Les Montréalais honorent les morts en luttant pour les vivants - Diane
Johnston - Dans le
cadre de la journée d'action pancanadienne du
Réseau des droits des migrants organisée
le 1er
novembre « pour lancer l'appel à un statut
d'immigration
complet et permanent pour tous »,
Solidarité sans
frontières a organisé un rassemblement
à
Montréal. Le rassemblement s'est
tenu à l'extérieur du bâtiment de
Radio-Canada
« pour souligner et contester notre invisibilité
dans les
grands médias. » Environ 70
personnes,
principalement des jeunes, ont participé à
l'événement. Le
2 novembre est le Jour des morts, une célébration
mexicaine pour commémorer et honorer les morts. L'action a
été organisée en l'honneur des amis,
des parents, des compatriotes et des camarades de combat
décédés, ainsi que pour renforcer la
détermination de chacun dans la lutte pour la reconnaissance
des
droits, y compris le droit d'être, pour tous les
êtres
humains dans la société.
L'événement a
consisté en un « die-in »
symbolique,
décrit comme « une action artistique pour
représenter nos morts ». Le
premier orateur a souligné que non seulement les migrants
sans papiers sont engagés dans une lutte à finir
pour la
reconnaissance de leurs droits, mais qu'ils sont également
en
première ligne de la lutte contre la COVID-19.
L'indifférence des gouvernements à
l'égard des
conditions de travail et de vie intenables de ces travailleurs a
causé le
décès de certains d'entre eux. « Nous
avons
l'intention de poursuivre la lutte tant que cette question des migrants
n'est pas résolue, a affirmé un orateur. Nous
resterons
sur le terrain et continuerons de nous battre pour eux, car c'est une
question de dignité humaine ». Un
message de Robyn Maynard de Black Lives Matter a
été lu. Entre autres,
elle écrit que
les injustices auxquelles les migrants sont confrontés
aujourd'hui font partie du long héritage d'injustice raciale
du
Canada et que toute l'histoire du pays en est une de discrimination
raciale. Elle a dit que la pandémie a
révélé l'exploitation
scandaleuse de la main-d'oeuvre migrante au Canada. «
Travailleurs de la santé de première ligne,
ouvriers
d'usine, concierges, chauffeurs, commis
d'épicerie – sans ces
emplois, ce pays ne fonctionne pas. Et pourtant, ceux qui font ce
travail sont soumis aux pires conditions de travail
[...]. » « Aucun de
nous n'est libre alors que certains d'entre nous
travaillent, comme les femmes noires ou racialisées, en
première ligne de la pandémie tout en craignant
d'être déportées. «
Aucun de nous n'est libre lorsque nos frères et
soeurs travaillent dans une usine confrontée
régulièrement à des abus à
la place de
travail pour un salaire minable [...]." «
Aucun de nous n'est libre alors que les Noirs et les
personnes racialisées à travers le continent
américain, les Caraïbes, l'Amérique
centrale et du
Sud sont forcés de quitter leurs maisons en raison du
système économique mondial inégal
[...] et alors
que les mines canadiennes s'approprient le sud de la
planète. » Maynard a
ensuite encouragé tout le monde à poursuivre
la lutte « de notre temps, en travaillant à
construire un
monde meilleur et plus sécuritaire pour nous tous. Tous les
migrants sont essentiels ! Tous les migrants ont besoin de
protection, méritent la sécurité [...]
et la
justice ». Les participants ont
ensuite appris la nouvelle que Mamadou
Konaté, un demandeur d'asile débouté
originaire de
la Côte d'Ivoire qui avait été
détenu par
l'Agence des services frontaliers du Canada le 16 septembre,
avait
été libéré. Son cas avait
été
largement médiatisé[1].
Mamadou, qui a
participé à l'action, a remercié
chacun pour ses
efforts pour obtenir sa libération, les encourageant
à
poursuivre la lutte pour un statut pour tous et toutes. Les
manifestants ont ensuite observé une minute de silence
pour « se souvenir des milliers de migrants qui ont perdu la
vie
en traversant la frontière des États-Unis et du
Canada ». Il s'agit notamment de Mavis Otuteye, une
grand-mère ghanéenne vivant aux
États-Unis qui
avait dépassé la durée de son visa de
visiteur
de 2006 et a
tenté de traverser au Canada en 2017. Son corps a
été retrouvé à environ un
demi-kilomètre au sud de la ville frontalière
d'Emerson,
au Manitoba, le 26 mai 2017. Alan Kurdi,
un garçon syrien de trois ans dont
l'image a fait
la photographie de son corps gisant sur une plage de Turquie le 2
septembre 2015 a fait la une des journaux du monde entier, a
également été nommé
lors de la commémoration. Le Canada, comme les autres
puissances
de l'OTAN, force des millions de personnes à quitter leurs
foyers et crée des centaines de milliers de
réfugiés par sa participation
à la guerre, au changement de régime,
à la
destruction du pays, aux sanctions et à l'anarchie
déclenchés par les impérialistes
américains
et les puissances de l'OTAN contre l'Irak, la Syrie, la Palestine, la
Libye, l'Afghanistan, la Somalie, le Soudan, le Yémen et le
Venezuela. Ceux qui sont forcés de quitter leur pays, dont
font
partie des réfugiés qui font face à la
persécution et à la mort, sont alors
qualifiés de
«
migrants », ce qui suggère que des
millions de
personnes quittent volontairement leur pays d'origine pour des raisons
économiques. Cela obscurcit les causes de leur fuite,
à
savoir qu'ils ont été soumis au traitement le
plus
brutal, violent et inhumain en raison de l'intervention occidentale
prétendument civilisée
des États-Unis, du Canada et de l'Europe. Des
statistiques ont été fournies sur les milliers de
morts de migrants qui fuient leur pays d'origine par la mer
Méditerranée, année après
année. Les pays qui ferment leurs
frontières aux demandeurs d'asile
ont été condamnés, notamment les pays
occidentaux
qui ont été appelés à
respecter la
Convention de Genève de 1951 en ce qui concerne les
droits
des réfugiés. Le
rassemblement s'est terminé par le symbolique «
die-in », alors que les participants se sont
allongés
sur le sol en commémoration de ceux qui ont péri.
Note 1. «
Opposons-nous au rôle du Canada dans l'exploitation et le
mauvais
traitement des travailleurs migrants ! »,
LML, 10
octobre 2020
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 72 - 14 novembre 2020
Lien de l'article:
Les Montréalais honorent les morts en luttant pour les vivants - Diane
Johnston
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