Une crise de financement créée par le gouvernement

Les travailleurs des postes font face à une crise de financement créée de toutes pièces par le gouvernement pour justifier la privatisation du service postal. Une loi adoptée en 2006 oblige le Service postal des États-Unis (USPS) à financer à l'avance 75 ans de primes de soins de santé pour les employés des postes à la retraite. Comme le souligne la National Association of Letter Carriers : « Ce mandat de mettre sur pied ce fonds de prévoyance, auquel aucune autre entreprise du pays n'est contrainte, coûte en moyenne 5,4 milliards de dollars par an depuis 2007, soit près de 90 % des pertes de l'agence gouvernementale. Entre 2013 et 2018, cela représentait 100 % des pertes. Sur une base opérationnelle, le service postal a été rentable pendant la majeure partie de la dernière décennie. »

Cette exigence fait partie de l'offensive antisociale visant à saper le fonctionnement de l'USPS afin de justifier sa privatisation et les attaques contre ses travailleurs.

Les efforts antérieurs de privatisation incluent un groupe de travail présidentiel présidé par Steven Mnuchin, du département du Trésor, qui a proposé en décembre 2018 des réductions de services sans précédent au service postal, des réductions des salaires et des avantages sociaux des travailleurs des postes et des augmentations des tarifs des colis. Cela fait suite à un rapport du Bureau de la gestion et du budget de juin 2018 qui appelait à la privatisation des services postaux, ce que Mnuchin, un ancien gestionnaire de fonds spéculatifs, continue de promouvoir. Le département du Trésor est impliqué dans la mesure où l'USPS s'appuie généralement sur une ligne de crédit annuelle de 15 milliards de dollars du Trésor, autorisée par le Congrès il y a 30 ans.

Les attaques actuelles du gouvernement incluent un refus de fournir un financement d'urgence. Le courrier de première classe et des dépliants publicitaires, les deux principales sources de financement du service, ont considérablement ralenti en raison de la pandémie, tandis que la fourniture des équipements de sécurité nécessaires – encore insuffisants – a augmenté. Sans la pandémie et sans l'exigence de financer d'avance les primes de soins de santé pour les 75 prochaines années, l'USPS est autosuffisant.

L'USPS est également largement indépendant de l'ingérence directe du gouvernement. La nomination de Louis DeJoy comme directeur général des Postes et l'ingérence de Mnuchin font partie de l'effort pour changer cela et attaquer plus facilement les travailleurs et l'USPS en tant que service public.

Le syndicat national des travailleurs des postes (APWU) a déclaré en mai : « Il y a cinquante ans, les travailleurs des postes ont mené une grève héroïque dans tout le pays pour obtenir de meilleurs salaires, des avantages sociaux et le droit à la négociation collective. Cette grève a également recréé le Service postal des États-Unis en tant qu'agence indépendante, conçue pour être libre du favoritisme et du copinage politiques qui avaient affecté l'ancienne administration des Postes. L'APWU est profondément préoccupé par le processus de nomination visant à faire de M. Louis DeJoy, un donateur important de plusieurs millions de dollars au président Trump, le prochain directeur général des Postes et par le fait que l'administration est revenue à l'époque de l'ingérence et du favoritisme politiques. Il peut choisir d'être un directeur général des Postes qui met en oeuvre les plans destructeurs de cette Maison-Blanche en augmentant les tarifs postaux, en réduisant les services, en sapant des emplois syndiqués stables et adéquats pour une famille et en vendant le service postal public aux entreprises pour leur profit privé. Et si tel est son choix, M. DeJoy se heurtera à une vive résistance de la part des travailleurs des postes et du peuple de ce pays. »

Les développements ont montré que leurs préoccupations sont légitimes et que la grande résistance à la privatisation et à la destruction du service public persiste.

Mnuchin a également utilisé le financement d'urgence requis par l'USPS à ce moment pour davantage s'ingérer dans le service. Un prêt de 10 milliards de dollars du Trésor a été inclus dans la Loi CARES, adoptée en mars. La Loi incluait également des centaines de milliards de dollars, essentiellement sans conditions, pour les monopoles géants. L'USPS devait obtenir 10 milliards de dollars, même si son conseil d'administration a demandé au Congrès 75 milliards de dollars de financement – 25 milliards de dollars de crédits d'urgence, 25 milliards de dollars supplémentaires pour des projets « prêts à démarrer » pour moderniser la flotte de véhicules vieillissants et les installations de l'agence et une autre marge de crédit de 25 milliards de dollars.

Mnuchin a jusqu'à présent refusé même les 10 milliards de dollars. « Nous allons établir certains critères pour un programme de réforme du service postal comme condition du prêt », a-t-il déclaré.

Les syndicats soulignent qu'actuellement, le conseil d'administration de l'USPS a le pouvoir exclusif de nommer ou de révoquer le directeur général des Postes ou « d'orienter et contrôler les dépenses et de revoir les pratiques et politiques du service postal ». Mnuchin tente d'obtenir un plus grand contrôle afin que de nombreuses décisions de gestion de l'USPS, y compris les conditions des principaux contrats et politiques liés à la privatisation et à la tarification des colis et du courrier de première classe, soient prises par le département du Trésor américain et non par le conseil d'administration de l'USPS.

La nomination du multimillionnaire DeJoy au poste de directeur général des Postes fait elle-même partie de cette direction, comme l'indiquent ses attaques contre les travailleurs et l'USPS en tant que service public. DeJoy est le premier directeur général des Postes en plus de 20 ans à diriger l'agence gouvernementale sans expérience préalable de travail dans ce milieu. Le conseil d'administration de l'USPS lui-même se compose maintenant de quatre membres qui y siègent depuis moins de deux ans. Des cadres plus expérimentés ont démissionné pour protester contre l'ingérence de Mnuchin ou ont été limogés par DeJoy.

Le public appuie solidement les travailleurs des postes et continue de se joindre à eux pour exiger que l'USPS reste un service public pour le bien public. Dans les actions, les pétitions et les sondages, une majorité a appelé à un financement complet dès maintenant et à garantir la santé, la sécurité et l'emploi des travailleurs des postes qui fournissent un service public vital.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 57 - 12 septembre 2020

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