La réforme électorale en
Colombie-Britannique - Les intérêts privés des
partis de l'establishment ou investir les citoyens du pouvoir
- Peter Ewart -
Cela fait longtemps que les Britanno-Colombiens
cherchent à mieux contrôler la politique et
l'économie de la province et leurs représentants à
l'Assemblée législative. En effet, cette volonté a
souvent été exprimée dans les plateformes
électorales des candidats ouvriers datant de la fin des
années 1800 et comprend des appels au droit
de révoquer les députés et de lancer des
initiatives, le droit de vote des femmes et une forme de
représentation proportionnelle pour remplacer le système
électoral majoritaire à un tour.
À la fin des années 1800, un type de
système sans parti existait en Colombie-Britannique, avec
comme résultat l'élection de candidats principalement
indépendants. Les candidats ouvriers ont commencé
à être élus à l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique dans le cadre de ce
système sans parti et c'est alors que les grands
partis - libéraux et conservateurs - ont été
introduits, accompagnés de leurs agents. Puis en 1903, le
système a été remplacé par le
système dominé par les partis qui existe aujourd'hui et
est soutenu par l'élite du monde des affaires.
Au fil des années, les
travailleurs, les femmes, les peuples autochtones, les petites et
moyennes entreprises et d'autres secteurs de la population, qui
souhaitent avoir plus de pouvoir de décision dans les affaires
politiques et l'économie de la province et veulent le renouveau
démocratique, se sont opposés à ce système
dominé par les partis, qui
fonctionne comme un cartel.
Les partis de l'establishment ont réagi en
s'obstinant à maintenir le système électoral
actuel avec tous ses privilèges ou, comme c'est souvent le cas,
à ne le changer que d'une manière qui les favorise au
détriment de leurs rivaux. Dans les deux cas, la raison des
changements n'a jamais été le renouveau
démocratique et investir l'électorat du
pouvoir, mais bien de maintenir la domination des partis.
Il y a beaucoup d'exemples du comportement de cartel
des partis politiques de l'establishment dans l'histoire de la
Colombie-Britannique et du Canada. Par exemple, afin d'empêcher
la Fédération coopérative du Commonwealth (FCC) de
prendre le pouvoir lors des élections de 1952 en
Colombie-Britannique, la coalition
libérale/progressiste-conservatrice a mis en place un
système de «
vote préférentiel » pour remplacer le scrutin
majoritaire à un tour, une décision qui, pensaient-ils,
leur permettrait de s'accrocher au pouvoir. Mais cela s'est
retourné contre eux et le nouveau Parti du crédit social
a surpris tout le monde en formant un gouvernement minoritaire.
Après seulement neuf mois au pouvoir, pour les
mêmes raisons intéressées, le nouveau gouvernement
du Crédit social a ramené le système uninominal
à un tour et a déclenché une nouvelle
élection où il a remporté la majorité avec
seulement 38 % des suffrages et a gouverné pendant
les 21 années suivantes.
Lors des élections provinciales de 1991,
afin de renforcer sa popularité en chute libre et de
répondre aux demandes du public pour une reddition de compte
plus grande, le gouvernement du Crédit social a organisé
un référendum pour permettre aux citoyens de
révoquer les députés provinciaux et de lancer des
« pétitions
d'initiative » de projets de loi pour « proposer de
nouvelles lois ou apporter des modifications aux lois
existantes ». Plus de 80 % des électeurs
ont voté oui pour et le projet de loi a été
introduit
plusieurs années plus tard par un gouvernement
néodémocrate.
Le droit de révoquer les députés
et de lancer des initiatives constituait un pas en avant, modeste mais
positif dans la lutte des Britanno-Colombiens pour s'investir du
pouvoir électoral. Mais, à cause de la mentalité
de parti cartellisé, le gouvernement néodémocrate
a conçu le projet de loi de telle sorte qu'il était
presque impossible pour les
électeurs de l'utiliser. En effet, au cours des 23
dernières années, aucun député n'a
été révoqué malgré plusieurs
tentatives et une seule initiative citoyenne a été
couronnée de succès (le référendum
de 2011 a rejeté la taxe de vente harmonisée (TVH)).
La même chose s'est produite en 2005
et 2009 avec les référendums sur le vote unique
transférable (VUT) qui ont été provoqués
par le mécontentement persistant des citoyens envers le
système électoral. Bien que le processus visant à
recommander un autre système de vote par le biais d'une
assemblée de citoyens choisie au
hasard ait constitué une avancée positive, le
gouvernement libéral a relevé le seuil d'approbation du
VUT à 60 % plutôt qu'à 50 %. Le
référendum de 2005 n'a donc pas abouti à un
vote en faveur du Oui, malgré une nette majorité
(57 %) des voix.
Au niveau fédéral, reflétant
l'attitude intéressée des partis cartellisés
envers la réforme électorale, le gouvernement
libéral de Trudeau a lancé après les
dernières élections un processus qui était
censé se traduire par le remplacement du système
uninominal majoritaire à un tour. Or, quand il est apparu que le
processus n'aboutirait pas au système
que privilégiaient les libéraux, Trudeau l'a brusquement
annulé, malgré l'opposition du public.
Bien que toute cette histoire
démontre que les Britanno-Colombiens s'efforcent d'avoir plus de
contrôle sur leur vie, il est clair que pour atteindre cet
objectif ils doivent avoir leur propre programme pour s'investir du
pouvoir et réaliser le renouveau démocratique. Ils ne
peuvent pas compter sur les partis cartellisés pour faire
avancer les
choses. Bien au contraire, les partis cartellisés ont
montré à maintes reprises leur crainte que les
électeurs s'investissent du pouvoir et leur intention de
toujours
limiter ou de contrecarrer ce pouvoir, tout en prétendant
l'appuyer. Ils craignent même des formes rudimentaires de
processus démocratiques comme les référendums
(l'accord de
Charlottetown de 1992 et la TVH en 2011, par exemple) ou
même des modifications mineures au système
électoral susceptibles de leur faire perdre le contrôle et
de permettre aux gens de prendre des mesures indépendantes.
Du 22 octobre au 30 novembre 2018, les
Britanno-Colombiens voteront sur la possibilité de remplacer le
système uninominal majoritaire à un tour par une
représentation proportionnelle. Il est important de garder
à l'esprit que les trois partis de l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique défendent leurs
propres
intérêts étroits sur la question de quel mode de
scrutin ils vont appuyer et promouvoir.
Mais pour les Britanno-Colombiens, ce
référendum offre une occasion de saisir l'initiative, de
voter Oui à la représentation proportionnelle et de
prendre position pour pouvoir participer à ce qui suivra. Ce
serait un
résultat positif et un pas en avant pour investir les citoyens
du pouvoir.
La Cour d'appel fédérale annule
l'approbation de l'expansion du pipeline Trans Mountain
- Peggy Morton -
Célébration de la décision de la Cour d'appel
fédérale à Victoria, le 30 août 2018
Le 30 août 2018, la Cour d'appel
fédérale a rendu sa décision dans l'affaire
Tsleil-Waututh Nation c. Canada et a annulé l'approbation du
projet d'expansion du réseau Trans Mountain par le gouvernement
Trudeau. La vente du pipeline Trans Mountain existant au Canada a
été néanmoins approuvée par les
actionnaires de
Kinder Morgan le lendemain, à un coût de 4,5
milliards de dollars.
Le grand chef de l'Union des chefs
indiens de la Colombie-Britannique, Stewart Phillip, prend la parole
à
Vancouver après l'annonce de la décision de la Cour
d'appel fédérale.
Dans une décision unanime, la juge Dawson
écrit que le Canada n'a pas respecté son obligation
d'engager des consultations avec les Premières Nations, ce qui
était « loin de répondre aux
exigences fixées par la Cour suprême du
Canada ». Le gouvernement Trudeau a omis « d'engager
un véritable dialogue et de se pencher
sur les réelles préoccupations des demandeurs autochtones
de manière à être en mesure de rechercher des
mesures pour y répondre », lit-on dans cette
décision. Le gouvernement a également commis une «
erreur cruciale » en fondant sa décision sur un
rapport de l'Office national de l'énergie qui, en violation de
sa responsabilité
d'examiner les effets environnementaux négatifs d'un projet,
refusait de prendre en compte le transport maritime.
Cette décision de la Cour d'appel
fédérale était la réponse à quatorze
demandes de contrôle judiciaire distinctes qui ont
été entendues en même temps en septembre 2017.
Les demandeurs étaient la nation Tsleil-Waututh, la nation
squamish, la bande Coldwater, Aitchelitz, Skowkale, Shxwa :y
Village, Soow Ahlie, la première
nation Squiala, Tzeachten, Yakweakwioose, Skwah, Kwaw-Kwaw-Aplit et
Ts'elxweyeqw Tribe et autres (Sto : lo), la bande Upper Nicola et
les Stk'emlupsemc te Secwepemc de la Nation Secwepemc, ainsi que les
organisations environnementales Living Oceans, Raincoast Conservation
Society, représentées par Ecojustice, les villes de
Vancouver et de Burnaby et la province de la Colombie-Britannique.
La Cour a statué que, dans son rapport et ses
recommandations, l'Office national de l'énergie n'avait pas
fourni au « gouverneur en conseil » les informations
et les évaluations nécessaires concernant les
effets environnementaux du projet et l'intérêt public en
général. Elle a déterminé également
que l'Office national de l'énergie avait
conclu à tort que l'article 79 de la Loi sur les
espèces en péril ne s'appliquait pas à
l'examen des effets de la circulation des navires-citernes liés
au projet.
Les partis cartellisés au pouvoir et dans
l'opposition à Ottawa et en Alberta ont réagi à la
décision de la cour en se blâmant les uns les autres et en
refusant de prendre la responsabilité de leurs propres faits et
gestes. Les libéraux ont blâmé le gouvernement
Harper, le gouvernement albertain a accusé les libéraux,
Jason Kenney a accusé Rachel
Notley et ainsi de suite. Pendant deux ans, ces partis ont tous
répété, sous une forme ou une autre, le mantra que
le processus de « consultation » pour l'approbation de
l'expansion du réseau de Trans Mountain était
irréprochable. Quiconque n'était pas d'accord
était un élément marginal et s'ils refusaient de
se taire, ils pourraient être réduits
au silence... « dans l'intérêt national ».
Le gouvenrement du Canada et celui de l'Alberta se sont
maintenant
engagés du bout des lèvres à répondre aux
exigences énoncées par la cour, ce qui implique de
refaire la phase III du processus de consultation et mener une
évaluation environnementale de la circulation des
navires-citernes, en particulier en ce qui concerne la population des
épaulards en voie de
disparition. Les gouvernements Trudeau et Notley ont tous deux
indiqué clairement que, tout en respectant les exigences de la
cour, ils poursuivront « toutes les options » pour
construire le projet d'expansion du réseau Trans Mountain.
Les médias et les rapports gouvernementaux ont
cherché à prétendre que l'interprétation
des obligations du gouvernement en matière d'évaluation
environnementale et de son devoir de consulter et de prendre des
mesures pour répondre aux préoccupations des peuples
autochtones était nouvelle ou différente. Or, ce
n'est pas le cas. Les
libéraux de Trudeau ont simplement décidé que le
processus d'approbation du projet d'expansion du réseau Trans
Mountain se ferait conformément aux changements apportés
par le gouvernement Harper pour limiter le processus de consultation et
qui pourrait y participer. Ils ont affirmé qu'ils avaient
corrigé ce processus en ajoutant des consultations,
ce qui signifie que les gens pourraient donner leur avis sur une
décision déjà prise. Les opinions
seraient enregistrées et transmises aux décideurs qui
pourraient ou non les lire.
