Le 16 octobre 2010, un monument commémoratif en l'honneur des personnes injustement emprisonnées lors de la crise d'Octobre de1970 a été érigé à Montréal devant les bureaux de la Société Saint-Jean-Baptiste. L'idée du monument est simple, a déclaré René Bataille, le président de la Fondation Octobre 70 qui a recueilli les fonds pour le monument et présidé son inauguration. « Les personnes dont le nom est découpé dans l'acier ont été emprisonnées par la Loi sur les mesures de guerre de Trudeau. C'est pourquoi la colonne du monument est entourée de barreaux de prison. L'oeuvre Liberté de Marcel Barbeau [peintre et sculpteur] s'intègre bien au concept du monument. La liberté est emprisonnée lors de la crise d'Octobre. L'oiseau de la sculpture représente le Québec. Il est emprisonné. Toutefois, il ne manque pas grand-chose pour qu'il puisse prendre son envol et être libre. » Mentionnons que jamais la liste des personnes emprisonnées en vertu de la Loi des mesures de guerre n'a été rendue publique. Les journalistes et les historiens qui se sont penchés sur ces événements estiment à entre 500 et 1000 le nombre des arrestations et à entre 10 000 et 15 000 le nombre des perquisitions. Lors de l'inauguration du monument, Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec, a déclaré : « Nous avons un devoir de mémoire et de gratitude envers ceux et celles qui ont été victimes d'une injustice qui a été la honte du Canada. Est-ce qu'une démocratie envoie 500 personnes en prison brutalement sans accusation, sans qu'elles aient violé la loi ? Ça ne s'oublie pas et ça ne doit pas s'oublier. Des abus de pouvoir sont toujours possibles. » « La meilleure façon d'honorer ceux et celles qui ont été injustement emprisonnés, vous le savez sûrement, c'est de mener à terme le projet de pays », a conclu Bernard Landry. Trois commissions d'enquête publique (Duchaîne, Keable, Macdonald) ont constaté l'absence de toute justification de l'adoption de ces mesures extrêmes et sans précédent de suspension des droits civils en temps de paix. Il faut rappeler que les procès-verbaux des réunions du cabinet Trudeau des 14 et 15 octobre 1970 ont plus tard révélé que le conseil fédéral des ministres savait parfaitement que la police arrêterait des centaines de personnes innocentes sans pour autant s'attendre à retrouver les deux otages du FLQ[1]. Ces commissions ont révélé les nombreuses activités illégales et même criminelles de la Gendarmerie royale du Canada en sol québécois[2]. Cette année, le 1er octobre, en l'honneur du 50e anniversaire de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre en 1970, le Parti Québécois a présenté à l'Assemblée nationale du Québec une motion exigeant des excuses officielles du gouvernement fédéral pour l'emprisonnement de centaines de Québécois pendant la crise d'Octobre. Le Parti libéral du Québec a refusé d'appuyer cette motion. La motion présentée le même jour aux journalistes par le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, propose : « Que l'Assemblée nationale souligne qu'il y a 50 ans, en octobre 1970, pas moins de 497 Québécoises et Québécois ont été injustement arrêtés et emprisonnés et 36 000 personnes ont fait l'objet d'une perquisition abusive en raison de leur allégeance politique indépendantiste. » « Qu'elle [l'Assemblée nationale] demande des excuses officielles de la part du premier ministre du Canada ainsi que l'ouverture complète des archives de toutes les institutions fédérales impliquées dans ces tristes événements, et ce, afin de faire une fois pour toutes la lumière sur cette période trouble de notre histoire. » En point de presse, Pascal Bérubé a expliqué qu'en ce 50e anniversaire de la crise d'Octobre, le dépôt de cette motion est un « devoir de mémoire et une nécessité pour toutes ces personnes qui ont vu leurs droits bafoués dans le cadre de la Loi sur les mesures de guerre ». Le PCC(M-L) est d'accord. Ouvrez les archives et réparez les torts commis à cette époque ! Honneur à tous ceux et celles qui ont été injustement emprisonnés pendant la « crise d'Octobre » de 1970 et à leurs conjoints, parents, enfants, amis et collègues qui ont été pris dans ce maelström. Salut rouge à tous ceux et celles qui continuent de se battre pour les droits de tous et de toutes dans toutes les conditions et circonstances. Notes2. Supplément
du LML sur le 50e anniversaire de
la proclamation de la Loi sur les mesures
de guerre de 1970, 10
octobre 2020 (Photos : Wikipedia, CC, V.
Keremidshieff)
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