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Suite aux pourparlers intercoréens qui se sont tenus en janvier et à l'effort unifié en février pour faire un succès des Olympiques de la paix de PyeongChang, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le gouvernement de Moon Jae-in de la République de Corée (RDC) continuent de prendre des mesures pratiques pour faire progresser conjointement la paix et la réunification de leur patrie. Les deux dernières semaines ont été témoins de développements sans précédent. Le sommet intercoréen, proposé dans une lettre personnelle du dirigeant de la RPDC Kim Jong Un au président Moon de la RDC pendant les Jeux olympiques de PyeongChang, semble pouvoir se réaliser en avril et le sommet en retour a créé les conditions favorables à l'accord qu'il a donné le président des États-Unis Donald Trump à une rencontre en mai avec le dirigeant de la RPDC Kim Jong Un. Ces développements sont de bon augure pour la paix sur la péninsule coréenne. Ils montrent que le peuple coréen et sa lutte tenace pour la paix et la réunification nationale sont le facteur décisif dans la situaiton et non le cadre anticommuniste de la Guerre froide qui est utilisé pour maintenir la Corée divisée en dépeignant la RPDC comme une nation agressive. Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à tous à appuyer cette aspiration du peuple coréen, qui est commune à tous les peuples du monde, de régler ses propres affaires et d'établir son propre ordre du jour, sans ingérence étrangère et sans faire face à la menace de sanctions, d'agression et de guerre.
Le plan d'un troisième sommet intercoréen
pave la voie
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Pendant ce temps, le directeur du Service national des renseignements Suh Hoon a effectué une visite au Japon, où il a rencontré le ministre des Affaires étrangères Taro Kono le 12 mars et le premier ministre Shinzo Abe le 13 mars.
Les agences de presse rapportent que Suh et Kono ont accepté de travailler en étroite coordination sur la question des « enlèvements » présumés de citoyens japonais par la RPDC dans les années 1970 et 1980.
Le premier ministre Abe qui avait initialement répondu aux nouvelles des sommets intercoréens et des sommets États-Unis-RPDC en les rejetant comme une tactique dilatoire de la RPDC, a pris un ton différent lors de sa rencontre avec Suh.
« La Corée du nord a de grandes négociations à faire au sommet intercoréen et plus tard au sommet avec les États-Unis et, à la lumière de la situation, je ne pense pas qu'elle profitera de cette occasion pour simplement gagner du temps », Abe a été cité par le gouvernement sud-coréen dans une déclaration. « Il est extrêmement important pour la Corée du nord de prendre des mesures concrètes et de mettre en oeuvre ce qu'elle a dit » pour aller vers la dénucléarisation, a déclaré Abe.
Abe a également promis la coopération « de toutes les manières possibles » pour le succès des sommets, selon Suh.
Au cours de la réunion, Suh a transmis le message du président Moon « que la coopération entre la Corée du sud et le Japon est nécessaire pour transformer le mouvement pour la paix sur la péninsule coréenne créé par les Jeux Olympiques de PyeongChang en une paix durable », ajoutant : « Je crois qu'un tel état d'esprit a commencé lorsque le premier ministre Abe et le vice-président des États-Unis (Mike) Pence ont assisté à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de PyeongChang. »
Abe a déclaré qu'il se rendra aux États-Unis au début du mois prochain pour s'entretenir avec le président Trump afin de coordonner leurs politiques sur la RPDC avant le sommet États-Unis-RPDC, rapportent les agences de presse.
Le 23 février, le département d'État américain a annoncé ce qu'il a appelé les « sanctions les plus sévères » qui aient été prises dans l'histoire contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Les nouvelles sanctions visent 27 entreprises d'expédition et de commerce, 28 vaisseaux et un individu. Les vaisseaux ciblés sont situés, enregistrés, ou battent pavillon des pays suivants : la RPDC, la Chine, Singapour, Taiwan, Hong Kong, les Îles Marshall, la Tanzanie, le Panama et les Comores. Ces sanctions visent les transbordements de navire à navire de charbon et de carburant qui, selon l'administration Trump, permettent à la RPDC de contourner les sanctions économiques et politiques adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU.
En faisant cette annonce, le secrétaire au Trésor des États-Unis, Steven Mnuchin, a dit aux journalistes que les États-Unis ont maintenant imposé plus de 450 sanctions à la RPDC, dont la moitié depuis un an. Ces sanctions s'ajoutent aux plus de 20 sanctions que le Conseil de sécurité de l'ONU a imposées à la RPDC depuis 1950 et à celles qui ont été imposées par l'Union européenne, la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres pays sous prétexte que la RPDC a recours à un programme de dissuasion nucléaire pour se défendre.
Le directeur de la recherche en politiques de l'Institut des études américaines du ministère des Affaires étrangères de la RPDC a émis un communiqué dans lequel il dit que « les sanctions et la pression exercées par le groupe Trump contre la RPDC peuvent être décrites comme les 'plus sévères' de l'histoire en vertu de leur caractère perfide et réactionnaire », mais que la RPDC refuse de se laisser intimider par cette plus récente tentative d'enfreindre sa souveraineté.
Plus récemment, le conseiller à la
Sécurité nationale des États-Unis s'est
adressé au Conseil de sécurité le 12 mars,
dans une réunion à huis clos, au sujet des sanctions
contre la RPDC. Il a mentionné qu'une réunion doit se
tenir prochainement entre le dirigeant de la RPDC Kim Jong Un et le
président des États-Unis Donald Trump. Il a
dit plus tard à des journalistes que « nous sommes tous
tombés d'accord que nous considérons avec optimisme cette
opportunité ». Il a répété la demande
américaine que la RPDC se dénucléarise, sans pour
autant engager les États-Unis à en faire de même.