La cour a souligné ce qui était
évident : ce n'etait pas une «
consultation » et cela ne répondait pas aux normes
établies par les cours dans de nombreuses décisions
concernant l'obligation de consulter et de répondre aux
préoccupations des peuples autochtones.
Pour sa part, le gouvernement Trudeau a
démontré un mépris total envers son obligation de
consulter et de répondre aux préoccupations des
peuples autochtones et la responsabilité de l'Office national de
l'énergie de considérer les effets négatifs
environnementaux. Il a balancé des dizaines de milliers de pages
de documents à la tête des peuples
autochtones et a exigé une réponse dans un délai
de quelques semaines. Il a reçu leur réponse mais n'a pas
répondu à leurs préoccupations. En plus d'adopter
le processus imposé par le gouvernement Harper qui limitait la
participation au processus de l'Office national de l'énergie, le
gouvernement a promis de procéder à un nouvel examen et a
nommé un comité chargé de l'examen. Ce
comité a produit un rapport que beaucoup de gens ont
considéré comme répondant à leurs
préoccupations, mais à peine trois semaines après
la publication du rapport, le gouvernement a approuvé
l'expansion du réseau Trans Mountain sans répondre
à une seule des préoccupations soulevées dans le
rapport.
Même les fonctionnaires du gouvernement ont dit que le processus
d'approbation ne tenait pas la route.
Les partis cartellisés au pouvoir et dans
l'opposition sont bien conscients des précédents
juridiques importants établis par les nombreuses contestations
judiciaires lancées par les peuples autochtones pour
défendre leur souveraineté et leur droit d'être. Le
gouvernement Trudeau a approuvé le pipeline en violation de la
loi. À l'instar du
gouvernement Harper avant lui, dont l'approbation du projet Northern
Gateway a été annulée, le gouvernement Trudeau
utilise les pouvoirs de police sous forme de prérogative
ministérielle pour violer le droit constitutionnel, qui ne peut
être modifié par le recours à des pouvoirs
arbitraires. Sa tentative de déclarer que les décisions
qui favorisent les
intérêts privés sont dans «
l'intérêt national » a été
déjouée.
Or, le gouvernement fédéral de Trudeau et
le gouvernement albertain de Notley ont tous deux réagi avec
des déclarations qui démontrent une intention de
poursuivre avec leurs manières frauduleuses. De plus, comme nous
l'avons indiqué, cette décision n'a pas eu d'incidence
sur l'achat par les libéraux du pipeline Trans Mountain de
Kinder
Morgan pour 4,5 milliards de dollars.
Félicitations à tous ceux qui se sont
battus pour faire annuler cette approbation. Les Canadiens vont
certainement continuer de se battre pour obliger ce gouvernement
moralisateur à rendre des comptes, comme tous les autres qui
s'empressent de remettre les avoirs du peuple à des
intérêts privés. Ces pratiques corrompues du
gouvernement
libéral pour payer les riches dépassent ce que ses
prédécesseurs, libéraux et conservateurs, ont
réussi à faire jusqu'à présent.
C'est un signe que les intérêts
privés étrangers exercent leur emprise sur le Canada et
que les gouvernements canadiens à tous les niveaux sont
incapables d'agir indépendamment. Ce sont les travailleurs et
leurs alliés autochtones qui prennent la responsabilité
de l'édification nationale. Ils ne vont pas abandonner.
Rassemblement à Vancouver, le 30 août 2018, après
la
décision de la Cour d'appel fédérale
(Photos : UBCIC, M. Worthing,
Greenpeace)
Un nouveau monument pour glorifier l'intégration
de l'Ontario aux guerres d'agression des États-Unis
Dans un communiqué distribué le jour de
la Fête du travail, la Coalition pour la paix de Windsor
déclare : « En plus d'être résolument
antiouvrier et antisyndical, le gouvernement Ford semble aussi vouloir
être le champion des guerres d'agression menées sous la
direction des États-Unis. Le 27 juin, le premier ministre
de
l'Ontario Doug Ford, a annoncé que son gouvernement veut
ériger à Queen's Park un deuxième monument
dédié aux soldats qui ont servi en Afghanistan.
Le communiqué émis par le bureau de Ford mentionne
« les sacrifices de nos compatriotes canadiens pour
protéger nos valeurs et nos libertés ». Il
existe déjà un
monument commémoratif ontarien sur le terrain de
l'Assemblée législative qui commémore ceux et
celles qui ont servi dans les missions militaires canadiennes, y
compris en Afghanistan. Pourquoi un autre ?
Ford dit qu'un autre monument servirait à
« envoyer un message sans équivoque aux
générations futures au sujet des héros de
l'Afghanistan et de leurs sacrifices au nom de tous les Canadiens, de
peur oublier ».
La Coalition pour la paix de Windsor explique que la
phrase « de peur d'oublier », qui est souvent
répétée lors des cérémonies du Jour
du souvenir au Canada, vient d'un poème composé
en 1897 par l'auteur britannique Rudyard Kipling, dont le titre
est Chant de retraite. Dans ce poème, l'auteur rappelle
les exploits
militaires passés de l'empire britannique dans les pays qui
aujourd'hui sont l'Irak et le Liban. Dans un élan nostalgique,
il souhaite que l'empire britannique puisse continuer de dominer les
pays où l'opposition est celle de « races
inférieures » parlant des « langues
sauvages », soit les peuples conquis, mais non soumis qui
rejettent leur
subjugation. La même année, Kipling a aussi
rédigé le poème White Man's Burden (Le
fardeau de l'homme blanc) où il parle de vos « peuples
récemment conquis, les peuples sauvages, errants, mi-diables,
mi-enfants ».
Le fait de dédier un deuxième monument
plus particulièrement à ceux et celles qui ont combattu
dans la guerre en Afghanistan n'a rien à voir avec le souvenir,
affirme la Coalition pour la paix de Windsor. « On cherche
à associer le gouvernement Ford à l'appui aux forces
militaires et aux guerres d'agression dirigées par les
États-Unis. Cela
laisse présager qu'avec le gouvernement Ford la militarisation
de la vie civique en Ontario va s'intensifier, et nous devons nous y
opposer », dit la Coalition pour la paix.
Celle-ci dénonce la suggestion que
ce monument reflètera les valeurs des Ontariens, surtout des
jeunes, qui sont contre la guerre. « Le fait de déclarer
que l'appui à la guerre est une valeur canadienne n'y changera
rien », ajoute la Coalition.
Pour contacter la
Coalition pour la paix de Windsor : windsorpeace@hotmail.com ou
sur Facebook.
Le mur des anciens combattants de l'Ontario à Queen's Park
érigé en 2016
(Photos: LML)
La revendication d'arrêter le Cercle de feu
est entièrement juste
- Kaella-Lynn Recollet -
Piquetage d'information du 6 septembre 2018 pour exiger l'arrêt
du projet du Cercle de feu
La revendication des Anichinabés d'arrêter
le Cercle de feu est entièrement juste.
La terre du peuple anichinabé, Anichinabé
Aki, qu'on appelle aussi le Nord de l'Ontario, a été
l'objet de la déprédation des monopoles miniers et
forestiers et des oligarques qui les contrôlent depuis les
premiers jours de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Ils ont
systématiquement exploité les ressources
d'Anichinabé Aki et ont extrait
d'immenses richesses pour les financiers au sud du Canada et dans les
centres industriels coloniaux et impérialistes sans tenir compte
des intérêts des Anichinabés ni de ceux de la terre
et
de l'eau.
Les oligarques et leurs
compagnies minières salivent à la perspective de soutirer
de 60 à 100 milliards de dollars de minerai du Cercle
de feu. Pour les gouvernements ontariens, libéral et
conservateur, le Cercle de feu est une poule aux oeufs d'or qu'il faut
exploiter afin de se sortir de la crise.
La question principale concernant le Cercle de feu
est : qui décide ? Les compagnies minières et
le gouvernement ontarien veulent décider de toutes les
principales questions eux-mêmes et le rôle qu'ils veulent
réserver aux Anichinabés en est un de consultation et
cela, sur des questions sans trop d'importance.
Minimalement, les Anichinabés doivent donner
leur consentement libre et éclairé avant tout
développement des ressources du Cercle de feu. En fait, ils
doivent avoir les pleins pouvoirs décisionnels sur ses
territoires ancestraux.
Contrairement aux secteurs économiques comme
l'agriculture, la pêche et la foresterie, dont les pratiques
d'élevage et de pousse peuvent se renouveler et ainsi subvenir
aux besoins des générations à venir, le secteur
minier n'est pas renouvelable. Dès que le minerai est extrait de
la terre, il est transformé à condition que son transport
soit
économiquement viable pour les compagnies minières.
Dès qu'il est exporté vers les centres industriels, la
ressource ne revient plus au point de départ de
l'activité économique qui ne sera pas renouvelée
pour la survie des générations futures.
Il est donc de la responsabilité des
Anichinabés et des travailleurs qui habitent aussi sur la terre
d'Anichinabé Aki de veiller à ce que les ressources du
Cercle de feu soient exploitées de sorte à contribuer au
bien-être économique et spirituel des Anichinabés.
Si le Cercle de feu est développé selon le bon vouloir
des oligarques et de leurs
compagnies minières, les intérêts des
Anichinabés et de la Terre Mère seront mis aux rancarts.
Que le délai soit de cinq ans ou de cinq cents ans, il importe
que tout développement du Cercle de feu soit fait en ayant avant
tout les intérêts des Anichinabés au centre.
Le
chrome, comme le nickel, est un matériau de guerre
stratégique indispensable à
la fabrication de l'acier inoxydable. Il n'y a pas de source
économiquement viable de chrome en ce moment dans les
Amériques. La machine de guerre américaine dépend
du Zimbabwe, du Kazakhstan et de l'Inde pour s'approvisionner. Le
développement du Cercle de feu fournirait les États-Unis
de façon fiable. Nous avons une responsabilité
sociale de veiller à ce que nos ressources ne servent pas
à des fins bellicistes, mais plutôt au bien-être
matériel des êtres humains. Rappelons-nous que la
Première Guerre mondiale n'aurait pas eu lieu sans le nickel de
Sudbury alors qu'Inco fournissait à la fois l'Angleterre et les
Allemands en nickel nécessaire pour la fabrication de leurs
navires de
guerre, leur artillerie, leurs chars d'assaut et leurs autres machines
de destruction et de mort jusqu'à ce que les États-Unis
participent à cette guerre.
