction du parti
et le travail de rectification.
Le PCV a reçu des messages de félicitations de
dirigeants et de partis politiques du monde
entier.
Éduquer les jeunes générations au sujet du Parti
Spectacle culturel « Mau co toi
yeu » à Hanoï, le 1er février 2020
Un concours pour éduquer les jeunes Vietnamiens
du pays et de la diaspora sur le Vietnam et le PCV
a culminé avec une cérémonie de remise des prix
lors d'un programme artistique intitulée « Mau co
toi yeu » (La couleur du drapeau que j'aime)
le 1er février à Hanoï.
Organisé sur le réseau social VCNET par la
Commission de popularisation et d'éducation du
Comité central du Parti, le concours visait à
célébrer la fondation du PCV et le 13e
Congrès national du Parti qui se tiendra bientôt.
Ce concours de 18 semaines a été lancé
le 22 août 2019 et était ouvert à tous les
adolescents et jeunes vietnamiens âgés de 9
à 30 ans dans le pays et à l'étranger.
Les 138 questions portaient sur l'histoire du
PCV et soulignaient les moments historiques des
réalisations importantes du pays sous la direction
du PCV et du président Ho Chi Minh, en particulier
les luttes pour la libération, la construction et
la protection nationales ainsi que dans le
processus de renouveau actuel.
Le comité d'organisation a décerné 198 prix,
dont 18 premiers prix, 36 seconds
prix, 54 troisièmes prix et 90 prix de
consolation.
Lancement d'un livre
Le livre Nguyen Ai Quoc - Ho Chi Minh sur la
voie de la fondation du Parti communiste du
Vietnam du professeur associé Dr Le Van
Yen, a été lancé le 6 février par la Maison
d'édition de la sécurité publique. Il comporte
trois chapitres : Ho Chi Minh - D'une
personne patriotique à un soldat communiste ;
Les activités et contributions d'Ho Chi Minh aux
mouvements communistes internationaux ; et Ho
Chi Minh - le fondateur du PCV.
Émission d'un timbre commémoratif
Un timbre célébrant l'anniversaire du
PCV a été dévoilé au public le 31 janvier.
Conçu par le peintre To Minh Trang de la Société
des Postes du Vietnam, il porte le numéro 90 sur
le drapeau du Parti avec un portrait de feu le
président Ho Chi Minh, le fondateur du Parti. Il
comprend une image de colombe qui symbolise la
paix et l'indépendance nationale, ainsi que des
images de structures qui représentent les
réalisations du pays dans l'économie,
l'industrialisation et la modernisation sous la
direction du Parti.
Célébrations à Ho-Chi-Minh
Un programme de performances artistiques ainsi
qu'une exposition photo ont été organisés dans la
ville de Ho-Chi-Minh à l'occasion de
l'anniversaire du PCV.
Le programme artistique comprenait 200
artistes exécutant des oeuvres célébrant les
réalisations du Parti, de Ho Chi Minh, ainsi que
les exploits glorieux de l'armée vietnamienne et
du peuple dans la lutte pour la libération
nationale, l'unité nationale, et la construction
et la défense du pays.
L'exposition de photos sur la direction du PCV,
située sur la rue piétonnière Nguyen Hue, était
composée de 300 photos en noir et blanc et en
couleur mettant en vedette toutes les luttes
importantes menées sous la direction du Parti au
cours des neuf dernières décennies, et la
tradition révolutionnaire de la ville.
Célébration à Toronto
Le 1er février, une réunion commémorative a
eu lieu à la salle des Métallos à Toronto pour
souligner le 90e anniversaire de la fondation
du Parti communiste du Vietnam (PCV) par le
légendaire dirigeant du peuple vietnamien Ho Chi
Minh. La réunion était organisée par la Société
d'amitié Canada-Vietnam, dont l'objectif premier
est de consolider et de promouvoir les liens
fraternels entre les peuples vietnamien et
canadien.
La première
personne à prendre la parole était Thanh Trinh,
une jeune étudiante vietnamienne de l'Université
York. Dans son allocution, madame Thanh a souligné
le travail du PCV à mobiliser la jeunesse
vietnamienne dans tous les domaines de
l'édification nationale. Elle a souligné comment
la jeunesse était aux premiers rangs de la longue
lutte pour l'indépendance et comment ce legs avait
pris forme aujourd'hui grâce à la formation de la
jeunesse vietnamienne par le PCV dans la Ligue de
la jeunesse communiste et d'autres organisations
pour que les jeunes puissent prendre leur place en
tant que dirigeants de la société vietnamienne, en
mettant à contribution leurs habiletés et talents
individuels et collectifs pour la nation. Elle a
expliqué que plusieurs jeunes vietnamiens qui
étudient présentement dans les institutions
postsecondaires canadiennes retourneront au
Vietnam où ils contribueront à bâtir leur pays.
Au nom du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste), Louis Lang a rendu hommage à
la contribution historique de Ho Chi Minh qui,
très tôt dans la lutte anticoloniale, avait conclu
que, sans parti communiste guidé par la théorie
marxiste-léniniste, le peuple vietnamien ne
pourrait mener à bien sa lutte pour l'indépendance
et l'autodétermination. Il a souligné que le legs
de Ho Chi Minh est toujours vivant dans le PCV, un
parti révolutionnaire aguerri qui a la capacité de
se rénover et de se consolider devant les
développements internationaux complexes et qui
continue de motiver, de diriger et d'organiser le
peuple pour que celui-ci puisse atteindre les
objectifs que le Vietnam s'est fixés. Il a fait
valoir que le rôle du PCV a été décisif pour
rehausser le prestige du Vietnam aux yeux de ses
citoyens et sur le plan international.
Un des points
principaux que Louis Lang a fait valoir est que
l'exemple du PCV illustre comment la campagne
actuelle menée par les défenseurs de la démocratie
libérale pour caricaturer le parti communiste et
le communisme vise à dissimuler leurs propres
crimes, et que, sans un parti communiste guidé par
la théorie marxiste-léniniste, le peuple est privé
de la conception du monde requise pour l'aider à
retrouver ses repères dans le monde politique
complexe d'aujourd'hui. Il a terminé en expliquant
que le PCV s'est rénové pour être à la hauteur de
la tâche de mobiliser le peuple vietnamien pour
qu'il consolide sa démocratie socialiste et
développe une économie indépendante tout en
défendant des relations de paix et de fraternité
avec toutes les nations et tous les peuples. Il a
chaleureusement salué et félicité le PCV.
Plusieurs personnes qui ont participé à la
discussion étaient jeunes à l'époque de la guerre
du Vietnam. Elles ont parlé des nombreuses façons
par lesquelles le monde entier avait été inspiré
par le vaillant peuple vietnamien, qui s'est uni
sous la direction de Ho Chi Minh et du Part
communiste du Vietnam pour organiser le peuple à
faire les sacrifices nécessaires pour vaincre les
impérialistes américains. Par exemple, Rolf
Gerstenberger, l'ancien président de la section
locale 1005 du syndicat des Métallos à
Hamilton, qui est né aux États-Unis, a parlé de
comment il avait résisté à la conscription,
abandonné sa citoyenneté américaine et déménagé au
Canada, tout comme des dizaines de milliers
d'autres personnes. Il a dit qu'en tant que
Canadien il avait participé avec les jeunes de
cette époque dans l'opposition à la guerre des
États-Unis contre le Vietnam et il a souligné qu'à
cette époque les marxistes-léninistes du Canada
étaient aux premières lignes du mouvement
antiguerre. Il a dit que de constater ce que le
Vietnam a pu réaliser sous la direction du Parti
communiste du Vietnam était d'une grande
inspiration.
Après la pause pour des rafraîchissements et un
programme culturel, le président de la réunion a
remercié toutes les personnes présentes pour leur
participation et les a invités à développer la
Société d'amitié Canada-Vietnam et à consolider
les relations entre le peuple vietnamien et le
peuple canadien dans l'intérêt de la paix et de
l'amitié.
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