Numéro 43 - 28 octobre 2017
La réforme électorale
antidémocratique du
gouvernement Trudeau
Recours accru aux pouvoirs de police
au nom de la cybersécurité
- Anna Di
Carlo -
PDF
La réforme électorale antidémocratique du
gouvernement Trudeau
• Recours accru aux pouvoirs de police au nom
de la
cybersécurité - Anna Di Carlo
• La crise du système électoral
du Canada s'approfondit - Hilary LeBlanc
• L'« Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada» de
Facebook
• Le rapport du Commissariat à la
protection de la vie privée au sujet de la consultation en ligne
sur la réforme électorale - Enver Villamizar
Réforme du
financement électoral pour éliminer l'accès
préférentiel via les activités de financement
• Tentative de masquer comment l'oligarchie
financière opère
• Changements récents aux lois
électorales de l'Ontario - Laura Chesnik
Oeuvrer pour la paix
sur la péninsule coréenne
• Réponse
enthousiaste au lancement de
la pétition canadienne pour la paix et contre la guerre et
l'agression sur la péninsule coréenne
• Les patriotes coréens vivant à
l'étranger affirment la voie de la paix et de l'unification au
rassemblement de Moscou
Ne touchez pas
à
l'Iran !
• Exigeons des solutions politiques et non
militaires - Voice of Revolution
L'Espagne place la
Catalogne sous son autorité directe
• Appuyons le droit des Catalans de
décider de leur avenir! Non à la prise de contrôle
par le gouvernement Espagnol!
Vote à l'ONU
contre le blocus de Cuba par les États-Unis
• Actions le 1er novembre contre le blocus
tous azimuts
• Cuba publie son rapport annuel sur les
dommages causés par
le blocus - Granma
Le 100e anniversaire
de la Déclaration Balfour
• Palestine: nettoyage ethnique et
dépossession (extraits) - Dr Ismail Zayid
La réforme électorale
antidémocratique du gouvernement Trudeau
Recours accru aux pouvoirs de police au
nom de la cybersécurité
- Anna Di Carlo -
Le 19 octobre 2017, Facebook Canada a
lancé son « Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada » avec
laquelle
il se propose de protéger la démocratie canadienne. La
défense de l'« intégrité
électorale » est invoquée pour cacher les fins
antidémocratiques de cette initiative. On crée
l'illusion que le gouvernement Trudeau construit cet appareil
policier politique dans le but de contrôler les plateformes
numériques de médias sociaux. Il affirme qu'il y a
des
« acteurs malveillants » qui veulent empêcher
que les médias sociaux soient utilisés comme plateforme
du discours politique véritable et bloquer l'engagement civique
des citoyens
en répandant de « fausses nouvelles », la
« mésinformation » et la «
désinformation ». L'objectif est également de
camoufler que le rôle primordial de l'État, au service
duquel sont les libéraux, est de désinformer le corps
politique en le privant d'une conception du monde qui lui permet
d'exercer un jugement et de faire
avancer ses propres intérêts, et non ceux des riches.
Plus tôt cette année, les libéraux
ont ordonné au Centre de la sécurité des
communications (CST) d'intervenir dans le domaine électoral et
de s'y livrer à l'espionnage pour contrer « les
cyberattaques potentielles d'acteurs étrangers
malveillants ». Maintenant, les libéraux associent,
sous la direction du CST, des intérêts privés
à cette tâche
pour cibler non seulement les acteurs étrangers mais aussi les
« suspects intérieurs ». L'affirmation ironique
que l'espionnage et le ciblage des Canadiens ont pour but de
protéger la démocratie montre à quel point les
libéraux et ceux qui se livrent à ces activités
sont devenus cyniques.
Le système de
démocratie représentative a tellement marginalisé
les Canadiens que toutes ces mesures peuvent être mises en place
sans même qu'une loi soit adoptée. L'autorité
publique
d'Élections Canada, l'organisme indépendant responsable
de la conduite des élections, est remplacée par des
intérêts privés comme Facebook, Google et d'autres.
De
fait, Élections Canada était remarquablement absente lors
du lancement de l'« Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada » de
Facebook.
Quant au Parlement, il attend que la ministre des Institutions
démocratiques dépose un projet de loi sur la
réforme électorale qui, d'après le gouvernement, a
déjà été approuvée par les
Canadiens, qui pour lui son les consultants et les conseillers
politiques
privés des libéraux de connivence avec des
intérêts privés et les services de
sécurité.
Au niveau international, Facebook déploiera une
armée de quelque 4 000 censeurs pour surveiller les
comptes et les messages de Facebook et partagera sans aucun doute ces
informations avec les agences d'espionnage américaines et leurs
partenaires du Five Eyes (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande,
Royaume-Uni et États-Unis). Des
organismes à but non lucratif financés et
supervisés par Facebook et d'autres intérêts
privés sont mobilisés pour enseigner la «
littératie numérique » et comment devenir un
« citoyen engagé ». Au nom du droit de
conscience, on confère à l'élite dominante la
tâche d'établir les critères pour juger ce qui est
« un discours politique
authentique » et ce qui ne l'est pas. C'est d'un cynisme
inimaginable — c'est contraire à l'éthique, immoral, sans
principes, sans scrupules et indéfendable selon toute norme
moderne de conduite démocratique.
En attendant, la société
multimilliardaire
géante Facebook continue de suivre ses utilisateurs d'autres
façons et de faciliter le « micro-ciblage des
électeurs » par les machines électorales des
partis cartellisés. Pour ce qui est de la
cybersécurité, la pratique consistant à
transmettre la liste d'électeurs avec identificateurs uniques
d'Élections
Canada aux partis politiques se poursuit. Ces partis se sont
exemptés de se soumettre aux lois sur la protection des
renseignements
personnels et utilisent les listes électorales fournies par
Élections Canada pour construire leurs bases de données
et manipuler les intentions de vote de l'électorat.
Ces derniers
développements montrent que les bases de la création
d'élections de type État policier ont été
posées. Au
nom de la protection de la démocratie, de l'intérêt
national et de la sécurité de l'État, les services
de police détermineront ce qui constitue un discours politique
légitime. Mais ceux qui se chargent d'assurer le respect des
normes et
d'établir les critères sont en concurrence féroce
entre eux, tant à l'échelle nationale qu'internationale.
Qui sera à l'abri des soupçons et des doutes ? Il
n'y a pas que les forces d'opposition représentant les
intérêts des peuples qui seront criminalisées, les
partis cartellisés et les tiers intervenants dans les
élections le seront également s'ils
contestent le contrôle des intérêts privés.
Déjà les services de police à tous les niveaux,
les forces armées et les instances supranationales
internationales se battent pour le contrôle par des
intérêts privés qui rivalisent pour le
contrôle des économies et des États. Les mesures
actuelles du gouvernement Trudeau sont extrêmement
intéressées et il ne fait
aucun doute que cela se retournera contre lui ; les
libéraux eux-mêmes sont susceptibles de devenir victimes
de leurs propres mesures ainsi que les autres partis qui les
soutiennent.
Le but du gouvernement Trudeau, des services de
sécurité et des partis politiques du système de
partis cartellisés est donc de supprimer tout discours
politique et toute tentative du peuple de se donner le pouvoir. La
classe ouvrière et le peuple doivent combattre ces mesures en
avançant leur propre programme et en apportant des solutions aux
problèmes auxquels la société est
confrontée, en premier lieu le problème de savoir qui
décide et quel type de processus politique et électoral
est nécessaire pour habiliter les citoyens afin qu'ils
arrêtent la destruction de la société et de
l'économie.
La crise du système électoral du Canada
s'approfondit
- Hilary LeBlanc -
Les mesures que propose le gouvernement libéral
de Justin Trudeau pour « protéger la
démocratie » arrivent après plus d'un quart de
siècle d'opposition de l'élite dominante aux aspirations
du peuple à se donner le pouvoir, exprimé depuis plus
d'un quart de
siècle par le refus de procéder à des
réformes
qui garantiraient le droit à un vote éclairé. Pour
un vote éclairé, il faut une loi qui permette aux
électeurs de choisir leurs propres candidats et d'établir
leur propre ordre du jour dans le cadre d'un processus politique
financé par l'État. Au lieu de cela, le système de
cartel de
partis n'a cessé d'adopter des lois
intéressées qui augmentent l'intervention de
l'État dans les affaires politiques. Le
financement public des partis politiques est tel qu'aujourd'hui ceux-ci
sont devenus des institutions de l'État et ne sont plus
contrôlés par leurs membres. D'une part l'État
limite de plus en plus l'espace de la participation
des citoyens aux élections et qu'il contrôle le contenu,
d'autre part de nouvelles mesures sont prises pour dicter ce qu'est un
discours
politique légitime.
L'élite dominante
refuse de renouveler le processus démocratique pour s'assurer
que les citoyens et les résidents ne participent pas aux
décisions qui affectent leur vie et leur environnement social et
naturel ainsi qu'à la solution des questions centrales comme
celles de la guerre et la paix.
Nous avons atteint un point où le système
de démocratie représentative dominé par les partis
s'est épuisé. Il ne peut plus maintenir sa
légitimité et a recours aux pouvoirs de police pour
régir tous les aspects de la vie. Non seulement est-il
incapable à plus long terme de contenir les efforts du peuple
pour se donner le pouvoir mais il est
également incapable de contenir les pouvoirs policiers dans un
contexte de rivalités et de collusions parmi les
intérêts privés pour le contrôle du pouvoir.
L'anarchie et la violence prévalent lorsque les
conditions se détériorent et que la manipulation cynique
des positions de pouvoir est telle qu'on ne peut plus faire confiance
à rien ni personne. Non seulement l'économie a-t-elle
été remise à de puissants intérêts
privés agissant au niveau supranational, mais maintenant les
élections leur sont aussi
remises. Cela ne réglera pas la crise de
légitimité dans laquelle les cercles dominants se sont
embourbés. La destruction de la nation, un ordre du jour pour
payer les riches, les privatisations et les réductions des
programmes sociaux et des services publics, la destruction de tout ce
qui reste d'une autorité publique liée par un contrat
social n'ont lieu
que lorsque les monopoles et les cartels supranationaux usurpent le
pouvoir politique. Cela n'a rien à voir avec la
démocratie, mais vient confirmer que les vielles formes de ce
qu'on appelle la société civile sont finies et que les
nouvelles formes d'habilitation du peuple n'existent pas encore.
La prétention que la raison principale des
réformes démocratiques en ce moment est la défense
du système électoral contre les cyberattaques, en
particulier celles lancées par des « acteurs
malveillants » étrangers, est irrationnelle. Cela ne
sert qu'à justifier l'utilisation des services de police par
certaines factions de l'élite dominante contre
des rivaux. C'est ce que montrerait
l'élection américaine qui a porté Trump au pouvoir
et toutes les allégations au sujet de l'ingérence russe.
C'est une diversion pour s'assurer qu'il n'y ait pas de discussion sur
ce qui se passe réellement lorsque les mafias économiques
et politiques agissent en toute impunité au niveau international.
L'élite dominante est déterminée
à priver le peuple du droit de se gouverner lui-même. Plus
elle cherche à priver le peuple de sa voix, plus il luttera.
Plus il luttera, plus il a de chances de gagner.
L'«Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada» de
Facebook
Facebook Canada a annoncé le 19 octobre son
« Initiative de soutien à l'intégrité
électorale au Canada ». Cette initiative fait partie d'un
programme global de cette entreprise multinationale dont l'objectif
déclaré est de faire en sorte que Facebook «
demeure un
forum sûr et sécurisé pour le dialogue
authentique ». L'objectif spécifique de
l'initiative canadienne est que Facebook « soit un espace qui
favorise un engagement civique authentique à l'approche des
élections de 2019 ». Facebook affirme
que 23 millions de Canadiens utilisent la plateforme.
Kevin Chan, le chef des politiques
publiques de Facebook Canada et d'Instagram, a annoncé le
programme lors d'un dîner/table ronde sur « l'engagement
civique authentique » organisé par l'Economic Club of
Canada au Château Laurier Fermont le 19 octobre. L'orateur
principal de cet événement à 110 $ le
billet
était la ministre des Institutions démocratiques du
Canada Karine Gould. La ministre s'est ensuite jointe à la table
ronde dont Kevin Chan était le modérateur et qui
comprenait deux professionnels des médias sociaux, Mathew John,
directeur à l'éducation de MediaSmarts[1], et le professeur Anatoliy Gruzd,
directeur à la recherche de Social Media Lab.[2]
Après le discours de la ministre Gould qui a dit
que la cybersécurité est « au coeur de son
travail » et salué l'initiative de Facebook, Kevin
Chan a dévoilé les détails de l'Initiative de
soutien à l'intégrité électorale au Canada.
Il l'a
décrite comme une réponse directe à
l'évaluation du Centre de la sécurité des
télécommunications qu'une
cyberattaque contre les prochaines élections
fédérales au Canada est « une forte
probabilité ».[3]
Chan a publié une brochure Facebook
intitulée Guide d'hygiène informatique - Politiciens
et partis politiques et a annoncé que l'entreprise va se
joindre à MediaSmarts pour éduquer le public sur la
cybersécurité et la littératie numérique.
En plus, Facebook va offrir à tous les partis politiques et
politiciens un « programme de formation en
cyberhygiène » et va établir une «
adresse
courriel en cas de crise » leur
offrant un lien direct avec le département de
sécurité de Facebook pour résoudre tout cas de
bris de sécurité. Chan a aussi dit à l'auditoire
que Facebook va engager environ 4 000 personnes à
l'échelle mondiale pour surveiller les messages rapportés
ou repérés afin de détecter les « fausses
nouvelles » ou les comptes
illégitimes.
Dans ses remarques d'ouverture au dîner, Karina
Gould a décrit les médias sociaux comme un outil
important dans les mains des citoyens pour s'engager dans le processus
politique. « Les médias numériques nous donnent un
pouvoir », a-t-elle dit.
