Anniversaire de l'attentat contre les Tours jumelles et du coup d'État au Chili

Justice pour le peuple chilien!


Marche à Santiago en septembre 2017 en commémoration du 44e anniversaire
du coup d'État au Chili

Le 11 septembre marque le 47e anniversaire du coup d'État des impérialistes américains au Chili, au cours duquel le régime de Pinochet a assassiné, torturé et emprisonné des milliers de personnes. À cette occasion, rappelons-nous les victimes du régime de Pinochet et de l'opération Condor qui a étendu ces crimes à l'Argentine, à l'Uruguay et au Brésil. Aujourd'hui encore, les proches des victimes se battent pour que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice[1].

Aujourd'hui, alors que les États-Unis invoquent le respect des « valeurs américaines » comme critère pour décider qui sont les ennemis de l'État, il est important de rappeler que les crimes commis au Chili et partout en Amérique latine visaient toutes personnes déclarées « ennemies de la civilisation chrétienne occidentale ». Le « crime » dont les victimes étaient accusées était leurs croyances politiques, leurs affiliations et leur militantisme. Au stade de Santiago, qui avait été transformé en centre de détention, les gens ont été rassemblés et massacrés. Au palais de la Moneda, le siège de la présidence, le président constitutionnel, Salvador Allende, a été assassiné. Les crimes se sont poursuivis tout au long de la dictature de Pinochet et bien au-delà des frontières du Chili, jusqu'à Washington même. La junte militaire, dirigée par le général Augusto Pinochet, avec le soutien inconditionnel des États-Unis, a dirigé le Chili officiellement et « officieusement » pendant les 25 années qui ont suivi.

Exposant clairement le rôle des États-Unis dans le coup d'État chilien, un câble d'octobre 1970 du groupe de « Track Two » de Henry Kissinger et adressé au personnel de la CIA au Chili déclare : « Notre politique ferme et continue est de renverser [le gouvernement démocratiquement élu de] Allende par coup d'État... Nous devons continuer d'exercer le maximum de pressions à cette fin avec toutes les ressources appropriées. Il est de la plus haute importance que ces actions soient mises en oeuvre de façon clandestine et sûre pour assurer que le GEU [le gouvernement des États-Unis] et la main américaine soient bien cachés. » En 2007, il a été révélé que les millions de dollars que Pinochet avait volés au peuple chilien étaient détenus depuis 1994 dans un compte secret de la Riggs Bank, banque liée à la famille Bush, à Washington, avec la complicité des hauts-fonctionnaires bancaires américains. Aucun président américain n'a présenté d'excuses pour le soutien des États-Unis aux crimes de Pinochet ni pour l'implication des États-Unis dans le coup d'État de 1973.

Exposition des photos des victimes de la dictature de Pinochet au musée de la Mémoire, Santiago, Chili

Avant le coup d'État au Chili, les États-Unis avaient une longue et sanglante histoire d'organisation et de soutien de violents coups d'État en Amérique latine, par exemple au Guatemala, au Brésil, au Nicaragua, en Grenade et au Panama, pour ne nommer que ceux-là. Avec la doctrine Monroe de 1823, les États-Unis revendiquaient l'Amérique latine pour eux-mêmes. Presque immédiatement, les États-Unis se sont emparés du tiers du Mexique par la force militaire. Depuis les années 1890, lorsqu'ils ont imposé leur suprématie régionale à l'Espagne et à la Grande-Bretagne, les États-Unis sont intervenus militairement en Amérique latine plus d'une cinquantaine de fois. La Confédération anticommuniste latino-américaine a joué un rôle important dans ces interventions, notamment dans l'opération Condor. Cette confédération avait été fondée en 1972 par le chef des escadrons de la mort du Guatemala, Mario Sandoval Alarcon, en tant que branche latino-américaine de la Ligue anticommuniste mondiale cofondée en 1966 à Taïwan par des criminels de guerre nazis et autres fascistes.