« Nous sommes
déterminés à poursuivre la campagne de pression
maximale jusqu'à ce que nous voyons que les paroles se
traduisent en actes et en un progrès réel vers la
dénucléarisation », a-t-il dit.
En dépeignant la RPDC comme un État agresseur, les États-Unis et leurs alliés sèment la désinformation sur la sérieuse menace que font peser les États-Unis à la RPDC avec leurs troupes et leurs armes nucléaires en Corée du sud, les exercices de guerre annuels massifs pour un changement de régime, etc. Ils obscurcissent ainsi la raison pour laquelle la RPDC a recours à la dissuasion nucléaire et se donnent un prétexte pour les sanctions tout en soutenant un deux poids deux mesures inacceptable envers l'arsenal nucléaire massif que possèdent les États-Unis. En plus, la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'a de sens que si les États-Unis retirent également leurs armes nucléaires de la Corée du sud.
Le 17 février, le gouverneur de la province de Gangwon, Choi Moon-soon, a annoncé qu'il va examiner la possibilité que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République de Corée (RDC) accueillent ensemble les Jeux asiatiques d'hiver en 2021. PyeongChang, le site des Jeux olympiques d'hiver de 2018, est situé dans la province de Gangwon, qui touche aux provinces de Kangwon et de Kaesong de la RPDC. L'annonce a été faite lors du banquet de bienvenue aux jeux des meneuses de claque de la RPDC. S'adressant à des journalistes suite au banquet, le gouverneur Choi a dit que sa proposition « est une façon de continuer d'utiliser les installations après les Olympiques d'hiver de PyeongChang et de poursuivre l'harmonie et l'échange intercoréens. Nous allons entreprendre des préparatifs détaillés après les Olympiques de PyeongChang ».
En plus des installations qui ont été construites pour les Jeux olympiques de PyeongChang, la station de ski Masikryong à Wonsan en RPDC, où les skieurs olympiques de la RPDC et de la RDC se sont entraînés ensemble le 31 janvier, est considérée comme étant d'un calibre adéquat pour accueillir des événements aux Jeux asiatiques d'hiver de 2021.
Cette proposition a été accueillie avec enthousiasme par la population de Gangwon, qui a une longue histoire d'appui aux relations intercoréennes, en particulier depuis la signature de la Déclaration conjointe nord-sud le 15 juin 2000.
Le gouverneur Choi s'est fait le champion des contacts et du dialogue intercoréens depuis qu'il a accédé à ce poste et a accueilli des équipes sportives de la RPDC pour des compétitions de soccer. Le gouverneur Choi a dénoncé les tentatives de réactionnaires anticommunistes de la RDC, instigués par les impérialistes américains et les médias monopolisés du Canada et d'ailleurs de calomnier les Olympiques de PyeongChang comme étant les « Olympiques de Pyongyang » comme si le gouvernement de la RDC avait été un instrument de la RPDC.
Entre autres choses, le gouverneur Choi espère que le Complexe industriel de Kaesong réouvrira bientôt au bénéfice du peuple coréen. Un partenariat économique très réussi a été mis en place au Complexe industriel de Kaesong dans le sillage de la déclaration historique du 15 juin 2000. Entre 2002 et 2016, des travailleurs de la RPDC ont travaillé dans des entreprises de la RDC pour l'avantage mutuel de tous les Coréens. La décision du gouvernement anticommuniste réactionnaire de Park Gyeun-hye en Corée du sud de mettre fin au partenariat en 2016 a été massivement dénoncée et a été un facteur de son limogeage sous des accusations de corruption et d'autres accusations.
Les propositions du gouverneur Choi et l'appui de la population de Gangwon démontrent bien le désir profond du peuple coréen pour la réunification, un désir qui ne s'est pas affaibli après 65 ans d'ingérence étrangère pour diviser de façon injuste sa nation.
(Sources : Hankyoreh et Korea Times. Photo : Hankyoreh )
Commémoration de la vie et du legs d'Hugo Chavez
Le 5e anniversaire de la mort d'Hugo Chavez, le dirigeant historique de la Révolution bolivarienne au Venezuela, a été marqué par des activités commémoratives au Venezuela et dans le monde.
En hommage au commandant de la Révolution bolivarienne et président du Venezuela de 1999 jusqu'à sa mort le 5 mars 2013, le 15e Sommet de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique - Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP) a été accueilli à Caracas le 5 mars par le président Nicolas Maduro. Y ont participé les présidents Evo Morales de la Bolivie, Raúl Castro de Cuba, et Daniel Ortega du Nicaragua, le premier ministre Roosevelt Skerrit de la Dominique ainsi que des délégations officielles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, de l'Équateur, de la Fédération de Saint-Christophe-et-Niévès, du Suriname, d'Antigua-et-Barbuda, d'Haïti, de la République dominicaine et du Salvador.[1]
S'adressant à une foule nombreuse rassemblée devant le palais présidentiel de Miraflores pendant le sommet, Maduro a déclaré : « Le peuple vénézuélien est aujourd'hui plus chaviste que jamais, et nous déclarons avec amour : Chavez vit ! ».
La déclaration adoptée au sommet de l'ALBA-TCP a soutenu le legs laissé par Hugo Chavez et reflété les principes pour lesquels il s'est battu pour améliorer la vie des peuples d'Amérique latine, des Caraïbes et du monde. La déclaration commence par la réaffirmation des principes de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que zone de paix adoptée en 2014 par la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (CÉLAC). La déclaration exhorte la communauté internationale à « s'abstenir de tout type d'activités coercitives contre l'indépendance politique et l'intégrité territoriale du Venezuela », affirmant que cela est incompatible avec le droit international et la Charte des Nations unies et contraire à la proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix.