Elle a qualifié les
plateformes de médias sociaux comme Facebook de « nouveaux
arbitres de l'information » qui « ont la charge
importante de favoriser un discours public respectueux et
éclairé. Tout comme le gouvernement et les entreprises
privées ont la responsabilité publique de contribuer
à une saine démocratie, les plateformes de
médias sociaux doivent commencer à se voir comme des
partenaires qui participent à l'orientation du discours public
et à la protection de notre démocratie contre ceux qui
cherchent à lui nuire. L'enjeu de l'influence
étrangère et de la diffusion de faux renseignements n'est
pas un phénomène nouveau. Mais en cette ère
numérique, les joueurs
malveillants ont plus de moyens que jamais auparavant pour atteindre
leurs objectifs par une méthode rapide et en constante
évolution. Et à cet égard, je crois qu'il est
important pour les plateformes de médias sociaux d'examiner avec
un esprit critique leurs pratiques actuelles et la façon dont
ils peuvent créer des espaces consacrés à un
dialogue
public éclairé et à l'information que nous
consommons. Je suis heureuse de voir que Facebook et MediaSmarts font
un pas dans la bonne direction aujourd'hui en relevant les défis
de l'ère numérique et de la protection continue de notre
processus démocratique. Mais je tiens à
répéter que cette conversation ne s'arrête pas ici.
Il faut en faire
beaucoup plus, et il nous incombe de travailler tous ensemble pour
conserver notre résilience devant les cybermenaces auxquelles
notre démocratie est exposée. »
Gould a annoncé qu'elle entreprenait de revoir
à ce sujet la Loi électorale du Canada et la
question du resserrement des contrôles de dépenses des
partis politiques, des candidats et des tiers.
La politique corporative de Facebook sur les
élections
L'Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada fait suite
à la politique mise de l'avant par
le bureau chef de Facebook aux États-Unis et qui a
été rendue publique en avril dernier dans un document
intitulé Facebook et les opérations sur l'information.
On lit dans le document :
« ... Facebook en est maintenant rendu à
un moment crucial de son histoire. Notre mission est de donner aux gens
le pouvoir de partager notre monde et de le rendre plus ouvert et plus
connecté. Il est cependant important de reconnaître et de
prendre des mesures pour se prémunir des risques qui peuvent
surgir dans des communautés en ligne
comme la nôtre. Le fait est que ce n'est pas tout le monde qui
partage notre vision, et certains vont tenter de la saper, mais nous
sommes en position d'aider de façon constructive à
façonner l'écosystème émergent de
l'information en faisant en sorte que notre plateforme demeure un
environnement sûr et sécurisé d'engagement civique
authentique. »
Facebook définit ainsi les «
opérations sur l'information » : « des
actions entreprises par des acteurs organisés (gouvernementaux
et non gouvernementaux) pour déformer le sentiment politique
domestique ou étranger, le plus fréquemment pour obtenir
un résultat stratégique et/ou géopolitique. Ces
opérations peuvent avoir recours à
une combinaison de méthodes telles que les fausses nouvelles, la
désinformation ou des réseaux de faux comptes qui visent
à manipuler l'opinion publique (nous les appelons de 'faux
amplificateurs'). »
Selon Facebook, ceux qui mènent ces «
opérations sur l'information » ont des motifs
variés, lesquels peuvent correspondre à l'un ou l'autre
des « objectifs stratégiques » suivants :
« - Promouvoir ou dénigrer une cause ou
une question spécifique. C'est la manifestation la plus directe
des faux amplificateurs. Cela peut comprendre le recours à la
désinformation, aux mèmes, et/ou aux fausses nouvelles.
Il y a souvent un angle ou un sujet de dissension que les acteurs
exploitent et amplifient selon le marché ou la région qui
sont ciblés. Cela peut comprendre des thèmes concernant
des personnalités ou des partis politiques, des politiques
susceptibles de créer de la division, la religion, les
gouvernements nationaux, les nations et/ou les ethnicités, les
institutions ou des événements courants.
« Miner la confiance dans les institutions
politiques. Dans ce cas-ci, les opérateurs de faux comptes n'ont
pas nécessairement des thèmes spécifiques mais
cherchent plutôt à miner le statu quo des institutions
politiques ou de la société civile à un niveau
plus stratégique.
« Semer la confusion. Les directeurs des
réseaux de faux comptes peuvent avoir un objectif à plus
long terme ou embrouiller de façon
délibérée le discours civique et dresser des
factions rivales les unes contre les autres. Dans de nombreux cas, nous
avons identifié des acteurs malicieux sur Facebook qui, au moyen
de comptes non
authentiques, se sont engagés activement dans tout le spectre
politique avec l'intention apparente d'accroître les tensions
entre les supporters de ces groupes et de fracturer leur base de
supporters. »
La réponse des experts des médias sociaux
L'annonce de l'Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada a suscité
des
commentaires sur le rôle de Facebook et des médias sociaux
dans le processus démocratique. Dans un article paru le 21
octobre dans le Toronto Star, Sabrina Nanjii écrit que
« les experts en politique numérique demandent au
gouvernement de mettre
en oeuvre des 'politiques beaucoup plus sévères' contre
le piratage et la fausse information ».
Taylor Owen, professeur adjoint
spécialisé dans les médias numériques et
les affaires mondiales à l'Université de la
Colombie-Britannique, a dit au Star : «
L'économie et le fonctionnement de la plateforme [Facebook] sont
en contradiction avec notre capacité à gouverner nos
élections, et ce problème ne va pas être
réglé par la
littératie en fait de nouvelles. Nous pouvons uniquement
régler ce problème par le biais de politiques beaucoup
plus radicales de la part des gouvernements, pas de
Facebook. »
Dans une lettre d'opinion publiée le 20
octobre dans le Globe and Mail, Owen pose la question :
« Est-ce que Facebook constitue une menace pour la
démocratie ? » Il répond qu'« il
devient de plus en plus clair que la réponse est
oui ». Le produit qui est vendu par Facebook, dont les
revenus annuels
ont triplé depuis 2012 pour atteindre 27,6
milliards $ en 2016, écrit-il, est constitué de
« points de données qu'il capte chez chacun de ses
utilisateurs ». Il dit que « le modèle Facebook
a aussi encouragé l'utilisation des pièges à clics
de piètre qualité par rapport à de l'information
de haute qualité » et a permis
une « course vers le bas pour la surveillance des consommateurs
monétisée ».
L'auteur fait remarquer que la plateforme
Facebook facilite la publicité «
microciblée », la publicité
personnalisée et les fils de nouvelles qui sont choisis selon
les critères que fixent ceux qui achètent leurs services.
« Le filtrage, écrit-il, se fait par une série
d'algorithmes, lesquels, une fois combinés à des
données personnelles, mènent à
la livraison de la publicité à des auditoires très
spécifiques. Ce microciblage permet aux acheteurs de
définir les auditoires sur une base raciste, fanatique et
hautement
discriminatoire, parfois douteuse du point de vue juridique et n'ayant
aucun rapport avec la décence morale. »
Owen qualifie le système Facebook d' «
arme politique puissante », faisant référence
à l'ingérence alléguée de la Russie dans
les élections américaines qu'il dit avoir
été conçue pour « fomenter des divisions
dans la société américaine autour de questions
reliées à la race, à l'immigration et même
à la fracturation hydraulique ». Il
ajoute que « ce ne sont pas seulement des acteurs
étrangers » qui interviennent. « Bloomberg a
rapporté que dans les dernières semaines des
élections américaines, les employés de Facebook et
de Google ont collaboré avec des groupes activistes
extrémistes pour leur permettre de microcibler de la
publicité susceptible de semer la division chez des
électeurs d'États clés », explique-t-il.
Il écrit : « Lorsque Facebook met en
relation des agitateurs étrangers et des électeurs
américains microciblés, ou qu'il amplifie les
néonazis qui utilisent la plateforme pour planifier et organiser
le rassemblement de Charlottesville ou offre l'item 'comment
brûler les juifs' en tant que groupe d'acheteurs de
publicité généré
automatiquement, il accomplit en réalité ce pourquoi il
est conçu. Ce sont de cette définition et de ce concept
que
Facebook doit rendre des comptes publiquement. »
Owen écrit que la délibération sur
la politique du gouvernement sur l'utilisation de la publicité
politique fait défaut. « Au lieu de cela, écrit-il,
Facebook est imbriqué dans le fonctionnement du gouvernement,
dans le développement des politiques publiques et les campagnes
de partis politiques. Les décisions de politiques
récentes n'ont pas
touché à l'entreprise et on fait même appel
à l'entreprise pour résoudre les problèmes de
journalisme dont elle est elle-même la cause
principale ».
Selon Owen, le gouvernement adopte une « approche
de laissez-faire» et devrait plutôt « s'assurer de la
transparence complète de tout contenu payé de quelque
façon que ce soit qui est montré aux Canadiens pendant
une campagne électorale, comme on le fait avec les autres
médias. Il devrait exiger que soient dévoilées
toutes les données
financières, leur localisation et leurs cibles relatives
à ce contenu payé. Il devrait imposer de lourdes amendes
dans les cas où la fausse information et le discours haineux ne
sont pas enlevés rapidement. Il devrait faire en sorte que les
recherchistes indépendants aient accès aux données
de la plateforme plutôt que de s'appuyer sur les seules bonnes
intentions de Facebook. Les partis politiques et le gouvernement
pourraient même donner l'exemple d'un bon comportement en cessant
de dépenser des millions de dollars de notre argent pour de la
publicité microciblée de Facebook. »
« On ne peut pas s'attendre à ce que
Facebook adopte volontairement ou unilatéralement l'une ou
l'autre de ces options », écrit Owen qui ajoute, de
façon
sarcastique, espérons-le, que « nous avons des
gouvernements pour défendre l'intérêt
public ».
« En fait, les modestes efforts volontaires qui
ont été annoncés jeudi [le 19 octobre], qui
visent à mettre l'accent sur les utilisateurs par le biais
d'initiatives de littératie en ce qui a trait aux
nouvelles de même que sur les pirates au moyen d'une
meilleure sécurité, font fi du problème
structurel clé qui a miné les élections partout
dans le monde, soit le modèle d'affaires de Facebook. Les
efforts comme l'Initiative de soutien à
l'intégrité électorale au Canada
représentent un tournant dans l'opinion
publique vis-à-vis Facebook, dont on devrait se féliciter
si elle est poursuivie. Mais on doit la voir aussi comme l'action d'une
entreprise privée qui extrait des profits de plus en plus
grands d'un espace qui est de facto un espace public. »
Fenwick McKelvey, un professeur adjoint
d'information et de technologie à Concordia, a lui aussi remis
en question l'initiative et a dit qu'il n'est pas suffisante pour que
le problème soit résolu. Il dit au Toronto Star
que « s'appuyer sur ce citoyen omni-compétent pour savoir
si quelque chose est dit contre lui » ne va
pas marcher. « Cela ne s'attaque pas aux causes
systémiques, à la possibilité de rendre les
fausses nouvelles lucratives, ou aux problèmes de
responsabilité de leur système de ciblage de
publicité », dit-il.
Elizabeth Dubois, professeure adjointe à
l'Université d'Ottawa spécialisée dans «
l'engagement et la responsabilité démocratiques
numériques », rappelle la promesse de Facebook de
rendre « la publicité sombre moins opaque ». La
« publicité sombre » se réfère
notamment au microciblage d'annonces adressées à des
individus qu'on sélectionne en traquant leur comportement en
ligne et en liant cela à d'autres données à leur
sujet dont dispose l'auteur de la publicité. Les outils que
Facebook s'est engagé à fournir permettraient aux
récipiendaires de la publicité de trouver qui la leur
envoie et quelle autre publicité il publie. Lors du dîner
du 19 octobre,
Kevin Chan a dit que les utilisateurs de Facebook devraient pouvoir
voir qui a commandité la publicité qu'ils
reçoivent dans leur fil de nouvelles. Cette mesure est
censée être opérationnelle pour les
élections fédérales de 2019.
Selon le Star, les trois professeurs de
médias numérisés qu'il a interviewés
veulent que le mandat d'Élections Canada soit élargi afin
qu'il couvre entièrement les campagnes politiques
numérisées. Cela comprend « forcer les plateformes
à dévoiler toute l'information sur les annonces
microciblées affichées pendant la campagne :
où elles sont placées, qui les voit, qui les a
achetées et à quel prix ».
Ils ont également recommandé que le
registre des « appels robotisés » soit
étendu aux « bots sur les réseaux
sociaux ». Le registre a été
créé après le scandale des appels robotisés
de 2011 par lequel des électeurs étaient
envoyés aux mauvais bureaux de scrutin pour supprimer les votes
de ceux qui étaient connus comme des
supporters de partis et de candidats autres que les conservateurs.
Facebook est une des plateformes de médias
sociaux qui permettent une publicité qui cible un auditoire, y
compris par les partis politiques et les gouvernements. L'attrait
principal de son offre de publicité est qu'elle permet aux
annonceurs de cibler les gens en fonction de l'âge, de
l'occupation, des intérêts, des réseaux d'amis et
des pages sur
lesquelles les utilisateurs cliquent « aime » ou
« aime pas ».
Ruth Callaghan, stratège de l'information
numérique à la firme de relations publiques australienne
Cannings Purple, décrit les utilisateurs de Facebook comme
« une pièce absolument commercialisable ». Elle
affirme que peu importe les paramètres de vie privée
offerts, Facebook est propriétaire de toutes les données
sur les activités des
utilisateurs. « Le microciblage leur permet [aux partis
politiques] de comprendre où vous demeurez, ce que vous faites,
si vous êtes propriétaire de votre maison, si vous
êtes insatisfait du statu quo politique, si vous 'aimez' des
déclencheurs qui indiquent quel parti politique vous seriez
normalement porté à soutenir », dit-elle.
