Numéro 38 - 23 septembre 2017
Des questions importantes de guerre
et de paix
Le président américain
promet «le fer et le feu» à l'ONU pendant que
Trudeau se pose en grand espoir blanc du monde
PDF
Des
questions
importantes
de
guerre
et
de
paix
• Le président américain promet
«le fer et le feu» à l'ONU pendant que Trudeau se
pose en grand espoir blanc du monde
• Réponses bien méritées
aux menaces du président américain
Pour un gouvernement
antiguerre!
• Expansion de la mission du Canada en Irak
• Ingérence sous prétexte de
«donner une voix aux femmes»
Sortons le Canada de
l'ALÉNA!
• Bâtissons la politique
indépendante de la classe ouvrière!
Oui à la base manufacturière! Non à la destruction
nationale!
• Le règlement des différends
• Le conflit sur le pouvoir de résilier
À titre
d'information
• Le règlement des différends
dans l'ALÉNA
Droits des travailleurs
• Actions contre le projet de loi antipensions
C-27
Soutenons le processus
de paix en Colombie!
• Un nouveau parti politique est formé
pour défendre la paix
• Message de salutations - Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste)
• 10 000 personnes assistent à un
concert pour la paix et la réconciliation
Secours suite au
passage d'Irma à Cuba
• L'ouragan n'a pas brisé l'esprit de
résistance des Cubains - Bruno Rodríguez
Parrilla, ministre cubain des Relations extérieures
Des questions importantes de guerre et de
paix
Le président américain promet «le
fer et le feu»
à l'ONU pendant que Trudeau se pose en
grand espoir blanc du monde
Le débat général de la 72e
session de l'Assemblée générale des Nations unies
à New York a débuté cette semaine, le 19
septembre, et se poursuit jusqu'au 25 septembre. Les chefs
d'État et de gouvernement ou leurs représentants
s'adressent aux Nations unies pour énoncer les priorités
qu'ils se fixent pour eux-mêmes,
pour le monde et pour l'ONU.
À la toute première journée, le
monde a eu droit à une manifestation de la crise profonde dans
laquelle s'enlisent les États-Unis avec la prestation du
président Donald Trump. Son discours hargneux dans lequel il
promet d'utiliser le fer et le feu contre tous les non-croyants en la
démocratie américaine montre à quel point les
États-Unis
désespèrent de ne pouvoir ordonner au monde de
régler leur crise économique et multilatérale.
Plus ils proclament qu'ils sont la nation indispensable, plus le reste
du monde prend conscience de la nécessité de ne pas
être marginalisé.
Bien que les
États-Unis et l'échec de leur démocratie soient
coupables de l'anarchie et de la violence dans le monde aujourd'hui,
Trump a dit que la menace à laquelle le monde fait face est que
« les pouvoirs autoritaires cherchent à faire effondrer
les valeurs, les systèmes et les alliances qui ont
empêché les conflits et ont promu la liberté
depuis la Deuxième Guerre mondiale. »
Faisant fi de l'échec des institutions
américaines à résoudre les contradictions au sein
des cercles dirigeants ou quelque problème que ce soit dans le
monde, Trump cite la Constitution des États-Unis comme un
document intemporel et universel qui s'étend au monde entier.
« Nous célébrons le 230e anniversaire de notre
constitution
bien-aimée, la plus ancienne constitution encore utilisée
dans le monde d'aujourd'hui, a dit Donald Trump. Ce document intemporel
a été le fondement de la paix, de la
prospérité et de la liberté pour les
Américains et pour d'innombrables millions de personnes dans le
monde dont les pays ont trouvé l'inspiration dans son respect de
la nature
humaine, de la dignité humaine et de la règle de
droit. »
« En Amérique, affirme-t-il, le peuple
gouverne, le peuple est au pouvoir et le peuple est souverain. J'ai
été élu non pas pour prendre le pouvoir, mais pour
donner le pouvoir au peuple américain à qui il
appartient. »
Donald Trump propose une conception irrationnelle de la
souveraineté dans laquelle les États-Unis ont le droit
souverain de décider de ce qui est dans leur meilleur
intérêt et dans le meilleur intérêt du
monde :
« Nous devons remplir nos devoirs souverains
envers les personnes que nous représentons fidèlement.
Nous devons protéger nos nations, leurs intérêts et
leur avenir. Nous devons rejeter les menaces à la
souveraineté depuis l'Ukraine jusqu'à la mer du sud de la
Chine. Nous devons respecter la loi, respecter les frontières et
respecter la culture,
et l'engagement pacifique que cela permet. »
Puis il a directement
menacé le peuple coréen : « Les
États-Unis ont une grande force et une grande patience, mais si
nous sommes forcés de nous défendre ou de défendre
nos alliés, nous n'aurons d'autre choix que de détruire
totalement la Corée du Nord. [...] Les États-Unis sont
prêts, disposés et capables, mais j'espère que cela
ne
sera pas nécessaire. C'est la raison d'être de l'ONU.
C'est à cela que les Nations unies servent. Voyons ce que l'ONU
va faire. »
Puis il a attaqué l'Iran et menacé
d'annuler l'accord négocié en 2015 entre l'Iran,
tous les membres du Conseil de sécurité, l'Allemagne et
l'Union européenne qui limite le programme d'énergie
nucléaire de l'Iran à des fins pacifiques en
échange de l'abandon des sanctions. « Nous ne pouvons pas
laisser un régime meurtrier continuer
ces activités déstabilisantes tout en construisant des
missiles dangereux et nous ne pouvons pas respecter un accord s'il
contribue à la construction éventuelle d'un programme
nucléaire. L'accord de l'Iran est l'une des
transactions les pires et les plus unilatérales auxquelles les
États-Unis aient jamais participé. Franchement, cet
accord est
embarrassant pour les États-Unis, et je ne pense pas que vous
ayez entendu le dernier mot à ce sujet. Croyez-moi. »
Donald Trump a ensuite menacé de soumettre le
monde entier à la guerre de terreur des États-Unis :
« Désormais, ce sont nos intérêts de
sécurité qui dicteront la longueur et la portée de
l'opération militaire, et non pas les repères arbitraires
et échéances fixés par des politiciens. J'ai
également changé complètement les règles
d'engagement dans notre lutte contre les talibans et d'autres groupes
terroristes. »
« L'Amérique se tient avec toutes les
personnes vivant dans un régime brutal. Notre respect de la
souveraineté est également un appel à l'action.
Toutes les personnes méritent un gouvernement qui s'occupe de
leur sécurité, de leurs intérêts et de leur
bien-être, y compris de leur
prospérité. »
Pour sa part, le gouvernement du Canada s'est servi de
son intervention à l'Assemblée générale de
l'ONU pour présenter une image d'un premier ministre Justin
Trudeau comme le grand espoir blanc qui promet de réussir
là où ceux qui promettent le fer et le feu
échouent.
La peur, voire la terreur que cherche à
provoquer le président américain avec ses propos sur le
fer et le feu ne doit pas détourner l'attention du fait que la
version plus douce et plus gentille offerte par le grand espoir blanc
sert les mêmes intérêts privés que les deux
pays représentent.
Le premier ministre Justin Trudeau est resté
silencieux au sujet de la menace de Trump de « détruire
totalement » la République populaire
démocratique de Corée et s'est joint à lui pour
blâmer la RPDC en disant en conférence de presse :
« Je partage les préoccupations de tous sur le
comportement imprudent du régime
nord-coréen et je continue de croire que la meilleure
façon de calmer la situation est de travailler avec nos
partenaires et alliés dans la région et dans le
monde. » Ainsi, pour lui il est préférable de
menacer la RPDC avec les alliés et partenaires plutôt que
de laisser les États-Unis le faire seuls.
Pour montrer le sens de ses propos, il a aussi ouvert
la porte à l'adhésion officielle du Canada au bouclier
antimissile des États-Unis, qui fait partie de l'arsenal
américain de frappe préventive contre d'autres pays.
« Nous continuons d'examiner la situation, a-t-il dit. Notre
position n'a pas changé sur le bouclier pour l'instant, mais
nous
continuons d'examiner les choses et de nous assurer que nous faisons
tout ce que nous pouvons et devons faire pour protéger la
sécurité des Canadiens. »
Lors d'un gala qui a eu lieu avant le débat
général sur un porte-avion désaffecté,
durant lequel il a reçu le prix Global Citizen Awards 2017
du Conseil atlantique de l'OTAN, Justin Trudeau a livré un
discours que le Conseil décrit comme « un cri de
ralliement pour sauver l'ordre mondial ». En fait, il a tenu des
propos presque identiques à
ceux tenus par Donald Trump le même jour.
« Les alliances qui ont soutenu la
sécurité et la prospérité mondiales
depuis 1945 sont mises à l'épreuve et l'urgence des
défis que nous avons en commun — changements climatiques et
sécheresse, inégalité du revenu, extrémisme
violent, guerre civile et migrations massives qui en résultent —
continuent de grandir », a-t-il ajouté
avant de poursuivre :
« Partout dans le monde, l'ordre international
établi depuis longtemps est mis à l'épreuve. Avec
l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et
l'empiètement en Ukraine, nous avons été
témoins de la première prise de territoire en Europe
depuis la Deuxième Guerre mondiale.