Quarante-sept ans après le coup d'État au Chili, les États-Unis continuent d'organiser et de soutenir des coups d'État violents, comme ils l'ont fait au Honduras en 2009. Les États-Unis continuent de former des alliances agressives, de bâtir des bases militaires dans des États-clients comme la Colombie, de traiter les eaux environnantes comme s'il s'agissait de lacs américains et de mener des actions subversives contre les gouvernements démocratiquement élus de pays d'Amérique latine comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua qui exercent le droit de choisir leur propre système politique, libre de toute ingérence des États-Unis. Les deux principales organisations qui canalisent les millions de dollars à des fins subversives en provenance des États-Unis vers les groupes politiques dans les pays d'Amérique latine sont l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le National Endowment for Democracy (NED). Les guerres sales que les États-Unis menaient auparavant secrètement dans le Cône Sud et en Amérique centrale en collusion avec les forces militaires locales sont aujourd'hui menées au grand jour.

Le rôle pernicieux que joue le gouvernement Trudeau dans l'hémisphère au nom de la défense de «  la prospérité et la sécurité » est de plus en plus préoccupant. Alors que les pays des Amériques s'efforcent de défendre leur souveraineté et de créer des alternatives à un modèle économique qui les dévaste, le gouvernement Trudeau fait l'éloge de la Charte démocratique interaméricaine de l'Organisation des États américains, notoire pour avoir perpétré des coups d'État pour le compte des États-Unis ainsi que pour les guerres sales des années 1960, 1970 et 1980 et pour avoir utilisé sa soi-disant Charte démocratique interaméricaine comme outil pour perpétuer la même chose au XXIe siècle.

Les déclarations de Trudeau sur la « défense de la démocratie » en Amérique latine visent à dénigrer le Venezuela et les autres pays qui défendent leur droit de suivre leur propre voie de développement. Cela révèle l'ordre du jour du gouvernement Trudeau de continuer à s'ingérer dans les affaires internes des pays d'Amérique latine et les « progrès de la démocratie » qu'il a en tête.

Faut-il ajouter que les peuples des Amériques n'attendent pas les bras croisés le type de démocratie que le gouvernement Trudeau préconise. Leur lutte pour la liberté est écrite par leur sang versé et rien ne le confirme plus que la lutte pour obtenir justice pour les crimes de la dictature de Pinochet, mise en place par les États-Unis, et les guerres sales qui se poursuivent encore au nom du libre-échange, de la démocratie, de la lutte contre la drogue, etc.

Les familles et les amis continuent de rechercher les disparus et d'exiger que justice soit faite pour ce qui leur est arrivé. Il est incroyable que des prisonniers politiques continuent de croupir en prison alors que pratiquement aucun des responsables des violations des droits humains n'a été poursuivi pour ses crimes. Pinochet lui-même, protégé par les impérialistes, a échappé à la justice et est mort sans avoir été puni pour ses crimes.

À cette occasion, nous exprimons une fois de plus nos plus sincères condoléances au peuple chilien héroïque et aux familles et amis de tous ceux et celles qui ont été tués et ont disparu lors de l'infâme coup d'État et sous le régime qui a suivi. Nous saluons la lutte résolue du peuple chilien pour obtenir justice pour les crimes commis par le régime Pinochet et ses commanditaires américains. Le 11 septembre 1973, le coup d'État au Chili, soutenu par les États-Unis, un acte de terrorisme d'État, a révélé la véritable nature de l'impérialisme américain que les peuples du monde n'oublieront jamais.

Note

1. Opération Condor a été une campagne d'assassinats et de répression politiques lancée en 1975 à Santiago, au Chili, par les cercles dominants du Chili, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Brésil pour éradiquer l'influence et les idées socialistes et communistes, et pour éliminer les mouvements d'opposition aux gouvernements de ces pays. Les États-Unis ont proposé le concept du plan de l'opération Condor en 1968, le décrivant comme « une utilisation coordonnée des forces de sécurité intérieure dans et entre les pays latino- américains ». L'opération Condor a été responsable d'au moins 60 000 morts, de 30 000 « desaparecidos » et de 400 000 personnes emprisonnées.

(Photos: elderchoalapz, Chilean Museum of Memory and Human Rights)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 57 - 12 septembre 2020

Lien de l'article:
Anniversaire de l'attentat contre les Tours jumelles et du coup d'État au Chili: Justice pour le peuple chilien! - Dougal MacDonald


    

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