Enquête de Statistique Canada sur la population active, avril 2020 (extraits)

À la suite d'un recul de plus d'un million enregistré en mars, l'emploi a diminué de près de 2 millions en avril, ce qui a porté la baisse totale de l'emploi à plus de 3 millions depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19.

De plus, le nombre de personnes qui étaient en emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour des raisons liées à la COVID-19, a augmenté de 2,5 millions de février à avril. Au cours de la semaine du 12 avril, l'effet cumulatif de la crise économique liée à la COVID-19 (le nombre de Canadiens sans emploi ou ayant travaillé des heures considérablement réduites) s'est établi à 5,5 millions, ou plus du quart du niveau d'emploi de février.

En avril, l'emploi à temps plein (-1 472 000 ; -9,7 %) et l'emploi à temps partiel (-522 000 ; -17,1 %) ont reculé. Les pertes cumulatives depuis février ont totalisé 1 946 000 (-12,5 %) dans le travail à temps plein, et 1 059 000 (-29,6 %) dans le travail à temps partiel.

L'emploi connaît une baisse sans précédent

L'ampleur de la baisse de l'emploi observée depuis février (-15,7 %) dépasse de loin les diminutions enregistrées au cours des ralentissements du marché du travail antérieurs. Par exemple, la récession de 1981-1982 a entraîné une baisse totale de l'emploi de 612 000 (-5,4 %) au cours d'une période d'environ 17 mois.

Le chômage enregistre une forte hausse

Le taux de chômage a augmenté de 5,2 points de pourcentage en avril pour atteindre 13,0 %. Cela fait suite à la hausse de 2,2 points de pourcentage enregistrée en mars. Depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1976, seul le taux de chômage de 13,1 % observé en décembre 1982 a été plus élevé que le taux enregistré en avril.

Le taux de chômage d'avril serait de 17,8 % une fois les données ajustées pour prendre en compte les personnes qui n'ont pas été considérées comme des chômeurs pour des raisons propres à la crise économique liée à la COVID-19. Au cours de la semaine du 12 avril, 1,1 million de personnes étaient inactives, mais elles avaient travaillé récemment (en mars ou en avril) et voulaient travailler. Elles n'ont pas été considérées comme étant au chômage, mais elles ont été considérées comme inactives parce qu'elles n'ont pas cherché d'emploi, vraisemblablement en raison des fermetures prolongées d'entreprises et des occasions très limitées de trouver du travail.

Infographie 1



Infographie 2



Infographie 4


Hausse du taux de chômage pendant les ralentissements économiques, Canada, 1976 à 2020

Le chômage augmente sous l'effet des mises à pied temporaires

Le nombre total de chômeurs a augmenté de 1 285 000 (+113,3 %) de février à avril. À titre de comparaison, pendant la récession de 1981-1982, le nombre de chômeurs a augmenté de 763 000 (+88,6 %) au cours d'une période de 16 mois. En avril, presque tous les nouveaux chômeurs (97,0 %) avaient été mis à pied temporairement (données non désaisonnalisées), ce qui indique qu'ils s'attendaient à retourner travailler pour leur employeur lorsque l'activité économique redémarrerait.

Au cours d'un mois donné, la variation nette du chômage correspond à la différence entre le nombre de personnes qui deviennent chômeurs et le nombre de personnes qui sortent du chômage. Depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19, les flux entrant dans le chômage ont fortement augmenté, principalement en raison d'une hausse du nombre de personnes qui sont passées de travailleurs à chômeurs (+1,1 million depuis février).

En avril, les flux sortant du chômage ont aussi augmenté alors que le nombre de personnes qui sont passées du chômage à la population inactive a progressé (+214 000). Cela comprend les personnes qui voulaient un emploi, mais ont cessé d'en chercher un (y compris celles qui ne pensaient pas qu'il y avait du travail) et les personnes qui ont commencé à exercer de nouvelles activités, comme prendre soin de membres de leur famille.