« Ce n'est pas le
temps de se désister. C'est le temps où les
démocraties atlantiques doivent renouveler notre engagement
envers des standards universels de droits et libertés,
imposés par un ordre multilatéral basé sur des
règles qui ont favorisé la paix et la stabilité et
qui ont passé l'épreuve du temps. »
Cet ordre multilatéral basé sur des
règles et imposé par l'ONU, l'OTAN, NORAD et
l'Organisation mondiale du commerce comprend « le pouvoir doux et
le pouvoir dur » et c'est pourquoi, dit-il, le Canada
augmente de façon significative ses dépenses pour la
défense.
Tout en faisant écho aux menaces de Trump contre
le peuple coréen, Trudeau lance un appel hypocrite à
« combattre les fléaux du racisme, du sexisme, de
l'homophobie, de la transphobie, du fanatisme ethnique et religieux, du
néofascisme, du néonazisme et de
l'extrémisme violent de Daesh auxquels nous sommes
confrontés
en 2017 ».
« Nous ne devons pas hésiter. Il serait
inadmissible de faire un seul pas en arrière dans la
défense des standards de décence de la sororité et
de la fraternité de la famille humaine sortie victorieuse des
luttes les plus douloureuses du derniersiècle », a
dit Trudeau.
L'ONU est devenue une instance désuète
qui n'est plus capable de défendre la primauté du droit
international adoptée durant l'après-Deuxième
Guerre mondiale. La domination du monde par les pouvoirs policiers aux
mains d'oligopoles et d'intérêts privés qui ne
s'arrêteront devant rien pour s'enrichir signifie qu'il faut un
nouvel équilibre du
pouvoir capable de mettre les forces destructives en échec. Il
est illusoire de croire que cet équilibre est possible dans le
contexte du système impérialiste d'États. Il doit
être créé par une humanité unie dans
l'action à la défense de ses propres
intérêts.
Le temps d'agir est maintenant !
Faisons du Canada une zone pour la
paix !
Défendons les droits qui appartiennent à tous du fait
d'être
humains !
Une humanité, une lutte !
Réponses bien méritées aux menaces
du président américain
En conférence de presse le 19
septembre 2017, Jorge Arreaza, ministre des Relations
extérieures de la République bolivarienne du Venezuela, a
répondu ceci au discours de Donald Trump : « Le
gouvernement des États-Unis est en violation complète de
tous les principes de la Charte de l'ONU. » Le Venezuela est
un pays de paix et personne n'a le droit de violer la
souveraineté du Venezuela, a-t-il poursuivi. « Nous
n'acceptons pas les menaces du président Trump, nous sommes un
peuple de paix et nous voulons des relations de respect mutuel, pas
seulement avec les États-Unis mais avec tous les pays du
monde. »
Jorge Arreaza a
également accusé le gouvernement américain et ses
alliés en Amérique latine, en Europe et ailleurs de
tenter d'étouffer et de noyer le peuple
vénézuélien avec des mesures économiques
imposées par la Maison-Blanche pour forcer un changement de
régime. « Ils veulent que le peuple souffre, ils veulent
créer et imposer une
crise humanitaire à notre pays. »
Le ministre cubain des Relations extérieures,
Bruno Rodriguez, a répondu au discours de Trump en disant :
« C'était un discours insolite, agressif, de domination,
brutalement impérialiste. » Il s'est dit surpris par
la façon dont Trump manipule la question de la
souveraineté. Pour les États-Unis, dit-il, « la
souveraineté signifie
l'asservissement de tous les autres, au mépris total du concept
d'égalité souveraine dont s'inspirent les Nations
unies. »
Il a dit que l'attaque de Trump contre le Venezuela est
« brutale, injustifiée, arbitraire » et
s'interroge sur ce que voudrait dire « des actions
supplémentaires contre le Venezuela ». « De
quoi parle-t-il ? De l'option armée, ou de quelque chose de
pire ? »
Le représentant cubain a dit au sujet de la
menace de Trumpe de détruire la Corée que c'était
un geste « extraordinairement
grave ». « Il menace d'incendier la péninsule
coréenne avec une conflagration nécessairement
nucléaire qui pourrait mettre en danger toute l'humanité.
C'est un conflit qui ne saurait avoir, qui ne peut en aucun cas avoir
une solution
militaire. »
Rappelant que Trump est le chef d'un empire responsable
de la majorité des guerres qui se déroulent
présentement sur la planète et qui constituent un facteur
d'instabilité et une menace grave à la paix et à
la sécurité mondiales, Bruno Rodriguez a dit que le
président américain « n'a aucune autorité
morale pour critiquer Cuba, un petit pays, une
île solidaire qui entretient une vaste coopération
internationale, dotée d'un gouvernement dont la propreté
et la transparence sont reconnues, un peuple noble et
laborieux ».
Dans son allocution à l'Assemblée
générale de l'ONU, Bruno Rodriguez a dit que le «
patriotisme » invoqué par Trump incarne « une
vision exceptionnaliste et suprémaciste d'intolérance
ignorante face à divers modèles politiques,
économiques, sociaux et culturels ».
Le dirigeant de la République populaire
démocratique de Corée (RPDC), Kim Jong Un, a
répondu au discours de Trump dans un communiqué du 21
septembre diffusé par l'Agence de nouvelles centrale de
Corée. Il rappelle que les propos de Trump ne font
qu'accroître la tension sur la péninsule coréenne
et rejette les insultes contre la
RPDC ainsi que sa menace de « détruire
totalement » un État souverain, et que cela va bien
au-delà des menaces habituelles d'imposer un changement de
régime ou de renverser l'ordre social. Kim Jong Un dit que les
propos de Trump n'ont fait que galvaniser la détermination de la
RPDC à poursuivre sur sa voie, c'est-à-dire de renforcer
ses capacités de défense nationale jusqu'à ce que
les États-Unis démontrent une volonté
d'entreprendre des pourparlers de paix directs et véritables.
Parlant de ce qu'il a appelé « la
situation dangereuse sur la péninsule
coréenne », le président de la
République de l'Ouganda, Yoweri Kaguta Museveni, a
déclaré: « Qui serait perdant si la Corée du
nord et la Corée du sud, qui sont parentes, discutaient entre
elles de leur réunification? » Il a dit que la nation
coréenne existe depuis 1234 avant notre ère et qu'elle a
été divisée temporairement vers la fin de la
Deuxième Guerre mondiale. Il a demandé pourquoi cette
division devrait-elle devenir permanente et une source de dangereuses
tensions: « Une
Corée réunifiée
serait une nation très forte. Pourquoi certains acteurs
craignent-ils des nations fortes ? Pourquoi les Coréens
(du nord et du sud) laisseraient-ils des forces extérieures
continuer de les
diviser ? »
Le président de la
Bolivie, Evo Morales, a condamné les sanctions
unilatérales et les menaces d'invasion du gouvernement des
États-Unis contre le Venezuela. « Notre région
n'est l'arrière-cour de personne », a-t-il averti. Il
a appelé les États-Unis à mettre fin à leur
blocus de Cuba et à verser à ce pays des
réparations économiques, en
plus de remettre Guantanamo sous souveraineté cubaine. Il a
ajouté qu'il faut éviter toute solution militaire dans la
péninsule coréenne et que les pourparlers doivent
reprendre. « Nous devons combattre le capitalisme, le
colonialisme et l'impérialisme », a-t-il dit,
ajoutant qu'une réussite dans ce sens mènerait à
l'égalité, à la justice sociale, à la
paix et au développement.
Le président iranien Hassan Rohani a dit des
propos de Trump que c'était « une rhétorique
ignorante, absurde et haineuse ». Au sujet de la menace de
Trump d'annuler l'accord avec l'Iran sur l'énergie
nucléaire, il a dit en entrevue au réseau NBC avant le
discours de Trump à l'Assemblée générale de
l'ONU : « Le retrait des
États-Unis de cet accord serait très coûteux car
dorénavant plus personne ne ferait confiance à
l'Amérique. »
Le président iranien a dit que si les
États-Unis se retiraient de l'accord nucléaire, l'Iran
songerait à « retourner à ses activités
antérieures », c'est-à-dire développer
la technologie nucléaire à des fins pacifiques, pour la
production énergétique.
« Nous n'irons jamais vers la production d'armes
nucléaires. Nous n'avons jamais voulu aller dans cette direction
dans le passé et ne l'avons jamais fait, a dit Hassan Rohani.
L'intention a toujours été pacifique. »
Pour un gouvernement antiguerre!
Expansion de la mission du Canada en Irak
Depuis le 11 septembre 2011, le Canada ne
cesse d'augmenter sa présence militaire et policière
à l'étranger, en particulier en Asie centrale et
occidentale sous le commandement des États-Unis et de l'OTAN.
Alors qu'il avait ouvertement participé à l'invasion de
l'Afghanistan, le gouvernement libéral de Chrétien n'a
pas voulu
fournir des troupes lors de l'invasion américaine de l'Irak
en 2003, bien qu'il l'ait fait lors des invasions
américaines précédentes de l'Irak. Le gouvernement
Trudeau s'attaque maintenant au défi de donner une apparence de
légitimité aux actions militaires continues du Canada et
à leur expansion. Le 29 juin 2017, le
gouvernement Trudeau annonçait que sa mission en Irak serait
prolongée d'un autre deux ans et que la mission serait «
modifiée ». Nous sommes loin des prétentions
électorales selon lesquelles un gouvernement Trudeau mettrait
fin à la mission de combat du Canada en Irak et qui laissaient
entendre qu'il s'opposait à l'escalade militaire à
l'étranger. Peu après son élection, Trudeau a
entrepris une nouvelle mission au Moyen-Orient et a ciblé l'Irak
et les pays voisins comme la Jordanie et le Liban.
