La boucle est bouclée: les gouvernements empruntent aux riches pour payer les riches

L'oligarchie impérialiste voit les prêts aux gouvernements et ensuite la possibilité de profiter des projets et des subventions financés par les emprunts gouvernementaux comme une façon d'écorcher le boeuf deux fois. Le gouvernement emprunte à des intérêts privés pour financer ses déficits. En même temps qu'il emprunte aux riches oligarques, le gouvernement annonce des stratagèmes pour payer les riches impliquant des partenariats public-privé pour la construction d'infrastructures et d'autres projets. Une grande partie de l'activité dans le secteur des services se fait par des contrats du gouvernement avec des cartels mondiaux, notamment ceux des services de restauration et de blanchisserie dans les hôpitaux et les prisons, des contrats d'approvisionnement militaire et des contrats extrêmement lucratifs pour les produits pharmaceutiques.

Ce « cercle vertueux » impérialiste a été résumé dans un récent article du LML :

1. La Banque du Canada commence le processus par l'achat de titres détenus par l'oligarchie financière mondiale. Certaines des obligations d'entreprises contiennent des hypothèques et d'autres prêts appartenant à des institutions financières privées et aux plus grandes sociétés. De nombreux prêts et hypothèques contenus dans ces obligations subissent actuellement des tensions dues à la crise économique et pourraient s'effondrer. La Banque du Canada a déclaré que le montant qu'elle pourrait acheter pourrait atteindre 150 milliards de dollars et comprendrait l'achat d'obligations détenues par les gouvernements provinciaux et d'autres paliers de gouvernement. De plus, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a annoncé l'achat de 50 milliards de dollars d'hypothèques détenues actuellement par les grandes banques. La justification pour déverser tout cet argent public dans les coffres des oligarques mondiaux est que les prêteurs privés vont maintenant investir dans l'économie en difficulté, alors qu'en fait ces mêmes institutions financières mondiales ne font que protéger leurs propres investissements en difficulté et se servent d'une partie de l'argent pour acheter des titres garantis par l'État.

2. L'oligarchie financière prend l'argent public de la Banque du Canada et de la SCHL qui vient de ses titres achetés et, avec cet argent, achète les obligations d'État, aujourd'hui encore plus nombreuses, car le déficit du gouvernement fédéral et des autres gouvernements monte en flèche. Ces achats deviennent un refuge pour la richesse sociale des oligarques pendant la crise alors que les autres opportunités d'investissement se sont taries ou sont devenues trop risquées. Les titres garantis par l'État rapportent même des intérêts.

3. Le gouvernement prend l'argent privé qu'il emprunte à l'oligarchie financière avec la vente de ses titres et en consacre une partie au financement de projets d'infrastructure. Cela devient la mise de fonds de démarrage pour commencer la construction.

4. Le gouvernement recrute des cartels mondiaux privés de la construction pour réaliser les projets d'infrastructure. Ces entreprises n'ont pas à trouver elles-mêmes le financement ni à se soucier de vendre le projet terminé. Le gouvernement leur donne l'argent nécessaire à la construction au fur et à mesure que les projets avancent, ce qui comprend des profits considérables. Tous ces travaux sont garantis par le gouvernement, y compris les prix exorbitants dictés par les cartels privés de la construction pour la réalisation des projets.

5. Une fois construits, les principaux utilisateurs des moyens de production publics (routes, ponts, électricité, etc.), qui sont les grandes entreprises privées de l'économie, n'ont pas à payer le plein prix du marché pour la valeur de la partie des infrastructures qu'ils consomment, car ils bénéficient de « prix industriels » préférentiels fixés arbitrairement.

Ce cercle vertueux des impérialistes explique comment le plan d'infrastructure du gouvernement fédéral « Investir dans le Canada » sert à payer les riches et contribue à la concentration toujours plus grande des richesses et du pouvoir entre les mains d'une poignée de privilégiés. En 2019, le gouvernement fédéral s'est engagé à investir plus de 187 milliards de dollars sur 12 ans en infrastructure. Le groupe de réflexion impérialiste appelé Institut C.D. Howe affirme que la crise actuelle devrait inciter le gouvernement à dépenser encore plus et plus rapidement, non seulement pour de nouveaux projets, mais aussi pour l'entretien et la modernisation des infrastructures existantes.

Les Canadiens sont intimidés et sommés de ne pas s'opposer à cette orientation de l'économie, car elle « crée des emplois et bâtit l'infrastructure » dont ils ont tant besoin. Mais une nouvelle direction est exactement ce qu'il faut pour que l'économie soit sous le contrôle des travailleurs, pour prévenir des crises récurrentes et résoudre les autres problèmes sociaux.

Une nouvelle direction de l'économie interdirait au gouvernement d'emprunter auprès d'institutions privées. Une nouvelle direction permettrait de bâtir, d'entretenir et de gérer les infrastructures publiques avec des entreprises de construction publiques permanentes. Elle garantirait que la valeur des infrastructures est pleinement réalisée par les entreprises publiques et privées qui l'utilisent et la consomment et que cette valeur est réinjectée dans l'économie et non pas retirée par les riches et envoyée dans des paradis fiscaux ou ailleurs.

(Tiré de « Des programmes de dépenses publiques d'infrastructure pour payer les riches et maintenir le contrôle et les privilèges de classe », LML 27 juin 2020)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 45 - 11 juillet 2020

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