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Une situation était créée où quiconque se portait à la défense d'une cause juste, défendait la dignité d'un peuple, s'opposait au racisme ou à la guerre, était susceptible d'avoir une « défaillance psychologique », souvent jeté en prison pour raison de conscience, ou poussé à l'alcool, à la drogue, à la ruine, même à l'exil. On se souvient de la position fracassante de Mohammed Ali contre la guerre du Vietnam et du poing levé des champions de piste afro-américains aux Jeux olympiques de 1968 : ils se sont attiré la foudre. Les impérialistes ont mis un terme à la brillante carrière de Paul Robeson, du moins aux États-Unis, en le traduisant devant la Commission sur les activités anti-américaines en 1956, comme de nombreux autres qui évoluaient dans le milieu artistique et culturel. Ethel et Julius Rosenberg ont été exécutés à la suite de fausses accusations d'espionnage utilisées pour justifier les activités occultes des agences d'espionnage et les agressions ouvertes contre le peuple américain et contre les peuples du monde. Ceux qui étaient issus de la classe ouvrière ou de milieux progressistes subissaient la pression d'abandonner ou de renier leurs origines et leur conscience pour obtenir l'accès aux meilleures universités dans le monde impérialiste et devaient faire tous les compromis s'ils voulaient se faire accepter. La réalité de l'hypocrisie libérale anglo-américaine était exposée. Dans ce monde, vous pouviez être un communiste mais vous ne feriez pas carrière. Quiconque s'insurgeait contre cette proclamation était étiqueté de rebelle et jugé comme ayant des troubles de comportement. Demeurer un travailleur engagé à défendre la dignité et les droits de la classe ouvrière était présenté comme un échec, une personne dont l'opinion ne compte pas dans la société. Ceux qui acceptaient de se conformer aux demandes de l'impérialisme pouvaient devenir des chefs syndicaux à l'époque des clauses anticommunistes dans les statuts des syndicats. Les communistes étaient bannis des syndicats, sans parler des postes de direction. Notre camarade Rolf Gerstenberger qui est ici avec nous aujourd'hui a été le premier communiste connu à se faire élire à la présidence d'un syndicat industriel, en fait la plus grande section locale du syndicat des métallos en Amérique du Nord à l'époque. C'était en 2003. Toutes les tentatives de le démettre de ses fonctions ont échoué grâce à l'appui solide des travailleurs et le Syndicat international des Métallos a finalement été forcé de changer ses statuts à son congrès international suivant. À la base de toutes ces balivernes sur la fin de l'idéologie et de cet anticommunisme des années soixante se trouvaient les rapports de production, le mouvement de la société, la question de qui sont les producteurs de la richesse et qui devraient être les décideurs. Enfouie sous cette avalanche anticommuniste, il y a la réalité de la dignité du travail, si bien représentée dans les pages du Marxiste-Léniniste et de Forum ouvrier et dans la lutte des métallos, des travailleurs forestiers, des mineurs, les travailleurs du secteur public et d'autres secteurs. Dans cette société impérialiste moderne, le processus de production social a fait de la socialisation et de la coopération des moyens de production dans l'ensemble de l'économie la tâche stratégique la plus urgente. Cette tâche appartient au collectif des travailleurs agissant dans leurs propres intérêts et dans l'intérêt de la société et elle s'accomplit par la création de rapports de production modernes dans lesquels les véritables producteurs de la richesse assument le contrôle de la direction de l'économie. Ils s'assurent qu'elle serve le bien-être de tous et l'intérêt général de la société. C'est au grand mérite des Internationalistes et de Hardial Bains d'avoir ramené cette question au premier plan. Les impérialistes ont introduit leur corruption dans le mouvement ouvrier en appelant les travailleurs à lutter pour « une plus grande part du gâteau », à demander une redistribution des richesses tout en maintenant intacts les vieux rapports de production, la vieille société et son État. Le plus grand objectif de ces soi-disant socialistes était d'avoir ce qu'ils appellent une bonne vie de classe moyenne, ce qui veut dire une vie de soumission. En 1967, cette corruption s'était implantée dans le mouvement communiste et l'aurait conduit à sa liquidation si ce n'était de l'apparition d'un grand mouvement d'opposition. Plusieurs tendances négatives prenaient forme, allant du pur intellectualisme sur la « position juste » au simple alignement sur un centre comme Moscou, Belgrade, Beijing, l'Europe ou autre. La division dans le mouvement communiste et ouvrier international avait des conséquences pour tous ses contingents dans la mesure où elle faisait obstacle à l'unité dans l'action pour apporter des solutions aux problèmes de leur société et du monde. Nous avons vu quant à nous les stéréotypes s'imposer où chacun devait se définir non pas par ses actes, mais en fonction de ce que d'autres disaient. Une des accusations favorites était de blâmer les activistes qui, comme les Internationalistes, combattaient pour la démocratie et la justice plutôt que de blâmer l'État pour la violence et la répression policières. Pendant ce temps, il y avait une indifférence générale envers le sort des travailleurs ordinaires, les nations opprimées et leurs luttes, envers les jeunes et les étudiants et les difficultés auxquelles ils étaient confrontés. Les impérialistes ont propagé une culture dégénérée parmi les jeunes, de pair avec une « nouvelle gauche » qui se proclamait bruyamment « contre la société », « pour la révolution », « pour l'action révolutionnaire », mais sans aucune analyse sérieuse, sans bâtir quoi que ce soit, et en prêchant en fait les tendances culturelles bourgeoises les plus arriérées qui passaient pour progressistes. Ce sont les Internationalistes qui allaient exposer comme régressive cette pratique de prononcer des phrases révolutionnaires pour promouvoir une culture bourgeoise et qui allaient se battre pour rétablir le socialisme et le communisme comme objectif principal du mouvement. Il faut se rappeler que le monde était encore à l'époque dans une période de flux révolutionnaire et que la victoire sur le fascisme dominait encore les esprits. Les luttes de libération nationale contre l'impérialisme remportaient des victoires partout en Asie, en Afrique et en Amérique centrale et du sud, notamment avec la résistance héroïque du peuple vietnamien à l'agression américaine. L'impérialisme américain et ses alliés, dont le Canada, ne s'étaient pas encore remis d'avoir été forcés de signer un armistice en 1953 et d'avoir été défaits dans leurs tentatives de conquérir l'ensemble de la Corée. L'âpre rivalité entre le capitalisme et le socialisme s'est poursuivie au milieu de contradictions intenses entre les grandes puissances impérialistes. Bien que la classe ouvrière fût en grande partie paralysée par la division dans le mouvement communiste et ouvrier et par l'opportunisme sorti de cette division, elle n'a jamais renoncé à ses luttes pour ses droits. Les jeunes et les étudiants de toutes les classes et de toutes les couches sociales aspiraient à un monde nouveau et se sont mobilisés en grand nombre contre la guerre et en appui à des causes justes, comme le droit à l'éducation, les droits civils, nationaux et ouvriers. L'élite dominante du monde anglo-américain leur offrait des antihéros et des démagogues de toutes sortes pour qu'ils ne remettent pas en cause l'anticonscience dominante, mais malgré cela un grand nombre de jeunes conscients s'intéressaient à formuler une nouvelle base pour le développement de la société. Hardial Bains a défendu la conclusion du marxisme que la simple compréhension n'apporte pas la libération, que la conscience n'est pas libération. Le fait de savoir qu'il y a quelque chose de pourri dans ce monde mais d'en faire un simple objet de compréhension ou de mener l'action pour l'action, aussi bien intentionné soit-on, ne change rien. Les temps exigeaient plus que cela. Ils nous appelaient à aller plus loin, à aller de l'avant. Les Internationalistes ont répondu à cet appel d'aller de l'avant. Le camarade Bains souligne que le travail des Internationalistes n'a pas ses origines dans la parole écrite, mais dans l'insatisfaction face aux conditions de leur époque. Les militants étaient plongés dans les problèmes auxquels est confronté le monde. Ils ne se cachaient pas derrière une phrase et ne croyaient pas que des solutions pouvaient être trouvées sans s'appuyer sur leurs propres efforts. Il souligne qu'au départ les Internationalistes n'avaient pas d'idéologie particulière, mais reflétaient l'exaspération ressentie par les jeunes et les intellectuels à l'époque et le mécontentement des travailleurs face aux conditions existantes. Plus important encore, les Internationalistes ont rassemblé des personnes qui étaient avancées et des défenseurs des idées éclairées, ceux qui voulaient changer la situation et aller de l'avant.
