Supplément
Des
développements
importants
en Amérique latine et dans les Caraïbes
Ne
touchez
pas
au
Venezuela!
• La saisie de comptes bancaires du
Venezuela
par les États-Unis est dénoncée
• Dystopie socialiste -
Nicolás Maduro Moros, président du Venezuela
• Les États-Unis contre le
Venezuela au
Conseil de sécurité de l'ONU - Arantxa
Tirado y
Silvina Romano
• Pas de sanctions! Pas de coup!
Pas de guerre! - Eduardo Correa père et James Patrick
Jordan
Célébration
du
60e
anniversaire
de la Révolution cubaine
• Allocution de Son Excellence
Josefina Vidal,
ambassadrice de la République de Cuba au Canada
Hommage à
José Marti à l'occasion du 166e anniversaire de sa
naissance
• Notre Amérique -
José Marti
Dans ce numéro
Le Venezuela rejette les mesures
unilatérales des États-Unis
Ce supplément publie des informations sur
la
bataille en cours pour mener à bien et protéger les
efforts des peuples de notre Amérique pour favoriser les
relations amicales et de coopération entre les pays -
indépendamment des différences de systèmes
politiques, économiques et sociaux ou des niveaux de
développement -, pratiquer la
tolérance et coexister en paix en bons voisins. Avant
tout, les
gouvernements des États-Unis et du Canada, entre autres,
doivent
être tenus de reconnaître le droit inaliénable
de
chaque État de choisir son système politique,
économique, social et culturel comme condition essentielle
de la
coexistence pacifique.
À la lumière de la réunion
convoquée par le Canada à Ottawa le 4
février
du Groupe de Lima, qui s'efforce de renverser le gouvernement de
Nicolás Maduro Moro au Venezuela, LML publie
également plusieurs articles pertinents, dont un intitulé
« Pas de
sanctions ! Pas de coup ! Pas de guerre ! Ne
touchez pas
au
Venezuela ! » d'Eduardo Correa, professeur des
droits
de l'homme à l'Université autonome de Mexico, et
James
Patrick Jordan, cocoordinateur national de l'Alliance for Global
Justice. L'article discute de la militarisation de
l'Amérique
latine et des Caraïbes par les États-Unis et ceux qui
pratiquent la politique de l'apaisement envers
eux et des scénarios en préparation pour une
intervention
militaire.
Un autre article est le
discours prononcé par Son Excellence Josefina Vidal,
ambassadrice de la République de Cuba au Canada, à
l'occasion d'une réception donnée à
l'ambassade
à Ottawa le 30 janvier 2019. La réception
avait
lieu dans le cadre des célébrations du 60e
anniversaire du triomphe de la Révolution
cubaine.
Le 28 janvier a également
marqué
le 166e anniversaire de la naissance de l'apôtre de la
Révolution cubaine, José Martí. À
cette
occasion et en raison de son importance pour la lutte qui se
mène aujourd'hui, nous reproduisons le
célèbre
discours de Martí intitulé Notre
Amérique.
Ne touchez pas au Venezuela!
La saisie de comptes bancaires du Venezuela
par les États-Unis est dénoncée
Le 29 janvier, la République
bolivarienne
du Venezuela a rejeté les mesures unilatérales
prises par
les États-Unis pour prendre le contrôle des comptes
bancaires qui sont au nom de la Banque centrale du Venezuela
(BCV) et
du gouvernement vénézuélien, en tant que
partie
intégrante du coup d'État qu'ils exécutent
contre
ce pays.
Le Venezuela a qualifié ce geste de
« vol
flagrant d'une nation souveraine de ses ressources
destinées au
bien-être de son peuple, qui révèle un autre
aspect
du plan de coup d'État mis en oeuvre directement depuis la
Maison-Blanche dans le but de renverser le président
Nicolás Maduro et de s'emparer des moyens financiers et
des
ressources
naturelles du peuple du Venezuela ».
« Ce geste ne peut être décrit
autrement qu'un vol flagrant d'une nation souveraine de ses
ressources
destinées au bien-être de son peuple, qui
révèle un autre aspect du plan de coup
d'État mis
en oeuvre directement depuis la Maison-Blanche dans le but de
renverser
le président Nicolás Maduro et de s'emparer des
moyens
financiers et des
ressources naturelles du peuple du Venezuela, », a
déclaré le gouvernement dans un
communiqué.
« Des actions abusives de cette nature
devraient
alerter la communauté internationale au sujet de
l'incertitude
juridique du système financier américain, dans
lequel les
règles du jeu sont violées par le gouvernement
lui-même, sans mécanismes en bonne et due forme ni
garanties minimales pour le capital et les investissements
internationaux », indique la déclaration qui se
poursuit :
« Cet acte de piraterie commis par
l'administration Trump s'ajoute à la liste grandissante
d'erreurs commises par son gouvernement bizarre en ce qui
concerne ses
obligations internationales en matière commerciale,
environnementale, nucléaire et désormais
financière, un comportement qui sape sérieusement
son
engagement à réorganiser la
géopolitique internationale selon son bon plaisir et par
la
force.
« Le Président de la
République
bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro, évaluera
et
prendra les mesures juridiques correspondantes pour faire face
à
cette nouvelle agression et à cette obsession
impériale
non dissimulée de prendre le contrôle des ressources
pétrolières, minérales et financières
du
Venezuela. Le peuple vénézuélien va
continuer à défendre fermement sa Constitution, qui
est
la principale garantie de sa démocratie, de sa
souveraineté et de sa liberté », conclut
le
communiqué.
« Pleine souveraineté
pétrolière ! »
|
La veille, le département d'État
américain avait mis en oeuvre de nouvelles sanctions
unilatérales contre Venezuela, visant Citgo, la filiale
américaine de la compagnie pétrolière
d'État Petróleos de Venezuela (PDVSA).
Le ministre du Pétrole du Pouvoir
populaire,
Manuel Quevedo, a qualifié ce geste de « vol
effronté » des ressources du peuple
vénézuélien. Après une réunion
avec
les vice-ministres et le comité exécutif de PDVSA,
Quevedo a souligné qu'ils agiront pour protéger les
ressources de la nation, ainsi que les partenaires et les
fournisseurs
de
la compagnie aux États-Unis, afin que ces sanctions aient
le
moins d'impact possible sur le marché
pétrolier.
« Citgo est une société au
capital
vénézuélien que nous avons défendue,
et
nous ne pouvons pas permettre que le pétrole
vénézuélien soit volé, nous ne
pouvons pas
permettre à l'opposition d'utiliser les ressources
à des
fins de conspiration », a déclaré
Quevedo.
« Nous évaluons toutes les options.
Parmi
celles-ci, il y a une déclaration de force majeure avec le
marché nord-américain. Nous avons la volonté
de
maintenir les relations avec les sociétés qui ont
passé des contrats d'approvisionnement, mais nous voulons
aussi
protéger nos fournisseurs de matériaux qui ont des
contrats avec PDVSA et qui
pourraient être affectés », a-t-il dit.
Il a souligné que, dans ces conditions,
PDVSA ne
peut pas respecter certains engagements vis-à-vis de ce
marché et qu'elle cherche donc à affecter le moins
possible le marché du pétrole.
Quevedo a indiqué que Citgo est
opérationnel et que tant qu'il le sera, PDVSA ne permettra
pas
que ses ressources soient volées à des fins de
conspiration contre la République. « Nous avons
déjà fait les premiers pas », a dit
Quevedo.
Désormais, « un navire chargé de nos
ressources qui
quitte un port vénézuélien ne pourra le
faire
avant que le prix de sa cargaison n'ait été
payé ».
Dystopie socialiste
et la
réalité de notre révolution
démocratique
- Nicolás Maduro Moros,
président du Venezuela -
Les nombreuses missions bolivariennes inaugurées durant la
présidence de Hugo Chávez qui affirment par des
moyens
pratiques les droits humains des
Vénézuéliens
L'article qui suit est un texte d'opinion du
président Nicolás Maduro publié dans le
quotidien
mexicain La Jornada le 19 janvier 2019.
***
Ils combattent un socialisme qui n'existe pas.
Ils se
battent
contre une anti-utopie qui n'appartient à personne. Ils
imaginent
un
monde sans famille, sans ordre, sans marché, sans
liberté. Les libéraux
de droite du monde ont inventé un fantôme, y ont
accroché la pancarte «
socialisme », et maintenant ils le voient partout,
surtout,
à chaque
occasion, au Venezuela. Mais ça suffit.
Parce que ce socialisme qu'ils combattent n'est
pas le
socialisme
dans lequel nous communions, nous, les démocraties
inclusives,
pleines
de gens qui vivent au XXIe siècle. Notre socialisme est
particulier,
populaire et profondément latino-américain. Comme
nous
l'avons
clairement dit lors de l'Assemblée des Nations unies en
septembre
dernier : notre projet est un projet autonome de
révolution
démocratique, de revendication sociale, c'est un
modèle
et une voie à
part qui repose sur notre propre histoire et notre culture.
Et bien sûr, notre démocratie est
différente parce qu'elle n'a été
fondée ni par ni pour les élites, comme l'ont
été les démocraties
libérales d'Europe et des USA. Nous nous sommes
révoltés contre ce
modèle et c'est pourquoi nous avons proposé, il y
a 20 ans, une
démocratie à nous, fondée sur le coeur
souverain
du peuple
vénézuélien.
Ce qui se passe, c'est qu'à la fin du XXe
siècle, lorsqu'en
Amérique latine nous sommes sortis de la période
des
dictatures promues
par les USA, ils ont essayé, avec l'idée de «
démocratie libérale », de
nous refiler un paquet cadeau - comme un cheval de Troie - avec
toutes
les valeurs de leur propre concept de «
modernité ».
Mais nous voulons vous dire qu'ici en Amérique latine,
nous
avons aussi
une identité et des valeurs, et que nous voulons impliquer
nos
propres
valeurs dans notre démocratie, plutôt que celles des
autres. Pas
seulement celles de l'individu et du capital. Aussi celles de
solidarité et de communauté. Pour nous, la patrie,
c'est
l'autre.
Nous avons appris la leçon, car cela nous
est
arrivé pendant des
siècles. Au lieu d'enrichir leur propre culture avec celle
de
l'extérieur, les élites latino-américaines
et
leurs modes libérales ont
cherché en permanence à refonder l'Europe au coeur
de
l'Amérique.
Détruisant au passage et encore une fois tout ce qui
semble
différent.
Des élites
pour lesquelles nous autres, l'Indien et le noir, étions
plus
singe
qu'humain.
Nous croyons fermement en notre démocratie
latino-américaine, parce
qu'au Venezuela nous croyons en trois principes fondamentaux que
nous
respectons comme essentiels et nécessaires :
Premièrement, parce que
nous organisons des élections de manière
systématique, quotidienne et
pacifique. Au cours des 20 dernières années,
nous avons tenu 25 élections, toutes soutenues par
des
institutions et
des acteurs politiques nationaux et internationaux. Nous en avons
gagné
certaines de manière écrasante, nous en avons perdu
d'autres.
Deuxièmement, parce qu'au Venezuela, les citoyens, par le
biais
de
mécanismes de démocratie directe, fondamentalement
avec
les
organisations de quartier et les partis politiques, ont
accès
aux
ressources publiques et en ont le contrôle. Et
troisièmement, parce
qu'au Venezuela, c'est le peuple qui commande, pas les
élites.
Avant
moi, Chávez , un soldat d'origine noire et indienne qui
est
devenu le
père de la patrie, a gouverné. Aujourd'hui, le
Venezuela
est gouverné -
et pour
six ans - par un modeste syndicaliste et chauffeur de bus. Au
Venezuela
c'est le peuple qui se gouverne lui-même, car c'est son
Assemblée
constituante qui a conçu et rédigé sa propre
constitution.
