Solstice d'été et Fête nationale du Québec
À l'origine, la fête de la Saint-Jean-Baptiste
était intimement liée aux célébrations entourant
le solstice d'été. Les journées entre les 21
et 24 juin étant les plus longues, toutes
sortes d'activités étaient organisées pour rendre
hommage au soleil, et ce, dès l'antiquité. Les
feux de joie, hommage à la lumière, servaient de
réjouissances publiques, principalement dans ce
qui était la Gaule et le nord de l'Europe. Le
solstice d'été est encore célébré dans plusieurs
pays, notamment en Irlande, en Écosse, en Islande,
en Angleterre, au Pérou, en Équateur et au Canada.
Dans ce qui allait
devenir le Québec, la tradition était remarquée
sur les bords du Saint-Laurent dès 1636 par
le Jésuite Louis LeJeune. En 1646, le Journal
des Jésuites rapportait que « le 23 juin se
fit le feu de la Saint-Jean sur les huit heures et
demie du soir... On tira cinq coups de canon et on
fit deux ou trois fois la décharge des
mousquets ». Dans le milieu rural qu'était la
Nouvelle-France à cette époque, le rythme des
travaux est lié à celui des saisons, et la
Saint-Jean permettait de prendre quelques instants
de répit et de divertissements avant que ne
débutent les gros travaux de fenaison et de
moisson.
Avec le Concile de Trente (1545-1563), l'Église
avait tenté de christianiser cette coutume de la
célébration de la lumière autour d'un grand feu de
joie pour lui substituer une représentation de
soumission en la personne de Saint-Jean-Baptiste,
« l'agneau de Dieu ». Dans cette même lignée,
en 1702, monseigneur de Saint-Vallier, dans
son Catéchisme du diocèse de Québec à l'intention
des Canadiens, signalait que l'Église catholique
au Nouveau Monde (entendre dans les colonies de
l'empire français) dit qu'il s'agit d'une
cérémonie parfaite pourvu qu'on en bannisse les
danses et les superstitions, sous-entendues les
croyances des nations autochtones.
Quand Ludger Duvernay et les députés du Parti
patriote instaurent le jour de la Fête nationale
de la nation naissante du Québec, ils le font avec
un esprit fort différent de l'orientation
souhaitée par l'Église. Des historiens, comme
Léopold Gagner, cité dans la biographie de
Duvernay de Denis Monière, ont dit que Duvernay a
été influencé par la Saint-Patrick qui est pour
les Irlandais « un précieux instrument dans la
revendication de leur liberté et de leurs
droits. »
Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui,
le 21 juin, lors de la Journée nationale des
peuples autochtones, est organisé le « Solstice
des Nations, une manifestation d'échange et
d'amitié entre les nations qui peuplent le
Québec ». À cette occasion, les nations
autochtones organisent la « Cérémonie du feu pour
le rapprochement des peuples vivant sur le
territoire québécois » afin que « les braises
de ce feu allument le feu de joie du Grand
spectacle de la Fête nationale du Québec, sur les
plaines d'Abraham ».
La célébration de la Fête nationale du peuple
québécois inclut la célébration des patriotes qui
ont lutté pour l'indépendance face à l'Angleterre
au milieu du XIXe siècle, les Nelson, De Lorimier,
Côté, Chénier, Duvernay, O'Callaghan et plusieurs
autres, qui ont combattu pour une patrie
indépendante et une république qui investit le
peuple de la souveraineté. Elle inclut la
célébration de tous ceux et celles qui ont épousé
la cause des patriotes du Québec, et en
particulier ceux et celles qui sont résolus à
élaborer un projet d'édification nationale
conforme aux exigences de notre temps.
Célébrations du solstice d'été à Kinawit, Val
d'Or, le 21 juin 2019
Autres célébrations du solstice d'été lors de la
Journée nationale des peuples autochtones
2019. À gauche : Québec ; à
droite : Saguenay
Références
- La Saint-Jean-Baptiste, 1634-1852, Mélanges
historiques Études éparses et inédites de
Benjamin Sulte, compilées, annotées et publiées
par Gérard Malchelosse
- Le réseau de diffusion des archives du Québec
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 41 - 20 juin 2020
Lien de l'article:
Solstice d'été et Fête nationale du Québec
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