La déclaration préconise entre autres le règlement pacifique des différends, l'interdiction du recours et de la menace du recours à la force et le respect de l'autodétermination, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque nation. Elle dénonce les tentatives de faire revivre la doctrine Monroe de même que les menaces militaires et les tentatives de coup d'État contre le gouvernement constitutionnel du Venezuela et rejette les « mesures coercitives unilatérales et les sanctions imposées à la République bolivarienne du Venezuela qui affectent la vie et le développement de notre noble peuple du Venezuela et l'exercice de ses droits ».
La déclaration réaffirme le
soutien des
membres de l'ALBA au président constitutionnel du Venezuela,
Nicolas Maduro, à son gouvernement et au processus
démocratique qu'il dirige. Elle déclare que
c'est le droit inaliénable du peuple
vénézuélien d'organiser et de participer aux
élections nationales, étatiques et municipales
conformément
à ses propres normes et procédures internes. Elle se
termine par un appel à l'unité des peuples de notre
Amérique - pas seulement comme un idéal mais comme une
nécessité.
D'autres activités commémoratives ont eu lieu au Venezuela le même jour. Un événement de solidarité internationale s'est tenu du 5 au 7 mars à Caracas sous la bannière « Nous sommes tous le Venezuela ». Il a réuni quelque 300 activistes de 65 pays avec des membres de mouvements sociaux, des parlementaires et d'autres activistes du Venezuela. À l'ouverture de la rencontre, le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza a dit que Chavez a donné plus que ce que les peuples et le monde peuvent imaginer ou que l'impérialisme avait calculé. « Chaque jour, nous voyons quelque chose du commandant, il est présent et vivant parmi nous, dans nos enfants, nos jeunes, nos femmes et nos travailleurs », a-t-il dit. Le 5 mars, les délégations internationales se sont jointes aux dirigeants de l'ALBA et aux autres participants pour lui rendre hommage au Cuartel de la Montaña, situé sur une colline qui surplombe Caracas, qui abrite la tombe de Chavez et où une flamme éternelle brûle à sa mémoire. Un salut au canon a été fait à 16 h 25, l'heure précise du décès de Chavez.
Le 15 mars a eu lieu une deuxième
commémoration au même endroit qui est aussi connu comme le
Cuartel de la Montaña 4F (4F pour 4 février),
la date à laquelle la rébellion civique-militaire
dirigée par Chavez a été lancée
en 1992 et commandée à partir de ces baraques. Une
caravane de camions et de
motocyclettes est partie de l'Académie militaire de Caracas pour
se rendre au Cuartel, une vasque allumée dans le véhicule
de tête, sa flamme en hommage à Chavez. Les membres
des organisations sociales et politiques étaient alignés
le long du parcours de la caravane qui retraçait la route que
les gens avaient suivie pour accompagner le cortège
menant Chavez à sa dernière demeure il y a cinq
ans.
Les gens sont également venus honorer la
mémoire et le legs d'Hugo Chavez et montrer leur soutien
à la révolution bolivarienne lors d'activités
commémoratives organisées dans les ambassades et les
consulats du Venezuela dans le monde. Lors de la commémoration
tenue à l'ambassade du Venezuela à Ottawa, une
délégation du PCC (M-L)
a remis au Chargé d'affaires un bouquet de roses, une carte pour
l'occasion adressée au président Nicolas Maduro et un
hommage intitulé « Vive le legs du fondateur de la
Révolution bolivarienne ! » issu du
numéro du 3 mars du LML.
1. Les 11 membres titulaires d'ALBA-TCP sont
le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique,
l'Équateur, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
Sainte-Lucie, la Grenade et la Fédération de
Saint-Christophe-et-Niévès.
(ACN, Granma, teleSUR, albainfo.org. Photos: AVN, Somos Venezuela, Ambassade du Venezuela au Canada)
Discours prononcé par le
général d'armée Raul Castro Ruz, président
du Conseil d'État et du Conseil des ministres de la
République de Cuba, au 15e Sommet ordinaire de l'Alliance
bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-Traité de
commerce des peuples (ALBA-TCP) tenu à Caracas le 5 mars..
Camarade Nicolas Maduro Moros, président de la
République bolivarienne du Venezuela,
Chers chefs d'État et de gouvernement,
Chers chefs de délégation et
invités,
En cette journée du 5 mars, où nous soulignons le cinquième anniversaire de la disparition physique du président Hugo Chavez Frias, fondateur avec Fidel de l'ALBA, mes premières paroles ont pour but de réaffirmer notre hommage à son oeuvre et à son exemple, ainsi que notre loyauté indéfectible à son héritage.
Aujourd'hui, la défense commune de la République bolivarienne du Venezuela constitue une tâche de la plus haute urgence pour l'ALBA.
La menace militaire, l'hostilité et l'agression économique de l'impérialisme étasunien contre le Venezuela, l'offensive néolibérale visant à enrayer les conquêtes sociales, l'ingérence contre la souveraineté des gouvernements progressistes, les tentatives de démantèlement des progrès accomplis dans l'intégration de l'Amérique latine et des Caraïbes, déstabilisent la région et sont autant de dangers pour la paix et la sécurité régionales.
Depuis 1999, lorsque le commandant Hugo Chavez a accédé à la présidence, et plus encore lorsque le camarade Nicolas Maduro a pris les rênes du pays, les États-Unis ont eu recours à des méthodes de guerre non conventionnelle dans le but de soumettre ce pays, dont les immenses richesses sont convoitées par l'impérialisme. Le président Donald Trump vient de renouveler le Décret exécutif classant le Venezuela comme une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis.
Les menaces à la paix et à la stabilité au Venezuela représentent aussi une menace pour la stabilité et la paix régionales.