Nous ne sommes pas et ne voulons pas être
un
modèle de démocratie.
Nous sommes, en revanche, la démocratie définie et
défendue par son
peuple, celle qu'il pétrit dans un effort quotidien contre
les
mensonges et les faux positifs. Une démocratie imparfaite
qui
travaille
jour après jour pour être plus juste et pour
tous.
Célébrations à la fin de la construction de
2,4
millions de logements pour la
classe ouvrière dans le cadre de la Grande Mission du
Logement
du gouvernement vénézuélien, en
décembre
2018
Les États-Unis contre le Venezuela au
Conseil de
sécurité de l'ONU
- Arantxa Tirado y Silvina Romano
-
À la demande des États-Unis, le
Venezuela
a été inclus de façon extraordinaire
à
l'ordre du jour du Conseil de sécurité de l'ONU qui
a eu
lieu le 26 janvier à New York. Sous prétexte
de la
soi-disant « crise humanitaire » au Venezuela
qui
« empêche le peuple vénézuélien
d'accéder à l'eau et aux aliments », le
secrétaire
d'État étasunien, Mike Pompeo, a basé
l'inclusion
de ce sujet sur l'article 54 de l'Organisation des
États
américains (OÉA) et l'a justifiée par la
déstabilisation de la région que suppose cette
situation.
Cet argument a été réfuté,
d'entrée,
par le représentant de la Russie, Vassily Nebenzia, qui a
déclaré que le Venezuela « n'est pas une
menace
pour la paix et la sécurité. Ce sont les actions
des
États-Unis qui sont une menace pour le
Venezuela. »
Nebenzia a dénoncé le fait que
l'inclusion de ce point viole l'article 24 de la Charte des
Nations unies concernant l'interdiction de l'usage de la force
contre
l'intégrité territoriale ou l'indépendance
publique d'un État. Les membres permanents et non
permanents du
Conseil de sécurité ont voté l'inclusion du
Venezuela à l'ordre du jour.
Le résultat a été 9 voix pour, 4
contre
et 2 abstentions, ce qui donne lieu au débat sur la
situation du pays.
Le Venezuela au Conseil de sécurité
de
l'ONU
Pour la première fois de l'histoire, le
Venezuela a été acteur au Conseil de
sécurité. À cette session ont
participé 30 pays : les 15 membres
permanents et
non permanents et 15 États qui ont demandé
à
y participer parmi lesquels la République bolivarienne du
Venezuela. Bien qu'il n'y ait pas eu de vote final car
aucune résolution n'a été
présentée,
les positions sont restées divisées : 19
pays
en faveur du dialogue et de la négociation (20 avec la
République bolivarienne du Venezuela), 17 pour
l'ingérence.
Les pays en faveur de l'ingérence ont
parlé de « l'exode » de
Vénézuéliens, de la déstabilisation
de la
région, de l'absence de légitimité du
gouvernement
de Maduro à cause de la non-reconnaissance des
élections
de mai 2018, de la soi-disant répression de
l'opposition
politique et du peuple par le gouvernement et du pari sur une
« transition démocratique ». Se sont fait
remarquer pour leur agressivité les représentants
de la
Colombie, du Pérou, du Brésil, du Chili et de
l'Argentine. Le Chili a parlé « d'ouvrir un canal
humanitaire » et le Pérou a demandé que
l'ONU
agisse en s'abritant derrière l'article 34 de la
Charte.
Les pays de l'Union européenne
membres du Conseil de sécurité, le Royaume-Uni et
la
France, ont soutenu, avec l'Allemagne, la Belgique et la Pologne,
l'ultimatum lancé par divers pays de l'Union
européenne
donnant 8 jours au gouvernement de Nicolas Maduro pour
organiser
des élections « libres ».
Les pays qui sont restés du
côté du
respect du droit international ont allégué que le
fait
que la communauté internationale reconnaisse un
président
qui s'autoproclame constitue un dangereux précédent
et
ont fait remarquer qu'il était nécessaire de sortir
du
conflit par le dialogue et par la recherche d'un accord
pacifique. La
Russie, qui s'est
fait remarquer pour avoir fait une des défenses les plus
claires de la légalité
vénézuélienne
avec Cuba et la Bolivie, a dénoncé, en outre, la
déstabilisation que l'ingérence des
États-Unis au
Venezuela représente pour l'Amérique latine et les
Caraïbes. Nebenzia a qualifié ironiquement les
déclarations du conseiller à la
Sécurité
nationale, John
Bolton, concernant la remise des biens du gouvernement
vénézuélien au gouvernement parallèle
de
Juan Guaidó de « déclaration
bolchevique » car elle suppose l'expropriation des
biens du
Venezuela.
Il a aussi dénoncé l'usage de la
«
diplomatie préventive » qui ramène
à
des justifications (défense préventive)
utilisées
par les États-Unis pour envahir l'Afghanistan.
Le représentant de la Bolivie, Sacha
Llorenti, a
énuméré les 3 axes qui sont
derrière
la déstabilisation du Venezuela par les
États-Unis :
l'intérêt pour le pétrole, le contrôle
géopolitique et la punition des pays qui ne s'alignent pas
sur
leurs politiques.
Le blocus du Venezuela se resserre
Le secteur public-privé étasunien
applique diverses tactiques pour en finir avec le chavisme depuis
des
années. Après l'échec de la tentative de
coup
d'État contre le président Hugo Chávez en
avril 2002, ces derniers temps il a parié sur
l'implosion
du chavisme par la voie de l'étranglement
économique
grâce à des sanctions et à un
blocus financier de fait qui, joint à une guerre
économique, explique dans une bonne mesure les
problèmes
qu'affronte actuellement le Venezuela. C'est une stratégie
qui
comprend de multiples facteurs et à laquelle participent
différents acteurs : elle passe par le
discrédit du
gouvernement vénézuélien dans les
médias
mondiaux et le refus
croissant de reconnaître les lois
vénézuéliennes face à
l'impossibilité que son alliée sur le terrain, une
opposition divisée et discréditée parmi la
population vénézuélienne, renverse le
chavisme
dans des élections.
Le dernier chapitre de ce mode d'emploi a
été d'avaliser un gouvernement parallèle
dirigé par Juan Guaidó, président de
l'Assemblée nationale dans l'illégalité.
Mais
certainement ce ne sera pas le dernier. Face à la
récente
investiture de Nicolás Maduro, les pressions ont
redoublé, notamment avec la possibilité de plainte
contre
le président
vénézuélien devant la Cour pénale
internationale envisagée en septembre 2018 par divers
pays
et la distorsion du droit international pour qu'il coïncide
avec
l'imposition d'institutions parallèles sans fondement
légal. Malgré la mention de l'article 233 de
la
Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
pour
justifier
l'ascension de Guaidó, on cache le fait que «
l'abandon de
poste » du président Maduro — que
l'Assemblée
nationale dans l'illégalité a déclaré
en 2017 — n'est pas réel. L'annonce du
transfert des actifs
du gouvernement vénézuélien au gouvernement
de
Guaidó est un pas de plus dans l'escalade. Un autre est la
négociation des
États-Unis avec le gouvernement de Maduro pour installer
un
chargé d'affaires après le départ des
diplomates
du pays en même temps qu'ils reconnaissent un chargé
d'affaires parallèle.
La tension augmente
Dans ce contexte d'extrême tension
où les
deux parties jouent à « tout ou rien »
à
chaque pas, il faudra être attentifs à l'usage qui
pourrait être fait de la doctrine de la
responsabilité de
protéger (R2P), adoptée en 2005 et
utilisée
par le Conseil de sécurité de l'ONU comme
couverture
légale pour intervenir en Libye en
mars 2011 grâce à la
résolution 1973. Les
États-Unis et leurs alliés parient sur l'ouverture
d'un
« corridor humanitaire » qui servirait à
faire
entrer les militaires pour des travaux soi-disant humanitaires
qui
auraient pour but ultime de prendre le contrôle du pays et
en
particulier des ressources pétrolières qui seraient
réparties entre
les compagnies étasuniennes qui se trouvent actuellement
hors de
ce négoce comme ExxonMobil. À cette
répartition
participeraient leurs partenaires européens et toute une
pléiade d'entreprises sous-traitantes de différents
rangs. Quelque chose d'identique à ce qui s'est
passé en
Irak. Les déclarations de John Bolton, de Marco Rubio et
d'autres
fonctionnaires étasuniens et l'annonce du gel des
paiements et
des actifs de PDVSA montrent le grand intérêt pour
le
pétrole brut vénézuélien.
Un autre point important : les provocations
qui
peuvent créer des étincelles dans les rues que
l'opposition n'est pas encore arrivée à prendre.
Ces
provocations peuvent comprendre une sorte d'attentat contre
Guaido qui
favoriserait les intérêts de ceux qui tirent les
ficelles
et ne verraient pas d'inconvénient à sacrifier leur
marionnette pour
atteindre des objectifs plus importants reconnus par des milliers
de
millions de dollars. En ce sens, il est symptomatique que la
Commission
interaméricaine des droits de l'homme ait pris rapidement
des
mesures préventives pour protéger Guaido et sa
famille
alors que pendant le coup d'État contre le
président Hugo
Chávez en avril 2002,
elle avait refusé de prendre ces mesures pour
protéger le
président légitime du pays.
Le rôle du Conseil de
sécurité
Le Venezuela est l'expression de la lutte
géopolitique d'aujourd'hui, mais ce ne sera pas la
dernière. La réunion extraordinaire du Conseil de
sécurité sur le Venezuela a démontré
cependant que si les États-Unis veulent entreprendre des
actions belliqueuses plus importantes contre le Venezuela, ils
devront
le faire avec l'opposition de la
majorité de la communauté internationale. Samedi
[26
janvier], à l'ONU, la décadence d'un monde
occidental
représenté par les États-Unis et les pays de
l'Union européenne qui ne respectent même pas les
règles qu'ils ont instaurées eux-mêmes
après
la Deuxième Guerre mondiale pour éviter de futurs
conflits a été mise en scène.
L'émergence d'une nouvelle
hégémonie dirigée par la
Fédération
de Russie, la Chine et d'autres pays non alignés sur les
intérêts des États-Unis qui parient sur un
nouvel
ordre mondial qui soit plus représentatif que
l'hégémonie actuelle a aussi été
évidente. Pour le moment, ce pôle alternatif est en
train
de gagner la bataille dans les
institutions multilatérales et rend plus difficile pour
les
États-Unis de faire approuver n'importe quelle sorte de
résolution qui donne son aval à l'usage de la force
envers le Venezuela dans le cadre de l'ONU ou au Conseil de
sécurité (où deux partenaires commerciaux
alliés du Venezuela ont le droit de vote, la Chine et la
Russie)
ou à l'Assemblée
générale. Nous verrons combien de temps mettront
les
États-Unis pour refuser de la reconnaître afin
d'imposer
leur manuel préconçu pour amener « la
démocratie et la liberté » au
Venezuela.
Pas de sanctions! Pas de coup! Pas de
guerre!
- Eduardo Correa père et
James
Patrick Jordan -
Manifestation en appui à la République bolivarienne
et
à son président
Nicolás Maduro le 23 janvier 2019
La menace est réelle...
Les trompettes du
changement
de régime résonnent et les tambours d'une guerre
possible
contre la démocratie vénézuélienne se
font
entendre. Des provocations d'un caractère sans
précédent menacent de plonger la région
entière dans le chaos et de frapper un coup sérieux
contre toute démocratie populaire dans le monde. Le coup
instigué de l'étranger contre le Venezuela a
débuté par un appel téléphonique du
vice-président Mike Pence au prétendant, Juan
Guaidó, qui a reçu le feu vert en tant que «
président » en attente qui n'a aucune
légitimité. La perspective d'une intervention
étrangère directe, peut-être même
militaire,
n'est plus simplement une option « sur la
table ». Elle apparaît si menaçante que
nous
devons cesser de nous demander si l'impensable est possible. Nous
devons plutôt arrêter l'impensable.