Selon elle, « après environ 10
'j'aime', Facebook peut faire un jugement sur votre sexe, votre
sexualité, si vous êtes conservateur ou avez des tendances
de gauche. Des centaines de 'j'aime' permettent à Facebook de
bâtir un profil assez détaillé. Il se peut que
Facebook en sache plus à votre sujet que vos parents, que votre
partenaire,
même plus que vous. » Elle écrit : «
Aujourd'hui, tout parti qui ne l'utilise pas ne fait pas son travail
correctement. »
Facebook défend sa pratique en disant que les
données utilisées dans la publicité sont anonymes
et ne sont pas liées au profil ou à l'identité
d'une personne en particulier, bref que ce ne sont « que des
métadonnées ».
Notes
1. Matthew John est directeur à
l'éducation chez MediaSmarts qui s'affiche comme le centre de la
littératie numérique et médiatique du Canada. Il
est l'auteur de plusieurs des leçons données par
MediaSmarts et de ressources interactives et un des dirigeants du
projet de recherche de MediaSmarts sur les jeunes
Canadiens dans un monde numérisé. En tant qu'expert
reconnu de la littératie numérique et de sa mise en
application dans les programmes d'enseignement canadiens, Matthew est
l'architecte de « Use, Understand, Create : Digital Literacy
Framework for Canadian K-12 Schools » de MediaSmarts visant
les élèves du primaire et du
secondaire. Il a fait partie d'un panel d'experts de la
Société canadienne de pédiatrie, du Ontario
Network of Child and Adolescent Inpatient Psychiatric Services et de
plusieurs autres organisations et a été conseiller dans
la préparation de programmes d'enseignement du ministre de
l'Éducation de l'Ontario.
2. Le Social Media Lab est un laboratoire de recherche
multi et interdisciplinaire à l'école d'administration
Ted Rogers de l'Université Ryerson à Toronto. Le
laboratoire étudie comment les médias sociaux changent la
façon dont les gens communiquent entre eux, disséminent
de l'information, font des affaires et
forment des communautés et l'impact que ces changements ont sur
les structures sociales, économiques et politiques de la
société moderne.
Il affirme que son expertise « est dans
l'étude de communautés en ligne et de réseaux
sociaux et dans la mise au point de nouveaux outils et de nouvelles
méthodes pour analyser et visualiser les données des
médias sociaux. Le grand objectif de nos initiatives de
recherche est d'offrir aux décideurs des connaissances
additionnelles et une
meilleure compréhension des comportements et des rapports des
membres des réseaux en ligne, et de comprendre comment ces
connections interpersonnelles influencent nos choix et nos actions
personnelles. »
3. Pour plus d'informaton, voir: « Le
Centre de la sécurité des
télécommunications fait une évaluation
inacceptable des cybermenaces », Anna Di Carlo, LML, 1er
juillet 2017
Le rapport du Commissariat à la protection
de la vie privée au sujet de la consultation
en ligne sur la réforme électorale
- Enver Villamizar -
Le 21 septembre, le commissaire à la
protection de la vie privée Daniel Therrien a émis son
rapport final au sujet de l'enquête menée par son bureau
sur le questionnaire en ligne MaDémocratie.ca du gouvernement
Trudeau.
C'est sur la base des résultats de cette consultation que le
premier ministre Trudeau a déclaré unilatéralement
que le gouvernement ne donnera pas suite à la promesse
d'instituer une réforme électorale et que l'enjeu
principal serait dorénavant la « défense de la
démocratie au Canada » contre des cybermenaces et des
cyberattaques russes. Le titre du rapport est « Le site Web
MaDémocratie.ca n'a pas été conçu dans un
souci de
protection de la vie privée » .
Selon le rapport, un
plaignant a soulevé que bien qu'on affirmait sur le site Web que
les réponses resteraient anonymes, on a eu recours sur le
même site au module de suivi de connexion « Facebook
Connect ». De tels systèmes de suivi de connexion
permettent à Facebook de surveiller l'activité d'un
utilisateur du web tant sur Facebook
qu'ailleurs et de recueillir de l'information sur ses activités
sur le web. Le gouvernement rejette l'allégation selon laquelle
il
partageait l'information des participants, cependant le commissaire
à la protection de la vie privée n'est pas satisfait de
cette réponse car il juge qu'il n'est pas clair si les
participants ont eu la possibilité d'accorder leur
consentement pour que leurs réponses soient remises à un
tiers tel Facebook. En fait, le commissaire conclut dans son rapport
que le site Web a en fait partagé les réponses des
participants ainsi que leurs résultats avec des tiers tels
Facebook, et que ceci a eu lieu avant même que les participants
aient pu donner ou refuser leur consentement à ce que
cette information soit partagée. Selon les conclusions du
rapport du Commissariat sur la protection de la vie privée et la
réponse du gouvernement, le problème serait la conception
du site Web et sa possible amélioration afin de limiter ou
d'éliminer la facilité avec laquelle l'information des
participants a pu être partagée avec des médias
sociaux
monopolisés comme Facebook et Google Analytics. D'où le
titre du rapport : « Le site Web MaDémocratie.ca n'a
pas
été conçu dans un souci de protection de la vie
privée ».
On passe sous silence l'objectif même de tout cet
exercice qui visait à imposer des nouvelles méthodes de
prise de décisions qui, espérait le gouvernement,
donneraient de la légitimité à la
démocratie
non représentative actuelle alors que le peuple réclame
le changement et exige d'avoir vraiment un mot à dire sur les
décisions qui affectent sa vie.
Le fait que les données et les résultats de la
consultation auprès des participants aient été
partagés démontre que l'objectif même de ces
méthodes est de partager des montants faramineux de
données avec des intérêts privés qui peuvent
ensuite les revendre aux partis politiques qui eux peuvent s'en servir
à toutes sortes de fins répréhensibles, y
compris empêcher les gens d'avoir une conception du monde qui
contribue à résoudre les problèmes avec lesquels
eux et la société sont aux prises.
La raison d'être de ces médias sociaux
monopolisés est de recueillir de telles informations et de les
vendre directement ou indirectement dans la mesure où leurs
systèmes informatiques servent à
micro-cibler les peuples du monde. Et voilà maintenant que le
gouvernement Trudeau confie à Facebook le rôle de «
protéger la démocratie canadienne » en
collaborant avec les agences d'espionnage canadiennes pour qu'elles
puissent s'ingérer dans les affaires des partis politiques,
cibler ceux qui n'acceptent pas les définitions
impérialistes
américaines de la démocratie et des droits humains.
Entretemps, ces mêmes monopoles privés et leurs
systèmes informatiques ont provoqué ce scandale qui
affecte le gouvernement Trudeau parce que celui-ci dépend de ces
mêmes monopoles pour gagner les élections en ciblant les
Canadiens pour la manipulation de masse.
Vox Pops Labs, la
compagnie qui a été le fournisseur exclusif à
obtenir le contrat pour cette consultation, a comme objectif de
recueillir des données qui servent à segmenter la
population pour que les partis politiques et les gouvernements puissent
mieux cibler sa conscience à des fins de manipulation et la
diriger vers de faux choix fixés par l'élite dominante et
ses
machines de marketing. L'essence même de cette démarche
est de forcer les Canadiens à « choisir »
exclusivement parmi les partis cartels par le biais de leur application
informatique Boussole électorale, ce qui en soit élimine
en partant tous les autres partis politiques officiellement
enregistrés qui participent aux élections, ce qui prive
le peuple d'un vote informé.
Le fait que la conception même du site Web a
permis de recueillir des données exacerbe la crise du
système cartel de partis. Cette méthode d'avoir recours
à des outils numériques pour imposer aux gens des choix
intéressés pour ensuite les «
encourager » à choisir celui
préféré par
ceux-là mêmes qui mènent la consultation repose
dans une très grande mesure sur le fait que les gens croient
qu'ils s'engagent dans un processus qui est à la fois anonyme et
non biaisé. Le fait que par sa consultation sur la
réforme électorale le gouvernement a partagé les
réponses de 243 057 participants avec des compagnies
comme
Facebook et Google Analytics exacerbe la crise de
crédibilité du gouvernement. Les tentatives de
légitimer cette nouvelle méthode feront en sorte de
décourager un
nombre encore plus grand de personnes de participer
à de telles consultations à l'avenir. Il s'agit d'un
véritable problème pour les élites dominantes
puisque la participation à ces
démarches n'est déjà pas très
élevée !
Une conclusion qui s'impose est que les Canadiens ont
besoin d'un processus politique qu'ils contrôlent et qui affirme
le droit de l'électorat de participer à fixer l'ordre du
jour de la société et d'harmoniser les
intérêts individuels avec ceux de la collectivité.
Les nouvelles méthodes du gouvernement visent uniquement
à légitimer la démocratie
non représentative telle qu'elle existe présentement au
Canada, celle-là même qui n'offre aucun rôle au
peuple dans les prises de décisions sur tout sujet important.
Les électeurs sont perçus comme des cibles pour la
cueillette de données qui servent à les réduire au
rôle de simples consommateurs. Ce n'est pas un dommage
collatéral, c'est l'objectif
principal de tout cet exercice et celui-ci doit être
rejeté.
Le sondage MaDemocratie
Entre le 1er et le 31 décembre,
l'entreprise privée Vox Pops Labs a mené un sondage en
ligne sur le site Web MaDemocracie.ca pour le compte du gouvernement du
Canada.[1] Raymond Rivet,
porte-parole du Bureau du Conseil privé, a indiqué que la
consultation avait coûté près
de 1,83 million $, un montant utilisé pour
expédier 14,8 millions de cartes postales faisant la
promotion du sondage en ligne à tous les ménages
canadiens, en plus du contrat initial de 330 000 $.
à Vox Pop Labs pour créer le site Web. Vox Pop Labs Inc.
est l'entreprise derrière le logiciel « Boussole
électorale », un instrument pseudo-scientifique qui
rassemble et classe des réponses à des questions
fallacieuses et indique aux utilisateurs pour quel parti
cartellisé voter et où ils se situent sur le soi-disant
spectre politique. Dans le sondage MaDemocratie, on n'a pas
demandé aux gens de choisir la réforme
particulière qu'ils préfèrent, ni
même de classer ces réformes. Au lieu de cela, les
participants ont classé par priorité leur niveau d'accord
avec un ensemble de « valeurs » ou de «
principes » qui a ensuite été utilisé
pour diviser les participants selon l'un des cinq archétypes
censés aider les Canadiens à « comprendre leurs
propres préférences en fait de
valeurs ». Les données ont été
utilisées d'une part pour montrer aux participants où se
situaient les lignes de démarcation arbitraires établies
par Vox Pop Labs. Elles sont également utilisées par le
gouvernement pour prétendre que les Canadiens sont
généralement satisfaits de la démocratie
canadienne.
La diapositive d'introduction de
l'enquête disait : « Lorsque vous répondez aux
questions, rappelez-vous qu'il n'y a pas de mauvaises réponses
et que vos réponses individuelles resteront toujours anonymes.
C'est une façon différente de consulter les Canadiens -
nous espérons que cela vous plaira et que vous apprendrez aussi
quelque
chose. »
À la fin de l'initiative,
environ 383 074 « utilisateurs uniques »
avaient complété MaDémocratie.ca. Parmi ceux qui
ont
été identifiés comme « utilisateurs
uniques » suite à l'utilisation de différentes
techniques pour essayer d'éliminer les répondants qui se
répétaient ou les répondants
non-humains, 243 057
ont rempli « des informations socio-démographiques
suffisantes » pour qu'elles soient considérées
comme utilisables pour les résultats de l'enquête qui ont
ensuite été présentés au gouvernement. Cela
représente environ 0,6 % de la population canadienne,
ce qui montre que le sondage ne représente absolument pas la
population
canadienne. Les « données suffisantes »
comprenaient des informations telles que le sexe, le code postal,
l'âge, le plus haut niveau de scolarité, le domaine de
travail, le revenu du ménage combiné, le niveau
d'intérêt pour la politique et certains groupes. Les
participants ont également été invités
à indiquer leur adresse courriel.
Les résultats ont été rendus
publics le 24 janvier. La ministre des Institutions
démocratiques, Karina Gould, a dit : « Le
gouvernement du Canada a lancé MaDémocratie.ca pour
engager le
plus de Canadiens possible dans la conversation nationale sur la
réforme électorale. »
« Je tiens à remercier les plus
de 360 000 personnes au Canada qui ont eu leur mot à
dire au sujet de la réforme électorale par le biais de
MaDémocratie.ca, en ligne ou par téléphone. Nous
sommes
reconnaissants que tant de personnes aient participé à
cette application interactive et novatrice pour nous aider à
bâtir une démocratie
plus forte et plus saine. Je tiens également à remercier
Vox Pop Labs pour son travail acharné dans la livraison de
MaDémocratie.ca et la présentation de ce rapport
final. », a-t-elle dit.
Extraits du rapport
L'enquête du commissaire a
déterminé que « la conception du site Web
MaDémocratie avait nécessité l'apport d'un tiers,
ce qui a occasionné la communication d'adresses IP et d'autres
caractéristiques de navigation à Facebook dès le
chargement de la page d'accueil, alors qu'il était possible pour
les participants d'effectuer un partage sur les
réseaux sociaux seulement après avoir répondu au
sondage. Nous sommes arrivés à la conclusion que cette
information aurait pu être associée à certaines
personnes, ce qui aurait constitué une communication de leurs
renseignements personnels. Or, on ne nous a pas démontré
que le Bureau du conseil privé (BCP) avait obtenu le
consentement des participants afin de
divulguer de tels renseignements. »
Dans son explication des détails, le rapport
souligne que « lors de l'examen de la version initiale du site
Web, nous avons constaté que certains renseignements
étaient communiqués à Facebook lorsqu'une personne
visitait le site MaDémocratie. Plus particulièrement,
nous avons constaté que l'adresse IP de l'utilisateur, les
caractéristiques du
navigateur et l'adresse URL du site MaDémocratie étaient
transmises à Facebook dès le chargement de la page
d'accueil du site MaDémocratie. »
« Nous avons également remarqué que
l'adresse URL unique des résultats affichés au terme du
sondage et le groupe du participant (profil-type) étaient aussi
transmis à Facebook, même si l'utilisateur n'avait pas
encore autorisé explicitement le partage sur les réseaux
sociaux. » [...]
