Chantel Moore abattue par la police à Edmundston, au Nouveau-Brunswick

Pas une vie de plus! Les attaques racistes organisées par l'État et la violence policière doivent cesser!

Le 4 juin, Chantel Moore a été abattue par balle par la police à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. Âgée de vingt-six ans, Chantel était membre de la nation Tla-o-qui-aht/Nuu-chah-nulth de l'île de Vancouver. Sa jeune fille a perdu sa mère et sa grande famille et son cercle d'amis ont perdu une fille, une soeur, une tante, une amie.

En moins de trois mois depuis avril, au moins cinq autochtones ont été tués par la police : Chantel Moore, Rodney Levi, Eishia Hudson, Jason Collins et Stewart Kevin Andrews.

Un autre autochtone, Everett Patrick, est décédé en garde à vue. Regis Korchinski-Paquet, une femme autochtone noire, est tombée de son balcon à Toronto alors que la police était chez elle. De plus, il y a le cas d'un autochtone délibérément heurté par un véhicule de police au Nunavut dont la scène a été prise en vidéo.

Dans le cas de Chantel, alors même que les chefs de police et les forces de l'establishment s'empressent de se distancier des accusations de racisme, les autorités policières nous donnent une fois de plus des récits des événements qui sont contraires à ce que la famille a vu sur les lieux. Les faits d'une réalité brutale sont cachés par la suggestion que cette mort aux mains de la police est une exception et non la règle, une aberration - « quelque chose qui ne suit pas le cours attendu ou qui n'est pas typique ou normal ». Un policier pas comme les autres, dans des circonstances par comme les autres, une mort pas comme les autres - un résultat non voulu.

Judith Sayers, de la Première Nation Hupacasath de Port Alberni, en Colombie-Britannique, et présidente du Conseil tribal Nuu-chah-nulth, écrit dans The Tyee [1] :

« Le policier qui est venu après minuit pour faire un bilan de santé martelait sa porte pour la réveiller. La police avait été envoyée pour vérifier comment elle se portait parce qu'elle avait fait l'objet de harcèlement.

« Imaginez être dans votre propre appartement et quelqu'un frappe à votre porte au milieu de la nuit. La police dit que Chantel avait un couteau à la main. Est-ce étonnant qu'elle ait ressenti le besoin de se protéger ? »

« La famille ne comprend pas comment un gros et grand agent de police n'a pas pu repousser une femme toute petite sans lui tirer dessus, et pourquoi il n'a pas été capable de désamorcer la situation. Il n'y avait pas de témoin, nous n'avons donc que la déclaration du policier. Personne ne peut parler au nom de Chantel. Ce n'est tout simplement pas correct. Ce n'est acceptable pour personne. C'est mal. Cela n'aurait jamais dû se produire. »

Sayers soulève la question qui est dans l'esprit de tous : « Plusieurs réclament justice pour Chantel, mais qu'est-ce ça veut dire ? »

Sayers énonce ce que tous veulent : « [...] la justice pour Chantel, cela veut dire que les attaques armées contre les peuples autochtones doivent cesser et ne plus jamais se reproduire. Nous devons changer la façon dont le Canada opère au niveau de la police, car cela ne fonctionne manifestement pas. »

Entre autres choses, l'auteur souligne la nécessité de « premiers intervenants formés, non armés et non violents pour répondre aux situations de crise concernant le bien-être, la santé mentale et les dépendances - pas la police. Nous avons besoin de personnes qui savent comment travailler avec des personnes qui ont des problèmes de santé mentale et des équipes de personnes formées pour intervenir quand des personnes se portent mal ou quand il y a des problèmes de santé mentale. »

Sayers souligne que pour les peuples autochtones, « il s'agit d'un acte d'autodétermination. Nous devons déterminer comment nous prenons soin de nos communautés et de nos gens. Et cela doit refléter et reconnaître l'héritage du colonialisme et le sous-financement de l'éducation, du logement, de la santé et le développement économique de nos collectivités.

« Les peuples autochtones doivent participer à cette réévaluation afin de changer la façon de faire des services de police dans les collectivités où nous vivons. Nous devons réexaminer le Programme des services de police des Premières Nations et investir dans des solutions de rechange autogérées. Nous devons également souligner l'importance d'investir dans les services économiques et les programmes sociaux pour les membres des réserves et les autochtones vivant hors réserve. »

Soulignant qu'à la base de cette violence policière est le colonialisme, Judith Sayers écrit : « Cette violence est un rappel brutal que le rôle historique de la police dans le contrôle et le déplacement forcés des peuples autochtones se poursuit à ce jour. Les peuples autochtones sont brutalisés, criminalisés et tués de manière disproportionnée par la police au Canada. Quel est notre crime ? Être autochtone.

« Nous demandons à tous les Canadiens d'appuyer les peuples autochtones et revendiquons une action des gouvernements canadien et provinciaux en matière de police. Nous devons sécuriser nos maisons et nos communautés et ne pas avoir à craindre la violence policière.

« Nous sommes à un tournant. Nous devons reconnaître cette violence comme un problème et travailler ensemble en tant que nations pour dire que c'est assez. Pas une vie de plus. »

LML exprime ses sincères condoléances à la famille, aux amis et à la nation de Chantel. Nous offrons nos condoléances à tous ceux et celles qui souffrent de la mort de parents ou d'amis et exigeons que cessent les attaques racistes organisées par l'État et la violence policière.

Note

1. « A Nation Mourns for Chantel Moore », Judith Sayers, The Tyee, 17 juin 2020

(Photos: J. Green, D. Carr)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 41 - 20 juin 2020

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