Nous devons arrêter ce coup. Nous devons
arrêter cette guerre.
Le monde entier a
été renversé par les mots inscrits sur la
tablette
jaune et exhibée « par inadvertance »
lors d'un
breffage à la Maison-Blanche par John Bolton. L'homme
à
la jaunisse a écrit ces mots de manière brouillonne
sur
une tablette de feuilles jaunes : « Afghanistan ->
Bienvenue aux pourparlers », avec, en dessous,
« 5000 soldats en Colombie ».
Était-ce un
incroyable bris de sécurité ? Ou un geste
intentionnel ? D'une façon ou d'une autre, il
s'agissait
d'une menace à peine voilée que quiconque
connaît
le contexte de la période actuelle interprétera
comme une
menace contre le peuple du Venezuela. Il n'y a pas d'autre
explication.
Et
ce n'est pas par erreur qu'une fin possible à la guerre en
Afghanistan soit combinée à une discussion sur la
possibilité de troupes en Amérique du Sud.
L'Alliance
pour la justice mondiale a publié un article le 23
janvier 2019, dans lequel on lit :
« Il existe certainement une connexion
depuis
longtemps entre les forces militaires de la Colombie et la guerre
en
Afghanistan. La Colombie a envoyé des conseillers, des
entraîneurs et des troupes d'opérations
spéciales
en Afghanistan, et il existe une histoire de transferts de
troupes
étasuniennes entre les deux pays. En fait, l'application
en
Afghanistan des leçons apprises pendant des
décennies de
guerre prolongée en Colombie est un thème souvent
mentionné par de hauts représentants militaires. En
ce
qui concerne la Syrie, l'expert vénézuélien
en
guerre non conventionnelle Jorgé Negrón Valera
écrivait en octobre 2018 qu' 'il ne faut pas
écarter
l'hypothèse d'un conflit direct.
Tout indique cependant que le premier ordre du jour du Pentagone
sera
la Syrie. Cependant, alors que nous entrons dans
l'année 2019, la situation a changé. Si les
troupes
des États-Unis venaient à être
retirées de
l'Afghanistan et de la Syrie, elles pourraient bien être
redéployées dans un conflit avec le Venezuela qui
serait
déclenché à
partir de la Colombie. »
Depuis le début de l'année, des
reportages allégués de témoins oculaires,
comprenant des photos, ont circulé et fait état de
la
présence d'hélicoptères de l'armée
des
États-Unis et de déploiement de troupes plus grand
que
d'habitude au Panama, le long de la frontière colombienne.
Au
même moment, Bolton laisse les médias voir ses notes
et le
général Mark Stammer, le commandant des Forces
armées américaines du sud est à Bogota pour
discuter de questions frontalières. En ce moment
même, la
plus grande concentration de troupes colombiennes se trouve dans
les
régions productrices de coca dans le sud du pays et le
long de
la frontière avec le Venezuela. Les deux régions
ont
reçu la
visite de l'ancien commandant du SOUTHCOM, l'amiral Kurt Tidd,
deux
fois l'an dernier, en février et en novembre. Un des
premiers
gestes du nouveau commandant, l'amiral Craig S. Faller, a
été de visiter la Colombie, également en
novembre,
deux jours après qu'il ait assumé ses nouvelles
fonctions. Dans la même veine, le nouveau président
de la Colombie, Ivan Duque, a visité en juillet dernier
les
quartiers généraux du SOUTHCOM à Doral en
Floride. Lors de la cérémonie de prise en charge du
SOUTHCOM, l'amiral Faller a dit que « nous
considérons
l'hémisphère occidental comme faisant partie de
notre
voisinage. De bons voisins bénéficient toujours
d'une
forte surveillance du
voisinage et, dans notre voisinage, la sécurité et
la
stabilité ne peuvent pas être tenues pour
acquises. »
Si nous ne pouvons pas dire avec certitude qu'il
y aura
une intervention militaire étrangère, nous sommes
témoins de mouvements et de plans qui pourraient laisser
présager ce développement sinistre. Aujourd'hui
plus que
jamais, il faut prendre position et dire Pas de sanctions !
Pas de
coup ! Pas de guerre ! Ne touchez pas
au Venezuela !
De quoi aurait l'air une intervention
militaire ?
Des détachements militaires à
l'échelle du Venezuela réaffirment leur
loyauté envers le gouvernement légitime du
Venezuela,
dirigé par le
président Maduro, et envers la révolution
bolivarienne,
le 24
janvier 2019.
De quoi aurait l'air une intervention
militaire ?
Il existe plusieurs scénarios, depuis une invasion pure et
simple jusqu'à la fermeture des frontières du
Venezuela
et aux frappes chirurgicales, et à l'appui logistique sur
le
terrain aux auteurs du coup. Nous devons nous préparer
à
toutes ces éventualités.
Les menaces d'action militaire sont
elles-mêmes
une forme d'intervention. Depuis le mantra de
Trump que « toutes les options sont sur la
table »,
jusqu'aux notes sur une tablette jaune exhibées par John
Bolton,
elles sont conçues pour intimider le gouvernement
légitimement élu du Venezuela et tous les
sympathisants
du
mouvement bolivarien. Elles sont à tout le moins des
opérations psychologiques.
Avant d'examiner les différentes
possibilités, nous devons traiter de l'affirmation voulant
que
l'intervention militaire soit peu probable parce que nous ne
sommes pas
témoins du type de mobilisation qui a
précédé les guerres contre l'Irak. Le
lieutenant-colonel Octavio Perez, un retraité de
l'armée
étasunienne, est maintenant analyste en matière
militaire pour plusieurs réseaux dont CNN, NBC, Telemundo,
et
Univision. Il explique :
« Le président a dit que c'est
vraiment
une bonne chose que le Venezuela soit si proche. De nombreux amis
journalistes me demandent où sont les porte-avions ?
Où est la marine américaine ? Le fait est
qu'à moins de sept heures du Venezuela se trouve la base
militaire de Fort Bragg, en Caroline du Nord, qui abrite
la 82e
division de parachutistes et il sait bien [le président
vénézuélien Nicolas Maduro] qu'en moins de
huit
heures, plus de 1200 parachutistes atteindront le Venezuela.
Ils
ne vont pas nécessairement atterrir à Caracas, ils
peuvent le faire à Maracay, ou à la
frontière avec
la Colombie, établir une zone de confinement pour la
'république libre' du
Venezuela et y amener Godoy [Guaidó], et à partir
de
là établir ce corridor humain pour Guaidó.
C'est
par là que les soldats entreraient, non pas pour envahir
le
pays, mais pour établir ce 'corridor
humanitaire' ».
Les promoteurs du changement de régime ont
essayé différentes méthodes sans
réussir
à renverser le gouvernement élu du Venezuela. Ils
ont
entre autres organisé des manifestations qui visaient
à
générer une grande déstabilisation
politique,
utilisé le sabotage économique par le biais des
sanctions et infiltré les formes armées du
Venezuela
avec des collaborateurs. Ils ont aussi eu recours à la
tactique
de causer des pénuries de nourriture et de
médicaments,
en accompagnant cela d'une intense campagne de propagande qui
dépeignait le Venezuela comme un pays qui n'est pas
viable. Plus
tôt cette année, une rencontre des sénateurs
de
presque tous les pays d'Amérique du Sud a
été
organisée à l'appel du sénat de la Colombie
dont
le but était d'adopter des mesures contre le gouvernement
de
Nicolás Maduro. Ces mesures comprenaient l'adoption de
lois
nationales interdisant des échanges monétaires ou
commerciaux avec ce pays.
Ces tactiques ont causé un
déplacement
social massif depuis deux ans et un exode d'importants segments
de la
population comme réfugiés. Autrement dit, la crise
humanitaire vénézuélienne est produite de
l'extérieur. Elle sert aujourd'hui de justification
à une
éventuelle intervention « humanitaire ».
Cet
argument a été un argument des
plus utiles lors de plusieurs invasions et de plusieurs guerres
dans le
monde d'aujourd'hui.
Les bases les plus dangereuses sont en Colombie
On sait quand une guerre commence, mais
pas
quand elle va se terminer et elle laisse toujours des
séquelles
qui ne se guérissent pas aisément. Une agression
par la
Colombie sera toujours considérée comme une
trahison par
les Vénézuéliens, même ceux qui
appellent au
renversement de Maduro. Une action militaire serait
vraisemblablement organisée à partir des bases
militaires
en Colombie où les États-Unis sont présents,
d'où les attaques les plus directes et les plus virulentes
pourraient être déclenchées très
rapidement.
La base la plus dangereuse est peut-être la base Forward
Operating Location (FOL) dans le département de Guajira,
entre
la capitale Riocha et la
ligne de chemin de fer qui connecte la mine de charbon de
Cerrajón et Bahia Portete. Les FOL ne possèdent pas
de
présence militaire physique directe, mais elles agissent
comme
des porte-avions sur le continent. Elles sont bien
dissimulées
et comprennent une grande piste d'atterrissage et tous les
instruments
nécessaires pour produire une
attaque-surprise d'une grande magnitude. L'essence est
stockée
dans un souterrain et les FOL comprennent des systèmes de
communication, des radars et l'arsenal nécessaire à
la
perpétration d'une telle attaque sans qu'il y ait besoin
de
retourner à une base alternative qui est située
à
des milliers de kilomètres de là. Dans ce cas-ci,
la
piste
d'atterrissage est située sur la route qui relie Riocha et
Maicao, directement à la frontière avec le
Venezuela. La
route est plate sur presque toute sa longueur. Dans un endroit
stratégique, elle s'élargit à huit voies
pendant
environ 3000 mètres.
Seule se trouve à quelque 500
mètres de la route une rancheria autochtone Wayú.
Elle
semble inhabitée. Sous les constructions de la base se
trouve un
complexe
militaire qui renferme l'arsenal, les instruments et l'essence
nécessaire pour effectuer un bombardement sur le Golfe de
Maracaibo, la région productrice de pétrole la plus
importante du
Venezuela. Cette base est à environ une minute du Golfe
par un
vol de basse altitude d'un F-16 ou d'un F-18.
Un peu plus au sud-ouest de cet endroit il y a la
base
navale de Cartagena qui peut recevoir des dizaines d'avions B-54
qui
sont capables de transporter en quelques heures tout l'arsenal
qui est
requis pour soutenir un bombardement. En plus de cet
aéroport,
il y a le port de la base navale, qui a déjà fait
l'objet
de multiples exercices militaires
« conjoints » avec la marine colombienne, afin
d'identifier la capacité de soutien de plusieurs
porte-avions,
sous-marins et de centaines de navires de différents
tonnages.
Plus au sud, le long de la rivière Magdalena, entre la
cordillère centrale et la cordillère de l'est, se
trouve
la base aérienne de Palanquero, entre La Dorada et Puerto
Salgar.
Elle est la base aérienne la plus importante de la
Colombie.
Elle comprend une piste et des hangars qui peuvent contenir des
centaines de F-16, de F-18 et plusieurs B-52 en même temps.
Cette
base est à13 minutes de vol à basse altitude du
Golfe de
Maracaibo. Il n'y a pas de montagne qui nuit à la
visibilité et requiert un vol de plus haute altitude
pour une action militaire de ce type. Un peu plus au sud, presque
dans
le même canyon qui est formé entre les deux
montagnes, se
trouve la plus importante base d'infanterie de la Colombie,
capable
d'accueillir plusieurs milliers de soldats et comprenant
suffisamment
d'espace pour mobiliser des centaines
d'hélicoptères pour
le transport de troupes
et de matériel militaire. Il s'agit de la base de
Tolemaida qui
est située en banlieue de la ville de Melgar. Il existe
quatre
autres bases militaires, qui comprennent toutes une
présence
étasunienne : Bahía Málaga, qui
comprend un
aérodrome de plus de 3000 mètres ; la
base de
Buenaventura, située au nord du seul port commercial
de la Colombie sur le Pacifique ; la base militaire de Tres
Esquinas dans le département de Caquetá, qui
possède elle aussi une piste de plus de 3000
mètres
à partir de laquelle un bombardement peut être
organisé sur des points stratégiques de Caracas,
notamment sur le Palais Miraflores ; et la base militaire de
Larandia, plus au
sud, en pleine jungle amazonienne.