Les mines, la foresterie et la plupart des autres types
industriels de développement économique n'ont jamais
bénéficié au peuple anichinabé. Les
opérations minières antérieures des mines Bruce et
de la baie de Mica ont tué la végétation,
empoisonné l'air et les cours d'eau et fait fuir les animaux ou
pire encore. Rien n'a changé depuis deux
décennies. Le mercure s'infiltre toujours dans la rivière
English de Grassy Narrows. Il y a de nombreux autres exemples de la
destruction de l'environnement et du mode de vie ancestral
anichinabé. Nous avons besoin de pouvoirs décisionnels
sur tout notre territoire pour assurer un développement
économique dont on peut bénéficier et qui
intègre
la science et la technologie modernes à nos coutumes
ancestrales. Je crois que la classe ouvrière des villes
industrielles dans Anichibabé Aki doit aussi avoir un pouvoir
décisionnel sur les développements de ses
communautés. On ne doit pas permettre aux oligarques miniers de
mettre en place des usines sidérurgiques qui peuvent être
cancérigènes à seulement quelques centaines de
mètres d'une communauté établie comme ils ont
tenté de le faire à Coniston, dans la Grande
région de Sudbury. Je salue les communautés de Coniston
et de la Grande région de Sudbury qui se sont regroupées
pour se mettre en action et faire échec aux tentatives
d'établir une entreprise industrielle
dans leur communauté sans leur consentement.
La question clé dans le développement du
Cercle de feu est : qui décide ? Les oligarques
miniers veulent imposer leurs conditions pour le développement
du secteur minier. Pendant ce temps, les Anichinabés et les
travailleurs qui vivent dans les villes et les villages industriels
partout en Anichinabé Aki sont la cible de pots-de-vin, de
coercition et d'intimidation pour qu'ils acceptent les
conditions des oligarques miniers comme la seule façon de faire.
C'est inacceptable. Les Anichinabés, ainsi que la classe
ouvrière des villages et des villes industriels, doivent avoir
le pouvoir de choisir le type de développement économique
qui leur sera bénéfique. Nous avons besoin
du pouvoir décisionnel sur nos terres et territoires. En
attendant, je dis : Arrêtez le Cercle de feu !
(Photos : LML. Traduit de
l'anglais par LML)
L'industrie laitière florissante de l'Alberta
montre
le besoin de défendre la gestion de l'offre
- George Allen -
Des producteurs laitiers du Québec et de l'Ontario manifestent
sur la colline du Parlement à Ottawa le 2 juin 2016 pour exiger
la protection de la gestion de l'offre présentement
menacée par les nouveaux accords commerciaux que le Canada
signe.
Les forces de la réaction aux États-Unis
et au Canada tentent depuis de nombreuses années de
démanteler le système de gestion de l'offre du Canada, en
partie par aplaventrisme devant Trump. Il s'agit d'une attaque
flagrante contre les agriculteurs et les travailleurs canadiens qui
aura des conséquences désastreuses sur leur mode de vie
et
sur les collectivités qu'ils desservent avec leurs produits et
services.
Bon nombre de produits agricoles relèvent du
système de gestion de l'offre au Canada. Prenons l'exemple de
l'industrie laitière florissante de l'Alberta. Au début
des années 1970, les produits laitiers sont devenus le
premier produit au Canada à exploiter un système national
de gestion de l'offre, géré par la Commission canadienne
du
lait. Les organisations de producteurs agricoles se sont
tournées vers les gouvernements provinciaux pour créer
les offices de commercialisation, comme Alberta Milk.
Établi en 2002, Alberta Milk
représente les producteurs laitiers de l'Alberta. Il est
principalement financé par les producteurs, par les cotisations
obligatoires des membres qui ne peuvent être modifiées que
si elles sont approuvées par un
vote majoritaire des producteurs autorisés. La mise en commun du
transport du lait est exploitée
sur une base de recouvrement des coûts, tous les producteurs
partageant le même coût. Alberta Milk finance des
activités de recherche, de nouvelles initiatives et
d'éducation nutritionnelle (par exemple dans les écoles)
et s'efforce de fournir aux producteurs laitiers des informations et
des commentaires précis et opportuns sur l'industrie
laitière.
D'autres systèmes de gestion de l'offre agricole fonctionnent de
manière similaire.
Alberta Milk et les autres commissions agricoles et
offices de commercialisation provinciaux du Canada sont des
organisations contrôlées par les producteurs qui ont
été créées pour répondre aux besoins
des producteurs canadiens et rendre compte aux producteurs réels
du prix de la valeur produite. Ils s'opposent au dogme des cercles
dirigeants selon lequel la main mystérieuse du «
marché libre » peut fixer des prix «
équitables », même lorsque tous les secteurs de
l'économie sont dominés par des monopoles qui manipulent
les prix pour satisfaire leurs intérêts étroits.
Les systèmes de gestion des approvisionnements ont une longue et
louable réputation de maintenir
des prix stables et uniformes pour les producteurs, les transformateurs
et les consommateurs, ce qui garantit un approvisionnement constant et
certain en produits de qualité et élimine le recours
aux subventions. Par exemple, depuis
février 2001, 100 % des revenus des producteurs
laitiers de l'Alberta proviennent du
marché.
L'Alberta est le quatrième producteur de lait au
Canada et représente 8,2 % de l'ensemble de la
production laitière au pays. En Alberta, on estime que
l'industrie laitière soutient une activité
économique de plus de 2,5 milliards de dollars. Avec la
valeur ajoutée provenant de toutes les autres activités
de transformation et de
fabrication de produits laitiers, l'industrie laitière de
l'Alberta a contribué 1,27 milliard de dollars à
l'économie provinciale en 2005 (derniers chiffres
disponibles), ce qui en fait le deuxième segment en importance
de la province.
Les produits agricoles commercialisés par le
biais de systèmes de gestion de l'offre jouent un rôle
important dans la vie des gens. Par exemple, plus de 10 000
Albertains dépendent du lait pour leur subsistance, notamment
des producteurs laitiers, des vétérinaires, des
nutritionnistes, des chercheurs, des professeurs, des consultants,
des fonctionnaires du gouvernement, des vendeurs d'équipement,
des camionneurs qui transportent le lait, de nombreux travailleurs qui
oeuvrent à la transformation et à la vente au
détail.
Des producteurs laitiers du Saguenay exigent que tout nouvel accord de
l'ALÉNA protège le système de gestion de l'offre.
En fait, le secteur laitier est un contributeur
dynamique et constant dans chaque province canadienne. Les produits
laitiers sont l'un des deux principaux secteurs agricoles dans 7
des 10 provinces canadiennes. La contribution du secteur au PIB
était de 19,9 milliards de dollars en 2016. Le nombre
total d'emplois a
diminué au niveau des exploitations agricoles, mais s'est accru
dans la transformation à valeur ajoutée, se situant
autour de 220 936 emplois. En 2015, l'industrie
laitière canadienne a versé 3,8 milliards de dollars
en taxes locales, provinciales et fédérales.
Les dommages causés par l'élimination des
systèmes de gestion de l'offre agricole du Canada
seraient probablement semblables aux dommages causés par le
démantèlement en 2012 par Harper du guichet unique
de la Commission canadienne du blé (CCB). Les restes de la CCB
appartiennent maintenant à un monopole américain et
à l'Arabie
Saoudite, un transgresseur en série des droits humains. Comme
c'était le cas avant la création de la CCB en 1935,
les monopoles agricoles tels que Richardson's et Glencore
contrôlent à nouveau le marché du blé
canadien. Comme ce fut le cas avec la destruction de la CCB, la
destruction des systèmes de gestion de l'offre au Canada
constituerait clairement un autre coup dur porté à la
pensée, à la conscience sociale et au progrès
humain.
À titre d'information
La croissance et la puissance des oligopoles
Les extraits suivants qui proviennent d'articles du New
York
Times
(NYT)
révèlent certaines
caractéristiques de la
croissance des oligopoles et
de la domination qu'ils exercent sur la classe ouvrière et
l'économie.
La domination de l'oligarchie financière sur l'économie
se reflète dans
la destruction de la politique où le pouvoir est
concentré entre les mains de quelques-uns, les
intérêts privés sont
politisés et le corps politique détruit. L'absence de
pouvoir de la
grande majorité de la population atteint une ampleur sans
précédent.
De l'article du NYT intitulé «
Les mille milliards de dollars d'Apple sont le reflet de la
montée des puissantes mégacompagnies »
Apple a atteint [le 2 août] une
valeur de marché de
plus de 1 000 milliards de dollars, une étape
importante qui montre
comment un groupe d'immenses compagnies est parvenu à dominer
l'économie des États-Unis.[...] Aujourd'hui, un groupe
plus restreint
de sociétés américaines détient une plus
grande part des
bénéfices totaux des entreprises.
[...]
L'impact
de
ce
phénomène a été
évident sur les marchés boursiers, où une bande de
sociétés dont le nom
est très connu - dirigée par Apple, Amazon, Facebook et
Google - a
alimenté les hausses du marché boursier depuis neuf ans,
la deuxième
plus longue depuis celle qui s'est terminée en 2000.
Mais les effets de la consolidation des profits des
entreprises
vont bien au-delà des marchés boursiers - et ils ne sont
pas bénins.
Les économistes, par exemple, commencent à se demander si
la montée des
entreprises dites superstars contribue à la croissance
médiocre des
salaires, à la diminution de la classe moyenne, à
l'inégalité
croissante des
revenus aux États-Unis et à la vaste influence sociale et
politique que
ces mégacompanies exercent...
Au cours des dernières décennies, la
répartition des profits des
entreprises entre les compagnies américaines s'est
profondément
modifiée. En 1975, 109 entreprises ont engrangé
la moitié des profits
générés par toutes les entreprises cotées
en bourse. Selon une étude
menée par Kathleen M. Kahle, professeur de finance à
l'Université de l'Arizona, et René M. Stulz,
économiste à l'Ohio State
University, ces gains sont à l'heure actuelle saisis par
seulement 30
compagnies.
Le [31 juillet], Apple a annoncé la publication
d'un bénéfice
trimestriel élevé, ses profits ayant atteint 11,52
milliards de
dollars, en hausse de près d'un tiers par rapport à la
même période de
l'année précédente.
[...]
La différence entre comment cela coûte aux
entreprises américaines
pour fabriquer leurs produits et le prix de vente de ces produits - un
indicateur de la puissance des entreprises sur leurs marchés -
est à
son plus haut niveau depuis au moins 1950, selon un rapport
de 2017
publié par deux économistes, Jan De Loecker de
Princeton et Jan Eeckhout de University College London.
Plus de trois quarts de toutes les industries
américaines sont
devenues plus concentrées depuis 1980. [Les chercheurs ont
lié le
regroupement des entreprises à l'inégalité
croissante des revenus.] Les
économistes se sont entendus pour dire que la tendance à
la
concentration des entreprises en termes de la taille des compagnies et
de leur
saisie des profits est réelle et peut durer longtemps. «
Le nombre
d'articles écrits sur ce sujet d'une semaine à l'autre
est
remarquable », selon David Autor, professeur
d'économie au
Massachusetts Institute of Technology, qui a étudié le
phénomène.
La consolidation est particulièrement
prononcée dans le secteur de
la technologie, où un groupe de grandes entreprises efficaces
domine
désormais les secteurs à plus forte croissance et les
plus dynamiques
de l'économie des États-Unis. Lorsque l'iPhone a
été introduit en 2007,
il a rapidement transformé la façon dont la
société interagit
avec la technologie. Plus de 1,4 milliard de
téléphones ont été vendus
depuis.
Apple et Google réunis fournissent
désormais le logiciel à 99 % de
tous les téléphones intelligents. Facebook et Google
accaparent 59
cents de chaque dollar dépensé en publicité en
ligne aux États-Unis.