La Presse canadienne rapporte que le chef
d'état-major de la défense du Canada, Jonathan Vance,
s'est vu donner une plus grande « flexibilité »
dans ses décisions touchant aux types de forces à
déployer dans la région, jusqu'à un maximum
de 850 militaires. On a annoncé publiquement que 200
forces spéciales étaient
présentes en Irak ainsi que des avions-citernes et de
renseignement au service des frappes aériennes des
États-Unis. La « flexibilité »
accordée à Vance c'est celle accordée à
l'armée pour répondre aux exigences des États-Unis
en termes de déploiement en Irak plutôt que cela soit
décidé par le gouvernement canadien. La
flexibilité de Vance
pourrait aussi se traduire par des pouvoirs accrus lui permettant de
décider ce que ces forces feront et sous quel commandement. En
mars, il a dit à un comité de la Chambre des communes que
les soldats canadiens pouvaient « tirer pour tuer »
s'ils percevaient des « intentions hostiles », une
façon détournée de faire passer ces tirs pour
de la légitime défense. De toute évidence, les
soldats canadiens ont déjà reçu l'autorisation de
tirer sur qui ils veulent bien le faire pour ensuite prétendre
qu'ils avaient détecté des « intentions
hostiles ». Il semblerait que le Canada contribuera aussi un
avion de transport militaire à la mission et qu'il évalue
le coût global de la nouvelle
mission de deux ans à près de 378 millions $.
Il n'est pas spécifié qui se servira de cet avion de
transport ni ce qu'il transportera, mais celui-ci sera sans doute lui
aussi mis à la disposition des États-Unis.
Selon la CBC, la ministre
des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a aussi
autorisé l'expansion de la mission de la police canadienne en
Irak. La force policière dirigée par la GRC comporte
actuellement quatre agents en Irak mais sera augmentée
à 20 dans la prochaine année selon les rapports.
Elle sera composée d'agents de police
provinciaux et municipaux sous le commandement de la GRC. Pour masquer
le rôle joué par le Canada en Irak, le gouvernement
prétend qu'il mettra l'accent sur le recrutement de
policières. Ce qui n'est pas dit au sujet de la mission du
Canada c'est que celle-ci sera sans doute sous l'autorité et le
contrôle des États-Unis.
« Nous savons que le Canada a fait, fait, et
continuera de faire un travail important dans ses efforts dans le nord
de l'Irak », a dit Trudeau. « Le Canada a un rôle
important à jouer en tant que membre de la coalition
internationale contre le terrorisme. » Ce que Trudeau omet
de mentionner est l'opposition de longue date des Canadiens à la
participation du Canada à une mission militaire en Irak à
la demande des États-Unis, laquelle mission a mené
à la destruction du pays dès le départ.
En dépit des changements, le ministre de la
Défense Harjit Sajjan a dit que l'armée continuera
d'opérer dans le cadre de son mandat précédent de
« conseiller et aider ». Ce mandat est en soi une
fraude puisque les troupes canadiennes depuis le début sont
engagées dans des combats directs, comme l'a
démontré l'enthousiasme du
premier ministre du Canada suite à la précision du tir
d'un tireur d'élite qui avait tué une personne qu'on a
dit être un combattant de l'État islamique à une
distance
de 3,5 km.
Ingérence sous prétexte de «donner
une voix aux femmes»
Depuis que les forces dirigées par le
gouvernement syrien ont pris le dessus en Syrie, le Canada est
incapable de justifier l'entrée de soldats canadiens en Syrie,
comme il a tenté
de le justifier par le passé. Le Canada a récemment
annoncé un financement de 45 millions $ pour des
programmes en
Jordanie, au Liban et en Irak, tous des pays limitrophes de la Syrie.
Ce financement aurait comme
objectif de « renforcer des organisations locales de femmes et
aider des communautés jordaniennes et libanaises à
accueillir plus de 1 660 000 réfugiés
syriens enregistrés ». Le Canada a souvent dans le
passé financé des projets pour recruter des femmes comme
façon de s'ingérer dans les
affaires de ces pays au nom des droits des femmes. Par exemple, depuis
quelque temps le Canada « forme » des femmes pour
qu'elles participent aux négociations de paix organisées
par l'ONU en tant que membres des forces de l'opposition
antigouvernementale de la Syrie.[1]
Ceci est d'autant plus
important qu'au Canada, le gouvernement Trudeau refuse d'offrir les
infrastructures et les installations nécessaires à la
jeunesse des Premières Nations et jusqu'à ce jour refuse
de veiller à ce que l'Enquête nationale sur les femmes
autochtones assassinées et disparues réponde aux
exigences des Premières Nations et des familles de ces femmes
assassinées ou disparues.
Voici les quatre programmes
subventionnés par le Canada :
Amélioration des services municipaux et de
la résilience sociale : « Améliorer les
services municipaux et l'infrastructure dans les municipalités
jordaniennes qui accueillent un grand nombre de réfugiés
syriens. Fourni dans le cadre d'un partenariat avec le Groupe de la
Banque mondiale et le ministère jordanien des Affaires
municipales, ce financement aidera également à
accroître la participation des femmes aux processus de
décision communautaires, ainsi qu'à améliorer
l'accès à l'emploi et aux services. Il aidera aussi les
administrations municipales à mettre en oeuvre des programmes
encourageant l'égalité des sexes. »
Amélioration
de la gestion des déchets solides et de la production de revenus
dans les communautés hôtes : « Mise en
oeuvre dans le cadre d'un partenariat entre le Programme des Nations
unies pour le développement et le ministère jordanien des
Affaires municipales, cette initiative aidera à améliorer
la capacité et les conditions de
travail à Al-Akeidar, le deuxième plus grand site
d'enfouissement de la Jordanie. Cette contribution servira
également à établir un centre de recyclage
communautaire qui sera exploité par des femmes du nord de la
Jordanie. »
Soutien pour le Mécanisme mondial de
financement concessionnel : « Grâce à
cette contribution, la Jordanie et le Liban pourront continuer d'avoir
accès à du financement à un taux avantageux par
l'intermédiaire du Mécanisme mondial de financement
concessionnel du Groupe de la Banque mondiale. Ces prêts à
faible coût
serviront à financer l'infrastructure publique qui
répondra aux besoins des réfugiés syriens et des
communautés qui les accueillent. »
Programme sur la voix et le leadership des femmes
au Moyen-Orient : « Cette contribution favorisera
l'égalité des sexes et le renforcement
socio-économique des femmes en Irak, en Syrie, en Jordanie et au
Liban. Le financement permettra de renforcer la capacité d'une
variété d'organisations locales de femmes à
autonomiser
les femmes et les filles et à défendre leurs droits.
» [2]
Note
1. Voir : «
La formation de l'opposition syrienne au nom de l'habilitation des
femmes », LML, 28 mai 2016.
2. « Le Canada soutient des
initiatives en Jordanie et au Moyen-Orient », cabinet du premier
ministre, 29 août 2017
Sortons le Canada de l'ALÉNA!
Bâtissons la politique indépendante
de la classe ouvrière!
Oui à la base manufacturière!
Non à la destruction nationale!
Le Congrès du travail du Canada (CLC) et Unifor
appuient les renégociations de l'ALÉNA. Ils justifient
leur position en disant qu'ils cherchent à faire incorporer les
droits des travailleurs dans le texte principal du
nouvel accord, s'il y en a un. Qui définit ces droits des
travailleurs et
en quoi ils consistent n'est pas discuté, et n'est pas
discuté non plus le fait qu'aujourd'hui l'élite
impérialiste dominante viole impunément les droits des
travailleurs et que l'ALÉNA est une des armes qu'elle a dans ses
mains pour le faire.
Les intérêts de l'élite dominante
qui contrôle les monopoles, le commerce mondial, l'ALÉNA
et le nouvel accord de l'AÉCG avec l'Union européenne
sont diamétralement opposés aux intérêts de
la classe ouvrière. La façon dont les travailleurs
définissent concrètement leurs droits, dans leur lutte
quotidienne contre leurs employeurs et l'État, que ce soit les
conditions d'emploi, le « droit à la
mobilité », le droit à la santé et
sécurité, le droit à la sécurité
d'emploi,
à la retraite ou au logement, est différente de la
façon dont le font ceux qui sont au pouvoir dans les endroits de
travail ou dans l'État. Comment pourrait-il en être
autrement dans des pays comme le Canada, le Mexique et les
États-Unis où le privilège de classe règne
en
maître ?
Le rôle que le CTC et
certains syndicats nationaux se sont donné de faire du lobbying
en faveur des droits des travailleurs au sein de l'ALÉNA sert
à détourner l'attention du fait que ce qui est en train
de se négocier dans ces pourparlers, c'est l'intégration
plus poussée du Canada et
du Mexique dans la Forteresse Amérique du Nord, en tant que
rempart contre les droits des travailleurs et instrument pour aligner
les peuples des trois pays derrière la course de
l'impérialisme américain à
l'hégémonie mondiale. Les corridors de commerce,
d'énergie, de communication
et de sécurité sont mis en place sous le contrôle
des nouveaux États-Unis des monopoles et oligopoles
d'Amérique du Nord qui agissent en toute impunité en
Amérique du Nord et partout dans le monde, foulant aux pieds les
droits des travailleurs et des États-nations.
Les médias contribuent eux aussi à
détourner l'attention de l'essence des négociations de
l'ALÉNA en exagérant les soi-disant écueils pour
arriver à un accord. Les peuples sont ainsi
amenés à se sentir anxieux qu'un accord ne soit pas
conclu et que le
président américain Donald Trump ne mette ses menaces
à exécution et résilie l'accord. [1]
Dans un reportage du 14 septembre, la ministre des
Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland,
décrit les négociations de la
manière suivante : « Le ton a été
extrêmement cordial ... C'est un environnement très
amical ». Elle aurait même dit que les principaux
négociateurs pourraient former un
« club littéraire ». C'est une tentative
délibérée de banaliser le fait que c'est le sort
de plus de 450 millions de personnes qui est en train d'être
négocié par l'élite impérialiste dominante
à l'encontre de leurs intérêts et sans qu'elles
aient un mot à dire. Pour masquer le fait que les droits des
peuples sont bafoués, Freeland ne cesse de dire qu'elle partage
des intérêts communs avec les travailleurs, ce qu'est
censé confirmer la participation du CTC et d'Unifor aux
pourparlers. Suite à la conclusion des négociations au
Mexique, Freeland a dit aux journalistes que « nous voulons
tous sortir de cette négociation en étant capables de
dire aux travailleurs de nos pays : 'Nous avons conclu
une entente qui améliorera votre niveau de vie.'
»
[notre souligné]
Le problème de Freeland c'est que le
« nous » auquel elle se réfère sont
les champions des attaques contre les droits des travailleurs dans
leurs propres pays et à l'étranger. Afin de servir leurs
intérêts privés étroits, les monopoles et
les
gouvernements de Forteresse Amérique du Nord ont lancé
des attaques sans précédent contre les droits de la
classe ouvrière et les beaux discours au sujet du « nous »
ne peuvent cacher cette réalité. Jeudi
dernier, des milliers de travailleurs du secteur public
de Nouvelle-Écosse ont manifesté à Halifax pour
dénoncer le gouvernement libéral de la province qui viole
leurs droits. Ils ont déclaré en paroles et en actes
qu'ils ne font pas partie du « nous »
de Freeland. Les centrales syndicales ne font rien
pour que la classe ouvrière canadienne se positionne comme une
force politique indépendante qui s'assure que le commerce et
tous les aspects de la vie favorisent les travailleurs et non les
monopoles et les oligopoles qui tiennent le gouvernail. Un mouvement
politique puissant est nécessaire en ce moment pour mettre fin
à la situation qui fait de la classe ouvrière une proie
facile pour l'imposition par l'État de conditions humiliantes au
moyen de Forteresse Amérique du Nord.
Sortons le Canada de
l'ALÉNA !
Oui à la base manufacturière ! Non à la
destruction nationale !
Arrêtez de payer les riches ! Augmentez le
financement des programmes sociaux !
Non à l'intégration du Canada, des
États-Unis et du Mexique dans
la Sécurité intérieure des États-Unis et
la Forteresse Amérique du Nord !
Note
1. Les médias
présentent les points suivants comme des
« écueils » à un accord ou ce que
le ministre mexicain de l'Économie a appelé
« l'éléphant dans la
pièce » :
- « L'insistance des États-Unis sur
l'augmentation des règles d'origine, en particulier dans le
secteur de l'automobile ; »
- « Le Canada et
les États-Unis demandent que le Mexique hausse les salaires et
mette en oeuvre une application plus stricte des lois du
travail ». Le Globe and Mail rapporte que le
Canada et les États-Unis « veulent qu'un pacte
renégocié de l'ALÉNA inclue des
pénalités si le Mexique tente de garder les salaires des
travailleurs bas en ne respectant pas les normes du travail
établies par les trois
pays ».
- « Le déficit commercial des
États-Unis avec le Mexique ».
- « Le refus continu du Canada et du Mexique
de l'idée américaine d'éliminer les
mécanismes de règlement des
différends. » Il s'agit d'une référence
à la demande des États-Unis d'éliminer le
chapitre 19, une des mesures de
règlement des différends qui traitent des litiges entre
les gouvernements plutôt qu'entre les investisseurs et les
États comme c'est le cas du chapitre 11.
Outre les questions ci-dessus, le ministre mexicain de
l'Économie, Ildefonso Guajardo, a indiqué que
jusqu'à 13 autres chapitres de l'accord seraient
également « difficiles à
négocier ».
Guajardo a dit que les domaines spécifiques sur
lesquels ils se concentrent durant cette ronde recoupent les questions
relatives aux « petites entreprises, à la
transparence et à la sécurité
alimentaire ».
Le règlement des différends
Selon des reportages, le gouvernement canadien veut
utiliser la
version contenue dans l'Accord économique et commercial global
entre le
Canada et l'Union européenne (AÉCG) du chapitre sur le
règlement des
différends investisseur-État, dans un nouvel accord de
l'ALÉNA. Le
Canada prétend que les mesures de l'AÉCG sont plus
équitables alors que le chapitre 11 actuel de
l'ALÉNA favorise les
États-Unis.
Le 14 septembre, le Globe
and
Mail
a écrit : « L'objectif
de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia
Freeland, et de son
équipe de négociation, est de remanier le
chapitre 11 pour qu'il
ressemble plus étroitement au mécanisme de
règlement des différends
investisseur-État qui fait partie de l'accord commercial
de 2016 entre le Canada et l'Union européenne
[AÉCG], en ce qui a trait
notamment à la constitution de listes de juges qui peuvent
entendre ces
cas en opposition aux nominations ad hoc d'arbitres
indépendants.
Ottawa revendique un système où le Canada, les
États-Unis et le Mexique
établiraient des listes de juges qui seraient disponibles
pour entendre les réclamations d'investisseurs en vertu du
chapitre 11. »
Le Centre canadien de politiques alternatives estime
que le
gouvernement canadien a dû payer plus de 220 millions $
en réclamations
pour dommages aux investisseurs américains et mexicains en vertu
du
chapitre 11. Le Mexique a versé plus de 200
millions $ US, mais a fait
face à moins de réclamations. Les
États-Unis, par comparaison, n'ont versé aucun montant
d'argent pour
régler des réclamations.
Toutefois, la Belgique conteste présentement le
mécanisme de
règlement des différends investisseur-État de
l'AÉCG devant la Cour de
justice de l'Union européenne. La Belgique soulève que le
mécanisme de
l'AÉCG viole la liberté des États membres de l'UE
de légiférer, en
particulier dans les domaines de la santé publique et de
l'environnement, des domaines qui sont également une grande
préoccupation de la classe ouvrière et du peuple du
Canada.
EURACTIV France rapporte que le 6
septembre, la Belgique a
référé le « mécanisme de
règlement des différends entre les
investisseurs et les États de l'AÉCG »
à la Cour de justice de l'UE
(CJUE) en lui demandant d'évaluer la validité de la
procédure
d'arbitrage de l'AÉGC selon le droit européen :
« Le mécanisme envisagé par
l'AÉCG, qui était censé favoriser le
règlement des différends entre un État et un
investisseur étranger, a
dû être réexaminé pour la première
fois à la requête de la France qui
craignait un manque d'équité dans le système.
« Au moment de la
signature officielle de l'AÉCG à Bruxelles en
octobre 2016, la région francophone belge de Wallonie avait
menacé de
ne pas signer le traité et dénoncé les effets
potentiellement négatifs
de l'arbitrage sur la liberté des États de
légiférer, en particulier
dans les domaines de l'environnement et de la santé publique. Si
la
signature devait avoir lieu, la légalité de la
procédure d'arbitrage
envisagée par l'AÉCG devrait être
vérifiée par la Cour européenne. »
La ministre des Affaires étrangères du
Canada, Chrystia Freeland,
s'est vantée d'avoir forcé la Wallonie à se
soumettre à la mise en
oeuvre provisoire de l'AÉCG, mais cela n'a pas résolu la
question. Il
est possible que le gouvernement canadien cherche à faire
enchâsser ce
nouveau système dans l'ALÉNA afin de demander ensuite
qu'il soit
accepté comme une section de l'AÉCG et d'autres accords
commerciaux
impérialistes dits « progressistes ».
Quoi qu'il en soit, le différend sur le «
règlement des
différends » n'a rien à voir avec
l'affirmation des droits de la classe
ouvrière ou des peuples d'Amérique du Nord ou d'Europe.
Les peuples
n'ont pas leur mot à dire dans la mise sur pied de ces accords
commerciaux et de leurs modalités. Les négociations sont
contrôlées par
l'élite
dominante qui sert les intérêts privés des
monopoles et des oligopoles.
Ces différents mécanismes de résolution des
différends ne peuvent
s'attaquer à la contradiction fondamentale, au fait que ces
accords
internationaux de commerce sont faits pour servir les
intérêts privés
étroits des entreprises les plus puissantes contre les
intérêts des
travailleurs
de tous les pays.
Le conflit sur le pouvoir de résilier
Manifestation contre la deuxième ronde de négociations de
l'ALÉNA à Mexico le
1er septembre 2017
On a beaucoup parlé des menaces du
président américain Donald Trump de mettre fin à
l'ALÉNA si un accord qui lui est acceptable n'est pas conclu
d'ici décembre. Le secrétaire américain au
commerce Wilbur Ross a lui aussi confirmé que les
États-Unis cherchent à inclure dans l'ALÉNA une
disposition de résiliation automatique ou une
« disposition d'expiration » « pour faire en
sorte que l'accord puisse être constamment
réévalué et amélioré »,
rapporte Canadian Manufacturing. « La clause de cinq ans est la
vraie solution qui forcerait un réexamen
systématique », a déclaré Ross lors
d'un forum à Washington. « Elle fournirait un forum pour
tenter de trouver
des solutions. » Le Canada et le Mexique se sont tous deux
opposés à cette idée en disant que cela nuirait
aux investissements.
Suite à la déclaration de Ross,
l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, David MacNaughton, a dit
aux journalistes : « L'une des raisons pour lesquelles vous
le faites [un accord commercial] c'est de créer un environnement
dans lequel les entreprises peuvent faire des investissements. Pour
beaucoup de ces investissements, les gens vont
chercher à obtenir un rendement sur une période
de 20 ans à 25 ans », a dit MacNaughton.
« Si vous devez le faire tous les cinq ans, le prix
rattaché au risque politique devient très
élevé. Si chaque mariage avait une clause d'expiration de
cinq ans, je pense que notre taux de divorce serait drôlement
plus élevé qu'il ne
l'est. »
Autrement dit, McNaughton indique clairement que le
Canada veut s'assurer qu'il n'y ait aucune chance qu'un gouvernement
futur abroge l'ALÉNA. L'ambassadeur du Mexique aux
États-Unis Geronimo Gutierrez s'est dit d'accord avec
MacNaughton : « Cela aurait probablement des
conséquences préjudiciables pour le monde des
affaires aux États-Unis, au Mexique et au Canada ... La
certitude est le mot clé dans ce domaine. »
Canadian Manufacturing a
aussi cité Russ Crawford, de KPMG Canada, qui a expliqué
que la demande d'une disposition d'expiration ne vise pas à
« réévaluer et à
améliorer » l'ALÉNA comme le dit Ross, mais
concerne le conflit entre le bureau du président
américain et les élus du Congrès américain
et tente de limiter la capacité de
ce dernier à décider du sort de l'ALÉNA.
Trump a continuellement menacé de «
déchirer » l'ALÉNA, mais il n'a pas
explicitement le pouvoir de le faire. « La Constitution des
États-Unis transmet l'autorité à la fois au
président et au Congrès en matière d'affaires
étrangères », a dit Crawford. «
L'ALÉNA a été promulgué comme loi par la Loi
de
mise
en
oeuvre
de
l'ALÉNA
(NAFTA Implementation Act - NIA), mais la NIA ne
dit rien sur la question de qui a le pouvoir d'abroger l'entente ;
il n'y a pas d'autorisation explicite dans la NIA permettant au
président d'invoquer unilatéralement la clause de
résiliation sans l'approbation du Congrès ».
Crawford a poursuivi : « Et à moins
qu'une loi américaine ne détermine elle-même une
date d'« expiration », seul le Congrès a le
pouvoir d'abroger une loi existante. Si le président Trump
décide unilatéralement de se retirer de l'ALÉNA
sans l'approbation du Congrès, la question peut se retrouver
devant les tribunaux fédéraux. »
En outre, la
capacité du président des
États-Unis de renégocier l'ALÉNA et de le
soumettre au Congrès sans que le Congrès ait la
possibilité de modifier l'accord - également
appelée « pouvoir accordé en vertu de la
procédure accélérée » -
accordée en vertu du « Trade Promotion
Authority » prend fin le 1er juillet 2018.
On se
souviendra que les élections
américaines de mi-mandat auront lieu le 6
novembre 2018.
Dans tout ceci, les Canadiens sont supposés
se ranger derrière l'opposition à une disposition
d'expiration parce que cette disposition va soi-disant créer une
« incertitude » pour les entreprises. Cette dispute en
fait n'a rien à voir avec les conflits sérieux internes
qui
existent aux États-Unis au sein des forces de l'élite
dominante et leurs intérêts privés. Ce conflit
était censé avoir été résolu en
faveur d'une section ou de l'autre avec les élections à
la présidence et au Congrès, mais ce système par
lequel est déterminé qui va détenir le pouvoir ne
fonctionne plus. La lutte au sein des oligarques dominants et de leurs
représentants gouvernementaux et dans toute la machine de
l'État est constante et devient toujours de plus en plus
intense. Les
travailleurs d'Amérique du Nord ne doivent pas participer
à ces batailles qui se mènent au sein de l'élite
dominante mais bâtir leurs propres mouvements politiques
indépendants qui peuvent donner une nouvelle direction
prosociale à ces trois pays pour résoudre leurs
problèmes et priver l'élite impérialiste dominante
du pouvoir de priver le peuple de ses droits.
À
titre d'information
Le règlement des différends dans
l'ALÉNA
Les chapitres 11, 19 et 20 touchent
respectivement au règlement des disputes entre investisseurs et
États, États et États et à la mise en
application des provisions de l'ALÉNA de façon
générale.
Chapitre 11
Selon le gouvernement du Canada, « Le
chapitre 11 constitue le volet investissement de l'Accord de
libre-échange nord-américain (ALÉNA) qui est
entré en vigueur en 1994. Il établit un cadre de
règles et de disciplines fournissant aux investisseurs des pays
de l'ALÉNA un climat d'investissement prévisible et
fondé sur des
règles, ainsi que des procédures de règlement des
différends conçues de manière à permettre
un recours opportun à un tribunal impartial. »
Cela masque
l'expérience vécue des travailleurs canadiens du
chapitre 11. Le volet investissement de l'AÉCG assure un
climat « prévisible » et « fondé
sur des règles » aux monopoles pour leur permettre de
faire comme bon leur semble aux dépens des travailleurs, de leur
santé, de leur sécurité et de l'environnement
naturel. Les décisions de ces tribunaux et la menace du recours
au tribunal servent à attaquer le droit des gouvernements de
tous les niveaux de décider, et le droit des travailleurs de
protester et de gagner leurs griefs. Les tribunaux protègent la
capacité des monopoles de faire ce qu'ils veulent tout en
limitant à presque rien quelque intervention des
gouvernements ou des peuples pour défendre leurs droits.
Le Secrétariat de l'ALÉNA écrit
que le
Chapitre 11 « établit pour le règlement des
différends en matière d'investissement, un
mécanisme qui garantit aux investisseurs de toutes les Parties
de l'accord un traitement équitable, en conformité avec
le principe de la réciprocité internationale et de
l'application régulière de la loi devant un
tribunal impartial. Un investisseur de l'ALÉNA qui
allègue qu'un pays d'accueil a contrevenu à ses
obligations en matière d'investissement prévues au
chapitre 11 peut, à son gré, recourir à l'un
des mécanismes d'arbitrage suivants :
« le Centre international pour le
règlement des différends relatifs aux investissements
(CIRDI) de la Banque mondiale ;
« le Règlement du mécanisme
supplémentaire du CIRDI ;
« les règles d'arbitrage de la Commission
des Nations unies pour le droit commercial international (règles
de la CNUDCI).
« Alternativement, l'investisseur peut choisir de
s'adresser aux tribunaux nationaux du pays d'accueil. Un aspect
important des dispositions du chapitre 11 relatives à
l'arbitrage est que les sentences finales rendues par les tribunaux
d'arbitrage sont exécutoires devant les tribunaux
nationaux. »
Le Centre canadien de politiques alternatives estime
que le Canada a été obligé de payer plus
de 220 millions $ en demandes d'indemnisation par des
investisseurs américains et mexicains. Le Mexique a
déboursé plus de 200 millions $ US mais les
poursuites ont été moins nombreuses. Comparativement, les
États-Unis n'ont rien déboursé pour régler
des poursuites.
Affaires mondiales répertorie les cas suivants
de poursuites actives ou résolues contre le Canada en vertu du
chapitre 11 :
Notifications
d'intentions et arbitrages actifs
- Resolute Forest Products
Inc. c. le gouvernement du Canada
- CEN Biotech Inc. c. le gouvernement du Canada
- Lone Pine Resources Inc. c. le gouvernement du Canada
- Clayton/Bilcon c. le gouvernement du Canada
- Mercer International Inc. c. le gouvernement du Canada
- Mesa Power Group LLC c. le gouvernement du Canada
- Murphy Oil Corporation c. le gouvernement du Canada
- Mobil Investments Canada Inc. c. le gouvernement du Canada
Arbitrages
antérieurs concernant le chapitre 11 de l'ALÉNA
auxquels le Canada est Partie
- Eli Lilly and Company c. le
gouvernement du Canada
- Windstream Energy LLC c. le gouvernement du Canada
- Mobil Investments Canada et Murphy Oil Corp. c. le gouvernement du
Canada
- St. Marys VCNA, LLC c. le gouvernement du Canada
- V.G. Gallo c. le gouvernement du Canada
- AbitibiBowater Inc. c. le gouvernement du Canada
- Centurion Health Corporation c. le gouvernement du Canada
- Chemtura Corp. c. le gouvernement du Canada
- Dow AgroSciences LLC c. le gouvernement du Canada
- Ethyl Corporation c. le gouvernement du Canada
- Merrill & Ring Forestry L.P. c. le gouvernement du Canada
- Pope & Talbot Inc. c. le gouvernement du Canada
- S.D. Myers Inc. c. le gouvernement du Canada
- United Parcel Service of America, Inc. (UPS) c. le gouvernement du
Canada
- Detroit International Bridge Company c. le gouvernement du Canada
Chapitre 19
Le Secrétariat de l'ALÉNA
déclare que le chapitre 19 « établit un
mécanisme de révision par des groupes spéciaux
binationaux indépendants qui offre une alternative au
contrôle judiciaire par des tribunaux nationaux des
déterminations finales en matière de droits antidumping
et compensateurs. Un groupe spécial est mis sur pied
lorsqu'une demande de révision par un groupe spécial est
déposée auprès du Secrétariat de
l'ALÉNA par une branche de production nationale, qui souhaite
que soit révisée la décision rendue par
l'autorité chargée d'une enquête à propos
des importations d'un pays de l'ALÉNA.
« Bien que les décisions rendues par les
groupes spéciaux établis en vertu du chapitre 19 ont
force obligatoire, il existe une procédure de révision
des décisions des groupes spéciaux binationaux dont une
Partie de l'ALÉNA pourra se prévaloir dans des
circonstances extraordinaires : la procédure de
Comité de contestation
extraordinaire (CCE). La contestation ne constitue pas un appel de
plein droit, mais une sauvegarde visant à préserver
l'intégrité du processus d'examen binational. Si l'une
des Parties croit qu'un membre du groupe spécial s'est rendu
coupable de conflit d'intérêts grave, que le groupe
spécial s'est considérablement écarté d'une
règle fondamentale
de procédure ou qu'il a manifestement outrepassé
l'autorité que lui confère l'accord, et que l'un
quelconque de ces actes a sensiblement influé sur la
décision du groupe spécial, l'une des Parties peut
demander que cette décision soit révisée par un
Comité binational de contestation extraordinaire, composé
de trois membres, juges ou anciens juges.
Tout comme les décisions des groupes spéciaux binationaux
établis en vertu du chapitre 19, les décisions des
CCE sont exécutoires. »
Chapitre 20
Le Secrétariat de l'ALÉNA
écrit : « Les dispositions relatives au
règlement des différends contenues dans le
chapitre 20 s'appliquent aux différends touchant
l'interprétation ou l'application de l'ALÉNA. Les
étapes énoncées dans ce chapitre visent un
règlement par le biais de consultations, dans la mesure du
possible. Le
processus débute par des consultations de gouvernement à
gouvernement (les Parties). Si le différend ne peut être
réglé ainsi, l'une des Parties peut demander la
convocation de la Commission du libre-échange de l'ALÉNA
(qui se compose des ministres du Commerce international des Parties).
Si la Commission n'a pas résolu le différend, une
Partie consultante peut demander l'institution d'un groupe
spécial arbitral composé de cinq membres.
« Le chapitre 20 prévoit
également l'établissement de conseils d'examen
scientifique, qui pourront être constitués par le groupe
spécial arbitral, en consultation avec la Partie contestante, et
dont la tâche consistera à présenter un rapport
écrit sur les points de fait se rapportant à des
questions d'environnement, de santé ou de
sécurité, ou à
d'autres questions scientifiques, afin d'aider le groupe spécial
arbitral à rendre sa décision.
De plus, les différends concernant les
dispositions des chapitres suivants peuvent également être
soumis aux procédures de règlement des différends
prévues au chapitre 20 :
- Chapitre 7 (Agriculture et mesures sanitaires et
phytosanitaires) ;
- Chapitre 10 (Marchés publics) ;
- Chapitre 11 (Refus d'une Partie de se conformer à une
sentence finale) ;
- Chapitre 14 (Services financiers). »
Droits des travailleurs
Actions contre le projet de loi antipensions C-27
Ottawa
Le 18 septembre dernier, environ 100
personnes ont manifesté devant le bureau du ministre des
Finances Bill Morneau à Ottawa. C'est le Comité d'Ottawa
sur la sécurité des pensions qui a organisé cette
manifestation pour mettre en lumière le conflit
d'intérêts dans lequel Bill Morneau est plongé avec
son projet de loi
antipensions C-27.
Parmi les manifestants, on
comptait des travailleurs actifs et à la retraite de
différents chapitres de l'Alliance de la fonction publique du
Canada (AFPC), de l'Institut professionnel de la fonction publique du
Canada (IPFPC), de l'Association canadienne des employés
professionnels (ACEP), du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP)
et d'Unifor, et un imposant contingent de la section locale d'Ottawa du
Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Les manifestants
ont lancé des slogans contre le projet de loi C-27, ce projet de
loi des libéraux qui permettrait aux employeurs de convertir
rétroactivement les régimes de retraite à
prestations déterminées garanties en des
régimes à prestations cibles à haut risque. Les
retraités et les travailleurs actifs ont en particulier
dénoncé le conflit d'intérêts évident
que constitue le projet de loi en ce qui concerne le ministre Morneau
du fait que son entreprise familiale Morneau Shepell se
spécialise dans la gestion de la transition des régimes
à prestations déterminées vers des
régimes à prestations cibles.
Les manifestants ont livré des lettres au bureau
du ministre Morneau dans lesquelles ils demandent le retrait
immédiat du projet de loi C-27 et une lettre a aussi
été livrée au bureau de la commissaire aux
conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary
Dawson, dans laquelle une plainte en conflit d'intérêts a
été déposée contre le ministre des Finances
Bill Morneau.
Le Comité d'Ottawa sur la sécurité
des pensions s'est engagé à poursuivre son travail pour
bloquer ce projet de loi antipensions et va annoncer d'autres actions
pour demander aux libéraux de ne pas présenter ce projet
de loi en deuxième lecture.
Toronto
Également le 18 septembre, les travailleurs
des postes actifs et retraités et leurs alliés, dont un
contingent du Centre ouvrier du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste), ont tenu un piquetage militant devant le
bureau de circonscription du ministre fédéral des
Finances Bill Morneau pour dénoncer le projet de loi
antipensions
C-27. L'action était organisée par l'Organisation
nationale des travailleuses et travailleurs retraités des postes.
Plusieurs
orateurs ont déclaré que ces changements sont
antitravailleurs et un stratagème mis en place
pour permettre aux compagnies de se soustraire à leur
responsabilité envers les pensions des travailleurs.
La présidente de la section locale du Syndicat
des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), Megan Whitfield, a
dénoncé le projet de loi C-27 comme une attaque au droit
des travailleurs à une retraite en sécurité et
garantie. Elle a dit que les pensions ne sont pas le fruit de la
générosité des entreprises ou des
sociétés de la Couronne
comme Postes Canada, mais sont gagnées par des travailleurs et
leur appartiennent. Les
compagnies n'ont aucun droit de faire de réclamations à
cet argent, a-t-elle dit. Elle a ajouté que les travailleurs des
postes vont intensifier leur lutte organisée contre ce projet de
loi injuste.
Le responsable aux griefs de la section de Scarborough
du STTP, Learie Charles, a dénoncé les attaques
antisociales des gouvernements de tous les nouveaux contre les pensions
et avantages sociaux des travailleurs. Il a dit que les pensions sont
un droit et qu'elles doivent être défendues et
étendues à tous les travailleurs, en particulier ceux qui
ne sont pas syndiqués, et que les avantages sociaux à la
retraite dont les travailleurs ont besoin pour jouir d'une retraite en
sécurité doivent être garantis. Il a fait remarquer
que les politiciens qui passent de telles lois ont des pensions et des
avantages sociaux bien garnis et garantis. Il a dit que les
travailleurs ne peuvent pas s'appuyer sur aucun des
partis qui sont présentement représentés au
gouvernement pour défendre leurs intérêts, mais
doivent s'appuyer sur leur propre travail politique d'organisation
à la défense de leurs droits.
Au nom des organisateurs de l'action, Roger Delorme, un
postier à la retraite de Penetanguishene, a dit qu'il va falloir
défaire les libéraux à la prochaine
élection fédérale en raison de leurs attaques
contre les travailleurs. Il a lancé l'appel aux travailleurs des
postes et aux autres travailleurs à se joindre au travail pour
défaire le gouvernement
libéral antiouvrier de Justin Trudeau. Cette opinion a
été reprise par une autre travailleuse des postes
à la retraite, Susan Scott-Mallett, qui était venue de
London en Ontario pour participer à l'action.
Les organisateurs ont remercié tous les gens
présents de leur appui et les ont appelés à
participer aux autres actions à venir pour défaire le
projet de loi C-27.
Soutenons le processus de paix en
Colombie!
Un nouveau parti politique est formé
pour défendre la paix
Le Congrès de fondation du nouveau parti politique des FARC,
Bogota, Colombie, 27 août-1er septembre 2017. Sur la
bannière : « Congrès national des FARC-EP pour un
gouvernement de transition pour la réconciliation et la paix.
»
Dans le cadre de la mise en oeuvre des engagements pris
dans le cadre de l'Accord de paix final signé avec le
gouvernement colombien, les Forces armées
révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP)
ont remis toutes leurs armes à l'Organisation des Nations unies
et ont cessé
d'exister en tant qu'organisation armée. Du 27 août
au 1er septembre 2017, un congrès de fondation
historique a eu lieu à Bogotá, au cours duquel les FARC
se sont officiellement transformées d'une organisation
politico-militaire en un parti politique, Fuerza Alternativa
Revolucionaria del Común-FARC, la Force alternative
révolutionnaire commune, qui sera enregistré
auprès des autorités électorales nationales du
pays.
L'emblème du nouveau parti est une rose rouge avec une
étoile à cinq branches en son
centre et les lettres FARC en vert.
La conservation de l'acronyme bien connu FARC marque la
reconnaissance de l'histoire accumulée de l'organisation et des
traditions politiques révolutionnaires et montre
également que ses membres ne sont pas du tout sur la
défensive quant à leur passé alors qu'ils entrent
dans cette nouvelle
phase de la lutte politique.
La Force alternative révolutionnaire commune -
FARC planifie de se présenter aux élections à tous
les niveaux et cherchera à bâtir une large coalition de
tous ceux qui sont résolus à faire en sorte que
l'ensemble des accords de paix soit mis en oeuvre. Elle a donné
l'appel
à un gouvernement de transition de réconciliation
nationale. Dans le cadre de l'Accord de paix final, la FARC a dix
sièges garantis au Congrès colombien (cinq à la
Chambre des représentants, cinq au Sénat) pour les deux
prochaines périodes électorales (2018-2026).
Montrant la force formidable du nouveau parti, le
Congrès de fondation a eu lieu au Centre des congrès
Gonzalo Jiménez de Quesada à Bogota en présence
de 1 200 délégués représentant
les membres des FARC-EP ainsi que de 300 invités et
observateurs nationaux et internationaux et de centaines de
représentants des médias nationaux et internationaux. Des
séances plénières et des séances de
délibérations du Congrès ont été
ouvertes à la presse et diffusées en direct sur Internet.
Les délibérations du Congrès
Le Congrès s'est ouvert avec des
messages de salutations envoyés par des partis politiques et des
organisations du monde entier. Un message vidéo de
l'Armée de libération nationale (ALN), envoyé de
l'Équateur où l'ALN est actuellement engagée dans
son propre
processus de paix avec le gouvernement colombien, a été
le premier message à être présenté. Parmi
les invités qui ont transmis leurs salutations à la
session d'ouverture, un représentant du
Comité central du Parti communiste de Cuba a dit que son
parti
établirait immédiatement des relations officielles avec
le nouveau parti. Le dirigeant des FARC-EP, Timoleón
Jiménez (Rodrigo Londoño), a prononcé l'allocution
d'ouverture officielle et souligné que, sans perdre de vue les
« nombreux défis et les difficultés à
venir », célébrer le Congrès de
fondation historique publiquement et dans la capitale du pays,
représente une véritable victoire, quelque chose qui
était « impensable » il y a quelques
années.
Dans son discours, Timoleón Jiménez a
dit qu'en devenant une organisation exclusivement politique et en
menant leurs activités par des moyens légaux les FARC ne
renoncent en rien à leurs fondements idéologiques ou
à leur projet de société: « Nous
allons continuer à être aussi
révolutionnaires que les marquetalianos,
[les
paysans
qui
ont
pris les armes pour se défendre contre les attaques de
l'État
colombien dans les régions rurales de Marquetalia, Tolima et ont
fondé les FARC en 1964 -- LML] , nous allons
continuer de hisser les drapeaux bolivariens et de défendre les
traditions d'amour de la liberté de notre peuple, nous allons
continuer de lutter pour le pouvoir et mener la Colombie à
l'exercice complet de sa souveraineté nationale et
établir la
souveraineté populaire. Nous
continuerons à lutter pour instituer un régime politique
démocratique qui garantit la paix avec la justice sociale, le
respect des droits humains et le développement économique
pour le bien-être de tous ceux d'entre nous qui vivons en
Colombie. »
« Comme nous l'avons toujours fait, nous
allons répondre à nos adversaires de l'un ou l'autre
extrême du spectre politique avec des actes, sans avoir besoin
d'entrer dans des débats compliqués. Notre meilleur
argument sera les masses organisées et en mouvement dans les
circonstances
les plus diverses, et nous ferons face au régime et au
système avec une réelle maîtrise », a
déclaré Timoleón Jiménez.
Le Rapport politique central
Conférence de presse pour annoncer la fondation de la Force
alternative révolutionnaire commune (FARC), 1er septembre 2017
Le Rapport politique central au Congrès
a été présenté par Iván
Márquez, qui a dirigé la délégation de paix
des FARC-EP à la table de négociation à la Havane.
Il a dit que la guerre avait été imposée aux FARC,
mais elles n'ont jamais considéré la résistance
armée comme une fin en soi, et, au cours des années,
elles ont fait de nombreuses tentatives pour trouver une solution
politique qui s'est finalement concrétisée avec l'Accord
de paix final négocié à la Havane.
« La paix que nous avons établie
n'est pas une paix parfaite, dans la mesure où il s'agit d'une
paix négociée ; c'est la paix dans la continuation
du conflit social et de la continuité de nos aspirations et de
nos objectifs auxquels nous n'avons jamais renoncés, et auxquels
nous ne
renoncerons pas non plus, en recourant uniquement à des moyens
politiques. C'est une paix fondée sur des accords, à
notre avis minimum et de base, pour surmonter les causes
premières et la persistance du soulèvement armé,
et surtout, pour offrir et laisser à la société
colombienne un héritage qui ouvre la possibilité
d'entamer un processus de démocratisation politique,
économique, sociale et culturelle qui, s'il se
matérialise, transformera à jamais la vie de la
société dans son ensemble et ouvrira des voies pour le
bien-être et la bonne vie (buen vivir) de la grande
majorité.
Marquez a dit que commencer l'application des
accords de paix, compléter la réintégration des
guérilleros dans la vie civile et commencer l'activité
politique légale va comporter de longs processus et plusieurs
défis interdépendants. Toutes ces choses doivent
être
comprises comme des domaines difficiles marqués par les conflits
sociaux et de classes inhérents à l'ordre social
capitaliste.
Le rapport a également abordé
l'importance du pouvoir politique dans le cadre de l'application de
l'accord conclu à la Havane qui touche tous les aspects de la
vie colombienne et assure le maintien de la paix :
« Notre stratégie politique a pour base et
référence notre aspiration
à contribuer à former un nouveau pouvoir politique et
social, à transformer et à surmonter l'ordre social
existant. En développant cet objectif, nous concevons notre
action politique en tant que mécanisme de contestation du
pouvoir de l'État, notamment l'accès à la
représentation et à des postes de gouvernement à
différents niveaux, d'une part, et la création d'un
nouveau pouvoir social ´par le bas´ par tous
les différents secteurs sociaux, d'autre part.[... ]
« Non seulement parce que c'est un
engagement qui découle de l'accord, mais également parce
que nous ne pouvons pas rester indifférent à
l'élection présidentielle ou à la formation du
nouveau Congrès, et dans ces circonstances notre proposition
d'un gouvernement
de transition est d'autant plus pertinente. ».
Iván Márquez a déclaré
qu'il était essentiel de veiller à créer des
conditions favorables à l'application de l'ensemble des
accords : « Nous ne nous lasserons pas de dire que les
accords ne sont pas pour les FARC-EP ou pour le parti politique qui en
émergera dans ce congrès de fondation ; ils ont
été conçus pour bénéficier à
l'ensemble de la société colombienne et en particulier
les pauvres et les dépossédés dans les
campagnes. »
Iván Márquez a souligné qu'un des
points clés des accords qui n'a pas encore été
appliqué est la libération de tous les prisonniers
politiques des FARC-EP. Plus d'un millier restent en prison
malgré la Loi d'amnistie adoptée et approuvée il y
a près de
neuf mois.
Les décisions du Congrès
Pendant le Congrès, les
délégués ont discuté des nouveaux statuts
du parti, de sa plate-forme et de son programme et ont travaillé
dans différentes commissions, dont certaines séances ont
été ouvertes à la presse et ont été
diffusées
en direct. Les délégués ont également
élu le Conseil national du parti, composé de 111
membres. Dans un communiqué publié à l'issue de sa
première session plénière tenue les 2
et 3 septembre, le Conseil national populaire a
annoncé la nomination d'un Conseil politique national de 15
membres, avec Timoleón Jiménez, nommé
président du nouveau parti.
Le Conseil national populaire a déclaré
qu'il réaffirmait « l'esprit d'unité du
nouveau parti ... et la nécessité d'aller vers un
gouvernement transitoire de réconciliation
nationale ». Il a également réaffirmé
les paroles de Timoleón
Jiménez lors de la session d'ouverture du Congrès :
« Nous devons être pleinement conscients de la
façon dont nous devons nous adresser à la nation, sans
dogmes ou sectarisme, non liée aux ostentations
idéologiques, avec des propositions claires et
simples. »
Le communiqué s'est terminé en exprimant
son appréciation de l'accord bilatéral de cessez-le-feu
conclu par le gouvernement colombien et l'ELN, le considérant
comme
« un pas vers la paix en Colombie dont nous rêvons
tous, et une manifestation de l'engagement des parties envers les
différents secteurs de la société civile, qui ont
fait du triomphe de la paix leur drapeau. »
Message de salutations
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses salutations
révolutionnaires au Congrès de fondation historique du
nouveau parti politique des Forces armées
révolutionnaires de Colombie qui se tient cette semaine à
Bogota et ses meilleurs voeux de succès pour son travail
très important.
Le PCC(M-L) est confiant qu'après 53 ans de
combats et de grands sacrifices en tant que contingent organisé
du peuple colombien, les FARC sauront poursuivre la lutte avec
succès dans les nouvelles conditions et avec de nouvelles formes
pour consolider la paix avec la justice sociale et édifier avec
d'autres une Colombie nouvelle
dans laquelle le peuple est souverain et les droits de chacun sont
affirmés.
Félicitations pour les victoires
remportées jusqu'à présent malgré toutes
les tentatives des forces de l'ancien d'entraver la mise en oeuvre de
l'Accord de paix final. Félicitations à tous les
Colombiens, en particulier aux jeunes, qui ont oeuvré coeur et
âme pour une paix authentique et durable et contribué
ainsi à faire de l'Amérique latine et
des Caraïbes une zone de paix.
Nous vous souhaitons plein
succès dans le travail que vous avez entrepris pour unir toutes
les forces qui peuvent être unies pour rechercher des solutions
politiques et sociales plutôt que militaires aux problèmes
politiques et sociaux de la Colombie.
Vous pouvez compter sur la classe ouvrière et le
peuple canadiens pour continuer de se tenir aux côtés du
peuple colombien dans la cause de la paix avec la justice sociale et
contre l'intervention impérialiste dans notre Amérique.
Salutations fraternelles,
Comité central,
Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste)
10 000 personnes assistent à un concert
pour
la paix et la réconciliation
Révélant le vaste soutien au travail des
FARC, dix mille personnes, dont de nombreux jeunes, ont rempli la Plaza
de Bolívar, la place principale de la capitale colombienne
à Bogota, pour assister au Concert pour la paix et la
réconciliation et au lancement du nouveau parti politique des
FARC. La place historique est entourée par le bâtiment
du Congrès national et le palais de justice national, la
principale cathédrale de la ville et le bureau du maire de
Bogota. Une foule d'artistes nationaux et internationaux bien connus et
de groupes musicaux ainsi que plusieurs des chanteurs de ballades et
chanteurs de rap des FARC ont joué pour la foule enthousiaste
lors de la célébration
publique.
Parmi ceux qui ont
prêté leurs talents et leur bonne volonté à
la célébration, on compte Totó la Momposina, une
chanteuse et musicologue de renommée mondiale de la
région caribéenne du pays, dont les performances allient
ingénieusement les traditions musicales, les rythmes et les
thèmes africains, indigènes et espagnols.
Un autre grand moment a été la
cérémonie autochtone traditionnelle qui a eu lieu
après que Timoleón Jiménez ait prononcé le
seul discours de la soirée. Des aînés des peuples
ancestraux de différentes régions de la Colombie et du
peuple Lakota du Dakota ont salué les participants puis ont
fait passer une chanupa
(pipe de la paix) en
reconnaissance de l'importance de l'occasion. (note: enlever caractérisée
symboliquement
comme
une
réunion de
l'aigle, du condor, du jaguar et de l'anaconda au pays du colibris)
La large participation à cet
événement de masse fait voler en éclat le spectre
créé par les cercles dominants en Colombie et leurs
partisans aux États-Unis et au Canada qui ne cessent jamais de
représenter les FARC comme une force isolée et criminelle
et même comme des agresseurs des Autochtones et des
Afro-Colombiens, alors qu'ils
représentent les aspirations les plus élevées du
peuple colombien à une Colombie nouvelle qui est le fruit de
leurs propres efforts.
Dans son discours,
Timoleón
Jiménez a dit : « Nous voulons construire un pays
différent avec vous tous, un pays dans lequel la violence
disparaît une fois pour toutes de la scène politique,
où personne n'est persécuté, assassiné ou
enlevé parce qu'il pense différemment. Un pays dans
lequel personne n'est
obligé de prendre les armes pour défendre sa vie,
où la réponse à la protestation et à la
non-conformité sociale n'est pas la brutalité de la
brigade anti-émeute. »
Il a dit que les FARC avaient démontré
leur sincérité de plusieurs façons : en
s'engageant dans un cessez-le-feu total, en déplaçant
leurs forces dans les zones de transition, en abandonnant
complètement leurs armes, en fournissant un inventaire de leur
économie de guerre et en commençant le processus de
remise de tous leurs biens, qui
doivent servir de réparation aux victimes de la guerre. La
recherche de la vérité du conflit et de la
réparation de ses victimes était au coeur des Accords de
paix négociés à La Havane, a-t-il dit, ajoutant
que les instruments convenus seraient responsables de
révéler ce qui s'est réellement passé.
« Nous ne craignons pas la justice. Au contraire, nous
l'implorons, pour un pays où l'impunité disparaît
à jamais, indépendamment du statut social ou de la
condition politique des responsables. »
Secours suite au passage d'Irma à
Cuba
L'ouragan n'a pas brisé l'esprit de
résistance des Cubains
- Bruno Rodríguez Parrilla,
ministre cubain des Relations extérieures -
Campagne de secours et de reconstruction
pour Cuba suite à l'ouragan Irma
Afin d'aider Cuba dans ses efforts immenses
de rétablissement et de reconstruction, le Réseau
canadien pour Cuba (RCC) lance une campagne de secours et de
reconstruction pour Cuba à la suite de l'ouragan Irma.
Envoyez les dons à :
CNC Hurricane Relief
56, Riverwood Terrace
Bolton (Ontario) L7E 1S4
Faites vos chèques au nom de
Canadian Network On
Cuba et écrivez « CNC Hurricane Irma relief »
sur la ligne mémo du chèque.
Tous les dons seront envoyés en
entier
directement à Cuba.
|
|
LML reproduit le texte d'une intervention de Bruno Rodriguez
Parrilla, ministre des Relations extérieures de la
République de Cuba, à une réunion de
solidarité avec les pays touchés par l'ouragan Irma au
Nations unies, à New York, le 18 septembre. La rencontre a
attiré l'attention sur les ravages de l'ouragan dans les
États
insulaires des Caraïbes et avait pour but d'obtenir des
engagements des États membres à soutenir les pays et les
peuples touchés.
* * *
Monsieur le Président de l'Assemblée
générale,
Représentants distingués des Nations
des Caraïbes,
Messieurs du Secrétariat général,
Chers ministres et chefs de délégation,
représentants des organismes des Nations unies,
délégués et invités,
Nous sommes profondément reconnaissants de la
convocation de cette réunion, à des moments aussi
difficiles pour les pays affectés par l'ouragan destructeur Irma.
Cuba exprime ses sincères condoléances
aux victimes et à leurs familles, aux peuples et aux
autorités de tous les territoires touchés.
L'ouragan a frappé Cuba pendant plus de 72
heures, en particulier sur presque tout le nord du pays. Pratiquement
aucun territoire de l'archipel n'a été
épargné. Malgré les gigantesques mesures de
prévention prises, nous déplorons la perte de 10
vies.
C'est un coup très dur ! Les secteurs du
logement, de l'agriculture et du réseau
électroénergétique, entre autres, ont
été gravement endommagés. Les fruits des
années de travail intense de notre peuple ont été
effacés par Irma en quelques heures.
Mais l'ouragan n'a pas entamé l'esprit de
résistance des Cubains. Comme le président Raúl
Castro Ruz l'a exprimé dans son message à notre peuple en
phase de rétablissement, « notre peuple renaît avec
toutes les adversités. »
Comme cela a toujours été avec la
révolution cubaine, toutes les ressources nécessaires
seront utilisées pour s'assurer que personne ne soit
laissé sans abri.
Monsieur le Président,
Je profite de cette occasion pour exprimer ma gratitude
pour les nombreuses manifestations de solidarité et les offres
d'assistance reçues de nombreux gouvernements, parlements,
organisations internationales et de la société civile.
Nous réitérons notre solidarité et
notre volonté de coopérer, avec nos modestes
possibilités, avec les peuples et les gouvernements des pays
touchés par l'ouragan. À Antigua-et-Barbuda, 54
agents de santé cubains y travaillaient déjà, et
ils ont été rejoints par des spécialistes des
ouragans et des techniciens des réseaux électriques, ce
qui
contribue à la reprise du pays. Je ne le mentionne que pour
contribuer à donner la priorité à la mobilisation
internationale de l'aide aux États et territoires qui, en raison
de leur petite taille, de leur faible population et de la
capacité limitée de leurs propres ressources, devront
faire face aux plus grands défis de la reconstruction
après le passage de
l'ouragan Irma.
Comme cela a été dit à juste
titre, entre autres événements, cette catastrophe
révèle la priorité pour l'humanité de faire
face au changement climatique selon les principes de
responsabilités communes mais différenciées, et en
particulier la nécessité d'un traitement spécial
et différencié des petits États insulaires tels
que les nations soeurs de Cuba
qui sont actuellement gravement touchées.
Merci beaucoup
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|