Toutes les provinces ont été durement touchées

L'emploi a reculé dans toutes les provinces pour un deuxième mois consécutif. Comparativement à février, l'emploi a diminué de plus de 10 % dans toutes les provinces ; le Québec a enregistré la baisse la plus prononcée (-18,7 % ou -821 000).

Graphique 1

Variation de l'emploi selon la province, février à avril 2020

Le taux de chômage a augmenté de façon marquée dans toutes les provinces en avril. Au Québec, le taux s'est établi à 17,0 %. Il s'agit du taux le plus élevé enregistré dans la province depuis 1976, année où des données comparables ont commencé à être publiées, et du taux le plus élevé parmi les provinces. Le nombre de chômeurs a augmenté plus rapidement (+101,0 % ou +367 000) au Québec que dans les autres provinces ; la hausse du nombre de personnes mises à pied temporairement (données non désaisonnalisées) a été proportionnellement plus élevée au Québec que dans les autres provinces, tandis que l'augmentation du nombre de personnes inactives a été proportionnellement plus faible.

Les plus grandes villes du Canada subissent des répercussions importantes de la COVID-19 sur le marché du travail

L'emploi a connu une forte baisse de février à avril dans chacune des trois plus grandes régions métropolitaines de recensement (RMR) du Canada. En proportion de l'emploi de février, Montréal a enregistré la baisse la plus prononcée (-18,0 % ; -404 000), suivie de Vancouver (-17,4 % ; -256 000) et de Toronto (-15,2 % ; -539 000).

Dans la RMR de Montréal, le taux de chômage s'est établi à 18,2 % en avril, en hausse de 13,4 points de pourcentage depuis février. À titre de comparaison, le taux de chômage à Montréal a atteint un sommet de 10,2 % pendant la récession de 2008-2009. À Toronto, le taux de chômage s'est établi à 11,1 % en avril (en hausse de 5,6 points de pourcentage depuis février), et à Vancouver, il s'est établi à 10,8 % (en hausse de 6,2 points de pourcentage).

Le nombre de travailleurs autonomes indépendants a peu varié, mais les heures travaillées ont connu une diminution prononcée

Le nombre de travailleurs autonomes indépendants (2,0 millions), c'est-à-dire ceux qui ne comptent aucun employé, a peu varié en avril comparativement à février (données non désaisonnalisées). Chez ces travailleurs, la crise liée à la COVID-19 a entraîné une perte importante du nombre d'heures travaillées. En avril, 59,4 % des travailleurs autonomes indépendants (1,2 million) ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles au cours de la semaine du 12 avril, y compris 38,4 % qui n'ont travaillé aucune heure. [...]

La plupart des personnes qui ont été absentes du travail
n'ont pas été rémunérées

Au cours de la semaine de référence allant du 12 au 18 avril, 2,4 millions de personnes étaient en emploi, mais étaient absentes durant toute la semaine. Il s'agit d'une hausse de 2,1 millions de personnes par rapport à février, et l'augmentation est attribuable à la crise économique liée à la COVID-19. Le nombre de personnes qui ont travaillé un certain nombre d'heures, mais moins de la moitié de leurs heures habituelles, a augmenté de 380 000, ce qui porte la hausse totale des absences attribuables à la COVID-19 depuis février à 2,5 millions.

Environ 60 % des personnes qui ont été absentes pendant toute la semaine de référence étaient des employés, tandis que le reste était des travailleurs autonomes. Parmi les employés, environ les trois quarts n'ont pas été rémunérés durant la semaine de référence ; il s'agit d'une hausse par rapport à mars, au moment où le chiffre correspondant s'est établi à 55,8 %. Moins d'un travailleur autonome sur dix qui était propriétaire d'une entreprise constituée en société a reçu une rémunération.

Résumé : plus du tiers de la population active potentielle était en situation de sous-emploi en avril

En avril, plus du tiers (36,7 %) de la population active potentielle n'a pas travaillé ou a travaillé moins que la moitié de ses heures habituelles, ce qui illustre les effets persistants de la crise économique liée à la COVID-19 sur le marché du travail. Le « taux de récente sous-utilisation de la main-d'oeuvre » combine les chômeurs, les personnes inactives qui voulaient travailler, mais qui n'ont pas cherché d'emploi, et les personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles. À titre de comparaison, ce taux s'est établi à 11,3 % en février.