L'organisation a débuté comme un groupe de discussion avec pour but explicite de créer un climat de discussion académique sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique, qui faisait défaut. L'atmosphère dominante était l'anticonscience, des opinions rigides contre l'investigation, des vues qui n'avaient pas de fondement dans la vie réelle et qui, en fait, entravaient le progrès de la vie. Les Internationalistes avaient un but limité et ont eu un départ modeste. Pas de grandes ou petites phrases tirées des livres ou d'idéologie particulière pour impressionner le monde. Leur idéologie, leur politique et leur culture ont pris forme dans le travail pour créer un climat de discussion académique et chercher la vérité pour servir le peuple. Leur idéologie, leur ligne politique, leur organisation et leur culture se sont renforcées dans le cours de leur développement, par le travail constant. Le camarade Bains dit que cela ne veut pas dire que les personnes engagées dans le travail n'avaient pas d'idéologie. Lui-même était communiste avec une histoire de militantisme politique qui remontait à la fin des années quarante, tandis que la plupart des autres étaient progressistes, bien que méfiants du communisme. Ce qui a rassemblé tout le monde, c'est leur inquiétude au sujet des conditions existantes, du système d'éducation et de la culture, et leur rejet du but de la société, de sa raison d'être. Hardial Bains dit que cette organisation était issue des conditions des années soixante, qu'elle avait un caractère de masse et n'avait pas d'idées préconçues à sa fondation. Elle s'est épanouie sur le terreau fertile de l'enthousiasme des travailleurs pour le changement et elle allait corroborer les conclusions tirées par Karl Marx un siècle auparavant. Cela ne s'est pas fait en lisant quelques conclusions de Marx et en les imposant à la situation d'une façon dogmatique ou religieuse. Non, les Internationalistes sont arrivés à ces conclusions eux-mêmes en utilisant les conclusions de Marx comme un guide d'action dans leur travail, en bâtissant une forme d'organisation conforme à son contenu et à son but qui était de trouver des solutions aux problèmes de l'époque. Ces découvertes dans l'ici présent par le travail et la politique pratique ont garanti l'indépendance des Internationalistes à la fois en tant qu'organisation et pour ce qui est de sa pensée. Cela est devenu l'ingrédient clé pour acquérir la capacité de s'orienter dans les situations les plus complexes et difficiles. Le but ultime était le socialisme et le communisme, qui a été proclamé au monde avec la fondation du PCC(M-L) en 1970. Le parti communiste existant avait trahi ce but en 1952 quand il a adhéré à la ligne de l'exceptionnalisme américain promue par Earl Browder, le dirigeant communiste aux États-Unis. L'exceptionnalisme déclare que l'État au Canada et aux États-Unis est démocratique et au service de toutes les classes sociales, et que le but des communistes au niveau provincial est de livrer les travailleurs aux sociaux-démocrates et au niveau fédéral aux libéraux, plutôt que de développer leur propre politique indépendante fondée sur un objectif d'édification nationale. Nous, les jeunes de la génération des années soixante, écrit Hardial Bains, avons entrepris de nous donner conscience et organisation, en élaborant notre théorie et notre ligne à partir des conditions concrètes de l'époque, en s'appuyant toujours sur le militantisme des masses et en étant toujours à l'avant-garde du mouvement. Nous n'avons ni substitué notre militantisme au militantisme des masses, ni ne sommes restés à l'écart. Les Internationalistes ont adopté le principe du travail collectif et de la responsabilité individuelle, selon lequel chaque membre a le devoir non seulement d'appliquer les décisions prises, mais également de participer à la prise de ces décisions et d'établir l'ordre du jour du travail sur la base du plan d'action établi par le Parti pour la période. L'insistance que les membres doivent participer à la prise de décisions a été considérée non seulement comme un droit, mais comme un devoir. Cela a mis l'individu au centre de tous les développements et de l'organisation, comme un moyen d'atteindre des résultats, établissant ainsi un rapport dialectique vivant entre l'individu et le collectif, entre la forme et le contenu. Ce sont les conditions existantes qui ont fait que les Internationalistes étaient nécessaires. Ils ont été fondés pour résoudre les principaux problèmes de l'heure. Sinon, il n'y aurait pas eu de raison à leur existence ou d'explication pour leur succès et tous les succès ultérieurs des Internationalistes et du PCC(M-L). C'était le sol de l'humanité, les luttes de la classe ouvrière et d'autres, qui ont fourni la condition pour résoudre les problèmes de l'heure. Présenter les solutions nécessitait l'étude de ce sol de l'humanité avec la précision de la science, cela exigeait l'activité consciente de ceux qui défendent la classe ouvrière et les autres sections du peuple contre l'impérialisme. Hardial Bains nous enseigne que certaines choses naissent indépendamment de nous et que des choses naissent à cause de nous. C'est la dialectique vivante. Résoudre les principaux problèmes de l'heure a donné naissance au groupe de discussion qui a été établi à Dublin, en Irlande, sous la direction du camarade Bains en 1965, puis au programme d'étude Nécessité de Changement en février et mars 1967, et à la Conférence Nécessité de Changement à Londres, en Angleterre, en août 1967. L'époque exigeait une idéologie inspirée par le désir de changement et guidée par la science du marxisme-léninisme avec un objectif politique pour que la classe ouvrière remplisse sa mission d'émancipatrice de toute l'humanité. L'époque exigeait de créer une organisation, l'avant-garde de la classe ouvrière, avec le centralisme démocratique comme forme, fondée sur le travail conscient. Sans résoudre ce problème majeur de l'heure, aucun progrès n'aurait été accompli dans la résolution de la question stratégique principale, la mobilisation de la classe ouvrière et d'autres couches pour ouvrir la voie du progrès de la société. L'analyse Nécessité de Changement a été l'arme pour lever le voile de l'anticonscience qui bloquait le progrès. Hardial Bains dit que les Internationalistes attiraient irrésistiblement tous ceux et celles qui songeaient à prendre la décision de rejoindre les marxistes-léninistes révolutionnaires. Ils semblaient n'attendre rien d'autre que cela. C'était comme la solution mère qui se cristallise dès qu'elle se fusionne à l'élément manquant, et voilà - tout est cristallisé. Je peux le confirmer, car j'étais une de ces personnes qui faisaient face au choix d'être ou de ne pas être cristallisé. Ceux qui s'intéressaient à formuler une nouvelle base pour la société et qui sont entrés en contact avec les Internationalistes ont fait face à un choix. Le choix était de soit lever le voile, de percer l'anticonscience qui dominait et de participer consciemment à l'acte de découvrir, de lutter pour les intérêts de la classe ouvrière, d'adhérer à la conception scientifique, et surtout d'entreprendre le travail collectif conscient de bâtir l'instrument de la classe, son avant-garde, le Parti marxiste-léniniste, soit rester là où l'on était, conscient de la putréfaction de la société, en protestant peut-être, en se plaignant et en décrivant combien la situation est mauvaise, mais en attendant que quelqu'un d'autre apporte une solution au problème, bref en restant l'esclave des conditions. Le camarade Bains dit que le chemin parcouru pendant les