Est-ce que l'OTAN fait partie de la
stratégie ?
Un des derniers gestes du gouvernement de Juan
Manuel
Santos, gagnant du Prix Nobel de la Paix, a été de
signer
un accord faisant de la Colombie un partenaire de l'OTAN.
En vertu de l'accord, toutes ses bases militaires
sont
mises à la disposition des besoins militaires de
l'Organisation
du traité de l'Atlantique Nord. Ce partenariat avec l'OTAN
resserre l'étau sur le Venezuela. En plus, compte tenu
d'un
possible appui militaire de la Russie advenant le
déclenchement
d'une invasion et de l'attitude belligérante
de l'OTAN envers la nation russe, on peut aisément
imaginer
qu'un engagement militaire pourrait être perçu comme
une
menace envers l'OTAN, et pourrait enclencher le même type
de
guerres chaudes par procuration qui se sont produites si souvent
et ont
été une caractéristique de la guerre froide.
Cette
spéculation est renforcée par l'ultimatum
que les partenaires de l'OTAN, que sont la Grande-Bretagne, la
France,
l'Allemagne et l'Espagne ont lancé au président
vénézuélien élu
démocratiquement
Nicolas Maduro, lui demandant d'appeler de nouvelles
élections.
Le Brésil est lui aussi en train de
mobiliser
une
bonne partie de son armée à la frontière
avec le
Venezuela au nom du contrôle des réfugiés qui
arrivent du pays bolivarien. La base militaire et spatiale
d'Alcántara a mené, depuis la fin de 2017, des
opérations militaires conjointes avec le Pérou, la
Colombie et les États-Unis. La stratégie
d'une invasion sur une vaste échelle est
déjà
conçue et prête. Ce pourrait être une invasion
effectuée par plusieurs armées : celles de la
Colombie, du Brésil, de l'Argentine, du Pérou, du
Chili
et même des forces de l'OTAN. La présence de
l'armée des États-Unis apparaîtrait alors
comme
modeste.
Une invasion de grande envergure n'est pas la
seule
possibilité
Une intervention militaire directe, de
grande
envergure et belligérante par des puissances
étrangères n'est pas le seul scénario
possible. Un
de ces scénarios pourrait être semblable à ce
que
nous avons vu lors de différents conflits, que ce soit en
Syrie,
en Libye et en Irak entre les guerres. Il pourrait y avoir une
combination de soi-disant
« frappes chirurgicales » sur des cibles
spécifiques, dont le but principal serait d'appuyer les
auteurs
du coup sur le terrain ou des engagements limités pour
renforcer les zones d'interdiction de vol.
Il y a d'autres options qui conviendraient
probablement
mieux à cet hémisphère. Il s'agit du
modèle
que nous avons vu à l'oeuvre lors du renversement du
gouvernement élu de Jean Bertrand Aristide en Haïti.
Les
comploteurs putschistes ont été financés,
formés, et dirigés par le gouvernement des
États-Unis et ses agents, mais ils ont agi de
manière « indépendante ». Ils ont
ensuite été appuyés par des interventions
faites
au nom de l'aide humanitaire, élargies plus tard par des
«
réponses humanitaires » aux désastres.
Un
facteur central a été l'établissement d'une
présence militaire internationale de l'ONU, qui a
été justifiée comme une intervention de
«
maintien de la
paix » bien qu'elle ait exercé une
répression
de masse sur les mouvements populaires.
Le premier objectif d'une telle intervention
militaire
serait de mettre en place des mesures de confinement. Est-ce que
les
activités des États-Unis visant à
étendre
leur modèle de militarisation des frontières et
à
développer des mesures de déploiement militaire
rapide
sur le plan international sont liées d'une manière
ou
d'une autre aux tentatives
de coup d'État au Venezuela ?
L'armée américaine est la plus
experte en
construction de bases militaires temporaires mobiles,
officiellement
à des fins d'aide humanitaire, de réponse aux
crises
naturelles ou de guerre aux narcotrafiquants. En
réalité, il s'agit d'exercices de
déploiement
rapide et de contrôle à grande échelle des
populations. En 2017, au Brésil,
Amazonlog a été le plus important exercice
militaire
international jamais tenu. Des troupes des États-Unis, de
la
Colombie, du Brésil et du Pérou y ont
participé.
Un aspect important de ces exercices était de coordonner
le
contrôle et l'opération des frontières
internationales par les militaires. Les États-Unis ont
déjà accès à des bases militaires
dans
chacun de ces pays et d'autres doivent être construites au
Brésil, au Pérou et en Argentine.
Certains pourraient dire que des
frontières
militarisées et des bases temporaires autour du Venezuela,
mais
pas à l'intérieur de ses frontières, ne
constituent pas une intervention militaire directe. Ils se
trompent.
D'abord, ces frontières et ces bases agiraient en
coordination
avec des agents militaires et paramilitaires et d'autres
participants
au coup
d'État. La capacité souhaitée d'absorber les
réfugiés et de contenir le Venezuela à ses
frontières seraient des éléments importants
du
succès d'un coup d'État.
Le coup d'État en Haïti en 2004
a
été perpétré par des dirigeants
paramilitaires qui avaient été financés et
formés dans un camp de la République dominicaine
géré par le gouvernement des États-Unis et
financé par l'Institut républicain international.
Ils ont
réussi à commettre le coup en dépit de
l'immense
popularité du président
Aristide. La crise de violence et des réfugiés a
servi
à justifier l'occupation militaire internationale. Pendant
ce
temps, Lavalas, le plus grand parti politique en Haïti, a
été interdit et n'a pas pu participer aux
élections.
Nous constatons la mise en oeuvre de certains
éléments du modèle haïtien au
Venezuela : le sabotage économique, une opposition
dont le
financement et la formation proviennent de l'étranger, et
l'utilisation de la Colombie, comme la République
dominicaine
avant elle, comme base pour la formation et les opérations
paramilitaires. On
peut aisément imaginer que ces bases temporaires et que
ces
concentrations de troupes colombiennes, brésiliennes et
péruviennes aux frontières de la Colombie
pourraient
servir à contenir les réfugiés, peu importe
le
bain de sang que la droite pourrait organiser. Et ce bain de
sang,
ainsi que le chaos économique, social et politique,
pourraient
susciter des appels mondiaux à une soi-disant «
mission de
maintien de la paix », laquelle serait fournie par
quelque
organisme respecté, sous forme de troupes d'occupations
qui
appuient le nouveau gouvernement issu du coup.
Cependant, à la différence
d'Haïti,
qui n'avait pas sa propre armée avant le coup, le
Venezuela
bolivarien et son peuple sont armés et organisés et
ont
de puissants alliés. La situation en Colombie est instable
et
pourrait nuire aux plans d'intervention.
Arrêter la menace de guerre
La situation se résume à ceci :
personne d'entre nous ne peut prévoir l'avenir. Nous ne
savons
tout simplement pas ce qui va arriver. Mais nous savons comment
influencer le cours des choses et comment arrêter certaines
choses. Nous devons bâtir un mouvement international pour
la paix
qui réclame la fin des sanctions, la fin du
coup, et dit PAS DE GUERRE CONTRE LE VENEZUELA !
Pour terminer, examinons les observations de
l'analyste
colombien Douglas Hernandez. Hernandez est le fondateur du site
web
Fuerzasmilitares.org et un collaborateur du Air and Space
Power
Journal de l'armée de l'air américaine et du
périodique militaire brésilien Segurança
&
Defesa. Dans un article de Colombie
Reports [daté du 27 septembre 2018], il dit :
« Les guerres modernes sont
multidimensionnelles
et elles ne requièrent pas nécessairement le
déploiement de navires, de chars d'assaut et d'avions,
pour
soumettre l'adversaire à votre volonté. Comme la
panoplie
d'opérations politiques, diplomatiques, économiques
et
psychologiques n'ont pas réussi à renverser le
'régime vénézuélien', il se
peut qu'on ait maintenant recours à des méthodes
directes
comme l'intervention militaire. »
Plus loin dans l'article, Hernandez laisse
entendre que
la crise au Venezuela pourrait être à l'aube d'un
tournant, quelque chose que ses ennemis ne veulent surtout pas et
qui
serait une gifle internationale pour eux. Il
écrit :
« La confiance est de retour, au point
où
plusieurs milliers de Vénézuéliens à
l'étranger ont demandé à leur gouvernement
de les
aider à retourner chez eux et, dans ce contexte, le
'Projet
retour à la maison' a été mis en marche pour
organiser leur retour et leur accorder des mesures pour faciliter
leur
réajustement social et
économique.
« Jusqu'à ce jour et en moins d'un
mois, 3 364 Vénézuéliens sont
retournés au Venezuela. C'est le seul exemple où
des
personnes qui ont quitté un pays socialiste retournent
vivre
sous une 'dictature' de leur plein gré.
« Les mesures prises par le Venezuela sont
peu
orthodoxes, de nature divergente, et contribuent
généralement à sa souveraineté
économique. Maintenant, avec la question du Petro, la
seule
crypto monnaie appuyée par un État et par les
réserves de pétrole et d'or avec lesquelles le
Venezuela
va mener ses affaires internationales, le pays a la
possibilité de reprendre la voie de la
prospérité.[...]
« Avec sa richesse qu'il pourrait convertir
en
mesures
sociales pour sa population, et en vertu d'un différent
modèle idéologique, politique et économique,
le
Venezuela pourrait devenir un « mauvais
exemple » pour
le reste du monde, et les peuples pourraient vouloir suivre ce
modèle.
« [...] Conséquemment, une vague
d'attaques
et
d'accusations a été lancée pour justifier
une
intervention militaire et chasser les Chavistas du pouvoir. Je
crois
que c'est là que réside le problème.
« Il me semble qu'une guerre entre la
Colombie et
le
Venezuela peut être évitée si la
société dans son ensemble la rejette sur la base
d'une
connaissance plus globale de la situation. »
Y aura-t-il une invasion, une occupation ou une
guerre
ouverte contre le Venezuela ? Nous ne le savons pas. Mais
pour
l'arrêter, il faut se faire entendre, se lever -
l'arrêter
avant qu'elle commence. Nous, la société
internationale,
devons la rejeter complètement.
Eduardo Correa
père est un professeur de Droits
humains à l'Université autonome de la ville de
Mexico.
James Patrick Jordan est le coordonnateur national de l'Alliance
pour
la justice mondiale.
(Alliance pour
la
Justice mondiale, 19 janvier 2019 - Traduit de l'anglais par
LML)
Célébration
du 60e
anniversaire de la Révolution cubaine
Allocution de Son Excellence Josefina Vidal,
ambassadrice de la République de Cuba au Canada
Prononcée à l'ambassade de Cuba
le 30 janvier 2019
***
Honorable Alaina Lockhart, secrétaire
parlementaire du ministre du Tourisme, des Langues officielles et
de la
Francophonie,
Monsieur le sous-ministre adjoint chargé
des
Amériques, Michael Grant,
Honorable sénateur Peter Boehm,
Distingués sénateurs,
députés, représentants du gouvernement
canadien,
ambassadeurs, hauts commissaires et collègues du corps
diplomatique,
Compatriotes cubains qui vivent et travaillent au
Canada, que ce soit à Cuba ou à l'étranger
qui
portent toujours Cuba et son peuple dans leur coeur,
Chers amis,
Mesdames et messieurs,
Tout d'abord, je
voudrais
exprimer ma profonde
gratitude à ceux qui ont envoyé leurs messages de
condoléances et de solidarité aux victimes des
dommages
causés par la tornade qui a frappé La Havane
dimanche
dernier [27 janvier]. Je suis confiante que Cuba va rebondir.
