La politique d'apaisement du
Canada face à l'impérialisme américain
Le Canada au dernier tournant dans sa campagne pour un siège au Conseil de sécurité de l'ONU
- Tony Seed -
François-Philippe
Champagne, ministre des Affaires étrangères du
Canada, s'est rendu à New York le 13 juin
avant le vote sur la candidature du Canada à un
siège au Conseil de sécurité des Nations unies, ce
qui a suscité beaucoup d'inquiétude et
d'opposition au Canada.[1] Il est déployé,
selon Affaires mondiales, pendant quatre jours «
pour dialoguer avec divers ambassadeurs et
représentants permanents pour parler de
l'engagement du Canada envers la paix et la
sécurité, les changements climatiques, l'égalité
des sexes, la sécurité économique et le
multilatéralisme ». La tentative du ministre
d'acheter les votes avec des dollars d'«
aide » s'inscrit dans le dernier tournant de
la campagne très médiatisée des libéraux de
Trudeau pour rétablir la réputation ternie du
Canada sur la scène mondiale.
Avec son arrogance habituelle, le premier
ministre Justin Trudeau s'est donné le mandat du «
fardeau de l'homme blanc » lors de sa tournée
en Afrique en février pour solliciter des votes
pour un siège au Conseil de sécurité. Il a sans
doute versé quelques larmes de crocodile
les 12 et 13 février lors de sa visite à
la tristement célèbre Maison des esclaves au
Sénégal, tout comme il a su poser le genou au sol
durant une manifestation à Ottawa contre la
brutalité policière et le racisme aux États-Unis.
Le Canada voit le Sénégal, dont le vote semble
maintenant assuré, comme une voie d'accès au
marché africain pour les intérêts privés qu'il
représente et pour le pillage industrialisé de
l'or. Parallèlement, le ministre Champagne a
assisté à la remise de permis d'exploitation pour
Teranga, un participant au Forum de Halifax sur la
sécurité internationale, et Barrick Gold. Le
gouvernement canadien a négocié des accords de
promotion et de protection des investissements
étrangers (APIE) avec le Bénin, le Burkina Faso,
le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali,
le Sénégal, le Nigéria et la Tanzanie, tous
favorisant le contrôle néocolonial des ressources
minérales. Tous ces pays ont été pillés à
l'épuisement par les puissances coloniales.
Le Canada est réputé pour sa complaisance face au
bloc économique impérialiste américain et sa
machine de guerre bien qu'il parle de
multilatéralisme : mépris de la Charte des
Nations unies et des principes du droit
international ; violations en série des
droits humains tels que ceux du peuple palestinien
et des demandeurs d'asile ; intervention en
cours dans des pays souverains, directement ou par
le biais de coalitions et de sanctions qu'il
appelle cyniquement soutien à la « restauration de
la démocratie » ; augmentation des
exportations d'armes mortelles vers les zones de
conflit ; le pays « de service » de
l'OTAN comme sous le gouvernement Harper avant
lui, qui n'hésite pas à enfreindre la Charte des
Nations unies et le droit international ;
l'usurpation des pouvoirs par la police et l'armée
pendant la pandémie ; et un horrible bilan de
négligence criminelle envers les conditions de vie
des peuples autochtones au Canada.
« Son récent
rejet de la loi des Wet'suwet'en, écrit Pauline
Easton, qu'il est pourtant tenu de respecter et de
défendre, est également révélateur de son attitude
envers la primauté du droit international. En
fait, sa campagne pour un siège au Conseil de
sécurité de l'ONU se heurte à des vents contraires
de plus en plus forts : la fausseté de son
affirmation répétée que le Canada est un État de
droit - ce qui le rend sans doute admissible à un
siège au Conseil de sécurité - est exposée à la
face du monde entier. »
Le Canada rivalise avec l'Irlande et la Norvège
pour les deux sièges de la catégorie Europe
occidentale et autres pays, dont le Canada est
considéré comme faisant partie. Le Mexique est le
seul candidat pour le siège de l'Amérique latine
et des Caraïbes et le Kenya et Djibouti se
disputent le siège du groupe africain. L'Inde est
le seul candidat à un siège non permanent de la
catégorie Asie-Pacifique. Sa candidature a été
confirmée par les pays qui composent la région
Asie-Pacifique, dont la Chine et le Pakistan, en
juin de l'année dernière.
L'élection des cinq membres non permanents du
Conseil de sécurité de l'ONU aura lieu le 17
juin. Leur mandat ne commencera qu'en
janvier 2021.
L'Assemblée générale des Nations unies élit
chaque année cinq membres non permanents (sur 10
au total) pour un mandat de deux ans. Les 10
sièges non permanents sont répartis sur une base
régionale - cinq pour les États d'Afrique et
d'Asie ; un pour les États d'Europe
orientale ; deux pour les États d'Amérique
latine et des Caraïbes ; et deux pour les
États d'Europe occidentale et autres États.
L'Assemblée générale de l'ONU a résolu que
l'élection au Conseil de sécurité aura lieu
suivant de nouvelles modalités de vote qui
tiennent compte des restrictions en place en
raison de la pandémie de COVID-19. Plutôt qu'un
scrutin secret tenu dans la salle de l'Assemblée
générale, les électeurs sont tenus de se rendre
dans un lieu désigné pendant un créneau horaire
spécifique pour voter. Seuls les bulletins déposés
dans les urnes au lieu désigné seront acceptés et
aucun bulletin ne sera accepté après l'expiration
du dernier créneau horaire.
Si le nombre total de bulletins de vote déposés
dans toutes les urnes ne représente pas au moins
la majorité des membres de l'Assemblée, le
président distribuera une lettre à tous les États
membres indiquant une nouvelle date et heure pour
les élections.
Le Canada ne mérite pas de siéger au Conseil de
sécurité des Nations unies qui agit d'ailleurs
aujourd'hui comme un obstacle au règlement
pacifique des conflits en raison de l'emprise des
grandes puissances, de la quête de domination des
impérialistes américains et de l'absence d'un
mécanisme permettant de régler le conflit entre
les puissances rivales. Le droit de veto de cinq
membres permanents est un arrangement d'une autre
époque, quand l'ONU comptait 50 membres. Elle en
compte aujourd'hui 198 et ses décisions
devraient relever de la majorité de l'Assemblée
générale.
Quant à la Norvège, elle aussi est membre
fondatrice de l'OTAN et maintient sa position en
agissant comme entremetteuse. Quel que soit le
résultat, l'ONU a besoin de modernisation et
renouvellement dans l'esprit des temps modernes.
Note
1. Voir également « Un
tournant historique auquel le gouvernement
Trudeau ne peut échapper », éditorial
du LML du 22 février 2020, et « Le
multilatéralisme impérialiste du Canada »
de Margaret Villamizar dans le même numéro.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 40 - 13 juin 2020
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La politique d'apaisement du
Canada face à l'impérialisme américain: Le Canada au dernier tournant dans sa campagne pour un siège au Conseil de sécurité de l'ONU - Tony Seed
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