cinq années menant à la réorganisation des Internationalistes comme organisation marxiste-léniniste en 1968 a été le bilan d'une période transformée en une véritable avancée dans tous les sens du mot. Les deux années suivantes ont été des jours de vérité pour tous ceux et celles qui étaient actifs dans les années soixante. Les militants gravitaient vers les Internationalistes, vers la classe ouvrière. Cette gravitation présentait un moment crucial pour fonder le Parti en 1970. Un mot d'ordre des Internationalistes était que la participation consciente au travail, l'action avec l'analyse, le travail conscient avec un plan et un but, pour former la personnalité nécessaire nouvelle pour faire la révolution, avait un effet transformateur. Le meilleur exemple d'une telle nouvelle personnalité est la personne de Hardial Bains. Ces jours d'aujourd'hui sont aussi une période de vérité. Tous ceux qui sont actifs veulent savoir vers où aller, ce qu'il faut faire, comment être efficace pour réaliser le changement social nécessaire pour défendre les droits de toutes et de tous, droits qui leur appartiennent à cause de leur humanité. Alors que nous célébrons le 50e anniversaire de la Conférence Nécessité de Changement, le 100e anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre et les nombreux autres jalons de la naissance du nouveau, nous avons le devoir de faire face aux conditions actuelles, aux problèmes qui exigent une solution aujourd'hui, auxquels nous sommes appelés à apporter une réponse aujourd'hui. Nous avons le devoir d'apporter des réponses et des solutions aux problèmes d'aujourd'hui. La génération des années
quatre-vingt-dix
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Après la conclusion de la Conférence Nécessité de Changement à Londres qui a adopté l'analyse Nécessité de Changement, la fondation de cet institut a été l'un des premiers actes jugés nécessaires, de pair et avec la réorganisation des Internationalistes en tant que mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants. La logique était qu'une fois l'analyse adoptée, deux choses étaient nécessaires. La première était une organisation marxiste-léniniste disciplinée pour en diriger sa mise en oeuvre, pour organiser l'unité dans l'action du peuple et mettre en oeuvre les plans d'action qu'il se donnait lui-même en analysant les conditions concrètes dans lesquelles il se trouve à chaque instant. La deuxième était le travail soutenu pour enquêter les conditions concrètes, mener la lutte idéologique et faire le travail théorique nécessaire pour ouvrir la voie du progrès de la société.
Le principe directeur de l'Institut idéologique était de chercher la vérité et de la mettre à la disposition du peuple. Son but était d'étudier tous les aspects de la lutte pour la production, de la lutte de classe et de l'expérimentation scientifique sans crainte ni idées préconçues. Les camarades se sont efforcés de diffuser l'enquête activement dans tous ses aspects aussi largement que possible, dans le seul but d'élargir et d'approfondir la conscience politique des travailleurs et des opprimés pour vaincre l'impérialisme et toutes les formes de réaction.
Selon ses statuts, la méthode d'opération de l'Institut était la suivante :
Dans toutes ses opérations, l'Institut idéologique dépendra uniquement du peuple et sollicitera donc sa pleine coopération en s'alignant sur lui. À cette fin, il s'efforcera de développer une ligne de masse, par les investigations de masse, les discussions de masse et les agitations de masse. L'Institut idéologique doit contrer la croissance des tendances individualistes et idéalistes en bannissant l'appui sur les « experts », « l'empirisme étroit » et les « idéologues étroits d'esprit ».
Aujourd'hui, j'ai l'honneur de vous informer qu'en mai
de cette année, à l'occasion de l'anniversaire de la
réorganisation des Internationalistes en tant que mouvement
marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants et de
la création de l'Institut des études idéologiques
Nécessité de Changement, le Parti a confié la
préservation de l'oeuvre de
Hardial Bains et du Parti sous sa direction aux jeunes de ma
génération, la génération qui a atteint sa
maturité politique dans les années quatre-vingt-dix et
qui a repris le travail de la génération des
années soixante.
Nous avons constitué le Centre de ressources Hardial Bains en tant qu'organisme à but non lucratif chargé des archives qui contiennent l'oeuvre de Hardial Bains et du Parti sous sa direction depuis les années soixante. Les archives contiennent un ensemble de travaux très important auquel des milliers de personnes ont contribué. Notre objectif et notre honneur sont de mobiliser notre génération pour en faire l'héritière de ces archives et, comme guide à l'action, de les mettre à la disposition de tous ceux qui s'avancent pour s'attaquer aux conditions et aux problèmes actuels de la société et pour leur trouver des solutions.
Le Parti nous a confié la tâche de mettre ces ressources à la disposition des jeunes générations de manière à leur insuffler la Nécessité de Changement. Cela rappelle ce que nous a dit le camarade Bains en 1996 quand il nous a encouragés à établir le Projet d'organisation jeunesse. Soulignant que nous, les jeunes des années quatre-vingt-dix, reprenions le travail crucial de la jeunesse des années soixante, il nous a rappelé que « le passé n'a de beauté que s'il existe dans la forme du présent et la révolution n'a de pertinence que si elle trouve ses adhérents dans les générations successives ».
Dans cet esprit, nous sommes fiers de prendre en main le travail qui nous a été confié de faire en sorte que les archives du Centre d'études idéologiques et le travail du Parti associé au nom de Hardial Bains soient à jour et disponibles. Nous vous invitons tous à nous aider dans cette entreprise. Avec votre expérience à affronter les tempêtes révolutionnaires, vous pouvez nous aider à mieux comprendre comment le passé informe le présent comme un guide à l'action, pour surmonter les problèmes du présent, tirer les conclusions qui s'imposent et trouver des solutions. Cela comprend aussi l'aide financière afin que nous puissions nous entraîner nous-mêmes et entraîner d'autres jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour mener à bien ce travail.
Nous avons déjà appris plusieurs choses que nous devons prendre au sérieux. Par exemple, saviez-vous que le camarade Bains a introduit un système de catalogage qui est une rupture complète avec la classification Dewey et le système de classification de la Library of Congress ? C'est un système qui milite contre la méthode pragmatique de la classification par disciplines académiques. Il favorise un système fondé sur l'objectivité de l'examen. Il exige l'activation du facteur humain/conscience sociale pour établir un point de référence basé sur le travail entrepris à un moment donné, tel que fixé par le Parti et les institutions de la classe ouvrière pour atteindre des buts précis.
Comme cadre de référence, le système de catalogage du camarade Bains maintient le lien entre le travail entrepris à tout moment et le programme établi par le Parti. Pour cela il faut identifier les problèmes à résoudre et les préoccupations du Parti et de la classe dans leur moment dans l'histoire. Cela contribue à former une conception du monde en opposition à la spontanéité et à la désinformation. L'utilisation de ce système de catalogage est en soi un enseignement sur le rapport entre la forme et le contenu, comment l'un se transforme en l'autre et comment l'abandon de l'un conduit à l'abandon de l'autre.