Certains semblent avoir oublié les leçons du passé, les cruelles années de dictatures militaires, l'impact du néolibéralisme; qu'ils visent à rétablir les conséquences désastreuses pour notre région des politiques de chantage, d'humiliation et d'isolement qui, comme autrefois, ont les États-Unis pour principal artisan.
Ils nous annoncent ouvertement la pleine validité et la pertinence de la doctrine Monroe, qui proclame la soumission coloniale aux gouvernements et aux entreprises de Washington et qui, comme Bolivar l'avait averti, a plongé notre Amérique dans la douleur et la misère au nom de la liberté.
Encore une fois, ils sous-estiment nos peuples.
Nous proclamons notre soutien indéfectible à la Révolution bolivarienne et à l'Union civico-militaire de son peuple, dirigée par son président, le camarade Nicolas Maduro Moros.
Nous condamnons les mesures coercitives unilatérales et l'ingérence extérieure contre le processus bolivarien et chaviste qui menacent la paix et le dialogue entre les Vénézuéliens, à des fins déstabilisatrices, et engendrent des pénuries qui affligent la population.
L'agression économique contre le Venezuela doit cesser afin que son peuple puisse jouir des droits conquis par sa Révolution.
Nous rejetons l'exclusion du président Nicolas Maduro du 8e Sommet des Amériques. Cette décision illégale est inacceptable et constitue une ingérence qui ramène l'hémisphère à des étapes qui semblaient surmontées.
Les exclusions ne contribuent en aucune façon à la paix, au dialogue ou à la compréhension hémisphérique.
Il est inacceptable qu'un groupe de pays, sans aucun droit ni mandat, tente de parler au nom de la région et serve d'instrument d'agression contre un membre de la famille latino-américaine et caribéenne, sous prétexte d'une prétendue violation de l'ordre démocratique y compris au moyen de méthodes violentes, précisément dans un pays qui a procédé à plus de vingt processus électoraux et qui a maintenant convoqué des élections présidentielles, comme on l'exigeait auparavant. Pourquoi ne pas dénoncer les « coups d'État déguisés », les massacres et les disparitions forcées dont souffrent les peuples de la région ?
Par ailleurs, nous ne reconnaissons aucune autorité morale à l'Organisation des États américains (OÉA), qui est on ne peut plus discréditée, pour donner des leçons de démocratie, de gouvernabilité ou de constitutionnalité.
Ainsi, on viole les postulats de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que Zone de paix, signée par les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CÉLAC) lors du 2e Sommet de la CÉLAC à La Havane, et on se soustrait à la stricte obligation de ne pas intervenir, directement ou indirectement, dans les affaires intérieures d'un autre État et de respecter les principes de souveraineté nationale, d'égalité des droits et de la libre détermination des peuples.
La seule solution aux problèmes des Vénézuéliens est entre les mains des Vénézuéliens eux-mêmes.
Chers camarades,
Je parle au nom de notre Révolution et de notre peuple, comme le fera demain depuis ce poste tout patriote cubain, qui saura toujours, comme Fidel l'a toujours pensé, que « sans unité, sans intégration, nos peuples n'ont pas d'avenir ». Bolivar et Marti, Fidel et Chavez nous ont laissé des enseignements inestimables, parmi lesquels la loyauté aux principes. Leurs leçons nous montrent la voie à suivre en cette heure décisive de la Grande Patrie, qui nous invite à forger ensemble notre deuxième et définitive indépendance.
Je vous remercie. (applaudissements)
(Granma 6 mars 2018)
Dans l'entrevue qui suit, publiée par le journal suisse Zeitgeschehen im Fokus, le professeur Alfred M. De Zayas, JD et PhD, un expert indépendant de l'ONU de la promotion d'un ordre international démocratique et équitable, fait part de ses impressions et témoigne de ce qu'il a vu au Venezuela.
Du 26 novembre au 4 décembre 2017, le professeur Alfred M. de Zayas a accompli une mission officielle au Venezuela. Il avait demandé une invitation en août, que le gouvernement a accordée, ce qui a fait de lui le premier rapporteur de l'ONU depuis 1996 à être invité et à faire une visite officielle au Venezuela. L'objectif de la mission était d'explorer comment la Révolution bolivarienne avait mis en oeuvre les droits humains, en particulier dans les domaines économique, social et culturel. Il était particulièrement intéressé à comparer les reportages des grands médias des États-Unis et d'Europe avec la réalité vénézuélienne sur le terrain. Afin de pouvoir tracer un tableau suffisamment objectif, l'expert de l'ONU a rencontré des représentants et des activistes de 35 organisations non gouvernementales spécialisées dans les enjeux relatifs aux droits humains, des représentants de l'industrie et du commerce, des membres de l'Assemblée nationale opposée au gouvernement, des représentants de l'église, des victimes des manifestations violentes et des parents des détenus. En plus de ses rencontres avec un grand nombre de ministres du gouvernement, il a rencontré deux fois le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza et des membres de son personnel. Durant son séjour, il a pu se déplacer librement, comme en fait foi le reportage du numéro 18, du 23 décembre 2017 du « Zeitgeschehen im Fokus ». Il a aussi donné une conférence à l'Université de Caracas.
Zeitgeschehen im Fokus : Comment évaluez-vous la situation économique au Venezuela après y avoir passé quelque temps ?
Professeur Alfred de Zayas : La Révolution bolivarienne qui a été menée au Venezuela a développé un modèle qui a bien fonctionné dans les premiers dix ans. Cela est dû en partie au prix élevé du pétrole. Le Venezuela dépend à 95 % de ses revenus tirés du pétrole. Grâce à ces revenus, l'État pouvait financer de nombreux projets sociaux. Maintenant que le prix du pétrole a chuté de plus de la moitié, le pays fait face à des perturbations massives dans l'acquisition et la distribution de la nourriture, des médicaments et d'autres produits.
ZF : Quels sont les traits distinctifs du modèle vénézuélien ?
ADZ : Il s'agit d'un modèle social qui cherche à réaliser une distribution équitable de la richesse du pays. Sous ce modèle, deux millions de logis ont été distribués à la partie la plus pauvre de la population. Au moins 8 millions de personnes ont bénéficié d'appartements abordables. Il y a aussi ce qu'on appelle le CLAP, le Comité local d'approvisionnement et de production au moyen duquel le gouvernement distribue des colis de nourriture aux pauvres. Ceux qui n'ont pas d'argent pour payer cette nourriture la reçoivent gratuitement, bien sûr.
ZF : Que contient un colis de nourriture ?
ADZ : J'en ai ouvert un lorsque je visitais une des « Urbanizaciones » (des logements gouvernementaux pour les pauvres) modernes et très propres. Il contenait 16 kilos de nourriture : sucre, riz, huile de cuisson, farine, semoule de maïs, lait en poudre, etc. Une famille reçoit deux colis par mois. Il n'y a donc pas de « famine » au Venezuela, contrairement à ce que prétendent les médias et ceux qui généralisent. Il existe cependant une pénurie dans plusieurs secteurs, et certains produits sont difficiles à trouver, mais la population ne souffre pas de la faim comme c'est le cas dans plusieurs pays d'Afrique ou d'Asie, ou même dans les favelas de São Paolo et d'autres zones urbaines du Brésil et d'autres pays latino-américains. Il existe principalement des problèmes dans la distribution en temps requis des produits importés. La responsabilité principale pour cela revient au secteur privé qui souvent boycotte délibérément la distribution et stocke parfois les produits dans de vastes entrepôts et les achemine ensuite sur le marché noir au lieu de les livrer dans les supermarchés juste pour faire un profit plus élevé.
ZF : Qu'est-ce que la « Révolution bolivarienne » a de spécial ?
ADZ : Elle est un modèle alternatif au capitalisme, à l'économie de libre marché non réglementé. Elle n'est pas du « marxisme » et certainement pas du « marxisme-léninisme ». Elle est un effort de donner un visage humain au capitalisme. Depuis 1990, lorsque Hugo Chavez est arrivé au pouvoir, il y a eu une certaine réorientation de l'économie, qui pourrait servir de précédent aux économies de l'Amérique latine et à plusieurs économies développées. Il y a des réalisations remarquables, que les grands médias ignorent systématiquement, par exemple l'élimination de l'analphabétisme dans une période de temps très courte (comme ce fut le cas à Cuba sous Castro). L'éducation scolaire est gratuite de la maternelle à l'université. Il existe un système de soins de santé gratuits, un système d'appui aux jeunes mères, un grand effort de construction de logements abordables et d'expansion du système de transport public.
Aujourd'hui, si vous lisez le New York Times ou prenez votre « information » sur le Venezuela à partir de CNN ou UN Watch etc., vous rencontrez souvent le concept de « crise humanitaire ».
Je mets les gens en garde contre ce terme technique parce qu'une « crise humanitaire » peut être facilement exploitée de manière à justifier une soi-disant « intervention humanitaire » ou un « changement de régime » sous prétexte que le gouvernement laisse la population mourir de faim. Certains États prétendent que le gouvernement du Venezuela n'est plus capable de garantir les droits de la population. Une crise humanitaire aurait donc émergé et maintenant ils cherchent à intervenir militairement pour « sauver » le peuple vénézuélien d'une expérience socialiste qui a échoué.
ZF : Quelle est la situation sur le terrain ?
ADZ : J'ai passé huit jours de réunions intensives une après l'autre au Venezuela. Je pouvais me déplacer librement et aller où je voulais. Je n'ai pas vu d'enfants vivant dans la rue et je n'ai pas vu de mendiants. Je n'ai pas vu une seule personne mendier à Caracas bien que j'aie marché et conduit dans toute la ville. J'ai aussi marché dans les quartiers les plus pauvres où j'ai vu des gens faire la queue pour obtenir des produits subventionnés ou rationnés. La situation comporte plusieurs aspects, et je ne dis pas que la faim ou la pénurie de médicaments n'existent pas. Je dis simplement que les cas qui existent d'enfants qui meurent de malnutrition ou de manque de médicaments ne signifient pas qu'il y ait une « crise humanitaire ». Je n'ai pas été témoin de violence bien que la presse ne cesse de dire qu'il y en a. En tant que représentant de l'ONU, je suis allé à plusieurs endroits où on pouvait « sentir » la violence, où vous pouviez ressentir la tension dans l'air et que vous-même pourriez être en danger. Ce n'est pas le cas au Venezuela. Il y a des meurtres, souvent associés à la drogue ou au crime international. Le Honduras connaît une situation bien pire.
Les gens qui mendient sont une réalité courante dans nos pays industriels occidentaux. Par exemple, personne ne songerait à parler d'une crise humanitaire en Allemagne parce qu'il y a des mendiants dans les rues.
Au Venezuela, je n'ai pas vu de mendiants. Sans doute, la pauvreté existe mais la population n'est pas déprimée - certainement pas au même degré que la population de l'Allemagne de l'Est dans les années 70, où les gens étaient découragés et démotivés et avaient des visages pâles, tristes et déprimés. La population dans les rues de Caracas est latino dans le meilleur sens du terme. Les gens font le mieux qu'ils peuvent dans la situation et ne laissent pas la rareté et les boycotts les transformer en zombies. Comme dans n'importe quelle autre ville, partout il y a des voitures, des motos et des vélos sur les routes.
ZF : Les gens peuvent-ils se nourrir ?
ADZ : Il y a assez de fruits et de légumes cultivés localement. Les gens mangent des bananes ou des mangues dans les rues. Il y a un certain manque de produits que les monopoles nationaux et étrangers déterminent.
ZF : Quelle est la situation dans les supermarchés ?
ADZ : J'ai vu plusieurs magasins d'alimentation et des marchés - et j'ai pris des photos. Ce n'est pas vrai que les magasins d'alimentation sont vides. Bien sûr, certains ont des étagères vides - j'ai obtenu de telles photos d'organisations non gouvernementales (ONG) - mais il y en avait toujours assez. Bien sûr, certains produits sont importés parce que le Venezuela ne peut pas les fabriquer lui-même. Ils sont des produits rares. Mais vous pouvez très bien vivre sans ces produits. Le fait que l'approvisionnement en articles hygiéniques pour les femmes ou les couches pour les bébés soit insuffisant est une conséquence directe de la défaillance du secteur privé à importer ces produits et à les distribuer aux supermarchés. Cependant, vous pouvez tout obtenir sur le marché noir - mais à des prix exorbitants.
ZF : Y a-t-il une pénurie précise créée pour susciter l'insatisfaction du peuple vis-à-vis du gouvernement ?
ADZ : Il y a des études et des données statistiques de plusieurs professeurs d'université qui ont étudié ce phénomène - en particulier pourquoi et comment les pénuries d'approvisionnement s'aggravent, particulièrement quand les élections ou les référendums sont imminents. Ils sont censés affecter négativement les gens, pour qu'ils votent contre le gouvernement. C'est ce qu'on appelle en espagnol « voto castigo » (vote de pénalité). Selon un article du New York Times, il y a des goulots d'étranglement au Venezuela, par exemple pour les médicaments. Cependant, vous ne lirez nulle part pourquoi c'est ainsi. Vous ne lirez nulle part que le secteur privé dispose de devises pour importer les médicaments nécessaires. Ce n'est pas dit. On ne dit pas non plus qu'une énorme contrebande est apparue pour les produits subventionnés - du riz ou de la farine vénézuéliens subventionnés peuvent être achetés à Bogota.
ZF : Quelles sont les raisons de ces phénomènes ?
ADZ : Il y a un certain nombre de raisons que j'ai pu observer pendant mon séjour. Je dois les étudier plus en détail. On m'a remis une documentation volumineuse de diverses sources que je dois encore absorber. Il y a aussi de très bons livres sur ce sujet. Une économiste à Caracas, le professeur Pasqualina Curcio, explique avec soin dans son livre comment la guerre économique contre le Venezuela a provoqué cette situation de pénurie, et ce n'était pas un accident - c'était délibéré, absolument ciblé. Dans la période qui a précédé les élections - environ deux ou trois mois plus tôt - les marchandises ont soudainement disparu. Surtout les articles d'hygiène qui ne peuvent plus être achetés. Cependant, des entrepôts ont été découverts, et cela est également documenté, qui étaient remplis de ces produits. On m'a aussi donné une documentation illustrée sur le sujet.
ZF : Voulez-vous dire que les pénuries sont créées artificiellement ?
ADZ : Oui, les marchandises ne sont souvent pas livrées aux supermarchés, mais échangées sur le marché noir à des prix exorbitants. Il y a bien sûr des problèmes institutionnels et de multiples inefficacités dans le modèle socialiste, sur lesquels j'ai fait des recommandations concrètes au gouvernement. Un autre problème, dont j'ai discuté avec plusieurs ministres, est le contrôle inutile des prix et les taux de change artificiels - tout cela entraîne de la corruption et des abus. Le gouvernement devrait plutôt offrir un soutien financier direct aux personnes les plus vulnérables plutôt que de recourir à un contrôle des prix.
ZF : Pourquoi ça ?
ADZ : Le danger du contrôle des prix, comme nous le savons de l'Union soviétique, est que des marchés parallèles émergent et avec eux la corruption à grande échelle. Les gens sont comme ça. S'ils peuvent acheter des biens subventionnés, la tentation de revendre ces produits subventionnés à un prix plus élevé est trop grande. Vous pouvez accumuler une petite fortune avec de la farine de maïs subventionnée, avec du riz subventionné que vous pouvez ensuite introduire clandestinement en Colombie, au Brésil, à Aruba et les vendre à bon compte. Le Venezuela a une très longue frontière avec la Colombie et le Brésil. Les îles des Caraïbes sont également facilement accessibles.
ZF : Qui est responsable de ce phénomène ?
ADZ : Il existe une mafia organisée internationalement qui est à la tête de ce phénomène, mais il semblerait que les gouvernements des pays avoisinants ne font rien pour arrêter cette contrebande. Si un magasin de Bogota offre du riz à bon marché du Venezuela, nous ne pouvons que présumer que les commerçants savent d'où provient ce riz : il est le produit soit du vol ou de la contrebande. D'une manière ou d'une autre, il a été introduit au pays de façon illicite. Le gouvernement ne fait rien — ou trop peu — contre ces supermarchés. En plus, la Colombie autorise que la monnaie vénézuélienne soit échangée à des taux de change hautement variables, ce qui a des répercussions dévastatrices sur la situation économique et financière au Venezuela.
ZF : Qu'en est-il de la production agricole au pays ?
ADZ : La production agricole diversifiée est maintenant promue de façon systématique, mais il s'agit d'un processus qui est long et qui dépend des exportations de semences et d'autres produits. Le Venezuela ne veut plus compter exclusivement sur les exportations de pétrole. Il veut produire ses propres denrées. Cependant, l'approvisionnement en semences est entre les mains des monopoles étrangers et le gouvernement peut difficilement obtenir des semences à des prix raisonnables.
ZF : À quel point les sanctions ont-elles des répercussions sur les approvisionnements ?
ADZ : Des sanctions directes et indirectes ont frappé de plein fouet la situation économique du Venezuela. La guerre économique, financière et commerciale menée contre le Venezuela nous rappelle les mesures des États-Unis contre le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende au Chili en 1970-73 et contre le gouvernement sandiniste de Daniel Ortega au Nicaragua durant les années 80.
Les livraisons provenant de l'étranger sont échangées en dollars. Cependant, des personnes autorisées doivent être signataires des paiements en dollars. Le nom de plusieurs des personnes qui ont le droit d'apposer leur signature se retrouve sur la liste de ceux touchés par les sanctions, ce qui veut dire qu'aucun partenaire commercial n'ose accepter leur signature. Ainsi la compagnie ne peut se faire de l'argent puisqu'aucun paiement n'est possible et les produits ne se rendent pas au Venezuela. Les fournisseurs craignent d'être pénalisés par les autorités américaines et les amendes peuvent monter à des dizaines de milliers de dollars s'ils ne se plient pas au régime unilatéral de sanctions des États-Unis.
ZF : À quels produits ou secteurs les sanctions s'appliquent-elles ?
ADZ : C'est un autre problème. Personne ne peut évaluer l'ampleur de ces sanctions. Elles sont basées sur des clauses dites fourre-tout qu'on peut interpréter comme bon nous semble. Mais qui veut se voir obligé de payer une amende ? Un grand nombre de compagnies internationales font preuve de prudence et ne veulent pas courir de risques inutiles. Pour le Venezuela, le résultat est dévastateur.
ZF : Qu'est-ce qui pourrait aider le pays ?
ADZ : Les sanctions doivent cesser. La guerre économique doit cesser. Cela apporterait la plus grande aide au pays. Cependant, ce que nous pouvons observer au Venezuela est le résultat d'une guerre économique ciblée à laquelle participent plusieurs pays, dont même des pays européens. La mésinformation au sujet du Venezuela a connu du succès, même auprès des gens qui devraient être mieux informés. Il faut être sur le terrain pour constater que la situation n'est pas comme celle dépeinte par le New York Times. Selon les principaux médias de masse, on pourrait croire que le pays est au bord de l'effondrement. Au contraire, le pays est riche et, à l'aide d'un peu de coopération et de solidarité, il pourrait vendre son pétrole, son or ainsi que sa bauxite. Le Venezuela doit maintenant faire beaucoup de commerce avec la Chine et l'Inde en raison d'un commerce extrêmement restreint avec les États-Unis et l'Europe.
ZF : Le commerce du pétrole est-il aussi touché par ces sanctions ?
ADZ : Oui, en partie. Les sanctions sont très complexes. Même si une vente n'est pas interdite, elle est liée à tellement d'obstacles et il y a tellement de restrictions et de délais que plusieurs se disent : « Nous préférerions ne pas faire affaire avec le Venezuela, il y a trop d'impondérables. »
ZF : Pendant votre séjour, il vous est certainement arrivé de parler avec la population. Qu'est-ce que vous en avez retenu ?
ADZ : Plusieurs sont quelque peu résignés parce qu'ils subissent les coups de la guerre économique. Mais quand vient le temps des élections, le gagnant, c'est Maduro. La majorité de la population ne tient pas le gouvernement responsable de la situation, mais accuse plutôt les États-Unis, l'Europe, la Colombie, etc. Lorsque l'Assemblée constituante a été élue, c'était dans le contexte de manifestations violentes qui ont duré quatre mois durant la période qui a précédé les élections. Dans les médias étrangers, on parlait de « manifestations pacifiques ». En réalité, ce n'était rien de moins que des orgies de violence à coup de cocktails molotov et d'explosifs. Ce qui s'est déchaîné contre le peuple n'est pas loin du terrorisme et celui-ci a affecté un grand nombre de personnes ordinaires, apolitiques, par exemple un fournisseur quelconque qui voulait aller du point A au point B mais était entravé par les « guarimbas » (des manifestations violentes avec barricades). Plusieurs personnes ordinaires ont été tuées, elles qui ne voulaient que vaquer à leurs occupations. Les manifestants ont même attaqué des hôpitaux, des maternelles, ils ont brûlé des ambulances et des autobus dans le but d'intimider le peuple. Est-ce que ce n'est pas là un terrorisme tout à fait typique ?
ZF : Est-ce que les manifestations et les méthodes utilisées ont connu un certain succès ?
ADZ : Non. 8,5 millions de personnes sont allées aux urnes pour l'Assemblée constituante, en dépit des guarimbas et en dépit de la violence. Lors des élections locales du 15 décembre, plus de 9 millions de personnes sont allées aux urnes. L'opposition ne réussit pas à faire en sorte que le peuple change d'idée, mais la polarisation du pays continue d'être un problème parce que les Chavistes sont une force foncièrement progouvernementale et MUD [les forces d'opposition soutenues par les États-Unis - NDLR] est une force férocement antigouvernementale. « La patria es de todos » (La patrie appartient à tous) a perdu tout son sens. Selon les rapports médiatiques aux États-Unis et en Europe, la seule solution est le changement de régime, renverser le gouvernement. Nous ne devons cependant pas oublier que ce gouvernement a été élu de façon démocratique en 1999, et en 2002 il a survécu à un coup d'État parce que le peuple et l'armée se sont opposés au coup et ont empêché l'élimination physique de Chavez . En 2004, un référendum révocatoire a eu lieu et Chavez l'a remporté sans problème -- 70 % de la population ne voulait pas qu'il soit destitué. Après la mort de Chavez en 2013, Maduro a été élu président, en dépit d'une campagne violente accompagnée de terreur et de sabotage menés par une section de l'opposition.
ZF : Comment le gouvernement a-t-il confronté ces attaques organisées ?
