Le sommet de l'OTAN intensifie les
préparatifs de guerre impérialistes
Le sommet montre les dangers que posent les
intérêts nationaux des puissances impérialistes
Bruxelles, Belgique, 7 juillet 2018. Sur la
bannière : « Oui à la paix ! Non à
l'OTAN ! »
Alors que les pays de l'OTAN se querellent avec les
États-Unis pour
le contrôle de l'Europe et la domination de l'Asie, des centaines
de
milliers de personnes descendent dans la rue pour s'opposer au sommet
de l'OTAN de 2018 à Bruxelles et à la visite
subséquente du président
américain Donald Trump en Angleterre et en Écosse.
Les actions des peuples mettent fermement à l'ordre du jour
leurs
revendications pour la paix et la fin de l'agression, de la guerre et
de l'occupation, y compris le démantèlement du bloc
agressif de l'OTAN
dirigé par les États-Unis.
Le Marxiste-Léniniste salue tous ceux
qui se sont
rassemblés à Bruxelles, en Angleterre et en Écosse
pour défendre les
revendications du mouvement mondial pour la paix et s'opposer à
la
réaction et à la guerre impérialistes. Ces
interventions montrent
clairement la nécessité pour les peuples de bâtir
de solides fronts
nationaux et un
solide front international contre la guerre et pour des relations
pacifiques entre les pays basées sur l'avantage
réciproque et la
reconnaissance de la souveraineté de toutes les nations, et non
pas sur
la loi du plus fort.
Manifestation de masse contre la visite du président
américain
Trump à Londres, le 13 juillet 2018. Trump a
été tenu à l'écart de
Londres en raison de l'opposition massive à sa visite, une
indication
de l'ampleur de l'opposition à ses positions
réactionnaires et au
bellicisme américain, ainsi qu'au gouvernement britannique de
Theresa May pour l'avoir invité.
Manifestation à Glasgow, le 13 juillet 2018
Dix mille personnes manifestent à Édimbourg le 14
juillet 2018
contre la visite du président américain. Trump est
allé en Écosse pour
visiter l'un de ses terrains de golf.
Les dirigeants de l'OTAN déclarent que le Sommet
tenu à Bruxelles
du 11 au 12 juillet a atteint tous ses objectifs :
accroître les
dépenses de guerre, renforcer la mainmise de l'OTAN sur l'Europe
de
l'Est, poursuivre l'encerclement de la Russie, stabiliser l'emprise de
l'OTAN sur l'Afghanistan et l'Irak et « protéger
l'Europe » contre l'incursion de migrants d'Afrique du Nord
et d'Asie
occidentale. Les États-Unis ont exploité les
contradictions entre eux
et les grandes puissances d'Europe, ainsi que parmi les
puissances européennes, en faveur de leurs intérêts
qui
sont de «
redonner sa gloire à l'Amérique ». Mais c'est
en
vain puisque ces
contradictions ne feront que s'approfondir dans l'avenir
immédiat. En
fait, les développements récents ont mis en
évidence le fameux dicton :
« Les nations n'ont pas d'amis permanents et pas d'ennemis
permanents,
seulement des intérêts permanents. » Tant que
ce sera le cas, les intérêts et la souveraineté des
peuples du monde seront foulés au pied.
Le premier jour du Sommet, Trump a commencé par
réitérer la demande
que tous les membres de l'OTAN atteignent l'objectif des
dépenses
militaires de 2 % du PIB mais avec une date
rapprochée, soit
janvier 2019, six ans plus tôt que convenu. À la fin
de la journée, il
a dit que l'objectif doit être de 4 %. Le
lendemain il menacé les autres pays de l'OTAN en disant que
s'ils
n'atteignent pas la barre des 2 % avant janvier, les
États-Unis
pourraient faire cavalier seul. Le résultat fut une
réunion d'urgence
convoquée par le secrétaire général de
l'OTAN, Jens Stoltenberg, après
quoi Trump a déclaré que « l'engagement
était
de 2 %. Ultimement, ça va être beaucoup
plus » et que Stoltenberg
fournirait les chiffres précis. Les membres de l'OTAN, outre les
États-Unis, prévoient augmenter leurs dépenses
militaires d'un
montant total de 11 milliards de dollars américains cette
année.
Le président
américain a donc encore une fois usé d'hooliganisme
pour imposer les demandes américaines, faisant de l'augmentation
des
dépenses de guerre le point de référence sur tous
les sujets abordés lors de la
discussion et forçant les autres pays à y
répondre. Le premier ministre
Trudeau a réitéré que le Canada n'augmentera pas
ses dépenses
militaires pour l'instant parce les dépenses militaires du
Canada ont
déjà augmenté de 70 % pour la prochaine
décennie. « Le président a
toujours été convaincu qu'il voulait voir les gens
dépenser davantage
pour la défense dans leur pays et nous sommes très
heureux de le faire,
a-t-il dit en point de presse. Nous allons toujours
progresser, avec de l'argent mais aussi avec des engagements et de la
capacité, c'est ce que l'OTAN recherche. » Il a dit
que le Canada a
réaffirmé son engagement à consacrer
l'équivalent de 2 % de son PIB aux
dépenses militaires et à inverser toute réduction.
Une réponse
similaire a été donnée par d'autres dirigeants.
Plus tard, lors d'une conférence de presse,
Stoltenberg a déclaré :
« Tous les alliés ont clairement compris le message du
président
Trump : nous comprenons que ce président américain
prend très au
sérieux les dépenses de défense, et cela a un
impact évident. »
Avant même le début du Sommet, Trump a
clairement imposé la
politique américaine de contrôle de l'Europe quand il a
accusé
l'Allemagne d'être « captive de la Russie »
à cause du gazoduc
extracôtier de Nord Stream qui acheminera le gaz russe vers
l'Allemagne
à travers la mer Baltique, contournant une route terrestre
devant
passer
par l'Ukraine. Le département d'État américain a
averti les entreprises
européennes impliquées dans l'accord sur le gazoduc que
le projet
pourrait diviser l'Europe et qu'elles risquaient des sanctions. Cela a
provoqué l'ire de la chancelière allemande Angela Merkel
et des
entreprises allemandes qui ont rejeté le diktat américain
sur la
politique
énergétique européenne.
Mais il n'y avait pas de position unanime contre les
États-Unis
cette fois-ci, contrairement à ce qui s'est produit au Sommet du
G7 au
Québec sur la question des tarifs. La ministre des Affaires
étrangères
du Canada, Chrystia Freeland, s'est rangée du côté
des États-Unis
contre l'Allemagne en disant qu' « il y a une raison pour
laquelle il y
a
des sanctions significatives de l'Occident contre la
Russie ». Elle a
dit que « ces sanctions devront rester en place tant que la
Russie
continuera ses actions illégales » et que « le
Canada a d'importantes
préoccupations concernant le projet Nord Stream. »
Cette position montre une
fois de plus que la politique étrangère
du Canada est non seulement dirigée par les États-Unis,
mais aussi
inspirée par la loyauté envers les collaborateurs nazis
en Ukraine et
dans les Républiques baltes. Les Canadiens ne partagent pas du
tout cet « intérêt national » à
encercler la Russie sur la base d'une campagne de peur qui rappelle la
Guerre froide.
Dans ce numéro, Le Marxiste-Léniniste
présente des
informations sur le rythme accéléré des
préparatifs de guerre des
puissances impérialistes et appelle ses lecteurs à
exprimer leur
opposition à des relations étrangères du Canada
basées sur ces
agissements guerriers, étroits et réactionnaires et
à rejeter cette
définition de l'intérêt
national du Canada. Il les appelle à exiger que les troupes
canadiennes
soient retirées de tous les pays étrangers, que le Canada
sorte de
l'OTAN et que l'OTAN soit démantelée.
(Avec des informations de : OTAN,
CBC,
Washington Post. Photos : Workers 'Weekly, Congrès des
syndicats
écossais, Scotland Against Trump, D. Ferguson, LML)
C'est aux peuples du monde à faire échec
à la course à la guerre des impérialiste
Manifestation à Athènes, en Grèce, le 11
juillet 2018 contre le Sommet de l'OTAN (S. Kamaniolis)
Le sommet de l'OTAN et les événements
liés au sommet ont fourni une
nouvelle occasion de répandre des mensonges au sujet de l'OTAN,
en la
qualifiant d'alliance pour la paix alors qu'en fait elle est et a
toujours été une alliance pour l'agression et la guerre.
Lors de la
conférence de presse tenue avant le sommet le 10 juillet,
le
secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a
dit : « L'OTAN
incarne le lien entre l'Europe et l'Amérique du Nord, un lien
qui
protège nos peuples depuis presque soixante-dix
ans. » Au contraire,
elle a fait partie de la course à la guerre qui a
été instiguée par les
impérialistes anglo-américains après la
Deuxième Guerre mondiale
et a été initiée par le discours raciste et
anticommuniste de Winston
Churchill à Fulton, au Missouri, le 5 mars 1946.
« Nous sommes une alliance qui existe pour
empêcher les conflits et
pour maintenir la paix, une alliance qui sait s'adapter en permanence
à
un monde qui change, et avant tout une alliance qui est à la
hauteur de
ses engagements », a déclaré Jens Stoltenberg..
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a repris
cette
désinformation lorsqu'il a pris la parole en Lettonie le 10
juin et dit
que l'OTAN appuie un ordre international qui repose sur des
règles
depuis maintenant 75 ans.
Dire que l'OTAN appuie depuis 70 ou 75 ans un
ordre international
reposant sur des règles est intéressé et
hypocrite. L'OTAN a été créée
comme une partie intégrante de la guerre froide que les
impérialistes
anglo-américains ont lancée pour s'opposer à
l'Union soviétique et au
communisme afin de s'assurer qu'après à la
Deuxième Guerre mondiale, le mouvement des peuples du monde pour
une
paix durable, pour la liberté et la paix ne puisse pas
s'implanter.
Elle a été créée pour faire en sorte, entre
autres choses, que la
dénazification de l'Europe ne soit pas réalisée,
et la machine nazie a
d'ailleurs été incorporée dans les agences
d'État anglo-américaines.
Politiquement, des pays comme l'Italie et la France ont adopté
des
systèmes électoraux dont l'objectif était
d'empêcher l'instauration du
pouvoir populaire. L'impérialisme anglo-américain a aussi
imposé la
division de l'Allemagne pendant plusieurs décennies, une
division pour
laquelle il a blâmé le communisme. Il a porté cette
accusation bien que
ce soient les impérialistes américains qui ont
divisé l'Allemagne et
refusé de la réunifier, ayant utilisé cette
méthode auparavant en
Corée, puis au Vietnam tandis que les impérialistes
britanniques ont
divisé l'Inde, organisé le régime fasciste en
Grèce et les atrocités en
Indonésie et la liste ne s'arrête pas là.
Ensemble, les impérialistes
anglo-américains ont organisé des
opérations occultes pour miner le mouvement des peuples pour la
paix,
la démocratie et la liberté au moment où la paix
était le plus grand
besoin des peuples du monde et que ce besoin ne pouvait pas être
comblé
sans l'établissement d'une démocratie internationale et
la
reconnaissance du droit de toutes les nations, grandes et petites, de
déterminer leurs propres affaires. La revendication
d'indépendance
nationale et de démocratie a surgi comme la revendication la
plus
importante avec la revendication de la paix.
La création de l'OTAN a consolidé le
glissement de considérations
politiques vers des considérations idéologiques, pour
servir
l'objectif, une fois de plus, de trouver des marchés pour le
capital et
les produits américains. Ceci avait donné naissance
à la politique
stratégique de Truman de l'« endiguement du
communisme » en
mars 1947 que Churchill a épousée dans son discours
du « rideau de
fer ». Truman a remplacé la tâche
immédiate de l'après-guerre de
liquidation de la machine de guerre nazie, du nazisme, du fascisme et
du militarisme par la politique d' « endiguement du
communisme » Les
États-Unis ont commencé à établir le plus
grand
nombre de bases militaires que possible dans le monde et ont
également
formé des alliances militaires contre l'Union soviétique,
leur allié
pendant la guerre.
Le premier objectif du mouvement pour la paix
était de lutter
contre la scission des alliés du temps de guerre et de faire
avancer
leur unité politique malgré leurs différences
idéologiques,
c'est-à-dire la coexistence pacifique entre pays ayant des
systèmes
sociaux différents et opposés. Le mouvement pour la paix
était
éagalement dirigé contre la
militarisation de l'économie et le bellicisme des
États-Unis et la
militarisation du monde entier par les bases et les alliances
militaires. Le mouvement pour la paix a mis les considérations
politiques au premier plan et la paix est devenue la question politique
la plus urgente de l'après-guerre pour tous, quelles que soient
leurs
positions
idéologiques.
Quelques jours après que Churchill ait
prononcé son discours
tristement célèbre sur le rideau de fer, le dirigeant
soviétique Joseph
Staline, dans une entrevue à la Pravda, a dit que le
discours
de Churchill avait incontestablement compromis la cause de la paix et
de la sécurité et que Churchill se trouvait dans la
position d'un
fauteur de
guerre, et qu'il ne s'y trouvait pas seul. Il appelait à la
guerre
contre l'Union soviétique. Staline a dit que Churchill rappelait
Hitler
et ses amis en commençant la préparation à la
guerre par la
proclamation d'une théorie raciale, et que Churchill
également commence
la préparation à la guerre en affirmant que seules les
nations de
langue anglaise
sont des nations appelées à diriger les destinées
du monde entier. Il a
dénoncé le mépris affiché par Churchill des
traités qui liaient
solennellement l'Angleterre et l'Union soviétique. Il a
ridiculisé les
paroles de Churchill au sujet des « tendances
expansionnistes » de
l'Union soviétique et de la subordination des démocraties
populaires,
attirant
l'attention sur l'appui de Churchill pour les anciens collaborateurs
nazis. Il a dit que l'observation de Churchill sur l'influence
grandissante des communistes en Europe était correcte, car cette
influence était le résultat logique de leur lutte
intrépide et pleine
d'abnégation contre les régimes fascistes. Il a
tourné en ridicule la
référence condescendante
de Churchill aux « petites gens qui vivent dans des maisons
modestes »,
faisant remarquer que ces petites gens venaient juste de chasser
Churchill du pouvoir ! Il avait terminé en déclarant
que si Churchill
réussissait à lancer une guerre contre l'Union
soviétique, ce qui était
peu probable, car des millions de « petites gens »
montaient la garde pour défendre la cause de la paix, il serait
certainement battu, de même qu'il avait été battu
quand il avait dirigé
l'intervention « des quatorze États » contre la
Russie en 1919-1920.
Aujourd'hui, l'Union soviétique n'existe plus
mais le rôle de
rempart contre la réaction et la guerre continue d'être
l'unité
d'action des peuples du monde pour défendre la paix, de la
liberté et
de la démocratie. Ce sont les peuples du monde qui doivent faire
échec
à la course à la guerre des impérialistes.
Le Canada prolonge et élargit sa participation
à la mission de l'OTAN en Lettonie
Le 10 juillet, le
premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada, dans le
cadre de l'opération REASSURANCE de l'OTAN visant à
encercler la Russie, prolongeait sa mission en Lettonie
jusqu'en 2023 et y déployait un plus grand nombre de
militaires canadiens, faisant passer leur nombre de 455
à 540.
Le Canada dirige le groupement tactique de l'OTAN en Lettonie et a
participé en juin aux importants exercices de guerre de l'OTAN.
Trudeau a fait cette annonce à Riga à la suite de sa
rencontre avec le premier ministre letton, Maris Kucinskis.
L'opération REASSURANCE repose sur le soutien au
régime du coup d'État réactionnaire
installé en 2014 en Ukraine soutenu par le Canada, les
États-Unis et leurs alliés, et sur la
désinformation au sujet du référendum par lequel
le peuple de Crimée a décidé de faire partie de la
Russie.
Trudeau a profité de l'occasion pour cibler
à nouveau la Russie afin de justifier le bellicisme de l'OTAN et
la participation du Canada. « Nous espérons
sincèrement que le message soit clairement transmis au
président Poutine que ses actions de déstabilisation et
de mépris de l'ordre international fondé sur des
règles qui ont été soutenues avec
succès par l'OTAN au cours des 75 dernières
années sont extrêmement sérieuses », a
déclaré Trudeau.
Trudeau a également rencontré le
président letton, Raimonds Vejonis, le même jour. Il a
également déposé une gerbe au « Monument de
la liberté » et participé à plusieurs
activités sur une base militaire d'Adazi. Trudeau a
également assisté à une veillée aux
chandelles à un monument commémoratif letton « Aux
soldats tombés au
combat », à un déploiement de véhicules
du contingent international et a rencontré les militaires
canadiens.
Le « Monument de la Liberté »
de Riga est un foyer d'événements qui falsifient les
faits au sujet de la libération de la Lettonie des nazis par
l'Armée rouge soviétique pendant la Deuxième
Guerre mondiale la présentant comme une agression et une
occupation. C'est aussi le site des commémorations publiques des
criminels de guerre
lettons qui ont collaboré avec les nazis, faussement
qualifiés de « combattants de la
liberté ».
La Lettonie est
également un des pays auxquels Hommage à la
liberté, une organisation privée liée à des
collaborateurs nazis lettons, fait appel pour financer le monument
anticommuniste que le gouvernement Trudeau construit à Ottawa.
Ce monument, censé commémorer le Canada comme une «
terre d'accueil » pour les « victimes du
communisme », vise en fait à réhabiliter les
nazis et les collaborateurs nazis comme ceux de Lettonie. Le soutien
public des Canadiens à ce projet extrémiste est
pratiquement inexistant, ce qui rend nécessaire le soutien de
bailleurs de fonds étrangers (ainsi que du gouvernement
canadien).[1] Cela
montre également avec clarté l'hypocrisie de
l'hystérie des libéraux de Trudeau au sujet de «
l'ingérence étrangère » dans la
politique canadienne, alors qu'une influence étrangère en
soutien aux nazis et au bellicisme contre la Russie est jugée
acceptable et même souhaitable.
La visite de Trudeau en Lettonie souligne les dangers
que représente l'adhésion du Canada à l'OTAN,
conjuguée à l'assaut idéologique anticommuniste
pour transformer l'expérience de la Deuxième Guerre
mondiale en réhabilitation des nazis et diaboliser
l'Armée rouge et l'Union soviétique afin de justifier
dans le présent l'agression et les
crimes de guerre.
Le Canada assumera le commandement d'une mission
d'entraînement de l'OTAN en Irak
Le Canada a l'intention de prouver au président
des États-Unis, Donald Trump, que même s'il ne consacre
pas 2 % de son PIB à la défense, il assumera
des
dépenses pour des missions liées à l'OTAN qui
devraient être comptabilisées dans le 2 %.
Le 11 juillet, Trudeau
a annoncé que le Canada assumera le commandement d'une mission
d'entraînement de l'OTAN en Irak pour sa première
année. La mission est considérée comme une
réponse aux demandes des États-Unis pour que l'OTAN
« améliore les compétences de l'armée
irakienne pour stabiliser le pays et empêcher la
réapparition de groupes tels que l'État islamique en Irak
et en Syrie (EI) », rapporte la CBC.
À l'heure actuelle, il y a environ 850
soldats et membres d'équipage d'aéronefs canadiens en
Irak dans le cadre de l'opération Impact. La mission inclut
également jusqu'à 200 soldats des forces
spéciales. Le général Jonathan Vance, chef
d'état-major de la Défense du Canada, a dit que la
mission des Forces spéciales canadiennes
se poursuivrait, à l'écart du nouveau déploiement
de l'OTAN. Un contingent d'ingénieurs de combat,
déjà sous le drapeau de l'OTAN et séparé de
l'opération Impact, continuera également d'être
indépendant de la nouvelle mission de l'OTAN.
CBC rapporte que la nouvelle mission de l'OTAN «
engagera jusqu'à 250 soldats canadiens
déployés à Bagdad et dans les environs à
l'automne et jusqu'à quatre hélicoptères Griffon.
« La mission d'entraînement, qui est en
cours depuis au moins deux ans, sera commandée par un
major-général canadien, et les troupes canadiennes
fourniront la majeure partie du personnel qui composera le quartier
général, qui protégera les centaines d'autres
entraîneurs de l'OTAN qui sont attendus en juillet pour commencer
leur
travail. »
S'exprimant lors d'un forum organisé par le
German Marshall Fund, Trudeau a justifié le rôle accru du
Canada en Irak comme étant « la prochaine étape du
défi en Irak ». Vaincre l'EI était la
première étape, a-t-il dit, « et maintenant nous
devons reconstruire cette démocratie et la
renforcer ».
Les paroles de Trudeau soulèvent la question de
quelle démocratie le Canada devrait participer à
reconstruire en Irak selon lui. Depuis l'invasion et l'occupation de
l'Irak par les États-Unis en 2003 et le changement de
régime qui a suivi, les États-Unis ont cherché
à imposer leur volonté au peuple irakien et ont
trouvé des collaborateurs
locaux pour les aider dans cette mission. La reconstruction et le
renforcement d'une soi-disant démocratie qui a été
imposée par la force des armes est une contradiction en soi, et
ces grands idéaux sont invoqués pour justifier une
entreprise entièrement illégitime.
En outre, le fait de considérer que de telles
missions constituent un entraînement est utilisé pour
dissimuler le caractère injuste et inacceptable de ces missions,
même si elles ne sont prétendument pas impliquées
dans des combats. Par exemple, les troupes canadiennes sont
présentes en Ukraine, non seulement en violation des accords de
Minsk
qui bannissent la présence de troupes étrangères
en Ukraine, mais elles entraînent des forces qui comprennent des
unités paramilitaires fascistes. Les troupes canadiennes
continuent de faire partie de l'occupation indéfinie de l'OTAN
en Afghanistan.
Le moment choisi pour faire
ces
deux annonces est lié au sommet de l'OTAN de 2018,
où le Canada a cherché à atténuer la
critique inévitable du président américain Donald
Trump pour ses dépenses militaires inadéquates. Le
gouvernement Trudeau, en
emboîtant le pas à l'agression menée
par les États-Unis et l'OTAN en Lettonie et en Irak, prouve que
le Canada « fait plus que sa juste part », malgré le
fait
qu'il ne respecte pas les normes de dépenses militaires des
États-Unis et de l'OTAN.
Pour sa part, la ministre des Affaires
étrangères, Chrystia Freeland, a invoqué le terme
ronflant de « l'intérêt national » pour
justifier la nouvelle mission en Irak, tout en prétendant que se
soumettre aux demandes américaines ne fait pas partie de
l'équation du gouvernement :
« Notre première - et vraiment notre seule
considération - était ce qui servait
l'intérêt national canadien, ce qui servait les Canadiens,
ce qu'il convenait de faire pour le Canada compte tenu de notre
rôle dans le monde et du très grand intérêt
que nous portons en tant que Canadiens à
l'ordre international fondé sur des
règles et fonctionnel », a-t-elle dit.
Les préparatifs de guerre au nom d'un ordre
international fondé sur des règles est clairement le
nouveau mantra du gouvernement Trudeau. Ça ne passera
pas !)
Conférence internationale du Conseil mondial de
la paix contre l'OTAN
Quelques jours avant le sommet de l'OTAN, les 7
et 8 juillet, le
Conseil mondial de la paix (CMP) a organisé une
conférence à Bruxelles
dans le cadre de sa campagne « Non à l'OTAN - Oui à
la paix ». Les
participants ont discuté de comment renforcer les mouvements
anti-impérialistes pour la paix dans les conditions
actuelles. Les participants venaient de mouvements
anti-impérialistes
pour la paix en Belgique, en Bulgarie, à Chypre, en Espagne, aux
États-Unis, en Grèce, en Italie, au Népal, en
Norvège, en Pologne, au
Portugal, en Serbie et en Turquie.
Le discours d'ouverture a été
prononcé par Thanassis Pafilis, secrétaire
général du CMP. Il a déclaré en
partie :
« Il ne fait aucun doute que, comme nous l'avons
proclamé, l'OTAN
était et est l'ennemi des peuples et de la paix, la branche
armée de
l'impérialisme, la dangereuse organisation meurtrière
protégeant les
intérêts du capital à l'échelle mondiale,
qui intensifie son agression
contre les peuples, dont les contradictions et rivalités
internes
mènent à
de nouvelles guerres et à leur généralisation
possible, et que, de ce
point de vue, la lutte des peuples dans son ensemble pour sa
dissolution est une priorité immédiate. La lutte des
peuples dans les
pays membres de l'OTAN pour le désengagement, ainsi que la
dénonciation
de tous les gouvernements des États membres qui participent et
approuvent
à l'unanimité ses décisions, sont très
importantes. Il n'y a aucun
doute sur le caractère impérialiste de l'Union
européenne, qui
travaille en étroite collaboration avec l'OTAN dans le
même but.
« La création d'un monde
véritablement de paix où les peuples
prospèrent passe par le renversement de la domination
impérialiste et
de la barbarie dans son ensemble. »
Pafilis a souligné que « dans la
région de la mer Méditerranée,
nous sommes témoins d'une concurrence féroce pour le
contrôle des
ressources, de l'énergie et du transport des produits, pour le
contrôle
géostratégique. De tels antagonismes se produisent dans
le monde
entier : de l'Arctique à l'Asie du Sud-Est, du Caucase aux
Balkans et
en Afrique, la guerre économique entre les États-Unis,
l'UE, la Chine
et d'autres grandes puissances s'intensifie : la planète
entière
ressemble à un volcan avec pour le moment de petites explosions
mais
qui promet de plus grandes conflagrations, comme l'histoire l'a
montré.
Cette situation souligne aussi le devoir de la lutte des peuples
contre les interventions et les guerres impérialistes et leurs
causes. »
Le mouvement « La
Norvège pour la paix » a fait référence
aux
aspirations de l'OTAN à dominer l'Atlantique Nord et l'Arctique.
En
Norvège, il existe des bases navales américaines et un
aéroport civil
est en cours de rénovation pour l'intégrer à la
force militaire de
l'OTAN. En outre, un système de surveillance de l'OTAN
(Globus 3) a été installé près de la
frontière avec la Russie. L'Accord
entre les États-Unis et la Norvège de novembre 2017
sur l'information
radar permet à l'OTAN de se procurer des informations provenant
de la
Finlande et de la Suède. Un vaste exercice militaire de l'OTAN -
le
plus important depuis la fin de la Deuxième Guerre
mondiale - aura lieu à la fin du mois d'octobre dans la
région
scandinave. Il y aura 35 000 soldats de 30
pays, 150 avions de combat
et 70 navires de guerre. Les exercices incluront la Suède,
la Finlande
et les pays baltes et le scénario est que la Norvège est
attaquée par
la Russie.
Le Conseil national bulgare pour la paix s'est
adressé aux tensions
croissantes entre l'OTAN et la Russie dans la mer Noire, la
présence
militaire de l'OTAN dans la région et l'intégration
stratégique de
l'ex-République yougoslave de Macédoine et des autres
pays des Balkans
de l'ouest à l'OTAN.
L'intensification de la présence militaire de
l'OTAN en Europe de
l'Est, dans les Balkans et dans les États baltes et la
propagande aux
États-Unis ont été analysées par le
représentant de la Coalition
nationale contre la guerre aux États-Unis.
Le représentant du Comité contre la
guerre de Milan a souligné que
l'Italie est un point stratégique pour l'OTAN avec des armes
militaires, navales, aéroportées et nucléaires
réparties dans tout le
pays. Le commandement de l'OTAN est stationné à Naples.
La Sicile est
le centre des télécommunications par satellite de l'OTAN
et des drones
qui
peuvent fonctionner dans le monde entier ; en Sardaigne, il existe
une
base cruciale pour les exercices militaires et des essais d'armes
nucléaires, ce qui entraîne des taux élevés
de cancer dans la région.
Il a dénoncé le gouvernement italien pour ses
dépenses militaires de 70
millions d'euros par jour, et pour participer et mettre en
oeuvre toutes les décisions de l'OTAN. Il a évoqué
le rôle du
gouvernement italien dans l'invasion de la Libye, mettant les bases
aériennes du pays à la disposition de cette agression de
l'OTAN.
Paula Polanco, président du mouvement belge
INTAL, a souligné que
le devoir du mouvement pour la paix est de créer des mouvements
forts
dans chaque pays contre l'OTAN, les États-Unis et l'UE et de
lier la
lutte anti-impérialiste à la lutte pour la justice
sociale. Elle a
également exigé le retrait de la Belgique de l'OTAN.
Le « Forum de Belgrade pour un monde
d'égaux » a été présidé
par le
dernier ministre yougoslave des affaires étrangères,
Zivadin Jovanovic,
qui a souligné l'opposition du peuple et du mouvement pour la
paix en
Serbie à l'adhésion à l'OTAN ou à toute
alliance militaire. Il a cité
une enquête réalisée en mars dernier qui montre
que 90 % de la population serbe s'oppose à son
adhésion à l'OTAN.
Cependant, il a ajouté que « l'OTAN intensifie sa
propagande dans le
pays ». La « Commission 100 n » a
récemment été annoncée pour
promouvoir la propagande sur les avantages que la Serbie aurait si elle
adhérait à l'OTAN, une « alliance
d'États développés, riches et
humanitaires ».
Le Conseil portugais pour la paix et la
coopération a condamné les
activités impérialistes meurtrières de l'OTAN,
ainsi que la Coopération
européenne structurée permanente (PESCO), exigeant que
les forces
armées portugaises ne participent pas aux missions de l'OTAN et
de
l'UE. La campagne du CPCM « Non à l'OTAN - Oui à la
paix », à laquelle des dizaines d'organisations
portugaises participent
avec des événements et le partage de matériel,
fait la promotion de la
lutte contre l'OTAN, a également fait savoir le
délégué portugais.
Le représentant de la Fédération
mondiale de la jeunesse
démocratique (FMJD) a souligné que depuis les
premières années de sa
création, la FMJD a combattu les actions et les crimes de l'OTAN
et que
l'histoire de l'OTAN est cousue d'interventions, de coups d'État
et de
renversements violents qui ont conduit des millions de personnes
à la
misère, la mort et le déplacement. « Les plans de
l'OTAN, cette machine
de guerre impérialiste, sont condamnés par des millions
de personnes et
de jeunes dans des douzaines de pays. Nous coordonnons notre action
avec notre organisation fraternelle, le CMP, contre l'ennemi commun,
l'impérialisme, ses mécanismes et ses plans. Nous
exprimons
notre solidarité militante avec les justes luttes des peuples
sous
occupation, confrontés à la menace et l'intervention
impérialiste »,
a-t-il déclaré.
Le représentant du Comité grec pour la
paix et la détente
internationale (EEDYE) a appelé les représentants des
autres mouvements
anti-impérialistes pour la paix à renforcer la lutte
« pour fermer les
bases et le siège euro-atlantique, pour sortir nos pays des
organisations et des alliances impérialistes, pour exprimer
notre
solidarité avec les
peuples menacés par l'impérialisme, le chantage et les
interventions
militaires ». Seule la lutte organisée des peuples
pour être souverains
dans leur propre pays et les propriétaires des richesses qu'ils
produisent peut garantir une paix réelle et la justice sociale,
a
conclu le représentant d'EEDYE.
Le représentant du Comité de la paix de
la Turquie a souligné qu'il
est important de mettre l'accent sur le système
impérialiste et ses
instruments, comme l'OTAN, plutôt que de se concentrer sur les
dirigeants individuels, tout en donnant l'exemple des États-Unis
et de
son président. Il a également souligné que
l'impérialisme continue de
concentrer son attention sur l'Europe de l'Est, les Balkans, la
Méditerranée orientale et le Moyen-Orient et que la lutte
pour la paix
dans ces régions est particulièrement importante.
Le délégué du Conseil de la
solidarité et de la paix au Népal a
noté que « nous appuyons en tant que membre du
secrétariat du CMP
(Coordinateur du CMP en Asie/Pacifique) ses actions et initiatives, qui
continueront aussi longtemps que l'OTAN existera. Nous luttons pour
démasquer son caractère criminel et impérialiste,
comme c'est
documenté en Yougoslavie et en Afghanistan, en Iraq, en Syrie et
au
Yémen. L'OTAN est également active dans notre
région, que ce soit par
l'intermédiaire de bases militaires américaines ou de
l'OTAN, ou par le
biais des accords bilatéraux de coopération militaire,
qui existent
avec la plupart de nos pays avec les États-Unis »,
a-t-il ajouté.
Il a enfin mentionné que « la réunion
régionale Asie-Pacifique à
Katmandou se tiendra à la fin du mois de juillet, où nous
discuterons
de questions brûlantes telles que la situation autour de la
péninsule
coréenne, la mer de Chine méridionale et les plans
impérialistes dans
la région ».
Après la conférence, les participants ont
pris part au
rassemblement contre l'OTAN à Bruxelles. Au
moins 3 000 personnes ont
pris part à l'action.
(Photos : Conseil mondial de la
paix, GUE/NGL, D. Ferguson, D. Bolotsky, L. Wirl.)
Un fonds de l'industrie militaire pourrait
encourager le développement et l'exportation d'armes
controversées
- Réseau européen contre le
commerce des armes -
L'Union
européenne (UE) est sur le point de convenir d'un fonds commun
pour l'industrie militaire qui donnera des milliards de dollars aux
entreprises d'armement et exacerbera la course aux armements dans le
monde. Présenté comme une étape clé pour
renforcer l'UE et regagner la confiance des citoyens, il enchâsse
plutôt le renouvellement des intérêts nationaux dans
un contexte
de sécurité stricte, écrit Laëtitia
Sédou.
Le rapport qui suit est de
Laëtitia Sédou, chargée de programme du
Réseau européen contre
le commerce des armes (ENAAT), qui regroupe des groupes de recherche et
de campagne de 13 pays européens ainsi que plusieurs
organisations internationales.
***
Le 22 mai, le Parlement européen, la
Commission et les États membres sont parvenus à un
compromis sur
le Programme européen de développement industriel dans le
domaine de la défense (EDIDP, le deuxième et plus grand
pilier du Fonds de défense de l'UE, qui financera le
développement de nouvelles armes en 2019
et 2020) après 3 mois de négociations à
huis clos. Ce compromis doit encore être approuvé par nos
députés européens et nos gouvernements nationaux
dans les semaines à venir.
Le Parlement européen abandonne la plupart
de ses revendications clés
Le résultat de ce « trilogue »
est éloquent : le Parlement européen (PE) a perdu la
plupart de ses revendications clés, y compris celles qui ont pu
limiter les effets les plus néfastes de ce programme.
Le PE a demandé que le budget de 500
millions d'euros provienne de marges non allouées afin de ne pas
affecter les programmes en cours, ce qui est prétendument une
ligne rouge à ne pas franchir pour le Parlement. Cependant, ses
négociateurs ont finalement accepté que 60 %
des fonds (300 millions) soient détournés
des programmes civils existants.
Sachant que la proposition initiale était un
détournement de 75 %, cela est loin d'être un
« succès » et discrédite davantage le PE
dans les futures négociations sur le prochain budget à
long terme, qui prévoit un montant disproportionné
de 13 milliards pour le Fonds de défense.
Les négociateurs du PE ont également
accepté que la Commission mette en oeuvre le programme sans
consulter le Parlement sur des éléments concrets tels que
les priorités détaillées à financer,
contrairement à la pratique habituelle des plans de financement
de l'UE.
Ceci est particulièrement problématique
car l'EDIDP est un programme pilote sans précédent, et le
projet de réglementation n'est pas clair sur le type de
développements industriels qui seront financés, mis
à part 3 domaines vagues et vastes (mobilité et
protection de l'énergie, communications et renseignement et
capacités d'engagement
et de combat).
Personne ne sait vraiment quel type d'armement sera
développé avec ces 500 millions d'euros provenant de
l'argent des contribuables, sauf peut-être l'industrie militaire
qui influence trop la Commission sur ces développements, et les
États membres qui se sont dotés de facto d'un pouvoir de
veto au sein du comité traditionnel des
programmes, dans un geste sans précédent par rapport aux
pratiques habituelles de l'UE.
Un programme alimentant la course mondiale aux
armements,
y compris par des drones armés et le développement
d'armes autonomes
Comment pouvons-nous alors affirmer que les
exportations d'armes et le développement des armes autonomes
sont les principaux dangers que représente le Fonds de
défense ? Plusieurs faits l'indiquent.
Les députés européens
progressistes avaient obtenu des amendements prévoyant une
exclusion claire des activités liées à une liste
d'armes interdites ou controversées, dont le
développement d'armes entièrement autonomes.
Malheureusement, afin d'obtenir un accord à tout prix, ces
amendements ont été édulcorés par les
négociateurs du PE à
tel point qu'ils n'ont plus de poids.
Et la résistance farouche des États
membres contre toute exclusion claire et juridiquement contraignante de
technologies controversées comme les armes entièrement
autonomes est un indicateur inquiétant qu'ils veulent être
en mesure de développer toutes sortes de technologies militaires
sans considération éthique, afin d'atteindre et de
maintenir la supériorité des technologies
européennes par rapport aux « ennemis » ou
concurrents potentiels.
Une telle « autonomie
stratégique » est en effet l'un des principaux
objectifs du Fonds de défense de l'UE.
Déjà, des pays clés comme la
France et l'Allemagne ont déclaré publiquement que le
développement de drones « prêts à être
armés », voire déjà armés, comme
le programme MALE Eurodrone, devrait être parmi les premiers
projets à être financés par le Fonds
européen de défense à partir de 2021.
L'action préparatoire en cours sur la recherche
en matière de défense (PADR, premier pilier du Fonds de
défense) consacre actuellement un tiers de son budget de 90
millions à un projet de surveillance maritime au moyen de
systèmes de surface et de sous-marins sans équipage
(Ocean 2020).
En ce qui concerne les exportations, un des principaux
objectifs de l'EDIDP est la compétitivité mondiale de
l'industrie de l'armement, et « un effet positif sur les
exportations » est un des résultats escomptés.
Sachant que les marchés nationaux fragmentés sont
déjà trop petits pour absorber la surproduction
européenne et assurer une
meilleure rentabilité, l'industrie de l'armement mettra encore
plus l'accent sur les exportations.
De plus, les États membres veulent
protéger leur industrie militaire nationale, ce qui conduit
à l'introduction d'incitations financières pour les PME
et les entreprises à moyenne capitalisation au sein de l'EDIDP,
afin de rassurer les petits pays. Plutôt que de rationaliser
l'industrie pour résoudre la surcapacité, le Fonds de
défense soutiendra les
entreprises non compétitives grâce à des
subventions.
En résumé, les technologies militaires
nouvelles et avancées financées par l'UE pourraient
être librement utilisées par les États membres en
fonction de leurs intérêts géostratégiques
et exportées selon leurs propres politiques disparates
d'exportation d'armes, ce qui conduit à un cycle sans fin de
développements militaires nécessitant d'autres
subventions.
Augmentation budgétaire de 2200 % dans
le prochain budget à long terme pour les priorités
militaires
Le 2 mai, la Commission a présenté
son projet de proposition pour le prochain budget à long terme
de 2021 à 2027.
Deux des six rubriques seraient consacrées aux
activités de police, de sécurité et de
défense : une pour « Migration et
frontières » et une pour « Défense et
sécurité », intégrant le Fonds de
défense. En outre, les principales augmentations
budgétaires iraient à ces deux rubriques
(totalisant 55 milliards), avec un bond
étonnant de 2 200 % pour le Fonds de
défense, qui passerait de 0,59 à 13 milliards
d'euros fournis à l'industrie militaire.
Mais aussi un bond de 180 % pour la
sécurité et une augmentation de 260 % pour la
migration et les frontières.
En outre, le secteur de la sécurité et de
la défense est désormais intégré et souvent
prioritaire dans plusieurs programmes civils profitant eux aussi
d'augmentations importantes, comme Erasmus + et le Programme-cadre de
l'UE pour la recherche et l'innovation.
Ce dernier met un accent important, civil cependant,
sur les technologies de pointe et l'intelligence artificielle, et
consacre des fonds importants à la recherche dans le domaine de
la sécurité, ce qui bénéficie
principalement à l'industrie.
L'Action préparatoire actuelle et le Programme
de développement industriel dans le domaine de la défense
qui sera développé bientôt donnent une idée
claire de ce à quoi le Fonds de défense européen
va ressembler une fois entièrement développé et de
la place qu'il occupera dans les projets de budget à long terme
de l'UE.
Ses priorités technologiques
controversées et son modèle de gouvernance permettant aux
États membres de piger dans la cagnotte de l'UE pour servir
leurs intérêts nationaux à courte vue, dans un
contexte de budget à long terme axé sur la
sécurité, nous donnent une image assez inquiétante
de l'UE à venir et soulèvent une question
fondamentale :
Est-ce vraiment ce que les citoyens attendent de leurs
dirigeants ?
(14 juin 2018)
Les jeux de guerre RIMPAC accroissent les
tensions en Asie-Pacifique
Opposons-nous vigoureusement à ce plus grand
exercice de guerre au monde!
- Yi Nicholls -
Les exercices de guerre maritimes Rim of the Pacific
(RIMPAC) dirigés par les États-Unis se déroulent
du 27 juin au 2 août dans les îles Hawaï,
leurs environs et dans le sud de la Californie. Le dernier exercice
RIMPAC s'est tenu en 2016. On lit dans le communiqué de
presse du 30 mai de la Marine américaine
que « vingt-six pays, 47 navires de surface, cinq
sous-marins, les forces terrestres nationales de 18 pays et plus
de 200 avions et de 25 000 militaires vont participer
à l'exercice biannuel Rim of the Pacific (RIMPAC)
[...] »[1] Le Canada
est l'un des pays
participants.
La Marine américaine décrit les objectifs
de RIMPAC 2018 comme s'ils étaient plutôt inoffensifs
et
représentaient un noble idéal :
« En tant que plus grand exercice maritime
international dans le monde, RIMPAC représente une occasion
unique d'entraînement conçue pour créer et
entretenir des relations de coopération qui sont essentielles
à la sécurité des voies maritimes sur les
océans interconnectés du monde. RIMPAC 2018 est
le 26e exercice de la série
qui a débuté en 1971.
« Le thème de RIMPAC 2018 est
'Capable, Évolutif, Partenaires'. Les pays et les forces qui
vont participer vont s'exercer à une vaste gamme de
capacités et démontrer la flexibilité
inhérente des forces maritimes. Ces capacités vont de
l'assistance en cas de désastre aux opérations de
sécurité maritime, au contrôle des océans et
à la
capacité de mener une guerre complexe. Le programme
d'entraînement pertinent et réaliste comprend des
opérations amphibies, le tir au canon, des exercices de
défense antimissiles, anti-sous-marins et antiaérienne
de même que des opérations de contre-piratage, de
déminage, de neutralisation d'engins explosifs et des
opérations de plongée et de
sauvetage.
Il est important de garder à l'esprit le
contexte dans lequel ces exercices se tiennent. Tout d'abord, les
forces armées des États-Unis et leur marine sont tout
sauf une force inoffensive dans le monde. Les États-Unis ont
suspendu la tenue cette année des exercices de guerre Freedom
Guardian entre les États-Unis et la Corée du sud autour
de la
péninsule coréenne. Ils ont finalement admis que ces
« exercices purement défensifs » dirigés
contre la République populaire démocratique de
Corée (RPDC) sont en fait provocateurs et contraires au
processus naissant de paix qui existe entre eux et la RPDC. Cet exemple
montre clairement que les exercices de guerre menés par une
puissance
impérialiste comme les États-Unis possèdent un
objectif agressif inhérent qui n'est pas compatible avec la
résolution pacifique des disputes entre les peuples et les pays.
Cela soulève la question : quels pays RIMPAC
vise-t-il ?
La Chine n'est pas invitée cette année
aux exercices RIMPAC
Les exercices cette année se tiennent sous
l'égide de la Stratégie pour un espace indo-pacifique
libre et ouvert (FOIPS) de l'administration Trump. Dans un article
du 21 février pour le Conseil des relations
internationales, Joshua Kurlantzick écrit : «
Après que le 'rééquilibrage' de l'Asie ait
été déclaré chose morte, la
'Stratégie
pour un espace indo-pacifique libre et ouvert' de l'administration
Trump semble poursuivre des buts similaires : contenir la
capacité de la Chine à dominer l'Asie et favoriser des
partenariats avec de grands partenaires en Asie comme l'Australie,
l'Inde et le Japon. »
Ainsi, alors que la Chine a participé aux
éditions précédentes de RIMPAC, notamment aux plus
récents exercices en 2016, le porte-parole du
département américain de la Défense, le
lieutenant-colonel de la marine Christopher Logan, a annoncé en
mai que la Marine de l'Armée populaire de libération
(APL) n'y participera pas cette
année bien qu'elle ait pris part à la partie
sécurité sous-marine et à d'autres parties non
combattantes de l'exercice ces dernières années.
« Les États-Unis ont un engagement
envers un espace indo-pacifique libre et ouvert. La militarisation
continuelle par la Chine d'éléments en litige dans la mer
de Chine méridionale ne fait qu'élever les tensions et
déstabiliser la région. En tant que réponse
initiale à la militarisation continuelle par la Chine de la mer
de Chine méridionale,
nous avons annulé l'invitation de la Marine de l'APL à
l'édition 2018 de l'exercice Rim of the Pacific (RIMPAC).
Le comportement de la Chine n'est pas conforme aux principes et aux
objectifs de l'exercice RIMPAC », a dit Logan.
Kurlantzick explique davantage les objectifs du FOIPS
dans un article publié en février par l'Institut Aspen.
Il écrit : « La Stratégie pour un espace
indo-pacifique libre et ouvert repose, en partie, sur le travail commun
des États-Unis et de certains de leurs partenaires pour
contenir les capacités de la Chine à dominer les eaux, le
commerce et la diplomatie asiatiques. Le président et plusieurs
autres hauts représentants de l'administration Trump appellent
dans des discours à la liberté de navigation dans les
eaux du Pacifique et à la dénonciation publique et ferme
de Beijing pour sa violation de la libre navigation dans le Pacifique.
Ce concept met également l'accent sur la
souveraineté des États, sur le rejet essentiellement des
coalitions multilatérales. [...]
« Cette stratégie de l'administration
Trump comprend également l'effort de convaincre trois autres
partenaires majeurs en Asie, l'Inde, le Japon et l'Australie, de
renforcer leurs liens avec les États-Unis, potentiellement comme
un signe de contrepoids à l'affirmation et au pouvoir militaire
grandissants de la Chine. L'administration Trump
appelle ces quatre pays la « quadrilatérale »,
engagés dans ce qu'elle appelle un Dialogue de
sécurité quadrilatérale ; l'idée que
cette 'quadrilatérale' de pays pourrait améliorer les
liens stratégiques existe depuis l'administration de
George W. Bush, sous une forme floue, mais l'administration Trump
semble
considérer des liens
quadrilatéraux plus étroits comme un contrepoids à
Beijing. L'administration Trump ne s'est pas fait une idée
claire de comment la quadrilatérale se développera, et
les pays qui y sont mobilisés ne sont pas certains encore si
elle se développera en une coopération de
sécurité plus substantielle. La quadrilatérale va
vraisemblablement demeurer un
mécanisme général de consultation.
« Il est clair cependant que l'administration
Trump a fait savoir qu'elle veut améliorer la relation
États-Unis-Inde. Les hauts représentants des
États-Unis poussent l'Inde à devenir un contrepoids de
sécurité important à la Chine en Asie en tant que
puissance démocratique, un pays qui semble mieux épouser
les règles et les normes
internationales et une grande puissance maritime qui pourrait aider les
États-Unis à préserver la liberté de
navigation et le libre-échange dans les eaux indo-pacifiques.
L'administration Trump entend aussi travailler davantage avec le Japon,
l'Inde et d'autres pays pour développer les moyens de financer
et d'appuyer la création d'infrastructure en
Asie, pour faire contrepoids à l'initiative massive de la Chine
appelée « La ceinture et la route ».
Mis à part les objectifs
hégémoniques des États-Unis en Asie qu'on voit aux
réclamations particulières que font les forces
armées américaines contre la Chine, il demeure que la mer
de Chine méridionale est une zone importante d'expédition
et de pêche pour plusieurs pays de la région, qui ont tous
besoin d'accès et de transport libre et
équitable pour leurs économies. Les activités de
la Chine visant à exclure ou à limiter
unilatéralement
les autres dans leur capacité à utiliser ces eaux selon
leurs besoins, compte tenu surtout de la force militaire et
économique beaucoup plus grande qu'elle peut déployer,
empêchent une résolution adéquate des disputes
concernant la mer de Chine
méridionale qui harmonise les intérêts de toutes
les parties concernées. Cela a créé une ouverture
pour l'ingérence des États-Unis dans la région au
service de leur objectif intéressé de présenter
leur puissance militaire comme un contrepoids à la Chine.
La situation en mer de Chine méridionale et les
actions menées par la Chine et les États-Unis pour se
faire la concurrence et ignorer ou utiliser la situation des pays plus
petits de la région de façon intéressée
mettent
en lumière le besoin de soutenir le principe de la
résolution pacifique des conflits entre les peuples et les pays
de même que le
principe de l'égalité de tous les pays, grands ou petits.
La participation du Canada à RIMPAC 2018
Des commentaires semblables de la part du ministre de
la Défense Harjit Sajjan et du vice-amiral Bob Auchterlonie, le
commandant de la Force opérationnelle interarmées de
RIMPAC, mettent en relief le soi-disant rôle de leadership du
Canada dans l'exercice RIMPAC.[2]
Il est trompeur de
présenter la servilité du Canada aux objectifs des
États-Unis dans RIMPAC comme un « rôle de
leadership ». Les Canadiens doivent examiner de près
les activités des forces armées canadiennes et leur
participation dans RIMPAC et dans des exercices de guerre du même
genre. Tout le tapage autour de protéger les
Canadiens et leurs « institutions
démocratiques » de l'« influence
étrangère » n'est qu'une diversion pour
camoufler que les forces armées canadiennes sont bel et bien
subordonnées aux forces militaires et aux intérêts
des États-Unis, et que l'économie du Canada est de plus
en plus intégrée à la machine de guerre des
États-Unis.
L'année prochaine sera l'anniversaire de la
Première Guerre mondiale et on fera la promotion de cette
chimère qu'en sacrifiant sa jeunesse comme chair à canon,
le Canada est « entrée dans l'âge
adulte » et s'est gagné un statut de
puissance qu'on ne peut plus ignorer. Ce bellicisme au service
de l'empire a été rejeté par la classe
ouvrière de l'époque, en particulier la classe
ouvrière québécoise. Dans la même veine, le
soi-disant leadership du Canada dans l'appui total aux ambitions
impériales des États-Unis, qui lui confère
supposément un statut de grande puissance, doit aussi être
dénoncé vigoureusement. L'époque requiert que le
Canada fasse preuve de leadership en tant que force pour la paix dans
le monde et cela est possible seulement si le peuple s'organise pour
faire du Canada une Zone de paix.
Notes
1. Les 25 pays qui participent à
RIMPAC 2018 sont l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la
Colombie, la France, l'Allemagne, l'Inde, l'Indonésie,
Israël, le Japon, la Malaisie, le Mexique, les Pays-Bas, la
Nouvelle-Zélande, le Pérou, la République de
Corée, la République des Philippines,
Singapour, le Sri Lanka, la Thaïlande, le Tonga, le Royaume-Uni,
les États-Unis et le Vietnam. C'est la première fois
qu'Israël, le Sri Lanka et le Vietnam participent à RIMPAC.
2. On lit dans un communiqué de presse
du 25 juin du ministère de la Défense et des Forces
armées canadiennes :
« Plus de 1 000 marins, militaires et
aviateurs canadiens participeront à l'exercice Rim of the
Pacific (RIMPAC)...
« Le Canada, à l'instar de l'Australie et
des États-Unis, a participé à tous les RIMPAC
depuis la création de l'exercice en 1971. La participation
continue des Forces armées canadiennes (FAC) renforce
l'engagement du Canada à l'égard du resserrement des
partenariats et de la sécurité dans la région de
l'Asie-Pacifique. »
Le NCSM Ottawa et le NCSM Vancouver,
de même que le pétrolier ravitailleur d'escadre
provisoire, le MV Asterix, ont été
déployés à Hawaï. Deux navires de
défense côtière, les NCSM Yellowknife et
Whitehorse, sont affectés au large des côtes du sud
de la Californie. Près de 170 soldats
de l'armée canadienne sont affectés à Camp
Pendleton, dans le sud de la Californie, dont un groupe-compagnie
d'infanterie débarquée du 2e Bataillon,
Royal 22e Régiment. L'Aviation royale canadienne envoie
environ 75 membres ainsi qu'un aéronef de patrouille
maritime CP-140 et un centre de soutien de mission mobile. Une
équipe nationale de soutien et de commandement est
également sur place pour fournir du soutien opérationnel,
logistique et administratif continu aux éléments
déployés. Le communiqué poursuit : «
Nos militaires représenteront fièrement le
Canada, en étant des leaders parmi nos
alliés. »
L'opposition des peuples à RIMPAC
Des activistes à Hawaï s'opposent aux
exercices de guerre RIMPAC. Le Centre Malu 'Aina pour
l'éducation et l'action non-violentes rapporte que les exercices
de guerre comprennent le bombardement et le pilonnage de la zone
d'entraînement de Pohakuloa (PTA) de 133 000 acres
située dans le centre de l'île d'Hawaï. Malu
'Aina explique :
« Pohakuloa est utilisé comme cible de tir
à munitions réelles par l'armée, la marine,
l'armée de l'air et les Marines et est contaminé par un
large éventail de toxines militaires, y compris la radiation
provenant de l'uranium appauvri (UA). Malgré cette
contamination, la base continue d'être bombardée (plus
de 15 millions de balles
réelles par an), ce qui répand les particules de
poussière d'oxyde d'uranium appauvri autour de l'île. Le
docteur Lorrin Pang, médecin retraité de l'armée,
affirme que les particules de poussière d'oxyde d'uranium
appauvri peuvent causer des cancers et des dommages
génétiques.
« L'île d'Hawaï subit un terrible
traumatisme causé par les coulées de lave et les
tremblements du volcan Kilauea. Des milliers de personnes ont
été déplacées de leurs maisons, fermes et
entreprises. Nous n'avons pas besoin de traumatismes
supplémentaires causés par les bombardements RIMPAC sur
notre île. Nous demandons que les
bombardements cessent immédiatement.
« Si l'armée veut vraiment protéger
les habitants de l'île d'Hawaï, qu'elle renonce à
RIMPAC 2018 et utilise l'argent pour le logement et d'autres
efforts de secours face aux coulées de lave. »
Lettre ouverte aux gouvernements des États-Unis
et de l'État
d'Hawaï demandant la fin du RIMPAC
Women's Voices Women Speak, Hawai'i Peace and
Justice, World Can't Wait-Hawai'i, Veterans for Peace-Hawai`i, Hawai`i
Okinawa Alliance et les alliés de la communauté appellent
le gouvernement d'Hawaï à mettre fin aux exercices de
guerre le long de la ceinture du Pacifique, connus sous le nom de
RIMPAC, qui ont lieu de
juillet à août 2018. Au lieu de pratiquer la guerre
et le militarisme, nous appelons à pratiquer la paix et la
guérison intergénérationnelle à Moana Nui
(Océanie), à Hawaï et partout sur la terre. Nous
envisageons
un avenir de sécurité véritable où nos
efforts porteront sur la souveraineté, la résurgence
culturelle, la santé, la nourriture,
l'éducation, les lieux sacrés, le logement, la
durabilité et le respect et la dignité pour tous les
peuples.
RIMPAC est le plus grand
exercice naval au monde et se
déroule dans les eaux hawaïennes. Il fait partie des
efforts déployés par la marine des États-Unis pour
coordonner les exercices militaires et l'entraînement aux armes
avec les forces militaires d'autres pays pour contrôler les
océans Pacifique et Indien. RIMPAC a été
créé en 1971
avec des militaires australiens, canadiens,
néo-zélandais, britanniques et américains. Depuis
lors, le Chili, la Colombie, la France, l'Indonésie, le Japon,
la Malaisie, les Pays-Bas, le Pérou, Singapour, la Corée
du sud, la Thaïlande, l'Équateur, l'Inde, le Mexique, les
Philippines et la Russie l'ont rejoint. RIMPAC 2018
comprendra 26
pays, dont Israël, le Brésil, le Sri Lanka et le Vietnam.
RIMPAC augmente la dépendance d'Hawaï
vis-à-vis une économie militarisée,
dépensant l'argent de nos impôts pour des armes, des
véhicules d'assaut, des artilleries et des technologies à
utiliser pour la violence domestique et internationale. Le tourisme et
le militarisme sont de connivence lorsqu'il est question de RIMPAC, car
Hawaï
accueille un afflux de visiteurs, dont certains contribuent à
l'industrie locale du sexe soutenue par le trafic sexuel. Hawaï
peut être utilisé pour la détente et les loisirs et
héberger des exercices militaires parce qu'il est
considéré comme le 50e État des
États-Unis, un statut illégal depuis le renversement du
Royaume hawaïen et l'annexion
illégale en 1898 qui a eu lieu sans traité et qui a
été dénoncée par des milliers de Kanaka
Maoli qui ont signé des pétitions contre elle.
L'occupation militaire d'Hawaï a mené à des abus
tels que, mais non limités à ces exemples :
1. le réservoir d'entreposage de carburant de la
marine américaine à Red Hill, situé
à 30 mètres au-dessus d'un aquifère
d'Honolulu, menace l'eau potable des parties les plus peuplées
d'O'ahu ;
2. Pohakuloa, sur la grande île d'Hawaï,
quatre fois plus grande que Kaho olawe, est contrôlée par
l'armée américaine pour l'entraînement militaire
aux armes et cela affecte l'environnement et la communauté
environnante avec de l'uranium appauvri en aérosol ;
3. l'exhumation et la perturbation des sites
funéraires et culturels de Kanaka Maoli dans la vallée de
Makua (l'armée américaine), Mokapu (la base de Kane'ohe
des marines en Hawaï), Pu'uloa (Pearl Harbor) et Nohili (site
d'essais de missiles dans le Pacifique à Barking Sands) se
poursuivent pour des fins d'entraînement des militaires
américains ;
4. la confidentialité de l'information publique
est menacée par le Centre de cryptologie de Hawaï, qui
héberge les activités de renseignement, de surveillance
et de cyberguerre de la NSA.
Les effets négatifs
du militarisme et de RIMPAC
s'étendent à des endroits où beaucoup à
Hawaï peuvent retracer leur ascendance. Pendant des
siècles,
les empires occidentaux ont colonisé les îles du
Pacifique, les transformant en avant-postes militaires qui ont soumis
les autochtones à la guerre, au viol, à la
répression de leur souveraineté, à
la contamination de l'environnement et au déplacement de
populations. Aujourd'hui, la dernière version de cette histoire
en cours est le rééquilibrage du pivot
pacifique/indo-pacifique, dans lequel les États-Unis tirent
avantage de leurs possessions coloniales pour des essais militaires
d'armes dans un « corridor de transit » qui
s'étend du
Southern California Range Complex (SCRC) à San Diego,
traverse le Pacifique via le HIRC (Hawaiian Island Range Complex), dont
le Monument national marin Papahanaumokuakea et les installations
militaires de la chaîne principale de l'île. Un autre
corridor de transit relie le HIRC à la zone d'entraînement
et d'essai des îles Mariannes, y
compris Guåhan (Guam), la chaîne sud des îles
Mariannes et certaines parties du Monument national de la fosse marine
des Mariannes en tant que zones terrestres, maritimes et
aériennes pour de l'entraînement militaire. Entre les deux
corridors sont des monuments nationaux marins qui peuvent être
utilisés à des fins militaires pour la «
sécurité
nationale ». Cette infrastructure militaire qui traverse le
Pacifique est reliée aux bases de la péninsule
coréenne (île de Jeju), du Japon (Okinawa) et des
Philippines.
Le peuple chamoru de Guåhan demande l'arrêt
de la création de bases de tir réel, comme à
Litekyan, Guam, parce qu'elles menacent les sites culturels et les
plantes et animaux
qui sont menacés de disparition. Les Philippins protestent
contre le soutien du président Rodrigo Duterte à la
militarisation qui a eu pour effet de prolonger la loi martiale
à Mindanao et d'augmenter les exécutions
extrajudiciaires. Les villageois de Gangjeong ont résisté
depuis 2007 à la mise en place d'une base navale pour les
systèmes de
défense antimissile balistique sur l'île de Jeju. Les
Okinawans ont déclenché des manifestations à
l'échelle de l'île contre les bouleversements
causés par les bases militaires à la démocratie et
l'économie locales ainsi que le danger quotidien à la
santé et à la sécurité publiques. Alors que
les
bases militaires sont promues pour renforcer la sécurité
mutuelle dans la région, elles ont tout à voir avec la
propagation d'une idéologie de «
sécurité » nationaliste dans laquelle les
nations deviennent dépendantes des armes et des économies
d'extraction des ressources, qui alimentent les changements
climatiques, déplacent les populations indigènes,
aggravent l'émigration, détruisent les ressources
naturelles, abusent des travailleurs et polluent les océans.
Nous exigeons que le gouvernement d'Hawaï
choisisse de protéger les citoyens d'Hawaï, notre
environnement et un avenir pacifique, plutôt que de soutenir la
dépendance militaire. L'article 1 de la Constitution de
l'État d'Hawaï stipule que : « Pour le
bénéfice des générations présentes
et futures, l'État et ses subdivisions
politiques conserveront et protégeront la beauté
naturelle et toutes les ressources naturelles d'Hawaï, y compris
la terre, l'eau, l'air, les minéraux et les sources
d'énergie et favorisera le développement et l'utilisation
de ces ressources d'une manière compatible avec leur
conservation et dans la poursuite de l'autosuffisance de l'État.
Toutes les
ressources naturelles publiques sont détenues en fiducie par
l'État pour le bien du peuple. »
Nous appelons l'État d'Hawaï à faire
respecter ces principes constitutionnels en mettant fin au RIMPAC.
(Site Internet Malu 'Aina, 4
juillet 2018, Hawaii Independent, 13 juin 2018. Photos:
Malu 'Aina)
Lutte pour l'influence dans le Pacifique Ouest
- German-foreign-policy.com -
Le RIMPAC 2018 dirigé par les
États-Unis, la plus grande manoeuvre navale du monde, a
débuté le 27 juin avec la participation de soldats
allemands. Selon la marine américaine, l'exercice naval
comprendra également des opérations dans le Pacifique
Ouest. La région des îles du Pacifique du sud-ouest sera
ainsi le centre
d'attention. Elle a petit à petit acquis une influence mondiale
significative. D'une part, l'influence des pays occidentaux s'est
rétrécie récemment, alors que celle de leurs
rivaux stratégiques, tels que la Russie et la Chine, a
considérablement augmenté. Depuis lors, certaines nations
insulaires du Pacifique cherchent à poursuivre une politique
étrangère indépendante de l'Occident. D'autre
part, le Pacifique Sud-Ouest est devenu encore plus important pour
l'Australie et les États-Unis : en tant que
cour arrière politique économique pour l'Australie et
« porte d'entrée de l'Indo-Pacifique » pour les
États-Unis. L'Allemagne tente également d'accroître
ses activités dans la
région.
RIMPAC 2018
Comme l'avait précédemment annoncé
la marine américaine, l'exercice naval se concentrera
particulièrement sur les opérations dans le Pacifique
Ouest[1] et inclura le petit
royaume des Tonga, un État de la grande région insulaire
du Pacifique Sud-Ouest. La région, qui a récemment acquis
une
influence mondiale considérable - même si elle a
été largement ignorée par le public
européen - sera ainsi prise en compte par les stratèges
militaires occidentaux. Des onze nations indépendantes, deux
États partiellement autogérés et diverses colonies
de la région du Pacifique[2],
sept
des
républiques
avaient
été
des
colonies
allemandes
-
une
histoire
largement
oubliée ;
les îles Marshall, la
Micronésie, Nauru, les îles Mariannes du Nord, Palau, les
îles Salomon et le Samoa. Seuls deux des pays insulaires du
Pacifique, Fidji et Tonga, ont leurs propres forces armées.
Longtemps après la Deuxième Guerre mondiale, outre les
puissances
coloniales traditionnelles, la Grande-Bretagne et la France, notamment
l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis,
regroupées dans le pacte ANZUS[3]
ont joué un rôle dominant dans les affaires politiques,
économiques et militaires de la région.
Plus grande rivalité
Au cours des dernières décennies
cependant, les puissances occidentales ont perdu de plus en plus
d'influence dans le Pacifique - au profit de pays émergents
comme le Brésil et l'Inde, mais aussi de leurs rivaux directs,
comme la Chine, Cuba et la Russie. Depuis le début des
années 2000, Cuba a des liens avec presque tous les pays de
la région et fournit une aide médicale en particulier.
Des médecins de la République socialiste travaillent dans
plusieurs pays insulaires du Pacifique. En 2003, le gouvernement
de la République populaire de Chine a annoncé qu'il
élargirait ses liens avec les pays du Pacific Island Forum
(PIF), qui comprend toutes les îles de la
région.[4] En fait, au
cours des années qui ont suivi, Pékin a massivement
développé son influence, surtout par le biais de
crédits et d'aide au développement.[5] La Russie étend également
sa présence dans le Pacifique. Après le putsch militaire
de Fidji
en 2009, son nouveau gouvernement se tournait de plus en plus vers
Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, a été le premier haut responsable du
gouvernement russe à se rendre aux Fidji en 2012. Quatre
ans plus tard, une importante cargaison d'armes russes à Fidji a
attiré l'attention de la communauté
internationale. Après le matériel militaire, des
conseillers militaires russes sont arrivés sur l'île.[6] Pour les stratèges occidentaux,
c'était un sérieux revers.
Une politique étrangère plus
indépendante
En fait, l'influence croissante des pays non
occidentaux permet à plusieurs nations insulaires du Pacifique
de tenter une politique étrangère plus
indépendante de celle de l'Occident. Cela peut être vu
dans certains détails à peine discernables pour les
observateurs non aguerris. Par exemple, entre 2009 et 2011,
Nauru, Tuvalu et
Vanuatu ont reconnu l'indépendance des régions
séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud de la
Géorgie - un revers non seulement pour la Géorgie
occidentale, mais aussi pour les pays occidentaux eux-mêmes, dont
l'Allemagne, qui refuse toujours de reconnaître
l'indépendance des deux régions. Cependant, Tuvalu et
Vanuatu, sous la pression
massive de l'Ouest, ont annulé leur reconnaissance. Après
l'adhésion de la Crimée à la
Fédération de Russie en 2014, cinq des gouvernements
des îles du Pacifique ont refusé de la condamner comme une
« annexion en violation du droit international » -
comme le fait l'Occident.[7]
En 2015, les policiers de Vanuatu ont défilé pour la
première fois dans le cadre du défilé de
célébration du 70e anniversaire de la fin de la
Deuxième Guerre mondiale en Asie.[8]
En représailles ouvertes à leur poursuite d'une politique
étrangère indépendante, le Congrès
américain a adopté une
loi l'année dernière qui menace d'appliquer des sanctions
aux pays reconnaissant l'indépendance de l'Abkhazie et de
l'Ossétie du Sud. Cela affecterait Nauru.[9] Malgré la pression de
Washington, le gouvernement nauruan est resté ferme dans sa
position et, en janvier, il a reçu pour la première fois
le
ministre des Affaires étrangères de l'Ossétie du
Sud.[10] En avril, des rumeurs
ont commencé à circuler selon lesquelles les militaires
chinois seraient autorisés à ouvrir une base à
Vanuatu, ce que les gouvernements des deux pays nient.[11] Les experts
maintiennent néanmoins qu'une présence militaire sur le
Vanuatu, à long terme, pourrait être une option
stratégique pour la Chine.
« La porte de l'Amérique vers
l'Indo-Pacifique »
En conséquence, les puissances occidentales
commencent à intensifier leurs activités d'influence dans
le sud-ouest du Pacifique. Au début du mois de juin, au
Shangri-La Dialogue de Singapour - une sorte de conférence
asiatique sur la sécurité à Munich, à
laquelle de hauts responsables allemands ont également
participé ces dernières années[12] - le
secrétaire américain à la Défense, James
Mattis, a annoncé que les États-Unis étendaient
leurs activités dans les pays riverains du Pacifique,
déclarant que la région est « la porte
d'entrée de l'Amérique vers
l'Indo-Pacifique ».[13]
Les
gouvernements d'au moins certains pays de la région se montrent
réceptifs, en principe, à toutes les parties. «
Nous accueillons tous ceux qui nous soutiennent, car nous pouvons
vraiment utiliser toute l'aide que nous pouvons obtenir », a
déclaré le ministre de l'Économie de la
République des Fidji, Aiyaz Sayed-Khaiyum, à la presse
allemande début juin. Que cette aide provienne d'Australie,
d'Allemagne ou de Chine, cela n'a pas d'importance pour son pays.[14]
« Plus de leadership australien »
En fait, outre les États-Unis, c'est surtout
l'establishment politique australien qui montre à nouveau un
intérêt accru pour le Pacifique Sud-Ouest. Comme l'a
expliqué Peter Jennings, directeur exécutif de l'Institut
australien de politique stratégique (ASPI), la région a
besoin de « plus de leadership australien ». Si
nécessaire, l'Australie
doit également engager son armée.[15] L'ASPI est cofinancé par le
ministère australien de la Défense.[16] Les principaux associés du
groupe de réflexion ont également participé
à la table ronde Bergedorf de la Fondation Körber.[17] L'Australie est l'alliée
régionale traditionnelle de la République
fédérale d'Allemagne. Depuis 2016, Berlin entretient
un dialogue régulier avec Canberra au niveau des
ministères des Affaires étrangères et de la
Défense - afin de renforcer la position de Berlin dans la
région du Pacifique.[18]
L'année dernière, les associations professionnelles
allemandes ont appelé à la conclusion d'accords de
libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande.[19] Dernier point, mais non des moindres,
au-delà de sa coopération avec l'Australie, le
gouvernement allemand veut
maintenant étendre son influence dans la région du
Pacifique qui prend de plus en plus d'importance - en renforçant
également son aide au développement.
Notes
1. Voir aussi Jeux de guerre dans le Pacifique.
2. Les États sont : les Îles
Cook (non indépendantes, associées à la
Nouvelle-Zélande), Fidji, Tonga, Tuvalu, Kiribati, les
Îles Marshall, Micronésie, Nauru, Nioué (sans
relations diplomatiques avec l'Allemagne, non indépendantes et
associées à la Nouvelle-Zélande), Palau, Samoa,
les îles Salomon et
Vanuatu. En outre, le Commonwealth des îles Mariannes du Nord est
toujours une colonie américaine.
3. Le Pacte ANZUS, fondé en 1951, est
l'équivalent de l'OTAN dans le Pacifique Sud. Depuis 1986,
la Nouvelle-Zélande a été partiellement suspendue
du pacte, le gouvernement à l'époque déclarant que
le pays voulait être libre d'armes nucléaires et
d'énergie nucléaire.
4. La Chine annonce des initiatives pour
élargir les liens avec les pays membres du
FIP.pg.china-embassy.org, 24 novembre 2003
5. Lucy Craymer, « China Seeks to Star in
South Pacific », Wall
Street Journal, 27 avril 2012
6. Ben Doherty, « Secret Russian arms
donation to Fiji raises concerns of bid for Pacific
influence », The Guardian, 22
janvier 2016
7. Roman Madaus, « The Bear Returns to the
South Pacific : Russia Sends Arms to Fiji »,
thediplomat.com, 9 avril 2016
8. « Tiny Pacific Nation of Vanuatu to Join
Motley Crew at China's WWII Anniversary Parade »,
time.com, 9 janvier 2015
9. Maximilian Hess, « Congress Pushes
Tougher Line on Russia », intersectionproject.eu, 6
juin 2017
10. David X. Noack, « Signal an die
Großen », Junge Welt, 27
janvier 2018
11. Dan McGarry « Baseless rumours - Why
talk of a Chinese military installation in Vanuatu misses the
point », The Guardian, 11
avril 2018
12. Voir aussi « Asiens Münchner
Sicherheitskonferenz »
13. Sorgen um Chinas Vordringen im Westpazifik.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, 4 juin 2018
14. « Uns ist gleich, ob die Hilfe aus China
oder Deutschland kommt », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 4
juin 2018
15. Peter Jennings, « Leadership requires
courage in the Pacific », aspi.org.au, 14
avril 2018
16. « About Us ». aspi.org.au
17. Teilnehmer des 154. Bergedorfer
Gesprächskreises « Frieden und Sicherheit in
Asien-Pazifik », Jakarta, 1-3 novembre 2013.
koerber-stiftung.de
18. Voir aussi « Springboard into the
Pacific Region »
19. Voir aussi « Foray into Down
Under »
(www.german-foreign-policy.com, 28
juin 2018. Traduit de l'anglais par LML)
Le Non!
du peuple haïtien signifie Non!
Les manifestations populaires exigent la
destitution du gouvernement corrompu et la
fin de l'ingérence étrangère
Les hausses de prix de l'essence et d'autres carburants
ont atteint un point de rupture pour le peuple haïtien qui souffre
déjà de terribles conditions économiques et
d'exploitation par l'élite dirigeante et les puissances
étrangères depuis le coup d'État de 2004
orchestré par les États-Unis, le Canada et la France.
Le peuple exige en particulier la démission du
gouvernement du président Jovenel Moïse, au pouvoir
depuis 2016.[1] En vertu
d'un mandat du Fonds monétaire international (FMI), le
gouvernement Moïse a imposé des coupures dans les
subventions aux prix du carburant, en échange
de 96 millions de dollars d'« aide
budgétaire ». On a prétendu que ces
prêts et subsides provenant de la Banque interaméricaine
de développement, de la Banque mondiale et de l'Union
européenne vont servir à fournir des subventions directes
aux plus nécessiteux.
En juillet, le prix du gallon d'essence a
augmenté de 38 %, passant de 224
à 309 gourdes (3,45 $ US
à 4,75 $ US) ; le prix du diesel a
augmenté
de 47 %, passant de 179 à 264 gourdes par
gallon (1,74 $ US à 4,06 $ US) ; et le
kérosène
a augmenté de 51 %, passant de 173
à 262 gourdes par gallon (2,66 $ US
contre 4,03 $ US). De ces carburants, c'est le
kérosène qui est le plus important car les pauvres en
dépendent pour alimenter leurs cuisinières et leurs
générateurs. Déjà en mars, lorsque les
hausses ont été annoncées pour une mise
en oeuvre en juillet, les syndicats de conducteurs de transports
publics et les organisations populaires ont protesté parce que
l'appauvrissement déjà brutal auquel la population est
confrontée ne peut qu'être exacerbé par
l'augmentation des coûts du transport public causée par
les hausses de prix de l'essence et du diesel.
Kim Ives, écrivant le 11 juillet pour Haïti
Liberté, souligne que la hausse des prix du carburant a
été « la goutte d'eau qui a fait déborder le
vase. Face à un taux d'inflation de 13 % et un
chômage (officiel) de 14 %, les travailleurs
haïtiens ont manifesté pour que le salaire minimum passe
de 335
à 1000 gourdes par jour (5,15 $ US
à 15,39 $ US). Le gouvernement a dépensé
des millions pour un carnaval itinérant fait de fla-fla et de
promesses politiques appelé 'Caravane du changement', ce qui a
généré du ressentiment parmi les Haïtiens aux
prises avec des hôpitaux et des écoles
délabrés.
« Les gouvernements locaux et municipaux sont
également à court d'argent alors que le régime de
Jovenel a dépensé des millions de dollars de plus pour
ressusciter en novembre dernier l'armée haïtienne
traditionnellement répressive. Le gouvernement a effectivement
bloqué toute enquête pour savoir où sont disparus
les quelques 3,8
milliards en dollars américains du fonds PetroCaribe,
tiré des revenus de la vente de produits pétroliers
vénézuéliens bon marché. Un budget
impopulaire établi l'année dernière impose des
taxes aux Haïtiens pauvres et même aux Haïtiens
expatriés ; le gouvernement a gaspillé du temps et
de l'argent dans une initiative de dialogue national
appelée « États généraux »
qui est restée lettre morte et a récemment
distribué 3 000 grands téléviseurs
à écran plat à tous les sénateurs et
députés pour un coût de 14 millions de dollars
afin que les Haïtiens puissent soi-disant regarder la Coupe du
Monde. Pendant tout ce temps, les forces de police ont utilisé
une force
brutale et parfois meurtrière contre les manifestants, les
prisons demeurent surpeuplées avec des détenus pour la
plupart non jugés, et les enlèvements, les vols et
'l'insécurité' sont en hausse. »
Un discours télévisé du
président Moïse, le 7 juillet, pour révoquer
les hausses de prix du carburant, a été inefficace car le
peuple est maintenant catégorique : le seul résultat
acceptable est que le président et son gouvernement
démissionnent.
Le 14 juillet, le premier ministre Jack Guy Lafontant a
démissionné peu avant la tenue d’un vote de non-confiance
au parlement, selon les agences de nouvelles, en toute vraisemblance en
reconnaissance de sa part de responsabilité dans la hausse des
prix du pétrole et le désordre qui a suivi. Dans un
discours au pays plus tard dans la journée, le président
Moïse a tenté d’apaiser le peuple avec la nouvelle de la
démission du premier ministre tout en prétendant avoir
entrepris des consultations et des engagements à
développer le pays et à y apporter une stabilité.
Du même souffle, il a refusé de reconnaître sa
propre responsabilité pour ce qui est arrivé et a
continué de blâmer le peuple pour la « violence
». Par ses manifestations, le peuple continue de revendiquer la
démission de président qui est responsable de
désigner le premier ministre et est celui après tout qui
a pris les décisions touchant aux prix du pétrole.
Ives souligne également que « le 'Core
Group', dominé par les ambassadeurs américains,
canadiens et européens, a exhorté les Haïtiens
le 10 juillet à 'respecter l'ordre constitutionnel',
autrement dit à ne pas forcer la démission et la fuite de
Moïse. Le groupe a appelé les 'autorités nationales
à engager un dialogue constructif et
inclusif avec tous les autres acteurs clés du pays afin de
rétablir le calme, promouvoir la cohésion sociale et
assurer la sécurité des personnes et des
biens'. »
Les Haïtiens de la diaspora et les amis
d'Haïti ont rejeté cette image biaisée des
manifestations par ces gouvernements et les médias
monopolisés pour accuser les Haïtiens ordinaires
d'être la source de la violence, alors qu'en
réalité ce sont eux qui subissent la violence physique,
sociale et économique causée par l'exploitation
d'Haïti et
l'asservissement du gouvernement au néolibéralisme.
Une action sur la colline du Parlement, le 9
juillet, a exprimé l'appui des Canadiens envers le peuple
haïtien. Les participants comprenaient des membres de la
communauté haïtienne locale, des syndicalistes, des
militants de solidarité d'Amérique latine et des
Caraïbes et d'autres. En tant que membre du « Core Group
» sur
Haïti, le Canada a été particulièrement
dénoncé pour sa responsabilité face à
l'état actuel des choses. Il a été souligné
que l'un des objectifs du coup d'État de 2004 et de
l'ingérence continue est de réprimer le peuple et de
rendre Haïti docile face aux besoins des grands monopoles miniers
canadiens de piller les richesses naturelles du pays.
Une lettre ouverte demandant que le gouvernement canadien rende des
comptes a été signée lors de l'action, pour exiger
que le Canada :
- appuie des relations commerciales normales avec
Haïti, où les sociétés minières
canadiennes négocient avec des représentants
démocratiquement élus qui exigent une exploitation
équitable et écologiquement rationnelle des ressources
naturelles d'Haïti ;
- retire tous les militaires et policiers canadiens
d'Haïti ;
- réoriente les fonds publics canadiens
actuellement mal utilisés par l'oligarchie rétrograde
d'Haïti et ses alliés étrangers contre le peuple
(les masses de noirs appauvris) vers des initiatives scientifiques,
institutionnelles et de construction d'infrastructures - des champs de
compétences canadiennes reconnues qui répondraient aux
besoins
haïtiens évidents ;
- appuie les réclamations légitimes du
peuple haïtien pour un dédommagement provenant des Nations
unies (au nom de plus d'un million de victimes de
l'épidémie de choléra provoquée par les
troupes de l'ONU qui ont été déployées
illégalement sur l'île pour consolider le coup
d'État de 2004) ;
- abandonne le « Core Group », le groupe
d'entités
étrangères qui s'immisce dans la politique haïtienne
depuis plus d'une décennie. Envoie un signal clair que le Canada
reconnaît la nécessité d'un changement positif
radical dans nos relations et que nous respectons véritablement
le peuple haïtien.
Note
1. Moïse a été élu
en 2016. Comme ce fut le cas lors de toutes les élections
haïtiennes de ces dernières années, les candidats
à la présidence représentent les puissances
étrangères qui s'ingèrent en Haïti, pas les
Haïtiens. Par conséquent, ces gouvernements n'ont pas
été en mesure de gagner le consentement du peuple
haïtien.
L'élection présidentielle de 2015 n'a même pas
pu être menée à terme et le résultat, en
faveur de Moïse, a été écarté en
raison d'irrégularités massives et de protestations
populaires, ce qui a rendu nécessaire une autre élection
en 2016. Les élections de 2016 ont eu un taux de
participation de seulement 21 %. Moïse a
remporté 55,67 % de ce vote, qui représente
moins de 12 % des électeurs éligibles.
(Sources : Haïti
Liberté et Center for Economic and Policy Research.
Photos : agences de presse, LML.)
Palestine
Le mouvement de résistance ne se soumettra
jamais aux machinations impérialistes
Quinzième manifestation hebdomadaire
de la Grande Marche de retour à la frontière entre Gaza
et Israël, 6 juillet 2018
La résistance héroïque du peuple
palestinien à l'occupation sioniste reste inébranlable,
les provocations israéliennes continuant malgré le fait
qu'elles ont largement été condamnées comme
étant des crimes
contre l'humanité. Les protestations de la Grande Marche du
retour à la frontière entre Gaza et Israël pour
exiger le droit au retour se poursuivent
depuis le 30 mars. Le ministère palestinien de la
Santé a rapporté le 4 juillet que 144
Palestiniens ont été tués et 15 501
autres ont été blessés par l'armée
israélienne.
Les Palestiniens tentent de briser le blocus naval
israélien de Gaza, pour emmener quelques-uns des blessés
lors des manifestations de la Grande Marche du retour à Chypre,
le 10 juillet 2018.
Le dernier crime contre les Palestiniens vient des
États-Unis, notamment le « plan de paix »
préparé par Jared Kushner, envoyé spécial
des États-Unis au Moyen-Orient et gendre du président
Trump, et Jason Greenblatt, négociateur de paix de Trump au
Moyen-Orient. Bien qu'il n'ait pas encore été rendu
public, tout indique que son but
est de donner aux sionistes le pouvoir de nier le droit d'être
des Palestiniens. Les Palestiniens sont descendus dans les rues pour
protester contre les plans des États-Unis visant à les
déposséder de leur patrie au service des occupants
sionistes sous l'apparence d'un « plan de paix ».
On rapporte que le plan ne donnera que des fragments de
terres comprenant environ la moitié des territoires
occupés, ce qui équivaut à 11 % de la
Palestine du Mandat britannique. Sur ces terres, la résistance
palestinienne serait obligée de se désarmer pendant
qu'Israël contrôlerait les frontières et l'espace
aérien.
La vallée du Jourdain en Cisjordanie
occupée, qui comprend une grande partie des meilleures terres
agricoles des Palestiniens, doit être annexée à
Israël dans le cadre du plan américain. Les Palestiniens se
voient déjà refuser l'accès
à 85 % de la vallée du Jourdain. De même,
Israël a récemment déclaré que près de
la moitié de la
vallée du Jourdain était une zone de tir militaire, ce
qui lui donnait le prétexte de « sécurité
publique » pour expulser les gens.
Protestations contre la
démolition prévue du village bédouin Khal al-Ahmar
en Cisjordanie, le 4 juillet 2018. Le déplacement forcé
des 40 familles (environ 200 personnes) à Khan al-Ahmar et dans
d'autres villages de la région constitue un crime de guerre.
On s'attend à ce que le plan américain
appelle au déplacement des Palestiniens de Jérusalem et
à la création d'un « Jérusalem
palestinien » dans la ville d'Abu Dis, à quatre
kilomètres à l'est de Jérusalem. Abu Dis a
été coupé de la ville par le mur de
séparation israélien il y a plus de dix ans. La plupart
de ses terres sont sous contrôle
israélien et sont entourées par le mur ou les colonies
juives. Une telle démarche serait conforme aux objectifs des
sionistes pour un Grand Jérusalem en changeant les limites de la
ville pour assurer une majorité juive. C'est également en
accord avec la déclaration des États-Unis, en violation
du droit international, qu'ils reconnaissent Jérusalem
comme la capitale d'Israël.
Le Marxiste-Léniniste exprime son
entier appui à la résistance du peuple palestinien. Les
pays partout dans le monde doivent mettre fin aux machinations des
États-Unis et aux crimes israéliens contre le peuple
palestinien en retirant leurs ambassades d'Israël, en cessant tout
commerce avec Israël, en imposant des sanctions à
Israël et
en prenant toute autre mesure qui peut mettre fin de manière
effective au génocide commis par Israël contre le peuple
palestinien.
Protestation contre le « plan de paix »
des États-Unis, Ramallah, 2 juillet 2018
(Avec des articles de Middle East Eye.
Photos : Agence Anadolu, Agence de nouvelles Maan)
« Le deal du siècle » n'a rien
de nouveau, et l'Autorité palestinienne n'est pas à
plaindre
- Ramzy Baroud -
Manifestation contre le « plan de paix » américain
à Ramallah le 2 juillet 2018
« Le deal du siècle » de
Donald Trump se cassera la figure. Les Palestiniens
n'échangeront pas leurs 70 ans de lutte pour la
liberté pour l'argent de Jared Kushner. Et Israël
n'acceptera pas même un État palestinien croupion et
démilitarisé en Cisjordanie.
La séquence dans laquelle se
révélera cet échec - que l'on peut anticiper -
sera sans doute le suivant : l'Autorité palestinienne (AP)
à Ramallah va rejeter « l'accord » une fois que
les détails complets du plan de l'administration
américaine seront dévoilés ; puis Israël
différera sa décision jusqu'à ce que le rejet des
Palestiniens soit minutieusement exploité par les médias
américains pro-israéliens.
La réalité est que compte tenu du poids
écrasant de la droite et des forces ultranationalistes en
Israël, un État palestinien indépendant, même
sur 1 % de la Palestine historique, ne sera pas acceptable
selon les normes politiques actuelles en Israël.
Un élément supplémentaire :
la carrière du premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu est entachée par des accusations de corruption et
plusieurs enquêtes policières. Sa position est trop faible
pour garantir sa propre survie jusqu'aux prochaines élections
générales, et encore moins pour défendre un
« deal du siècle ».
Cependant, le dirigeant israélien
contesté va manoeuvrer au maximum pour emporter encore plus de
faveurs de ses alliés américains, détourner
l'attention du public israélien de ses propres affaires de
corruption et tenir les Palestiniens responsables du fiasco politique
que cela va certainement déclencher.
C'est une reprise de la « feuille de route pour
la paix » de George W. Bush et de Camp David II de Bill
Clinton. Ces deux initiatives, aussi injustes qu'elles étaient
envers les Palestiniens, n'ont dès le début jamais
été acceptées par Israël. Pourtant dans de
nombreux livres d'histoire, il est écrit que les dirigeants
palestiniens «
ingrats » avaient torpillé les efforts de paix des
États-Unis et d'Israël. Netanyahu tient à entretenir
ce mythe.
Le dirigeant israélien, qui a reçu il y a
peu le cadeau de la relocalisation de l'ambassade américaine
à Jérusalem, sait à quel point ce «
deal » est important pour l'administration Trump. Avant de
devenir président, Trump a évoqué très
tôt son « accord final » dans une interview au Wall
Street
Journal le 1er
novembre 2016. Il ne donnait alors aucun détail, se
contentant d'affirmer qu'il était capable de «
réaliser ... l'accord qui ne peut l'être ... pour le bien
de l'humanité ». Depuis lors, nous avons
compté sur des fuites occasionnelles à partir de
novembre 2017 jusqu'à récemment. Nous avons appris
qu'un État palestinien démilitarisé
serait établi sur une petite partie de la Cisjordanie, sans
Jérusalem-Est occupée comme capitale, qu'Israël
gardera toute la ville de Jérusalem et annexera des colonies
juives [toutes illégales au regard du droit international],
gardant même le contrôle de la vallée du Jourdain,
entre autres choses.
Les Palestiniens auront encore une «
Jérusalem », même si elle doit être
créée de toutes pièces, le quartier d'Abu Dis
devant alors simplement s'appeler Jérusalem.
Malgré tout le battage médiatique, rien
n'est vraiment nouveau ici. Le « deal du
siècle » promet d'être une simple
répétition des précédentes propositions
américaines qui répondaient aux besoins et aux
intérêts d'Israël.
Les propos du gendre de Trump, Jared Kushner, dans une
interview au journal palestinien Al-Quds, corroborent ce
point de vue. Il y affirme que le peuple palestinien « est moins
investi dans les discussions des politiciens que dans la recherche d'un
accord qui leur donnera, ainsi qu'aux futures
générations, de nouvelles opportunités,
des emplois plus nombreux et mieux
rémunérés ».
Où avons-nous entendu cela auparavant ? Oh,
oui, la soi-disant « paix économique » de
Netanyahu qu'il brandit depuis plus d'une décennie. Certes, l'AP
a prouvé que sa volonté politique est à vendre au
plus offrant, mais s'attendre à ce que le peuple palestinien
fasse de même est une illusion sans précédent
historique.
En effet, l'AP est devenue un obstacle à la
liberté palestinienne. Un récent sondage mené par
le Centre palestinien pour la politique et les enquêtes, a
révélé que la majorité des Palestiniens
blâment principalement Israël et l'AP pour le siège
de Gaza et qu'ils estiment que l'AP est devenue un fardeau pour le
peuple palestinien.
Il n'est guère surprenant qu'en
mars 2018, 68 % de tous les Palestiniens souhaitaient la
démission du président de l'AP, Mahmoud Abbas.
Alors qu'Israël endosse la plus grande partie de
la responsabilité de son occupation militaire de plusieurs
décennies, de ses guerres successives et de ses sièges
meurtriers, les États-Unis sont également responsables du
soutien et du financement des initiatives coloniales d'Israël.
Mais l'AP ne peut pas jouer le rôle de la malheureuse
victime...
Ce qui rend la particularité du « deal du
siècle » si dangereuse, est le fait que l'on ne
peut absolument pas faire confiance à l'AP. Celle-ci a bien
joué, et depuis longtemps, le rôle qui lui a
été assigné par Israël et les
États-Unis. La politique de l'AP a servi de relais local pour
soumettre les Palestiniens, s'opposer à leurs
protestations et assurer la disparition de toute initiative politique
qui ne tourne pas autour de la glorification d'Abbas et de ses seconds
couteaux.
Ce n'est guère une réussite de voir
qu'une grande partie de la politique extérieure de l'AP a
été investie ces dernières années dans
l'isolement économique et politique complet de Gaza
déjà appauvrie et sous blocus, plutôt que d'unifier
le peuple palestinien autour d'une lutte collective pour mettre fin
à l'horrible occupation israélienne.
Pour les responsables de l'AP, dénoncer le
« deal du siècle » comme une violation des
droits des Palestiniens - alors qu'ils n'ont pas fait grand chose pour
faire en premier lieu respecter ces droits - c'est la définition
même de l'hypocrisie. Il n'est pas étonnant que Kushner
puisse s'imaginer que les États-Unis vont simplement acheter
les Palestiniens avec de l'argent dans un « deal » du
genre « prends l'oseille et tire-toi », comme le dit
si bien Robert Fisk.
Que peut faire l'AP maintenant ? Elle est
piégée par sa propre imprudence. D'une part, le
baîlleur de fonds de l'AP à Washington DC a fermé
les robinets,
et d'autre part le peuple palestinien a perdu le dernier iota de
respect envers son soi-disant « leadership ».
Le « deal du siècle » de Trump
peut par inadvertance mélanger les cartes menant à une
« redistribution des rôles entre toutes les autres parties
impliquées », comme le soutient Anders Persson. Une
option possible pour le peuple palestinien est la reprise et le
développement du modèle de mobilisation populaire qui est
apparu à la
barrière entre Gaza et Israël depuis de nombreuses semaines.
La fin du partenariat US/AP et la destruction imminente
du statu quo pourraient être l'occasion attendue pour le
peuple palestinien pour libérer ses forces à travers la
mobilisation de masse et la résistance populaire en Palestine
même, le tout lié à un rôle actif des
communautés palestiniennes dans la diaspora.
(Chronique de Palestine, 4
juillet 2018. Photos : Anadolu Agency, Maan
News, S. Hatem)
Développements dans les relations
intercoréennes et RPDC-États-Unis
Les États-Unis doivent prendre des mesures pour
réaliser la paix avec la RPDC comme première étape
Sommet RPDC- États-Unis, entre le
président de la Commission des affaires d'État de la
RPDC, Kim Jong Un, et le président des États-Unis, Donald
Trump, à Singapour, le 12 juin 2018.
Les 6 et 7 juillet 2018, le
secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'est
rendu en République populaire démocratique de
Corée (RPDC) pour tenir des pourparlers bilatéraux de
haut niveau en tant que suivi du Sommet historique du 12 juin
RPDC-États-Unis tenu à Singapour entre Kim Jong Un, le
président de la
Commission des affaires d'État de la RPDC et Donald Trump, le
président des États-Unis. Cette toute première
rencontre entre les dirigeants des deux pays a produit une
déclaration commune qui reflète l'esprit de
réconciliation entre les deux dirigeants et leur désir de
travailler ensemble dans une direction nouvelle et positive, mettant le
passé de
côté, et de coopérer l'un avec l'autre pour
réaliser pleinement la dénucléarisation de la
péninsule coréenne et la paix. La
Fédération coréenne au Canada a informé
Le Marxiste-Léniniste que Kim Jong Un a même
accepté la requête de dernière minute du
président Trump de rapatrier les restes des soldats
américains tués ou disparus au
combat pendant la Guerre de Corée.
La RPDC a donc
été consternée de voir que Mike Pompeo, le
négociateur en chef des États-Unis, a tenté de
prendre de court la RPDC en ne se présentant pas avec des
propositions constructives, mais avec la demande arrogante que la RPDC
accepte la dénucléarisation complète,
vérifiable et irréversible (DCVI) de son programme de
missiles
balistiques nucléaires. Avant que ne débutent les
pourparlers, Kim Yong Chol, vice-président du Comité
central du Parti des travailleurs de Corée et négociateur
en chef pour la RPDC, a remis à Pompeo une lettre de Kim Jong Un
adressée au président des États-Unis dans laquelle
il exprime son espoir et son attente que les relations positives,
établies lors du sommet qui les a réunis à
Singapour, vont se poursuivre lors des pourparlers de haut niveau et
dans l'avenir. Les actions de la partie américaine à
Pyongyang ont fait tout le contraire.
Dans le contexte de sa déception face aux
résultats des négociations, le ministère des
Affaires étrangères de la RPDC a émis une
déclaration où il souligne que la RPDC a abordé la
discussion avec la partie américaine avec des propositions
concrètes qui reflétaient l'esprit du Sommet
RPDC-États-Unis de Singapour. Elle a proposé de faire
différentes « actions simultanées »
conjointement avec les États-Unis, comme des échanges
multilatéraux entre les deux pays et l'émission d'une
déclaration publique à l'occasion du 65e
anniversaire de l'Accord d'armistice coréen pour enfin mettre
fin à la Guerre de Corée. En plus, la RPDC a
proposé de démanteler son site d'essais de
moteurs de missiles de forte poussée et de vérifier sa
suspension de la fabrication de missiles balistiques intercontinentaux
et d'aller de l'avant dans l'application de son engagement de
travailler avec les États-Unis au rapatriement des restes des
soldats américains laissés par la Guerre de Corée.
On doit noter que même avant le Sommet de
Singapour, lequel n'aurait jamais eu lieu sans les efforts soutenus de
la diplomatie nord-coréenne car Trump avait annoncé
unilatéralement son annulation en mai, la RPDC avait
démontré sa détermination à travailler
à la paix sur la péninsule coréenne et sa bonne
volonté envers les États-Unis en
suspendant ses essais de missiles nucléaires et en faisant
exploser publiquement son site de tests de missiles nucléaires
de Punggye-ri le 24 mai.
Dans une des ses remarques aux médias à
Singapour, le président Kim Jong Un a appelé à
mettre de côté les dogmes du passé qui avaient
entravé les relations entre les États-Unis et la RPDC et
à adopter une nouvelle façon de penser afin que la
réconciliation et la paix entre les deux parties puissent
être réalisées. Les deux premiers points de
la déclaration en quatre points du Sommet de Singapour indiquent
d'ailleurs clairement que les États-Unis et la RPDC prendront
des mesures qui mèneront à la signature d'un
traité de
paix entre les États-Unis et la RPDC en tant que pierre
angulaire d'une nouvelle relation entre les États-Unis et la
RPDC et fondement de mesures de portée encore plus grande pour
garantir une paix durable sur la péninsule coréenne.
1. La RPDC et les États-Unis ont
décidé d'établir des relations nouvelles entre les
deux pays conformément à l'aspiration des deux peuples
à la paix et à la prospérité ; et
2. La RPDC et les États-Unis conjugueront
leurs efforts pour instaurer un système de paix permanent et
durable dans la péninsule coréenne.
La présentation par les États-Unis
à la RPDC de ce qui constitue un ultimatum lors des premiers
pourparlers de haut niveau depuis le Sommet de Singapour est donc non
seulement contraire à l'esprit du Sommet RPDC-États-Unis,
mais elle va dans la direction opposée. Elle continue la
politique de la guerre froide basée sur des dogmes du
passé et elle continue la vieille politique de faire pression
sur la RPDC qui a échouée. Elle est vouée à
l'échec comme l'a souligné le ministre des Affaires
étrangères de la RPDC.
C'est la RPDC qui a
démontré son engagement et sa détermination
à
réaliser la paix sur la péninsule coréenne, pour
le bien du peuple coréen et de toute l'humanité et comme
une question de principe. De son côté, la Corée du
sud désire elle aussi que les États-Unis mettent fin
formellement aux hostilités et signent un traité de paix.
Lors du
quatrième sommet entre le président Moon Jae-in et le
président Trump à Washington en mai dernier, le
président Moon n'avait qu'un seul point à l'ordre du jour
soit la paix sur la péninsule coréenne et l'espoir que
les États-Unis examineront la question de la signature d'un
traité de paix avec la RPDC pour mettre fin à la Guerre
de Corée lors
du 65e anniversaire de l'Accord d'armistice coréen
le 27 juillet 2018.
Les États-Unis semblent avoir autre chose que la
paix comme ordre du jour. L'époque nous appelle à briser
avec la vieille politique de la force, des menaces et de la terreur
contre les aspirations des nations et des peuples qui luttent pour
s'affirmer et réaliser la paix.
Le Marxiste-Léniniste lance l'appel au
peuple canadien à appuyer de tout coeur l'effort de la RPDC, en
tant que position de principe, de réaliser une paix permanente
sur la péninsule coréenne en demandant que les
États-Unis respectent l'esprit et la lettre du Sommet
RPDC-États-Unis et prennent des mesures qui mènent
à un traité
de paix qui va remplacer l'Accord d'armistice et ouvrir la voie
à une paix permanente sur la péninsule coréenne.
Déclaration du ministère des Affaires
étrangères
de la RPDC sur les pourparlers de haut niveau
Le 7 juillet, un porte-parole du ministère
des Affaires étrangères de la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) a émis la
déclaration qui suit à propos de la visite du
secrétaire du Département d'État américain,
Mike Pompeo, qui s'est rendu à Pyongyang pour des pourparlers
bilatéraux de haut niveau les 6
et 7 juillet, faisant suite au Sommet historique
RPDC-États-Unis tenu le 12 juin à Singapour entre
Kim Jong Un, dirigeant de la RPDC et Donald Trump, président des
États-Unis :
« À la suite du premier sommet et des
pourparlers
historiques entre la RPDC et les États-Unis, la
communauté internationale a concentré ses attentes et son
attention sur les pourparlers bilatéraux de haut niveau visant
à mettre en oeuvre la déclaration commune des pourparlers
du sommet.
La RPDC s'attendait à ce que la partie
américaine présente une proposition constructive,
susceptible de renforcer la confiance, conformément à
l'esprit de la rencontre et des pourparlers au sommet, et pensait faire
quelque chose de comparable.
Cependant, l'attitude et la position des
États-Unis lors des premiers pourparlers de haut niveau
des 6 et 7 juillet ont été des plus
regrettables.
La RPDC, lors des pourparlers, a présenté
des propositions constructives pour une mise en oeuvre
équilibrée de toutes les dispositions de la
déclaration commune, fidèle à sa volonté
inébranlable de mettre fidèlement en oeuvre l'esprit et
les points convenus lors de la rencontre et des pourparlers au sommet.
Elle a proposé de discuter de l'organisation
simultanée d'actions de vaste portée comme la
réalisation d'échanges multilatéraux pour
améliorer les relations, la publication d'une déclaration
sur la fin de la guerre à l'occasion du 65e anniversaire de
la conclusion de l'Accord d'armistice coréen comme
première étape de la création d'un
mécanisme de paix sur la péninsule coréenne, le
démantèlement du site d'essai des moteurs à forte
poussée pour effectuer une vérification physique de la
suspension de la fabrication des missiles balistiques intercontinentaux
dans le cadre des mesures de dénucléarisation et le
début le plus tôt possible des négociations au
niveau opérationnel pour
récupérer les restes des prisonniers de guerre et de ceux
disparus au combat.
Avant les pourparlers, Kim Yong Chol,
vice-président du Comité central du Parti des
travailleurs de Corée, qui était également le
délégué en chef de la RPDC pour les pourparlers, a
remis, sur autorisation, au secrétaire d'État Pompeo, qui
était le délégué en chef des
États-Unis, une lettre personnelle de Kim Jong Un,
président de la
Commission des affaires d'État de la RPDC, adressée au
président Trump des États-Unis.
Dans la lettre, le président a exprimé
ses attentes et sa conviction que les bonnes relations amicales
établies avec le président Trump durant le sommet et les
pourparlers de Singapour et sa confiance dans ce dernier seraient
consolidées dans le cours des dialogues futurs qui incluent les
présents pourparlers de haut niveau.
La partie américaine, cependant, n'a
présenté que des demandes de
dénucléarisation unilatérale dignes de gangsters,
parlant uniquement de DCVI (dénucléarisation
complète, vérifiable et irréversible), une
déclaration et une vérification contraires à
l'esprit de la rencontre et des pourparlers au sommet de Singapour.
La partie américaine, sans mentionner la
question de l'instauration d'un régime de paix sur la
péninsule coréenne qui est essentielle pour éviter
l'aggravation de la situation et la guerre, a même pris
l'attitude de revenir sur la question déjà
acceptée de déclarer la fin de la guerre, tout en y
mettant certaines conditions et faisant certaines
excuses.
En ce qui concerne la question d'annoncer le plus
tôt possible par une déclaration la fin de la guerre, cela
demeure la première étape pour désamorcer la
tension et instaurer un mécanisme de paix durable sur la
péninsule coréenne et, en même temps, le facteur
premier pour établir la confiance entre la RPDC et les
États-Unis. Cette question est
également mentionnée dans la Déclaration de
Panmunjom adoptée entre le nord et le sud de la Corée
comme une tâche historique pour mettre fin à l'état
de guerre qui persiste sur la péninsule coréenne depuis
près de 70 ans, et le président Trump avait
démontré plus d'enthousiasme sur cette question lors des
pourparlers au sommet entre la
RPDC et les États-Unis.
Les points sur lesquels la partie américaine a
insisté lors des pourparlers sont la pierre d'achoppement
à laquelle les administrations précédentes se sont
accrochées, ce qui a perturbé le processus de dialogue,
alimenté la méfiance et augmenté le danger de
guerre.
La partie américaine, durant les pourparlers, a
considéré comme une grande concession l'annulation
temporaire d'un ou deux exercices militaires conjoints. Mais la
suspension d'une telle action qui est une répétition
militaire est une mesure hautement réversible qui peut
être reprise à tout moment, n'importe quand, puisque
toutes ses forces
militaires demeurent à leurs positions sans qu'un seul fusil
ne soit détruit. Ce geste n'est en rien comparable à la
mesure irréversible que la RPDC a prise en faisant exploser et
en détruisant son site d'essais nucléaires.
Les résultats des pourparlers ne peuvent
qu'être considérés comme étant
extrêmement préoccupants.
Nous avions pensé que la partie
américaine présenterait une proposition constructive
conforme à l'esprit de la rencontre et des pourparlers au sommet
entre la RPDC et les États-Unis, mais nos attentes et nos
espoirs étaient si naïfs qu'on pourrait les dire
insensés.
Les moyens obsolètes ne peuvent jamais
créer de nouvelles choses, et s'en tenir à un
stéréotype futile qui est voué à
l'échec ne fera qu'aboutir à un autre échec.
Cet accord précieux a été conclu
en si peu de temps lors des pourparlers au sommet de Singapour, le
premier dans l'histoire des relations entre la RPDC et les
États-Unis, parce que le président Trump lui-même a
suggéré d'adopter une nouvelle façon de
résoudre les questions liées aux relations
bilatérales et à la dénucléarisation de la
péninsule
coréenne.
Si les deux parties reviennent à l'ancienne
façon en abandonnant la nouvelle manière convenue lors
des rencontres de travail lors du sommet, le sommet de Singapour aura
perdu tout son sens, une réunion historique qui a eu lieu
grâce à la détermination et à la
volonté des deux hauts dirigeants de façonner un nouvel
avenir dans l'intérêt des
peuples des deux pays et pour la paix et la sécurité du
monde.
Les premiers pourparlers de haut niveau entre la RPDC
et les États-Unis nous ont menés dans une situation
dangereuse où nous risquons d'être ébranlés
dans notre volonté jadis inébranlable de
dénucléarisation, plutôt que de consolider la
confiance entre les deux pays.
Au cours des derniers mois, nous avons pris des mesures
bien intentionnées, dans toute la mesure du possible et en
étant les premiers à le faire, tout en observant les
États-Unis avec un maximum de patience.
Mais les États-Unis semblent avoir mal compris
notre bonne volonté et notre patience.
Ils sont fondamentalement dans l'erreur de penser que
la RPDC accepterait, même à bout de patience, des
exigences reflétant leur mentalité de gangster.
Une manière plus rapide d'arriver à la
dénucléarisation de la péninsule coréenne
est d'éliminer la méfiance profonde et de renforcer la
confiance entre la RPDC et les États-Unis. À cette fin,
les deux parties devraient être suffisamment audacieuses pour se
libérer des vieilles méthodes qui n'ont abouti
qu'à l'échec, adopter une approche
nouvelle qui n'est jamais liée par les approches existantes et
résoudre les problèmes un par un en commençant par
ceux qui sont réalisables selon le principe des actions
simultanées tout en donnant la priorité au renforcement
de la confiance.
Mais si les États-Unis sont si anxieux qu'ils
tentent de nous imposer les anciennes méthodes utilisées
par les administrations précédentes, cela ne servira en
rien à résoudre les problèmes.
Si, en dépit de notre volonté, une
situation objective n'est pas créée en faveur de la
dénucléarisation, cela contribuerait à
gâcher le développement des relations bilatérales
qui a connu un bon début.
Si un vent contraire commence à souffler, cela
décevra grandement la communauté internationale
désireuse de paix et de sécurité mondiales ainsi
que la RPDC et les États-Unis et si cela devait arriver, les
deux parties tenteront probablement de faire des choix
différents et il n'y a aucune garantie que cela ne conduira pas
à une
tragédie.
Nous chérissons toujours notre confiance envers
le président Trump.
Il est conseillé aux États-Unis de se
demander sérieusement si le fait de tolérer un vent
contraire à la volonté des deux hauts dirigeants est
conforme aux aspirations et aux attentes des peuples du monde ainsi
qu'à leurs intérêts.
(Source : ACN)
Évolution positive des relations
intercoréennes
Rencontre à Panmunjom, le 27 avril 2018, durant laquelle fut
signée la
déclaration historique entre Kim Jong Un, président de la
Commission des affaires d'État de
la RPDC et Moon Jae-in, président de la RDC.
Les relations intercoréennes ont fait des
progrès spectaculaires
avec des mesures concrètes prises par les deux parties dans la
mise en
oeuvre de la Déclaration historique de Panmunjom du 27
avril signée par
Kim Jong Un, président de la Commission des affaires
d'État de la
République populaire démocratique de Corée (RPDC)
et
le président de la République de Corée (RDC) Moon
Jae-in. La
Déclaration de Panmunjom est le plan pour développer et
renforcer les
relations intercoréennes dans un certain nombre de domaines
clés sous
la bannière « Par la nation elle-même ».
Relations économiques
Les négociations de haut niveau entre Cho
Myung-gyon (RDC)
négociateur principal de la RDC et RI Song Gyon,
négociateur principal
pour la RPDC, le 1er juin, ont mené à la
décision de «
mettre en place à une date
rapprochée un bureau de liaison conjoint dans le complexe
industriel
Kaesong, doté de fonctionnaires permanents et d'élaborer
les
mesures techniques pour se faire. » Le complexe industriel
de
Kaesong a été
créé en 2004 pour faciliter une collaboration
économique très
fructueuse entre la RPDC et la RDC. Onze entreprises des domaines de la
céramique, du textile, de la technologie, des biens de
ménage et
d'autres produits de la RDC ont établi des usines à
Kaesong
qui ont embauché des travailleurs de la RPDC afin de fabriquer
des
marchandises pour les marchés coréens et
étrangers. À la fin, plus
de 170 entreprises de la RDC étaient impliquées. Ce
projet a été
en 2013 abandonné unilatéralement par le
régime anticommuniste de Park
Gyeun-hye dans le sud du pays, à la grande consternation du
peuple coréen qui l'a finalement évincé du pouvoir
en 2016.
Foresterie
Le 5 juillet, des pourparlers ont eu lieu à
la Maison de la
paix, au sud de Panmunjom, sur la coopération nord-sud en
matière de
foresterie. Il a été décidé que la RPDC et
la RDC travailleraient
ensemble pour gérer les forêts à proximité
de la zone démilitarisée
(DMZ) qui divise la Corée et s'attaquer au problème des
insectes et des
ravageurs qui affectent l'industrie forestière. On espère
que cela
mènera à d'autres projets tels que la reforestation.
Transports et communications
Le 26 juin, des représentants de la RPDC et
de la RDC se sont
rencontrés pour discuter de la mise à niveau et de
l'établissement de
liaisons ferroviaires afin de faciliter le commerce et le tourisme
intercoréen. Dans la période précédente de
relations intercoréennes
positives déclenchée par la Déclaration Nord-Sud
du 15
juin 2000, un service ferroviaire de marchandises a
commencé entre le
sud et le nord pour alimenter le complexe industriel de Kaesong et
transporter les produits finis vers le sud.
Le 28 juin, des pourparlers ont eu lieu sur le
transport routier et
les deux parties ont convenu de travailler ensemble pour moderniser les
routes sur la côte est et ouest de la RPDC et établir des
liaisons
routières avec la RDC pour faciliter le commerce et le tourisme.
Affaires militaires
Il a également été
décidé le 2 juillet de rétablir la
communication radio navire-navire qui était inactive depuis une
décennie afin d'éviter les affrontements accidentels
entre navires de
la RPDC et de la RDC autour de la ligne de délimitation
septentrionale
(NLL) de la mer (Jaune) à l'ouest qui est la frontière
maritime entre
le nord et le
sud.
Plus important encore, la RDC a annoncé
le 11 juillet qu'elle
suspendait ses exercices militaires, y compris les exercices et
manoeuvres militaires Ulchi Freedom Guardian en août.
Plus tôt le 4 mai, le gouvernement de la RDC
a suspendu la pratique
consistant à lancer des ballons provocateurs et des campagnes de
dépliants contre la RPDC et a retiré les haut-parleurs
qui projetaient
des messages anti-RPDC dans la zone démilitarisée.
Plusieurs réunions ont déjà eu
lieu entre des représentants de
l'armée de la RPDC et de la RDC pour établir des
relations de travail.
Sports et culture
Le 18 juin, des discussions sur les sports ont eu
lieu à la
Maison de la Paix du côté sud-coréen de Panmunjom.
Selon le communiqué
de presse commun à la suite des pourparlers, deux points ont
été mis à
l'ordre du jour pour la coopération et l'échange dans le
domaine du
sport. Il a été décidé que des «
matches de basketball
d'unification intercoréenne » se tiendront à
Pyongyang en juillet et à
Séoul en août.
À la suite de cette décision, une
équipe de 100 joueurs de
basketball masculins et féminins de la RDC et 50 autres
entraîneurs et
membres du personnel de soutien se sont déplacés
du 4 au 7 juillet pour
une série de parties amicales à Pyongyang. Les parties
ont été jouées
entre des équipes de joueurs mixtes du sud et
du nord qui ont été nommées équipes «
Paix » et « Prospérité ».
Les dates retenues étaient importantes car
le 4 juillet 1972, le
premier accord historique signé entre la RPDC et la RDC
établissait les
principes selon lesquels le peuple coréen pouvait
réaliser la
réunification pacifique et indépendante de son pays
divisé -
c'est-à-dire que la réunification serait
réalisée de manière
indépendante,
pacifique, grâce à sa propre unité politique qui
mettra de côté tous
les différends.
Il a également été
décidé qu'une équipe coréenne
unifiée composée
d'athlètes de la RPDC et de la RDC participera aux Jeux
asiatiques
qui se tiendront à Jakarta et à Palembang, en
Indonésie, en août de
cette année.
Réunification familiale
Le 22 juin, la Croix-Rouge de la RDC et de la RPDC
se sont
rencontrées au mont Kumgang en RPDC pour discuter du
rétablissement des
réunions de réunification familiale qui rassembleraient
les familles
coréennes séparées par la guerre de Corée.
La réunion aura lieu au
cours de la semaine du 15 août au mont Kumgang à
l'occasion du 73e anniversaire de la libération de la
Corée de
l'occupation japonaise. Depuis son début en 2000,
quelque 23 000
Coréens ont eu l'occasion de se rencontrer en face à face
avec les
membres de leur famille ou via un lien vidéo.
Lors des pourparlers intergouvernementaux tenus par le
ministre Cho
Myung-gyon et Kim Yong-chol, vice-président du Parti des
travailleurs
de Corée le 5 juillet à Pyongyang, les deux parties
se sont engagées à
travailler plus étroitement pour accélérer,
renforcer et approfondir
les relations coréennes et prendre des mesures concrètes
pour appliquer la Déclaration de Panmunjom.
Ces
développements sont essentiels à la création des
conditions propices à la paix
et à la réunification sur la péninsule
coréenne. L'obtention de résultats
positifs est cruciale pour que le peuple coréen puisse
déterminer sa propre
sécurité et prospérité collectives et ses
efforts pour assurer la paix sur la
péninsule coréenne. Ces développements tiennent en
échec les États-Unis et
leurs partenaires au sein de la coalition de l'ONU qui veulent garder
le peuple
coréen divisé.
(Sources : Hankyoreh et KCNA
)
Les travailleurs prennent les devants dans
l'application de la Déclaration de Panmunjom
et la lutte pour la paix
Le 18 juin, le Comité central de la
Fédération générale des syndicats de
Corée en République populaire démocratique de
Corée (RPDC) et la Fédération des syndicats et la
Confédération des syndicats de la République de
Corée (RDC) ont émis une déclaration commune
à l'occasion du 18e anniversaire de l'historique
Déclaration
commune nord-sud de 2000.
La déclaration commune exprime son appui entier
à la Déclaration commune du 15 juin 2000 de
même qu'à l'Accord conjoint du 4 octobre 2007 et
à la Déclaration commune de Panmunjom du 27
avril 2017, qui sont toutes des ententes historiques et des jalons
vers la réalisation de la paix, de
l'indépendance et de la réunification sur la
péninsule coréenne par le peuple coréen
lui-même
qui prend en main son projet moderne d'édification nationale.
La déclaration commune des travailleurs
coréens affirme le rôle dirigeant des travailleurs dans le
mouvement pour la paix et exprime l'unité combattante des
travailleurs du nord et du sud pour remplacer l'Accord d'armistice
coréen de 1953 par un traité de paix signé
par les États-Unis et la RPDC, lequel contribuera
immédiatement à
une paix permanente sur la péninsule coréenne.
Les travailleurs de la péninsule coréenne
y déclarent qu'ils vont « faire de leur mieux pour
réaliser la tâche historique à laquelle fait face
notre nation...qui en est à un point tournant
après 73 années de division ».
Ils terminent la déclaration en affirmant ce qui
suit :
« Les travailleurs du nord et du sud
mèneront
toutes leurs activités strictement dans l'esprit de Par notre
nation même et selon le principe de l'indépendance
nationale et vont se tenir aux premières lignes de la lutte pour
rejeter de façon décisive la domination et
l'ingérence de forces extérieures qui entravent la paix
et la réunification.
« Ils lutteront de façon résolue
contre toute tentative de porter atteinte à la
Déclaration de Panmunjom et ils feront tout ce qu'ils
peuvent pour mettre en oeuvre sans relâche la
déclaration. »
(Source :
Agence
centrale
de
nouvelles
coréenne)
La base militaire de Séoul
déménagée à Pyeongtaek
Manifestation à Séoul pour la paix sur la
péninsule coréenne au moment de la visite
de Trump, le 5 novembre 2017
Les forces armées des États-Unis en
Corée vont déménager leurs quartiers
généraux militaires de Yongsan à Séoul, la
capitale de la République de Corée (RDC) au Camp
Humphreys qui est situé à Pyeongtaek à
environ 80 kilomètres au sud de Séoul. Le 29
juin 2018, les forces armées des États-Unis en
Corée ont
organisé une cérémonie d'ouverture à Camp
Humphreys pour marquer le transfert. Celui-ci est en préparation
depuis 2004, quand les discussions ont débuté sur la
prise de possession par la RDC du contrôle militaire
opérationnel (OPCON) en temps de guerre. L'OPCON est
présentement entre les mains des forces armées
américaines en
Corée et non du gouvernement coréen, ce qui fait qu'en
cas de guerre, les troupes de la RDC seraient placées sous le
diktat des forces armées américaines.
Le transfert du personnel militaire américain de
Yongsan à Pyeongtaek doit être examiné à la
lumière du contexte de l'occupation militaire américaine
de la Corée du sud. La présence continue de
presque 30 000 soldats américains en Corée du
sud aujourd'hui, dans 80 bases et installations militaires,
armés jusqu'aux dents
des armes les plus récentes, est un résultat du
Traité de défense mutuel entre les États-Unis et
la Corée du sud que les États-Unis ont imposé
à la RDC le 1er octobre 1953. Non seulement
était-ce une violation de l'Accord d'armistice coréen
du 27 juillet 1953, mais cela voulait dire que les forces
armées américaines
resteraient sur la péninsule coréenne à
perpétuité après la Guerre de Corée,
à moins que la question ne soit « discutée
mutuellement ».
La présence de la base militaire de Yongsan au
coeur de Séoul était un rappel constant de la domination
militaire des États-Unis sur le peuple coréen. Au fil des
ans, les activistes antiguerre de la RDC ont tenu des manifestations
à Séoul, sur l'île de Jeju et dans d'autres
endroits, dont Pyeongtaek, pour mettre en lumière ce
traité inégal et
coûteux, pour réclamer le retrait des troupes
américaines de la RDC et pour dénoncer les crimes
continuels commis par le personnel militaire américain qui se
comptent par dizaines de milliers depuis la Guerre de Corée et
qui sont restés impunis. Ces crimes comprennent notamment des
meurtres, des viols, le trafic de la drogue, le trafic des
personnes.
Manifestation des étudiants en 2005 contre la présence
des troupes américaines au camp Humphries près de
Pyeongtaek et les plans d'accroître le nombre de troupes
L'Accord sur le statut des forces (SOFA) entre la RDC
et les États-Unis, signé en 1967, fait en sorte que,
sauf en de rares exceptions, les soldats américains
accusés de ces crimes sont jugés par les tribunaux
militaires américains et s'en tirent souvent avec des sentences
légères. Cela encourage la perpétration d'autres
crimes de la sorte. Il
y a même un cas où une femme canadienne de descendance
coréenne a été violée en
février 2017 à Busan par un soldat américain
en congé de la base militaire de Pyeongtaek. Cette affaire a
été remise dans les mains des forces armées
américaines et non des autorités coréennes.
Depuis qu'il est arrivé au pouvoir en
mai 2017, le gouvernement de Moon Jae-in de RDC a entrepris de
nouvelles discussions avec les États-Unis dans le but de prendre
le contrôle du commandement opérationnel (OPCON). Dans un
discours prononcé le 28 septembre 2017, qui est le
Jour des forces armées en RDC, le
président Moon a dit : « La remise du contrôle
sur la base de nos capacités de défense
indépendantes va mener ultimement à une avancée
remarquable dans les principes fondamentaux et les capacités de
nos forces armées. » Le Parti démocratique du
président Moon, qui a fait des gains importants aux
élections aux postes de
gouverneurs, de maires et d'autres élus municipaux le 13
juin, lutte pour prendre le contrôle de l'OPCON comme un geste de
souveraineté de la RDC et de son peuple. La Garnison militaire
de Yongsan a été construite quand le Japon a
annexé et occupé la Corée de 1910
à 1945. Après que les peuples coréen, chinois
et d'Asie du
sud-est ont défait les impérialistes japonais pendant la
Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis ont pris le
contrôle de la base de Yongsan en 1945 et l'ont
utilisée comme quartier général. En 1992, une
partie des 297 000 mètres carrés de terrain sur
lequel est situé le camp ont été donnés
à la ville de Séoul et transformés
en parc familial et ont servi de site au Musée de la
Corée. La ville de Séoul veut transformer le reste du
site en espace vert dans l'avenir.
(Source : Hankyoreh, Stars and
Stripes)
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