« Lorsqu'une personne consultait le site Web
alors qu'elle était connectée simultanément
à Facebook, des renseignements permettant de l'identifier,
notamment l'ID d'utilisateur de Facebook, étaient
également partagés au moyen de témoins, ce qui
permettait d'associer tous les renseignements susmentionnés
à un utilisateur de Facebook.
« Nous estimons que, dans le cas des utilisateurs
qui étaient connectés à leur compte Facebook
pendant une visite du site Web, les renseignements transmis à
Facebook constituaient clairement des renseignements personnels
puisqu'il était possible de les associer à ces
utilisateurs et de les identifier au moyen de leur ID
Facebook. »
« Même dans le cas des utilisateurs qui
n'étaient pas connectés à Facebook, il y avait une
réelle possibilité que ces personnes puissent être
identifiées d'après les renseignements partagés
avec Facebook, notamment leur adresse IP, en particulier lorsqu'ils
sont combinés avec d'autres renseignements comme les
caractéristiques du navigateur et
les adresses URL des sites consultés par l'utilisateur ; ce
qui constitue donc des renseignements personnels. »
« Le partage de cette information était
effectué automatiquement lors de la visite de la page d'accueil
du site Web, y compris l'adresse IP, les caractéristiques du
navigateur et l'adresse URL du site MaDémocratie, et ce, avant
même que la personne puisse prendre connaissance des pratiques du
site Web et décider en toute connaissance de cause
si elle souhaite ou non interagir avec le site. »
« Notre examen a confirmé que certains
renseignements étaient également partagés avec
Google en raison de l'intégration du service Google Analytics.
Ce faisant, les caractéristiques du réseau, y compris
l'adresse IP et l'adresse URL de MaDémocratie, étaient
aussi transmises à Google. »[2]
Réponse du gouvernement Trudeau
Le gouvernement Trudeau, par l'entremise du Bureau du
Conseil privé, a déclaré essentiellement qu'il
n'avait rien fait de mal et qu'il n'y avait vraiment aucun moyen pour
le gouvernement ou Vox Pops de conclure un contrat à fournisseur
unique pour « suivre » les répondants.
Cependant, après l'enquête initiale et les
recommandations du bureau du commissaire après le lancement du
sondage, le gouvernement Trudeau a apporté un certain nombre de
changements censés répondre aux préoccupations
soulevées, notamment la clarification de sa politique de
confidentialité. Cependant, le commissaire a noté dans
son
rapport final qu'en ce qui concerne les modifications apportées
à la politique de confidentialité de l'enquête, les
gens croyaient que leurs données resteraient anonymes et ne
seraient pas partagées avec des tiers : « Le BCP a
modifié la politique de confidentialité du site Web de
façon à indiquer clairement la présence de
composants de
tiers ; toutefois, on ne nous a pas démontré que cet
avis, même modifié, aurait été suffisant
pour obtenir un consentement valable des utilisateurs à
divulguer cette information. »
Le rapport décrit comment le gouvernement a agi
dans un cas en particulier et souligne le refus du gouvernement de
traiter de la
question : «
Le BCP a précisé que les personnes désirant ouvrir
un compte sur Facebook doivent accepter les conditions d'utilisation de
Facebook. Ce faisant, les utilisateurs acceptent
non seulement que Facebook recueille les données de leur
navigateur pendant que leur session est ouverte, mais aussi que
Facebook ait accès aux données sauvegardées dans
leur navigateur quand leur session est fermée. Si un utilisateur
ne souhaite pas communiquer à Facebook ses activités sur
Internet et ses renseignements personnels, il dispose
de diverses options, par exemple utiliser un mode de navigation
privée, consulter des sites Web à partir d'un ordinateur
(et d'une adresse IP) qu'il n'utilise pas pour se connecter à
Facebook, supprimer les données de son navigateur avant de se
connecter à Facebook, ou encore supprimer son compte
Facebook. »
Notes
1. Voir: Un an du
pouvoir libéral : Le gouvernement s'apprête à
lancer une nouvelle consultation en ligne sur la réforme
électorale, Le Marxiste-Léniniste,
Numéro 138 - 12 novembre 2016
2. Pour lire le rapport complet, cliquer
ici .
Réforme du financement
électoral pour éliminer l'accès
préférentiel via les activités de financement
Tentative de masquer comment l'oligarchie
financière opère
Le projet de loi fédéral C-50, qui se
propose d'apporter de la
transparence dans les activités de financement menant à
l'accès préférentiel organisés par les
partis politiques
a passé l'examen du Comité permanent de la
procédure et des affaires de la Chambre le 19 octobre et
retourne maintenant au Parlement en troisième lecture et pour y
être adopté.
Le projet de loi fait suite à une
série de scandales entourant certains événements
de financement du Parti libéral organisés par des
intérêts financiers ou auxquels ont participé des
intérêts financiers. L'accès
préférentiel est une méthode de financement par
laquelle les gens doivent faire des dons à un parti politique
pour
assister à un événement où ils peuvent
rencontrer les personnes les plus influentes et les plus puissantes du
parti. Pour justifier le projet de loi, on dit que de tels
événements-bénéfices « l'argent pour
l'accès » permettent aux gens qui ont les moyens d'y
participer d'influencer les décideurs.
Une fois le projet de loi adopté, les partis
politiques représentés à la Chambre des communes
(les libéraux, conservateurs, le NPD, les verts et le Bloc
Québécois) devront
annoncer publiquement (sur leur site Web) tout événement
de financement auquel participent des dirigeants du parti ou des
ministres et dont le coût d'entrée est de 200 $
et plus.
Les partis qui ne siègent pas à la Chambre des communes
sont exemptés. L'annonce doit être affichée au
moins cinq jours avant l'événement. Après
l'événement, le parti doit publier publiquement la liste
de toutes les personnes qui y ont participé. On dit que cela
permettra aux médias d'y participer et de rapporter ce qui s'y
passe.
Le projet de loi a reçu l'appui de l'opposition
conservatrice de même que du NPD et du Parti vert, lors de son
adoption en principe, mais ils ont voté contre par la suite
à cause du refus des membres libéraux du comité
d'accepter les amendements qu'ils ont proposés. Par exemple, les
libéraux se sont servis de leur majorité au Comité
pour
rejeter un amendement précisant que les événements
auxquels participent tout membre du personnel d'un ministère
doivent
aussi être annoncés publiquement.
Les restrictions à « l'accès
préférentiel » s'ajouteront aux nombreux autres
mécanismes mis en place pour en fait faciliter l'interaction
entre les partis politiques et des intérêts privés.
Cela comprend le Registre des lobbyistes et les nombreux codes
d'éthique. Selon la logique des règles du système
parlementaire, l'objectif de ces
mécanismes est de faire en sorte que les médias en
particulier et quiconque exerce une diligence raisonnable peuvent
déterminer si des décisions prises par le gouvernement
servent des intérêts privés particuliers ou ont
été influencés de façon inappropriée
par eux. Par exemple, avec le moteur de recherche sur le site du
Registre des lobbyistes on
peut trouver toute activité de lobbying ayant eu lieu au cours
des douze derniers mois ou voir la liste de tous les lobbyistes
enregistrés. Selon le site, au 27
octobre 2017, 954 lobbyistes-conseils, 1850 lobbyistes
d'entreprise et 2837 lobbyistes d'organisation étaient
inscrits au registre, pour un total de 5641
lobbyistes.
Tout cela cache le fait que les partis politiques du
système de cartel sont devenus des appendices de l'État
financés à même les fonds publics, et que c'est par
cet État que les intérêts économiques les
plus puissants exercent leur pouvoir parce que le processus politique
et électoral est conçu à cette fin. Il a
été créé à une époque
où seuls les
hommes blancs propriétaires avaient le droit de vote et
étaient représentés par des partis politiques
rivaux qui représentaient les plus puissants d'entre eux
économiquement. L'expansion du suffrage à tout citoyen
âgé de 18 ans et plus sans égard à la
propriété ou la richesse ne s'est pas accompagnée
d'un changement dans la loi qui permettrait
à tous d'exercer leur droit d'électeur au-delà du
seul vote.
Pour éliminer l'influence de l'argent dans les
élections et habiliter tous les citoyens, sans égard
à la richesse ou au statut social, il faut une loi
spécifiquement conçue à cette fin, pas des lois
qui
augmentent la transparence du financement privé des partis
politiques, lesquels peuvent de toute façon compter sur les
fonds publics pour vivre. Il
faut une loi qui permette aux électeurs de sélectionner
les candidats parmi leurs pairs et de décider des enjeux d'une
élection. Il faut un système dans lequel les fonds
publics ne servent pas à financer des partis politiques
représentant des intérêts privés mais
servent à financer le processus politique lui-même. Il
faut une autorité publique chargée
d'informer l'électorat sur les problèmes de la
société et les différentes solutions
proposées pour la faire avancer. Les lois qui visent la
transparence du financement privé des partis politiques et des
rencontres avec les « décideurs » servent
à cacher le fait qu'il n'y a pas de mécanisme pour
assurer que le peuple soit le décideur.
Les projets de loi de ce genre qui font leur apparition
partout au pays obscurcissent le fait que les partis politiques de
l'establishment sont devenus des institutions d'État
financées par des fonds publics par lesquels les
intérêts économiques les plus puissants exercent
leur pouvoir. On n'éliminera pas l'influence de l'argent dans
les élections en
réglementant la façon dont les partis politiques
recueillent des fonds auprès du secteur privé. Il faut
d'abord éliminer le privilège et le pouvoir
accordés aux partis politiques et instituer des mesures
d'habilitation du peuple. C'est l'absence de mécanismes
d'habilitation du peuple, qui permettent à tous les citoyens de
participer à la gouvernance, qui est
le problème. Il faut financer le processus politique
plutôt que les partis. Les partis doivent pouvoir recueillir des
fonds comme ils le désirent, mais il faut mettre un terme
à la domination qu'ils exercent sur le processus
décisionnel aux dépens du droit des électeurs
à un vote informé, de leur droit de sélectionner
les candidats parmi leurs pairs et de
décider de l'ordre du jour.
Changements récents aux lois électorales
de l'Ontario
- Laura Chesnik -
Le 5 décembre 2016, la Loi 2, Loi
de 2016
modifiant
des
lois
en
ce qui concerne le financement
électoral, a été adoptée à
l'unanimité par les députés de tous les partis
politiques représentés au Parlement ontarien. La loi
interdit les dons de syndicats et d'entreprises aux partis politiques
et aux candidats et
fixe un subside par vote pour les partis qui obtiennent plus
de 2 % des votes. Elle impose des limites aux dons
individuels et étend à six mois avant la prochaine
élection prévue les activités qui sont
régies par le régime des « tiers »
enregistrés. La loi originale avait été
modifiée lors de son étude pour inclure des choses
similaires à la Loi C-50 des libéraux de Justin Trudeau
qui régit la façon dont les partis
représentés au Parlement peuvent tenir des
événements-bénéfices, interdit aux
ministres d'y participer et requiert que ces événements
soient publics et que les noms des participants soient soumis au
gouvernement. Cela démontre que les changements qui sont mis
en place au pays sont faits à la pièce et en coordination
entre les niveaux fédéral et provinciaux.
Les changements aux lois de financement
électoral en Ontario sont faits de concert avec la Loi 45, Loi
de 2016
modifiant
des
lois
en
ce qui concerne les élections,
qui a changé la façon dont les élections sont
menées. Ils modernisent le processus en le faisant reposer sur
des technologies numériques plutôt que sur le papier
et le crayon, en recourant à un identificateur unique pour tous
les électeurs, en pré-enregistrant les jeunes de 16
et 17 ans qui vont ainsi recevoir cet identificateur et en
fournissant des cartes de bingo aux parties après le vote pour
qu'ils les combinent aux résultats de chaque bureau de scrutin
et soient capables de retracer comment les
Ontariens votent. Des changements similaires à ceux-là
sont également envisagés au niveau fédéral
au nom de la « modernisation ».
Tous ces changements sont maintenant en place pour les
élections générales ontariennes du 7
juin 2018, notamment les clauses qui limitent la publicité
que peuvent faire les tiers six mois avant le déclenchement des
élections.
Les prétextes pour les changements
Le gouvernement libéral majoritaire de Kathleen
Wynne a entrepris de faire ces changements suite aux
révélations qui ont été faites par les
médias monopolisés au sujet de ministres qui ont permis
à des intérêts privés d'avoir accès
à la prise de décision s'ils acceptaient de verser
jusqu'à des milliers de dollars au Parti libéral.
On a appelé cela le
scandale de l'« argent pour l'accès ». Les
médias ont rapporté que cela faisait partie d'un «
système » sophistiqué, selon les mots de
l'ancien ministre des Finances Dwight Duncan, en vertu duquel les
ministres de la couronne acceptaient d'utiliser leur positon pour
atteindre les objectifs de collectes de fonds que
leur donnait leur parti en permettant à ceux qui payaient
d'avoir accès à eux-mêmes et à leur bureau.
Des révélations semblables ont
été faites en ce qui concerne le niveau
fédéral. Il a été
révélé que des cibles plus élevées
de financement ont été données aux ministres
chargés de portefeuilles responsables de plus de versements de
fonds publics à des intérêts privés, comme
le ministre des Finances et le ministre du Développement
économique, en opposition aux ministres responsables de
ministères où les « parties
intéressées » ne sont peut-être pas
capables de payer autant, comme les ministères chargés de
l'assistance sociale. Ces stratagèmes fonctionnaient par le
biais de rencontres de type « l'argent pour
l'accès » qu'on appelait des «
réceptions » ou des
« événements » auxquels les ministres
donneraient un accès exclusif aux intérêts
privés liés à leur ministère. Selon une
enquête faite par le Globe and Mail, certains de ces
événements n'admettaient que 5 ou 6 personnes
et d'autres de 30 à 40 personnes.
Aucune enquête officielle n'a été
faite sur ce stratagème, ses liens avec la prise de
décision gouvernementale et la façon dont le pouvoir est
exercé. Au lieu de cela, le même gouvernement qui a
perfectionné ce stratagème a prétendu qu'il
n'avait jamais influencé les décisions du gouvernement,
mais a dit qu'il va tout de même changer les lois
de financement électoral pour en boucher les trous qui avaient
permis aux ministres de tenir ces
événements-bénéfices. Plutôt que de
commencer par une enquête sur ce qui s'était passé
pour que la signification des révélations puisse
être considérée et des mesures adoptées pour
régler le problème identifié, le gouvernement a
déposé ce qu'il a appelé
une « ébauche de loi » qu'il a envoyée
pour étude au comité permanent de la législature
avant que les élus ne puissent tenir un débat de
deuxième lecture à son sujet à la
législature. Le gouvernement et les autres partis
cartellisés ont cherché avec cette étude
préliminaire à régler leurs différends par
rapport aux changements aux lois
électorales et ils ont tous été en faveur de
recevoir encore plus de subsides. Leur désaccord principal a
porté sur deux choses : jusqu'à quel point pousser
la réglementation des tiers et le repérage des dons
individuels.
Alors qu'elle ne traite pas des actions des ministres
de la couronne dans toute cette affaire, celles notamment de la
première ministre et les bénéfices accordés
aux intérêts privés, le projet de loi renforce la
mainmise
sur la politique des partis politiques de la législature de
même que leur position privilégiée. Elle impose
toutefois des activités de police
accrues à l'encontre des électeurs et de leurs
organisations sociales et politiques, qui sont qualifiées de
« tiers ».
Le projet de loi propose de verser un subside par vote
recueilli
par les partis représentés à la législature
basé sur les résultats de l'élection
précédente et réduit le seuil du remboursement.
Cela s'ajoute aux 514 millions $ que les partis de la
législature ont reçus entre 2012 et 2014 sous
forme de subsides publics de différentes
sortes, selon le témoignage offert par le Directeur
général des élections le premier des jours des
audiences sur la loi.
L'accent est mis sur les tiers
Lors de l'étude du projet de loi en
comité, la préoccupation principale qui a
été exprimée était jusqu'à quel
point les actions de ceux qui sont qualifiés de «
tiers » doivent faire l'objet de mesures de type policier.
Les activités des tiers ont été sommairement
assimilées sans discussion aux stratagèmes pour payer les
riches bien que les
deux soient très différents. Les stratagèmes pour
payer les riches correspondent aux actions des ministres du
gouvernement qui ont utilisé leur position pour recevoir de
l'argent pour leur parti de la part de donateurs corporatifs et
privés et d'un certain nombre de syndicats. On a dit que cette
activité est légale parce que les dons de ces
entités sont
légaux. Bannir les dons des entreprises et des syndicats ne va
pas empêcher les ministres d'utiliser leur pouvoir pour servir
des intérêts privés. Le rôle des tiers
concerne la capacité de quiconque autre que les partis
politiques de participer aux élections et à la politique
en général, et le problème est à savoir si
les
tiers doivent être soumis au travail de
police de l'État.
En dépit de la prétention que ces mesures
visent à limiter la méthode de l'argent pour
l'accès, l'exemple principal qui a été
donné pour démontrer que la participation des tiers dans
les élections est devenue un «
problème » l'a directeur
général des élections qui a dit que
depuis 2011 les tiers enregistrés se sont mis à
dépenser de l'argent dans les élections partielles, ce
qui ne s'était jamais vu auparavant.
L'exemple principal qu'a donné le directeur
général des élections est celui des
élections partielles de Kitchener-Waterloo et de Vaughan en
septembre 2011. Les dépenses des tiers dans cette
élection ont représenté 61 % des
dépenses totales. Le directeur général a
donné cela comme un exemple du
rôle exagéré joué par les tiers.
Ces élections partielles ont été
le résultat direct des efforts du gouvernement McGuinty
précédent pour se gagner une majorité à
tout prix, laquelle leur avait échappé par un
siège à l'élection générale
précédente. Le gouvernement libéral a
utilisé son contrôle sur le gouvernement pour donner un
poste de choix comme présidente de la Commission de la
sécurité professionnelle et de l'assurance contre les
accidents du travail (CSPAAT) à une députée
conservatrice qui a donc dû démissionner comme
députée, ce qui a rendu son siège vacant. Les
libéraux espéraient s'emparer de ce siège pour
devenir majoritaires. Ce n'était pas seulement cynique mais un
affront aux Ontariens. C'était un affront aussi
aux travailleurs accidentés qui ont vu un ancien ministre du
Travail du gouvernement Harris prendre les rênes de la CSPAAT.
À ce moment-là, comme cela est encore le cas aujourd'hui,
la CSPAAT était en train d'être restructurée sur le
dos des travailleurs accidentés.
Chose importante, les élections partielles se
sont aussi tenues au moment où les libéraux et les
conservateurs avaient déclenché une guerre totale contre
les enseignants et les travailleurs de l'éducation et le
système public d'éducation. Ils avaient collaboré
pour faire passer le projet de loi 115, qui visait à donner
de vastes
pouvoirs dictatoriaux au
ministre de l'Éducation. Les libéraux et les
conservateurs espéraient gagner cette élection en
calomniant les enseignants et les travailleurs de l'éducation de
même que leurs syndicats. Le candidat libéral en
particulier a mené sa campagne de façon très
ouverte contre les enseignants et les travailleurs de
l'éducation.
Plusieurs personnes sont
intervenues dans cette élection partielle pour empêcher
l'élection d'une majorité libérale et faire une
déclaration politique contre ce qu'ils voyaient comme la
corruption des libéraux et contre leurs attaques contre les
droits des travailleurs. L'enjeu était important compte tenu des
actions brutales du gouvernement au
pouvoir et de la possibilité de prendre position contre les deux
partis et de les défaire tous deux, de nier leur majorité
aux libéraux et d'empêcher que le PC et son nouveau chef,
Tim Hudak, aient le vent dans les voiles.
Le taux de participation a été
de 60 %, un record pour une élection partielle
provinciale et une preuve que la participation des tiers augmente la
participation. Le taux de participation est aussi la preuve de
l'importance que cette élection partielle assumait. Bref, cette
élection partielle est devenue un champ de bataille entre ceux
qui
s'opposaient à la corruption gouvernementale, à la
violation de l'intérêt public et à celle des droits
des travailleurs et ceux qui voulaient gagner du pouvoir pour
eux-mêmes. C'est le peuple qui a gagné, défaisant
les libéraux et les conservateurs. Dans cette élection,
ceux qui ont été qualifiés de «
tiers », qui comprenaient plusieurs syndicats et
centrales syndicales, ont participé pour défaire la
tentative de coup électoral des libéraux.
C'est préoccupant de voir que cette
participation à l'élection partielle est utilisée
comme preuve du besoin de limiter la participation des tiers. Cela
montre que ce qui se cache derrière ces changements aux lois
électorales a moins à voir avec la limitation de
l'« argent pour l'accès » qu'avec le
contrôle de type policier de la capacité
même limitée de l'électorat à contester le
pouvoir de ceux qui nous gouvernent avant et pendant les
élections.
Oeuvrer pour la paix sur la
péninsule coréenne
Réponse enthousiaste au lancement de la
pétition canadienne pour la paix et contre la guerre et
l'agression sur la péninsule coréenne
Le 26 octobre, le Comité pour la paix sur
la péninsule coréenne, un groupe d'activistes de diverses
organisations qui tient une ligne de piquetage et distribue des tracts
depuis plusieurs semaines au centre-ville de Toronto, a lancé
à l'Université de Toronto la pétition pour la paix
et contre la guerre et l'agression sur la péninsule
coréenne.
La pétition a
reçu un large appui parmi les jeunes et les étudiants.
Beaucoup se sont arrêtés pour parler et ont exprimé
leur préoccupation au sujet du danger d'une guerre qui pourrait
éclater sur la péninsule coréenne. Un jeune qui
étudie l'histoire à l'université a fait remarquer
qu'il est difficile de savoir ce qui se passe sur la péninsule
coréenne et que les médias sont remplis d'informations
qui dépeignent sous un mauvais jour la situation en
République populaire démocratique de Corée (RPDC)
alors que rien n'est dit pour s'opposer au président
américain Trump et à ses menaces contre ce pays. Un autre
groupe d'étudiants du programme d'études est-asiatiques
s'est arrêté pour
signer la pétition et a mentionné qu'ils discutent
justement dans leurs cours en ce moment des événements
qui se produisent en Corée. Les étudiants ont
été surpris et heureux d'apprendre qu'un groupe prend
position contre la guerre dans cette partie du monde. Un autre
étudiant diplômé s'est arrêté pour
signer la pétition et a dit apprécier que quelque
chose soit fait pour informer les gens de la situation instable qui
existe sur la péninsule coréenne et il a ajouté
que les piqueteurs prennent une position courageuse et importante.
Les membres du comité qui ont pris part au
piquet ont pu voir que le lancement de la pétition a clairement
attiré l'attention des étudiants. H.P. Chung, l'un des
membres les plus actifs, né en République populaire
démocratique de Corée et dont la famille a
été déchirée par la division
américaine de la Corée et la guerre de Corée, a
été
encouragé par la réponse chaleureuse à la
pétition et le fait que de nombreux jeunes se soient
avancés pour la signer. Plus de 200 étudiants ont
pris le tract distribué lors du piquet.
Le Comité demande à tous les Canadiens
d'adopter comme la leur la pétition canadienne pour la paix et
de la diffuser largement. Alors que les dangers d'une autre guerre
d'agression américaine s'accumulent autour de la
péninsule coréenne, il est urgent que tous les Canadiens
épris de paix et de justice adoptent une position ferme et de
principe en faveur de la paix sur la péninsule coréenne,
s'opposent aux préparatifs de guerre américains et aux
actes d'agression du gouvernement canadien contre la RPDC, qui ne
favorisent pas la paix sur la péninsule coréenne. Au lieu
de cela, le gouvernement canadien devrait lever toutes les sanctions
contre la RPDC et normaliser les relations
avec ce pays, ce qui serait une bonne contribution à la
consolidation de la paix sur la péninsule coréenne.
Faisons un succès de la
pétition canadienne pour la paix et contre la
guerre
et l'agression sur la péninsule coréenne !
Pour obtenir une copie imprimable de la pétition
et la faire circuler, cliquer ici.
Les patriotes coréens vivant à
l'étranger
affirment la voie de la paix et de l'unification
au rassemblement de Moscou
LML publie ci-dessous un
rapport soumis par la Fédération coréenne du
Canada sur une rencontre tenue le 3 septembre à Moscou pour
marquer le dixième anniversaire de l'accord signé
le 4 octobre entre la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) et la République de
Corée (RDC).
***
Une délégation canadienne a
participé à une réunion commémorative
marquant le 10e anniversaire de la déclaration du 4
octobre signée à Pyongyang en RPDC par Kim Jong Il, le
dirigeant à l'époque de la République populaire
démocratique de Corée, et le président d'alors de
la République de Corée, Roh Moon-hyun.
Quelque 250 Coréens qui vivent en dehors de
la péninsule coréenne ont participé à la
réunion. Le principal groupe de délégués
à la réunion était composé de personnes de
nationalité coréenne vivant en Russie. Outre notre
délégation, d'autres participants sont venus des
États-Unis, du Japon, d'Allemagne, du Kazakhstan, de Chine,
d'Ouzbékistan et d'autres pays.
L'objectif principal de la réunion était
de réaffirmer les principes et l'esprit de la Déclaration
du 4 octobre qui renforce et élargit les principes
énoncés dans l'historique Déclaration conjointe
Nord-Sud du 15 juin signée à Pyongyang en 2000.
Les participants à la rencontre ont affirmé que ces deux
accords conclus dans un
esprit de réconciliation et de paix entre le nord et le sud de
la Corée demeurent valables aujourd'hui comme moyen de renforcer
les relations inter-coréennes et de faire avancer la nation vers
la réunification, ce qui est le désir ardent de tous les
Coréens.
La réunion de Moscou a permis aux
délégués de partager leurs points de vue sur la
meilleure manière de contribuer aujourd'hui à la
consolidation de la paix sur la péninsule coréenne, en
particulier face
à la situation complexe que vit le peuple
coréen et aux dangers de guerre contre la RPDC.
L'objectif principal du rassemblement a
été d'affirmer le droit du peuple coréen à
vivre en paix et la décision principale a été que
la diaspora coréenne dans tous les pays intensifie ses efforts
en faveur de la paix et de la justice sur la péninsule
coréenne. Les participants se sont engagés à
s'opposer aux menaces et aux exercices militaires en
cours contre la RPDC, à l'accumulation d'armes
stratégiques en Corée du sud et à la poursuite de
la militarisation de la péninsule coréenne par les
États-Unis.
La conférence d'une journée s'est
terminée par un programme culturel et un souper.
Ne touchez pas à l'Iran !
Exigeons des solutions politiques et non militaires
- Voice of Revolution -
Le président Trump a déclaré qu'il
ne certifiera pas les progrès réalisés par l'Iran
dans l'application de l'accord nucléaire de 2015,
appelé Plan d'action global conjoint. Cette certification est
requise par la loi à tous les 90 jours et la
dernière échéance était le 15 octobre.
Trump a consenti à le faire deux fois auparavant et a
maintenant décidé qu'il ne le fera plus. Il presse
également le Congrès d'adopter une loi dans les 60
jours pour de nouveau imposer des sanctions à l'Iran, ce qui
contrevient directement à l'accord. Les deux gestes sont
considérés comme un pas vers la guerre avec l'Iran et
font l'objet d'une grande opposition aux États-Unis et dans le
monde.
Trump refuse de certifier les
progrès de l'Iran bien que l'Agence internationale de
l'énergie atomique ait confirmé que l'Iran respecte ses
engagements. Le secrétaire à la Défense James
Mattis a lui-même dit que le maintien de l'accord avec l'Iran
était « dans l'intérêt de la
sécurité nationale des États-Unis ».
Les dissensions qui font jour
dans l'exécutif à ce sujet sont un autre signe d'une
crise sérieuse au sein des cercles dirigeants américains.
Les mécanismes de résolution des différends, comme
un Congrès, des partis politiques et des
élections fonctionnels, ne contribuent plus à cet
objectif. Les différentes factions au sein de l'exécutif
et de
l'armée et les services de renseignement et entre ces instances
rivalisent entre elles,
sinon font front commun, comme des cartels mafieux. La situation est
telle que le président, qui est commandant en chef de
l'armée, est ouvertement contredit par les
généraux. Tout cela crée une situation dangereuse
et accroît la possibilité d'une guerre élargie.
Le même phénomène se
répète au niveau international. Le Plan global d'action
conjoint a été négocié par les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine,
États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) plus l'Allemagne
(P5+1) et l'Iran. La réaction de l'Union européenne aux
gestes de Trump a été de rappeler qu'il ne
peut pas abolir l'accord à lui-seul et qu'elle allait continuer
de le respecter. La France et l'Allemagne en particulier ont leurs
propres intérêts en Iran, comme en Syrie, et se heurtent
depuis longtemps aux intérêts américains. La
réponse de l'UE et sa disposition à tenir tête
à Trump dans cette affaire sont le signe que la rivalité
s'échauffe. La haute
représentante de l'Union européenne pour les affaires
étrangères et la sécurité, Frederica
Mogherini, a dit quelques minutes après la sortie de Trump sur
son refus de certifier le respect de l'accord par l'Iran qu'il ne
s'agit pas d'un accord bilatéral et qu'« il n'appartient
pas à un pays seul d'y mettre fin ». Elle a
ajouté : « Nous ne
pouvons pas nous permettre en tant que communauté
internationale, et l'Europe à coup sûr, de
démanteler un accord qui fonctionne et tient ses
promesses. »
Pour justifier sa décision, Trump a repris
l'approche américaine : « Ou bien vous êtes
avec nous, ou bien vous êtes avec les terroristes. »
Rappelons que selon cette logique ce sont les États-Unis qui
décident qui est et qui n'est pas un terroriste. Dans son
discours du 13 octobre, le président américain a dit
que l'Iran « reste le
premier État qui parraine le terrorisme dans le monde et il
fournit de l'aide à Al-Qaïda, aux Talibans, au Hezbollah,
au Hamas et à d'autres réseaux terroristes ».
Il a ajouté : « Ce régime alimente les
violences sectaires en Irak, ainsi que des guerres civiles au
Yémen et en Syrie. » L'Iran est qualifié de
terroriste tandis que les
États-Unis, le plus grand terroriste du monde avec ses attaques
aux drones, ses assassinats ciblés, ses bombardements et
l'utilisation d'armes chimiques comme le phosphore blanc et l'uranium
appauvri, serait le protecteur du monde. Des organisations comme le
Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine sont qualifiées de
terroristes tandis
qu'Israël qui, avec le soutien des États-Unis, se livre
régulièrement à des massacres et au
génocide, ne le serait pas. L'Iran est blâmé pour
les guerres au Yémen et en Syrie alors que ce sont les
États-Unis qui les ont provoquées, notamment par le
financement et l'armement de groupes terroristes en Syrie. Trump ne se
soucie pas qu'on le croit ou
non, il veut seulement que le diktat que ce sont les États-Unis
qui décident de tout soit accepté. Tous, y compris
l'Union
européenne, doivent se soumettre à la décision des
États-Unis sur qui est et qui n'est pas un terroriste sous peine
de subir leurs foudres comme l'Iran et la Corée.
Les actions de Trump montrent
également que les États-Unis n'ont pas d'autres solutions
que l'usage de la force. La diplomatie et les solutions politiques sont
écartées dans la mesure où la primauté du
droit est écartée et qu'un gouvernement de pouvoirs de
police est imposé. Les pouvoirs de police sont par
définition le recours arbitraire à la
force impunément contre quiconque ne se soumet pas.
Comme les guerres et les agressions américaines
l'ont toutes démontré, l'usage de la force n'est pas une
solution et ne fait que rendre la situation plus difficile encore. Pour
que les solutions politiques priment, les peuples doivent
développer leur politique indépendante et leur opposition
à la guerre. L'Iran, par exemple, a demandé que le
Moyen-Orient soit déclaré zone libérée
d'armes nucléaires et il appuie le traité de l'ONU
interdisant les armes nucléaires et la criminalisation de leur
possession et utilisation. Joignons-nous à l'Iran en faveur d'un
Moyen-Orient libre des armes nucléaires ! Joignons nos
forces pour se donner un gouvernement antiguerre aux États-Unis
et un
processus politique qui pave la voie à un gouvernement
antiguerre. La diplomatie et les solutions politiques sont
nécessaires et ce sont les propres efforts d'organisation des
peuples qui les rendront possibles.
L'Espagne place la Catalogne sous son
autorité directe
Appuyons le droit des Catalans de
décider de leur avenir! Non à la prise de contrôle
par le gouvernement espagnol!
Célébrations à Barcelone pendant que le parlement
catalan vote pour l'indépendance,
le 27 octobre 2017
Le 28 octobre,
le gouvernement espagnol a placé la région autonome de
Catalogne sous son autorité directe en ayant recours à
l'Article 155 de la constitution de l'Espagne. Le premier ministre
espagnol Mariano Rajoy a maintenant remplacé le président
catalan Carles Puigdemont, dissous le parlement régional et
appelé à une élection générale le 21
décembre. Le gouvernement Rajoy, connu pour ses mesures
anti-peuple, s'est montré incapable de résoudre la crise
politiquement et a refusé toutes les invitations au dialogue.
Puigdemont et les 12 membres du cabinet catalan ne seront plus
payés et pourraient être accusés d'usurpation de
fonctions s'ils refusent d'obéir, rapportent les agences de
nouvelles. Lors d'un bref discours télévisé
à 14h30, Puigdemont a rejeté cette prise de
contrôle et appelé les Catalans à s'y opposer
pacifiquement. Il a dit que seul le parlement régional peut
élire ou renvoyer le parlement catalan et que « nous
allons continuer à travailler à bâtir un pays libre
».
Le directeur de la police régionale catalane, qui
a lui aussi été limogé, a émis une
déclaration dans laquelle il dit qu'il va se conformer à
la décision de le congédier. La police régionale
catalane a tweeté plus tard dans la journée que «
protéger et garantir la sécurité de la population
est notre priorité. Nous continuons à travailler
normalement ». Les 17 000 membres de la police catalane avaient
refusé de participer à la violence de l'État
perpétrée par la police nationale espagnole pour
empêcher la tenue du référendum du 1er octobre.
Le
Marxiste-Léniniste lance un appel
à tous d'appuyer le droit des Catalans de décider de leur
avenir et dénonce la prise de contrôle du gouvernement
catalan par le gouvernement espagnol et les menaces continues de
répression et
de violence de l'État de la part du gouvernement espagnol.
L'imposition
de
l'autorité
directe
du
gouvernement espagnol sur la Catalogne
s'est produite peu après le vote formel du parlement catalan en
faveur de l'indépendance face à l'Espagne le 27 octobre.
Ce vote a été un autre acte de défi envers le
parlement espagnol qui avait escaladé la répression
étatique pour criminaliser le droit des Catalans de
décider de leur avenir. Cette répression a atteint un
point culminant avec la
violence
policière massive qui a
précédé et suivi le référendum non
contraignant du 1er octobre, au cours duquel près
de 1 000 personnes ont été blessées.
Lors du référendum, 43 % des électeurs
ont voté dont 90 % en faveur de l'indépendance.
Plus récemment, le 17 octobre, la Haute Cour d'Espagne a
ordonné que les dirigeants
de l'Assemblée nationale catalane (ANC) et du groupe Omnium pour
l'indépendance soient détenus sans caution en attendant
une enquête pour sédition présumée en lien
avec l'organisation du référendum du 1er octobre et
des manifestations contre la répression d'État.
Juste avant le
vote du 27 octobre, les
députés des trois partis opposés à
l'indépendance se sont retirés. Ceux qui sont
restés ont voté 70 en faveur de
l'indépendance, 10 contre, avec deux bulletins blancs. Le
vote a été un scrutin secret pour se prémunir
contre toute tentative de l'État espagnol de poursuivre ceux qui
ont voté
en faveur de l'indépendance. Le parlement catalan
compte 135 sièges, dont 72 détenus par une
coalition de partis favorables à l'indépendance.
Auparavant, le président catalan Carles Puidgemont, tout en
reconnaissant le résultat du 1er octobre, avait
refusé de déclarer officiellement l'indépendance,
et avait plutôt proposé que les
effets d'une déclaration d'indépendance soient suspendus
pendant deux mois pour permettre une période de dialogue.
Le parlement catalan vote pour l'indépendance par rapport
à l'Espagne le 27 octobre 2017.
Dans la même
veine, le 27 octobre, peu après le vote au Parlement
catalan, le Sénat
espagnol a autorisé le gouvernement Rajoy à appliquer
l'article 155 de la Constitution. Cet article permet au
gouvernement national de mettre l'une des 17 communautés
autonomes et deux villes autonomes qui composent les gouvernements
régionaux de l'Espagne sous autorité directe du
gouvernement central.
Les communautés autonomes, qui correspondent
à des régions et/ou des nations historiques au sein de
l'Espagne, exercent l'autonomie dans les limites de la constitution
espagnole et de leur statut autonome. La constitution espagnole
actuelle a vu le jour en 1978 après la fin de la dictature
de Franco. Elle stipule à l'article 155 «
l'exercice par le Gouvernement des obligations des Communautés
en cas de non-respect ». L'article 155 se lit :
« 1. Si une Communauté autonome ne
remplit pas les obligations que la Constitution ou d'autres lois lui
imposent ou si elle agit de façon à porter gravement
atteinte à l'intérêt général de
l'Espagne, le Gouvernement, après avoir préalablement mis
en demeure le président de la Communauté autonome et si
cette mise en demeure n'aboutit
pas, pourra, avec l'approbation de la majorité absolue du
Sénat, prendre les mesures nécessaires pour la
contraindre à respecter ces obligations ou pour protéger
l'intérêt général mentionné.
« 2. En vue de la mise en oeuvre des mesures
prévues au paragraphe précédent, le gouvernement
peut donner des directives à toutes les autorités des
Communautés autonomes. »[1]
Les Catalans célèbrent le vote pour l'indépendance
le 27 octobre 2017.
Note
1. http://www.congreso.es/constitucion/ficheros/c78/cons_fran.pdf
Vote à l'ONU contre le blocus de
Cuba par les États-Unis
Actions le 1er novembre contre
le blocus tous azimuts
Le blocus étasunien de Cuba doit
être levé!
Piquet à Montréal le 17 septembre 2017 pour exiger la
levée du blocus
étasunien de Cuba
CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS
|
|
Le 1er novembre il y aura une journée
internationale de protestations contre le blocus étasunien de
Cuba à l'occasion du vote annuel contre le blocus à
l'Assemblée générale de l'ONU. Le Réseau
canadien pour Cuba (RCC) a lancé un appel aux groupes membres et
à tous les Canadiens à participer à cette
journée internationale en
organisant des actions dans leur ville ou communauté.
Les récentes interventions du régime
Trump soulignent l'importance des protestations du 1er novembre,
écrit le RCC. L'administration Trump a expulsé 15
diplomates de l'Ambassade de Cuba à Washington et a suspendu le
traitement de tout visa pour Cubains invités aux
États-Unis ou désirant visiter les États-Unis.
« Le régime
Trump cherche par tous les moyens à fabriquer une crise
diplomatique
mais Cuba nie vigoureusement toute responsabilité dans les cas
de problèmes de santé rapportés concernant
certains diplomates américains et canadiens », fait
remarquer le RCC.
« L'ONU rejette depuis 25 années
consécutives les tentatives des États-Unis d'imposer leur
volonté impériale à Cuba par la force à
l'aide d'un blocus commercial, économique et financier. Cela
démontre non seulement l'opposition implacable du monde à
la politique criminelle des États-Unis à cet
égard, mais aussi l'ampleur du soutien
et du respect dont jouit Cuba dans le monde. »
La lutte pour mettre fin à la guerre
économique des États-Unis contre Cuba continue. Le blocus
« est une violation flagrante du droit international et constitue
le principal obstacle au développement social de l'île,
rappelle le RCC. Dans cette lutte, les nations et les peuples du monde,
représentant la vaste majorité de l'humanité, ont
déclaré
d'une seule voix qu'ils sont du côté de Cuba. »
Entre-temps, la Mission permanente de Cuba à
l'ONU fait remarquer dans un communiqué de presse publié
le 25 octobre que le blocus n'est pas une affaire qui concerne
seulement Cuba et les États-Unis puisqu'il a un impact sur tous
les pays. Le blocus économique, commercial et financier de Cuba
par les États-Unis « a une forte
composante extraterritoriale qui affecte les relations des entreprises
cubaines avec des entreprises dans des pays tiers »,
rappelle le communiqué qui cite ensuite les exemples
suivants :
« 9 septembre 2016 : à
cause des règlementations du blocus, la banque hollandaise
Rabobank annule ses services financiers en rapport avec Cuba à
l'entreprise Vereenigde Octrooibureaux (V.O.) qui est chargée de
rénover les brevets du groupe entrepreneurial cubain BIOCUFARMA,
si bien que ce dernier ne pourra plus lui
verser les paiements concernant le maintien en Europe d'une
quantité considérable d'inventions scientifiques
associées à des produits biopharmaceutiques.
« 27 septembre 2016 : on apprend
que, de juillet à septembre, six banques installées au
Pakistan ont refusé à Cuba, parce que pays
sanctionné par les USA, l'ouverture d'une lettre de
crédit que la société pakistanaise de
biotechnologie Macter International avait réclamée
à la société cubaine Heber Biotec pour pouvoir
acheter
cent mille vaccins contre l'hépatite B.
« 7 octobre 2016 : L'Union des
banques suisses refuse un virement de 20 000 francs suisses
provenant de Cuba et destiné à payer la contribution
annuelle de l'Assemblé nationale du pouvoir populaire à
l'Union interparlementaire dont le siège est à
Genève (Suisse).
« 31 octobre 2016 : la banque
belge Fintro, filiale du groupe BNP Paribas-Fortis, refuse un virement
d'un Belge à un Cubain sinistré du cyclone Matthew. BNP
Paribas s'est vu infliger par l'OFAC, en 2014, une amende
de 8 970 000 000 de dollars pour violation des
sanctions visant Cuba,
l'Iran, Myanmar et le Soudan. D'autres succursales de BNP Paribas ont
refusé, à cause du blocus, un virement de 9 310
dollars d'un Belge à l'entreprise cubaine Ecotur S.A. ou ont
refusé de financer une campagne publicitaire de l'agence de
communication belge ECL-TMS parce que le client final est Cuba et que
cette banque ne peut
réaliser aucune opération ayant à voir avec
l'île, pays sous sanction.
« 23 décembre 2016 : la
succursale malaise de la société japonaise Tokyo Marine
Insurance refuse de renouveler la police d'assurance concernant les
véhicules de l'ambassade cubaine à cause des sanctions
infligées à Cuba.
« 10 avril 2017 : la succursale
canadienne de la société étasunienne Expedia
interrompt les négociations en cours avec l'agence de voyage
Hola Sun, représentante au Canada de la société
Havanatur, en vue de parvenir à un accord de vente de billets
d'avion vers Cuba, sous prétexte que Hola Sun apparaît sur
la liste des Specially Designated Nationals and Blocked Persons
de l'OFAC. »
Tous aux actions du 1er novembre
pour protester contre le blocus
étasunien de Cuba !
Non au blocus !
Cuba publie son rapport annuel sur
les dommages causés par le blocus
- Granma -
Le blocus économique, commercial et financier
exercé par le gouvernement des États-Unis contre Cuba
depuis déjà près de 60 ans persiste et
continue de causer des préjudices au peuple cubain et d'entraver
le développement économique du pays.
Le 16 juin 2017,
le président Donald Trump a signé le Mémorandum
présidentiel
de
Sécurité
nationale
sur
le
renforcement de la politique des États-Unis à
l'égard de Cuba, un décret dont l'un des principaux
objectifs est de durcir le blocus contre
l'île.
Le président Trump a, dans ce but,
annoncé de nouvelles mesures coercitives contre Cuba et en a
révoqué d'autres que son prédécesseur avait
adoptées en vue de modifier certains aspects du blocus en
matière de voyages et de commerce.
Il a également abrogé le décret
présidentiel intitulé : Normalisation des
relations entre les États-Unis et Cuba par lequel le
président Barack Obama avait reconnu, le 14
octobre 2016, que le blocus était une politique
dépassée qu'il fallait
éliminer.
Bien que le département du Trésor des
États-Unis ait annoncé le 15 mars 2016 que Cuba
pourrait désormais utiliser le dollar dans ses transactions
internationales et que des banques étasuniennes octroieraient
des crédits aux importateurs cubains pour acheter les produits
étasuniens autorisés, Cuba n'a pas pu réaliser
à ce jour la moindre opération internationale d'envergure
dans cette monnaie.
Dans le Rapport de Cuba sur la
résolution 71/5 de l'Assemblée
générale des Nations unies intitulée Nécessité
de
lever
le
blocus
économique,
commercial et financier
appliqué à Cuba par les États-Unis d'Amérique
-
Juin 2017,
il
est
démontré
que
le blocus économique, commercial
et financier appliqué à Cuba constitue le plus gros
obstacle à la mise en oeuvre du Plan national de
développement économique et social et en
général au développement de toutes les
potentialités
économiques et du bien-être du peuple cubain, ainsi qu'aux
relations économiques, commerciales et financières du
pays avec les États-Unis et le reste du monde.
Le document explique pourquoi les mesures
adoptées par l'administration Obama durant ses deux
dernières années de mandat ont eu une portée
limitée.
Les préjudices provoqués par presque
soixante ans de blocus se chiffrent
à 822 280 000 000 dollars, compte tenu de la
dépréciation du dollar face à l'étalon-or
sur le marché international, et à plus
de 130 178 600 000
dollars à prix courants.
Durant la période que couvre ce Rapport, le
blocus a causé des pertes s'élevant
à 4 305 400 000 dollars. Pour situer ce
chiffre en perspective, il suffit de dire que le ministère
cubain de l'Économie et de la Planification a estimé que
le pays avait besoin de deux
à deux milliards et demi de dollars d'investissements
étrangers directs par an pour assurer son développement
économique. Autrement dit, le coût du blocus
représente environ le double des investissements dont Cuba a
besoin chaque année pour développer son économie.
Il est urgent que les États-Unis respectent
les 25 résolutions adoptées par la communauté
internationale représentée à l'Assemblée
générale des Nations unies, dont les États membres
réclament la fin de cette politique absurde et la levée
unilatérale et inconditionnelle du blocus.
Indépendamment des mesures adoptées par
l'administration Obama en 2015 et 2016 afin de modifier
certains aspects pratiques du blocus, les lois et
réglementations le sous-tendant restent en vigueur et sont
appliquées par les agences du gouvernement étasunien,
notamment par le département du Trésor et le
département du
Commerce, et, tout particulièrement, par l'Office of Foreign
Assets Control (Office de contrôle des avoirs
étrangers, OFAC).
En 2015 et 2016, l'administration du
président Obama a mis en vigueur plusieurs mesures visant
à modifier l'application de certaines dispositions du blocus, et
même si elles ont constitué des pas positifs, elles se
sont révélées insuffisantes en raison des entraves
importantes
à leur mise en oeuvre, et de la persistance
d'éléments clés du blocus, ainsi que de nombreuses
restrictions découlant de cette politique.
Le durcissement du système de sanctions des
États-Unis contre Cuba marque un recul dans les relations
bilatérales et dresse de nouveaux obstacles aux liens
économiques et commerciaux déjà fort
limitées et rares entre les deux pays. Les mesures
adoptées par l'administration Trump
non seulement entraîneront une réduction des voyages de
citoyens de ce pays à Cuba mais imposeront de nouvelles
prohibitions au secteur étasunien des entreprises et en
lèsera les intérêts.
Le blocus a aussi porté préjudice aux
échanges universitaires et scientifiques entre médecins
et techniciens de la santé des deux pays, à cause du
retard avec lequel les autorités pertinentes délivrent
les visas nécessaires pour assister à des rencontres
organisées
aux États-Unis
Les pertes monétaires accumulées dans le
secteur de la santé depuis que cette politique a
été mise en place se chiffrent
à 2 711 600 000 dollars, et pour la
période analysée à plus de 87 millions de
dollars.
Le blocus entrave les programmes cubains visant
à assurer une éducation de qualité, universelle et
gratuite à tous les niveaux, le secteur de l'éducation
ayant enregistré des préjudices durant la période
analysée se montant à 2 832 830 dollars.
L'industrie touristique enregistre aussi de lourdes
pertes à cause du blocus, chiffrées pour la
période concernée
à 1 701 960 000 dollars.
Les communications et l'informatique, dont les
télécommunications, ont également
enregistré durant cette période des pertes
évaluées à 768 922 110 dollars,
soit 9 713 000 dollars de plus que pour la
période
précédente.
Pour Cuba, le développement intégral de
l'industrie constitue une priorité dans la mesure où
celle-ci concerne les secteurs stratégiques envisagés
dans le Plan national de développement économique et
social à l'horizon 2030, mais ils sont touchés eux
aussi par
le blocus, les pertes financières s'élevant
à 59 225 936 dollars.
Le blocus contre Cuba doit cesser. Il s'agit du
système de sanctions unilatérales le plus injuste, le
plus sévère et le plus long jamais appliqué
à un pays. À vingt-cinq reprises, l'Assemblée
générale des Nations unies s'est prononcée
à une
majorité écrasante pour le respect du Droit international
et l'application des buts et principes de sa Charte.
L'administration des États-Unis doit
éliminer le blocus totalement, unilatéralement et
inconditionnellement, ce qui serait en accord avec la demande de la
quasi-totalité de la communauté internationale et avec
l'opinion largement majoritaire de ceux qui, aux États-Unis
mêmes,
réclament la fin de cette politique injuste.
(Informations tirées du Rapport de Cuba sur la
Résolution 71/5 de l'Assemblée
générale des Nations unies intitulée Nécessité
de
lever
le
blocus
économique,
commercial et financier
imposé à Cuba par les États-Unis
d'Amérique ).
Le 100e anniversaire de la
Déclaration Balfour
Palestine: nettoyage ethnique et dépossession
(extraits)
- Dr Ismail Zayid -
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C'était le 2 novembre 1917
lorsqu'Arthur Balfour, le ministre britannique des Affaires
étrangères, a publié sa déclaration
infâme sous la forme d'une lettre écrite à lord
Rothschild. On pouvait y lire :
« Le gouvernement de
Sa Majesté considère favorablement l'établissement
en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif ..., qu'il soit
clairement entendu que rien ne doit être fait qui puisse porter
préjudice aux droits civils et religieux des communautés
non juives existantes en Palestine. »
Il est intéressant de noter que le mot de cinq
lettres « arabe » n'apparaît pas une seule fois
dans ce document. Faire référence aux Arabes qui
constituaient à l'époque 92 % de la population
de la Palestine et possédaient 98 % de ses terres, en
tant que communautés non juives, n'est pas simplement absurde
mais
délibérément frauduleux. Je n'ai pas besoin de
vous dire que cette lettre n'a pas la moindre légalité
car ce n'est pas à Balfour de prendre sur soi de tels actes de
générosité envers la Palestine. Selon le Dr Arnold
Toynbee, la publication de ce document décrit bien le rôle
britannique :
« Nous avions pris l'initiative de donner quelque
chose qui n'était pas à nous, nous promettions à
un tiers des droits quelconques dans un pays constitué d'Arabes
palestiniens. »
De même, l'écrivain juif bien connu,
Arthur Koestler, l'a bien résumé lorsqu'il a
décrit la Déclaration Balfour comme un document dans
lequel « une nation a promis à une seconde le pays
appartenant à une troisième nation ».
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée
générale des Nations unies a adopté la
résolution no 181 qui recommande la partition de la
Palestine en un État juif qui regroupe 56 % des
terres, un État arabe sur 42 % des terres et une zone
internationale à Jérusalem. À l'époque, les
juifs dont une grande partie
étaient des immigrants récents ou illégaux,
constituaient le tiers de la population palestinienne et
possédaient 5,6 % de ses terres. Dans la région
qui a été attribuée à l'État juif,
la moitié de la population était arabe (musulmans et
chrétiens) et la moitié était juive.
Il est intéressant de noter que les temps n'ont
pas changé depuis 1947 lorsque les États-Unis ont
obtenu que l'Assemblée générale retarde le vote
« pour gagner du temps afin d'aligner selon leurs propres
opinions et par coercition, certains pays latino-américains,
asiatiques et africains ». Le sous-secrétaire
d'État Sumner Welles
déclarait :
« Par ordre direct de la Maison-Blanche, toute
forme de pression, directe et indirecte, a été
utilisée pour s'assurer que la majorité nécessaire
soit acquise. »
Par la suite, des combats ont éclaté
entre Arabes et Juifs et au début de 1949, à la fin
des combats, Israël occupait 78 % de la Palestine et
environ 750 000 Palestiniens terrorisés ont
été chassés ou ont fui leurs foyers.
La genèse de cet exode émane du concept
inhérent à l'idéologie sioniste qui consiste
à créer un État uniquement juif en Palestine,
libéré des Arabes. Le puissant ordre du jour politique
qui existe actuellement en Israël, tel que la politique du «
transfert des Palestiniens » d'Israël et des
territoires occupés, n'est pas nouveau.
En 1897, Theodor Herzl y fait allusion dans ses notes
personnelles, à l'occasion du premier congrès sioniste
mondial à Bâle, en Suisse, où il présente
ses plans pour créer un État juif en Palestine :
« Nous essaierons de repousser la population
pauvre (arabe) de l'autre côté de la frontière en
lui procurant de l'emploi dans les pays de transit, tout en lui
refusant tout emploi dans son propre pays ... Le processus
d'expropriation et de déplacement des pauvres doit être
effectué discrètement et avec circonspection. »[1]
Ben Gourion, dans un discours prononcé au
plénum du 20e Congrès sioniste à Zurich
le 7 août 1937, déclarait :
« Le transfert d'habitants (arabes) a eu lieu par
le passé, dans la vallée (Jerzeel), dans le Sharon (la
plaine côtière) et dans d'autres endroits. Nous
connaissons les actions du Fonds national juif à cet
égard. Maintenant le transfert doit s'organiser à une
échelle beaucoup plus importante. Dans de nombreuses parties du
pays, de nouvelles
implantations juives ne seront possibles que si la paysannerie arabe
est transférée... Le transfert de la population est ce
qui rend possible un plan très vaste de peuplement (juif).
Heureusement, le peuple arabe possède de grandes zones vides
(à l'extérieur de la Palestine). Le pouvoir juif dans le
pays, qui ne cesse de croître, augmentera également
nos possibilités de mener le transfert à grande
échelle. Vous devez vous rappeler que cette méthode
contient une idée sioniste et humaine importante, de
déplacer des parties d'un peuple (c'est-à-dire, les
Arabes de Palestine) vers leur propre pays et de les installer sur des
terres inoccupées [en Syrie, en Transjordanie et en
Irak]. »[2]
Encore une fois, le fait d'expulser un peuple de sa
patrie, nous dit-on maintenant, est une « idée sioniste
humaine ». Le professeur Israël Shahak l'a bien
résumé :
« Vous ne pouvez pas avoir de sionisme
humain, c'est en soi une contradiction. »
Dans une lettre adressée en 1937 à
son fils Amos, Ben Gourion lui confie que lorsque l'État juif
sera créé, « nous expulserons les Arabes et
prendrons leur place ». En visite en juillet 1948 dans
la nouvelle Nazareth conquise, Ben Gourion s'est exclamé :
« Pourquoi y a-t-il tant d'Arabes ici, pourquoi ne les as-tu
pas expulsés ? »
Joseph Weitz, qui a été le
représentant en chef de l'Agence juive, rapporte dans
l'édition du 29 septembre 1967 de Davar,
l'organe de l'Histadrout, que lui et d'autres dirigeants sionistes
avaient conclu, en 1940, « qu'il n'y avait pas de place pour
les deux peuples dans ce pays ». Il en vient à
conclure que la
réalisation des objectifs sionistes exigeait « une
Palestine, ou au moins la Palestine occidentale (à l'ouest du
Jourdain) sans les Arabes ». Il a écrit qu'il fallait
« transférer les Arabes d'ici vers les pays voisins, les
transférer tous et seulement après ce transfert, le pays
pourrait absorber des millions de nos frères ».
Voilà, en substance, le
fondement de la politique du « nettoyage ethnique »
que les forces sionistes ont adoptée en 1948 pour
éliminer, par le massacre, ou la menace de massacre, et par la
guerre psychologique, pratiquement toute la population arabe dans la
région. Le territoire palestinien qu'ils ont conquis par des
moyens militaires
représente 78 % de la Palestine.
La Naqba de 1948 - expulsion de masse forcée de Palestiniens par
les sionistes
Le 9 avril 1948, le massacre du village de
Deir Yassin près de Jérusalem, où 250 hommes,
femmes et enfants ont été assassinés de sang-froid
et massacrés par le groupe terroriste Irgun Zwei Leumi, avec
l'approbation du commandant des forces sionistes officielles à
Jérusalem, David Shaltiel ; comme l'a récemment
documenté Yitzhak Levi, un officier vétéran du
renseignement israélien, où la Haganah a joué un
rôle décisif dans cette expulsion. Ironiquement, le
village de Deir Yassin avait conclu un accord de paix avec ses
voisins juifs de Givat Shaul. Ce massacre n'était pas unique et
de nombreux massacres similaires ont été
perpétrés par les forces
sionistes et les forces israéliennes pendant cette guerre. Un
article paru le 6 mai 1992 dans le journal de Tel Aviv Hair,
écrit
par
Guy
Erlich,
documente des preuves rassemblées
par le journaliste juif américain Dan Kortzman, auteur de Genesis 1948,
et
l'historien
Ariyeh
Yitzhaki,
d'au moins vingt grands
massacres d'Arabes et de plus d'une centaine de massacres commis par
les forces israéliennes. Yitzhaki déclare :
« Pour beaucoup d'Israéliens,
c'était facile de s'accrocher à la fausse
prétention que les Arabes avaient quitté le pays parce
que
c'était ce que leurs dirigeants avaient ordonné. C'est un
mensonge total. La cause fondamentale de la fuite des Arabes a
été la peur de la violence des Israéliens, et
cette peur était fondée dans la
réalité. »
L'historien Uri Milstein, célébré
en Israël comme celui qui dissipe les mythes, confirme
l'évaluation de Yitzhaki concernant l'ampleur des massacres et
va même plus loin :
« Si Yitzhaki prétend qu'il y avait des
meurtres dans presque tous les villages, puis-je dire que
jusqu'à la création d'Israël tous les cas de
combats ont pris fin par un massacre d'Arabes. Il y a eu des massacres
d'Arabes durant toutes les guerres d'Israël, mais je ne doute pas
que la guerre d'Indépendance ait été la plus
sale. »
Dans le village de Duweima,
un village arabe près d'Hébron, occupé sans combat
par le bataillon 89 de la 8e brigade, quelque 80
à 100 civils ont été assassinés de
sang-froid par les occupants. Plus tard, encore plus de civils ont
été assassinés. Dans le village de Safsaf :
« Cinquante-deux hommes ont été
attachés avec une corde, descendus dans une fosse et abattus.
Dix ont été tués. Des femmes ont demandé
grâce. Il y a eu trois cas de viol dont le viol d'une jeune fille
de
quatorze ans et quatre autres personnes ont été
tuées. »
La politique de massacre comprenait entre autres une
campagne de guerre psychologique, dont la terreur pour forcer les
Palestiniens à fuir. Leo Heiman, officier de la Réserve
de l'armée israélienne qui a combattu en 1948,
écrit en juin 1964 dans Marine Corp Gazette :
« Alors qu'une panique incontrôlée
se répandait dans tous les quartiers arabes, les
Israéliens ont fait venir des jeeps surmontés de
haut-parleurs qui diffusaient des enregistrements de 'sons d'horreur'.
Ceux-ci comprenaient des cris, des gémissements et des
lamentations remplies d'angoisse de femmes arabes, les hurlements de
sirènes et le bruit
des cloches d'alarme d'incendie, interrompus par une voix
sépulcrale qui disait en arabe 'sauver vos âmes, vous les
fidèles : les Juifs utilisent des gaz toxiques et des armes
atomiques. Sauvez-vous, au nom d'Allah ! »
Des méthodes plus subtiles de guerre
psychologique ont été utilisées par Yigal Allon,
le commandant du Palmach, une force d'élite de la Haganah, qui
est devenu plus tard ministre israélien des Affaires
étrangères. Il écrit en 1948 dans Ha
Sepher Ha Palmach :
« J'ai rassemblé tous les mukhtars
juifs (chefs), qui ont des contacts avec les Arabes dans
différents villages, et leur ai demandé de chuchoter aux
oreilles de certains Arabes qu'un grand renfort juif est arrivé
en Galilée et qu'il va brûler tous les villages de la
Houla. Ils devraient conseiller à ces Arabes, à titre
d'amis,
de s'échapper
pendant qu'il est encore temps. La rumeur s'est répandue dans
toutes les régions de la Houla. La tactique a atteint
entièrement son but. »
Lorsque les Arabes n'ont pas réussi à
fuir, comme c'était escompté, une combinaison de terreur
et d'expulsion physique a été utilisée, comme dans
le cas des villes de Lydda et Ramleh qui ont été
occupées le 10 juillet 1948. Yitzhak Rabin le rapporte
dans ses mémoires publiées dans l'édition
du 23 octobre 1979 du New York Times :
« Alors que les combats étaient encore en
cours, nous devions nous attaquer au problème de la population
civile, qui comptait environ 50 000 personnes. Nous sommes
allés marcher à l'extérieur, Ben Gourion nous a
accompagnés et Allon a réitéré sa
question : 'Qu'est-ce qu'on doit faire de la population ?'
B.G. a
agité la main dans un geste qui disait :
‘Chasse-les !' »
Un des crimes de guerre israéliens s'est produit
à cet endroit. Après la reddition de Lydda, un groupe
d'hommes palestiniens s'est réfugié dans la petite
mosquée Dahmash. Le commandant du troisième bataillon du
Palmach, Moshe Kalman, a donné l'ordre de tirer plusieurs
missiles sur la mosquée. La force qui a attaqué la
mosquée a été
surprise par le manque de résistance. Ils ont trouvé les
restes des combattants arabes accolés aux murs de la
mosquée. Un groupe de 20 à 50 résidents
de la ville a ensuite été amené pour nettoyer la
mosquée et enterrer les restes. Quand ils ont terminé
leur travail, ils ont également été abattus et
jetés dans les tombes qu'ils avaient
eux-mêmes creusées. Le journaliste juif américain
Dan Kortzman a appris l'événement de Moshe Kalman en
travaillant sur son livre, Genesis 1948, qui
décrit la guerre de l'Indépendance.
« Rabin et ses officiers ont chassé
ces 60 000 civils de leurs maisons par la terreur, avec des
avions qui volaient à basse altitude au-dessus de leurs
têtes tirant ici et là sur des personnes et les
forçant à courir. Le spectacle d'hommes, femmes et
enfants terrorisés qui fuyaient l'horreur sous un soleil de
plomb, après avoir
parcouru 25 km jusqu'au village de Beit Nuba, où je les ai
vus de mes propres yeux, est une scène que je n'oublierai
jamais. Tout cela réfute et contredit la propagande sioniste
à l'effet que les Palestiniens ont quitté leurs foyers
volontairement et en réponse aux appels lancés par leurs
dirigeants. »
Il importe de rappeler que cette pièce de
propagande sioniste a d'abord été démolie par le
Dr Erskine Childers qui a examiné les enregistrements de
surveillance américains et britanniques de toutes les
émissions provenant du Moyen-Orient en 1948. En 1961,
il rapporte dans le Spectator :
« En 1948, il n'y a pas eu un seul ordre,
appel ou suggestion d'évacuer la Palestine par aucune des
stations de radio arabes, à l'intérieur ou à
l'extérieur de la Palestine. Par contre, il y a de nombreux
enregistrements d'appels et de directives transmis en arabe aux civils
palestiniens de demeurer en place. »
Les documents historiques démontrent clairement
que le problème des réfugiés de Palestine a
été créé en réponse à une
politique sioniste claire qui a consisté à expulser de la
terre de Palestine son peuple. Chaim Weizmann, le premier
président d'Israël, décrit ce processus avec
beaucoup de satisfaction comme « le miraculeux
défrichement
de la terre ». Cependant, le médiateur de l'ONU,
le comte Folke Bernadotte de Suède, déclare dans un
rapport présenté à l'ONU :
« Ce serait une offense aux principes de la
justice élémentaire si ces innocentes victimes du conflit
se voyaient refuser le droit de retourner chez elles alors que les
immigrants juifs affluent en Palestine, et, en fait,
pavent la voie à une menace, celle du remplacement permanent des
réfugiés arabes qui ont été
enracinés dans la
terre pendant des siècles. »
Le comte Bernadotte a
payé cher cet énoncé de principe
évident : le 17 septembre 1948 il a
été assassiné à Jérusalem par la
bande terroriste Stern, sur les ordres directs de Yitzhak Shamir.
Toutefois, l'Assemblée générale des Nations unies
a décidé, le 11 décembre 1948, dans sa
résolution
no 194 :
« De permettre aux réfugiés qui le
désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt
possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des
indemnités doivent être payées à titre de
compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas
rentrer dans leurs foyers ».
L'application de cette résolution, ainsi que la
résolution no 181 du 29 novembre 1947, ont
été réaffirmées et ont été
transformées en conditions d'admission d'Israël à
l'ONU dans la résolution no 273 du 11 mai 1949.
Malgré cela et malgré les
résolutions répétées de l'Assemblée
générale et du Conseil de sécurité de l'ONU
qui ont exigé la mise en oeuvre de la résolution
no 194 sur le retour des réfugiés, Israël
continue de défier cette volonté internationale et,
essentiellement, on peut dire que son appartenance aux Nations unies
est illégitime, compte
tenu de son refus de respecter les conditions qui lui ont
été imposées. Non seulement cela, Israël a
procédé en 1967, après l'occupation de la
Cisjordanie et de la bande de Gaza, à l'expulsion de plus
de 300 000 réfugiés palestiniens de leurs
foyers ou de camps de réfugiés. Beaucoup d'entre eux ont
été essentiellement expulsés
une deuxième fois. La résolution no 237 du Conseil
de sécurité, en date du 14 juin 1967, invitait
le gouvernement d'Israël à faciliter le retour de ces
réfugiés, et les résolutions similaires de
l'Assemblée générale des Nations unies à
cet effet demeurent lettre morte.
Il est évident pour quiconque a
été témoin de l'histoire de cette région,
que les Palestiniens sont toujours déterminés à
retourner dans leur patrie et que leur lutte continue malgré les
massacres répétés et une politique
orchestrée de génocide qui nie leur existence nationale.
Leurs sacrifices ont été documentés et se
poursuivent, malgré la politique
israélienne de terrorisme d'État et le bombardement
continu de leurs camps de réfugiés au Liban et les
pratiques oppressives qui sont utilisées contre eux par
l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Le regretté Dr Frank
Epp décrit la tragédie du peuple palestinien en ces
termes :
« Rarement un peuple a souffert en silence tant
d'injustices pendant si longtemps, en attendant que les puissances en
place soient en mesure de réparer le mal
infligé. »
De même, c'est le distingué philosophe
lord Bertrand Russell qui a déclaré, lors d'une
conférence internationale en 1970, ce qui suit :
« La tragédie du peuple palestinien
est que son pays a été 'donné' par une puissance
étrangère à un autre peuple pour la
création d'un nouvel État, ce qui a eu pour
résultat que des centaines de milliers d'innocents sont devenus
d'une manière permanente sans foyer. Leur nombre augmente
encore, et combien de temps encore le
monde est-il prêt à endurer ce spectacle de cruauté
gratuite ? Il est tout à fait évident que les
réfugiés ont droit à une patrie d'où ils
ont été chassés, et le déni de ce droit
est au coeur du conflit qui persiste. Aucun peuple dans le monde
n'accepterait d'être expulsé en masse de son pays ;
comment quelqu'un pourrait-il exiger
que le peuple de Palestine accepte une punition que personne d'autre ne
tolérerait ? Une résolution juste et permanente de
la question des réfugiés dans leur patrie est un
ingrédient essentiel de tout véritable règlement
au Moyen-Orient. »
Notes
1. Extrait de R. Patai, éd., The
Complete Diaries of Theodor Herzl, Vol I.
2. Benny Morris, Looking Back : A
personal assessment of the Zionist Experience,
Tikkun. 13 : 40-49, 1998.
* Cet essai est extrait de Dossier
on Palestine et a été présenté pour la
première fois lors d'une allocution à la
Conférence sur la Palestine, à Vancouver, le 23
mai 1999.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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