Le travail du Centre de ressources Hardial Bains est un défi qui commence avec la préparation sérieuse des conditions pour assurer son succès. Nous avons commencé modestement en préparant des brochures contenant des articles et documents tirés des archives pour aider les camarades à préparer le 50e anniversaire de l'adoption de l'analyse Nécessité de Changement.
Je terminerai en répétant les paroles de Hardial Bains lorsque lui et ses camarades ont lancé l'Institut des études idéologiques Nécessité de Changement à l'Université Sir George Williams à Montréal en mai 1968 :
« Joignez-vous à l'Institut idéologique et participez au développement du nouveau monde. Le vieux monde est décadent. Par des activités révolutionnaires, le temps est venu où les anciennes structures en ruine seront finalement détruites par les travailleurs et les opprimés. »
Merci. Salut rouge au camarade Bains !
[...] Dans notre travail théorique, notre fidélité est envers l'ensemble des rapports humains et ce que révèlent ces rapports indispensables, surtout la nécessité du pouvoir politique. Nous étudions les choses en soi et dans leurs rapports, comme Lénine nous a enseigné à le faire. Nous portons attention à l'objectivité de l'examen et nous nous assurons de nous en tenir à la méthode du matérialisme dialectique et historique.
Dans le travail politique, il faut en tout temps tenir compte de la stratégie et de la tactique de la révolution. Comment unir le peuple dans l'action durant une période de flux révolutionnaire est très différent de comment unir le peuple dans l'action durant une période de repli de la révolution, comme c'est le cas aujourd'hui. Dans les deux cas, il est crucial de déterminer quelles sont les forces sociales qui sont favorisées par le travail politique en les mobilisant autour d'un objectif précis.
Dans le travail politique, nous suivons la méthode d'unir les forces avancées, de mobiliser les couches moyennes et d'isoler les forces arriérées. Nous préservons l'unité du peuple comme la prunelle de nos yeux. Nous faisons tout en notre pouvoir pour défendre la dignité de la classe ouvrière, pour mettre fin à la marginalisation et à la criminalisation du peuple et à la criminalisation du facteur humain/conscience sociale. Et surtout, nous avons la responsabilité de diriger la classe ouvrière pour qu'elle se constitue en la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain. Nous ne pouvons le faire qu'en réglant les comptes avec la vieille conscience de la société et en apprenant à agir d'une façon nouvelle qui répond aux exigences de l'époque.
Cette conférence ne s'intéresse pas à l'aspect politique comme tel, elle se concentrera sur l'aspect théorique. [...]
Qui aujourd'hui n'est pas placé devant des choses inacceptables, comme les travailleurs devant le refus des employeurs de négocier les salaires et les conditions de travail et de reconnaître ce qui leur appartient de droit, comme les pensions ? Qui ne se retrouve pas laissé pour compte à cause de la rupture du contrat social qui fait que les pensions sont en péril, que la sécurité n'existe pas, que les travailleurs accidentés se voient refuser les indemnisations auxquelles ils ont droit et que les individus et les familles sont abandonnés à leur sort dans un monde qu'ils ne contrôlent pas, le tout sanctionné par les gouvernements, les tribunaux et les agences d'État ?
Qu'est-ce que cette « unité dans la diversité » qui criminalise les religions et les opinions politiques qui ne sont pas celles de la caste dominante ? Qu'est-ce que cette gouvernance qui élève des individus sans valeur à des fonctions dans les ministères et les institutions sociales par opportunisme politique et qui, ce faisant, a éliminé tout vestige d'une autorité publique à l'exception des pouvoirs de police ?
Combien de fois disons-nous : « Mais c'est impensable ! » quand nous voyons agir des gens comme le président Donald Trump ou quand nous voyons la dévastation causée par les guerres d'agression, d'occupation et de changement de régime, comme en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Libye, en Syrie, en Palestine et maintenant au Venezuela, au Brésil et dans d'autres pays ? Quel genre de civilisation impose des sanctions génocidaires brutales contre des pays plus petits comme Cuba et la République populaire démocratique de Corée, ou contre quiconque refuse de se soumettre aux impérialistes américains et aux oligarques financiers internationaux qui rivalisent pour le contrôle des marchés et des ressources naturelles, l'accès à une main-d'oeuvre à bon marché et qui luttent pour des sphères d'influence et des zones pour l'exportation de la richesse sociale qu'ils ont saisie sur ce que les travailleurs produisent ?
Pourquoi pensons-nous que les développements et la situation sont « impensables » ? Comment peuvent-ils être « impensables » quand c'est précisément la capacité de penser et la faculté d'abstraction qui font de nous des êtres humains, qui nous distinguent des autres espèces du monde animal ?
Pendant que nous sommes ainsi confrontés aux difficultés associées à comment penser et démêler ce qui se passe, nous sommes constamment bombardés par le mantra que le capitalisme est le développement suprême et le remède à tous les maux et que pour affronter les dangers qui menacent l'humanité il faut renforcer les pouvoirs de police qu'engendre la démocratie libérale capitaliste.
Cela se fait entre autres en accusant le communisme et la résistance à l'oppression de perturber le mode de vie idéal et ses valeurs universelles. Les théories sur les valeurs familiales, la vie familiale, la liberté individuelle et ainsi de suite viennent appuyer cette conception intéressée qui cultive le sentiment que cette vie idéale est ce qui est désirable et le but dans la vie et que la recherche d'une alternative est futile.
Pour paralyser le peuple, une vision du socialisme est proposée dans laquelle le socialisme n'est rien d'autre que la réalisation de cette notion idéale d'un mode de vie bourgeois qui serait le but, le désir et la motivation de tous les travailleurs et de tous les membres de la société. L'illusion est créée que si seulement la répartition de la richesse était équitable, si l'éducation et les services de santé étaient gratuits, si les pensions étaient assurées, si l'environnement n'était pas pollué, ce mode de vie idéal serait à la portée de tout le monde et tous vivraient heureux jusqu'à la fin de leurs jours.
Le but de ce dogme anticommuniste est d'empêcher les gens de faire enquête sur ce que la vie moderne devrait être et d'élaborer une ligne de marche pour le changement. Le dogme les prive d'une conception du monde et d'une façon de connaître les rapports humains et d'acquérir l'intelligence générale qui existe indépendamment de leur volonté. Comment cela est fait est une fonction très importante de l'État et de son autorité publique qui est très peu examinée. En privant le peuple d'une conception du monde et en le privant de sa perspective, ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force le privent du pouvoir politique et créent les conditions pour des tragédies encore plus grandes, tout en insistant que l'élite dominante et son système sont la seule solution.
Le peuple est confronté à une grave situation. Les pouvoirs publics qui sont censés apporter des solutions aux problèmes sont derrière les crises récurrentes et les guerres qui s'aggravent. Friedrich Engels, le grand collaborateur de Karl Marx, note que « la lutte des classes et la rivalité de conquêtes ont fait croître à tel point la force publique qu'elle menace de dévorer la société tout entière, et même l'État ».
Ce n'est pas seulement que l'État est gros ou mauvais mais qu'il se détruit lui-même, qu'il se dévore sans permettre d'alternative. Cette réalité est masquée par des conjectures théoriques de toutes sortes qui sont présentées de façon dogmatique comme la meilleure description du monde et de ses problèmes.
À l'opposé, l'analyse Nécessité de Changement, elle, voit la théorie comme un aperçu du monde, comme un guide pour découvrir ce que les relations et les conditions révèlent. L'analyse Nécessité de Changement est un guide pour connaître les rapports humains et les rapports des êtres humains avec la nature. Elle lève le voile et déchire le masque imposé.