ADZ : Le gouvernement s'en est remis à la constitution de 1999. Cependant, il y a eu un certain nombre d'erreurs y compris le recours à une force excessive par la police. Lorsqu'un gouvernement subit une telle pression, il doit agir rapidement. Lorsqu'on agit vite, les erreurs arrivent et parfois il y a exagération, par exemple, adopter des mesures économiques qui peuvent être contre-productives, comme le contrôle des subventions et des prix.
ZF : Quel est l'ordre du jour de l'opposition ?
ADZ : Elle veut faire disparaître les années Chavez et Maduro et retourner à un modèle purement capitaliste. Mais il y a au moins 8 millions de chavistes et, eux, ne disparaîtront pas. Ces électeurs sont convaincus du programme du gouvernement. Ces gens ne permettront pas que les réalisations sociales soient balayées du revers de la main. Si l'économie ne s'effondre pas suite au sabotage, à la contrebande et aux sanctions, le gouvernement sera, en toute vraisemblance, réélu en 2018. L'administration et l'armée sont du côté du gouvernement. Le plan de Washington est certainement de lancer une attaque militaire contre le Venezuela en passant par toute la désinformation sur la soi-disant situation misérable au pays où règneraient la faim, la mortalité infantile et des conditions économiques difficiles, pour chasser le gouvernement du pouvoir. Nous connaissons ce modus operandi qui a servi, par exemple, en septembre 1973 alors que le gouvernement de Salvador Allende a été renversé par un coup d'État au cours duquel Allende a été tué.
ZF : Quel est le bilan de votre séjour ?
ADZ : J'ai dressé un portrait de la situation très différent de celui que j'avais avant de visiter le pays. Nos médias démontrent peu d'intérêt à promouvoir un véritable journalisme d'enquête, à découvrir la cause principale des problèmes du Venezuela. Ils projettent une caricature de la situation, caricature qui devient dogme. Plusieurs semaines mêmes avant mon voyage, on a remis en cause l'indépendance de ma démarche, mon professionnalisme et mon honneur. UN Watch a publié un article et a qualifié ma visite de « fausse enquête », bien avant que je ne me rende au Venezuela. Certaines ONG ont soulevé que je n'étais pas le bon rapporteur spécial pour ce genre de sujet. Et c'est bien avant que je ne rende public quoi que ce soit au sujet de mon voyage. Sur mon blogue personnel, j'ai montré des photos de Caracas, de ses églises, ses monuments ainsi que la photo d'un supermarché rempli de produits, après quoi je me suis fait attaquer de façon particulièrement virulente. UN Watch a vu la photo à laquelle je n'avais ajouté aucun commentaire et a réagi en me traitant de chaviste, castriste, communiste, etc. Pour ma part, je voulais simplement montrer que la situation n'est pas comme on le prétend. J'avais vu tellement d'images de rayons vides en magasin que j'ai pensé qu'il serait bon de publier une photo sur mon blogue privé qui montre le pays sous un autre jour (ce qui reflétait aussi la situation dans d'autres supermarchés).
ZF : Quelles suggestions avez-vous faites au gouvernement vénézuélien ?
ADZ : J'ai soumis au ministre des Affaires étrangères six pages de recommandations préliminaires ainsi que certaines améliorations institutionnelles à apporter, telles l'élimination du contrôle des prix, la lutte contre la contrebande et la corruption sans s'éloigner de la primauté du droit. Ils doivent respecter les conventions de l'ONU sur les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils cherchent déjà à dialoguer avec l'opposition et font preuve d'une flexibilité et d'une patience exemplaires. Ils devraient soit libérer ces individus qui ont été incarcérés pour des raisons politiques, soit leur faire subir un procès équitable. Et pour une meilleure gestion du pays, il leur faut des technocrates et pas seulement des idéologues ! Avant tout, le gouvernement doit démontrer que pour lui les droits humains, c'est du sérieux. Il doit mener une lutte contre la corruption à tous les niveaux et demander l'aide de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime à Vienne. Aussi des organisations de l'ONU telles l'Organisation mondiale de la Santé, l'Organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (OAA), l'Organisation internationale du Travail (OIT), etc., pourraient sans doute apporter leur aide pour que ces améliorations requises puissent se concrétiser.
ZF : Que pensez-vous des conversations que vous avez eues en République dominicaine ?
ADZ : Il faut se saisir de toutes les occasions pour instaurer le dialogue avec l'opposition. Les rencontres précédentes à Saint-Domingue en novembre et décembre 2017 et en janvier 2018 ont déjà porté fruit. D'autres rencontres sont planifiées. Toute personne soucieuse des droits humains et du sort du peuple vénézuélien a intérêt à appuyer ces négociations. Malheureusement, une « industrie des droits humains » est apparue et elle instrumentalise les droits humains en tant qu'armes de destruction massive contre les gouvernements. Cette « industrie » n'est pas intéressée à résoudre la « crise humanitaire », mais plutôt à ce que cette « crise » inventée serve de prétexte à l'intervention militaire et au changement de régime. Cette « industrie » ne veut pas que des experts indépendants visitent le Venezuela pour découvrir ce qui s'y passe vraiment. Ils veulent seulement des « experts » qui vont aller au Venezuela (ou ailleurs) pour offrir un spectacle et condamner les gouvernements. Ceux qui sont sérieux sur la question de l'aide humanitaire devraient offrir leur coopération au gouvernement et faire parvenir, sans condition, des denrées et des produits pharmaceutiques. Ceux qui s'intéressent au sort du peuple vénézuélien devraient veiller à ce que les sanctions et les boycottages soient levés, sans discrimination, dans la communauté internationale, afin que le Venezuela puisse importer et exporter sans être la cible de sabotage et d'ostracisme.
(Entrevue réalisée par
Thomas Kaiser et publiée le 13 janvier 2018. Traduit de
l'anglais par LML.)
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