Amazon exerce une domination absolue sur les achats en ligne et prend
de l'ampleur, rapidement, dans des domaines tels
que la diffusion en continu de musique et de vidéos.
Mais la tendance ne se limite pas à la
technologie.
Aujourd'hui, près de la moitié des actifs
du système financier
américain sont contrôlés par cinq banques. À
la fin des années 1990,
les cinq plus grandes banques contrôlaient un peu plus du
cinquième du
marché. Au cours des dix dernières années, six des
plus grandes
compagnies aériennes des États-Unis ont fusionné
en trois. Quatre
sociétés contrôlent désormais 98 %
du marché américain du sans-fil et
ce chiffre pourrait tomber à trois si T-Mobile et Sprint sont
autorisées à fusionner.
La consolidation engendre des profits. « Celui
qui reste est plus
rentable et peut générer des rendements plus
élevés pour les
investisseurs », soutient la professeure Pelina Larkin de
l'Université
York à Toronto, qui a étudié l'impact du
regroupement d'entreprises sur
les marchés financiers...
Cette année, cinq sociétés
technologiques - Facebook, Apple,
Amazon, Netflix et la société mère de Google,
Alphabet - ont livré
environ la moitié des gains réalisés par l'indice
Standard & Poor's
des 500 sociétés cotées à la bourse.
Apple est la seule entreprise avec
une valeur de marché de 1 billion de dollars, mais Amazon
cette année la talonne de près. Elle est actuellement
évaluée à plus
de 880 milliards de dollars...
Et sur le marché du travail, les chercheurs ont
lié la
consolidation des entreprises à l'inégalité
croissante des revenus et à
la part décroissante de la richesse nationale qui va aux
travailleurs.
La soi-disant part de l'économie qui revient aux travailleurs a
diminué
aux États-Unis et dans d'autres pays riches depuis les
années 1990, ce
qui
coïncide avec la tendance à la concentration des
entreprises. Et ce
déclin a été le plus marqué dans les
industries les plus consolidées...
D'autres économistes soutiennent qu'avec moins
d'entreprises dans
un secteur donné, il y a simplement moins de concurrence pour
les
travailleurs et, par conséquent, peu de pression pour accorder
des
hausses de salaire aux travailleurs. Cela peut être
particulièrement
vrai dans les industries où les compétences sont
hautement
spécialisées, car il
est plus difficile pour les travailleurs de chercher un meilleur
salaire ailleurs. Des recherches récentes ont mis en
évidence des
exemples de complicité d'entreprises visant à maintenir
les salaires
bas en acceptant de ne pas faire du maraudage parmi les travailleurs de
chaque entreprise et en insérant des dispositions dans les
contrats des
travailleurs
qui leur interdit de se joindre à leurs concurrents.
Certains, à gauche, poussent la critique plus
loin en affirmant que
le renforcement du pouvoir des entreprises se traduit par une plus
faible application des lois antitrust, des limites plus souples sur les
contributions aux campagnes électorales et une baisse des taux
de
syndicalisation. Les entreprises, de ce point de vue, ne font pas
qu'engranger
des profits plus importants que par le passé, mais elles se
sentent
aussi moins obligées de partager le butin avec les travailleurs.
De l'article du NYT intitulé « Les
salaires ne suivent pas la hausse des profits et les prix grugent les
gains salariaux »
Depuis le début du siècle, la part de la
main-d'oeuvre dans les
revenus du pays a atteint les niveaux les plus bas depuis des
décennies.
En 2000, lorsque le taux de chômage est
tombé en dessous de 4 %,
les entreprises ont soutiré 8,3 % du revenu total du
pays sous forme de
profits tandis que les salaires et traitements dans l'ensemble de la
population active représentaient environ 66 %.
Maintenant, le taux de chômage est à
nouveau autour de moins
de 4 %. Mais les bénéfices des entreprises
représentent 13,2 % des
revenus du pays. La rétribution remise aux travailleurs est
tombée
à 62 %.
Si la part des travailleurs n'avait pas diminué,
ils auraient
eu 532 milliards de dollars supplémentaires, soit
environ 3 400 dollars
chacun, a déclaré Jared Bernstein, conseiller
économique de l'ancien
vice-président Joseph R. Biden Jr...
Salaires des
employés en pourcentage du revenu national
Bénéfices
des entreprises en pourcentage du revenu national
Les chèques de paie des travailleurs
représentent beaucoup moins du
revenu total du pays depuis la dernière récession et les
profits des
entreprises en représentent plus.
De l'article du NYT intitulé «
Est-ce que les entreprises vedettes et l'effet Amazon remodèlent
l'économie ? »
Deux des faits économiques les plus importants
de ces dernières
décennies sont qu'une poignée d'entreprises
extraordinairement
prospères dominent davantage de secteurs industriels et que les
salaires, l'inflation et la croissance demeurent obstinément
bas...
Les principaux économistes se demandent si le
« monopsone » - le pouvoir considérable de
quelques employeurs
fusionnés [1]
- fait partie du problème de la faible croissance des salaires.
Ils
cherchent à savoir si les « superstars » qui
dominent de nombreuses
industries
de pointe sont responsables de dépenses d'investissement
médiocres. Et
ils cherchent à savoir s'il existe un « effet
Amazon » dans lequel les
algorithmes de prix en rapide évolution du détaillant en
ligne et de
ses concurrents signifient de plus grandes fluctuations de
l'inflation....
Lors d'un colloque annuel au Grand Tetons (Wyoming),
les dirigeants
de la Réserve fédérale et d'autres banques
centrales ont discuté et se demandent si la consolidation des
entreprises pouvait avoir de
larges implications pour la politique économique.
« Il y a quelques années, les
spécialistes avaient étudié de
manière très technique les questions de pouvoir des
monopoles, sans les
relier aux questions plus larges qui animent la politique
économique »,
a déclaré Jason Furman, économiste à la
Kennedy School of Government de
Harvard... « Ces dernières années, il y a eu une
explosion
de recherche qui permet de démanteler ces murs. »
Les responsables des banques centrales ont tendance
à ne pas courir
derrière les dernières tendances en recherche, comme l'a
dit M. Furman.
Mais eux aussi luttent de plus en plus avec la possibilité que
les
détails de la manière dont les entreprises sont en
concurrence et
exercent un pouvoir importent beaucoup pour le bien-être
général de
l'économie.
Bien que ces sujets apparaissent plus souvent dans les
débats sur
la politique antitrust ou sur la réglementation du marché
du travail,
ils peuvent également avoir des incidences sur le travail des
banques
centrales. Par exemple, si le pouvoir concentré des entreprises
exerce
une pression vers le bas sur la croissance des salaires...
Esther George, présidente de la Federal Reserve
Bank de Kansas
City, hôte de la conférence, a été
intriguée par la faiblesse des prêts
accordés aux petites et moyennes entreprises au cours des
dernières
années, même en période de reprise
économique. Elle et son équipe ont
cherché à savoir si la concentration croissante du
secteur bancaire
parmi une poignée de géants pouvait être une
cause...
Alan Krueger, un économiste de Princeton, a fait
valoir que le
pouvoir de monopsone fait probablement partie du casse-tête
apparent de
la faible croissance des salaires. Selon ses estimations, les salaires
devraient augmenter de 1 à 1,5 point de pourcentage
plus rapidement
qu'ils ne l'étaient, compte tenu des taux d'inflation et de
chômage récents.
Lorsque les travailleurs ont peu d'employeurs
potentiels parmi
lesquels choisir, ils ont peut-être moins la capacité de
demander des
salaires plus élevés, et il devient plus facile pour les
employeurs de
limiter les salaires, que ce soit par des accords explicites ou des
signaux plus subtils...
Un autre article de l'économiste de Harvard,
Alberto Cavallo,
montre que les algorithmes utilisés par Amazon et d'autres
détaillants
en ligne, avec leurs prix constamment ajustés, peuvent
entraîner de
plus grandes fluctuations de l'inflation en cas de fluctuations des
taux de change ou d'autres chocs...
M. Cavallo a écrit : « Les prix des
carburants, les fluctuations
des taux de change ou toute autre force influant sur les coûts
pouvant
entrer dans les algorithmes de tarification utilisés par ces
entreprises auront probablement un impact plus rapide et plus important
sur les prix de détail que par le passé. »
« La stagnation des salaires n'est pas un
casse-tête », a déclaré
Marshall Steinbaum, un chercheur émérite de l'Institut
Roosevelt, qui a
pris la parole lors d'une table ronde organisée par le groupe
d'activistes Fed Up, à l'extérieur de l'auberge où
se tenait le
symposium de la Réserve fédérale. « La
recherche de pointe nous dit
exactement
ce qui se passe, et pourtant la Fed semble envisager cela pour la
première fois. »
Note
1. Définition d'un
monopsone selon Investopedia :
Qu'est-ce qu'un «
monopsone » ?
Un monopsone, parfois appelé monopole de
l'acheteur, est une condition de marché similaire à un
monopole. Cependant, dans un monopsone, un gros acheteur, pas un
vendeur, contrôle une grande partie du marché et fait
baisser les prix. Un monopsone se produit lorsqu'une seule entreprise a
un pouvoir de marché grâce à ses facteurs de
production. L'entreprise est le seul acheteur pour plusieurs vendeurs
et réduit le prix des produits ou services du vendeur en
fonction du montant ou de la quantité demandée.
Dans les situations où des monopsones se
produisent, les vendeurs se livrent souvent à une guerre des
prix pour attirer les clients de l'acheteur, ce qui fait baisser le
prix et augmente la quantité. Les vendeurs qui sont pris dans un
monopsone peuvent se retrouver dans une course vers le bas et perdre
tout pouvoir qu'ils avaient auparavant sur
l'offre et la demande.
Par exemple, certains économistes ont
accusé Ernest et Julio Gallo - un conglomérat
d'établissements vinicoles et de producteurs de vin -
d'être un monopsone. La société est si grande et a
tellement de pouvoir d'achat sur les producteurs de raisins que les
vendeurs n'ont pas d'autre choix que d'accepter les conditions de
l'entreprise.
Exemples de monopsones
Les monopoles prennent différentes
formes, mais ils se produisent le plus souvent lorsqu'un seul employeur
contrôle tout un marché du travail. Lorsque cela se
produit, les vendeurs, en l'occurrence les employés potentiels
(qui vendent leur capacité de travailler), sont en concurrence
pour les quelques emplois disponibles en acceptant des
salaires plus bas, ce qui réduit les coûts des
employés pour l'entreprise.
L'industrie technologique est un exemple de ce type de
monopsone. Avec seulement quelques grandes entreprises technologiques
sur le marché qui ont besoin d'ingénieurs, de grands
acteurs tels que Cisco et Oracle ont été accusés
de collusion et de choisir de ne pas se faire concurrence en termes de
salaires pour des postes techniques. Cela
rabaisse les salaires, de sorte que les grandes entreprises
technologiques réalisent des coûts d'exploitation plus
faibles et des profits plus élevés.
[La manipulation des prix du marché
découle du pouvoir des oligopoles de déterminer ces prix.
