32e anniversaire de la Commission
royale sur la réforme
électorale et le financement des partis
L'importance du mémoire du PCC(M-L) à la Commission Lortie
Après les élections fédérales de 1988 et
les circonstances qui les ont entourées, la
Commission royale sur la réforme électorale et le
financement des partis (la Commission Lortie) a
été créée le 15 novembre 1989. La
période durant laquelle la Commission Lortie a
effectué son travail a coïncidé avec celle des
bouleversements dans l'ancienne Union soviétique
et les pays d'Europe de l'Est qui ont par la suite
conduit à leur effondrement.
L'introduction du rapport de la Commission Lortie
intitulé « Pour une démocratie électorale
renouvelée » soulignait ceci :
« Les Canadiens et
Canadiennes n'ont pas été insensibles à cette
leçon de l'histoire. Ils apprécient davantage leur
système démocratique et tous les droits et
libertés qui en découlent. Mais bon nombre de
citoyens et citoyennes demeurent insatisfaits du
fonctionnement de notre démocratie électorale, et
plusieurs sont venus en témoigner éloquemment aux
audiences publiques de la Commission. Loin de se
contenter d'ajustements législatifs superficiels,
ils réclament une réforme en profondeur centrée
sur les principes mêmes et la finalité de la
démocratie électorale[1]. »
La Commission Lortie a également été créée pour
répondre aux contestations de la Loi électorale en
vertu de la Charte canadienne des droits et
libertés. L'introduction du rapport de la
Commission Lortie explique :
« Le regain d'intérêt pour la dimension éthique
de la politique prend un relief particulier dans
le contexte canadien. La Charte canadienne des droits et
libertés a en effet suscité de nouvelles
attentes quant aux droits légitimes des citoyens
et citoyennes. Elle a aussi transformé notre cadre
de gouvernement. Depuis son adoption, les citoyens
et citoyennes ont un autre recours que celui des
parlementaires et des partis. Pour faire valoir
leurs droits et revendications d'ordre
constitutionnel, ils peuvent désormais s'adresser
aux tribunaux.
« Ces changements ne sont pas que des
considérations théoriques. Sur plusieurs questions
fondamentales, des poursuites fondées sur la
Charte ont entraîné des jugements qui ont modifié
les assises mêmes de notre législation électorale.
À la lumière des principes éthiques qui
sous-tendent la Charte, les citoyens et citoyennes
ont reconsidéré de nombreuses pratiques reliées
aux élections – notamment celles des partis
politiques – et les ont trouvées inadéquates. Il
est clair, par conséquent, que la réforme des
pratiques électorales doit s'inspirer de principes
éthiques. L'éthique n'est pas confinée au domaine
de la théorie politique : sur le plan
pratique, elle a une portée considérable que nous
aurions tort de sous-estimer[2]. »
Ce que la Commission n'a pas dit, c'est que
toutes les commissions qui ont examiné la Loi
électorale et/ou tout autre organe d'examen créés
au Canada depuis la tenue des élections ont été
motivées par l'une des deux choses
suivantes :
1) les scandales et les irrégularités qui ont
discrédité le processus électoral, notamment aux
yeux du peuple, et/ou
2) le besoin désespéré d'argent des partis
politiques à la Chambre des communes, en
particulier les conservateurs, les libéraux et les
néodémocrates. Ils ont adopté des modifications
électorales de manière à pouvoir utiliser le
trésor de l'État et ont usé de leur contrôle du
parlement pour étendre leurs positions de pouvoir
et de privilège qui a fini par créer le système de
gouvernement de partis cartellisés que nous avons
aujourd'hui.
Jusqu'à aujourd'hui, aucun examen n'a été
entrepris sur la nécessité de rendre la Loi
électorale conforme aux exigences de la démocratie
moderne en tenant compte des développements au
sein du corps politique et de ses besoins ainsi
que de l'expérience des peuples au Canada et dans
le monde. Toutes les modifications ont été faites
à des fins intéressées et la plupart n'ont fait
qu'aggraver la crise de légitimité et de
crédibilité dans laquelle le système de démocratie
représentative et les institutions démocratiques
libérales sont enlisés.
La Commission Lortie a publié un
important volume de travaux comprenant ses
recherches sur le haut niveau de mécontentement
des Canadiens envers le processus politique. Ses
conclusions à cet égard ont été corroborées par
les interventions de milliers de Canadiens à la
Commission Spicer, officiellement connue sous le
nom de Forum
des citoyens sur l'avenir du Canada, dont
les conclusions ont été publiées en juin 1991
dans son Rapport
à la population et au gouvernement du Canada.
Le dirigeant du PCC(M-L) Hardial Bains a répondu
au rapport et aux recommandations de la Commission
Lortie dans son livre Un pouvoir à partager : Une
définition moderne du processus politique et un
plaidoyer pour le renouveau démocratique.
Ce livre a notamment identifié les principes et
concepts clés qui sont à la base de la Loi électorale du
Canada, comme les notions d'« élections
libres et équitables », de « traitement
équitable » et de « partis politiques en tant
qu'organisations politiques primaires[3]. »
Les deux années qui ont suivi les audiences de la
Commission royale ont été marquées par des
changements spectaculaires, notamment la défaite
de l'establishment lors du référendum du 26
octobre 1992 sur les modifications de la
Constitution, connu sous le nom d'Accord de
Charlottetown. Des centaines de milliers de
personnes ont exprimé leur mécontentement à
l'égard du processus politique et des politiciens.
Malgré cela, après la défaite de l'Accord de
Charlottetown, aucun changement n'a été apporté à
la politique du gouvernement sur aucune des
questions importantes qui préoccupent l'électorat.
Au contraire, le gouvernement a déclaré « les
affaires comme d'habitude » et continué
d'agir comme si rien ne s'était passé. Sur le
front de la réforme de la législation électorale,
cela s'est traduit par davantage de mesures
intéressées pour consolider le régime qui
maintient au pouvoir les partis avec des positions
de pouvoir et des privilèges au moyen d'un cartel
qui prive de pouvoir le peuple.
Le 26 novembre 1992, le Comité
parlementaire spécial sur la réforme électorale,
composé de députés progressistes-conservateurs,
libéraux et néodémocrates, s'est réuni à huis clos
pour discuter d'un projet de rapport provisoire
sur les modifications à apporter au processus
électoral. Il est remarquable qu'une fois de plus,
les partis politiques représentés au Parlement ont
adopté une loi sans tenir compte de l'opinion
exprimée par l'électorat.
Plus le temps passe, plus il est clair que quel
que soit le gouvernement qui est porté au pouvoir
par des élections dans lesquelles le peuple
n'exerce aucun contrôle sur quelque aspect que ce
soit, plus on voit que ce gouvernement n'a pas le
consentement des gouvernés et plus la crise de
légitimité dans laquelle sont enlisées les
institutions démocratiques libérales
s'approfondit. Les partis politiques dits «
majeurs » qui siègent à la Chambre des
communes ne se mettront pas au service de
l'électorat et n'apporteront pas les changements
nécessaires qui donneront un pouvoir au peuple.
L'électorat n'a pas d'autre choix que de trouver
un moyen de garantir la défaite de ces partis et
d'élire des députés qui participent à la lutte du
peuple pour s'investir du pouvoir
Résumant l'expérience depuis le 20
septembre 1990, lorsqu'Hardial Bains a
présenté le mémoire du Parti marxiste-léniniste du
Canada à la Commission Lortie, notre Parti a
développé ses propositions de renouveau
démocratique du processus électoral afin que le
peuple puisse se représenter lui-même et ne pas
abandonner le pouvoir de parler et d'agir en son
nom à de prétendus représentants sur lesquels il
n'exerce aucun contrôle. En fait, une fois élus,
ces soi-disant représentants jurent allégeance à
la personne fictive de l'État qui est censée
représenter la nation.
Les changements
proposés à l'heure actuelle par le PCC(M-L) visent
à habiliter l'électorat. Ils comprennent à la fois
la théorie qui les sous-tend et ce qui doit être
fait immédiatement pour les mettre en pratique.
Le PCC(M-L) a adopté une approche non partisane
de la question de la réforme électorale, ce qui
est une condition préalable pour investir le
peuple du pouvoir. Le PCC(M-L) lance l'appel à
tous et à toutes de s'engager dans le programme de
renouveau démocratique pour acquérir la capacité
d'affronter le moment de vérité où nous sommes
aujourd'hui. Celui-ci se caractérise par
l'imposition de la poursuite des « affaires comme
d'habitude » en conséquence de l'usurpation
du pouvoir de décision par des intérêts privés
étroits qui dictent aux gouvernements ce qu'ils
doivent faire. L'exemple notoire de Black Rock et
de son rôle dans ce que l'on appelle la relance
économique montre clairement comment les décisions
sont prises, par qui et pour quoi[4]. La
concentration du pouvoir entre les mains
d'intérêts privés met toujours plus en danger la
vie des gens. Il est temps de continuer de faire
pression pour des changements pratiques par
lesquels le peuple est investi du pouvoir en
créant des forces organisées avec des objectifs
politiques.
Notes
1. Commission royale sur la
réforme électorale et le financement des partis,
Volume 1 (Ottawa, 1er
janvier 1991), p. 1
2. Ibid, p. 2
3. Hardial Bains, Un
pouvoir à partager : Une définition moderne
du processus politique et un plaidoyer pour le
renouveau démocratique, Parti du renouveau
du Canada, Ottawa, 1993
4. « BlackRock,
le supercartel », Peter Ewart, et « BlackRock et la
filière canadienne », LML, 13
juin 2020
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 85 - 16 décembre 2020
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32e anniversaire de la Commission
royale sur la réforme : L'importance du mémoire du PCC(M-L) à la Commission Lortie
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