C'est un grand honneur pour
nous de vous accueillir tous ce soir à l'ambassade de
Cuba. Nous
vous sommes très reconnaissants que vous ayez bravé
le
temps particulièrement froid d'aujourd'hui pour
célébrer avec nous la Fête nationale de
Cuba.
Pour mon peuple, cette célébration
revêt une signification particulière, car nous
commémorons le 60e anniversaire du triomphe de la
Révolution cubaine, une révolution qui, comme l'a
récemment déclaré le dirigeant du Parti
communiste
de Cuba, Raul Castro, reste jeune parce que comme dès son
origine les jeunes en ont été les
protagonistes.
Le chemin parcouru jusqu'à présent
n'a
pas été facile, bien au contraire, comme Fidel
Castro
l'avait prédit à son arrivée à La
Havane
le 8 janvier 1959 quand il a averti que tout pourrait
être plus difficile à l'avenir.
À l'époque, nous devions non
seulement
supprimer les fondements de la société cubaine et
transformer radicalement le système politique et
économique du pays ; mais nous avons également
dû faire face à tous les types d'agressions et de
menaces,
tant intérieures qu'extérieures, dont certaines se
poursuivent encore aujourd'hui, comme le
blocus économique, commercial et financier imposé
par les
États-Unis, et les campagnes pour dénigrer la
Révolution et ses dirigeants.
Malgré ce contexte défavorable, le
peuple
cubain a fait des progrès importants dans ses efforts pour
bâtir une société de plus en plus juste,
inclusive,
bienveillante, libre et démocratique.
Maintenant, nous pouvons dire avec fierté
que
Cuba a atteint toute la justice sociale possible en dépit
de
circonstances nationales et étrangères
défavorables ; elle a offert sa solidarité
désintéressée aux autres pays dans le besoin
et
elle a contribué de façon décisive à
la
paix et à la stabilité dans notre région et
dans
le monde, obtenant ainsi
une reconnaissance internationale.
Aujourd'hui, Cuba peut présenter des
réalisations majeures dans le domaine des services de
santé, de l'éducation, de la sécurité
sociale, du sport, de la culture, de la sécurité
publique, dont les indicateurs sont analogues et parfois plus
élevés que ceux des pays développés.
Cela
est possible grâce à la volonté de
l'État
cubain et au fait que plus
de la moitié du budget national est allouée aux
secteurs
de la santé et de l'éducation.
Cuba a conquis des droits non seulement pour son
propre
peuple ; elle a également apporté une
contribution
précieuse à la promotion des droits humains des
autres
peuples. Les 407 000 collaborateurs cubains,
principalement
des médecins et des infirmières, qui, au cours
des 55 dernières années, ont offert leur
assistance dans 164 pays, et les 56 000
étudiants
étrangers de 137 pays qui ont étudié
à
Cuba, la plupart en médecine, en sont un témoignage
vivant.
Bien que modeste, l'économie cubaine
croît
chaque année à mesure que progresse la
modernisation de
notre modèle économique et social, avec la
détermination résolue de réaliser une
économie plus efficace et d'améliorer le niveau de
vie de
la population.
L'année 2018 a été
marquée par l'élection de notre nouveau
président,
Miguel Diaz-Canel, avec le transfert réussi des
principales
fonctions et responsabilités de l'État et du
gouvernement
aux nouvelles générations de Cubains.
Un autre événement d'une importance
primordiale a été l'approbation par le Parlement
cubain,
en décembre dernier, du projet révisé de la
nouvelle Constitution, à la suite d'une vaste consultation
populaire qui a donné près de 800 000
propositions, conduisant à des modifications
dans 60 %
des articles du projet
initial.
Ces chiffres témoignent du
caractère
démocratique authentique du processus de réforme
constitutionnelle - auquel tous les Cubains ont eu l'occasion de
participer et d'apporter leur contribution aux décisions
les
plus importantes pour la vie de la nation - qui conduira à
un
référendum le 24 février prochain.
Sur la scène internationale, Cuba a
continué de jouer un rôle clé dans la
défense de la paix et de la stabilité dans notre
région et dans le monde entier, sur la base des principes
du
respect de la souveraineté, du droit à
l'autodétermination, de la non-intervention et de la
non-ingérence dans les affaires intérieures des
États, qui sont inscrits dans la
Charte des Nations unies.
La politique étrangère de Cuba a
également été guidée par la
Proclamation de
l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix,
signée par tous les chefs d'État et de gouvernement
de la
région à La Havane en 2014.
Cette proclamation exprime notre engagement
à
favoriser des relations d'amitié et de coopération
entre
les pays - quelles que soient les différences entre nos
systèmes politiques, économiques et sociaux ou nos
niveaux de développement - et à pratiquer la
tolérance et à coexister en paix comme de bons
voisins.
Elle reconnaît également le droit
inaliénable de chaque État de choisir son
système
politique, économique, social et culturel comme condition
essentielle pour assurer une coexistence pacifique.
Dans les circonstances actuelles, ces principes
sont
très pertinents, alors que les actes d'agression et
d'ingérence s'intensifient dans notre région qui
visent
à provoquer un changement de régime au Venezuela et
au
Nicaragua et alors que le gouvernement étasunien semble
prendre
la voie de la confrontation avec Cuba, présentant notre
pays
pacifique et solidaire comme une menace pour la région, ce
qui
n'est pas le cas.
En ce qui concerne nos relations
bilatérales
avec le Canada, il y a des faits que j'aimerais souligner
aujourd'hui.
Il y a 115 ans, dans la ville de Yarmouth, en
Nouvelle-Écosse, Cuba ouvrait son premier consulat dans ce
vaste
pays. En 2020, nous célébrerons 75 ans de
relations diplomatiques ininterrompues, qui ont
résisté
à
l'épreuve du temps depuis leur établissement
en 1945.
Elles sont une expression des relations positives
de
longue date entre Cuba et le Canada, qui sont renforcées
par des
échanges de peuple à peuple et également par
des
relations politiques, commerciales, économiques et
culturelles.
Des étudiants du Grand Orchestre Grande
Rivière de Gatineau
interprètent les hymnes nationaux de Cuba et du Canada
à
l'ouverture de la rencontre.
Des résidents cubains à Ottawa
Des représentants d'organisations de solidarité de
la
région
Nos relations sont un bon exemple et un
modèle
des liens qui peuvent exister entre deux pays avec des
systèmes
politiques, sociaux et économiques différents et
à
une étape différente de développement.
En fait, les relations de Cuba avec le Canada et
ses
provinces sont une priorité pour Cuba et notre objectif
est de
les promouvoir davantage.
En 2018, des consultations politiques
bilatérales entre Cuba et le Canada ont eu lieu, qui nous
ont
permis de continuer de travailler ensemble sur des questions
d'intérêt commun afin de renforcer nos relations,
d'avoir
des échanges constructifs sur la façon de relever
les
défis communs et d'échanger les vues sur les
questions
bilatérales et
internationales, pour lesquelles nous avons des opinions et des
approches différentes, d'une manière franche et
respectueuse.
Nous avons maintenu des échanges
gouvernementaux
de haut niveau, par exemple les visites à Ottawa du
ministre
cubain du Commerce extérieur et de l'Investissement
Rodrigo
Malmierca, du ministre du Tourisme Manuel Marrero et du
vice-président de la Banque centrale de Cuba, Arnaldo
Alayón, qui a dirigé une délégation
bancaire et
financière.
De plus, les échanges interparlementaires
se
sont poursuivis avec la visite à Ottawa de la
présidente
du Groupe d'amitié Cuba-Canada au Parlement cubain, Mme
Gladys
Bejerano.
Nous apprécions particulièrement le
vote
du Canada à l'Assemblée générale des
Nations unies en faveur du projet de résolution cubain
exigeant
la fin du blocus américain contre notre pays. Le blocus
est
aujourd'hui le principal obstacle au développement de tout
le
potentiel de l'économie cubaine et, de par sa nature
extraterritoriale, il
constitue un obstacle majeur aux efforts déployés
par
Cuba pour renforcer ses relations économiques,
commerciales et
financières avec le reste du monde. Parlant de notre
dialogue
politique, je voudrais évoquer brièvement les
problèmes de santé signalés par le personnel
diplomatique canadien à La Havane.
Cuba comprend que le gouvernement du Canada a
l'obligation de protéger son personnel diplomatique en
poste
partout dans le monde et d'essayer de trouver des réponses
aux
symptômes signalés à Cuba, mais elle
considère incompréhensible la décision du
Canada
rendue publique aujourd'hui par Affaires mondiales Canada.
Réduire le personnel du Canada à
son
ambassade à Cuba et ajuster les programmes de la mission
sont
des actions qui ne permettent pas de trouver des réponses
aux
symptômes de santé signalés par les
diplomates
canadiens et qui auront un impact sur les relations.
Cette décision contraste avec le niveau,
le
statut et la présence du personnel diplomatique canadien
dans
d'autres capitales du monde où il ne jouit pas autant de
sécurité, de tranquillité, d'un
environnement sain
et de l'hospitalité qu'à Cuba.
Depuis que l'ambassade du Canada a signalé
le
premier cas, Cuba a offert de coopérer et a
collaboré
avec de nombreuses entités du gouvernement canadien. Elle
a
demandé des informations et a fourni toutes les preuves
disponibles et a mis à leur disposition les meilleurs
experts
cubains dans les domaines les plus divers.
Au cours des échanges qui ont eu lieu, il
est
devenu évident qu'il n'y avait aucune preuve pouvant
révéler des lésions
cérébrales, ni
expliquer les divers symptômes signalés, ni pouvant
indiquer que ces symptômes s'étaient produits du
fait du
séjour des diplomates concernés à Cuba.
Malgré la décision du gouvernement
canadien, Cuba reste déterminée à maintenir
le bon
état des relations bilatérales et à
renforcer les
liens avec un pays avec lequel nous entretenons des liens
étroits d'amitié et de coopération.
Dans le domaine économique, Cuba est
resté le plus grand marché d'exportation du Canada
en
Amérique centrale et dans les Caraïbes. Le Canada
demeure
le quatrième partenaire commercial de Cuba. Le commerce
total de
marchandises a atteint près d'un milliard de dollars
en 2018, ce qui représente une augmentation
d'environ 25 % par rapport à 2017.
Le Canada est également un investisseur
étranger clé à Cuba, au deuxième
rang, en
raison du nombre d'entreprises établies à Cuba.
Nous
souhaitons toutefois que davantage d'entreprises canadiennes
investissent à Cuba, et la récente décision
de mon
gouvernement d'engager la négociation d'un accord
bilatéral sur la promotion et la protection
réciproques des investissements constitue un pas important
dans
cette direction.
Les Canadiens ont continué de manifester
leur
intérêt à faire affaire avec Cuba. En
novembre
dernier, plus de 70 entreprises et représentants de
l'Ontario, du Québec et du Canada atlantique ont
assisté
au Salon international de La Havane. Nous accueillons aujourd'hui
des
hauts dirigeants et des représentants de
sociétés
et d'entités qui
travaillent avec Cuba depuis de nombreuses années, tels
que
Sherritt International, la Banque nationale du Canada,
Exportation et
développement Canada, la Chambre de commerce et
d'industrie
Canada-Cuba, la CCC, Terracam, Transat, Air Canada, Vacances Air
Canada, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec,
entre autres.
