Le Marxiste-Léniniste

Numéro 30 - 1er juillet 2017

Le Canada à 150 a besoin de renouvellement

Le besoin de bâtir le Canada sur une nouvelle base historique

Piquet antiguerre à Canada 150

Windsor
Faisons du Canada un facteur de paix,
pas de guerre et d'agression!
Samedi 1er juillet à 11 h 

Coin Ouellette et Tecumseh

CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS:
Ô CANADA, TERRE AUTOCHTONE

Le Canada à 150 a besoin de renouvellement
Le besoin de bâtir le Canada sur une nouvelle base
historique
- Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
Faisons du Canada un facteur de paix, pas de guerre et
d'agression!
- Coalition de Windsor pour la paix

Canada 150: Ô Canada, terre autochtone
Les peuples autochtones établissent un lieu de rassemblement sur la colline du Parlement

La militarisation des ports canadiens et la promotion de l' «interopérabilité»
avec la flotte de guerre des États-Unis

Un porte-avion nucléaire des États-Unis arrive à Halifax - Tony Seed

Ce à quoi ressemble un gouvernement de pouvoirs de police
Exprimez-vous contre les mesures d'État policier
Le Centre de la sécurité des télécommunications fait une évaluation inacceptable des cybermenaces - Anna Di Carlo
Séance d'information pour les partis politiques enregistrés sur
les menaces cybernétiques

Ce que dit le rapport sur l'évaluation des cybermenaces


Le Canada à 150 a besoin de renouvellement

Le besoin de bâtir le Canada sur une
nouvelle base historique

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La Fête du Canada 2017 marque le 150e anniversaire de la Confédération établie par la Proclamation royale de 1867. Les Canadiens se retrouvent aujourd'hui devant le besoin de donner au Canada une nouvelle constitution qui remplace celle utilisée pour fonder le Canada dans les conditions de 1867. Ils doivent donner au Canada une constitution moderne qui abolit la prérogative royale sur laquelle est basée la constitution actuelle. Ils ont besoin d'une constitution qui investit le peuple du pouvoir souverain et qui élimine les pouvoirs de police qui maintiennent des privilèges au lieu des droits.

Le Canada a besoin d'une constitution moderne qui met un terme à l'injustice coloniale et aux vieux arrangements qui étouffent les peuples autochtones. Cette constitution doit mettre en pratique le principe de relations de nation à nation. Elle doit reconnaître le droit du Québec à l'autodétermination et les droits qui appartiennent aux citoyens et résidents du fait qu'ils sont des êtres humains. Elle doit garantir ces droits et établir un processus politique moderne et des formes de gouvernance qui permettent aux membres du corps politique de se faire entendre, d'avoir un contrôle sur leurs affaires et de tenir ceux qui sont au gouvernement redevables de leurs actes.

Il faut un Canada et une constitution modernes qui arrêtent la destruction nationale de ceux qui ont soumis le pays au pouvoir décisionnel et à l'édification d'empire de puissances étrangères et d'intérêts financiers étrangers, à des arrangements commerciaux supranationaux et aux alliances militaires et aux guerres sous la direction des États-Unis. Le Canada a besoin d'indépendance pour que les Canadiens puissent développer des relations humaines modernes entre eux et avec le reste de l'humanité.

Le Canada a besoin d'une constitution qui reconnaît les droits qui appartiennent à tous du fait qu'ils sont des êtres humains. Il a besoin d'un processus politique moderne basé sur l'égalité de tous les membres du corps politique. Il faut un processus politique renouvelé qui permette aux citoyens et résidents de décider directement des affaires qui les concernent et qui ont un impact sur leur vie, de résoudre les problèmes et d'entreprendre sérieusement d'humaniser l'environnemental social et naturel.

Le Canada a également besoin d'un gouvernement antiguerre qui fait de ce pays une zone de paix et qui exige que les problèmes dans les relations internationales soient résolus sans violence ni guerre.

L'histoire appelle les peuples du Canada et du Québec et les peuples autochtones à établir entre eux des arrangements modernes basés sur une union libre et égale d'entités souveraines. Les défis sont énormes mais les conditions actuelles nous appellent à assumer la tâche de bâtir un avenir brillant où les droits de tous sont garantis.

Que la classe ouvrière se constitue en la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain avec une constitution moderne qui bâtit le Canada sur une nouvelle base historique !

Tout en oeuvre pour bâtir le nouveau !

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Faisons du Canada un facteur de paix, pas
de guerre et d'agression!

Le 1er juillet est le 150e anniversaire de l'établissement de la confédération par proclamation royale. En cette occasion, nous encourageons tout le monde à affirmer ensemble que nous voulons que le Canada soit une force pour la paix au présent et au futur, pas un instrument de domination coloniale, de guerre et d'empire comme ce fut le cas ces 150 dernières années.

Depuis 1867, les gouvernements qui se sont succédés, qu'ils fussent libéraux ou conservateurs, ont nié les droits ancestraux et les autres droits des peuples autochtones, placé le territoire, les ressources et les jeunes du Canada au service de guerres d'expédition, imposé des arrangements coloniaux et participé aux tentatives de supprimer la Russie soviétique en 1918 et à la suppression des mouvements anticoloniaux des peuples de l'Inde, d'Afrique et d'autres pays luttant pour leur indépendance et libération.

Dans un premier temps, le Canada a agi au service des impérialistes britanniques qui s'efforçaient de maintenir leur empire. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les Canadiens se sont joints aux peuples du monde pour combattre le fascisme, l'occupation et le militarisme. Par la suite, par contre, le Canada s'est rangé du côté des impérialistes américains quand ils ont déclenché la guerre froide et, sous prétexte d'endiguer le communisme, le Canada est devenu un dévoué serviteur des impérialistes américains par les alliances militaires et politiques agressives que sont l'OTAN et NORAD. Cela a mené à la suppression du droit de conscience au pays et au déploiement de l'armée canadienne au service des visées américaines à l'étranger, à commencer par la guerre de Corée et allant jusqu'à la guerre en Irak et en Syrie et à l'intervention en Ukraine et en Europe de l'Est.

Aujourd'hui le Canada est tellement lié au projet de domination mondiale des États-Unis que notre armée, nos ressources et notre territoire sont considérés comme faisant partie du « Homeland » américain, que les États-Unis contrôlent et patrouillent par NORAD et d'autres arrangements policiers et militaires nord-américains. Aujourd'hui les États-Unis peuvent utiliser ouvertement leur pouvoir en territoire canadien contre les Canadiens et contre quiconque ils considèrent comme une menace à leurs visées de domination mondiale.

Aujourd'hui le premier ministre « célèbre » les tireurs d'élite canadiens en Irak qui assassinent des gens à des kilomètres de distance aux ordres du commandement américain. Le ministre de la Défense se vante d'être l'« architecte » d'une opération dirigée par les États-Unis en Afghanistan qui a fait des milliers de morts. La ministre des Affaires étrangères « représente » le Canada à l'étranger en s'ingérant dans les affaires de pays souverains tout en étalant sa « fierté » que son grand-père était un collaborateur nazi.

Ces gens ne reflètent pas la personnalité d'un Canada moderne mais bien la continuation du Canada au service de la guerre et de l'empire.

Au Canada nous avons les nations autochtones qui représentent les meilleures traditions de luttes anticoloniales et pour l'indépendance des XIX et XX siècles. Ils sont rejoints par des personnes éprises de paix partout dans le monde. Nous voulons tous un Canada qui reprend ce qu'il y a de mieux de notre passé et qui contribue au développement de tous les peuples, pas un Canada qui sert la domination mondiale et présente cela comme un noble idéal.

Aujourd'hui, nous voulons des relations pacifiques et fraternelles avec toutes les nations et tous les peuples à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières du Canada. À l'occasion du 150e anniversaire du Canada, la Coalition de Windsor pour la paix encourage tout le monde à réfléchir au présent et au futur du Canada et à faire ensemble le pas audacieux de rejeter tous ces arrangements qui placent le Canada en position de faciliter la guerre et l'agression et d'y participer.

(Traduit de l'anglais par LML)

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Canada 150: Ô Canada, terre autochtone

Les peuples autochtones établissent un lieu de rassemblement sur la colline du Parlement

Des jeunes autochtones ont allumé un feu sacré sur le lieu de rassemblement sur la colline du Parlement à la veille du 1er juillet, Fête du Canada. Ils appellent toutes les nations à se joindre à eux le 1er juillet dans une grande affirmation de leur droit d'être. Le feu brûlera jusqu'à la fin de leurs cérémonies après le 1er juillet.

Le feu a été allumé après que tous ceux qui sont venus se joindre à la Réoccupation autochtone ont formé un mur pour défendre le tipi et les jeunes qui jeûnent contre une possible attaque policière. D'autres sont venus d'autres secteurs de la colline pour voir la cérémonie. À cause du très grand appui qu'ils ont eu, la police n'a pas pu les empêcher d'allumer un feu sur la pelouse du Parlement.

Tout au long de la journée des gens de tous les milieux venus sur la colline ont visité le lieu de rassemblement et le tipi pour exprimer leur appui à l'initiative de planter le drapeau des droits autochtones à l'occasion du 150e anniversaire du Canada. Des centaines de personnes se sont arrêtées pour prendre des photos et se faire prendre en photo avec la bannière « Our Home on Native Land » (jeu de mots sur l'hymne national du Canada en anglais – « notre foyer sur terre autochtone » plutôt que « notre foyer et notre patrie »). Beaucoup se sont arrêtés pour écouter les récits de ceux qui prenaient part à la cérémonie.

Le premier ministre Justin Trudeau a visité le lieu de rassemblement le matin du 30 juin avec un immense entourage de journalistes, photographes et agents de sécurité. À l'intérieur du tipi une des jeunes de Sault Ste. Marie, Candace Day Neveau, a remercié le premier ministre d'être venu et lui a dit : « Nous allons rester ici et n'allons plus reculer en tant que peuple autochtone. Nous allons continuer d'affirmer notre droit inhérent. En tant que jeune leader, je suis ici pour vous dire que nous allons vous tenir redevable. »

Des dizaines de milliers de personnes sont attendues sur la colline du Parlement le 1er juillet. Le feu sacré continuera de brûler et tous sont encouragés à aller exprimer leur appui tout au long de la journée.



Jour 1 : le lieu de rassemblement est établi

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) salue les jeunes autochtones de Sault-Ste. Marie et les protecteurs de l'eau de Bawaiting qui, malgré l'assaut des forces policières qui ont tenté de les en empêcher, ont réussi à ériger un tipi sur le côté Est de la Colline du Parlement à 2 h le 29 juin.

Des membres d'autres nations se sont joints à eux ainsi que des Canadiens et des Québécois venus défendre leur action pour établir un lieu de rassemblement sur la colline du Parlement. L'action a commencé avec un rassemblement au Monument des droits de la personne suivi d'une marche. Les marcheurs ont finalement réussi à établir une tête de pont à l'intérieur des clôtures du parlement malgré l'attaque policière, neuf arrestations et une confrontation de plusieurs heures. Toutes les personnes arrêtées ont été libérées plus tard dans la nuit une fois que la GRC et la police du parlement ont été forcées de reculer.

L'établissement du lieu de rassemblement marque le début d'une cérémonie et d'un jeûne de quatre jours menés par les jeunes pour affirmer leur souveraineté et leurs droits. Ils rejettent également la glorification de l'État canadien et de ses relations coloniales avec les peuples autochtones exprimée dans les commémorations du 150e anniversaire du Canada au coût de 500 millions $. Le PCC(M-L) demande à tous ceux et celles qui se rendent au Parlement de visiter le tipi, de rendre hommage à la juste cause des peuples autochtones du Canada et de contribuer au succès du lieu de rassemblement.










Jour 2 : Le lieu de rassemblement est déplacé sur le côté
nord-ouest de la pelouse du Parlement

Le lieu de rassemblement et le tipi établis par les femmes et jeunes autochtones sur la colline du Parlement ont été déplacés tout près de la grande estrade. Cela s'est fait dans la soirée du 29 juin après une journée de négociations avec la GRC. Ils resteront à cet endroit toute la journée du 1er juillet.

Le tipi avait originalement été placé tout juste à l'intérieur des clôtures la nuit du 28 juin. Cela s'est fait grâce à la détermination des femmes et des jeunes autochtones et de supporters à établir une présence autochtone sur la colline du Parlement. Ils ont été confrontés à la police et il y a eu neuf arrestations ce soir-là.

Ce lieu de rassemblement est un témoignage de la détermination à affirmer le droit à l'existence des peuples autochtones face à la perpétuation des rapports coloniaux et la négation de leurs droits ancestraux par le gouvernement fédéral. Au nom de la réconciliation et du redressement des torts historiques, les cercles dominants semblent déterminés à traîner le passé dans le présent à la poursuite des mêmes objectifs génocidaires.

À l'occasion des célébrations du 150e anniversaire du Canada, des événements ont lieu partout au pays pour rejeter la glorification de la dépossession des peuples autochtones. Le gouvernement dépense 500 millions $ pour ces célébrations et différentes activités frivoles. Mais les peuples autochtones partout au pays organisent des activités à la défense de leurs droits. Ils sont rejoints par des Canadiens et des Québécois de tous les milieux qui luttent aussi pour un Canada moderne qui respecte la paix et la dignité du travail.








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La militarisation des ports canadiens et la promotion de l' «interopérabilité»
avec la flotte de guerre des États-Unis

Un porte-avion nucléaire des États-Unis
arrive à Halifax

« Le porte-avion nucléaire américain USS Dwight D Eisenhower, et deux navires de soutien arrivent aujourd'hui », annonçait l' Examiner de Halifax le 28 juin. « L'administration de pilotage dit que le porte-avion sera amarré à la zone de mouillage numéro un, juste au nord de l'île McNab, mais j'ai aussi entendu dire que le navire sera amarré au sud de l'île, près de [la base des Forces canadiennes] Shearwater. Nous le saurons à un moment donné. Les autres navires accosteront au chantier naval de Halifax », écrit le journaliste.

Voilà comment les libéraux de Justin Trudeau célèbrent le 150e anniversaire de la Confédération - avec la militarisation des ports canadiens et la promotion de l'« interopérabilité » avec la flotte de guerre des États-Unis.

Au cours des derniers 150 ans, les forces militaires américaines ont développé un plan exhaustif et détaillé pour l'invasion et la conquête du Canada. On lit dans une ébauche de 1924 : « L'intention des Bleus (les États-Unis) est de détenir à perpétuité tous les territoires pourpres (canadiens) et rouges (britanniques) conquis. La politique est de préparer les provinces et les territoires pourpres et rouges à devenir des États et des territoires de l'union bleue suite à une déclaration de paix. Le gouvernement du Dominion sera aboli... » [1]


Du haut en bas, le USS Dwight D. Eisenhower, le USS Winston S. Churchill et le HMCS Moncton  tiennent ce que la Marine américaine appelle un exercice photo en route
vers Halifax le 27 juin 2017.

Ces plans ont été codifiés dans le Plan de guerre rouge, un document qui n'a pas été préparé pour rester dans le fond d'un tiroir. En 1934, des modifications au plan ont été approuvées par le secrétaire de la Guerre et le secrétaire de la Marine des États-Unis qui ont autorisé la destruction de Halifax, de Montréal et de la ville de Québec par « des opérations aériennes immédiates sur une échelle la plus large possible » et par l'utilisation immédaite de premier recours de gaz toxique contre les Canadiens afin d' « accroître nos avantages et accélérer la fin victorieuse de la guerre ».

Les collèges de guerre de l'Armée et de la Marine des États-Unis ont dressé des plans d'invasion du Canada jusqu'à au moins 1939. Par exemple, on envisageait qu'une « force expéditionnaire d'outre-mer s'empare de Halifax pour l'arracher à la coalition rouge-pourpre »(Grande-Bretagne rouge, Canada pourpre), dans le cadre du Plan de guerre rouge. Pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, l'occupation s'est poursuivie de l'intérieur, par le biais de l'annexion et, aujourd'hui, l'« intégration ».


Carte du Plan d'action rouge -- cliquer pour agrandir

Aussi récemment qu'en 1983, le Pentagone a désigné la base navale militaire canadienne de Shearwater, où se trouvent un aérodrome et un poste d'amarrage naval pour les sous-marins nucléaires des États-Unis, avant-poste de déploiement pour la « défense » du centre des États-Unis. Les forces militaires américaines ont tenu de nombreux exercices à l'intérieur et à l'extérieur du port de Halifax, faisant une répétition générale par exemple du minage illégal du port du Nicaragua (« Opération Minex »), ce qui a été condamné par la Cour internationale de La Haye. Shearwater sert aussi de base pour la Force de réaction rapide, une décision prise par le gouvernement Harper.

Encore une fois cette année, le voilier chilien La Esmeralda est aussi arrivé à Halifax dans le cadre du spectacle des « grands voiliers ». En 2015, le quotidien britannique le Guardian a publié un reportage qui disait que La Esmeralda avait servi de prison de torture pendant les années Pinochet.

« Une série de rapports sur les droits humains, dont des rapports de la Commission interaméricaine sur les droits de la personne de l'Organisation des États américains, Amnistie internationale, le sénat américain et la Commission de Vérité et de Réconciliation du Chili, ont révélé qu'à l'automne de 1973 ce navire avait servi à la détention et à la torture des victimes du régime de Pinochet, dont le prêtre anglo-chilien, le père Michael Woodward.

« On y apprend de façon détaillée comment le navire a été amarré dans le port de Valparaiso suite au coup d'État d'Augusto Pinochet. Selon un rapport de 1986 du Sénat américain, jusqu'à 112 personnes y auraient été détenues dont 40 femmes. À bord du vaisseau, on aurait commis des viols, eu recours à des charges électriques, des simulacres d'exécution et des abus physiques. Parmi les détenus se trouvait Woodward qui, après avoir été torturé à terre, a été transféré du navire à un hôpital naval pour être traité mais a succombé à ses blessures pendant le transfert. Ses restes seraient enfouis dans une fosse commune sous une route.

« Claudio Correa, un ancien représentant du gouvernement chilien qui vit à Londres, a été détenu sur le navire avec Woodward. Il a dit au Observer qu'il avait été transféré d'une académie militaire au Esmeralda où des équipes de spécialistes avaient été déployées pour torturer les détenus pendant plusieurs jours. « Ils torturaient les gens sans exprimer la moindre émotion', a-t-il dit. 'Ils aimaient cela. '

« Une campagne Facebook a été mise sur pied pour appeler les gens à manifester contre l'arrivée du navire à Londres et dans d'autres ports européens. Une des manifestantes du nom de Carolita explique que le fait qu'on se serve toujours de ce navire 'confirme à nouveau le manque de respect de la marine chilienne envers les droits humains et l'absence de remords pour des actes qui ont été condamnés partout dans le monde'. Elle a ajouté qu''il est injuste de penser que les victimes puissent pardonner et oublier alors que les responsables de ces actes n'expriment aucun regret ni remords' ». [2]

Si l' Examiner exprime avec raison ses préoccupations au sujet du navire de torture chilien qui se fait passer pour un « grand voilier », il trouve par contre merveilleuse l'arrivée du porte-avion nucléaire USS Dwight D Eisenhower, que les médias qualifient de « ville flottante ». N'oublions jamais qu'une flotte des États-Unis était amarrée près de la côte chilienne pendant toute la durée du coup d'État de 1973 sous prétexte d'y mener une manoeuvre annuelle baptisée UNITAS dont la marine canadienne fait aussi partie.

Notes

 1. Richard Preston, « The Defence of the Undefended Border : Plans for War in North America », 1867-1939.

 2. Tim Bousquet, « The Shipping News: Morning File, Wednesday, June 28, 2017 », Halifax Examiner, 18 juin 2017

(Photos/graphiques : U.S. Navy, Morning News, Zona Impacto)

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Ce à quoi ressemble un gouvernement de pouvoirs de police

Exprimez-vous contre les mesures d'État policier


Manifestation contre la Loi antiterroriste (Loi C-51) du gouvernement Harper à Ottawa le 14 mars 2015, parmi les plus de 70 actions qui ont eu lieu ce jour-là partout au pays

Le 20 juin, le gouvernement Trudeau a déposé au Parlement le projet de loi C-59, Loi concernant des questions de sécurité nationale. Le projet de loi de 130 pages propose l'octroi de nouveaux pouvoirs draconiens aux organismes de renseignement comme le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) pour imposer un État policier.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) (enregistré aux fins électorales en tant que Parti marxiste-léniniste du Canada) a publié une déclaration le 22 juin qui traite des différentes mesures et des pouvoirs de police secrète que le gouvernement cherche à légaliser. Elle conclut que le projet de loi C-59 est encore plus dangereux que la loi C-51 du gouvernement Harper, que les libéraux de Justin Trudeau ont annoncé ne pas avoir l'intention d'abroger malgré les demandes des Canadiens d'un océan à l'autre.

LML fournit à la fin de cet article un lien vers la déclaration du PCC(M-L) et appelle les électeurs à s'informer sur ce développement. Les mesures mises de l'avant dans le projet de loi C-59 comprennent le renforcement des pouvoirs de « perturbation » et de surveillance du SCRS, l'annulation de l'interdiction formelle au CST de recueillir et stocker de l'information sur les Canadiens et l'octroi au CST de vastes pouvoirs de mener des cyberattaques « offensives » et « défensives ». Selon les libéraux, ceux qui participent à des « activités contre le système de gouvernement constitutionnellement établi au Canada » sont des cibles légitimes.

Il est inquiétant aussi que le gouvernement prétende que ces mesures seront exercées sous contrôle, surveillance et responsabilité civile. Ces pouvoirs de police secrète sont par définition au-dessus de l'État de droit. L'objectif du gouvernement Trudeau de légaliser de telles activités dans le projet de loi C-59 en dépit de l'opposition des Canadiens au projet de loi C-51 et à des lois semblables montre que le pouvoir civil est subordonné à l'autorité de police. Voilà à quoi ressemble un État policier.

Lisez la déclaration du PCC(M-L) : « Opposons-nous au projet de loi d'État policier du gouvernement Trudeau ! »

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Le Centre de la sécurité des télécommunications fait une évaluation inacceptable des cybermenaces

Le 16 juin 2017, quatre jours avant le dépôt du Projet de loi C-59, Loi concernant des questions de sécurité nationale, à la Chambre des communes, le Centre de la sécurité des communications (CST) a publié un rapport intitulé « Cybermenaces contre le processus démocratique du Canada ».

La « ministre des Institutions démocratiques », qui a commandé le rapport, dit que « rendre disponible au public ce genre d'évaluation des cybermenaces est une première mondiale ». Avec ce rapport, les cybermenaces et les allégations d'ingérence étrangère dans le processus électoral ont été officiellement ajoutées à l'arsenal de désinformation pour contrer l'effort des Canadiens pour se donner le pouvoir de décider.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), enregistré auprès d'Élections Canada sous le nom de Parti marxiste-léniniste du Canada, s'oppose aux conclusions du rapport du CST et à l'utilisation des pouvoirs de police pour surveiller les élections et à l'ingérence dans ce qu'on appelle le processus démocratique que le rapport tente de justifier.

L'orientation énoncée dans le rapport crée un scénario où les opinions politiques des Canadiens seront ternies par des allégations d'influence étrangère. Cela est fait en déclarant que parce que le Canada est un pays qui fait partie de l'OTAN et du G7 et suit des politiques qui servent à la fois cette alliance militaire et l'oligarchie financière des États membres du G7, toute opinion qui s'oppose à cette situation s'oppose par conséquent au Canada. Ces politiques sont un sujet de préoccupation pour les Canadiens, qui sont nombreux à s'y opposer, et déclarer qu'elles font partie des problèmes de sécurité policière est inacceptable.

Il y a beaucoup de telles déclarations dans le rapport. Par exemple, le rapport indique : « Toutefois, à ce jour, nous n'avons pas encore constaté l'utilisation de cybercapacités par des États-nations visant à influencer le processus démocratique du Canada pendant des élections. Nous croyons qu'en 2019, cette situation pourrait être la même ou changer, selon la perception qu'auront les États-nations adversaires des politiques nationales et étrangères du Canada ainsi qu'en fonction de l'ensemble des politiques adoptées par les candidats aux élections fédérales de 2019. »

Est-ce que le CST insinue que s'il y a un plus grand « ensemble » de politiques lors des élections de 2019, les cybermenaces vont augmenter ? Ou, ce qui revient au même, que plus l'ensemble est petit, moindre est la menace ? Comme le Canada est présenté comme un État membre de l'OTAN et du G7, est-ce que le CST nous dit que des campagnes électorales qui exigeraient le retrait du Canada de l'OTAN et l'adoption de politiques prosociales contraires à l'ordre du jour antisocial néolibéral du G7 sont la source de cyberattaques potentielles ?

Le CST déclare également : « Toutefois, les cybermenaces et les opérations d'influence sont souvent réussies, car elles ne reposent pas uniquement sur les vulnérabilités technologiques, mais exploitent des comportements humains et des habitudes sociales profondément ancrés. Pour défendre le processus démocratique du Canada contre les cybermenaces et les opérations d'influence connexes, il faut se pencher sur les aspects techniques et sociaux du problème. »

Cela conduit à une question troublante pour ceux qui sont préoccupés par l'utilisation croissante de la surveillance policière et des pouvoirs de police pour porter atteinte à leur droit de conscience, à leur liberté d'association et à leur liberté d'expression, ainsi que, entre autres, leur droit à la vie privée et leur droit de vivre en paix. Que veut dire précisément le CST lorsqu'il exprime sa préoccupation au sujet « des comportements humains et des habitudes sociales profondément ancrés » ? Et que veut dire précisément le CST par « se pencher sur les aspects techniques et sociaux du problème » ?

Le PCC(M-L) participe aux élections et, quotidiennement, s'emploie à engager les Canadiens dans les affaires politiques. Il défend des positions idéologiques et politiques, comme exiger le retrait du Canada de l'OTAN, qui sembleraient entrer dans la catégorie de ce que le CST dit être des opinions défendues par des « adversaires du processus démocratique canadien ».

Dans son rapport le CST dit qu'il s'attaque à la menace qui pèse sur le processus démocratique du Canada. Toutefois, il n'est pas clair du tout ce qu'il entend par processus démocratique du Canada ou pourquoi il pense que celui-ci est menacé. Le processus démocratique est certainement le droit du peuple de déterminer ses propres affaires, de décider lui-même du gouvernement qu'il veut et des politiques intérieures et étrangères qu'il souhaite que son pays suive. Cela inclut des considérations comme l'adhésion du Canada à l'OTAN et l'adhésion du gouvernement aux politiques néolibérales et antisociales du G7.

Le CST est-il en train de dire dans son rapport que le Canada est membre du G7 et membre de l'OTAN à cause de certaines caractéristiques immuables, comme la position du Canada sur le continent nord-américain, et non à cause des choix politiques du gouvernement actuel et des gouvernements passés ? Il semble dire que, parce que le Canada est membre du G7 et membre de l'OTAN avec un ensemble donné d'alliés, ce qui est bon pour ces alliances est bon pour le peuple canadien et que le CST doit protéger ce bien. Le résultat final est que les Canadiens doivent respecter cela s'ils ne veulent pas être considérés comme des « adversaires ».

De la manière dont le rapport est rédigé, il s'ensuit que ceux qui s'opposent à l'adhésion du Canada à l'OTAN, ceux qui s'opposent aux politiques néolibérales qui caractérisent les gouvernements des États-nations membres du G7, sont des cibles de suspicion parce qu'ils mèneraient des « opérations d'influence » contre les intérêts du Canada.

Si c'est bien ce que dit le CST, alors c'est une question inquiétante pas seulement pour le PCC(M-L) mais pour tous les partis politiques ou les candidats qui demandent le démantèlement de l'OTAN et disent que le G7 n'est pas bon pour le Canada. C'est un sujet de préoccupation pour tous les Canadiens.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau est en train de camoufler ses intentions réelles avec son ordre du jour des cybermenaces. Lors d'une conférence de presse sur le rapport du CST, la ministre des Institutions démocratiques Karina Gould s'est arrangée pour n'apporter absolument aucun éclaircissement sur la question. « Nous prenons très au sérieux les cybermenaces contre notre démocratie, et aujourd'hui, nous faisons un pas déterminant en vue de défendre notre démocratie contre les auteurs de menaces », a-t-elle déclaré. Dans son communiqué de presse, la ministre annonce qu'elle va sensibiliser « les citoyens du Canada en leur offrant les outils, les compétences et les possibilités dont ils ont besoin pour pleinement participer au processus démocratique ». Cela semble suggérer que les bonnes connaissances en matière de cybersécurité sont essentielles à l'exercice des droits démocratiques.

Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, a ajouté : « Le Centre de la sécurité des télécommunications a mis à profit son expertise unique pour produire cette évaluation approfondie et instructive des menaces contre nos institutions démocratiques. J'encourage tous les Canadiens à lire et à adopter les pratiques de base en matière de cybersécurité conseillées par le CST puisqu'elles contiennent de nombreuses étapes simples susceptibles de profiter à tous. »

Le PCC(M-L) invite les Canadiens à se renseigner sur ce rapport et à dénoncer ses conclusions inacceptables et les mesures que prend le gouvernement Trudeau pour permettre au Centre sur la sécurité de s'immiscer dans le processus électoral au nom d'idéaux supérieurs.

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Séance d'information pour les partis politiques enregistrés sur les menaces cybernétiques

Le 20 juin, le Bureau du conseil privé du gouvernement du Canada a convoqué une réunion des partis politiques enregistrés, annonçant que le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) allait les informer des « meilleures pratiques en matière de sécurité cybernétique ». Douze des 16 partis politiques enregistrés étaient présents à la séance dont le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste). L'invitation à la réunion a été faite quelques jours avant que le CST publie son rapport intitulé « Cybermenaces contre le processus démocratique du Canada ».

La séance a été animée par Scott Jones, le chef adjoint de la Sécurité des Technologies de l'information du CST qui était accompagné de deux membres du personnel du CST. Il a présenté un bref sommaire de l'évaluation que fait le CST de la menace cybernétique, l'émaillant de conseils élémentaires bien connus relatifs à la cybersécurité tel « le recours à des mots de passe différents pour différents comptes » et « la nécessité de sauvegarder vos données au cas où vous seriez victime d'un rançongiciel ».

Les participants à la séance ont soulevé plusieurs questions et fait des commentaires qui contestaient le rapport du CST et sa conception du danger qui est posé au processus démocratique. Un parti a fait remarquer que tous les objectifs visés par les menaces cybernétiques que décrit le CST sont déjà poursuivis par les partis politiques eux-mêmes en rivalité les uns avec les autres et non par des adversaires étrangers. Suggérer par exemple que des choses comme discréditer les adversaires électoraux et le processus électoral lui-même font partie des activités menées par des agents étrangers est ridicule pour ne pas dire plus.

On a fait remarquer également qu'en ce qui concerne l'expérience canadienne, le scandale des appels robotisés de 2011 n'est pas mentionné dans le rapport du CST. À ce moment-là, le Système de gestion de l'information sur les circonscriptions du Parti conservateur avait été utilisé pour faire des appels robotisés disant aux électeurs non-conservateurs d'aller voter au mauvais bureau de scrutin. Le CST s'est fait demander pourquoi ce danger au processus démocratique n'est pas mentionné dans le rapport.

La réponse du Centre a été que celui-ci ne s'occupe que de menaces étrangères. Si le CST ne s'occupe que d'ingérence étrangère, que pense-il des compagnies de marketing politique étrangères qui sont engagées par les partis politiques pour mener leurs campagnes électorales ? Ces agences étrangères font une vaste utilisation des banques de données d'électeurs et sont connues pour leur implication dans plusieurs des sales tours qui sont mentionnés dans le rapport, tel le recours à des réseaux d'ordinateurs contrôlés à distance (les « botnets ») pour créer l'impression artificielle que certains politiciens ou certaines politiques jouissent d'un vaste appui public. Le nombre de ces entreprises qui vont de pays en pays pour mener des campagnes électorales est très petit. Ils fondent leur manipulation des élections sur les techniques les plus avancées de micro-ciblage et se spécialisent dans ce qu'on appelle de la « publicité négative » et la promotion de la désinformation.

Les représentants du Centre ont répondu qu'il ne s'occupe pas des étrangers qui sont engagés par des partis politiques canadiens.

On a demandé au CST d'expliquer ce qu'il veut dire quand il lie la probabilité d'une cyberattaque à l'élection fédérale de 2019 à « l'ensemble des politiques adoptées par les candidats aux élections fédérales de 2019 ». C'est un des représentants du Centre qui a été chargé de répondre à la question et il s'est empressé de dire que le Centre ne suggère pas qu'il ne devrait pas y avoir une vaste diversité d'opinions et de positions dans cette élection fédérale, ce qui n'avait rien à voir avec la question posée. Celle-ci est demeurée sans réponse.

En ce qui concerne ce que le CST entend quand il dit vouloir traiter non seulement de l'aspect technologique du problème mais de son « aspect social » et des « comportements humains et des patterns sociaux qui sont profondément ancrés », les représentants du CST ont dit que cela signifie seulement que les gens doivent utiliser des mots de passe sécurisés, ne pas ouvrir des liens potentiellement dommageables et pratiquer généralement une bonne hygiène cybernétique.

On a aussi demandé au CST pourquoi il a choisi de définir le Canada par son membership dans l'OTAN et le G7. Jones a dit que puisqu'il s'agit de la politique du gouvernement canadien actuel, le Centre se doit de défendre ce gouvernement et ces politiques. Si un autre gouvernement adopte des politiques différentes, le centre devra les défendre elles aussi.

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Ce que dit le rapport sur l'évaluation
des cybermenaces

Le 16 juin 2017, en réponse à une requête de la ministre des Institutions démocratiques, le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) a publié son rapport intitulé « Cybermenaces contre le processus démocratique du Canada »

En expliquant comment il a formé son évaluation des cybermenaces au processus démocratique, le CST affirme que « la plupart des jugements » sont basés sur des informations classifiées qui ne peuvent être divulguées car le document est non classifié. Les renseignements proviennent d'un « ensemble de rapports provenant de nombreuses sources » et « sur les connaissances et l'expertise du CST en matière de renseignement étranger et de cybersécurité ». Selon le sous-ministre adjoint (Sécurité des technologies de l'information) Scott Jones, l'évaluation non classifiée est la seule existante. « Il n'y a pas de version classifiée de ce rapport », a-t-il déclaré.

Le rapport du CST indique que, bien qu'il existe une « vaste gamme de cybermenaces contre les activités politiques et électorales du Canada » à tous les niveaux de gouvernement, le rapport se concentre principalement sur le niveau fédéral et ne fournit pas « une liste exhaustive des cybercapacités ou des moyens dont disposent nos adversaires pour les déployer » car ceux-ci « prendraient des centaines de pages à cataloguer ».

L'évaluation se concentre sur trois aspects du processus démocratique : « 1) les élections, 2) les partis politiques et les politiciens, et 3) les médias ». Le Centre note dans le rapport que ces trois aspects du processus démocratique sont tous protégés par la Constitution canadienne et croit bon de déclarer que les Canadiens jouissent du « droit de liberté d'expression et de conscience [...], ce qui permet notamment aux citoyens de présenter des idées en public, de les propager et d'en débattre ».

Le rapport poursuit en disant que « pour que la démocratie triomphe, les citoyens doivent pouvoir être certains que le processus est juste, que les politiciens ne sont pas redevables à des intérêts étrangers ou criminels et que les médias ne sont pas influencés par des intérêts étrangers ou criminels qui tentent de manipuler l'opinion des électeurs et le résultat du processus démocratique ».

En ce qui concerne la composante électorale du processus démocratique, le CST affirme que les cyberattaques pourraient « empêcher les électeurs de s'inscrire en ligne, empêcher les citoyens de voter, trafiquer les résultats des élections, voler des bases de données sur les électeurs ».

En ce qui concerne les partis politiques et les politiciens, leurs sites Web et leurs courriels peuvent être attaqués. Les adversaires peuvent « mener des activités de cyberespionnage contre une cible politique, embarrasser ou discréditer une cible politique, exercer du chantage contre une cible politique, voler ou manipuler les bases de données du parti ou celles sur les électeurs ».

Quant aux médias traditionnels et aux médias sociaux, la menace réside dans une manipulation qui serait faite afin « d'influencer le discours politique ou pour amenuiser la confiance du public envers le processus démocratique ».

Qui sont les adversaires

Le CST décrit« les adversaires » comme « tout État, tout groupe ou toute personne qui a utilisé ou qui pourrait utiliser des cybercapacités pour menacer ou influencer le processus démocratique du Canada ». Les « menaces stratégiques » sont celles où les adversaires « visent sciemment à influencer secrètement un processus démocratique en particulier ». Les « menaces indirectes » sont celles où le résultat d'une élection est influencé par ceux « qui peuvent y parvenir malgré eux ». Les menaces indirectes proviennent d'adversaires qui « ratissent large dans l'espoir d'exploiter une base de données ou un réseau non sécurisé pour des motifs financiers ou simplement pour se divertir ».

Le rapport du CST indique qu'il a examiné les cyberattaques dans le monde au cours des dix dernières années et a identifié six types d'adversaires qui pourraient faire de même au Canada. Ceux-ci sont :

« 1. les États-nations motivés par des intérêts économiques, idéologiques ou géopolitiques.

 2. les hacktivistes motivés par des questions idéologiques.

 3. les cybercriminels motivés par l'appât du gain.

 4. les groupes terroristes motivés par des idéologies extrémistes et violentes.

 5. les acteurs politiques motivés par le désir d'être portés au pouvoir national.

 6. les amateurs de sensations fortes motivés par le désir de se faire une réputation ou par l'atteinte d'une satisfaction personnelle découlant d'activités de piratage réussies. »

L'objectif des adversaires

Le CST pose la question suivante : « Pourquoi les États-nations font-ils appel à des cybercapacités pour influencer les processus démocratiques de pays étrangers ? »

Selon le Centre, l'objectif immédiat est de réduire la confiance envers le processus démocratique et nuire à la popularité des candidats ou au nombre de votes qu'ils reçoivent. L'objectif à moyen terme est de « déterminer l'orientation des politiques, perturber les alliances internationales qui sont une menace pour ses intérêts, affaiblir les leaders qui représentent une menace ». L'objectif stratégique est de promouvoir les intérêts économiques, géopolitiques et idéologiques fondamentaux.

Pourquoi cibler le processus démocratique au Canada ?

En ce qui a trait à son processus démocratique, il y a plusieurs façons de décrire le Canada. Dans un sous-chapitre de son évaluation intitulé « Pourquoi cibler le processus démocratique du Canada ? », le CST a choisi de décrire le Canada comme un pays qui fait partie « du G7 et de l'OTAN, et est un membre influent de la communauté internationale ». Pour ces raisons, le CST déclare:

« Par conséquent, les choix du gouvernement fédéral du Canada en matière de déploiements militaires, d’accords commerciaux et d’investissements, de déclarations diplomatiques, d’aide étrangère ou d’immigration sont influents et percutants. »

Les décisions gouvernementales, dit-il, peuvent avoir une incidence sur « les alliés du Canada et les intérêts fondamentaux d'autres pays, de groupes étrangers et de particuliers ». De plus, il fait remarquer que tous les niveaux de gouvernements déterminent les dépenses et adoptent des lois qui « touchent des dizaines de millions de Canadiens et qui, dans certains cas (p. ex. politiques sur l'extraction de ressources naturelles), peuvent avoir des répercussions sur des intérêts étrangers ».

Ainsi les cybermenaces proviennent d'adversaires qui « visent à concrétiser leurs intérêts primordiaux qui sont habituellement liés à la sécurité nationale, à la prospérité économique et à des objectifs idéologiques ». En outre, le CST déclare que les États-nations peuvent utiliser les cybermenaces « comme des démonstrations de force ou pour dissuader d'autres États-nations ».

Selon le même raisonnement, le CST dit que « les adversaires » peuvent chercher à « modifier les résultats des élections, les choix des responsables des politiques, les relations du gouvernement avec ses partenaires étrangers et nationaux et à nuire à la réputation du Canada à l'échelle mondiale ». De plus, ils peuvent tenter de « saper la légitimité du concept de la démocratie et d'autres valeurs qui vont à l'encontre de leur vision idéologique du monde ».

La vulnérabilité du processus démocratique du Canada

Le rapport du CST examine et évalue les façons particulières par lesquelles le processus électoral, les politiciens et les partis politiques de même que les médias peuvent être ciblés.

Il évalue que les risques sont plus élevés là où le processus de scrutin a été plus informatisé et moins là où le processus d'inscription des électeurs et le scrutin se déroulent entièrement sur papier. Dans tous les cas, déclare le CST, l'objectif est de « mettre les organismes électoraux dans l'embarras et de faire germer des doutes dans l'esprit des électeurs. Elles peuvent aussi ralentir le processus de scrutin, frustrer les électeurs ou leur donner un sentiment de répression ». « Enfin, il est aussi possible que les bases de données sur les électeurs puissent être volées, et comme elles contiennent les renseignements personnels de millions de personnes, un tel cas représenterait une immense violation de la vie privée », avertit-il.

Parce que les élections fédérales au Canada se déroulent avant tout sur papier et qu'Élections Canada a mis en place des mesures pour atténuer les cybermenaces, le CST évalue « qu'il est presque certain qu'en ce qui a trait au processus démocratique fédéral du Canada, les partis politiques, les politiciens et les médias sont plus vulnérables que les élections à proprement parler ».

Il met en garde contre les dangers de chantage et d'activités qui peuvent embarrasser ou discréditer les partis et les politiciens. « Les adversaires peuvent essayer d'obtenir des renseignements préjudiciables pour manipuler les personnes visées ou pour influencer l'opinion publique à leur sujet. » Le CST dit que cela pourrait avoir des conséquences non seulement sur une élection en particulier mais qu'à long terme « des candidats qualifiés pourraient décider de ne pas se présenter à des élections en raison de la myriade de conséquences négatives que cela pourrait avoir sur leur vie personnelle et leur réputation ».

Il prédit également que les adversaires pourraient voler ou modifier les bases de données des électeurs et des partis soit pour obtenir une rançon, soit pour saboter et rendre les bases de données inutilisables lors d'une élection. « Les adversaires qui ciblent ainsi un parti politique peuvent influencer le cours des élections en empêchant le parti politique en question d'utiliser un important outil d'approche et d'engagement de l'électorat. »

La menace pour les médias est décrite comme une manipulation possible des médias traditionnels et sociaux « afin d'influencer le discours politique ou pour amenuiser la confiance du public envers le processus démocratique ». Le CST parle également du recours aux « usines de trolls » et aux zombies pour répandre de la propagande et créer artificiellement l'apparence d'un consensus public à l'appui d'un point de vue en particulier. Il rappelle qu'à cet égard 22,4 millions de Canadiens accèdent quotidiennement à Facebook et que 51 % consultent les actualités à partir de sources numériques.

D'autres formes de cybermenaces sont évoquées, telles qu'une attaque par déni de service pour saboter la capacité d'un parti politique à répondre à des demandes légitimes. D'autres exemples consistent à dégrader le site Web d'un parti politique ou dans « l'harponnage » pour contrôler son dispositif informatique. Le rançongiciel est aussi mentionné comme une menace aux partis politiques et aux candidats.

Le rapport fournit deux « études de cas », dont un cas qui décrit des activités conçues pour influencer l'opinion publique en défaveur d'un candidat politique. « L'adversaire compte influencer l'opinion des électeurs en menant une campagne de désinformation dans les médias sociaux. » Dans l'autre cas, le cyberespionnage est utilisé contre un candidat pour transmettre l'information du candidat à son rival.

L'évaluation du CST de la menace actuelle et future au processus démocratique canadien

Après avoir examiné les menaces cybernétiques potentielles telles qu'elles existent à l'échelle internationale, le CST examine le niveau de menace qui existe au Canada. Il note que lors de l'élection fédérale de 2015 le Canada « a été ciblé par une cybermenace peu sophistiquée ». Il se réfère à la publication par le collectif hacktiviste Anonymous d'un document du Bureau du conseil privé sur le redéveloppement des centres diplomatiques en Grande-Bretagne et les coûts supplémentaires que le gouvernement allait encourir. Le CST ne mentionne pas le scandale des appels robotisés de 2011, où le Système de gestion de l'information sur les circonscriptions du Parti conservateur a été utilisé pour identifier les électeurs non-conservateurs et leur envoyer des appels robotisés les dirigeants vers les mauvais bureaux de scrutin.

À cet égard, bien que le CST prétende ne se préoccuper que de cyberattaques étrangères, il a évalué le potentiel de cyberattaques perpétrées au pays. Il écrit qu'« à l'extérieur du Canada, des acteurs politiques corrompus emploient des cybercapacités pour influer sur les processus démocratiques de leurs pays ». Il prédit qu'« étant donné la popularité des cybercapacités et les avantages qu'elles confèrent, les acteurs politiques à l'étranger s'en serviront probablement de plus en plus pour façonner leur avenir politique ». Le CST conclut que « puisque le taux de corruption est faible au Canada », il est « plus probable que ce genre d'activités se produise ailleurs dans le monde ».

Le CST affirme que « les États-nations déploient constamment des cybercapacités pour tenter d'accéder aux réseaux du gouvernement du Canada et aux communications des représentants du gouvernement fédéral » mais qu'à ce jour « rien n'indique que des États-nations aient utilisé des cybercapacités en vue d'influencer le processus démocratique du Canada au cours des élections ». Il ajoute : « Nous croyons qu'en 2019, cette situation pourrait être la même ou changer selon la perception qu'auront les États-nations adversaires des politiques nationales et étrangères du Canada, au cours des deux prochaines années, ainsi qu'en fonction de l'ensemble des politiques adoptées par les candidats aux élections fédérales de 2019. »

Finalement, le CST déclare que si les cybermenaces peuvent être atténuées par des méthodes techniques de sécurité et de meilleures pratiques, « les cybermenaces et les opérations d'influence sont souvent réussies, car elles ne reposent pas uniquement sur les vulnérabilités technologiques, mais exploitent des comportements humains et des habitudes sociales profondément ancrés. Pour défendre le processus démocratique du Canada contre les cybermenaces et les opérations d'influence connexes, il faut se pencher sur les aspects techniques et sociaux du problème ».

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