Dans cette situation, les prix du marché peuvent différer
de leur prix de production. L'économie étant une chose
objective, toute déviation des prix du marché par rapport
à leur prix de production pour favoriser les
intérêts privés étroits de
certains oligopoles a des conséquences négatives
profondes et devient un facteur de crise économique. La valeur
objective qu'exigent les oligopoles en termes de prix du marché
en fonction de leurs propres intérêts privés doit
provenir de quelque part de l'économie au détriment de
l'ensemble et de certains secteurs, par exemple Gallo
Winery qui porte atteinte à ceux qui sont forcés de
vendre leur produit à Gallo à des prix de marché
éventuellement inférieurs à leur prix de
production. - note de la rédaction du LML]
Opposition à l'offensive
antisociale
Des activistes de Calgary s'organisent en
réponse à la fermeture de Greyhound
Un groupe d'activistes de Calgary qui s'est
donné pour nom Prairies for Public Buses (les provinces des
Prairies pour des autobus publics) a entrepris de mobiliser la
population pour contrer la fermeture imminente d'un certain nombre de
lignes d'autobus de Greyhound Canada. Pour commencer, le groupe a tenu
un rassemblement et une
discussion animés l'après-midi du 3 septembre au
McDougall Centre à Calgary. Au cours de l'action
couronnée de succès, les participants ont pris position
contre la privation des Canadiens des services d'autobus nationaux et
régionaux essentiels. Presque tous les participants ont
exprimé leur point de vue pendant la discussion,
défendant le
droit de tous les Canadiens à un service d'autobus abordable et
sécuritaire.
Greyhound, qui appartient
à un énorme monopole britannique appelé
FirstGroup, a annoncé le 9 juillet que sa fermeture
arbitraire inclurait toutes les lignes d'autobus en Saskatchewan, en
Alberta, au Manitoba et dans le nord de l'Ontario sauf une en
Colombie-Britannique. Les routes sont fermées car, selon
Greyhound, elles ne sont plus
rentables. C'est la seule base, la seule raison, pour cette
décision. Si l'entreprise réussit à faire ce
qu'elle veut, l'exploitation des bus sur ces routes cessera le 31
octobre et 415 travailleurs perdront leur emploi.
La réaction à l'annonce de Greyhound
le 9 juillet a été rapide. Beaucoup ont
souligné que les zones rurales perdraient un service de
transport à bas prix très important pour les personnes
âgées, les étudiants, les moins nantis et les
personnes souffrant de problèmes de santé. D'autres ont
souligné que l'arrêt des services mettrait en danger
les femmes et les filles autochtones vivant dans des zones
reculées, les privant ainsi de moyens de transport sûrs et
fiables pour se rendre à leurs rendez-vous médicaux.
Toute la situation met en évidence le fait que les
décisions commerciales privées qui affectent
l'intérêt public ne doivent pas être prises
unilatéralement, mais doivent être placées
sous le contrôle politique populaire.
Par ailleurs, le 9 août, le syndicat des
transports en commun (ATU) a tenu une conférence de presse
à Ottawa. Le président canadien de l'ATU a affirmé
que la fermeture serait catastrophique pour environ deux millions de
passagers et que dix mille passagers quotidiens dépendaient de
Greyhound. Il a souligné que « trouver un moyen
de transport alternatif » pourrait être dangereux,
à l'exemple des nombreuses femmes autochtones disparues ou
assassinées sur la « route des larmes »
(Highway of Tears) entre Prince George et Prince Rupert, en
Colombie-Britannique. Il a réclamé une action
immédiate du gouvernement et un dialogue avec le ministre des
Transports.
Malheureusement, comme le savent la plupart des travailleurs, les
gouvernements fédéral et provinciaux ne se soucient pas
beaucoup des décisions prises par des monopoles étrangers
même si elles font du tort à l'économie et
détruisent l'édifice national, car ce sont des affaires
privées et ne peuvent donc être «
résolues » que par le secteur
privé.
Pendant ce temps, en Colombie-Britannique, en Alberta,
en Saskatchewan et au Manitoba, les petits transporteurs
établissent des itinéraires pour combler le vide
laissé par Greyhound. Rider Express, situé en
Saskatchewan, se développe avec une liaison Saskatoon-Edmonton
et une liaison Regina-Calgary. Northern Express Bus Line élargit
son
offre dans le nord de l'Alberta, entre Grande Prairie et Edmonton. Red
Arrow s'agrandit également pour inclure un itinéraire
Camrose-Edmonton. Le problème est que tous ces mouvements sont
des décisions commerciales individuelles basées sur les
itinéraires les plus rentables pour ces transporteurs. Aucune
des entreprises privées ne s'intéresse à
l'aspect global de la planification et de la mise en oeuvre d'un
système complet de lignes d'autobus accessibles, abordables et
sécuritaires qui réponde aux besoins de tous les
Canadiens.
Un mois après l'annonce de Greyhound, le
ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a
annoncé le 9 août que son ministère
travaillait « le plus rapidement possible » pour
recueillir des données sur les routes touchées et
prendrait une décision concernant d'autres mesures en
consultation avec le gouvernement fédéral et les
ministres provinciaux des transports au début du mois prochain.
En d'autres termes, la question de Greyhound sera traitée de la
manière habituelle. Tout d'abord, elle est ignorée,
maintenant, en raison de la pression publique, des décisions
arbitraires seront prises de haut en bas pour faire taire la
dissidence, tandis que les personnes les plus touchées
seront exclues de tout rôle significatif dans la consultation.
Les propriétaires étrangers de Greyhound
ont décidé de mettre fin au service d'autobus dans
l'Ouest canadien pour servir leurs propres intérêts
privés étroits. Aucune solution qui servirait
l'économie et les intérêts publics locaux et
généraux du Canada n'a été
présentée pour discussion et action. C'est pourquoi la
seule véritable alternative est
que les gens prennent les choses en main. Réduire les
travailleurs au rôle de spectateurs de la destruction de leur
vie, de leurs industries et de leur nation n'est pas une option. Il
appartient à la classe ouvrière, par le biais de ses
propres organisations et médias, de rallier les gens à
l'action avec analyse, afin de changer la situation des
transports en faveur de la population. C'est exactement ce que tentent
de faire ceux qui se sont rassemblés autour de Prairies pour des
autobus publics.
Piquet d'information contre le projet minier du Cercle
de feu dans le nord de l'Ontario
Un piquet d'information a été
organisé par une vingtaine de personnes,
principalement des autochtones, à l'entrée de
l'Université Laurentienne
sur le chemin Ramsey Lake, sur les rives du lac Bitimagamasing
(Ramsey), le jeudi 6 septembre de 9 h à midi.
L'objectif était de faire
connaître leur revendication d'arrêter le projet
d'exploitation du Cercle de feu et de faire reconnaître les
droits
des Anichinabés. À 11 h, ils ont organisé une
danse cérémoniale de
trois minutes à l'intersection des chemins lac Ramsey et
University.
L'un
des organisateurs, Bruce McComber, a chanté une chanson sur
l'eau qui
lui a été enseignée par sa tante.
Le Cercle de feu est un méga projet minier de
gîtes minéraux dans
ce que les gouvernements et les institutions des colons appellent le
Nord de l'Ontario, expliquent les organisateurs. Les projets
complémentaires comprennent une fonderie de chromite sur les
terres
anichinabées dont Noront fait la promotion.
La page Facebook qui annonce l'événement
cite l'ancien député Tony
Clement qui souligne que l'impact potentiel du Cercle de feu «
ressemble beaucoup à ce que les sables bitumineux sont à
l'Alberta et
au Canada aujourd'hui ».
Sur la même page, on peut ensuite lire :
« Voulez-vous un projet semblable aux sables
bitumineux sur votre
terre natale ? Nous n'en voulons certainement pas ! C'est un
événement
pour quiconque aime l'air et l'eau pure, les terres sauvages, les
familles d'animaux heureux, la souveraineté anichinabée,
les droits
autochtones et la vie ! La plupart des gens qui entrent
dans cette catégorie sont d'accord pour dire que nous vivons une
époque
de destruction et de dégradation environnementales
exponentielles. La
plupart de ces mêmes gens seraient probablement d'accord pour
dire que
nous vivons aussi à une époque de corruption politique
sans précédent
au sein des entreprises.
« D'un point de vue 'autochtone' ou
anichinabé, nos véritables
droits n'ont jamais été reconnus. Notre droit de
décider explicitement
et de dire NON à un développement minier ou un
développement urbain
proposé sur nos territoires occupés par l'État
canadien n'a jamais été
honoré. Nous ne sommes jamais autorisés à
posséder les entreprises
principales ou les mines, ni même la plupart des moyens de
production.
Les compagnies minières continuent de détruire nos
terres, de voler nos
richesses et de nous laisser des miettes pour lesquels nous sommes
supposés être reconnaissants.
« Le chef Pontiac a dit un jour : 'Ils sont
venus avec une bible et
une religion et ont volé nos terres et nous disent maintenant
que nous
devrions être reconnaissants au Seigneur d'avoir
été sauvés.' Dieu
merci, le Canada nous a sauvés historiquement (pensionnats
indiens, les
rafles des années 60, etc.) et nous sauve
aujourd'hui en nous affamant (sous-financement chronique/les rafles du
millénaire, etc.) pour nous forcer à quitter les
dernières de nos
terres natales et à devenir des esclaves salariés dans
leurs villes et
villages où les capitalistes sont de connivence !
Même les citoyens et
résidents canadiens se font arnaquer et abuser quotidiennement
par les
systèmes canadiens. Plus les droits et systèmes
autochtones sont
acceptés et appliqués, plus il est avantageux pour tous
ceux qui
appellent ce territoire leur domicile.
« Nous sommes un groupe de personnes
engagées à aider le vaste
réseau d'alliés autour d'Anishinaabe Aki et de
l'île de la Tortue, qui
veulent que les gouvernements et les entreprises corrompus rendent des
comptes de la destruction et de l'abus irresponsables
et
délibérés de notre planète et de ses gens.
Nous croyons que doit CESSER
toute exploitation minière dans la zone du Cercle de feu !
Nous
espérons que vous pourrez vous joindre à nous dans
l'amitié, la
camaraderie et le respect alors que nous prions et
célébrons l'eau au
lac Bitimagamasing (Ramsey). »
(Photos : LML)
Une bataille pour la restauration du projet pilote
de revenu de base de l'Ontario
Rassemblement à Lindsay, 7 août 2018
Une action concertée a été
entreprise pour s'opposer à la décision du gouvernement
Ford en Ontario d'annuler le projet pilote de revenu de base. Le
précédent gouvernement libéral de Kathleen Wynne a
lancé le projet pilote en avril 2017. Le projet pilote, qui
devait durer trois ans, devait aider 4 000 personnes gagnant
moins de 34 000 $ par an dans la région de
Hamilton/Brantford, du comté de Brant, Lindsay et Thunder Bay.
Les personnes seules pouvaient recevoir
jusqu'à 17 000 $ par an et les couples pouvaient
recevoir jusqu'à 24 000 $ par an,
moins 50 % de leurs gains cette année-là.
Les personnes handicapées pourraient recevoir
jusqu'à 6 000 $ supplémentaires par an.
Seuls 2 000 des bénéficiaires retenus
bénéficieraient effectivement du financement accru.
Les 2 000 personnes restantes étaient un groupe
témoin qui serait rémunéré pour participer
à des enquêtes sur la santé mentale, la
stabilité du logement et la formation professionnelle. Des
chercheurs de l'Hôpital St. Michael et de l'Université
McMaster étudieraient les résultats. Le projet a
été budgété à 150 millions de
dollars pour les trois années.