Cuba a toujours été une destination
accueillante et sûre pour les touristes, en particulier
pendant
les rudes mois d'hiver canadien. En 2018, par exemple, plus
d'un
million de Canadiens ont visité notre île pour la
huitième année consécutive.
Le Canada est également l'un des
principaux
fournisseurs d'aide au développement à Cuba dans
des
secteurs prioritaires, tels que la sécurité
alimentaire,
la modernisation de l'économie et le développement
durable.
En même temps, Cuba se félicite du
renforcement des relations avec la province de Québec, qui
a
joué un rôle important dans la promotion des
affaires, la
coopération mutuellement bénéfique et les
échanges culturels. L'ouverture du bureau du Québec
à l'ambassade du Canada à La Havane et la
création
d'un groupe de travail Québec-Cuba
illustrent bien la façon dont les liens avec les autres
provinces de ce grand pays peuvent être
développés.
Cependant, il existe encore un potentiel
énorme
et inexploré pour renforcer et élargir les
relations
bilatérales dans les domaines les plus divers, en tirant
parti
des nouvelles opportunités qui existent à Cuba en
matière d'investissement et de commerce dans des secteurs
prioritaires tels que le tourisme et les sources renouvelables de
l'énergie, de
l'agriculture, de l'agro-industrie et de la biotechnologie.
À l'avenir, il sera essentiel pour Cuba de
mettre en place une économie efficace qui réponde
aux
besoins de développement du pays et aux besoins croissants
de la
population. Et dans ce domaine, le Canada peut jouer un
rôle
important.
Cuba a hâte de voir le Canada devenir un
acteur
clé du développement de son économie au
cours des
prochaines années, pour lequel les conditions sont
réunies, compte tenu de la stabilité de nos
relations
bilatérales, des potentiels du marché canadien et
des
opportunités commerciales que Cuba offre aujourd'hui.
En résumé, il existe un
énorme
potentiel pour continuer de construire ensemble une relation
bénéfique à la fois pour les pays et les
peuples,
à laquelle notre ambassade est totalement
dévouée.
Au nom de notre personnel et en mon nom
personnel, je
voudrais remercier les fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada
(y
compris Affaires étrangères, Commerce international
et
Développement) et d'autres ministères canadiens,
comme
Agriculture et Agroalimentaire Canada et Infrastructure Canada,
le
gouvernement du Québec et
d'autres entités canadiennes, qui se joignent à
nous
aujourd'hui, pour leur soutien continu afin d'assurer
l'exécution efficace de nos tâches.
La route qui nous attend est complexe et nous
sommes
pleinement conscients des défis auxquels nous sommes
confrontés au niveau national, principalement pour mener
à bien la modernisation de notre économie. Nous
sommes
également conscients des menaces extérieures
auxquelles
Cuba est confrontée et sommes prêts à y faire
face,
ces
menaces que font planer ceux qui, malgré les échecs
répétés, ne comprennent pas qu'il n'y a
aucun
moyen de démolir un peuple généreux,
courageux et
solidaire, qui s'est battu pendant près de 100 ans
pour
parvenir à une indépendance et une
souveraineté
totales, et qui a résisté et est sorti vainqueur
pour
continuer de jouir de sa liberté.
Comme l'a déclaré le
président
cubain Diaz-Canel en décembre dernier, « 2019
sera
une année de défis, de luttes et de victoires, nous
irons
de l'avant et nous surmonterons les défis, et nous en
affronterons d'autres ».
Les Cubains qui sont avec nous ce soir et tous
nos
amis, nous continuerons à nous battre, nous
résisterons
et nous gagnerons dans nos efforts pour continuer à
édifier un pays de plus en plus juste, inclusif,
démocratique et prospère.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
Muchas gracias.
Hommage à José Marti
à l'occasion du 166e anniversaire de sa naissance
Notre Amérique
- José Marti -
José Marti
28 janvier 1853 - 19 mai 1895
|
Le villageois vaniteux croit que le monde entier
se
réduit à son village, et pourvu qu'il en soit le
maire,
ou qu'il mortifie le rival qui lui a pris sa fiancée, ou
encore
que ses économies grossissent dans sa tirelire, le
voilà
qui tient pour parfait l'ordre de l'univers, sans rien savoir des
géants aux bottes de sept lieues qui peuvent
l'écraser
sous
leur botte, ni du combat des comètes dans le ciel qui
traversent
les airs, endormies, engloutissant des mondes. Tout ce qui en
Amérique tient encore du village doit se réveiller.
Notre temps n'est pas de ceux où l'on peut se coucher la
tête dans un foulard, mais où les armes doivent
tenir lieu
d'oreiller, comme au temps des guerriers de Juan de
Castellanos[1] : les
armes
de l'intelligence, qui triomphent des autres. Des
tranchées
d'idées ont plus de valeur que des tranchées de
pierre.
Aucune proue n'est capable de fendre une
nuée
d'idées. Une idée énergique,
déployée au bon moment à la face du monde,
stoppe,
comme la bannière mystique du jugement dernier, une
escadre de
cuirassés. Les peuples qui ne se connaissent pas doivent
se
hâter de faire connaissance, comme des futurs compagnons de
combat. Ceux qui se
montrent les poings, comme des frères jaloux qui
convoitent tous
deux la même terre, lorsque l'un d'eux, pourvu d'une
modeste
demeure, envie celui qui en a une plus grande, doivent joindre,
pour
n'en faire qu'une, leurs deux mains. Ceux qui, prenant appui sur
une
tradition criminelle, ont mis en pièces, d'un sabre
coloré par le sang de leurs
propres veines, la terre du frère vaincu, le frère
châtié bien au-delà de ses fautes, s'ils ne
veulent pas que le peuple les qualifie de voleurs, doivent
restituer
ses terres à leur frère. L'homme d'honneur ne fait
point
payer en argent, à tant le soufflet, les dettes d'honneur.
Nous
ne pouvons plus désormais être ce peuple de
feuilles, qui
vit dans les
nuages, la cime chargée de fleurs, craquant ou bruissant
selon
qu'il est caressé par les fantaisies de la lumière,
ou
qu'il est fouetté et saccagé par les
tempêtes ; les arbres doivent former les rangs, pour
barrer
la route au géant des sept lieues ! C'est l'heure de
l'appel, et de la marche à l'unisson, et il nous faut
avancer en
formation
serrée, comme les filons d'argent au coeur des Andes.
Le courage ne manquera qu'aux avortons. Ceux qui
n'ont
pas foi en leur terre sont des avortons. Parce que le courage
leur fait
défaut, ils le refusent aux autres. Parce qu'ils ne
peuvent
atteindre l'arbre malaisé de leur bras débile, de
leur
bras qui arbore bracelets et ongles vernis, de leur bras de
Madrid ou
de Paris, ils disent qu'atteindre l'arbre
est impossible. Il faut charger les bateaux de ces insectes
nuisibles
qui rongent le coeur de la partie qui les nourrit. S'ils sont
Parisiens
ou Madrilènes, qu'ils aillent sur le Prado, jouer les
poseurs,
qu'ils aillent au Tortoni manger des sorbets. Ah ! ces fils
de
menuisiers, qui ont honte de ce que leur père soit
menuisier ! Ces hommes, nés
en Amérique, qui ont honte, parce qu'elle porte le tablier
indien, de la mère qui les a élevés, qui
renient,
les vauriens, leur mère malade, et l'abandonnent, seule,
sur son
lit de douleur ! Eh ! bien, qui donc se conduit en
homme ? Celui qui reste avec sa mère, la soignant
lorsqu'elle est malade, ou bien celui qui la fait travailler
loin des regards, et vit, ainsi entretenu, dans des pays de
corruption,
parmi la vermine en cravate, disant du mal du sein qui l'a
porté, et promenant l'étiquette de traître
sur le
dos de sa casaque de papier ? Ah ! ces fils de notre
Amérique, — laquelle ne se sauvera qu'avec
sesIndiens et dont
la marche va de bas en haut ; —
Ah ! ces déserteurs qui demandent un fusil dans les
armées de l'Amérique du Nord, — laquelle noie
dans le
sang ses propres Indiens, et dont la marche va de haut en
bas !
Ah ! ces délicats, qui sont hommes et ne veulent pas
faire
leur travail d'hommes ! Et ce Washington qui leur
créa
cette nation est-il donc parti vivre
avec les Anglais au temps où il les voyait marcher contre
sa
propre patrie ? Ces « incroyables » de
l'honneur,
qui le traînent sur le sol étranger, comme les
incroyables
de la Révolution française traînaient les r,
en
dansant et en faisant des mines !
Et pourtant, dans quelle patrie un homme peut-il
éprouver plus d'orgueil que dans nos républiques
douloureuses d'Amérique, élevées au milieu
des
masses muettes des Indiens, au bruit du combat entre le livre et
le
cierge, sur les bras ensanglantés d'une centaine
d'apôtres ? Jamais, à partir
d'éléments
aussi disparates, en si peu de temps
historique, ont été créées des
nations
aussi avancées et aussi compactes. L'orgueilleux se figure
que
la terre a été faite pour lui servir de
piédestal,
parce qu'il a la plume facile et le verbe coloré et, sans
appel, il accuse d'incapacité la République
où il
est né, parce que ses forêts vierges ne lui
fournissent
pas les moyens continuels de parcourir le
monde comme un notoire bon vivant, menant des chevaux persans et
faisant ruisseler le champagne.[2]
L'incapacité n'est pas le fait du pays qui vient au monde,
qui
réclame des formes adaptées et une grandeur utile,
mais
bien de ceux qui prétendent régir des peuples
originaux,
à la composition singulière
et violente, au moyen de lois héritées de quatre
siècles de libre gouvernement aux États-Unis, de
dix-neuf
siècles de monarchie en France. Ce n'est pas avec un
décret de Hamilton que le paysan
vénézuélien stoppe le coup de poitrail d'un
poulain. Ce n'est pas avec une phrase de Siéyès que
l'on
redonnera vie au sang figé de la race indienne.
C'est ce qui existe, là où l'on gouverne, qu'il
faut
prendre en considération, pour gouverner
correctement ; et
le bon gouvernant en Amérique, n'est pas celui qui sait
comment
se gouvernent les Allemands ou les Français, mais celui
qui sait
de quels éléments est fait son pays et comment il
peut
les orienter tous à la fois, pour parvenir, grâce
à des méthodes et des institutions nées du
pays
lui-même, à cet état souhaité de tous
où chaque homme se connaît et agit en
conséquence,
et où tous jouissent de l'abondance que la Nature a
disposée pour tous, dans le peuple qu'ils enrichissent de
leur
travail et qu'ils défendent de leur vie. Le gouvernement
doit
naître du pays. L'esprit du
gouvernement doit être celui du pays. La forme du
gouvernement
doit s'ajuster à la constitution propre du pays. Le
gouvernement
n'est que l'équilibre des éléments naturels
du pays.[3]
C'est pourquoi le livre importé a
été vaincu en Amérique par l'homme naturel.
Les
hommes naturels ont vaincu les lettrés artificiels. Le
métis autochtone a vaincu le créole exotique. Il
n'y a
pas
de lutte entre la civilisation et la barbarie, mais bien entre la
vaine
érudition et la nature.[4]
L'homme naturel est bon, et il respecte et donne
sa
faveur à l'intelligence supérieure, tant que
celle-ci ne
met pas à profit sa soumission pour lui nuire, ou ne
l'offense
en l'ignorant, chose que ne pardonne pas l'homme naturel enclin
à recouvrer par la force le respect de celui qui blesse sa
susceptibilité ou lèse son intérêt.
C'est
pour s'être
conformés aux éléments naturels, trop
dédaignés, que les tyrans d'Amérique se sont
hissés au pouvoir ; mais ils ont connu la chute
dès
qu'ils les ont trahis. Les républiques ont expié
dans la
tyrannie leur incapacité à connaître les
éléments authentiques du pays, à en
déduire
la forme de gouvernement et à gouverner avec eux.
Gouvernant,
pour un peuple neuf, signifie créateur.
Chez des peuples composés
d'éléments cultivés et incultes, ces
derniers
gouverneront, car ils sont rompus à faire face aux doutes
et
à les surmonter à la force du poignet, chaque fois
que
les premiers n'auront pas appris l'art de gouverner. La masse
inculte
est nonchalante, elle est timide en matière
d'intelligence, et
elle souhaite être bien
gouvernée ; mais si le gouvernement lui est
contraire, elle
le jette à bas, et gouverne elle-même. Comment les
gouvernants sortiront-ils des universités, s'il n'est pas
en
Amérique d'université où l'on enseigne les
rudiments de l'art de gouverner, à savoir l'analyse des
éléments propres aux peuples
d'Amérique ? Les
jeunes gens vont
par le monde comme des devins, pourvus de lunettes yankees ou
françaises, et ils aspirent à diriger un peuple
qu'ils ne
connaissent pas. On devrait refuser l'entrée dans la
carrière politique à ceux qui méconnaissent
les
rudiments de la politique. Les prix des concours ne doivent pas
revenir
à la plus belle ode, mais à la meilleure
étude des
facteurs
concrets du pays dans lequel on vit. Dans les journaux, les
chaires
universitaires, les académies, il faut poursuivre sans
relâche l'étude des éléments de la
réalité du pays. Ce qu'il faut, c'est les
connaître, sans oeillères ni
ambiguïtés ;
car celui qui écarte, volontairement ou par omission, une
partie
de la vérité finit par être abattu par la
vérité
qu'il a méconnue et qui, grandissant dans l'oubli, vient
détruire ce qui prétend s'ériger sans elle.
Résoudre le problème après en avoir
étudié les éléments est plus facile
que le
résoudre sans les connaître. L'homme naturel
apparaît, indigné et fort, qui
démantèle
l'échafaudage de la justice livresque, du moment qu'elle
n'est
pas administrée en
conformité avec les besoins manifestes du pays.
Connaître,
c'est résoudre. Connaître le pays, et le gouverner
en
fonction de la connaissance qu'on en a, est l'unique moyen de le
préserver des tyrannies. L'université
européenne
doit céder le pas à l'université
américaine. L'histoire de l'Amérique, des Incas
jusqu'à nous, doit être enseignée sur le bout
du doigt, quand bien même on n'enseignerait pas celle des
archontes de la Grèce. Notre Grèce est bien
préférable à la Grèce qui n'est pas
la
nôtre. Elle nous est bien plus nécessaire. Les
politiciens
nationaux doivent prendre la relève des politiciens
exotiques.
Que l'on greffe sur nos Républiques le monde entier ;
mais
que le tronc soit celui
de nos républiques.[5] Et
que se taise le pédant vaincu ; car il n'est pas de
patrie
où l'homme puisse éprouver plus d'orgueil que dans
nos
douloureuses républiques américaines.
Les pieds sur le rosaire, le visage blanc et le
corps
panaché d'indien et de créole, nous sommes apparus,
intrépides au monde des nations. Brandissant
l'étendard
de la Vierge, nous nous sommes lancés à la
conquête
de la liberté. Un curé, une poignée de
lieutenants
et une femme élèvent, au Mexique, la
République
sur les épaules des Indiens.[6]
Un chanoine espagnol,
à l'ombre de sa cape, instruit dans la liberté
à
la française, un groupe de magnifiques bacheliers, qui
désignent comme chef d'Amérique centrale, contre
l'Espagne, le général envoyé par
l'Espagne.[7] Vêtus des
habits de la
monarchie, et le Soleil au coeur,
Vénézuéliens au
Nord et Argentins au Sud se lancèrent et
soulevèrent les
populations. Quand les deux héros se heurtèrent, et
que
le continent faillit trembler, l'un d'eux — qui ne fut pas
le moins
grand — tourna bride.[8] Et comme
l'héroïsme en temps de paix est plus rare,
pour être moins glorieux que celui des temps de
guerre ;
comme il est plus facile à l'homme de mourir avec honneur
que de
penser de façon logique ; comme gouverner quand les
sentiments sont exaltés et unanimes est plus aisé
que
diriger, quand la guerre est finie, les pensées diverses,
orgueilleuses, exotiques ou ambitieuses ;
comme les puissances, foulées aux pieds dans l'assaut
épique, travaillaient à saper, avec la ruse
féline
de l'espèce et en utilisant le poids des
réalités,
l'édifice qui avait arboré, dans les
contrées
rudes et originales de notre Amérique métisse, sur
ces
peuples de va-nu-pieds à casque parisienne,
l'étendard
des peuples nourris de sève politique dans la
pratique constante de la raison et de la liberté ;
comme la
constitution hiérarchique des colonies contrariait
l'organisation démocratique de la République, comme
les
capitales à faux-col délaissaient dans les
antichambres
la campagne en botte de cheval, comme les rédempteurs
«
bibliogènes » la campagne pas que la
révolution, qui
avait triomphé grâce à l'âme du pays
qu'avait
libérée la voix du sauveur, devait être
menée
en s'appuyant sur cette âme du pays, et non pas contre elle
ni
sans elle, l'Amérique se mit à souffri, et souffre
toujours, de la difficulté d'accommodation entre les
éléments discordants et hostiles,
hérités
d'un colonisateur despotique et perfide, et les idées et
structures importées qui n'ont fait que retarder, par leur
ignorance de la réalité locale, le gouvernement
conforme
à la logique. Le continent, désarticulé
trois
siècles durant par une autorité qui refusait le
droit de
l'homme à l'exercice de sa raison, entra, en
négligeant
ou sans vouloir écouter les ignorants qui l'avaient
aidé
à se libérer, dans un mode
de gouvernement dont le fondement aurait dû être la
raison : la raison de tous appliquée aux choses de
tous, et
non pas la raison universitaire des uns imposée à
la
raison rustique des autres. Le problème de
l'indépendance
n'était pas le changement de formes, mais le changement
d'esprit.
Avec les opprimés il y avait lieu de faire
cause
commune, pour affermir le système opposé aux
intérêts et aux habitudes de domination des
oppresseurs.
Le tigre, effrayé par les coups de feu, revient pendant la
nuit
vers sa proie. Il meurt en jetant des flammes par les yeux et
battant
l'air de ses griffes. On ne l'entend pas approcher, car il
progresse avec des griffes de velours. Lorsque la proie se
réveille, le tigre est sur elle. La colonie a
continué
à vivre dans la République ; et notre
Amérique se rachète progressivement de ses grandes
erreurs — de la superbe de ses grandes capitales, du
triomphe obscur de
ses paysans dédaignés, de l'importation excessive
des
idées et des
formules étrangères, du mépris inique et
impolitique de la race aborigène —, par la vertu
supérieure, fécondée par le sang
nécessaire, de la République en lutte contre la
colonie.
Le tigre est à l'affût, derrière chaque tronc
d'arbre, tapi à chaque coin de rue. Il mourra, les griffes
battant les airs, jetant des flammes par les yeux.
Mais « ces pays se sauveront »,
ainsi
que l'annonça Rivadavia, qui fut par trop délicat
en des
temps fort rudes ; à la machette ne convient
guère
un fourreau de soie, et dans le pays que l'on a conquis par la
lance,
il n'est pas possible de reléguer la lance, sous peine de
la
voir réapparaître, peu amène, à la
porte du
Congrès
d'Iturbide[9] exigeant
«
qu'on fasse empereur l'homme blond ». Ces pays se
sauveront
parce que grâce au génie de la modération qui
semble prévaloir, grâce à la sereine harmonie
de la
Nature, sur ce continent de la lumière, et grâce
à
l'influence de la lecture critique qui a succédé en
Europe à la
lecture de tâtonnement et de phalanstère dont s'est
imprégnée la génération
antérieure,
l'Amérique voit apparaître, en cette époque
de
réalité, l'homme réel.
Nous étions un épouvantail, avec un
torse
d'athlète, des mains de petit-maître et un front
d'enfant. Nous étions une mascarade, avec nos culottes
d'Angleterre, notre gilet parisien, la jaquette d'Amérique
du
Nord et le bonnet espagnol. L'Indien muet, tournait autour de
nous,
puis partait dans la montagne, au sommet de la montagne baptiser
ses
enfants. Le Noir, traqué, chantait dans la nuit la musique
de
son coeur, solitaire et méconnu, entre les vagues et les
bêtes sauvages. Le paysan, ce créateur, se
retrouvait,
aveuglé d'indignation, contre la ville méprisante,
sa
propre créature. Nous n'étions qu'épaulettes
et
toges dans des pays qui venait au monde la sandale au pied et la
tête serrée d'un
bandeau. Le génie eût consisté à
marier,
avec la charité du coeur et la
témérité des
fondateurs, le bandeau et la toge ; à redonner vie
à
l'Indien ; à donner peu à peu au Noir une
place
satisfaisante ; à adapter la liberté au corps
de
ceux qui s'étaient soulevés et avaient
triomphé en
son nom. Nous gardâmes l'auditeur, le
général,
l'homme de loi et le prébendier. La jeunesse
angélique,
comme hors des tentacules d'un poulpe, dressait vers le Ciel sa
tête couronnée de nuées, et la voyait
retomber
chargée d'une gloire stérile. Le peuple naturel,
avec
l'énergie de l'instinct, mettait en pièces,
aveuglé par le triomphe, les cannes à pommeau d'or.
Le
livre européen, pas plus que le
livre yankee, ne fournissait la clef de l'énigme
hispano-américaine. On fit épreuve de la haine et
les
pays, au
fils des ans, se mettaient à déchoir.
Fatigués de
la haine inutile, de la résistance opposée par le
livre
face à la lance, par la raison face au cierge, et par la
ville
face à la campagne, de l'impossible domination des castes
urbaines divisées sur
la nation authentique, qu'elle tempête ou reste inerte, les
peuples commencent comme inconsciemment à pratiquer
l'amour. Ils
se lèvent et se saluent. « Comment
vivons-nous ? » se demandent-ils. Et peu à
peu,
ils se
disent les uns aux autres comment ils vivent. Quand à
Cojimar[10] surgit
un problème, ils ne vont pas chercher la solution à
Dantzig. Les redingotes sont encore françaises, mais la
pensée commence à être américaine. Les
jeunes d'Amérique retroussent leurs manches jusqu'aux
coudes,
plongent leurs mains en pleine pâte, et la font lever avec
le
levain de leur sueur. Ils comprennent que l'on imite beaucoup
trop, et
que le
salut est dans la création. Créer, tel est le mot
de
passe de cette génération. Le vin, du
bananier ; et
s'il est amer, au moins c'est notre vin ! On comprend que
les
formes de gouvernement d'un pays doivent s'accorder avec ses
éléments naturels ; que les idées
absolues,
pour ne pas être anéanties par un vice de forme,
doivent
s'exprimer sous des formes relatives ; que la liberté
pour
être viable doit être sincère et totale ;
que
si la République n'ouvre pas le bras à tout et
n'avance
pas avec tous, c'est la mort de la République. Le tigre de
l'intérieur pénètre par la fissure, ainsi
que le
tigre du dehors. Le général, pendant la marche,
règle la cavalerie sur l'allure
de l'infanterie. Ou bien, s'il laisse en arrière les
fantassins,
la cavalerie est encerclée par l'ennemi. La
stratégie,
c'est la politique. Les peuples doivent vivre en se critiquant,
car la
critique est une garantie de santé ; mais, avec un
seul
coeur et un seul esprit. Qu'on se baisse jusqu'aux malheureux et
qu'on
les lève entre ses bras ! Il faut
que jaillisse, bouillonnant et bondissant, le sang naturel du
pays ! Debout, avec le regard joyeux des travailleurs, se
saluent,
d'un peuple à l'autre, les hommes nouveaux
d'Amérique.
Les hommes d'État naturels sortent de l'étude de la
Nature. Ils lisent pour mettre en pratique, et non pas pour
copier. Les
économistes étudient la difficulté dans
ses origines. Les orateurs commencent à être sobres.
Les
dramaturges portent à la scène les
caractères
locaux. Les académies débattent de sujets
réalistes. La poésie coupe sa crinière
à la
Zorrilla et accroche à l'arbre glorieux le gilet
écarlate. La prose, étincelante et passée au
crible, se charge d'idées. Les gouverneurs, dans les
républiques indiennes,
apprennent les langues indiennes.
De tous les dangers, peu à peu se sauve
l'Amérique. Sur quelques républiques, le poulpe est
encore couché, endormi. D'autres, par la loi folle et
sublime,
les siècles perdus. D'autres, oubliant que Juarez allait
dans
une voiture tirée de mules, veulent un carrosse
aérien et
une bulle de savon comme cocher ; le luxe empoisonné,
ennemi de
la liberté, pourrit l'homme futile et ouvre la porte
à
l'étranger. D'autres purifient, dans l'esprit
épique de
l'indépendance menacée, leur caractère
viril.
D'autres encore nourrissent en leur sein, dans la guerre de
rapine
contre le voisin, la soldatesque qui peut les dévorer.
Mais
c'est un autre péril qui guette peut-être notre
Amérique ; il ne vient
pas d'elle-même, mais de la différence d'origines,
de
méthodes et d'intérêts qui existe entre les
deux
éléments du continent : l'heure est proche
où
va s'avancer vers elle, pour exiger des relations plus
étroites,
un peuple entreprenant et puissant qui la méconnaît
et la
méprise. Et comme les peuples virils qui se sont faits
eux-mêmes, à coups
de carabine et de lois, aiment, et aiment exclusivement, les
peuples
virils ; comme l'heure du débordement et de
l'ambition
(qu'évitera peut-être, grâce à l'empire
de
ce que son sang a de plus pur, l'Amérique du Nord, ou bien
vers
laquelle pourraient la précipiter ses masses vindicatives
et
sordides, sa tradition de conquête et
l'intérêt de
quelque chef habile) n'est pas encore si proche, même aux
yeux du
plus timoré, qu'elle ne laisse le temps d'éprouver,
avec
persévérance et discrétion, sa
fierté,
grâce à quoi il serait possible de faire face et de
dévier le danger ; comme sa dignité de
république impose à l'Amérique du Nord, sous
les
regards attentifs des peuples de l'Univers,
un frein que ne doit point supprimer la puérile
provocation ou
l'ostentatoire arrogance, ou encore les discordes parricides de
notre
Amérique, le devoir urgent de celle-ci est de se montrer
telle
qu'elle est, une en esprit et en dessein, en prompte
triomphatrice
d'un passé suffocant, tachée du seul sang
fécondant que la lutte contre les ruines fait
couler de ses mains, et de celui qui jaillit des veines ouvertes
par
nos anciens maîtres. Le dédain du voisin formidable,
qui
ne la connaît pas, est le péril le plus grand pour
notre
Amérique ; et il est urgent, parce que le jour de la
visite
est proche, que le voisin la connaisse, qu'il la connaisse vite,
afin
qu'il ne la dédaigne plus. Par ignorance, il
en viendrait peut-être à porter sur elle son
avidité. Grâce au respect qu'il éprouverait
après l'avoir connue, ses mains s'écarteraient
d'elle. Il
faut avoir confiance en ce que l'homme a de meilleur et se
méfier de ce qu'il a de pire. Il faut fournir au meilleur
l'occasion de se révéler et de prendre l'avantage
sur le
pire. Dans le cas contraire c'est la
domination du pire. Les peuples doivent avoir un pilori à
l'intention de ceux qui les poussent aux haines inutiles ;
et un
autre pour ceux qui ne leur disent pas à temps la
vérité.
Il n'y a pas de haine de races parce qu'il n'y a
pas de
races. Les penseurs débiles, les penseurs en chambre
ressassent
et réchauffent des races de bibliothèque, que le
voyageur
honnête et l'observateur généreux cherchent
en vain
dans la justice de la Nature, où apparaît d'abord
dans
l'amour triomphant et les appétits turbulents,
l'identité
universelle de l'homme. L'âme émane, égale et
éternelle, des corps différents en forme et en
couleur.
Il pèche contre l'Humanité celui qui fomente et
propage
l'opposition et la haine des races. Mais dans l'amalgame des
peuples se
manifestent, au voisinage d'autres peuples différents, des
caractéristiques particulières et actives dans les
idées et les
habitudes, une propension à l'extension et à
l'appropriation, à la vanité et à la
cupidité qui, d'un état latent de
préoccupations
nationales pourraient bien, lors d'une période de
désordres intérieurs ou
d'accélération des
tendances accumulées du pays, se transformer en une grave
menace
pour les pays voisins, isolés et faibles, que le pays
puissant
qualifie de décadents et inférieurs. Penser c'est
servir.
N'allons point non plus supposer, par antipathie de clocher, une
malignité innée et fatale chez le peuple blond de
ce
continent, parce qu'il ne parle pas notre langue, qu'il ne
conçoit pas sa maison comme nous concevons la nôtre,
et
qu'il ne nous ressemble pas dans ses vices politiques qui sont
différents des nôtres, qu'il ne considère pas
d'un
bon oeil les hommes bruns et bilieux, et ne regarde point avec
bonté, du haut de son piédestal encore mal
assuré,
ceux qui, moins favorisés par l'Histoire, gravissent par
héroïques échelons le chemin des
républiques ; il ne faut pas non plus escamoter les
données concrètes du problème qu'il est
possible de résoudre, en vue d'une paix séculaire,
grâce à l'étude opportune et l'union tacite
et
urgente de l'âme continentale. Et déjà, en
effet,
retentit l'hymne de l'unanimité ; la
génération actuelle porte sur ses épaules,
sur le
chemin ensemencé par ses sublimes aïeux,
l'Amérique
des travailleurs ; du Rio Bravo au détroit de
Magellan,
assis sur le dos du condor, le Grand Semi a répandu, par
les
nations romantiques du continent et par les îles
douloureuses de
l'océan, la semence de l'Amérique
nouvelle.[11]
El Partido Liberal, Mexico (30-1-1891)
Notes
1. Juan de Castellanos est l'auteur des Elegías de varones ilustres de Indias,
publiés en 1589. Dans ce poème, qui est
certainement
l'un des plus longs qui aient jamais été
écrits,
il brosse un tableau très coloré et
détaillé de la Conquête et de la colonisation
de
l'Amérique,
notamment en Nouvelle-Grenade. Il semble bien avoir connu les
débuts de l'histoire de l'île Fernandine,
c'est-à-dire Cuba.
2. C'est un coup de cravache qui cingle ici le dos
des
intellectuels et artistes latino-américains qui
préfèrent le confort des capitales
européennes, au
lieu de partager avec leurs compatriotes d'Amérique le
rude
travail de la reconstruire. Ce sont ceux aussi qui courbent le
dos et
baissent la tête devant le puissant
voisin du Nord.
3. Passage capital où Martí
réagit
contre la tendance des nouvelles républiques
américaines
à copier ingénument les institutions
européennes
ou nord-américaines. Manuel Galich note que « nos
constitutions de la première heure sont, presque toutes,
et
à une variante près, des copies de la constitution
des
États-Unis, et dans toutes, la base est la
Déclaration
française des Droits de l'Homme ». Il
s'agissait
ainsi pour Martí de combattre aussi le «
colonialisme des
institutions ». On trouvait ce thème chez
Bolivar
(Discours de Angostura, 1819) : « N'est-il pas
dit
dans l'Esprit des lois que celles-ci doivent être propres
au
peuple qui
est en cours de formation ?...que les lois doivent se faire
en
fonction de la réalité physique du pays, du climat,
de la
qualité de sa terre, de sa situation, de son
étendue, du
genre de vie de sa population ? »
4. Allusion très claire au titre de
l'ouvrage de
Sarmiento, Facundo (1845). Roberto Fernández Retamar
souligne
l'impossibilité qu'il y a à être à la
fois
d'accord avec Facundo et avec Nuestra América . L'article
de
Martí est un dialogue implicite avec les thèses de
Sarmiento. Sur la notion de «
civilisation » chez Martí, on peut lire
notamment : « Una distribución de diplomas en
un
colegio de Estados Unidos » (1883), O.C., t. 8,
p. 442. Sur Sarmiento vu par Martí, voir la lettre
à
F. Valdés Domínguez du 7 avril 1887
(O.C.,
t.20, p.325). Mais il ne publia rien sur lui lorsqu'il mourut
en 1888, sauf quelques mots dans une
lettre
à E. Estrázulas du 26 octobre 1888. En
revanche, Sarmiento avait écrit la même année
et
publié à Buenos Aires une lettre élogieuse
sur
Martí. En reversant la célèbre dichotomie de
Sarmiento, Martí prend la défense des Indiens, et
cela
fait penser au génocide
ordonné par Rosas, que Sarmiento justifie
théoriquement.
Sur les thèses ethnocides de Sarmiento, lire :
Conflicto y
armonías de las razas en América, justification
préalable de ce qu'on a appelé «
l'héroïque conquête du
désert ».
Voir à ce sujet l'essai de Manuel Galich :
Acotaciones a
Nuestra América (in Casa,
no. 68).
5. Il est intéressant de noter le point de
vue
similaire de José Carlos Mariátegui qui
écrivait
dans Aniversario y balance (in Ideología y
política,
Lima, 1969) : « Nous ne souhaitons certainement
pas que
le socialisme en Amérique soit une copie ou un calque. Ce
doit
être une création héroïque. Nous
devons donner vie, avec notre réalité propre, dans
notre
langue propre, au socialisme
indo-américain. »
6. Allusion au « cri de
Dolorès » (15 septembre 1810). Dans l'Age
d'Or,
Martí écrit : « Le Mexique
possédait
des femmes et des hommes courageux qui n'étaient pas
nombreux,
mais valaient bien davantage : une demi-douzaine d'hommes et
une
femme préparaient les moyens de
libérer leur pays. » Il s'agit du curé
de
Dolorès, Don Miguel Hidalgo y Castilla, des officiers
espagnols
soulevés avec lui, Abasolo, Allende, Aldama, etc., et de
l'épouse du Corregidor Domínguez.
7. Le 15 septembre 1821, le parti
créole du Guatemala poussa le capitaine
général
Don Gabino Gaínza à convoquer une Assemblée
qui
décida la séparation d'avec la Couronne espagnole.
Gaínza fut designé chef du nouveau
gouvernement ; de
là, la formule de Martí : « contra
España
(el) general de España ».
8. « Les deux héros » sont
évidemment Bolivar et San Martín. C'est à la
suite
de l'entrevue de Guayaquil qui dura deux jours (26-27
juillet 1822) que San Martín laissa le champ libre
à
Bolivar. On ne doit pas oublier ce que Martí écrit
dans
l'Age d'Or : « Ces trois hommes sont
sacrés :
Bolivar, du
Venezuela ; San Martín, du Río de la
Plata ;
Hidalgo, du Mexique. » Lire à cet égard,
les
chroniques qu'il leur a consacrées.
9. Sur Rivadavia et Iturbide, on peut se reporter
à la note, très pertinente et dense, d'A.
Joucla-Ruau
dans José Martí — Notre Amérique, op.
cit.,
pp. 161-162.
10. Cojimar est une localité située
à quelques kilomètres au nord-est de La Havane.
11. Se reporter pour l'ensemble de l'argumentation
de
cet essai fondamental, au Prologue de Cintio Vitier.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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