Les effets de la crise économique liée à la COVID-19
s'étendent au secteur des biens

L'emploi diminue dans le secteur des biens

En mars, la baisse de l'emploi a été presque entièrement observée dans le secteur des services. En avril, en revanche, la diminution de l'emploi a été proportionnellement plus prononcée dans le secteur des biens (-15,8 % ; -621 000) que dans le secteur des services (-9,6 % ; -1,4 million). La construction (-314 000 ; -21,1 %) et la fabrication (-267 000 ; -15,7 %) ont enregistré les diminutions les plus marquées dans le secteur des biens.

Dans le secteur des services, l'emploi a continué de reculer dans plusieurs industries, et particulièrement dans le commerce de gros et de détail (-375 000 ; -14,0 %) ainsi que dans les services d'hébergement et de restauration (-321 000 ; -34,3 %).

Parmi les industries qui ont continué d'être relativement moins touchées par la crise économique liée à la COVID-19 figurent les services d'utilité publique, les administrations publiques ainsi que la finance, les assurances, et les services immobiliers et de location.

Graphique 2

Variation de l'emploi dans certains secteurs, février à avril 2020, Canada


[...]

Les baisses de l'emploi observées dans les secteurs des biens et des services dépassent celles enregistrées au cours des ralentissements antérieurs du marché du travail

Dans les secteurs des services et des biens, les baisses de l'emploi observées au cours des deux mois qui ont suivi février ont été proportionnellement plus prononcées que les diminutions enregistrées pendant chacun des trois principaux ralentissements du marché du travail enregistrés depuis 1980.

[...]

Après les ralentissements antérieurs, l'emploi dans les services s'est redressé relativement rapidement ; il est revenu aux niveaux atteints avant le ralentissement en l'espace de quatre mois en moyenne. Par ailleurs, il a fallu en moyenne plus de six ans pour que l'emploi dans le secteur des biens revienne à des niveaux d'avant la récession à la suite des récessions de 1981-1982 et de 1990-1992. Après la crise financière mondiale de 2008-2009, il a fallu 10 ans pour que l'emploi dans le secteur des biens retourne à son niveau d'avant la crise.

Graphique 3

Baisses de l'emploi plus prononcées depuis février 2020 que durant n'importe laquelle
des trois dernières récessions notables

Les baisses de l'emploi s'étendent à la construction et à la fabrication

L'emploi dans le secteur de la construction a reculé de 314 000 ou de 21,1 % en avril, après être demeuré pratiquement inchangé en mars. La construction au Québec a été particulièrement touchée ; l'emploi dans le secteur a diminué de 38,6 % en avril. Le gouvernement du Québec a ordonné la fermeture de tous les chantiers de construction le 23 mars, après la semaine de référence de l'EPA de mars, avant de permettre à certains chantiers de construction résidentielle de reprendre leurs activités le 20 avril, après la fin de la semaine de référence d'avril.

Comparativement à février, l'emploi dans la fabrication a diminué de 302 000 ou de 17,3 % ; la baisse a presque entièrement eu lieu en avril. L'emploi dans le matériel de transport, les machines et les produits métalliques ouvrés a connu la diminution la plus prononcée depuis février, ce qui laisse entrevoir un engorgement dans la chaîne d'approvisionnement et une baisse de la demande pour certains produits. Parallèlement, l'emploi dans la fabrication d'aliments est demeuré relativement stable.

L'emploi dans les services d'hébergement et de restauration a reculé de 50,0 % (-615 000) de février à avril. L'emploi a diminué le plus dans les professions liées au service des aliments et des boissons ainsi que dans le personnel de cuisine. Le nombre de gestionnaires a reculé dans une moindre mesure. En avril, le nombre d'heures travaillées dans les services d'hébergement et de restauration a diminué de 38,6 % après avoir déjà reculé en mars. Depuis février, le nombre d'heures travaillées dans le secteur a diminué de 63,8 %.

Dans le commerce de gros et de détail, l'emploi a reculé de 582 000 ou de 20,2 % au cours des deux mois ayant pris fin en avril. Au cours de la même période, le nombre d'heures travaillées a diminué de 31,0 %. L'emploi dans les sous-secteurs liés aux aliments et aux boissons a reculé depuis février, mais proportionnellement moins que dans les sous-secteurs n'offrant pas de services jugés essentiels.

Malgré les défis importants auxquels sont confrontés les travailleurs de la santé de première ligne qui traitent les patients atteints de la COVID-19, l'emploi est demeuré stable dans les hôpitaux et dans les établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes depuis février. Des diminutions ont été observées dans d'autres industries des soins de santé toutefois, y compris les soins ambulatoires, qui comprennent les cabinets de médecins et de dentistes, ainsi que les laboratoires médicaux et d'analyses diagnostiques. De fortes baisses ont également été observées dans l'assistance sociale, qui comprend les services de garderie, ce qui a porté la diminution nette de l'emploi dans les soins de santé et l'assistance sociale à 129 000 (-5,3 %) depuis mars, et à 229 000 (-9,1 %) depuis février.

En mars et en avril, la demande intérieure et internationale de pétrole a diminué de façon prononcée, ce qui a entraîné des prix plus bas que jamais. Au cours de la semaine du 12 avril, l'emploi dans l'industrie pétrolière et gazière à forte intensité de capital s'est avéré résilient aux chocs de prix. Des répercussions pourraient être observées au cours des mois à venir. Depuis février, l'emploi dans le secteur élargi des ressources naturelles a reculé de 7,4 % ; les mines et l'exploitation en carrière ont enregistré la plus grande variation de l'emploi et des heures travaillées.

Les petites entreprises subissent d'importantes
répercussions en raison de la COVID-19

Les grandes entreprises et institutions semblent avoir été plus en mesure de maintenir en poste leurs employés que les petites entreprises, probablement en raison de leur capacité à mettre en place des mesures pour s'adapter à la crise économique liée à la COVID-19. Cette tendance a été observée dans toutes les industries, y compris dans le commerce de gros et de détail, dans la construction, dans la fabrication et dans le transport et l'entreposage.

Dans l'ensemble, l'emploi dans les entreprises comptant 100 employés ou plus a diminué de 12,6 % (données non désaisonnalisées) de février à avril. L'emploi dans les entreprises comptant de 20 à 99 employés a reculé de 25,1 %, tandis qu'il a diminué de 30,8 % dans les petites entreprises (comptant moins de 20 employés).

La crise économique liée à la COVID-19 continue de se
répercuter sur le total des heures travaillées

Dans l'ensemble, le nombre total d'heures travaillées a diminué de 14,9 % en avril par rapport à mars, et de 27,7 % par rapport à février.

Graphique 4

Variation des heures travaillées (%), par industrie, Canada, février à avril 2020,
données désaisonnalisées


Graphique 5

Heures travaillées, variation en (%), par province, février à avril 2020,
données désaisonnalisées

Le nombre de Canadiens qui ont travaillé à partir de leur domicile en avril a augmenté de 3,3 millions

Au cours de la semaine du 12 avril, 12,0 millions de Canadiens occupaient un emploi et ont travaillé plus que 50 % de leurs heures de travail habituelles. Environ 5,0 millions d'entre eux ont travaillé la plupart de leurs heures de travail de leur domicile. Cela comprend 3,3 millions de travailleurs qui travaillent habituellement à un endroit autre que leur domicile. Il est raisonnable de penser que ces travailleurs ont changé de lieu de travail en raison de la crise économique liée à la COVID-19.

Cette capacité à s'adapter rapidement n'était toutefois pas la même dans l'ensemble de l'économie. Le recours au travail à domicile différait grandement d'une industrie à l'autre en avril, en raison d'un certain nombre de facteurs, dont la nécessité requise par certains emplois de travailler en proximité physique avec d'autres, comme les collègues, les clients et le public.

Dans la plupart des industries qui requièrent une plus grande proximité physique avec d'autres, une proportion relativement faible d'employés qui ont travaillé au moins une heure ont effectué leur travail à domicile. Ces industries comprennent les services d'hébergement et de restauration (8,4 %), la construction (19,0 %) ainsi que le commerce de gros et de détail (20,8 %). Ces mêmes industries ont connu certaines des baisses de l'emploi les plus marquées depuis février (infographie 6). Lorsque les directives sur l'éloignement physique seront ajustées et que l'activité économique reprendra progressivement secteur après secteur, il sera essentiel d'évaluer la mesure dans laquelle le milieu de travail peut être adapté, autrement que par le travail à domicile, dans ces industries.

Par contre, dans les industries qui requièrent une moins grande proximité avec d'autres, une grande part des travailleurs ont effectué leur travail à domicile en avril. Cela comprend les travailleurs des services professionnels, scientifiques et techniques (75,5 %), de la finance, des assurances et des services immobiliers et de location (67,4 %), ainsi que des administrations publiques (62,6 %). Ces dernières ont enregistré moins de pertes d'emplois par rapport aux autres industries depuis février et il pourrait leur être plus facile de reprendre l'ensemble de leurs activités, que ce soit en poursuivant le travail à domicile ou en investissant possiblement dans des mesures d'adaptation du lieu de travail.

Infographie 6


Les pertes d'emploi ont été les plus grandes dans les secteurs qui requièrent
une proximité physique avec d'autres et dans ceux où le travail à domicile est moins
fréquent. Cliquer pour élargir

Les travailleurs vulnérables continuent d'être les plus touchés

En avril, les baisses de l'emploi ont continué à être plus prononcées dans les emplois les plus précaires, comme les emplois temporaires et les emplois qui ne sont pas syndiqués.

Au cours de la période de deux mois qui a suivi février, l'emploi (données non désaisonnalisées) a diminué de 17,8 % parmi l'ensemble des employés rémunérés. Une baisse plus importante que la moyenne a été enregistrée chez les employés occupant un emploi temporaire (-30,2 %), chez les employés occupant leur emploi depuis un an ou moins (-29,5 %), et chez les employés non syndiqués ou non couverts par une convention collective (-21,2 %). Des reculs prononcés ont également été observés chez les employés qui ont gagné moins des deux tiers du salaire horaire médian de 2019, lequel s'élevait à 24,04 $ (-38,1 %), et chez ceux qui sont rémunérés à l'heure (-25,1 %).

Ces résultats concordent avec les baisses observées dans les services d'hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de gros et de détail, qui comprennent des proportions plus élevées de travailleurs ayant ces caractéristiques. Malgré ces reculs, environ 1 million de personnes occupant des emplois peu rémunérés, non syndiqués et rémunérés à l'heure ont travaillé au moins une partie de leurs heures durant la semaine de référence en avril. Parmi elles, 89,1 % ont travaillé à un endroit autre que la maison. Les deux tiers des personnes ayant travaillé à l'extérieur de la maison occupaient un emploi dans les services d'hébergement et de restauration ou dans le commerce de gros et de détail, deux industries ayant une proportion relativement élevée de travailleurs dont les fonctions requièrent habituellement une proximité physique avec d'autres.

Graphique 6

Variation de l'emploi parmi les employés rémunérés selon les caractéristiques de l'emploi, février à avril 2020, Canada, données non désaisonnalisées

Le salaire moyen augmente alors que les emplois
moins bien rémunérés disparaissent

Par rapport à un an plus tôt, le salaire horaire moyen a augmenté de 10,8 % en avril, principalement sous l'effet d'une hausse de 7,3 % observée de février à avril. Cette croissance s'explique en partie par les baisses plus importantes de l'emploi dans des industries où les emplois sont relativement moins bien rémunérés, ce qui a entraîné une hausse du salaire moyen.

Depuis février, plus de la moitié de la diminution de l'emploi observée dans le secteur des services s'est concentrée dans les services d'hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de gros et de détail, deux des industries où la rémunération est la plus faible. Parallèlement, une proportion relativement plus élevée de personnes a conservé leur emploi dans des industries compatibles avec le travail à domicile, comme celles des administrations publiques et des services professionnels, scientifiques et techniques, deux des industries offrant les salaires les plus élevés.

Graphique 7

Évolution de la répartition des salaires horaires en raison des baisses de l'emploi plus importantes dans les industries où la rémunération est relativement faible, Canada,
février à avril 2020

Hausse du nombre de personnes vivant dans des familles dans lesquelles aucun membre n'occupe un emploi

Au cours de la période de deux mois ayant suivi février, le nombre de personnes âgées de 15 ans et plus vivant dans des familles économiques (qui comprennent les personnes vivant seules) dans lesquelles aucun membre n'occupe un emploi a augmenté de 23,5 % (+1 655 000) (données non désaisonnalisées).

Le nombre de personnes vivant au sein de couples dont un seul membre occupe un emploi s'est accru de 27,3 % (+1 134 000), tandis que le nombre de personnes vivant au sein de couples dont aucun des membres n'occupe un emploi a augmenté de 22,5 % (+845 000). Le nombre de parents seuls sans emploi a progressé de 53,9 % (+126 000) (données non désaisonnalisées).

Un peu plus d'un Canadien sur cinq vit dans un ménage ayant déclaré avoir de la difficulté à respecter ses obligations financières

La concentration relative des pertes d'emplois liées à la crise de la COVID-19 dans les emplois plus précaires soulève d'importantes questions quant à la capacité financière des Canadiens à s'adapter à la crise économique. Dans le but de faire la lumière sur ces enjeux, une question sur la capacité des ménages à effectuer des paiements de base, comme le loyer, l'hypothèque et l'épicerie, a été ajoutée à l'EPA d'avril.

Au cours de la semaine du 12 avril, un peu plus d'un Canadien sur cinq (21,1 %) vivait dans un ménage ayant déclaré avoir de la difficulté à respecter ses obligations financières immédiates. En 2018, la même question avait été posée dans le cadre de l'Enquête canadienne sur le logement et les résultats étaient similaires.

Bien que la proportion globale de Canadiens aux prises avec des difficultés financières immédiates soit demeurée plutôt stable, l'EPA d'avril fournit des données sur les groupes de travailleurs parmi lesquels les difficultés financières sont les plus fréquentes. Près d'un tiers (32,1 %) des chômeurs âgés de 15 à 69 ans vivaient dans un ménage éprouvant des difficultés, comparativement à 21,9 % des personnes inactives et à 17,5 % des personnes en emploi. Parmi les personnes en emploi, celles qui avaient travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles étaient proportionnellement plus nombreuses (26,1 %) à vivre dans un ménage éprouvant des difficultés que celles qui avaient travaillé l'ensemble ou la majorité de leurs heures habituelles au cours de la semaine de référence (15,3 %).

Premier portrait des demandeurs des programmes d'aide économique

Emploi et Développement social Canada a annoncé qu'en date du 19 avril, c'est-à-dire le premier jour des interviews de l'EPA d'avril, 6,7 millions de Canadiens avaient présenté une demande de PCU depuis le 15 mars.

Selon les résultats de l'EPA, parmi les personnes qui ont présenté une demande de prestations d'assurance-emploi ou une demande de PCU depuis le 15 mars, environ 6 sur 10 (59,6 %) faisaient partie du principal groupe d'âge actif des 25 à 54 ans. Environ 1 demandeur sur 5 (19,7 %) était un jeune âgé de 15 à 24 ans. Les demandeurs étaient autant des femmes (50,8 %) que des hommes (49,2 %).

Parmi les personnes de 15 à 69 ans qui vivaient dans un ménage déclarant avoir de la difficulté à respecter ses obligations financières, 21,4 % ont indiqué qu'elles avaient présenté une demande de prestations d'assurance-emploi ou une demande de PCU depuis le 15 mars. À titre de comparaison, 9,8 % des personnes qui vivaient dans un ménage déclarant qu'il était facile de respecter ses obligations financières avaient présenté une demande.

L'emploi diminue plus rapidement chez les jeunes

La COVID-19 a eu des répercussions proportionnellement plus importantes chez les jeunes Canadiens (âgés de 15 à 24 ans). En tant que groupe, ces derniers sont plus susceptibles d'occuper des emplois plus précaires dans des industries durement touchées comme les services d'hébergement et de restauration. De février à avril, l'emploi chez les jeunes a diminué de 873 000 (-34,2 %), et 385 000 autres jeunes (ce qui correspond à 1 jeune sur 4) qui ont conservé leur emploi en avril ont perdu l'ensemble ou la majorité de leurs heures de travail habituelles (données non désaisonnalisées). L'emploi a davantage reculé chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans (-40,4 %) que chez ceux âgés de 20 à 24 ans (-31,1 %), ce qui s'explique par la nature plus précaire des emplois qu'occupent les jeunes de la première catégorie.

Parmi les étudiants 15 à 24 ans en avril, le taux de chômage a augmenté pour s'établir à 31,7 % (données non désaisonnalisées), ce qui signifie que de nombreux jeunes pourraient éprouver des difficultés à continuer de payer leurs études. Chez les jeunes non-étudiants, un peu plus de la moitié d'entre eux occupaient un emploi en avril, ce qui représente une baisse comparativement aux trois quarts enregistrés en février (données non désaisonnalisées).

Les pertes d'emplois se sont réparties plus également
entre les hommes et les femmes en avril

La COVID-19 a eu des répercussions proportionnellement plus importantes chez les jeunes Canadiens (âgés de 15 à 24 ans). En tant que groupe, ces derniers sont plus susceptibles d'occuper des emplois plus précaires dans des industries durement touchées comme les services d'hébergement et de restauration. De février à avril, l'emploi chez les jeunes a diminué de 873 000 (-34,2 %), et 385 000 autres jeunes (ce qui correspond à 1jeune sur 4) qui ont conservé leur emploi en avril ont perdu l'ensemble ou la majorité de leurs heures de travail habituelles (données non désaisonnalisées). L'emploi a davantage reculé chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans (-40,4 %) que chez ceux âgés de 20 à 24 ans (-31,1 %), ce qui s'explique par la nature plus précaire des emplois qu'occupent les jeunes de la première catégorie.

Parmi les étudiants 15 à 24 ans en avril, le taux de chômage a augmenté pour s'établir à 31,7 % (données non désaisonnalisées), ce qui signifie que de nombreux jeunes pourraient éprouver des difficultés à continuer de payer leurs études. Chez les jeunes non-étudiants, un peu plus de la moitié d'entre eux occupaient un emploi en avril, ce qui représente une baisse comparativement aux trois quarts enregistrés en février (données non désaisonnalisées).

Les pertes d'emplois se sont réparties plus également
entre les hommes et les femmes en avril

Tandis que les femmes ont enregistré une part disproportionnée des pertes d'emplois en mars, les baisses observées en avril ont été plus prononcées chez les hommes, ce qui a diminué l'écart entre les sexes pour ce qui est des baisses cumulatives de l'emploi. Parmi l'ensemble de la population âgée de 15 ans et plus, les baisses de l'emploi enregistrées de février à avril se sont élevées à 1 537 000 (-16,9 %) pour les femmes et à 1 468 000 (-14,6 %) pour les hommes.

Chez les femmes du principal groupe d'âge actif, l'emploi a reculé de 790 000 (-13,2 %) de février à avril, tandis que 1 057 000 (20,3 %) autres femmes sont demeurées en emploi en avril, mais ont perdu l'ensemble ou la majorité de leurs heures de travail habituelles (données non désaisonnalisées). Les proportions étaient semblables pour les hommes du principal groupe d'âge actif ; l'emploi dans ce groupe d'âge a reculé de 773 000 (-12,0 %), et 1 049 000 (18,6 %) autres hommes de ce groupe ont perdu l'ensemble ou la majorité de leurs heures de travail habituelles (données non désaisonnalisées).

Bien que les hommes et les femmes du principal groupe d'âge actif aient connu des diminutions de l'emploi comparables dans l'ensemble, presque toute la baisse de l'emploi (92,9 %) chez les hommes du principal groupe d'âge actif de février à avril a été observée chez les travailleurs à temps plein, comparativement à 69,9 % chez les femmes. Ces résultats, combinés avec les différentes industries dans lesquelles les hommes et les femmes ont perdu leur emploi (par exemple, chez les hommes, un plus grand nombre de pertes d'emplois ont été enregistrées dans la construction, et un moins grand nombre, dans le commerce de détail), laissent supposer que les défis associés à la relance de l'économie à la suite de la crise économique liée à la COVID-19 pourraient être différents chez les hommes et chez les femmes.

Graphique 8

Variation de l'emploi selon le groupe d'âge et le sexe, Canada, février à avril 2020

Les immigrants très récents sont plus durement touchés par les répercussions de la COVID-19 sur le marché du travail

L'emploi chez les immigrants très récents (cinq ans ou moins) a diminué de façon plus prononcée de février à avril (-23,2 %) que chez les personnes nées au Canada (-14,0 %). Ces résultats sont en partie attribuables au fait que les personnes de ce groupe étaient plus susceptibles que les personnes nées au Canada de travailler dans des industries qui ont été particulièrement touchées par la crise économique liée à la COVID-19, comme les services d'hébergement et de restauration, et qu'elles étaient moins susceptibles de travailler dans des industries moins durement touchées, comme les administrations publiques.

L'emploi parmi la population totale d'immigrants reçus a reculé de 18,0 % de février à avril (données non désaisonnalisées), alors que les immigrants établis (plus de 10 ans) (-17,0 %) et les immigrants récents (plus de 5 ans jusqu'à 10 ans) (-17,4 %) s'en sont mieux tirés que leurs homologues qui sont arrivés au Canada très récemment.

Peu de différences ont été observées entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada

Comparativement à février, la baisse de l'emploi enregistrée en avril parmi la population autochtone hors réserve (-16,2 %) a été comparable à celle observée parmi la population non autochtone (-15,3 %) (données non désaisonnalisées). En 2019, le taux d'emploi parmi la population autochtone hors réserve s'est établi à 57,5 %, par rapport à 62,1 % parmi la population non autochtone. Cet écart pourrait avoir une incidence sur la capacité de ces groupes à se remettre de la crise économique liée à la COVID-19. [...]

Le lien avec le marché du travail pourrait favoriser la reprise économique

En avril, il y avait environ 5,8 millions de personnes qui n'ont pas travaillé et qui pourraient vraisemblablement retourner au travail lorsque les conditions sanitaires et économiques le permettront (données non désaisonnalisées). Parmi ces personnes, environ les deux tiers (3,8 millions) avaient un lien avec un emploi en particulier, c'est-à-dire qu'ils étaient en emploi, mais qu'ils n'ont travaillé aucune heure pour des raisons relatives à la COVID-19 ou qu'ils ont été temporairement mis à pied, ce qui signifie qu'ils s'attendaient à reprendre leur emploi au cours des six prochains mois.

Environ le tiers (2,0 millions de personnes) n'avait pas de lien avec un emploi actuel ou récent. On compte parmi ces personnes celles qui n'étaient pas en emploi pour d'autres raisons qu'une mise à pied temporaire et celles qui ne faisaient plus partie de la population active en mars ou en avril et qui ont déclaré vouloir un emploi. La proportion de personnes qui n'avaient pas de lien avec un emploi actuel ou récent était plus grande chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans (44,6 %) que chez leurs homologues du principal groupe d'âge actif (32,7 %) et que chez les personnes plus âgées (27,3 %). Les hommes (35,2 %) étaient légèrement plus susceptibles que les femmes (32,7 %) de se trouver dans cette situation.

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Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 34 - 20 mai 2020

Lien de l'article:
Enquête de Statistique Canada sur la population active, avril 2020 (extraits)


    

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