Lindsay a été choisi comme site de
« saturation ». Presque toutes les personnes vivant
dans la pauvreté feraient partie du projet, la moitié des
quelque 2 000 participants recevant les fonds et la
moitié étant le groupe témoin. En apprenant que le
projet avait été annulé, plus de 100
résidents ont manifesté le 7 août
au Victoria Park de Lindsay. Le 27 août, quatre des
récipiendaires de Lindsay ont intenté un recours
collectif contre le gouvernement de l'Ontario pour rupture de contrat
et négligence pour avoir annulé le projet pilote. Si le
recours collectif est accepté par les tribunaux, d'autres
bénéficiaires seront invités à s'y joindre.
Manifestation à Cobourg, 10 août 2018, contre l'annulation
du projet pilote de revenu de base
La table ronde de Hamilton sur la réduction de
la pauvreté et les services de mission, qui avait forcé
le gouvernement Wynne à lancer le projet pilote à
l'origine, est entrée en action dès que le gouvernement
conservateur l'a annulé, mobilisant ses membres, les citoyens et
résidents concernés en leur demandant de contacter leur
député, de
signer une pétition, d'en parler aux voisins et de contacter les
médias. Ils ont présenté leurs
préoccupations à l'hôtel de ville le 15
août. Ils explorent des options juridiques et coordonnent des
actions avec des groupes antipauvreté à Brantford,
Lindsay et Thunder Bay.
Le 17 août, le conseil municipal de Hamilton
a approuvé à l'unanimité une motion
dénonçant l'annulation du projet.
Des participants de Hamilton parlent du projet pilote de revenu de base
lors d'un
récent forum à l'université McMaster.
Le 5 septembre, le maire de Hamilton, Fred
Eisenberger, le maire de Brantford, Chris Friel, le maire de la ville
de Kawartha Lakes, Andy Letham, et le maire de Thunder Bay, Keith
Hobbs, ont envoyé une lettre conjointe demandant au gouvernement
fédéral de prendre en main le projet pilote. Alors que le
projet lui-même était loin de
garantir le droit de vivre selon le niveau de vie de la
société, les militants antipauvreté, les
travailleurs et les syndicalistes se sont battus pendant des
années pour obtenir ce petit progrès dans la lutte contre
la pauvreté. Leur combat pour forcer le gouvernement Ford
à rétablir le projet est un combat juste qui
mérite le soutien de tous.
(Avec des articles de Hamilton
Spectator, kawarthaNOW, Kawartha Lakes This Week, TheConversation.com
. Photos : Hamilton Roundtable for
Poverty Reduction)
Le Tribunal supérieur électoral rejette
le droit
de Lula d'être candidat à l'élection
présidentielle
- Comité populaire pour la
défense de Lula et de la démocratie -
Aux premières heures
du matin du 1er septembre 2018, les juges du
Tribunal supérieur électoral du Brésil ont
décidé par 6 voix
contre 1 d'interdire à Luiz Inácio Lula da Silva le
droit d'être
candidat à la présidence du Brésil aux
élections du 7 octobre. Le Parti
des travailleurs s'est vu accorder dix jours pour
remplacer Lula comme candidat ou interjeter appel de la
décision. Cette
semaine, la défense de Lula a interjeté appel de deux
décisions, l'une
devant le Tribunal supérieur électoral et l'autre
demandant au Tribunal
fédéral suprême de renverser la décision. Le
bulletin suivant a été
publié le jour où la décision de refuser à
Lula le droit d'être
candidat
a été rendue.
***
1. Face aux violences commises par le Tribunal
supérieur électoral
contre les droits de Lula et des personnes qui veulent l'élire
président de la République, le Parti des travailleurs
(PT) a annoncé
dans un communiqué qu'il continuerait à se battre par
tous les moyens
pour garantir sa candidature aux élections du 7 octobre. Le
PT
affirme que l'idée que la loi Ficha Limpa (casier
propre)
puisse interdire la candidature de personnes qui se sont vu refuser
leur deuxième appel, comme dans la situation injuste à
laquelle fait
face Lula, est incorrecte. L'article 26-C de la loi prévoit
la
suspension de l'inéligibilité lorsque des recours en
instance devant
les juridictions
supérieures existent encore.
2. La magistrature brésilienne, dans ce cas le Tribunal
supérieur
électoral, a montré, une fois de plus, qu'elle est
capable de battre
tous ses records de temps lorsqu'il s'agit de Luiz Inácio Lula
da
Silva. La disqualification de la candidature de Lula - la violation des
procédures, des délais et même de la
décision du Comité des droits de
l'homme de l'ONU pour défendre le droit de Lula de briguer
le poste - a été adoptée en moins de 24
heures
après le début de la
période d'examen des listes des partis.
3. Le même tribunal électoral qui a rendu
la décision de rejeter la
candidature de Lula a reconnu le droit de se porter candidat garanti
par les lois électorales et la Ficha Limpa
à 145 candidats à la
mairie lors du dernier tour des élections municipales. À
la différence
de Lula, ceux-ci ont été autorisés à se
présenter aux
élections avec des appels en cours. Quatre-vingt-dix-huit
d'entre eux
ont été élus et gouvernent actuellement leurs
villes.
4. L'ancien président Lula a envoyé une
lettre au peuple de l'État
de Pernambuco, qui a été livrée par son
vice-président, Fernando
Haddad. Un passage de cette lettre dit : « Le moment
où nous vivons
n'est pas facile. La persécution judiciaire par quelques
personnes qui
pensent pouvoir empêcher les gens de s'exprimer me retient
en prison à Curitiba. »
5. Dans le programme politique diffusé
aujourd'hui sur toutes les
chaînes de télévision par la coalition «
Brésil heureux, à nouveau »
[Parti des travailleurs, Parti communiste du Brésil et Parti
républicain de l'ordre social], lors de sa première
apparition comme
candidat, Lula a critiqué le pouvoir judiciaire. « Nous
sommes dans
une situation où un innocent est condamné pour
empêcher un homme
innocent de revenir pour former le meilleur gouvernement du
Brésil. Je
sais que je vais entrer dans l'histoire comme le président qui a
apporté la plus grande inclusion sociale à ce pays, qui a
construit le
plus d'universités, qui a construit le plus d'écoles
techniques et qui
a ouvert
l'université au plus grand nombre de jeunes dans l'histoire de
la
nation. Je sais que je vais entrer dans l'histoire, mais je ne sais pas
si on se souviendra d'eux comme des juges ou comme des
tortionnaires »,
a déclaré l'ancien président, qui est en
tête des intentions de vote
dans tous les sondages.
6. La Centrale unique des travailleurs (Central
Única dos
Trabalhadores (CUT)) a publié un communiqué condamnant la
décision du
Tribunal supérieur électoral d'interdire la candidature
de Lula à la
présidence de la République. La CUT considère que
la décision est un «
acte arbitraire de la part d'une autorité judiciaire,
caractérisée par
un manque de respect pour les droits fondamentaux consacrés dans
la
Constitution brésilienne ainsi que par le Deuxième
Protocole facultatif
se rapportant au Pacte international des Nations unies relatif aux
droits civils et politiques, dont le Brésil est signataire.
7. Le Mouvement des sans-terre (Movimento de
Trabalhadores sem
Terra (MST)) a également rejeté la décision du
Tribunal supérieur
électoral .L'organisation a critiqué le manque de respect
du Tribunal
supérieur électoral à l'égard de la Loi
électorale et du Comité des
droits de l'homme des Nations unies.
8. Quelques heures après la décision du
Tribunal supérieur électoral, des manifestations de Lulaço
ont éclaté dans les villes et villages du pays - des
manifestations
dans des lieux publics avec des milliers de personnes demandant la
libération de Lula. À Fortaleza, par exemple, il y avait
une
manifestation classique au chant de «
Olê Olê Olã, Lula lá, Lula » dans
le centre commercial Iguatemi, qui
est un endroit populaire auprès de la classe moyenne. Il y a eu
également des manifestations de Lulaço
au marché municipal de Vila Rubim à Vitória,
à Espirito Santo, ainsi
que dans des villes comme Manaus, Curitiba, Fortaleza, Brasilia et Rio
de Janeiro.
(Curitiba,
Paraná, Brazil, 1er septembre 1, 2018. Traduit
par
LML.Photo : Comité populaire pour la défense de Lula
et de la
démocratie, PT)
Ce que fait l'empire au Brésil
- Randy Alonso Falcón -
Manifestation le 1er septembre pour la décision de la Cour
électorale de retirer
la candidature de Lula
L'exclusion électorale de Luiz Inacio Lula da
Silva est le chapitre
final (mais non l'épilogue) d'une vile campagne politique contre
la
gauche brésilienne qui a commencé avec le frauduleux
procès mené
conjointement par le parlement, les médias et le système
judiciaire et
qui a mené à la destitution de la présidente Dilma
Rousseff.
La session du Tribunal supérieur
électoral, qui a presque
définitivement éliminé Lula de la course
électorale, a eu lieu à la
même date que celle du coup contre Dilma il y a deux ans.
Préméditation et trahison ?
Comme pour le procès de Dilma, ces machinations
sont fondées sur
de supposés intérêts et des responsabilités
fabriquées. « Il n'y a pas
de justice pour ceux qui ne sont pas du même avis que les
élites », a
dit le journaliste brésilien Fernando Brito dans un article du
journal
numérique Brasil 247.
Ce qu'on veut c'est empêcher à tout prix
la formation d'un nouveau
gouvernement populaire dans ce pays géant de l'Amérique
latine qui
pourrait faire obstacle aux plans de domination de l'empire
américain
et aux visées de l'oligarchie locale de s'approprier la richesse.
« Maintenant, ils empêchent Lula
d'être candidat présidentiel parce
qu'ils savent qu'il remporterait largement l'élection d'octobre.
Au
Brésil, les médias, en coordination avec le judiciaire,
ont détruit la
primauté du droit », a écrit la
présidente de l'Argentine, Cristina
Fernandez, sur son compte Twitter.
Quel est le rôle de Washington ?
Comme c'est une longue histoire, attardons-nous
plutôt aux
événements les plus récents. Souvenons-nous des
révélations d'Edward
Snowden au sujet des activités de l'Agence nationale de
sécurité des
États-Unis (NSA), qui avaient permis d'exposer un vaste
programme
d'espionnage contre le Brésil.
Selon le journaliste américain Glenn Greenwald,
dans plusieurs
articles qu'il avait écrits sur le sujet dans le quotidien
brésilien O Globo
en juillet 2013, le Brésil fut la principale cible du
programme
d'espionnage électronique de la NSA en Amérique latine,
alors qu'on
avait recueilli l'information de milliards de messages
électroniques et d'appels téléphoniques entrant et
sortant du Brésil.
Au coeur de la fuite des documents était la
question : « Le Brésil,
allié, ennemi ou problème ? », et les
préoccupations de Washington face
aux répercussions de la croissance de l'économie
brésilienne sur le
plan international ont été révélées.
La NSA avait mis sur écoute quatre
téléphones du bureau de la
présidente Dilma Rousseff et intercepté les appels
téléphoniques,
courriels et messages textes de la présidente ainsi que les
communications de son conseiller personnel et de son secrétaire.
Même
l'avion présidentiel était sur écoute. Peu de
dirigeants étrangers ont
été assujettis à
une telle surveillance par l'empire.
Les agences d'espionnage des États-Unis ont
aussi intercepté les
communications de près de 29 membres du gouvernement
brésilien, y
compris celles du chef du cabinet, Antonio Palocci, qui est devenu plus
tard une des vedettes de la trahison qui ont été
récompensées par
le système judiciaire brésilien. Est-ce que sont ces
révélations qui
l'ont poussé à la trahison ?
La NSA a aussi intercepté toutes les
communications provenant de
l'entreprise d'État brésilienne Petrobas, qui avait
été renforcée sous
les gouvernements de Lula et de Dilma. L'ancien président de
l'entreprise, Antonio Menezez, avait fait une mise en garde quant au
«
danger important » pour la libre concurrence et pour
Petrobas si le
développement et les méthodes de celle-ci étaient
connus d'autres pays,
parce qu'elle deviendrait ainsi une « cible
désignée » sur l'échiquier
stratégique international du pétrole.
Mais au-delà de l'espionnage économique,
est-ce possible que ces
actes d'espionnage aient révélé d'autres
éléments clés que le judiciaire
aurait saisis pour entamer le processus exactement un an après
les
révélations de Snowden, menant à une vaste
enquête contre Petrobas et
ses contrats, et à la disqualification de Lula ? Aussi, les
États-Unis et ses compagnies pétrolières
n'avaient-ils pas intérêt à
démanteler la puissante Petrobas et la politique
pétrolière souveraine
que les gouvernements du Parti des travailleurs avaient
défendue ?
Le recours au judiciaire, nous le savons bien, est en
ce moment le
mécanisme privilégié de Washington dans ses
attaques contre les
dirigeants de la gauche dans notre région. Les États-Unis
ont eu
recours à cette stratégie contre Dilma, Cristina, Correa
et Lugo. Comme
leurs tentatives d'imposer des fantoches par la voie électorale
ont été
un
échec, ils se servent d'autres mécanismes pour atteindre
leurs
objectifs.
Tout cela n'est pas le résultat du hasard, mais
plutôt d'une
stratégie qui consiste à pénétrer les
entités judiciaires de la région
sous prétexte de combattre la corruption. Ces dernières
années, le
Département de la justice des États-Unis, en coordination
avec les
universités, les fondations et les ONG de ce pays, a
développé un
programme de
formation pour les cadres du système judiciaire en
Amérique latine fait
de bourses, de séminaires, d'ateliers et d'autres
évènements.
Dans un câble diplomatique confidentiel des
États-Unis de 2009
obtenu par Snowden et révélé dans Wikileaks, on
révèle qu'une analyse
avait été faite de la Conférence régionale
de l'année précédente à Rio
de Janeiro où des forces policières et judiciaires ont
été formées pour
traiter les crimes liés au financement illicite. Selon le
rapport : « L'enquête sur des incidents de
blanchiment d'argent et
leur condamnation, y compris la coopération entre pays, la
confiscation
de biens, les méthodes pour obtenir des preuves, la
négociation de
dénonciations », et plus loin : « Le
secteur judiciaire brésilien est
très intéressé à combattre le terrorisme,
mais a besoin
d'outils et de formation pour agir avec efficacité... Des juges
spécialisés s'occuperont des cas de corruption les plus
saillants dans
lesquels sont impliqués des individus dans la
hiérarchie ».
L'un des élèves les plus brillants de ce
séminaire était le juge
actuel de Première instance de Curitiba, Sergio Moro, le paladin
de la
persécution implacable de Lula. Moro est un produit direct du
projet de
formation impérial : diplômé de Harvard
où il a suivi un cours en
corruption transnationale, il participe assidûment aux
évènements
organisés par le Département de la justice des
États-Unis et rend
fréquemment visite au pays du nord.
« Moro a été formé au
Département d'État. Il voyage régulièrement
aux États-Unis et sait comment s'y prendre pour se
mériter
l'approbation de Washington », a dit le diplomate
brésilien bien connu
Samuel Pinhero Guimaraes lors d'une entrevue.
Il est important de noter qu'au moment où les
enquêtes sur Petrobas
et Odebrecht ont débuté dans l'État de Curitiba,
avec ses innombrables
dénonciations récompensées, le Département
de la justice des États-Unis
révélait les dessous des opérations illicites
d'Odebrecht au Brésil et
dans neuf autres pays de l'Amérique latine, et imposait une
amende de 3,5 milliards de dollars à la
société géante brésilienne.
Pourquoi les États-Unis s'ingèrent-ils avec autant de
vigilance dans
une cause que le système judiciaire brésilien a
déjà prise en main ?
Les retombées
Photo aérienne de la base d'Alcantara
L'offensive concertée des médias, du
judiciaire, de l'oligarchie et
de l'empire contre Lula et contre ses forces politiques, même si
elle
comporte un coût social, apporte aussi des retombées
extrêmement
intéressantes à ses commanditaires.
Des portes se sont ouvertes toutes grandes pour
Washington et ses
alliés tandis qu'elles étaient impossibles à
franchir avec le
gouvernement Lula. Les États-Unis ont réussi à
établir une entente
d'une durée minimale de 16 ans qui prévoit une
présence américaine sur
la base aérospatiale d'Alcantara, que les Américains
avaient quittée
en 2003 au cours du premier mandat de Lula pour des raisons de
souveraineté nationale. C'était là l'objectif
premier du général
Mattis, commandant du Pentagone, lorsqu'il a récemment
visité le Brésil.
La base d'Alcantara est le site de l'Agence spatiale
brésilienne et
c'est la seule infrastructure de lancement de fusées en
Amérique du Sud
qui est contrôlée par un pays souverain. Selon les
spécialistes, le
site représente d'énormes avantages pour les lancements
de fusées en
raison de sa proximité avec l'Équateur, où la
vitesse de rotation de la
terre est plus grande et où les lancements sont plus efficaces,
où
moins de combustible est nécessaire et la capacité de
charge est plus
grande.
Mais certains affirment que le véritable
objectif des États-Unis
est avant tout militaire, puisqu'il leur est désormais possible
de
placer des troupes dans un espace qui se prête bien à des
opérations
politico-militaires en Amérique du Sud et en Afrique, en raison
de la
position d'Alcantara dans le nord-est du Brésil, face à
l'Afrique de
l'Ouest.
C'est aussi un endroit stratégique dans les conflits avec la
Russie et
la Chine.
Pour l'ancien ministre brésilien des Affaires
stratégiques
(2009-2010), Samuel Pinheiro Guimaraes Neto, « le principal
objectif
des États-Unis est d'avoir une base militaire en territoire
brésilien
où ils peuvent exercer leur souveraineté, loin de toute
obligation
judiciaire ou de surveillance de la part des autorités
brésiliennes, y
compris l'armée,
et où ils peuvent mener toutes sortes d'opérations
militaires ». Selon
lui, l'appropriation d'Alcantara par les États-Unis est «
le plus grand
cas de reddition de la souveraineté de l'histoire du
Brésil ».
Il est aussi important de noter qu'en 2017, pour
la première fois
de l'histoire, des opérations militaires conjointes entre les
États-Unis, le Brésil, le Pérou et la Colombie ont
eu lieu en Amazonie,
une région riche en ressources, en biodiversité et en
eau, et que
Washington cherche à contrôler.
Pour l'éminente chercheuse mexicaine Ana Esther
Cecena, la tenue
d'exercices tels AmazonLog2017 facilite « la mise en place
d'approvisionnements de guerre, permettant des incursions territoriales
discrètes, des opérations de réaction rapide, qui
impliqueraient
l'intervention de forces spéciales — tant américaines et
locales que
privées — qui
créeraient des précédents à des
opérations encore plus visibles et
scandaleuses, des interventions menées sous prétexte de
dangers
humanitaires, fort probablement au Venezuela. ».
La plus importante compagnie brésilienne de
défense, Embraer, a
conclu une entente en avril 2017 avec la compagnie
américaine Rockwell
Collins dans le domaine de l'aérospatial, et le Commandement de
l'ingénierie, du développement et de la recherche de
l'armée américaine
a ouvert un bureau à Sao Paolo afin de développer les
relations en recherche et innovation des technologies de la
défense.
L'offensive de l'armée américaine contre
le Brésil s'accompagne de
celle des entreprises américaines. En juillet dernier, Boeing a
acheté 80 % de la division réputée
d'Embraer d'aéronefs civils de
distance moyenne. La compagnie brésilienne, qui fabrique des
aéronefs
commerciaux, militaires et d'affaires depuis 1969 et était
la principale exportatrice du Brésil entre 1991
et 2001, est la
troisième plus importante fabricante d'aéronefs au monde
et fait partie
en quelque sorte de l'identité nationale. C'est pourquoi il y a
eu
d'importantes manifestations d'indignation au Brésil suite
à cette
transaction. « C'est un scandale parce que cette compagnie est un
symbole
de la capacité technologique du Brésil, un peu comme
Petrobas, mais de
façon encore plus sophistiquée », a dit
l'analyste Mario Osava.
Embraer, avec Bombardier au Canada, est le
deuxième plus important
fabricant d'aéronefs régionaux de 100 sièges,
un secteur que Boeing
n'exploitait pas et qui, par conséquent, a un
intérêt au marché en
expansion d'aéronefs régionaux où la concurrence
est forte avec des
nouveaux venus tels la United Aircraft de Russie, Mitsubishi du
Japon et Comac de Chine.
L'aéronef plus petit de Boeing, le 737-700
- qui a plus de 140
sièges - « ne peut tirer avantage de la croissance de la
demande des
lignes aériennes à bas prix ni de la croissance du nombre
de petits
aéroports qui ne peuvent accommoder les gros
aéronefs », explique le
quotidien d'affaires Valor.
Comme l'a dit récemment l'ancienne
présidente Dilma Rousseff lors de
notre table ronde, c'est la cession d'un des biens les plus importants
et d'une icône industrielle du Brésil à un
compétiteur.
Aussi les immenses gisements de pétrole sous la
couche de sel au
Brésil, les plus grands au monde, préservés par
le gouvernement du PT
pour l'exploitation par Petrobas, ont été ouvertes
à l'investissement
étranger par le gouvernement Temer. C'est un des premiers gestes
posés
après le coup d'État contre Dilma. Par cette
décision,
d'importantes fonctions ont été retirées de
Petrobas et on a cherché à
éliminer son rôle en tant que principal exploitant de la
zone pré-salifère du bassin de Santos pour maintenant
permettre
à des
grandes compagnies transnationales de gérer les ressources
naturelles
du pays.
Un nombre record de 16 compagnies
pétrolières, dont Royal Dutch
Shell PLC, Chevron Corp et Exxon Mobil Corp des États-Unis,
Statoil de
la Norvège et Total SA de la France, ont participé
à l'encan en juin
dernier pour des zones en haute mer où se trouvent des gisements
estimés à des milliards de barils de pétrole brut
sous
l'épaisse couche de sel du plancher océanique.
Temer a aussi annoncé d'importantes
privatisations touchant à 34
secteurs stratégiques du pays, dans une course folle de
restauration
néolibérale chaudement applaudie par l'oligarchie locale
perverse et
les puissances transnationales. Cinquante-sept entreprises publiques,
des
aéroports
et des ports sont en négociation ou ont déjà
été vendus.
« Le coup a fait déraper le Brésil.
Ils vendent le patrimoine
public (et le privatisent). Ils ont décrété la fin
des droits des
travailleurs (avec les réformes des régimes de retraite
et des normes
du travail) et ont coupé dans les investissements en
santé et en
éducation pour les 20 prochaines années (en
réformant la constitution
afin d'imposer
un plafond de dépenses). Tout cela se fait de façon la
plus éhontée.
Pour éliminer les conséquences néfastes du coup,
nous devons aller aux
urnes », Dilma a dit au quotidien espagnol El Pais
il y a quelques jours.
« Lorsqu'ils n'auront rien d'autre à
vendre, alors ils vendront
leurs âmes au diable », a dit Lula il y a quelques
mois au quotidien
brésilien O Globo.
Pouvez-vous comprendre pourquoi on veut empêcher
l'ancien dirigeant
syndical et porte-étendard du PT de retourner au pouvoir au
Brésil ?
Le 70e anniversaire de fondation de la RPDC,
défenseur de la paix et de la justice
depuis sept décennies
Séminaire national, le 6 septembre 2018, une des
célébrations en hommage au 70e anniversaire de la RPDC
Le 9 septembre est le 70e anniversaire de la
fondation de la République populaire démocratique de
Corée (RPDC) qui est célébré avec
enthousiasme révolutionnaire par le peuple coréen en
RPDC, par toutes les forces patriotiques de la République de
Corée (RdC) et la diaspora, ainsi que par tous les peuples
épris de paix et de
justice au Canada et dans le monde. Aussi, cette année,
le 70e anniversaire a lieu alors que s'intensifie le mouvement du
peuple coréen pour défendre la paix de sa nation, mettre
fin à plus de 70 ans de divisions, de tensions et de
conflits fomentés par les États-Unis, et avancer comme un
pays uni, pacifique et prospère.
Le 27 avril de cette année, grâce
à Kim Jong-un, président de la Commission des Affaires de
l'État de la RPDC, lui et le président Moon Jai-in de la
RdC ont signé la Déclaration de Panmunjom. Le 12
juin, à Singapour, le président Kim de la RPDC et le
président américain Donald Trump ont tenu le premier
sommet
RPDC-États-Unis, une rencontre historique où les deux
dirigeants se sont engagés à oublier le passé et
à avancer en forgeant une nouvelle relation. Ils se sont
engagés à établir des relations pacifiques dans la
perspective d'établir une paix permanente en Corée, y
compris la dénucléarisation de toute la péninsule
coréenne. C'est grâce aux efforts
basés sur les principes et l'esprit d'abnégation de la
RPDC et sa direction que le Sommet de Singapour a eu lieu malgré
les menaces répétées du président Trump
qu'il allait annuler, un témoignage du leadership audacieux et
de l'engagement du président Kim à chercher une solution
politique et pacifique à la crise qui perdure depuis 73 ans
dans la péninsule coréenne.
Salon national du livre, le 7 septembre 2018, pour
célébrer le 70e anniversaire
La fondation de la RPDC le 9 septembre 1948 a
été un évènement de grande portée
historique pour le peuple coréen et les peuples du monde.
Après plusieurs décennies de lutte contre les occupants
japonais (1910-1945), le peuple coréen, sous la direction du
général Kim Il-sung et de l'Armée populaire de
Corée, a libéré sa nation
le 15 août 1945 et a commencé à
bâtir un pays moderne démocratique sur les
décombres de la guerre. Partout au pays, des comités
populaires ont été créés et dans les mois
d'août et de septembre 1945 le peuple coréen a
élu ses représentants à l'Assemblée
populaire, laquelle, le 6 septembre 1945, a proclamé
la «
République populaire de Corée ».
Cependant, la république fut
éphémère puisque les États-Unis tenaient
mordicus à s'implanter en Asie du Nord-Est en passant par la
péninsule coréenne après la défaite du
Japon, même si le peuple coréen s'était
libéré des occupants japonais sans la présence de
troupes américaines. Les États-Unis ont ajouté une
condition à la capitulation
signée par le Japon le 2 septembre 1945. La
péninsule coréenne serait divisée le long
du 38e parallèle et l'armée japonaise vaincue en
Corée déposerait les armes devant les forces
américaines dans le sud et devant les libérateurs
coréens. Le 8 septembre, deux jours après la
déclaration de la République, des milliers de
troupes américaines ont été
déployées en Corée. Les nouveaux occupants ont
déclaré la République populaire de Corée
illégale et ont attaqué les comités populaires
pour les détruire. Le général américain
Douglas MacArthur avait alors déclaré que la Corée
devait devenir un « bastion anticommuniste ». Au
cours des trois années sanglantes
qui ont suivi, en déployant une campagne de terreur et de
brutalité de masse, le gouvernement militaire illégal
américain et ses agents locaux ont criminalisé,
capturé, torturé, incarcéré et
assassiné des centaines de milliers de présumés
communistes, « gauchistes » et autres patriotes qui
refusaient de se soumettre au diktat américain.
Les États-Unis ont organisé une
élection « libre et équitable » en
mai 1948, que le peuple coréen a boycottée
massivement. Les États-Unis ont instauré Syngman Rhee
comme président de la République de Corée par la
force des armes en juillet 1948.
Face à ce crime perpétré par les
États-Unis contre le peuple coréen et son désir
d'indépendance et de réunification, Kim Il-sung a
déclaré la fondation de la RPDC le 9
septembre 1948 à Pyongyang devant plus d'un million de
personnes en liesse.
En 1950, afin de capturer la péninsule
coréenne et de s'en servir pour menacer d'agression la Chine et
l'Union soviétique, les États-Unis ont instigué la
Guerre de Corée et, de 1950 à 1953, plus de
quatre millions de civils coréens ont été
tués et l'économie et l'infrastructure ont
été rasées au sol. Les États-Unis,
avec 17
autres pays dont le Canada, ont participé à cette guerre
d'agression contre la nation coréenne sous les auspices du
drapeau onusien sous prétexte d'une autodéfense
collective face à une attaque du nord contre le sud.
Les agresseurs américains ont commis des crimes
contre la paix, des crimes contre l'humanité et des crimes de
guerre incalculables, y compris des massacres de civils, le recours aux
armes biologiques et chimiques et les bombes incendiaires contre des
villes du nord, faisant d'innombrables victimes. La RPDC, bien
qu'encore jeune, avec l'aide
des Forces volontaires chinoises, a organisé le peuple
coréen et défait les États-Unis dans cette guerre,
forçant ceux-ci à signer l'Accord d'armistice
coréen, défendant ainsi la souveraineté et
l'honneur de la nation coréenne.
Le président de la RPDC, Kim Il-sung, avait dit
à ce moment-là : « La victoire de notre peuple
dans la Guerre de Corée a été une victoire du
peuple révolutionnaire contre les forces impérialistes,
une victoire de l'armée révolutionnaire contre les forces
agressives de l'impérialisme. Elle est la preuve que les peuples
qui se soulèvent pour
la liberté, l'indépendance et le progrès, qui
prennent leur destin en main sous la direction d'un parti
marxiste-léniniste, ne seront jamais conquis par aucune force
impérialiste d'agression. Elle a aussi exposé la
vulnérabilité et la corruption de l'impérialisme
américain et a montré aux nations opprimées du
monde que l'impérialisme américain n'est
pas du tout un ennemi invincible et qu'elles aussi peuvent très
bien le combattre et le vaincre. »
Il est important de noter que la RPDC n'a jamais commis
d'acte d'agression contre un autre pays. La Guerre de Corée, qui
a mis à feu toute la péninsule, a été
provoquée par les États-Unis et son régime
fantoche dans le sud. En s'opposant fermement à la puissance de
l'empire militaire américain — qui est notoire pour son recours
aux armes
nucléaires et biologiques partout dans le monde — non seulement
la RPDC affirme-t-elle son droit d'être, mais le droit de toutes
les nations et peuples à l'autodétermination et à
la paix. Grâce à cet esprit internationaliste, la RPDC est
admirée avec raison par tous les gens épris de paix et de
justice au Canada et dans le monde.
Les contributions à la lutte pour la
réunification coréenne
L'équipe unifiée de Corée sur le podium aux Jeux
asiatiques de Jakarta-Palembang, 2018
De la fin de la Deuxième Guerre mondiale au
présent, la RPDC et sa direction ont joué un rôle
clé dans toutes les propositions pour la réunification
indépendante et pacifique de la Corée sous la
bannière de « Par la nation elle-même ».
Parmi celles-ci, il y a la proposition mise de l'avant par le fondateur
de la RPDC lui-même, Kim
Il-sung, le 4 juillet 1972, qui affirme que les trois
principes de la réunification coréenne sont :
« réaliser la réunification indépendante
sans ingérence étrangère, réaliser la
grande unité nationale en surmontant les idées, les
idéaux et les systèmes différents, et
réunifier la terre divisée de façon pacifique sans
recours à la force
armée ».
En 1980, le président Kim Il-sung a
proposé que la RPDC et la RdC deviennent « un État
républicain confédéral par la mise en place d'un
gouvernement national unifié à condition que le nord et
le sud reconnaissent et tolèrent leurs idées et leurs
systèmes sociaux respectifs, un gouvernement qui
représenterait chaque côté de façon
égale
et qui permettrait à chacun d'exercer son autonomie
régionale sur la base de droits et de responsabilités
égaux ». Il proposait que cet État
confédéral se nomme la République
confédérale démocratique de Koryo.
Le 6 avril 1993, Kim Il-sung a publié
le Programme en 10 points de la Grande Unité de toute la
nation pour la réunification du pays. On y trouvait une
élaboration des principes permettant de réaliser la
réunification nationale et de mettre en place une
confédération où les systèmes de la RPDC et
de la RdC pouvaient
coexister et oeuvrer pour un État neutre dans les
intérêts du peuple coréen en tant qu'étape
intermédiaire menant à la réunification
complète telle que désirée par le peuple
coréen. Ces efforts et d'autres par Kim Il-sung, ainsi que les
efforts de son successeur Kim Jong-il, ont eu comme résultat la
Déclaration conjointe Nord-Sud en 2000,
l'Entente du 4 octobre 2007 et, grâce aux efforts du
président Kim Jong-un, la Déclaration de Panmunjom
du 27 avril 2018. Ces ententes historiques ont
été une inspiration et ont donné des ailes au
peuple coréen dans son désir de réunification
indépendante et pacifique. Elles font désormais partie de
la conscience politique
du peuple coréen.
Aujourd'hui, en dépit des sanctions politiques
et économiques adoptées au Conseil de
sécurité contre la RPDC sous l'influence des
États-Unis, en surcroît des sanctions imposées par
les États-Unis, le Canada et d'autres pays impérialistes,
la RPDC continue d'aller résolument de l'avant. Sous la
direction de Kim Jong-un, la RPDC continue de
renforcer son économie indépendante et autonome et de
consolider et multiplier ses relations avec d'autres pays sur la base
de la cause commune de l'indépendance et de la paix pour
elle-même et pour toutes les nations et tous les peuples. Elle
continue de faire preuve d'une grande culture politique, mettant en
oeuvre les engagements du Sommet
RPDC-États-Unis et appelant les États-Unis à
respecter eux aussi leurs engagements.
(Photos: Naenara, Hankoreh)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca