Numéro 9 - 10 mars 2018
Budget fédéral 2018
Le problème avec les budgets
gouvernementaux
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Budget
fédéral
2018
• Le problème avec les budgets
gouvernementaux
Mesures
budgétaires concernant l'assurance-emploi
• Soutenons la demande des travailleurs
saisonniers de vivre dans la dignité! - Pierre
Chénier
• Les travailleurs doivent être vigilants
face à l'hypocrisie libérale
• Entrevue avec Line Sirois, coordonnatrice
d'Action Chômage Côte-Nord
Le budget et
l'équité salariale
• Leçons apprises de décennies de
lutte pour l'équité salariale - Elaine Baetz
Absurdités sur
les tarifs et les guerres commerciales
• C'est ainsi qu'on gère une
économie? - K.C. Adams
Contre l'orientation
destructrice donnée à l'économie et à la
société
par les libéraux
• Étude sur les résultats des
programmes pour payer les riches
• Un éventail plus grand de
stratagèmes pour payer les riches
La controverse sur
l'oléoduc Trans Mountain continue
• Conflit d'intérêts entre les
monopoles de l'énergie et les
travailleurs - Peggy
Morton
De la presse du Parti
sur la direction de l'économie
• 1996: Jean Chrétien à la
tête des commis voyageurs
• 2002: La «stratégie
d'innovation du Canada Atteindre l'excellence»
• 2016 : L'appel néolibéral
à donner une nouvelle image au Canada
reprend du service
Budget fédéral 2018
Le problème avec les budgets gouvernementaux
Le problème avec les budgets des gouvernements du
Canada est que ces gouvernements ne sont pas représentatifs. Les
gouvernements qui préparent les budgets représentent la
classe privilégiée et le pouvoir de l'élite
dominante, de ceux qui possèdent et contrôlent
l'économie socialisée. L'élite dominante donne
comme but aux budgets
gouvernementaux celui de l'économie impérialiste, soit
l'expropriation du profit maximum pour une poignée de
privilégiés aux dépens de la majorité. Les
budgets gouvernementaux ne contredisent pas et ne peuvent pas
contredire le but des puissants intérêts privés qui
dominent l'économie impérialiste.
Les gouvernements à tous les niveaux au Canada
amassent des fonds publics principalement par l'impôt. Ces fonds
servent ensuite à financer les pouvoirs de police et d'autres
institutions d'État de l'élite dominante. D'une
façon ou d'une autre, les fonds publics sont utilisés
pour défendre le privilège de classe et le pouvoir des
oligarques
mondiaux supranationaux qui possèdent et contrôlent
l'économie impérialiste. Les fonds publics ne doivent pas
contredire le but de l'économie tel que dicté par
l'élite dominante qui contrôle l'économie et le
gouvernement non représentatif.
Les fonds pour les programmes sociaux et les services
publics sont distribués de façon à ne jamais aller
à l'encontre du but de l'économie impérialiste,
qui est de servir les intérêts privés de
quelques-uns, et ne servent qu'indirectement l'objectif social
déclaré. L'objectif particulier de tout programme social
et de tout service public doit
s'accorder avec le but général de l'économie
impérialiste. La crise du logement en est un exemple. Les fonds
publics pour le logement vont toujours à des entreprises
privées et il est sencé en découler des bienfaits
pour ceux qui ont besoin de ce qu'on appelle un logement abordable ou
d'un lieu d'accueil. Cette forme de stratagème pour payer les
riches comme façon de résoudre les problèmes
sociaux ne résout jamais rien parce que ce n'est pas le but. Le
but est d'acheminer des fonds publics vers des
intérêts privés sous prétexte de s'attaquer
à un problème social et d'embrouiller le plus possible
les demandes qui sont faites pour résoudre des problèmes
pressants.
Les récents budgets du gouvernement
fédéral et du gouvernement de la Colombie-Britannique
contiennent tous deux des mesures pour acheminer des fonds publics
à des intérêts privés sous la
bannière de la crise du logement. Le gouvernement
britanno-colombien propose de verser 6,2 milliards $ sur dix
ans pour
bâtir 33 700 nouveaux logements abordables. Le
gouvernement fédéral parle de « l'initiative
Financement de la construction de logements locatifs qui permettra de
construire 14 000 nouveaux logements locatifs répartis
dans toutes les régions du pays. Cette mesure s'appuie sur notre
Stratégie nationale sur le logement, qui
permettra de créer plus de 100 000 nouveaux logements
et de réparer 300 000 logements. » Les
fonds publics alloués à ces programmes serviront à
enrichir des entreprises privées de la construction, des
finances et d'autres secteurs qui fourniront les hypothèques et
vendront le produit social que leurs employés
produisent à des acheteurs ou locataires qui ne pourraient pas
autrement se le permettre.
Un projet semblable est en cours pour l'achat de
produits pharmaceutiques. Beaucoup de Canadiens ne peuvent pas se
permettre d'acheter les médicaments qui leur sont prescrits. Ce
projet expose encore une fois un système de
santé qui n'est pas universel, intégral et gratuit, qui
met en péril la santé de nombreuses personnes et est
source
de détresse physique et mentale. Le budget Trudeau promet une
étude en vue d'éliminer les frais des particuliers pour
tous les médicaments d'ordonnance. Le problème est
beaucoup plus profond que le gouvernement le prétend. Les
monopoles de l'industrie pharmaceutique contrôlent le
développement et la fabrication des médicaments. Ces
intérêts
privés sont motivés par l'objectif de faire le plus de
profit possible, non pas de contribuer à la santé des
personnes, individuellement ou collectivement. Lorsque le gouvernement
verse des fonds publics aux grandes entreprises pharmaceutiques pour
les médicaments que celles-ci choisissent de développer
et de fabriquer, cela élargit leur clientèle et
renforce leur contrôle sur le système de santé et
son orientation. Une bonne partie des profits qui en sont tirés
quittent le pays et ne sont pas réinvestis dans
l'économie. Le peuple en général et les
intervenants de la santé en particulier sont privés du
droit de contrôler la direction du système de santé
et d'exiger que la valeur qu'ils produisent soit
réinvestie dans le système pour garantir la santé
des Canadiens et renforcer l'économie dans le cadre d'un projet
moderne d'édification nationale.
Les fonds publics distribués à
l'élite dominante par les programmes pour payer les riches
contribuent énormément à la croissance de la dette
nationale du Canada, dette qui a été privatisée.
La dette publique de tous les niveaux de gouvernement est
presque entièrement détenue par des intérêts
privés. En 2018, les paiements l'intérêt
sur
la dette du gouvernement fédéral, versés à
des
intérêts privés, s'élèveront à
environ 24,4 milliards $. Le budget Trudeau porte la dette totale
envers des intérêts privés à environ 670
milliards $ avec un déficit supplémentaire de 20
milliards $. La privatisation de
la dette publique représente un important transfert de richesse
de la classe ouvrière à l'élite dominante qui
possède et contrôle l'économie socialisée.
Il n'y
a aucune raison que la dette d'un gouvernement de nos jours soit envers
une institution autre que lui-même et comprenne un
intérêt. L'investissement de la richesse sociale
détenue de façon privée devrait se faire seulement
dans les secteurs de production et pas dans la dette des gouvernements.
Il n'y a pas de programme social ou d'entreprise
publique
au Canada qui ait vraiment pour raison d'être de résoudre
un problème social particulier. Tous les programmes, services et
entreprises sont accessoires et servent d'abord à payer les
riches. C'est la raison fondamentale pour laquelle ils sont tous en
manque permanent de financement et
qu'ils ne résolvent jamais les problèmes de
départ. Même le réseau de santé et le
système d'éducation publics ne peuvent pas
véritablement être considérés comme des
entreprises publiques dont la mission première est de servir les
besoins de la population. Leur vraie mission est de fournir une
main-d'oeuvre instruite et en santé aux entreprises
privées, lesquelles refusent de payer pour la valeur qu'elles en
tirent. Ils sont aussi une source garantie de revenus pour les
entreprises privées de la construction, de l'approvisionnement
et de la finance et un facteur important de l'augmentation de la dette
publique détenue par des intérêts privés
pour qui les intérêts et dividendes sont garantis.
D'autre part, puisque les programmes sociaux n'ont pas officiellement
pour mission de garantir les droits et sont plutôt une promesse
et un stratagème pour payer les riches, leur existence est
toujours menacée car les riches peuvent décider
d'exproprier l'argent d'une autre façon.
Postes Canada est une entreprise publique dont la
mission est d'offrir un service universel au public et de remettre une
partie de la valeur ajoutée que produisent les travailleurs au
trésor public. Mais elle n'échappe pas elle non plus
à l'objectif de l'économie impérialiste. D'une
part, elle accorde depuis toujours des tarifs
préférentiels aux
entreprises privées qui ont recours au service postal. Avec
l'arrivée récente de l'automatisation, une bonne partie
des revenus de Postes Canada est acheminée vers l'achat de
valeurs fixes que sont les machines, produites à
l'étranger dans la plupart des cas, et d'un immense parc de
véhicules de livraison achetés aux monopoles de
l'automobile. Et
maintenant que la majeure partie des correspondances des grandes
entreprises se fait par Internet et que celles-ci n'ont plus un besoin
aussi pressant de tarifs préférentiels, la privatisation
des unités les plus profitables de Postes Canada est
exigée et le service universel est sacrifié.
Les gouvernements qualifient leurs programmes de
« publics » et de « sociaux » pour
duper les crédules et créer l'impression qu'ils essaient
de répondre à un quelconque besoin de la
société. En fait, ces programmes et services
perpétuent le système du privilège de classe et
consolident le contrôle de l'élite dominante et
d'intérêts
privés par des stratagèmes pour payer les riches sous une
forme ou une autre dans le cadre de l'économie
impérialiste.
Les gouvernements des riches
maintiennent le peuple dans
ce dilemme que les programmes sociaux et les services publics sont
absolument nécessaires, mais que leur existence dépend de
leur capacité à payer les riches. Le peuple est
forcé de réclamer plus d'investissements dans les
programmes sociaux et de défendre les programmes et services
qui existent. Il est aussi confronté à la
nécessité d'arrêter de payer les riches et
d'exposer le fait que ce que les gouvernements appellent programmes
sociaux sont en réalité des moyens d'enrichir une infime
minorité et de perpétuer le privilège de classe
qui ne font qu'érafler la surface des problèmes sociaux
qui continuent de s'aggraver.
L'offensive antisociale expose cette vérité puisqu'elle
réduit les programmes sociaux à un énoncé
de principe, réalisables seulement s'il y a « suffisamment
d'argent » et finalement sacrifiés sur l'autel de
l'austérité budgétaire à cause du refus de
gouvernements non représentatifs de prendre au sérieux
leur responsabilité de résoudre les
problèmes sociaux du Canada et d'offrir des services publics
universels et gratuits pour tous.
Les travailleurs ne doivent jamais oublier que ce
qu'ils reçoivent comme programmes sociaux et services publics
est un produit défectueux qui peut leur être enlevé
en tout temps. Tous les budgets gouvernementaux aujourd'hui servent le
privilège de classe et le désir d'intérêts
privés d'exproprier le maximum de profit de ce que les
travailleurs
produisent. Pour être efficace, la résistance de la
classe ouvrière doit avoir comme orientation de changer le but
fondamental de l'économie et des
institutions politiques et d'État, qui sont un reflet de
l'économie impérialiste, pour lui donner un but
prosocial, de servir le peuple et l'intérêt
général de la société à
l'extérieur, et en opposition au système
impérialiste d'États mené par les
États-Unis, en état de guerre perpétuelle. Les
travailleurs pourront ainsi commencer à résoudre les
problèmes de la société et à humaniser
l'environnement naturel et social en se donnant des gouvernements qui
les représentent et sur lesquels ils exercent un contrôle.
Mesures budgétaires concernant
l'assurance-emploi
Soutenons la demande des travailleurs saisonniers
de vivre dans la dignité!
- Pierre Chénier -
Manifestation le 12 février 2018 à Cap-aux-Meules au
Québec pour exiger la fin du
« trou noir » dans l'assurance-emploi
Quelques semaines avant la présentation du budget
fédéral le 27 février dernier, le ministre de
la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves
Duclos, et de hauts fonctionnaires de son ministère ont promis
aux chômeurs que le budget comprendrait des annonces sur la
question de l'assurance-emploi (AE) et en
particulier du « trou noir ». On appelle « trou
noir » cette période pendant laquelle les
chômeurs, en particulier les travailleurs saisonniers, sont sans
revenu. Ils ont épuisé leurs prestations
d'assurance-emploi à cause des règles actuelles en
vigueur mais n'ont pas encore retrouvé leur emploi.[1]
Le budget du gouvernement fédéral comprend effectivement
une annonce sur la question des industries saisonnières et du
trou noir, mais, par son contenu et sa forme, elle est à
l'opposé de ce que les travailleurs demandent pour pouvoir vivre
décemment.
Manifestation aux bureaux de Services Canada à Forestville
|
Tout d'abord, le gouvernement fédéral
rejette du revers de la main la demande des chômeurs, de leurs
associations de défense et des syndicats qui les appuient pour
des mesures d'urgence. Ils demandent que des mesures immédiates
soient prises pour s'attaquer à l'arbitraire du régime
qui a rendu la situation intenable. Dans le cas du trou noir,
les associations de défense de l'est du Québec ont mis de
l'avant la demande d'un seuil constant de 420 heures de travail
pour se qualifier pour 30 semaines de prestations
d'assurance-emploi qui est rétroactif à la période
où le taux de chômage officiel et arbitraire est
subitement tombé. Cela permettrait d'éviter que les
travailleurs
saisonniers se retrouvent sans revenu pendant des mois.
Au lieu de satisfaire les demandes des chômeurs
et de leurs sympathisants, le gouvernement a mis dans son budget une
section intitulée « Aider les travailleurs dans les
industries saisonnières » qui dit :
Pour la plupart des
Canadiens, une perte d'emploi est un incident temporaire et unique. Le
temps qu'il faut pour trouver un nouvel emploi dépendra de la
situation de chaque personne et du marché local de l'emploi
auquel la personne fait face à un moment donné.
Voilà pourquoi les prestations d'assurance-emploi varient selon
le taux de
chômage régional.
Cependant, il y a aussi un
certain nombre de Canadiens qui travaillent dans des industries comme
le tourisme et la transformation du poisson, qui dépendent du
passage des saisons. Puisque les prestations d'assurance-emploi varient
d'une année à l'autre dans chaque région, cette
dynamique peut être perturbatrice pour les travailleurs dont
l'emploi principal est saisonnier. Pour ceux qui ne sont pas en mesure
de se trouver un autre emploi avant le début de la nouvelle
saison, une telle situation peut représenter une perte de revenu
difficile et stressante, surtout si les prestations d'assurance-emploi
varient considérablement d'une année à l'autre.
Cette description intéressée du
problème déforme la réalité et ne
résout rien. Le gouvernement fédéral
considère le statu quo du chômage comme quelque chose
d'intouchable et non comme un problème sérieux qui
réclame une solution et face auquel un programme social est
nécessaire tant que le problème n'est pas résolu.
Le chômage est
endémique dans le système actuel et l'élite
dirigeante refuse d'envisager toute autre direction pour
l'économie. Sa conception du monde ne part pas de ce qui sert le
mieux le facteur humain, mais de ce qui sert le profit d'argent maximum
pour une petite minorité, lequel requiert une surpopulation
constante de travailleurs qui sont disponibles sur le
marché de l'emploi.
Le système actuel ne
part pas des besoins du
facteur humain et n'a pas comme objectif d'activer le facteur humain.
Le système ne peut pas fournir des emplois à tous parce
que tel n'est pas son but, qui est d'exproprier le maximum de profit
d'argent de ce que les travailleurs produisent. Cela veut dire qu'un
programme social est nécessaire qui
garantit le droit des chômeurs de vivre à un standard
canadien. Au lieu de reconnaître que c'est le cas, le
gouvernement déclare qu'une perte d'emploi est « un
incident temporaire et unique » qui se produit dans le
contexte d'un « marché local de l'emploi ». Du
revers de la main, le gouvernement écarte la
réalité du chômage
endémique et impose une formule arithmétique arbitraire
qui repose sur un taux de chômage régional fantaisiste qui
propose une « moyenne » pour une région
entière. Tout cela n'a rien à voir avec la situation
réelle des chômeurs et avec le trou noir en particulier
qui crée tant de difficultés aux chômeurs.
Bien sûr, le gouvernement ne se sent pas
obligé d'expliquer pourquoi « il y a aussi un certain
nombre de Canadiens qui travaillent dans des industries comme le
tourisme et la transformation du poisson, qui dépendent du
passage des saisons ». C'est une simple description de la
situation, d'ailleurs très pauvre, qui permet au gouvernement
d'éviter d'expliquer ce qui est arrivé au secteur
manufacturier des régions et pourquoi les gouvernements
successifs ont refusé d'y développer une économie
à secteurs multiples qui sert les besoins de la population et
qui ne souffre pas des incertitudes et de l'insécurité
face à l'emploi à cause du « passage des
saisons ». Ces régions ont
essentiellement été des dépôts de
matières premières mises à la disposition des
intérêts privés mondiaux lorsqu'ils en avaient
besoin pour du raffinage ou de la fabrication manufacturière
ailleurs. La matière première d'une région
pourrait être développée comme le fondement d'une
économie à secteurs multiples si les travailleurs
étaient en position
de contrôle et donnaient à l'économie un nouvel
objectif centré sur l'être humain. Au lieu de cela,
l'économie est laissée dans les mains
d'intérêts privés supranationaux qui laissent les
régions sous-développées et les travailleurs
soumis à un chômage qui fluctue et qui est aggravé
par un régime de l'assurance-emploi inadéquat et
arbitraire.
Manifestation devant les bureaux de Services Canada à
Richibucto, au
Nouveau-Brunswick, le 21 février 2018 pour s'opposer aux
changements de
l'AE par le gouvernement fédéral et mettre fin au «
trou noir »
Note
1. On estime qu'il y a environ 16 000
travailleurs au Canada qui affrontent le « trou noir »
ou sont susceptibles de l'affronter chaque année.
Environ 36 % de ces travailleurs vivent au Québec,
et 28 % dans les provinces atlantiques. Le trou noir
s'aggrave à cause de
la délimitation arbitraire du pays en régions
économiques de l'assurance-emploi qui sont un mixage de
régions qui sont très différentes du point de vue
des industries et de l'économie. Le régime de
l'assurance-emploi attribue à chaque région un taux de
chômage qui joue un grand rôle dans la détermination
de l'admissibilité à l'AE. Cette
détermination est arbitraire, car elle ne reflète pas la
situation réelle des chômeurs et de l'économie
régionale. Par exemple, le taux de chômage de la
région économique de l'assurance-emploi du
Bas-Saint-Laurent--Côte-Nord comprend même une partie du
Lac-Saint-Jean, qui ne fait même pas partie de la région
géographiquement. Le taux de
chômage de la région est officiellement tombé
à 6,9 % en novembre, comparativement
à 8,9 % en mai. La conséquence de cela, c'est
que le seuil de qualification à l'assurance-emploi est
passé dans cette région de l'AE de 595 heures
travaillées pour 18 semaines de prestations, ce qui est
déjà inacceptable,
à 665 heures travaillées pour 15 semaines de
prestations. Cela veut dire qu'un plus grand nombre de travailleurs
sont simplement exclus de l'assurance-emploi par une simple statistique
qui ne reflète pas les conditions réelles, et
laissés sans revenu, dans le trou noir, pour une période
qui peut atteindre 3-4 mois.
Les travailleurs doivent être vigilants face
à l'hypocrisie libérale
Le budget fédéral du gouvernement Trudeau
comprend deux mesures touchant les travailleurs des industries
saisonnières.[1] Le plan budgétaire du
budget 2018
prévoit ce qui suit :
1. « Afin de mettre à l'essai de nouvelles
approches destinées à mieux aider les travailleurs les
plus touchés par cette situation, le gouvernement propose
d'investir 80 millions $ en 2018-2019, et 150
millions $ en 2019-2020, par l'intermédiaire des
Ententes sur le développement du marché du travail
fédérales-provinciales. Dans les mois à venir, le
gouvernement collaborera avec des provinces clés afin de
formuler conjointement des solutions locales qui pourront être
mises à l'essai pour appuyer le développement de la
main-d'oeuvre. »
2. « De plus, Emploi et Développement
social Canada
réaffectera un montant de 10 millions $ à
même les ressources ministérielles existantes dans le but
d'offrir immédiatement un soutien du revenu et une formation aux
travailleurs touchés. Ces mesures contribueront à faire
en sorte que les travailleurs en chômage des
industries saisonnières du Canada aient accès aux mesures
de soutien dont ils auront besoin, quand ils en auront le plus
besoin. »
La mesure 1 n'a absolument rien à voir avec la
revendication des chômeurs de mesures pour atténuer leur
situation de grande pauvreté et de correctifs qui
reposent sur les conditions concrètes et les besoins
réels des
chômeurs. Les Ententes sur le développement du
marché du travail fédérales-provinciales
concernent des montants dévolus aux
provinces, au Québec et aux territoires par le
fédéral, pour fournir des programmes de formation, d'aide
à l'emploi, des subventions salariales aux employeurs qui
engagent des chômeurs, et autres mesures du genre. Leur
clientèle est essentiellement les demandeurs et prestataires de
l'assurance-emploi.
Pourquoi le gouvernement fédéral veut-il
associer les programmes de formation et autres programmes du genre aux
travailleurs saisonniers ? Les travailleurs des régions
où prédomine le travail saisonnier sont
déjà formés pour leur métier. Ils ont
l'instruction requise quand elle est requise et le reste ils
l'apprennent en faisant leur
métier. La formation ne mène pas à
des emplois dans les régions où le travail saisonnier
prédomine. Si du travail à l'année était
disponible, pourquoi les travailleurs travailleraient-ils dans des
emplois saisonniers incertains qui les piègent dans le trou
noir ? Si du travail stable à l'année était
disponible, qui serait disponible pour le
travail saisonnier à moins qu'il n'existe une vaste
coopération et que des travailleurs soient disponibles pour
faire le travail saisonnier ? Mais ce n'est pas comme cela que cette
économie fonctionne. Elle fonctionne à la concurrence et
à l'expropriation du maximum de profit d'argent possible de ce
que les travailleurs produisent. Les entreprises,
qu'elles soient saisonnières ou non, achètent la
capacité de travailler des travailleurs sur le marché des
travailleurs disponibles. Pour que les travailleurs soient
achetés (ou engagés), il faut que la demande pour leur
capacité de travailler existe.
Les travailleurs doivent être vigilants
Est-ce qu'on fera de la participation à
des programmes de formation une condition à
l'accessibilité aux prestations de l'assurance-emploi pour les
travailleurs saisonniers ? Est-ce que ces programmes vont «
déterminer » que les travailleurs ayant reçu une
formation ont maintenant un emploi, ce qui va mener à
l'élimination ou à la réduction de leurs
prestations, comme le fait le gouvernement de l'Ontario avec les
travailleurs accidentés en « déterminant »
qu'ils ont un emploi même si c'est un emploi fantôme?
Est-ce qu'on obligera les
chômeurs des régions éloignées à se
déplacer sur de longues distances pour aller suivre des
programmes de formation parce qu'il n'y a pas de centres de formation
dans leur région?
Les travailleurs doivent être très
vigilants aussi parce que cela fait plusieurs années que des
« groupes de réflexion » impérialistes qui
sont
liés de près aux libéraux comme l'Institut C.D.
Howe proposent que le gouvernement fédéral se
départisse de ses responsabilités en ce qui concerne les
chômeurs qui sont considérés comme «
captifs ».
Par « captifs » on entend les chômeurs qui ne
participent pas à la mobilité du travail. Selon le C.D.
Howe et d'autres comme eux, le programme de l'assurance-emploi devrait
promouvoir la mobilité du travail et devrait être
disponible seulement à ceux qui bougent sur le «
marché du travail » et sont prêts à
occuper des emplois loin de
leur région et de leur ville.
Le C.D. Howe propose de refiler cette
responsabilité des chômeurs « captifs »
au Québec et aux provinces qui, selon lui, seraient plus aptes
à s'occuper du chômage saisonnier qui ressemble soi-disant
à l'aide sociale, laquelle est provinciale. Selon cette logique,
les chômeurs « captifs » sont «
dépendants de l'État » et ne font
pas vraiment partie du marché du travail libre.
La conception du monde et
les mesures du gouvernement
libéral ne répondent pas aux demandes et aux besoins des
chômeurs parce que là n'est pas son objectif. Pourrait-on
imaginer un gouvernement libéral qui propose d'abolir le
marché du travail et de le ranger au musée de l'histoire
antipeuple à côté du marché aux
esclaves ? Le seul
programme social auquel les travailleurs peuvent s'attendre c'est celui
pour lequel ils luttent et qu'ils demandent, et qui doit garantir leur
droit à un niveau de vie et un moyen de subsistance de standard
canadien en toutes circonstances.
En ce qui concerne la mesure numéro 2, les
« 10 millions $ à même les ressources
ministérielles existantes dans le but d'offrir
immédiatement un soutien du revenu et une formation aux
travailleurs touchés », personne ne sait à
l'heure actuelle comment ces montants seront déboursés et
quelle sera la relation entre ces
montants de soutien du revenu et les programmes de formation. Les
organisations de défense des chômeurs ont
déjà dit qu'un montant de 10 millions $ est
totalement insuffisant pour pallier à l'urgence actuelle et
n'abordent en rien leurs demandes pour des mesures d'urgence
disponibles tout de suite et des correctifs à la situation afin
que les chômeurs puissent vivre dans la dignité. Cela
ressemble à un spectacle minable de déplacement
d'argent qui ne contient rien de substantiel pour remédier
à la situation.
Le refus du gouvernement fédéral de
s'attaquer à ce problème du trou noir et du chômage
en général est méprisable. Les travailleurs et
leurs organisations demandent des mesures immédiates de
soulagement d'urgence et des correctifs qui reposent sur la
réalité concrète et les besoins des
chômeurs. L'État et les autres qui achètent la
capacité de
travail des travailleurs doivent assumer leur responsabilité
sociale de garantir une existence dans la dignité à tous
à un standard canadien. Tout refus d'assumer cette
responsabilité montre qu'ils ne sont pas aptes à
gouverner.
Note
1. En ce qui concerne l'assurance-emploi, le Budget 2018
propose aussi
d'apporter des modifications à la Loi sur l'assurance-emploi
afin de rendre
permanentes les nouvelles règles relatives au projet pilote
actuel Travail pendant une période
de prestations. Ce projet pilote, qui devait prendre fin en août
2018, permet aux bénéficiaires
de conserver 50 cents de prestations d'assurance-emploi pour chaque
dollar de gains d'emploi,
jusqu'à concurrence de 90 % de la rémunération
hebdomadaire assurable entrant dans le
calcul de leurs prestations.
Le Budget 2018 propose une nouvelle Prestation parentale
partagée d'assurance-emploi qui
permet aux familles biparentales qui acceptent de partager un
congé parental d'obtenir cinq
semaines supplémentaires de congé. Le budget propose
aussi de rendre disponibles jusqu'à 90
millions de dollars sur trois ans à compter de 2018-2019 pour
le traitement et la prestation de
services visant les demandes d'assurance-emploi. Il propose de plus
l'octroi de 127,7 millions
de dollars supplémentaires sur trois ans à compter de
2018-2019 pour l'accessibilité aux
centres d'appel de l'assurance-emploi « afin de s'assurer que les
Canadiens reçoivent en temps
utile des renseignements précis et de l'aide concernant les
prestations d'assurance-emploi ».
Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, les libéraux déclarent
qu'un des problèmes principaux du
régime de l'AE est le caractère lent et compliqué
du traitement des demandes et non
l'arbitraire du régime dans son ensemble. C'est ce qu'ils ont
dit pendant des mois aux
travailleurs saisonniers qui réclamaient des montants d'urgence
pour faire face au trou noir,
avant de présenter les mesures scandaleuses dans ce budget sur
la question du trou noir.
Entrevue -- Line Sirois, coordonnatrice
d'Action Chômage Côte-Nord
Manifestation le 24 novembre 2017 à Forestville pour exiger la
fin du « trou noir »
LML : Le Conseil national des
chômeurs dont Action Chômage Côte-Nord est membre, a
vivement critiqué les mesures d'assurance-emploi contenues dans
le budget du gouvernement fédéral, notamment en ce qui
concerne la question du « trou noir ». Pouvez-vous
nous en dire plus à ce sujet ?
Line Sirois : Le gouvernement nous traite
comme des citoyens de deuxième catégorie. Les gens qui ne
veulent plus vivre le trou noir vont devoir aller en formation. Comme
si les gens manquaient de formation, ce qui est tout à fait
faux. Les gens qui sont sur l'assurance-emploi qui vivent de travail
saisonnier sont
formés par les entreprises qui les emploient. Ils sont
très bien formés. Quand ils ont besoin de formation, ils
sont formés dans les entreprises. Les gens qui sont sur le trou
noir n'ont même pas accès à cette annonce du
gouvernement. Même si on voulait avoir accès à
cette annonce, il ne faut pas oublier une chose, c'est qu'ici sur la
Côte-Nord, il
n'y a pas beaucoup d'établissements pour donner de la formation.
Cela va être quasiment impossible de mettre cela en place. Et
pendant ce temps-là, le gouvernement est en train de dire qu'il
a réglé le problème, ce qui est tout à fait
faux. C'est inconcevable. Les gens vont être formés dans
quoi ? Un technicien forestier qui a un diplôme, qui
n'aura pas assez de semaines de travail pour toucher l'assurance-emploi
jusqu'à ce qu'il retrouve son travail, est-ce qu'on va le
reformer pour aller faire un autre métier ? Il y a tout
plein de questions qui restent sans réponse. Je trouve cela
très humiliant de la part d'un gouvernement de dire qu'il a
réglé le problème en envoyant les gens en
formation. Nos gens n'ont pas besoin de formation, ils ont besoin de
leurs prestations d'assurance-emploi. Ils ont besoin d'être
reconnus pour ce qu'ils sont et d'obtenir ce qui leur revient.
Personne ne sait comment vont s'appliquer ces montants
dont parle le budget pour l'AE. Ce que le gouvernement
fédéral est en train de nous dire, c'est qu'ils ont
pelleté le problème dans la cour du gouvernement du
Québec. Ce sera au gouvernement du Québec à
appliquer la façon dont va se vivre le trou noir. On sait bien
que les machines
gouvernementales, c'est très long avant qu'elles se mettent en
marche, ce qui veut dire que les gens n'ont accès à rien.
On est au même point où on était hier ou
l'année passée. Ils n'ont absolument rien fait. Ils ont
juste prétendu qu'ils ont trouvé une solution.
La formation, elle a toujours été
là pour les travailleurs. C'est très bien d'avoir une
formation quand on en a besoin d'une. Cependant, nos gens n'ont pas
perdu leur emploi. Ils ont un emploi mais ils ont besoin
d'assurance-emploi entre la période où leur emploi
saisonnier s'arrête et la période où il reprend. Le
gouvernement n'a absolument
rien compris à nos revendications. Il y a beaucoup d'hypocrisie
et même de trahison de la part du gouvernement parce qu'ils nous
ont dit qu'ils avaient réglé le problème. Ils
avaient dit que le gouvernement Harper ne comprenait rien à
l'industrie saisonnière. Ils viennent de démontrer qu'ils
ne la comprennent pas plus. Ils sont en train de faire
mourir l'industrie.
Nous avons contacté l'attaché politique
du ministre Duclos (ministre de la Famille, des Enfants et du
Développement social, responsable du régime de
l'assurance-emploi - Note de LML). Ils nous disent que la
situation est dans les mains du gouvernement du Québec, que cela
va dépendre de la vitesse à laquelle le gouvernement du
Québec va mettre en place la formation pour les travailleurs.
L'accès aux montants dont nos gens ont besoin est conditionnel
à ce que le gouvernement du Québec mette en place de la
formation. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale,
François Blais, se retrouve avec le dossier. Le gouvernement
avait une patate chaude sur les bras, il l'a
refilée au gouvernement du Québec. L'attaché
politique du ministre Duclos nous a dit de vérifier où en
sont les choses avec le ministre Blais. De la façon dont je
comprends cela, c'est que tous les montants sont conditionnels à
la participation à un programme de formation. Habituellement, si
on fait de la formation c'est qu'il y a un but derrière
cela. Dans le fond, ce qu'ils sont en train de nous dire, c'est de
changer de métier. On s'attaque directement aux travailleurs et
aux régions, parce que beaucoup de régions vivent de
travail saisonnier. La nature de l'emploi y est saisonnière. La
seule solution qu'on nous donne, c'est de s'en aller.
LML : Comment envisagez-vous le
développement de votre travail dans cette situation ?
LS : La première chose, c'est
qu'on ne va pas s'en aller comme ça. Nous avons rencontré
nos travailleurs. Tout le monde est mécontent. Nous allons
continuer à manifester comme nous l'avons fait. Nous allons
aussi poursuivre le travail avec les travailleurs du Nouveau-Brunswick
parce qu'eux aussi sont mécontents
et eux aussi ont organisé des manifestations ces derniers mois.
C'est important que la population soit au courant. Il
faut que les gens soient au courant de ce qui se passe parce que le
gouvernement prétend avoir réglé le
problème. Nous avions l'opinion publique avec nous. Maintenant
ils essaient de virer l'opinion publique contre nous en disant que nos
gens ne veulent rien faire, et que c'est pour cela que
nous sommes mécontents. Nous sommes en train de préparer
notre riposte. C'est important d'avoir l'opinion publique de notre
côté.
Le budget et l'équité
salariale
Leçons apprises de décennies de lutte
pour l'équité salariale
- Elaine Baetz -
Le gouvernement fédéral a annoncé
dans son Budget 2018 qu'il va introduire l'équité
salariale proactive pour les travailleurs dans les secteurs
réglementés par le gouvernement fédéral. Le
gouvernement estime que la législation aura pour effet
d'augmenter les
salaires horaires des femmes dans le secteur privé
fédéral de 88,1 cents à 90,7 cents
comparativement à un dollar gagné par les travailleurs
masculins.
La Loi sur l'équité en matière
d'emploi s'applique aux industries réglementées par
le gouvernement fédéral, les sociétés de la
couronne et d'autres organisations fédérales
ayant 100 employés ou plus, ainsi qu'à certaines
sections
de l'administration publique fédérale. Les employeurs
affectés par cette loi doivent faire rapport sur la
représentation des femmes, des autochtones, des personnes
handicapées et des membres des « minorités
visibles » dans leurs endroits de travail et sur les mesures
qui sont
prises pour accroître leur représentation. Le Programme de
contrats fédéraux impose des obligations semblables aux
entrepreneurs ayant plus de 100 employés qui ont des
contrats avec le gouvernement fédéral. Cependant,
depuis 2012, le ministre responsable n'a pas été
tenu de mettre en oeuvre les normes établies par le programme.
Sept provinces ont des politiques
d'équité en matière d'emploi touchant aux
fonctionnaires provinciaux : la Nouvelle-Écosse, le
Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, le
Québec, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
L'Ontario a abrogé la
législation sur l'équité en matière
d'emploi en 1995, deux ans après son adoption.
En partie suite à ces mesures
législatives, la parité hommes-femmes existe maintenant
dans le secteur public au niveau de la représentation des femmes
dans des postes de direction. Selon l'enquête sur la population
active de Statistique Canada (2015), 54 % des cadres
supérieurs/cadres
supérieures de l'administration publique étaient des
femmes. Cela représente une amélioration comparativement
à 1987, alors que le pourcentage de femmes ayant un poste
de direction dans la fonction publique était
de 36,8 %. En revanche, en 2015,
seulement 25,6 % des cadres supérieurs dans le secteur
privé étaient des femmes. (Rapport sur les Femmes et le
travail rémunéré, Statistique Canada)[1]
Deux provinces, l'Ontario et le Québec, ont
adopté des lois en vertu desquelles on exige « un
salaire égal pour un travail équivalent » et
qui s'appliquent aux employés du secteur privé et du
secteur public. Dans toutes les autres provinces et dans les
territoires, il n'existe
aucune exigence en termes d'équité salariale envers les
employeurs du secteur privé. Le Manitoba, le Nouveau-Brunswick
et l'Île-du-Prince-Édouard ont adopté des lois sur
l'équité salariale applicables aux employés du
secteur public.
Le mémoire de février 2016 de
l'Alliance canadienne féministe pour l'action internationale au
Comité de l'ONU sur les droits économiques, sociaux et
culturels à l'occasion du sixième examen
périodique du Canada par le comité a soulevé la
question des
programmes d'équité en matière d'emploi dans la
fonction publique :
En somme, il n'y a aucune
exigence envers les employeurs au Canada d'agir de façon
consciente et proactive pour identifier et corriger la discrimination
et la sous-représentation des femmes et des minorités
dans des emplois, des groupes et des niveaux d'emplois dans leurs
endroits de travail, ou d'examiner de
près leurs politiques et les changer si celles-ci ont des
répercussions discriminatoires. Le fardeau de corriger la
discrimination est porté par celles qui la vivent, et ce sont
les femmes qui doivent tenter de mettre fin à une discrimination
profondément ancrée dans la population active par une
démarche de plaintes portées par chaque femme sur une
base individuelle. [...]
Historiquement, les institutions d'État et les
intérêts privés qui déterminent la direction
de l'économie ont fait tout en leur possible pour entraver les
procédures du Tribunal canadien des droits de la personne sur la
question de l'équité salariale et ont refusé de
reconnaître que l'équité salariale est un droit.
En 1983, l'Alliance de la fonction publique du
Canada (AFPC) a déposé une plainte contre Postes Canada
au nom des travailleuses de bureau qui a été
réglée seulement 30 ans plus tard. Il a fallu
attendre deux autres années avant que les travailleuses
reçoivent leur
indemnisation pour
cette injustice historique.
Le 19 juin 2006 à Ottawa: environ 5000
téléphonistes actives et
anciennes de Bell Canada, en grande majorité des femmes, ont
voté à 95 %
en faveur d'un règlement de 104 millions $ de leur dispute
d'équité
salariale vieille de 14 ans. Sur la photo, des
téléphonistes comptent
les bulletins de vote.
|
Dans un autre cas important, Air Canada s'est battu bec
et ongles pour nier les réclamations d'équité
salariale des agents de bord représentés par le Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP). Lorsque la Cour suprême
du Canada a rejeté l'appel d'Air Canada en 2006, elle a
dit : « Il est regrettable qu'Air Canada ait
refusé, pendant près de 15 ans, de reconnaître
une définition tout à fait pragmatique de 'personnel
commun et politique salariale', ce qui a eu pour conséquence de
générer des dépenses très importantes,
tant pour elle que pour le public, ainsi que des délais tout
à fait inacceptables dans la démarche des agents de bord
vers l'atteinte de l'équité salariale, s'ils
réussissent cette démarche. »
Bell Canada a aussi eu recours à toutes les
tactiques imaginables pour retarder l'issue de la lutte des
travailleuses de Bell pour l'équité salariale avant
d'être enfin obligée de régler.
Ces cas montrent les lacunes importantes du
système basé sur les plaintes qui permet aux
gouvernements et aux monopoles privés d'avoir recours à
toutes sortes de tactiques pour étirer pendant des années
les procédures judiciaires. Pire encore, les tribunaux ont
enchâssé la
notion de « capacité de payer » pour
rejeter les justes demandes en matière d'équité.
En 1994,
la Cour suprême du Canada a jugé que le gouvernement de
Terre-Neuve et Labrador avait fait preuve de discrimination à
l'égard des femmes travailleuses de la santé
lorsqu'il a refusé de leur verser une partie des ajustements
à l'équité salariale qui leur étaient dus.
Cependant, la Cour suprême a fini par accepter la plaidoirie du
gouvernement que celui-ci n'était pas en mesure de faire les
versements et a dispensé le gouvernement de toute
responsabilité juridique.
Cette expérience montre qu'il faut renforcer la
protection juridique contre la discrimination et adopter des lois qui
font porter la responsabilité aux employeurs privés et
à l'État comme employeur. Les employeurs qui font preuve
de discrimination à l'égard des femmes ou envers qui que
soit ne doivent pas pouvoir le faire en toute impunité. Toute
tentative délibérée pour éviter d'assumer
leur responsabilité sociale doit être punie.
En 2000, le gouvernement fédéral a
nommé un Groupe de travail expert sur l'équité
salariale qui a publié son rapport en 2004. Ce groupe de
travail a reconnu l'importance de l'équité salariale en
tant que droit humain fondamental. Il a recommandé une nouvelle
législation sur l'équité salariale qui exigerait
de tous les employeurs sous juridiction fédérale, tant
privés que publics, qu'ils examinent leurs systèmes
d'indemnisation pour garantir l'équité salariale. Selon
le rapport, cela devait comprendre tous les employés :
temps
plein, temps partiel, temporaires, occasionnels et contractuels. On
prétendait alors que cette mesure était d'autant plus
importante que ce qui rend l'accès des femmes à des
salaires et des avantages sociaux de niveau canadien encore plus
difficile est le fait qu'elles sont couramment embauchées comme
employées à temps partiel, occasionnelles et
contractuelles. Le groupe de travail a aussi recommandé que les
femmes des minorités nationales, les travailleurs autochtones et
les travailleurs ayant un handicap soient protégés par la
Loi sur l'équité salariale.
Le gouvernement Trudeau a déclaré qu'il
compte adopter une nouvelle loi avant la fin de 2018. La ministre
de l'Emploi d'alors, MaryAnn Mihychuk, a dit en octobre de
l'année dernière que le projet de loi va adopter une
approche « proactive » de l'équité salariale
et viser
à aider les
employeurs à respecter la Loi plutôt qu'à forcer
les employées à porter plainte contre les salaires
discriminatoires. Mihychuk a dit que forcer les travailleuses à
porter plainte et à avoir recours aux tribunaux pour obtenir
l'équité salariale s'était avéré
« fastidieux, coûteux et injuste pour les
travailleuses ».
Jusqu'ici le gouvernement Trudeau n'a même pas
abrogé la loi adoptée par le gouvernement Harper qui
empêche les syndicats d'assister leurs membres dans leurs
démarches lorsqu'ils portent plainte devant les tribunaux des
droits de la personne. On verra si le gouvernement va respecter son
engagement
d'adopter une loi et quel en sera le contenu s'il le fait. Les
gouvernements
libéraux successifs ont constamment tenu de beaux discours sur
l'équité salariale, mais ont toujours refusé de
concrétiser leurs promesses.
Le gouvernement fédéral a annoncé
dans son Budget 2018 un nouvel engagement d'adopter un
programme proactif d'équité salariale pour les
travailleurs dans les secteurs réglementés par le
gouvernement fédéral, mais il n'en est sorti rien de
concret.
En 2004, le Groupe de travail sur
l'équité salariale avait proposé des
échéanciers en vertu desquels les employeurs avaient un
an pour préparer les programmes de remboursement
d'équité salariale et trois ans pour commencer à
effectuer les paiements. Les
recommandations du groupe de travail prévoyaient aussi
l'engagement du syndicat dans le développement, la mise en
oeuvre et la pérennité des programmes
d'équité salariale. Les délais sont depuis
longtemps expirés et rien de significatif n'a été
accompli.
Il est important d'analyser pourquoi, en dépit
des conclusions du groupe de travail et des lois contre la
discrimination, on considère toujours les femmes comme des
« cibles légitimes » notamment en
matière de discrimination salariale.
Note
À titre
d'information : Statistique
Canada
--
Les
femmes
et
le
travail
rémunéré,
par Melissa
Moyser, 8 mars 2017
Absurdités sur les tarifs et les
guerres commerciales
C'est ainsi qu'on gère une économie?
- K.C. Adams -
Les travailleurs pourraient faire
mieux que ces crises continuelles et cette intégration dans
l'économie de guerre des États-Unis.
Les industries canadiennes de l'acier et de l'aluminium
sont en plein bouleversement. Elles semblent être dans un
état de chaos continuel. Algoma Steel est presque constamment
sous la protection de la faillite en vertu de la Loi sur les
arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
L'Aluminerie de Bécancour inc.
(ABI) au Québec maintient en lockout plus de 1000
travailleurs depuis des mois pour leur arracher des concessions,
à eux et à Hydro-Québec, et pour réduire
l'offre afin de faire monter les prix de l'aluminium sur le
marché international. Les aciéries de Stelco à
Hamilton et à Nanticoke viennent juste de sortir de la
protection
de la faillite aux
termes de la LACC pour la deuxième fois depuis 2006.
Après que la capacité de production et les
marchés de Stelco aient été grandement
réduits pendant la période du contrôle par US Steel
de 2007 à 2017, les nouveaux propriétaires
américains ont pris le contrôle des installations l'an
dernier après que le tribunal de la faillite de la LACC les ait
autorisés à ne pas assumer leur
responsabilité sociale envers les retraités de Stelco et
la restauration environnementale pour la pollution provenant du
passé. Ce nouvel assaut d'impérialistes étrangers
s'est produit après que les métallos de Stelco et la
communauté de l'acier aient affronté une attaque
après l'autre lorsque US Steel avait le contrôle des
opérations. En 2013, USS
a vendu une usine de Hamilton aux brigands internationaux allemands qui
se font appeler MANA et qui ont pris le contrôle et ont
presque immédiatement mis les métallos en lockout en leur
demandant d'énormes concessions. Le lockout se poursuit toujours
et les membres et supporters de la section locale 1005
mènent une lutte pour la justice
à Mana.
Un assaut contre l'édification nationale et les
droits du peuple
Les monopoles mondiaux dominent les secteurs de l'acier
et de l'aluminium et les mettent sens dessus dessous pour servir leurs
intérêts privés étroits. Le secteur de
l'acier est particulièrement affecté par des prix de
marché qui fluctuent beaucoup et sont déconnectés
des prix de production, tantôt au-dessus, tantôt
en dessous, ce qui cause des
problèmes continuels. Ces secteurs ne sont pas au service d'une
économie canadienne indépendante parce que tel n'est pas
leur objectif. Ce concept d'ailleurs n'existe pas dans la conscience
des impérialistes qui sont en position de contrôle et dont
la vision du monde est celle qui correspond à
l'intérêt étroit, comme si la société
n'existait pas et que
les droits, les réclamations et les besoins du peuple
étaient des coûts débilitants et un drain sur leur
profit d'argent.
Il n'y a pas de discussion présentement dans les
cercles officiels de l'élite dirigeante sur un projet
d'édification nationale et pour une économie canadienne
qui ne serait pas dominée par les cartels supranationaux et il
n'y a certainement pas de mesures pratiques dans ce sens. Tous les
politiciens, économistes et experts officiels disent qu'une
économie canadienne sous le contrôle des Canadiens est
impossible dans ce monde dominé par des bâtisseurs
d'empire mondiaux qui sont obsédés par l'expansion de
leurs intérêts privés en tant que cartels
supranationaux, au détriment de l'édification nationale
et du droit des peuples de contrôler les affaires qui les
concernent. Le peuple ici même
fait face à des crises continuelles et maintenant à un
président au sud qui menace d'imposer des tarifs sur l'acier et
l'aluminium et qui déclare, sans se soucier une seconde du sort
de l'humanité, que les guerres commerciales et même les
vraies guerres sont de bonnes choses et sont gagnables.
Le monde réel auquel le peuple canadien fait
face et le monde fantaisiste que les politiciens et les experts
officiels et les personnes en position de contrôle inventent sont
déconnectés l'un de l'autre. Le secteur de l'aluminium,
qui est entièrement contrôlé par des
bâtisseurs d'empire supranationaux, s'est installé au
Canada à cause de
l'abondance et des bas prix de l'électricité qui est de
loin l'intrant matériel principal dans ce processus de
production. Quel est donc le problème avec ce prix de
marché de l'aluminium qui pousse le président Trump
à menacer d'imposer un tarif ?
Les manufacturiers des États-Unis veulent un
aluminium au prix de marché le plus bas possible et l'aluminium
canadien les sert bien grâce à une
hydroélectricité peu dispendieuse, abondante et propre,
une main-d'oeuvre qualifiée et une infrastructure moderne. Si
Trump veut un aluminium à un prix plus élevé et si
les manufacturiers
américains qui utilisent de l'aluminium appuient sa proposition,
ce qui est très douteux, pourquoi ne pas le dire simplement et
faire en sorte que les propriétaires mondiaux organisent un prix
de marché plus élevé que le prix de marché
fluctuant ? Le prix plus élevé pourrait être
retourné à Hydro-Québec dans un plein
échange avec l'électricité
que ses travailleurs produisent. Certains trouvent ironique que les
riches dans le monde qui contrôlent le secteur canadien de
l'aluminium essaient déjà de faire monter les prix en
réduisant l'offre au moyen du lockout chez ABI, et ils seraient
certainement contents de la demande de Trump pour des prix plus
élevés à condition bien sûr que ce soit
eux qui les empochent et non l'État américain. Pourquoi
faut-il une guerre commerciale ? Tout ce gâchis semble
inexplicable et irrationnel.
Le problème en ce qui concerne ces secteurs et
les autres secteurs économiques de base est que les personnes
sensées au Canada, au Mexique et aux États-Unis qui
veulent vivre en paix et soutenir un commerce international à
l'avantage et au développement mutuels et qui s'opposent
à une économie de guerre ne contrôlent pas leurs
endroits
de travail, ni l'économie plus généralement, ni
les affaires politiques.
La menace de tarifs sur l'acier que Trump a
proférée et vient maintenant de retirer temporairement
est bizarre également du fait que près de 5
milliards $ d'acier produit au Canada a été
expédié ces dernières années aux
États-Unis alors que le Canada a importé environ 7
milliards $ d'acier fabriqué aux États-Unis. En
faisant quelques ajustements dans la qualité et les types
d'acier, on pourrait presque éliminer tout le commerce d'acier
entre les États-Unis et le Canada et chaque pays pourrait
produire pour combler ses propres besoins sans que la production en
souffre. Il se créerait même des possibilités de
développement compte tenu du fait que le Canada et les
États-Unis sont si étendus d'est en ouest, et la
production pourrait être développée rationnellement
dans toutes les régions principales des deux pays, pour les
rendre autosuffisantes en acier et même y développer la
fabrication de produits à base d'acier. L'autre aspect
très positif serait de commencer à extirper le Canada de
l'économie de guerre des
États-Unis dans laquelle l'acier et l'aluminium jouent un
rôle clé.
Le problème encore une fois est le manque de
contrôle par les travailleurs. Les travailleurs canadiens et
leurs confrères du sud font face au dilemme de ne pas
contrôler l'acier et le secteur de l'acier, l'économie
plus large et la politique. N'ayant pas le contrôle, ils ne
peuvent pas développer en pratique leur conscience sociale de la
nécessité
de tout d'abord bâtir une économie diversifiée qui
subvient à ses besoins, puis, à partir de cette base
souveraine sous leur contrôle, de chercher et trouver des peuples
qui veulent faire du commerce selon les principes modernes de
l'avantage et du développement mutuels et ne veulent pas de
guerres commerciales destructrices ou de vraies guerres
qui requièrent une économie de guerre.
Les Canadiens et leurs amis aux États-Unis
doivent donner une nouvelle direction à l'économie parce
que la situation actuelle évolue vers des guerres et des crises
plus étendues et plus dévastatrices, ce qui n'est
certainement pas une bonne chose. Les travailleurs sont capables de
faire beaucoup mieux parce qu'ils ne sont pas motivés par
l'objectif d'exproprier la richesse sociale à même la
valeur que les autres travailleurs produisent et qu'ils ne
spéculent pas, contrairement aux gens au pouvoir, sur la
possibilité de mener des guerres commerciales destructrices
gagnables et des guerres réelles pour voler les autres et
détruire ce qu'ils ne peuvent pas contrôler. Le discours
officiel selon
lequel les guerres commerciales et les vraies guerres qui ciblent les
autres travailleurs sont bonnes, gagnables et ont besoin d'une
économie de guerre maintiennent tout le monde sous tension et
bouleversé en attente de la prochaine crise ou de la prochaine
guerre.
Les politiciens officiels et d'autres dirigeants au
Canada se couvrent de honte par la façon dont ils
répondent à la bravade de Trump de proposer des tarifs
sur l'acier et l'aluminium canadiens puis de faire marche
arrière à condition que les pourparlers de l'ALÉNA
le satisfassent. Ces représentants canadiens ont tous
déclaré qu'il faut développer
l'économie de guerre commune nord-américaine, une
économie essentielle pour le renforcement de la capacité
de guerre de l'OTAN et de NORAD pour laquelle l'acier et l'aluminium
sont cruciaux.
Le 8 mars, le Bureau du premier ministre Justin
Trudeau a émis un communiqué sur la conversation
téléphonique de Trudeau avec Paul Ryan, le
président de la Chambre des représentants des
États-Unis, qui mentionne ceci : « Les
États-Unis sont le plus proche
allié du Canada. Le Canada est un fournisseur sûr et
sécuritaire d'acier et d'aluminium pour les États-Unis et
est reconnu en vertu de la loi américaine comme faisant partie
du complexe industriel de défense des
États-Unis. »
Dans un communiqué au sujet de la conversation
de Trudeau avec le leader de la majorité au Sénat
américain, Mitch McConnell, le Bureau du premier ministre
écrit :
En tant que proche
allié des États-Unis, le Canada est un fournisseur
sûr et sécuritaire d'acier et d'aluminium pour les
États-Unis, et il fait partie de la base industrielle et
technologique nationale des États-Unis en matière de
défense nationale.
Le 1er mars, la ministre des Affaires
étrangères Chrystia Freeland a dit : « En tant
qu'allié clé de NORAD et
de l'OTAN, et en tant que principal acheteur de l'acier
américain, le Canada percevrait comme absolument inacceptable
toute restriction commerciale imposée sur l'acier et l'aluminium
canadiens. [...] Le Canada est un fournisseur sûr d'acier et
d'aluminium pour le secteur américain de la défense et de
la
sécurité. Le Canada est reconnu dans la loi
américaine comme faisant partie de la plateforme technologique
et industrielle nationale du secteur de la défense des
États-Unis. »
Le 8 mars, suite à l'annonce que le Canada
va être exempté du tarif mondial des États-Unis sur
l'acier et l'aluminium, elle a dit :
Le Canada est le meilleur
ami et le plus proche allié des États-Unis. Le Canada et
les États-Unis ont le plus grand partenariat économique
au monde. Nous sommes également des alliés
indéfectibles du NORAD, de l'OTAN et tout au long de notre
frontière pacifique et sécurisée
de 8 891 kilomètres.
La crise est telle qu'aucun représentant
officiel du Canada ou média de masse ne s'est opposé
à ce discours belliciste et à l'intégration de
l'économie canadienne dans l'économie de guerre des
États-Unis. Les travailleurs du Canada, du Mexique et des
États-Unis rejettent ce bellicisme et cette conception du monde
antisociale officiels et
s'organisent pour bâtir leur pouvoir de priver ceux qui sont en
position de contrôle de leur pouvoir de détruire par des
crises et des guerres ce que les humains ont construit.
En organisant et en luttant pour le nouveau, les
travailleurs et leurs organisations politiques et de défense
développent le facteur humain et la conscience sociale qu'une
économie moderne doit avoir un objectif nouveau qui vise
à développer l'économie socialisée dans
tous les domaines sans crises ni guerres. Une économie moderne
ne peut pas
être bâtie sur la concurrence brutale et la guerre, elle se
bâtit sur la coopération qui permet aux relations sociales
modernes de garantir que les secteurs interreliés des forces
productives socialisées fonctionnent en harmonie les unes avec
les autres et en conformité avec leur caractère
socialisé. C'est ainsi qu'est assurée la reproduction
élargie de
l'économie, sans guerres ni crises, pour qu'elle satisfasse les
besoins et les réclamations des producteurs véritables et
les intérêts généraux de la
société.
Une économie moderne s'oppose aux guerres
commerciales, aux guerres réelles et aux préparatifs de
guerre. Elle cherche à garantir le bien-être de tous les
membres de la société et ses intérêts
généraux. Une économie prosociale qui repose sur
un fondement aussi sain fait du commerce internationalement sur la base
des principes de l'avantage
et de développement mutuels et s'oppose consciemment à
toutes les guerres commerciales et aux vraies guerres et aux
préparatifs de guerre. Ce n'est pas ce qui se passe maintenant
alors que l'économie canadienne est intégrée
à l'économie de guerre des États-Unis et lui
fournit du matériel brut et semi-fini tandis que
l'économie américaine produit
la plupart des produits finis sous forme d'armements de destruction
individuelle et de masse.
Les travailleurs, avec leur conscience sociale moderne,
peuvent donner une nouvelle direction à l'économie et ils
peuvent le faire seulement en s'organisant pour se porter au pouvoir
politiquement, avec de nouvelles relations sociales qui sont en
harmonie avec les forces productives socialisées de la grande
production industrielle moderne. C'est
seulement en s'investissant du pouvoir que les travailleurs peuvent
diriger l'économie sans crises ni guerres, selon leur conscience
sociale, leur objectif, leur vision du monde, leurs principes et leurs
relations sociales modernes, travaillant ensemble au bien de toute
l'humanité et de l'environnement social et naturel.
Les travailleurs peuvent faire mieux !
Unissons-nous et organisons-nous pour bâtir le nouveau !
Contre l'orientation destructrice
donnée à l'économie et à la
société
par les libéraux
Étude sur les résultats des programmes
pour payer les riches
John Lester de l'École de politiques publiques
de l'Université de Calgary a publié une étude des
stratagèmes pour payer les riches pour l'année
budgétaire 2014-2015. Il fait un inventaire des subventions
aux entreprises des gouvernements du Canada, du Québec, de
l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Il a
établi
que 29 milliards $ ont été versés
à des entreprises privées en à peine un an «
par les dépenses de programmes, la fiscalité, les
entreprises gouvernementales et des investissements directs. Ces
subventions représentent près de la moitié des
revenus d'impôt des entreprises perçus par les cinq
gouvernements. »[1]
Les stratagèmes pour payer les riches et leurs
raisons d'être font l'objet de très peu de discussion dans
les médias de masse et sont rarement abordés dans les
discours des partis de cartel qui forment les gouvernements. Lorsque le
chef du Nouveau Parti démocratique David Lewis a
dénoncé les « corporate welfare bums
» (les
entreprises parasitaires ou les entreprises assistées sociales)
durant l'élection fédérale de 1972,
c'était l'exception qui confirme la règle.
Les raisons données pour l'octroi de fonds
publics à des entreprises privées tournent
généralement autour du besoin de protéger et de
créer des emplois ou de pallier aux défaillances du
marché. Il n'est jamais question de l'échec
systémique de l'économie socialisée dominée
par des monopoles privés mondiaux et rivaux qui imposent leurs
intérêts étroits en opposition aux besoins de
l'ensemble. Les raisons pour lesquelles il manque d'emplois, qu'il se
produit des crises périodiques et qu'en conséquence les
entreprises privées en difficultés demandent aux
gouvernements de les secourir ne sont jamais examinées.
Les seigneurs impérialistes du monde des
entreprises et de la politique officielle et leurs experts et
théoriciens n'admettent même pas que la valeur que les
travailleurs produisent dans l'économie est la seule source de
valeur pour la société et pour la reproduction de
l'économie. Au lieu de reconnaître que c'est la seule
source de la valeur
nécessaire pour résoudre les problèmes et garantir
les droits, les oligarques impérialistes demandent que la valeur
soit retirée de certaines parties de l'économie pour
servir leurs intérêts privés étroits. Non
seulement refusent-ils de remettre à la société la
valeur nécessaire pour son maintien et pour garantir le
bien-être et les droits du peuple, ils
veulent aussi que les sommes pitoyables que les sociétés
versent en impôts leur soient retournées par des
stratagèmes pour payer les riches !
Les oligarques impérialistes refusent de
reconnaître que pour en finir avec les échecs du
marché, la chute du taux de profit et les crises
récurrentes, il faut donner une nouvelle direction à
l'économie pour faire en sorte que les formes de
propriété et de contrôle correspondent au
caractère socialisé de l'économie moderne.
Plutôt que de verser
des fonds publics à des intérêts privés
choisis, aux dépens des autres parties de l'économie, des
travailleurs et de l'intérêt général de la
société, il faut une nouvelle direction et une nouvelle
conception du monde de l'économie. Une nouvelle direction
impliquerait que les producteurs exercent un contrôle rationnel
sur l'économie dans l'intérêt public.
Leur pensée serait de promouvoir la coopération globale
et la planification scientifique entre toutes les parties et tous les
secteurs de l'économie au lieu de la concurrence brutale qui
sert des intérêts privés étroits et qui
déchire constamment l'économie et la
société. Les justifications données pour la
pratique de distribuer des fonds publics aux
riches impérialistes, poliment appelée subvention des
entreprises, ne tient pas compte du fait que le Canada est une
société de classes divisée entre ceux qui vendent
leur capacité de travail, la classe ouvrière, et ceux qui
achètent la capacité de travailler des travailleurs, qui
ne font pas partie de la classe ouvrière. La classe
non ouvrière qui achète la
capacité de travail des travailleurs contrôle
l'économie, les moyens de production et le produit social que
produisent les travailleurs. La politique publique officielle des
gouvernements est de soutenir et de défendre les divisions de
classes antagonistes dans la société et de
perpétuer le privilège de classe de la classe
non ouvrière, impérialiste. Aucune
déviation officielle n'est permise de cet engagement ferme
à soutenir ceux qui détiennent la richesse et le pouvoir
économique, politique et social. Dans l'opposition, la classe
ouvrière est la seule force sociale capable de changer la
situation, de résoudre les problèmes et d'ouvrir la voie
à une nouvelle direction où le plein potentiel de
l'économie
socialisée peut être déployé.
Quel que soit le raisonnement utilisé pour
excuser ces subventions-stratagèmes pour payer les riches, il ne
peut cacher qu'elles servent essentiellement des intérêts
privés étroits en opposition à
l'intérêt public, au bien commun et au désir de la
classe ouvrière de résoudre les problèmes
fondamentaux d'une économie moderne de la grande
production industrielle. Les régimes de
rémunération des riches renforcent le privilège de
classe de la classe impérialiste, non ouvrière, et
perpétuent les divisions de classe et les conditions qui
engendrent les problèmes économiques et sociaux. Les
intérêts privés qui reçoivent les
subventions publiques ne changent pas et ne peuvent pas changer leur
nature de classe impérialiste, car l'exploitation des
travailleurs est la source matérielle de leur privilège
de classe et de leur mode de vie somptueux. Pourquoi voudraient-ils
changer leur nature ? Les fonds publics renforcent leur domination
et leur emprise sur les travailleurs de même que l'accaparement
du produit social qu'ils
produisent.
L'économie a besoin
d'une nouvelle direction
sous le contrôle des producteurs de fait qui se soucient de
l'ensemble parce qu'ils en font partie, plutôt que
d'être en contradiction avec lui, et sont unis à cet
ensemble dans le cadre du projet
d'édification nationale qu'ils veulent bâtir. Les
travailleurs veulent assumer leurs responsabilités sociales
envers eux-mêmes,
l'économie et les intérêts généraux
de la société. Ils savent instinctivement qu'ils
dépendent de l'économie et de la société
socialisées et que l'économie et la société
socialisées dépendent de leur travail qui est source de
valeur. Avec une nouvelle direction sous leur contrôle, leur lien
avec l'économie socialisée, la société et
tous ses membres peut
grandir et devenir l'unité indestructible de l'humanité
tout
entière par la défense des intérêts de tous
ses membres et l'intérêt général de la
société, par contraste avec une poignée
d'oligarques impérialistes se servant de l'économie pour
servir leurs intérêts privés étroits.
L'économie socialisée ne peut pas
fonctionner correctement et résoudre les problèmes
auxquels elle est confrontée aujourd'hui parce que les
intérêts privés de ceux qui contrôlent
l'économie, la classe non ouvrière, interviennent
constamment pour servir leurs intérêts étroits au
détriment des autres, des travailleurs et de l'ensemble. Les
problèmes sont poliment appelés échecs du
marché et la vie continue avec l'aide du trésor public
dans un état de persévérance anti-consciente
conduisant à d'autres échecs du marché, à
d'autres crises économiques et d'autres guerres pour le
contrôle des marchés, des travailleurs, des
matières premières et des régions.
Cette distribution de milliards de dollars des fonds
publics pour payer les riches impérialistes doit cesser. Les
actifs accumulés de la société
représentés par les travailleurs et les infrastructures
et la valeur qu'ils produisent doivent servir à renforcer
l'ensemble de l'économie socialisée et à investir
dans les programmes sociaux et les services
publics ainsi que dans les intérêts généraux
de la société. Les travailleurs discutent et s'organisent
pour trouver un moyen d'avancer vers le contrôle de leur
économie et de toute la valeur qu'ils produisent. Leur
conception du monde moderne est de maintenir à la fois les
besoins de l'entreprise particulière dans laquelle ils
travaillent et de l'ensemble
de l'économie socialisée. Où se situe leur
entreprise particulière par rapport à l'ensemble ?
Comment sert-elle le tout et en retour est-elle renforcée par le
tout ? Ils sont motivés à activer le facteur
humain/conscience sociale pour construire le nouveau. Il est temps de
s'organiser pour une nouvelle direction !
Note
1. «
Business
subsidies
in
Canada :
Comprehensive
estimates
for
the
Government of Canada and
the four largest provinces », John Lester, School of
Public
Policy, University of Calgary, 2018 (extraits)
Un éventail plus grand de stratagèmes
pour payer les riches
D'une façon qui rappelle l'annonce des gagnants
de la loterie, mais avec un gros lot beaucoup plus élevé
que celui de Lotto Max, le gouvernement Trudeau a publié
récemment une liste des gagnants de 950 millions $ de
fonds publics en subventions non remboursables.[1] Le gouvernement a
accordé cette somme énorme à 5
consortiums d'entreprises privées, pas pour une valeur
d'échange tangible en échange d'un renflouement des
coffres de l'État, mais simplement en tant qu'entreprises
privées choisies qui participent dans l'économie et qu'on
dit en quête de fonds publics pour compétitionner dans
l'économie mondiale et faire grandir leurs empires privés.
Chaque consortium établira, ou a
déjà établi, ce que le gouvernement appelle une
supergrappe. Le ministre du Développement économique de
Justin Trudeau, Navdeep Bains, a déclaré dans un
communiqué : « Les supergrappes sont des
régions qui créent des emplois et dont l'économie
est forte, comme la Silicon Valley. Notre
gouvernement entend en créer cinq au Canada. »
Les gagnants de la loterie gouvernementale recevront
entre 150 et 250 millions $ par année pendant
cinq ans. Les entreprises privées de chaque consortium recevront
apparemment plus que les 950 millions $ de fonds publics, et
cette manne devrait atteindre les 2,4 milliards $. Les
supergrappes
comprennent des institutions publiques participantes, telles que les
universités et les collèges, qui doivent investir une
somme équivalente à la part octroyée par le
financement fédéral. Le ministre Bains a
déclaré aux médias que les supergrappes ont
dépassé l'objectif de jumeler les fonds
fédéraux en recueillant un total de 1,5
milliard $
auprès des institutions participantes.
Les entreprises privées mobilisées dans
les partenariats publics-privés sont à la fois
canadiennes et étrangères, ce qui veut dire que les fonds
publics servent à renforcer non seulement les
propriétaires canadiens d'entreprises privées, mais les
propriétaires mondiaux. On dit que chaque consortium est
lié à une région, mais CBC rapporte que les
entreprises et les institutions impliquées proviennent «
de toutes les régions du Canada et d'autres parties du
monde ». Un coup d'oeil rapide sur les entreprises
participantes montre qu'elles comprennent certains des plus grands
monopoles mondiaux.
Par exemple, la supergrappe de la région de
l'Atlantique qui est engagée dans le développement
pétrolier et gazier extracôtier comprend Chevron Canada
Resources, ExxonMobil Canada Ltd, Husky Energy, Suncor Energy,
Canada Steamship Lines, Cisco, Irving Shipbuilding, Microsoft, Siemens
Canada et d'autres.
Les 4 autres supergrappes sont elles aussi
dominées par les monopoles mondiaux. Le ministre
fédéral n'a pas expliqué comment les monopoles
mondiaux se sont qualifiés en tant que concurrents du
côté canadien alors que d'autres ont été
disqualifiés en tant que concurrents qui font partie d'autres
côtés. Les éléments choisis du
consortium ontarien comprennent des noms familiers qui ont
déjà reçu des fonds publics dans divers
stratagèmes pour payer les riches et sont apparus aux
côtés du gouvernement Trudeau, comme Linda Hasenfratz, pdg
du géant des pièces automobiles Linham, qui
préside la supergrappe de l'Ontario. La supergrappe de l'Ontario
avec Communitech
Corp., Maple Leaf Foods et d'autres monopoles participants promet de
rendre les entreprises privées plus concurrentielles au sein du
système impérialiste d'États.
La supergrappe des Prairies comprend des monopoles bien
connus pour leur rôle dans la destruction de la Commission
canadienne du blé et dans l'exercice de pressions sur les petits
agriculteurs par leurs pratiques monopolistes et la
détérioration du transport ferroviaire. Selon
AgCanada.com, cette supergrappe comprend « des
sociétés telles
que Archer Daniels Midland, la Compagnie des chemins de fer nationaux
du Canada, Cargill, DowDuPont, G3 Canada, Mosaic Co., Parmalat et
Richardson International ».
La supergrappe de la Colombie-Britannique
prétend vouloir « favoriser la compétitivité
dans les domaines de la technologie de l'environnement et des
ressources, de la santé de précision et de la
fabrication. Elle comprend notamment Telus et Microsoft Canada
Development Centre ».
La pratique des gouvernements de payer les riches est
une admission que l'économie impérialiste ne peut pas
surmonter ses contradictions et a besoin d'une nouvelle direction et
d'un nouvel objectif. Les gouvernements sont devenus un moyen de mettre
en commun des fonds de l'économie pour favoriser certains
intérêts privés. Cela signifie
que les gouvernements ne représentent pas la volonté et
les intérêts publics, mais la volonté et des
intérêts privés triés sur le volet. Les
fonds publics mis en commun servent à renforcer certains
intérêts privés, et leurs privilèges et
pouvoirs de classe, en contradiction avec des intérêts
privés concurrents, les besoins du peuple dans leur ensemble,
l'économie socialisée et les intérêts
généraux de la société.
Les intérêts privés choisis et
leurs représentants gouvernementaux disent que leurs
intérêts privés correspondent aux
intérêts nationaux et, par conséquent, à
l'intérêt public. Leur opinion contredit cependant la
réalité d'un système économique en crise
où les intérêts privés qui contrôlent
des parties concurrentielles de l'économie ne peuvent
plus survivre sans fonds publics. La raison pour laquelle ils ne
peuvent survivre se trouve dans la réalité d'une
économie de production industrielle entièrement
socialisée, qui exige que ses parties interconnectées
travaillent en harmonie. Au lieu de cela, cette économie est
constamment en crise et en état de chaos en raison de sa
contradiction
fondamentale avec les relations de production basées sur la
propriété privée et le privilège de classe
où des sections privées rivalisent avec d'autres sections
pour exproprier le maximum de richesse sociale de ce que les
travailleurs produisent dans l'économie socialisée. Cette
contradiction couplée à la concurrence inhérente
et luttes intestines
entre les parties de l'économie possédées et
contrôlées privément conduisent à des crises
incessantes et à des guerres pour
le contrôle.
La théorie d'un marché qui produit
spontanément les gagnants et les perdants parmi les composantes
privées concurrentes de l'économie est en faillite et est
frauduleuse. L'État choisit des perdants et des gagnants
dépendamment de quels intérêts privés ont le
plus de poids au sein de l'élite dirigeante. Cela conduit
à des luttes intestines sans
merci pour le contrôle de la machine d'État parmi les
intérêts privés concurrents, car c'est la seule
façon pour eux de conserver leurs privilèges et leur
pouvoir de classe. Ces luttes intestines sont devenues hideuses en
Ontario et encore plus aux États-Unis où les cliques
rivales sont au bord de la guerre civile.
Le système est à bout de souffle et a
besoin d'une nouvelle direction pour que les relations de production
soient mises en conformité avec ses forces de production
socialisées. Les travailleurs qui sont les véritables
producteurs doivent s'avancer d'une manière consciente et
organisée pour exercer un contrôle et insuffler une
nouvelle direction et
un but prosocial à l'économie. L'économie a besoin
de la coopération de toutes ses parties interconnectées,
d'une planification scientifique constante et d'un corpus croissant de
connaissances pour guider l'économie moderne et sa reproduction
élargie afin de répondre aux besoins de la population et
aux intérêts généraux de la
société.
En réponse à ces stratagèmes
antisociaux pour payer les riches du gouvernement fédéral
et d'autres gouvernements, les Canadiens doivent répondre d'une
seule voix : Arrêtez de payer les riches ! Augmentez le
financement des programmes sociaux et les services publics !
Nous, les travailleurs, jurons de nous organiser
pour faire naître une nouvelle direction et un nouvel objectif
prosocial pour l'économie !
Note
1. Pour connaître la liste des
participants, cliquer
ici
La controverse sur l'oléoduc Trans
Mountain continue
Conflit d'intérêts entre les monopoles de
l'énergie et les travailleurs
- Peggy Morton -
Ces derniers jours, les monopoles de l'énergie
ont intensifié leur tapage selon lequel la pénurie
d'oléoducs a un effet dévastateur sur l'économie
canadienne.
Le Calgary Herald a rapporté que Frank
McKenna, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick,
président suppléant de la banque TD et membre du Groupe
de travail de la première ministre Rachel Notley de l'Alberta
qui envisage des représailles contre la Colombie-Britannique, a
établi les pertes financières à 50
millions $ par jour, ou 117 milliards $ pour les sept
dernières années. Il fonde ses affirmations sur le fait
que le prix du Western Canadian Select (WCS) a été
réduit de près de 10 $ US du baril,
ou 12,55 $ CAD. « Cette dilapidation des ressources, ce
gaspillage d'une importante ressource nationale - et
cette évaporation d'autant de richesse canadienne - est
offensante selon moi », a-t-il dit.
Comme le Canada produit près de 4 millions
de barils de pétrole par jour, McKenna en est arrivé
à ce résultat en ajoutant près
de 12 $ CAD à chaque baril de pétrole extrait,
que ce soit en Alberta, en Saskatchewan ou à Terre-Neuve, que ce
pétrole soit exporté ou consommé au Canada,
valorisé ou vendu comme bitume brut
ou comme pétrole léger ou lourd. Mais le prix qu'il a
déterminé s'applique uniquement au prix d'un
mélange de bitume composé de bitume, de diluant et d'un
peu de pétrole brut synthétique. Il présume qu'il
existe
une quasi-équivalence entre deux produits très
différents, dont l'un est un pétrole lourd ayant besoin
de plus de valorisation ou de
raffinage que l'autre, qui ne se vendront jamais à un prix
équivalent.
L'économiste en chef de la Banque Scotia,
Jean-François Perreault, s'est aussi prononcé sur la
question le 20 janvier : « Les délais
d'approbation des oléoducs ont occasionné des coûts
clairs, démontrables et substantiels. » Il estime que
ce coût atteint près de 29 millions $ par jour
ou 10,7
milliards $ par année. Il a lui aussi attribué ce
manque à gagner aux prix moins élevés du WCS, un
mélange de pétrole lourd composé de bitume, de
diluant et d'une petite quantité de brut synthétique
(bitume valorisé).
Le prix du WCS a chuté lorsque l'oléoduc
Keystone XL de Trans Canada a été fermé suite
à un déversement en décembre. Cette ligne
fonctionne toujours à pression réduite et, par
conséquent, à volumes réduits. Par
conséquent, l'inventaire albertain de bitume a monté en
flèche tandis que le prix a chuté. Le WCS s'est
négocié à un prix dont
l'écart est d'environ 16,53 $ CAD (13 $ US) le
baril avec le West Texas Intermediate (WTI) au cours des deux
dernières années, mais qui a augmenté
à 30,52 $ (24 $ US) le baril suite au
déversement. La plupart des analystes s'entendent pour dire
qu'à mesure que l'inventaire s'écoule, les prix vont
atteindre ou
dépasser leur niveau antérieur.
Dans une déclaration semblable, Alex Pourbaix,
le pdg du monopole énergétique Cenovus, a parlé
des « répercussions extraordinaires sur l'économie
canadienne » de l'écart des prix entre le WCS et la
référence américaine WTI, et dit que « la
richesse est en train de passer de l'Alberta et du Canada aux affineurs
et aux consommateurs
américains ».
Aucune de ces déclarations ne considère
ce qui arriverait si le bitume était valorisé au Canada.
Le synthétique brut, c'est-à-dire, le bitume qui est
valorisé en Alberta, se vendait à 78,80 $ CAD,
un coût quelque peu plus élevé que le WTI
à 78,18 $ CAD, le 18 février 2018.
Sans valorisation, le prix était
de 43,26 $ pour le WCS (mélange de bitume). Le
coût réel pour l'économie canadienne provient de
toute évidence de ce qu'on expédie le bitume à
l'état brut au lieu de le valoriser au Canada et d'affiner
d'autres produits. La conclusion qui s'impose est que le Canada devrait
valoriser ce bitume.
Les oligopoles de l'énergie ont
décidé de cesser de construire des installations de
valorisation en Alberta sous prétexte qu'elles étaient
« coûteuses » et ont plutôt
décidé d'expédier le bitume en y ajoutant du
diluant pour en faciliter le débit. Ainsi la Forteresse
Amérique du Nord serait approvisionnée en pétrole
provenant des sables
bitumineux. Le bitume remplacerait le pétrole
vénézuélien et le Mexican Mayan dans
l'approvisionnement des raffineries sur la côte
étasunienne du Golfe qui transforment le pétrole lourd.
L'accès à la côte du Golfe devait
être une grande victoire, mais cette manoeuvre ne s'est pas
concrétisée comme prévu. Même si le Keystone
XL n'a pas été construit, un nombre suffisant
d'oléoducs ont été construits en direction de la
côte du Golfe pour le transport de 1,2 million de barils par
jour supplémentaires à partir du Midwest
américain. Mais la production aux États-Unis a
monté en flèche, ce qui a engendré une vive
concurrence pour l'espace des oléoducs, et une grande partie
des 500 000 barils par jour de bitume qui se rend à la
côte du Golfe est expédiée par voie ferroviaire.
La plus grande partie du bitume canadien n'aboutit pas
sur la côte du Golfe, mais dans le Midwest américain
où des raffineries ont été inondées de
pétrole brut léger et bon marché provenant de la
fracturation hydraulique (fracking) aux États-Unis. Le Canadian
Energy Resource Institute affirme que la principale pression vers le
bas sur le prix
du pétrole lourd ne vient pas d'un manque de capacité en
matière d'oléoducs, mais du manque de capacité
d'affinement dans le Midwest.[1]
Le pdg de Cenovus et d'autres porte-parole des
monopoles omettent de mentionner qu'au moment où ils ont
cessé de construire des installations de valorisation du
pétrole au Canada, ils ont fait l'acquisition totale ou
conjointe de raffineries dans le Midwest américain. Par le biais
de leurs entreprises intégrées, plusieurs compagnies se
vendent
à elles-mêmes du bitume à des prix réduits.
Les emplois ont été expédiés par les
oléoducs et la valeur ajoutée est disparue de
l'économie canadienne pour la simple raison que ces monopoles
ont décidé de ne pas valoriser au Canada. Cette
décision a été prise conformément à
leurs propres intérêts étroits, leur appât du
gain et leur édification
d'empire. Prétendre, comme ils le font maintenant, qu'ils sont
préoccupés par l'économie canadienne et par le
sort des travailleurs canadiens est le comble de l'hypocrisie.
Cenovus est propriétaire à 50 %
de deux affineries aux États-Unis - Wood River à Illinois
et Borger au Texas, qu'il détient conjointement avec
Phillips 66 qui a transformé près
de 444 000 barils par jour. La raffinerie de BP à
Whiting, en Indiana, est un important acheteur de mélange de
bitume WCS et peut
affiner 413 000 barils par jour. Husky opère la
raffinerie Toledo dans le nord-ouest de l'Ohio, une entreprise commune
avec BPO qui transforme près de 160 000 barils par
jour, y compris le WCS. Exxon Mobil, qui est propriétaire
de 70 % d'Imperial Oil, possède des raffineries en
Illinois et en Louisiane qui
transforment du WCS. La raffinerie Pine Blend au Minnesota,
propriété de Koch Industries, affine près
de 265 000 barils par jour de pétrole provenant des
sables bitumineux. On dit que Koch a des biens fonciers massifs dans le
domaine des sables bitumineux.
Pendant des années, les Canadiens ont
été interpellés pour prendre position pour ou
contre les oléoducs, ce qui nie le droit des Canadiens et des
Premières Nations de décider. Les travailleurs du
pétrole et le mouvement ouvrier organisé ont lancé
l'appel à l'édification nationale, contre
l'édification d'empires. Plutôt que d'expédier le
bitume
brut, l'opposition ouvrière appelle à la valorisation,
à l'affinement et à la fabrication manufacturière
au Canada. Pour ce faire, il faut une entreprise publique qui
développe une économie à secteurs multiples et
subvenant à ses besoins qui comprend les programmes sociaux dont
les Canadiens ont besoin pour garantir leurs droits.
La classe ouvrière et
le peuple de l'Alberta ont
montré la porte aux conservateurs qui gouvernaient au nom des
oligarques, mais ceux-ci continuent de contrôler avec une main de
fer toutes les décisions touchant à ce qui doit
être produit et comment le produire. On a vraiment l'impression
de déjà vu alors que tous les yeux se tournent vers les
oléoducs tandis que tout l'ordre du jour de l'opposition
ouvrière est mis au rancart. La situation actuelle met en
lumière la nécessité non pas d'abandonner la
demande d'une nouvelle direction, mais que la classe ouvrière
s'organise elle-même pour occuper la place qui lui revient. En
tant que productrice de toute la richesse, la classe ouvrière a
le devoir d'investir le peuple du pouvoir de décider ce qui est
produit et comment il est produit.
La classe ouvrière a le devoir de défendre les droits
autochtones, et le droit et le devoir de veiller à ce que les
développements servent l'édification nationale du Canada
et le commerce à avantage réciproque.
On ne doit pas permettre que cette logique perverse des
monopoles divise la classe ouvrière et le peuple et les nations
autochtones. Les Premières Nations et le peuple de la
Colombie-Britannique sont préoccupés par les
déversements et exigent des études plus poussées
pour garantir que la capacité d'intervention en cas de
déversement soit
adéquate et protège le littoral et la pêche au
saumon. Lorsqu'il y a eu déversement de l'oléoduc
Keystone, l'élite politique et économique a
manipulé la situation. Plutôt que de discuter pourquoi le
déversement s'est produit et comment prévenir de tels
incidents, la réaction a été de demander une
amélioration de la capacité d'intervention et
d'assainissement pour l'oléoduc Trans Mountain. C'est une
attaque contre les travailleurs du Canada et l'intérêt
national. Ce n'est pas Trans Canada qui est mis sur la sellette pour
son irresponsabilité sociale pour son déversement et ses
conséquences, mais les demandes des Premières Nations et
des résidents de la Colombie-Britannique. On incite les
passions et on répand la désinformation pour
empêcher le peuple de discuter de ce qu'est le problème et
comment le résoudre. La situation requiert une
atmosphère calme où les gens peuvent
réfléchir au problème et trouver les moyens
d'exprimer la politique indépendante de la
classe ouvrière basée sur un projet
d'édification
nationale qui résout les problèmes en faveur du peuple
plutôt qu'en faveur des riches.
Note
1. Pour lire le rapport
intégral, cliquer
ici.
De la presse du Parti sur la direction de
l'économie
1996: Jean Chrétien à la tête des
commis voyageurs
Le gouvernement libéral et son chef Jean
Chrétien ont rassemblé un groupe de gens d'affaires pour
aller à la chasse aux investissements en Asie. Les médias
capitalistes monopolistes l'ont baptisé « l'Équipe
Canada » dans le but de tromper l'opinion publique. On a dit
que la mission de l'Équipe Canada était la recherche
d'emplois.
Le premier ministre Jean Chrétien (deuxième de la droite)
dirige la
mission commerciale d'Équipe Canada en Chine en 1994.
|
Toute la propagande faite à ce sujet visait
à masquer le fond du problème, à savoir : que
faut-il faire des capitaux excédentaires ? Devraient-ils
être investis au Canada pour permettre un développement
intégré et équilibré de l'économie
comme le ferait un État vraiment nationaliste et progressiste,
ou devraient-ils être envoyés là où
le taux de profit est le plus élevé ? Cela revient
à se servir du capital excédentaire pour intensifier
l'exploitation n'importe où dans le monde.
Le but de l'Équipe Canada et de Jean
Chrétien était d'explorer des zones où les
investissements seraient les plus rentables. Si Chrétien
s'intéressait vraiment à créer des emplois, il
interdirait à l'oligarchie financière d'exporter des
capitaux. Il la forcerait à investir au Canada et encouragerait
le commerce bilatéral entre tous les pays sur la base
de l'avantage réciproque.
Le gouvernement libéral de Jean Chrétien
est un gouvernement de l'oligarchie financière. Tous les paliers
de gouvernement déclarent que la pierre angulaire de la
prospérité au Canada est l'importation de capitaux et
l'offensive antisociale. Pour l'oligarchie financière, le
rôle du gouvernement est d'attirer au Canada des capitaux
étrangers en
faisant toutes sortes de concessions. Son rôle est
également de trouver et de fournir des marchés pour ses
capitaux excédentaires. Il doit aussi poursuivre l'offensive
antisociale. Cela signifie que le gouvernement doit se soumettre au
programme de l'oligarchie financière et protéger ses
intérêts au détriment du peuple. C'était
l'objectif de l'Équipe
Canada en Asie. Finalement, sur le plan de la politique
étrangère, le gouvernement Chrétien est un
partisan de la création d'un monde unipolaire sous la domination
de l'impérialisme américain.
La mission de l'Équipe Canada n'était pas
de trouver des débouchés pour créer des emplois au
Canada. C'était de faciliter le commerce et l'exportation de
capitaux dans les régions où les profits sont les plus
élevés. Avec le leitmotiv de la « mondialisation
de l'économie », le gouvernement libéral
espère que le Canada pourra s'emparer
d'une part du marché mondial. Mais il se trompe drôlement.
Une économie basée sur le commerce et les investissements
étrangers est une économie sans fondements nationaux, une
économie vouée à la catastrophe. Son réveil
sera brutal, car les peuples du monde commencent à combattre la
« mondialisation » et s'intéressent à
bâtir leur
propre économie. L'Équipe Canada n'est pas la seule
équipe de commis voyageurs capitalistes à parcourir le
monde. Les rivalités intermonopolistes et
interimpérialistes conduisent à un repartage du monde.
Le Canada est membre de l'OTAN, de NORAD et de l'ALÉNA. Il fait
donc partie du bloc impérialiste américain. Par ses
activités, il
deviendra un facteur de guerre impérialiste.
Négliger l'économie nationale en laissant
entrer les capitaux étrangers, en exportant les capitaux du pays
et en lançant une offensive antisociale, comme le fait le
gouvernement libéral, entraîne le pays vers le
désastre. La mission de l'Équipe Canada en Asie est un
autre pas dans cette perfidie.
2002: La «stratégie d'innovation du Canada
Atteindre l'excellence»
Le 12 février, le gouvernement du Canada a
lancé sa « stratégie d'innovation du
Canada » avec la publication de deux documents
intitulés : Atteindre l'excellence : Investir dans
les gens, le savoir et les possibilités et Le savoir,
clé de notre avenir : Le perfectionnement des
compétences au
Canada.
Selon un communiqué de presse d'Industrie
Canada : « C'est un pas de plus vers la réalisation
de l'engagement pris dans le discours du Trône de 2001
d'équiper les Canadiens des compétences et des
connaissances avancées dont ils auront besoin pour
prospérer et pour réaliser leur potentiel unique, et de
faire connaître le Canada
comme l'un des pays les plus innovateurs au monde. » Le
gouvernement prétend que la « stratégie
d'innovation du Canada repose sur le principe voulant que, dans
l'économie du savoir, la prospérité dépend
de l'innovation qui dépend, à son tour, des
investissements que nous faisons dans la créativité et
les talents de nos gens ».
« Voilà pourquoi nous devons non seulement
investir dans la technologie et l'innovation, mais aussi favoriser un
milieu inclusif, où tous les Canadiens sont
équipés des outils nécessaires pour participer
pleinement à la vie économique et sociale »,
affirme le gouvernement.
« Les documents proposent une série
d'objectifs et de jalons nationaux qui permettront de mesurer les
progrès accomplis au cours de la prochaine décennie. Nous
allons travailler en étroite collaboration avec les provinces et
les territoires, les entreprises, les syndicats, les universitaires,
les dirigeants autochtones, le secteur bénévole et
communautaire et les citoyens à élaborer la
stratégie d'innovation qui nous permettra d'atteindre nos
objectifs », dit le communiqué.
Le gouvernement annonce qu'il tiendra des consultations
dans toutes les régions du pays durant les prochains mois.
« Nous encourageons les Canadiens à lire les documents de
travail et à participer au processus de consultation, lit-on
dans le communiqué. Ils peuvent aussi visiter le site et
transmettre leurs commentaires en direct. »
Le même jour, dans un discours à la
Chambre de commerce du Canada, le ministre de l'Industrie Allan Rock a
présenté les grandes lignes de ce qu'il appelle «
une série d'objectifs nationaux destinés à rendre
l'économie canadienne plus concurrentielle, à
créer de l'emploi et à stimuler la croissance
économique dans les dix prochaines
années ». Selon le communiqué de presse,
« le ministre Rock a publié sa partie de la
Stratégie d'innovation du Canada dans un document
intitulé Atteindre l'excellence : investir dans les
gens, le savoir et les possibilités. »
Le ministre a clairement laissé savoir ce que
sera le but des consultations. « Le ministre Rock a invité
les chefs d'entreprise, les universitaires et le secteur public
à travailler en collaboration avec tous les paliers de
gouvernement afin de trouver des moyens de réaliser les
objectifs nationaux énoncés dans Atteindre
l'excellence »,
nous apprend le communiqué de presse. Autrement dit, il ne
s'agit pas de consultations pour discuter de voies vers l'avant pour le
Canada, mais d'une manœuvre pour créer une opinion publique
favorable à la braderie du Canada par les libéraux.
« Le moment est venu de passer à la vitesse
supérieure, d'amener les Canadiens à se surpasser en leur
proposant des objectifs ambitieux et de travailler ensemble pour les
réaliser, a déclaré le ministre. Le gouvernement
ne peut y parvenir seul. Nous devons nous appuyer sur le consensus
croissant qui se dessine parmi les gens d'affaires, les entrepreneurs,
les syndicats, les universitaires et tous les paliers de gouvernement,
à savoir que le succès futur
du Canada dépend de sa capacité d'innover dans tous les
secteurs de son économie et dans toutes ses
régions. » « Un sommet national se tiendra
à l'issue de ces rencontres, soit à l'automne 2002,
ce qui nous permettra de parachever notre stratégie et de la
traduire en mesures concrètes, a-t-il poursuivi. Je me
réjouis à l'avance des
solutions novatrices que nous trouverons pour atteindre ces objectifs
nationaux. Ensemble, nous pouvons faire du Canada un symbole de
l'excellence dans le monde. »
Le ministre a énoncé « des
objectifs, des cibles et des priorités fédérales
pour la prochaine décennie dans quatre domaines
clés », soit :
- de créer des
connaissances et de commercialiser les idées plus rapidement, et
de faire en sorte que tous les secteurs investissent davantage dans la
recherche-développement ;
- de veiller à ce
que, dans les années à venir, le Canada dispose d'assez
de personnes hautement qualifiées et possédant les
compétences nécessaires à une économie du
savoir dynamique ;
- de moderniser nos
politiques commerciales et réglementaires afin d'encourager et
de reconnaître l'investissement et l'excellence dans
l'innovation, tout en protégeant notre qualité de
vie ;
- d'encourager l'innovation
au niveau local afin que nos collectivités continuent
d'être des catalyseurs de l'investissement et des
possibilités. »
(LML 15 février 2002)
2016 : l'appel néolibéral à
donner une nouvelle image au Canada reprend du service
Le premier ministre Justin Trudeau s'est adressé
à la session d'ouverture du Forum économique mondial
(FEM) à Davos en Suisse le 20 janvier. Il a donné
une version recyclée de l'appel de l'ex-premier ministre Paul
Martin à l'oligarchie financière internationale à
« donner une nouvelle image au Canada », lequel avait
été un
échec. Au lieu que le Canada soit considéré comme
un « scieur de bois et un porteur d'eau », Trudeau
cherche à promouvoir les secteurs de haute technologie et les
ressources humaines du Canada, ce que l'ancien premier ministre Jean
Chrétien appelait « l'économie du
savoir ».
« Autrefois, le Canada était plutôt
connu pour ses ressources. Je veux maintenant que vous connaissiez les
Canadiens pour leur ingéniosité », a dit
Trudeau.
Le Canada regorge d'occasions fiables de faire des
profits, a-t-il dit. Si les ressources naturelles « sont
importantes », « les Canadiens savent toutefois que la
croissance et la prospérité ne tiennent pas seulement
à ce qui se trouve sous nos pieds, mais surtout à ce que
nous avons entre les oreilles ».
Il a dit que le Canada jouit d'un avantage
concurrentiel parce que la production de la valeur en éducation
et en santé est faite par le biais de l'infrastructure publique
et que les monopoles l'obtiennent sans frais.
« Nous avons une population diversifiée et
créative, des systèmes d'éducation et de
santé exceptionnels et une infrastructure de pointe. Nous avons
une stabilité sociale, une stabilité financière et
un gouvernement prêt à investir dans
l'avenir », a dit Trudeau.
Il a dit que les gouvernements doivent investir en
éducation, dans les infrastructures, en science, en innovation
et en recherche « tout en mettant en valeur l'innovation
dynamique qui caractérise le secteur privé ».
Trudeau a cité en particulier
l'Université de Waterloo et évoqué le grand nombre
de Canadiens qui travaillent dans la Silicon Valley ou pour des firmes
internationales. Il a dit que le Canada « possède la
diversité, la résilience, l'optimisme et la
confiance » pour tirer profit de la « prochaine
révolution industrielle » [...] C'est le
moment où jamais de vous tourner vers le Canada »,
a-t-il dit.
Les monopoles mondiaux, principalement
américains, ont démontré à maintes reprises
qu'ils ne sont pas prêts à permettre aux firmes
canadiennes de haute technologie de faire entrave à leur propre
édification d'empire. C'est pourtant aux mêmes monopoles
mondiaux qui ont détruit Nortel et d'autres comme lui que
Trudeau fait appel pour
qu'ils étendent leur emprise sur le Canada en mettant à
leur disposition « une population diversifiée et
créative, des systèmes d'éducation et de
santé exceptionnels et une infrastructure de pointe... une
stabilité sociale, une stabilité financière et un
gouvernement prêt à investir dans l'avenir ».
L'appel que Trudeau a lancé à
l'élite mondiale à Davos de s'intéresser au Canada
autrement que pour ses seules ressources véhiculait le
même vieux message à l'effet que l'économie et les
ressources naturelles et humaines du Canada sont à la
disposition des monopoles mondiaux. Il espère que cette offre
les amènera à « diversifier » le
Canada et à en faire un joueur dans « l'économie du
savoir ».
Certains pourraient qualifier le comportement de Trudeau
d'à-plat-ventrisme inconvenant devant de riches autocrates. Il
démontre le problème sérieux qui est posé
par le fait que le commerce international et les décisions sur
ce qui doit être produit et comment les ressources naturelles du
Canada doivent être utilisées sont dans les mains de
l'oligarchie financière internationale et des stratagèmes
d'investissement au service de leurs intérêts
privés et de l'édification d'empire. La
réalité est que le commerce international, le mouvement
de la richesse sociale et des travailleurs et le développement
sont en général dominés par les monopoles mondiaux
au moyen d'accords de libre-échange
multilatéraux et non par des États souverains qui
contrôlent leur économie et sont engagés dans
l'édification de la nation.
Un exemple en est l'accord de libre-échange du
Partenariat transpacifique qui est en préparation et qui
donnerait un accès et un contrôle virtuellement sans
limites aux monopoles mondiaux sur les ressources humaines et
naturelles du Canada, de même que sur la production des biens et
services incluant les services financiers et sur le marché
domestique. Qu'on pense aussi à l'Accord économique et
commercial global (AECG), l'accord de libre-échange entre le
Canada et l'Union européenne. À Davos, Trudeau a
fortement encouragé les États membres de l'UE à
signer l'AECG le plus tôt possible et il a dit que sa ministre du
Commerce international Chrystia Freeland était activement
engagée dans du lobbying auprès des Européens pour
qu'ils acceptent l'entente sans délai.
Le contrôle de l'économie par les
monopoles mondiaux signifie la négation du pouvoir souverain sur
l'économie au sein de chaque pays. Selon les
néolibéraux, abandonner le contrôle souverain de
l'économie aux monopoles mondiaux est la seule façon
d'amener les monopoles à investir au Canada et
conséquemment de faire croître
l'économie. La fausse prémisse est mise de l'avant
qu'un peuple peut s'engager dans l'édification
de la nation sans contrôler son économie. Une autre
affirmation erronée est celle voulant que l'accumulation de
richesse sociale à même la production nationale de biens
et de services ne peut pas suffire aux besoins en investissements de
l'économie. L'argumentation néolibérale ne dit
rien sur comment les intérêts privés étroits
des monopoles mondiaux qui prennent contrôle de l'économie
pour étendre leurs empires peuvent être harmonisés
avec l'intérêt public du peuple et ses droits et avec la
nécessité d'humaniser l'environnement social et naturel.
L'aspiration du peuple à l'édification de
la nation et son opposition au contrôle de ses affaires par
l'oligarchie financière internationale requièrent que les
producteurs véritables et les résidents d'un pays aient
en main le pouvoir politique d'exercer un contrôle
démocratique sur l'économie et le commerce international.
Sans le contrôle
démocratique de la prise de décision sur la direction de
l'économie, les intérêts privés
étroits des monopoles mondiaux sèment le chaos, ce qui
non
seulement laisse les problèmes politiques, sociaux,
économiques et environnementaux sans solution, mais les aggrave
tandis que les droits du peuple se font assaillir par le droit de
monopole.
Dans la lutte du peuple, le renouveau
démocratique est la priorité première qui permet
de construire une économie qui est stable, suffit à ses
besoins et est intégrée de manière consciente.
Cette économie, qui est contrôlée
par les vrais producteurs et les résidents, est au service de
l'intérêt public. S'appuyant sur ce fondement solide
d'appui sur soi, sur une production, un secteur manufacturier, des
programmes sociaux et des services publics qui assurent la satisfaction
des besoins du peuple et la sécurité alimentaire, le
commerce
international peut se faire sur une vaste échelle avec tous les
pays qui sont prêts à s'engager dans des échanges
pour l'avantage et le développement mutuels et sans
ingérence dans les affaires souveraines de l'autre.
Les résultats du commerce international des
marchandises du Canada pour les 11 premiers mois de 2015, les
plus récents qui sont disponibles, montrent un déficit
de 22,8 milliards $. Ces résultats démontrent
clairement à quel point est fallacieuse l'affirmation de Trudeau
que le libre-échange et le diktat des monopoles
sur la production canadienne des biens et services sur le
marché de gros, le commerce, la devise et les prix vont
résoudre les problèmes de l'économie canadienne.
Les intérêts privés étroits
des monopoles mondiaux dictent toutes les facettes du commerce depuis
les biens qui doivent être produits et échangés
jusqu'à la méthode de leur production et leur prix. Les
prix fluctuent considérablement, l'économie va de crise
en crise, la richesse sociale quitte l'économie et le pays, le
secteur manufacturier et la
sécurité alimentaire sont attaqués, le droit et
l'intérêt public sont niés et l'environnement
social et naturel est mis à mal.
L'économie et le commerce international du
Canada ont besoin d'une nouvelle direction qui est marquée par
le droit et le contrôle publics. Les Canadiens doivent
bâtir un pouvoir qui restreint le droit de monopole et le diktat
des monopoles mondiaux. Le pays a besoin d'une direction nouvelle au
service d'une économie qui subvient à ses
besoins et est intégrée consciemment et est sous le
contrôle démocratique des producteurs de fait et des
résidents. Le peuple peut et doit s'opposer à la
direction néolibérale de l'économie dans laquelle
le gouvernement Trudeau entraîne le Canada et à ses
promesses et à ses appels à l'oligarchie
financière internationale d'exploiter le trésor public du
Canada, l'infrastructure sociale et matérielle de même que
les ressources humaines et matérielles.
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