Pourquoi lever le voile sur ces rapports est-il important ? La plupart des gens connaissent les problèmes généraux de notre temps et il y a des discussions sans fin à leur sujet : le danger d'une guerre mondiale, d'un holocauste nucléaire, la dégradation de l'environnement, l'appauvrissement massif, notamment la famine, l'insécurité et toutes les atteintes à la condition humaine que nous voyons tous les jours aux bulletins de nouvelles. Crucialement, tant que nous voyons les problèmes généraux comme étant simplement quelque chose qui nous affecte tous, nous n'examinerons jamais ce qui génère cette condition humaine générale. Comment la condition humaine générale concerne-t-elle et cible-t-elle les personnes en tant qu'individus et membres de collectifs ? Quelle est l'origine ou la source des individus et des collectifs, leur être social ?
Sans adopter une conception du monde qui permet de voir le général, l'ensemble des rapports humains, on ne peut pas démêler la question de l'intérêt général, l'intérêt collectif et l'intérêt individuel, sans parler d'harmoniser les intérêts individuels et collectifs et de les harmoniser avec les intérêts généraux de la société.
Sans adopter une conception qui permet de voir le général, on ne peut pas mener la bataille de la démocratie à une conclusion en faveur du peuple, pour l'investir du pouvoir politique, et qui ouvre la voie de la société.
D'abord présentée par Hardial Bains en 1967, l'analyse Nécessité de Changement est un appel à traduire les paroles en actes. Elle règle le problème de l'accès au pouvoir politique. Il est impossible de réaliser les transformations que la situation exige sans porter attention à cette analyse.
Le monde a besoin des forces productives humaines massives, des rapports humains modernes et de l'intelligence générale que ces forces productives créent. Ou bien ces forces productives sont libérées des limites étroites de la vieille société civile, ou bien ces terribles forces destructives vont continuer de déferler contre nous et le monde comme nous le voyons aujourd'hui.
Dans la perspective du vieux monde, l'attitude est de détruire les forces productives par les crises et la guerre, ce que Karl Marx a appelé les guerres universelles de destruction de masse et la famine. Nous voyons aujourd'hui l'anéantissement de nations et de peuples entiers.
Dans la perspective du nouveau, il faut tenir compte des forces productives humaines massives, des rapports humains et de l'intelligence générale qu'ils créent et de les canaliser au service des intérêts du peuple.
L'analyse Nécessité de Changement résout en pratique le problème de l'épistémologie et de la philosophie, le rapport entre la conscience et l'être. Les gens ne veulent pas se faire dire à quel point ils sont attaqués, ils veulent s'engager et changer la situation. Comme Marx le disait, il ne s'agit pas de comprendre le monde mais de le transformer. Hardial Bains a présenté l'analyse Nécessité de Changement pour régler les comptes avec la vieille conscience de la société bourgeoise en s'assurant que les paroles et les actes ne fassent qu'un et que d'abord vient l'acte et ensuite la parole.
Le rejet de l'anticonscience mène à la prise de conscience des rapports qui existent entre les êtres humains et entre les humains et la nature.
En s'attaquant au problème de l'organisation et en remodelant notre conception du monde dans la pratique par nos actes, un lien est révélé entre comment organiser pour faire naître le nouveau et notre pensée, avec la façon dont nous voyons la situation et les conditions réelles, ce qu'il faut changer.
Le rêve et le désir d'une alternative au système social et aux vieux rapports qui existent se concrétisent pour ceux qui épousent ce rêve et qui dressent des plans d'action. Les plans d'action les mènent au-delà des actions individuelles éparpillées, qu'il s'agisse des actions de protestation, des grèves ou de toutes les tentatives de voir à ce que justice soit faite.
Il faut aller au-delà des actions individuelles éparpillées. Nous établissons un plan d'action, un programme, il faut se regrouper dans une action qui émerge des conditions générales actuelles. Cela permet l'unité d'action au-delà de toutes les luttes dans lesquelles le peuple est présentement engagé. Le nombre de participants au début n'est pas important, car il peut grossir si le rêve d'une alternative est capturé dans la forme organisationnelle et la conscience.
La conscience se développe à partir du rêve initial et du rejet de l'anticonscience et croît en quantité et en qualité. La conscience apporte la cohérence et devient à ce titre une force matérielle parmi le peuple, surtout lorsqu'elle assume une forme organisationnelle qui correspond aux conditions.
Ne pas adopter la conception du monde de la Nécessité de Changement et accepter l'anticonscience nous laisse à l'état de celui qui décrit une tragédie qui se déroule sous ses yeux : la personne qui se noie dans une rivière crie à ceux qui décrivent la situation sur la berge : « Je me noie et vous décrivez ma noyade et l'état de l'eau. »
« La société est assaillie par tous ces problèmes ; je me noie dans cette société avec tous ces problèmes et vous êtes là à décrire les problèmes. »
Me voici avec tous les problèmes et vous ne faites que les décrire plutôt que de m'aider. L'appel à l'aide de la personne qui se noie est futile et l'inquiétude des personnes sur la berge est inutile parce que les appels à l'aide ne suscitent que des descriptions de l'eau et de la noyade.
La personne qui se noie dans l'eau et celles sur la berge ont chacune leurs raisons de faire ce qu'elles font, du moins en apparence. Le problème est qu'elles sont toutes indifférentes les unes envers les autres. Bref, les lois de la nature dominent dans une situation où la conscience humaine est absente. Le problème n'est pas qu'il y a deux actions, celle de se noyer et celle de décrire. Non, le problème est qu'il n'y a pas d'espace commun pour que la volonté d'être résolve le problème, pour l'activation du facteur humain/conscience sociale. La personne dans l'eau et les personnes sur les berges sont détachées et disparaissent en rapport les unes aux autres. Il n'y a pas d'unité d'action. Il n'y a pas de « je » et d'ici-présent qui transcendent la situation de désespoir pour la changer.
Il faut surmonter le rapport dominant de la séparation entre la parole et l'acte.
Il faut un rapport d'unité qui s'établit par la destruction du rapport de séparation. Il faut créer un nouveau rapport en détruisant l'ancien système. Et ce rapport doit être infusé de la conscience. Cette conscience vient du rejet de l'anticonscience et de la prise de conscience du phénomène, de la conscience par le cerveau, de la conscience par l'expérience. Elle requiert l'objectivité de l'examen, l'examen doit passer par le phénomène. Le « je » est le phénomène avec sa participation consciente à l'acte de découvrir ; l'ici-présent est aussi le phénomène qui apparaît comme un moment instantané et qui ensuite disparaît.
Cette bataille de la démocratie, en menant sa conclusion de la lutte finale contre tout ce qui est vieux, dépassé et médiéval, doit reconnaître que le système de gouvernance actuel de la société civile ne permet pas de résoudre les problèmes. Au contraire, le système de gouvernance nie le besoin pressant d'examiner ce que le nouveau pourrait offrir.
La fin de la gouvernance basée sur la primauté du droit sur les personnes et les choses doit produire des arguments en faveur d'un système d'autogouvernance, de gouvernance du peuple, par le peuple et pour le peuple ; un pouvoir humain sur ce que Marx appelait la communauté de biens ; une société éclairée qui convient à tous ses membres.
Généralement parlant le problème que nous discutions est celui du cadre historique : ce qui se passe maintenant, pourquoi les choses vont comme elles vont et qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir -- maintenant et alors.
Le maintenant est devant nous, dans le moment présent, dans les circonstances présentes héritées du passé. Le maintenant, c'est aussi ce qui découle des circonstances qui existent présentement. C'est le conflit entre le passé et le présent, qui produit directement la situation actuelle.
Partant de la Nécessité de Changement, son analyse, ses enseignements, nous commençons par le fait qu'elle a été présentée au milieu de la guerre froide, en 1967, précisément à moitié chemin entre le début de la guerre froide à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la fin de la guerre froide, quand l'Union soviétique s'est effondrée. Nous la recevons aujourd'hui comme un concept en soi, qui sort du présent de 1967. Nous la recevons comme quelque chose qui a son propre mouvement historique indépendant de la volonté de quiconque aujourd'hui.
La nécessité de changement comprend nécessairement une façon de voir l'histoire dans laquelle elle évolue. Cet automouvement de l'histoire comprend l'ensemble de cette histoire et devient une façon de voir l'histoire, avec conséquence, continuité et cohérence. Le seul choix que nous avons en 2017 est ou bien de nous y intéresser, ou bien de ne pas en tenir compte. Comme pour tout produit de l'histoire, son existence n'est pas un choix. La reprendre aujourd'hui revient à accepter la nécessité d'un point de référence historique pour comprendre cette histoire.
Sans reprendre la Nécessité de Changement, nous ne pourrons pas faire la distinction entre ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas et nous ne serons pas en mesure de déterminer à quoi nous sommes fidèles : à une cause, une organisation, ou à l'ensemble des rapports humains et ce qu'ils révèlent, indépendamment de la volonté de quiconque.
Nous parlons d'une façon de regarder le monde. Pour prendre une image, songez à l'apocalypse qu'on invoque constamment, qu'à cause d'une guerre nucléaire mondiale ou des changements climatiques affectant toute la planète, ou encore à cause d'une famine planétaire, l'espèce humaine arrive à sa fin. On nous dit que nous, les êtres humains, sommes dans un bateau qui coule rapidement. Et nous crions à ceux qui sont sur la berge, ceux qui possèdent le capital et détiennent le contrôle et l'autorité, qui décident des règles du monde, nous leur crions que nous nous noyons et que vous êtes là à décrire l'eau. Ils pourraient donner une meilleure description et nous pourrions crier plus fort, mais le rapport demeure le même. Nous sommes une force passive et ce sont des choses extérieures à nous et à vous qui déterminent ce qui va se produire.
Le « je » égocentrique du présent, qui rejette la nécessité de changement et voit les choses et le phénomène à l'extérieur du mouvement historique, est incapable ou ne veut pas voir la nature des rapports . Il voit le présent et le passé comme deux choses séparées, en dehors du temps et de l'espace. Il cite l'emplacement, le lieu où cela s'est produit, ce qui n'est pas le temps et l'espace. Qu'y a-t-il entre ici et là ? Il voit tout comme une force extérieure à lui, il est une force passive ; nous nous noyons et il n'y a rien que nous puissions faire. Tout est le produit d'une force extérieure, pas d'un mouvement interne. Il n'y a pas de base pour le rapport entre les personnes d'ici et de là, ce qui veut dire qu'il n'y a aucune façon de saisir les contradictions inhérentes à toute chose en mouvement.
Les personnes sur le bateau qui coule crient à l'aide, nous sommes les 99 % et vous n'êtes que le 1 %. Elles répètent ce que le 1 % leur a déjà dit. Alors le 1 % répond : oui, nous sommes seulement 1 % mais nous sommes indispensables. Votre bateau coule par votre négligence. Auparavant, avant la Deuxième Guerre mondiale, nous possédions 50 % de toute la richesse du monde et maintenant nous n'en possédons que 20 %. Cela prouve que nous ne pouvons pas tout contrôler, que tout cela est trop gros pour être contrôlé, c'est une réalité inconcevable et nous n'avons pas de mot pour la décrire. Alors nous allons détruire ce que nous ne pouvons pas contrôler pour nous assurer que personne d'autre n'en prenne le contrôle. Et vous sur le bateau allez continuer de crier et de décrire la situation. C'est le point de vue du spectateur passif.
Le point est que voir le monde par le prisme du 1 % et du 99 % est la même chose que dire qu'une guerre importante va éclater d'un moment à l'autre parce que la richesse des États-Unis est en déclin. Nous ne regardons pas le monde dans son ensemble, l'ensemble des rapports humains, des rapports entre humains et entre humains et la nature. Nous regardons le monde en percentiles et sommes convaincus que c'est ce qui mène à l'action. Nous mesurons des quantités. Quelle part de la richesse avons-nous ? Est-ce assez ? Certains en ont-ils trop ? Cela cache les rapports qui existent réellement et ce qu'ils révèlent.
En 2017, la guerre froide et la division bipolaire du monde sont terminées, les conditions dans lesquelles la Nécessité de Changement a été affirmée n'existent plus. À la fin de la guerre froide, beaucoup comprenaient que c'est la crise des rapports sociaux et des forces productives qui avait mené à ce dénouement. Ils comprenaient que la période de la crise générale du capitalisme prenait fin et que s'ouvrait une période de repli de la révolution où nous assistons à l'institutionnalisation de l'omniprésente contre-révolution.
Mais tous n'étaient pas conscients de la destruction des forces productives humaines et du fait que la libération des énergies humaines requises pour faire avancer la société humaine était bloquée. Ce blocage est à la base du repli de la révolution et à la base de la contre-révolution. Beaucoup reconnaissent le déferlement des forces destructrices, mais très peu se rendent compte qu'une crise du capitalisme d'une ampleur encore plus grande est en préparation. Sans la conscience de cette réalité, il n'y a pas la conscience que les individus sont poussés à agir d'une façon nouvelle.
Sans reconnaître ce besoin d'agir d'une façon nouvelle, la conception du monde qui demeure en place, le point de référence du passé, du présent et du futur, appartient à un passé qui n'existe plus et à un futur qui ne s'est pas encore réalisé. La personne qui regarde le monde détermine où elle se trouve maintenant en partant d'un passé qui est mort et d'un futur qui ne s'est pas encore réalisé. Le « je » du présent, l'humain individuel, se définit en fonction d'un passé non existant et d'un futur non existant. Il est incapable de voir le présent qui a été hérité du passé indépendamment de la volonté de quiconque, c'est-à-dire toutes les formes de gouvernance, les structures, les arrangements, le vocabulaire, qui nous viennent du passé. Il n'est pas capable non plus de reconnaître le tout, l'ensemble, et le fait que tous les phénomènes viennent et passent. Autrement dit, il regarde le monde à l'extérieur du temps et de l'espace. L'espace est la condition de notre existence, le temps est maintenant, mais il ne voit que l'emplacement, le lieu physique : nous sommes ici dans le bateau qui coule et eux sont là à décrire l'eau. L'avenir sera donc forcément une utopie, un mot qui veut dire littéralement en dehors de l'espace, ou une dystopie, un lieu imaginaire où les choses ont très mal tourné, où il y a misère, oppression et terreur, une société imaginaire où les tendances sociales ou technologiques ont entraîné une détérioration radicale de la qualité de vie et des valeurs.
Étant donné tout cela, quelle compréhension peut-il y avoir du monde dans le moment présent, si la compréhension nous est présentée comme étant en dehors du temps et de l'espace, en dehors de ce que révèle le mouvement historique ? C'est une compréhension apocalyptique. L'ensemble de l'espace humain planétaire est dans une crise de proportions si immenses que l'existence de l'espèce humaine est remise en question. À cause de l'impérialisme mondial et parce que le monde accède à tous les désirs et besoins de l'impérialisme mondial, la conception du monde proposée est globale, par exemple un holocauste nucléaire global, une guerre terroriste globale, une famine globale. L'horreur est trop grande et impensable. L'horreur est constatée objectivement mais du côté subjectif il n'y a aucune perspective. Autrement dit, l'horreur est objectivement trop grande pour être conçue subjectivement.
La déduction de cette conception du monde globale est que les forces productives humaines, les humains qui créent collectivement toute la technologie qui produit cette situation -- la guerre nucléaire, les changements climatiques, etc. -- ces humains ne peuvent pas contrôler leurs propres créations. Il y aurait une rupture entre les forces productives créées par les humains et le produit de ces forces productives. Elles sont trop immenses à concevoir et trop immenses pour être contrôlées. La situation est inconcevable et ne peut pas passer par la pensée. La nécessité de changement et notre conception du monde rejettent cette façon de voir. La situation peut être conçue et les contradictions peuvent être résolues en faveur de l'humanité.
L'ensemble de l'histoire de l'humanité jusqu'à ce jour, de ce qu'on appelle l'espèce humaine, est basée sur l'ensemble des rapports entre les êtres humains et entre les êtres humains et la nature. La conclusion à tirer du fait que les choses créées par les humains sont inconcevables est que les humains en tant qu'espèce, l'ensemble de l'humanité, passé, présent et avenir, font face à l'extinction. L'espèce ne serait qu'une catégorie utilisée pour regrouper tous les individus. L'espèce fait face à l'extinction à cause de ce qu'elle a créé, mais l'espèce est incapable de concevoir ce qu'elle a créé. C'est absurde. L'espèce qui a créé l'histoire humaine, la société humaine, est vue comme une simple catégorie de la pensée et ne serait pas une population active.
La somme de tous les rapports qui n'ont jamais existé, toutes nos relations, seraient également inconcevables. Il est donc impossible de reconnaître que les rapports entre les humains et entre les humains et la nature, et non pas le leadership américain, non pas ceux qui sont en position de contrôle, sont l'élément indispensable. Tous les individus, tous les membres de cette espèce humaine, toutes les personnes sont indispensables, contrairement à ce que ceux qui dominent prétendent.
Tous les rapports de l'histoire naturelle et de l'histoire humaine se rompent et on nous dit qu'il n'y a pas de façon de concevoir ce qui se produit en ce moment. Quand on nous parle des changements climatiques mondiaux, de la guerre à la terreur mondiale, de la guerre nucléaire mondiale, mot mondial ou global est utilisé pour dire que c'est inconcevable. Étant donné que ceux qui prétendent au contrôle prétendent aussi que la situation est impensable ou inconcevable, la seule conclusion que nous puissions tirer est que nous avons besoin de notre propre pensée et de notre propre façon de voir le monde, d'un point de vue différent. Et ce point de vue différent vient de la pratique révolutionnaire, qui nous permettra de résoudre la situation à notre avantage, à l'avantage de la classe ouvrière et des peuples. L'ensemble des rapports est quelque chose d'immense, mais pas inconcevable.
Ce point de vue vient de la mise en pratique de l'appel La compréhension requiert un acte de participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir. La compréhension n'est pas basée sur le fait de participer ensemble d'une part à des actions, comme à des réunions par exemple, et d'étudier ce que la situation révèle d'autre part. Les individus isolés que nous sommes forcés d'être en l'absence du cadre historique participent à des actions ensemble et étudient ce qui se passe. Il y a une séparation, le facteur humain/conscience sociale est absent.
Tant que vous la voyez séparément, la société qui existe continue de se reproduire.
Les nombreuses façons de se réunir pour participer à l'action, pour étudier, les façons qu'ont les humains de s'unir, finissent avec un élément supérieur et un élément inférieur, l'un supérieur à l'autre. C'est cette séparation qui cause problème. Lorsque nous parlons des êtres humains, nous parlons de l' homo sapiens , non pas de l' homo d'une part et du sapiens de l'autre. Ce n'est pas homo plus sapiens . L'acte de participation consciente, l'acte de découvrir est un tout. C'est la même chose que pour le facteur humain/conscience sociale.
Les individus seraient face à d'autres individus de façon isolée, pas dans des rapports où chaque individu entre dans un rapport avec d'autres individus, des collectifs et l'ensemble de la nature et de l'humanité. L'ensemble de l'histoire de la planète, qu'on dit être arrivée à sa fin, est déchiré. L'histoire naturelle est séparée de l'histoire humaine. La preuve en est qu'il existe des armes nucléaires qui peuvent oblitérer toutes les forces productives humaines, qu'il existe une technologie qui va mettre fin à l'espèce humaine.
La compréhension requiert un acte de participation consciente, l'acte de découvrir est une façon de voir le monde. Ce n'est pas l'activité d'un groupe d'intérêts spéciaux quelconque. La nécessité de changement établit la base de la conception du monde, une façon de déterminer ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas. Si vous ne pouvez pas voir ce qui est pertinent ou pas, vous ne pouvez pas voir la nécessité. Vous ne pouvez pas voir ce que l'histoire révèle, cette révélation qui se fait sans intermédiaire, qui se fait indépendamment de notre volonté, sans révélateur.
L'ici-présent a trois éléments : le moment présent, l'ordre des choses et ce qui est hérité du passé. Il y a quelque chose qui est en train de naître directement, qui se révèle dans le présent, sans intermédiaire. Dans le présent il y a la structure, la qualité de ce que nous avons en contradiction avec elle-même. La mesure du temps. Toutes les structures dont nous parlons, la société dans laquelle nous vivons, sont constituées de ce qui est hérité du passé et d'un rapport entre les parties et l'ensemble, entre les individus et le collectif.
Notre fidélité n'est pas envers un percentile, le 99 %, mais à l'ensemble des rapports humains. La vie n'est pas arrangée en pourcentages, le 1 % contre le 99 %, le pourcentage du revenu, le pourcentage du contrôle de la richesse, la division de ce pourcentage et ainsi de suite. Il n'y a pas de mouvement historique dans cette façon de voir les choses. La fidélité est envers les rapports entre les humains et entre les humains et la nature et ce qu'ils révèlent, c'est-à-dire le nouveau qui veut naître. Ce n'est pas envers une cause ou un groupe d'intérêt. Nous devons être fidèles aux conditions réelles, pas aux idées.
Le point de référence de la nécessité de changement est un rapport, c'est une référence à l'ensemble des rapports, tous les rapports entre les individus et les collectifs et le général. Pour le « je » égocentrique, les choses peuvent être mises dans un ordre de préférence, de désirabilité. Lorsque nous disons que le « je » est une relation, nous pensons non pas seulement à une relation avec les choses et les phénomènes mais avec l'ensemble des rapports. L'ensemble de la classe ouvrière, par exemple, pas seulement ses parties.
L'obsession de l'apocalypse maintenant, le monde inconcevable, est pour nous priver d'une conception du monde. Nous priver d'une conception du monde est une forme de coercition, au même titre que les bombes et les matraques ou la corruption utilisée par ceux qui sont au pouvoir pour maintenir leur position. Nous avons besoin de notre propre conception du monde, de notre propre politique, de notre propre organisation. Nous avons besoin de nos propres concepts, comme notre conception de la démocratie.
La démocratie est un élément de la société de classes. Il y a les parties (tous les individus et tous les collectifs) en relation avec leur bien-être général. Du point de vue du « je » égocentrique, on ne voit jamais ce qui est général. Il comprend ce que veut dire être trop gros ou trop petit, comme quand on nous dit que certains monopoles sont « trop gros pour tomber », ou que le monde est trop grand pour être conçu. Mais il ne peut pas démêler les rapports entre les individus et les collectifs en relation avec le général. Un cartel ou une coalition peut concevoir ces rapports, comme c'est le cas aujourd'hui, mais cela crée une situation où le peuple est privé de pouvoir.
Il faut voir les conditions dans leur cadre général. Le général n'est pas seulement tout ce qui est ensemble. Il y a aussi la source, ce qui génère, et la prochaine génération -- ça c'est le général. Nous devons avoir des façons d'identifier la source, ce qui génère, et ce qui arrive à la prochaine génération, à la génération future. Il nous faut un moyen d'identifier la source, les forces productives humaines, le présent, la structure sociale d'aujourd'hui, et l'avenir. On ne peut pas placer tout cela en contexte sans la conception de la nécessité de changement.
Pour pouvoir être actif, le « je » est une relation, ce qui veut dire qu'il y a une source, le « je », et une cible, qu'elle est le cadre de référence. Nous l'établissons par l'acte de participation consciente, l'acte de découvrir, la coïncidence de la situation présente, du produit historique et de l'activité humaine. C'est le produit de tout cela qui définit notre espace et notre présent, l'affrontement entre le passé et le présent qui produit un futur indépendamment de la volonté de quiconque. Il n'y a pas de participation sans une organisation avec des membres. Le cadre de référence requiert des membres. Le « je » égocentrique n'en a pas. Avec des membres, l'identité se façonne par l'acte de participation et l'acte de découvrir. Ils doivent coïncider.
L'identité de la personne humaine se forme quand la personne humaine est membre d'une organisation humaine qui correspond aux conditions. Les circonstances sont les choses qui existent réellement et les choses contrefaites. Le réel est constitué du factuel et du contrefactuel. Vous ne pouvez pas vous-mêmes décider que ce que vous dites ce sont les faits alors que les autres disent des fausses nouvelles. Ou que voici le mensonge et voici le faux mensonge. Non, il faut être membre d'une organisation qui peut passer par l'acte de découvrir dans une situation historique donnée pour démêler ce qui est factuel et ce qui est contrefait, ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas . Ce qui est réel, c'est que toute chose et tout phénomène naît et passe. Les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons sont héritées du passé indépendamment de notre volonté. La nécessité de l'organisation, de membres et de la conscience ressort, parce que tous les rapports qui existent sont indépendants de notre volonté individuelle et d'autre part, il y a la classe dominante qui réclame la propriété, le contrôle, la position dominante à partir des rapports produits indépendamment de la volonté. Ceux qui réclament le contrôle ont la volonté. Nous sommes sans volonté. C'est la définition d'un esclave. Vous êtes forcé de faire ce que vous faites et vous ne pouvez pas affirmer votre volonté.
La volonté qui doit être affirmée a sa propre logique. Dire que « je me noie et vous ne faites que décrire l'eau » ou vouloir une meilleure description, dire les choses différemment, omet tout un aspect de la relation du « je ». Le contenu décisif de ce je-relation est de planter le drapeau et d'avancer à partir de ce point. La Nécessité de Changement a planté le drapeau en 1967 en tant que point de référence révolutionnaire. Le but n'était pas de mieux décrire le monde, elle avait sa propre logique qui peut être reprise du point de départ en 1967 à où elle en est aujourd'hui. Même cinquante ans plus tard, la nécessité de changement demeurera toujours un point de départ, le point d'origine.
L'analyse Nécessité de Changement a non seulement révolutionné la situation dans les années soixante, mais elle est demeurée essentielle au développement des forces subjectives de la révolution depuis. En témoignent les réalisations du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et des Internationalistes avant lui sur la base des conclusions de l'analyse Nécessité de Changement.
Nous pouvons certainement dire que notre succès le plus important est qu'en dépit de tout ce qui a été tenté pour nous éliminer et l'énorme perte éprouvée avec le décès du camarade Bains il y a vingt ans, nous sommes encore là.
Quelle est la raison pour laquelle nous sommes encore bien en vie, que nous développons nos forces et étendons notre influence ? Ce n'est certainement pas que nous sommes des génies. Nous ne souscrivons pas non plus aux théories selon lesquelles certaines personnes sont dotées de gênes qui leur donnent une clairvoyance spéciale et le pouvoir de prédire.
Ce qui caractérise notre Parti et nous garde sur la voie révolutionnaire est notre adhésion à l'analyse Nécessité de Changement. Ce qui continue de garantir notre vitalité est notre adhésion à l'action avec analyse où l'action et l'analyse ne font qu'un, c'est notre capacité de reconnaître l'espace commun qui existe dans la société où la volonté d'être peut résoudre les problèmes tels qu'ils se présentent.
Le Parti a entrepris d'éliminer toutes les vieilles considérations et les vieux arrangements qui bloquent la voie au progrès de la société. Il a lancé une Initiative historique pour garantir que l'édification nationale se fasse sur une base historique nouvelle qui active le facteur humain/conscience sociale. Pour diriger cette initiative, le Parti met en oeuvre un plan d'action pour transformer le Parti en un parti communiste de masse capable de diriger la classe ouvrière et les autres sections du peuple dans la réalisation des transformations sociales exigées par les conditions.
Le PCC(M-L) est un parti qui pense avec sa propre tête et se tient sur ses propres jambes. L'analyse Nécessité de Changement définit la refonte idéologique comme la clé du progrès ininterrompu et de la victoire de la révolution. En portant une attention première à la culture dans les formes idéologiques et sociales et à ce que les conditions matérielles révèlent dans l'ici et le présent, le PCC(M-L), à l'instar des Internationalistes avant lui, rejette la notion de politique révolutionnaire et culture bourgeoise qui réduit le marxisme à un dogme et où la pratique est noyée dans des phrases qui concilient avec l'impérialisme et étouffent la lutte de classe.
Cette conférence commence par regarder comment ces questions de vie ou de mort se présentent dans l'ici et le présent et comment le présent diffère du passé. Nous voulons que cette conférence nous révèle comment réfléchir à la situation, et mettre fin au dogme, et à la conception du monde qui activent le facteur antihumain/anticonscience abrutissant. Cette conception de l'ancien brise le mouvement politique du peuple pour s'investir du pouvoir. Sans une conception du nouveau et une façon de connaître les rapports humains et l'intelligence générale qui existent, tout le monde est forcé à abandonner parce qu'on n'arrive pas à s'en sortir, à perdre la raison dans l'insouciance ou à s'abandonner à des sentiments personnels, des haines et des désirs, à se livrer à des actes d'anarchie et de spontanéité et à se renfermer dans le chacun-pour-soi.
Notre Parti est déterminé à bâtir le nouveau. Hardial Bains dit :
« Les phénomènes sociaux sont
parfois comme les eaux d'une grande rivière retenues par le
barrage de l'histoire. Lorsque le barrage se rompt soudainement, ce
n'est pas l'histoire qui est ensevelie. Non, au contraire, la rupture
vient fomenter le sol de l'histoire, qui recommence à fleurir...
Ce sont les êtres humains qui font la différence,
c'est leur capacité à reconnaître et à
saisir la nécessité du changement, la
nécessité des transformations en profondeur
réclamées par l'histoire. »
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca