Numéro 28 - 28 juin 2017
Bâtir et approfondir la
solidarité Canada-Cuba
Le Réseau canadien pour Cuba tient
son 8e Congrès biennal
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Piquetage à Montréal contre le blocus des
États-Unis contre Cuba le 17 juin 2017
Bâtir
et
approfondir
la solidarité Canada-Cuba
• Le Réseau canadien pour Cuba tient son
8e Congrès biennal
Les États-Unis
imposent une amende draconienne pour une transaction
faite au Canada
• Non à l'application extraterritoriale
du blocus étasunien ! Non à la violation de la
souveraineté canadienne par les États-Unis ! -
Isaac Saney, porte-parole national du Réseau canadien pour Cuba
• Déclaration de la Mission permanente
de Cuba aux Nations Unies
Nouvelles mesures
hostiles de l’administration américaine
• Déclaration du gouvernement
révolutionnaire de Cuba
• Conférence de presse du ministre
cubain des Relations extérieures
Bâtir et approfondir la
solidarité Canada-Cuba
Le Réseau canadien pour Cuba tient son
8e Congrès biennal
Les 3 et 4 juin 2017, des organisations
de solidarité et d'amitié Canada-Cuba se sont
réunies à l'Hôtel de ville de Toronto dans le cadre
du 8e Congrès biennal du Réseau canadien pour Cuba.
Signalant d'abord que les délégués et
invités se réunissaient sur un territoire autochtone
traditionnel non cédé, le chef
Stacey Laforme des Mississaugas de la première nation New Credit
a
ouvert le congrès avec un puissant message d'unité et de
fraternité des peuples du monde.
Le Congrès, qui fut un franc succès, a
rendu hommage au regretté Fidel Castro, leader historique de la
Révolution cubaine. L'hommage a pris la forme d'un
émouvant montage-vidéo suivi de la tenue d'une minute
de silence par les délégués et invités.
Parmi les invités il y avait Deborah Ojeda
(ministre conseillère, Ambassade de Cuba), Tania López
Larroque (Consul général cubain de Toronto), Sandra
Ramirez (directrice, bureau de l'Amérique du Nord de l'Institut
cubain pour l'amitié avec les peuples) et d'autres diplomates et
invités cubains. Des messages de salutations ont
été reçus
entre autres de la sénatrice canadienne Pierrette Ringuette,
coprésidente du Groupe interparlementaire Canada Cuba, du
National Network on Cuba des États-Unis et de Vancouver
Communities in Solidarity with Cuba, qui n'ont pas pu être
présents.
Luis Morlote Rivas, vice-président de l'Union des
écrivains et artistes de Cuba et député à
l'Assemblée nationale de Cuba, s'adresse aux participants
à l'événement du 3 juin sous le thème:
« Cuba: aller de l'avant en 2017 ».
Le Congrès a également eu l'insigne
honneur et le privilège d'accueillir Luis Moriote Revas,
vice-président de l'Union nationale des écrivains et
artistes cubains et député de l'Assemblée
nationale cubaine, le parlement de Cuba. Lors d'une soirée
publique le samedi 3 juin sous le thème « Cuba :
aller de l'avant
en 2017 », il a pris la parole devant une salle remplie
au pavillon Friends House. Il a parlé de sa participation aux
discussions en profondeur des parlementaires cubains cette année
sur le développement social et économique de l'île.
Il a souligné la détermination de Cuba à
renouveler son projet d'édification nationale
révolutionnaire
tout en préservant son indépendance et sa
souveraineté. Il a également souligné que Cuba
continuera d'avancer sur la voie de l'édification d'une
société où règnent une
égalité et une justice toujours plus grandes. Roberto
Chile, le photographe de renommée internationale, a
également parlé de son exposition sur Fidel Castro qui a
reçu des
acclamations de par le monde. L'exposition se trouve
présentement à l'Ambassade de Cuba à Ottawa et
entreprendra prochainement une tournée du Canada.
L'événement du 2 juin qui a précédé
le congrès tenu sous le thème : « Fidel ! Cuba !
Afrique ! Les enfants de l'Afrique reviennent ! »
Le congrès comme tel a été
précédé d'une conférence publique et de
discussions avec panélistes. Le vendredi 2 juin, il y a eu
une discussion sur le thème : « Fidel !
Cuba ! Afrique ! Les enfants d'Afrique
reviennent ! » avec salle pleine à la librairie
A Different Booklist où l'historien et spécialiste
de Cuba Isaac Saney a exploré l'histoire et les dimensions
impressionnantes de la solidarité qui lie la Révolution
cubaine à l'Afrique.
La première discussion du Congrès, sous
le thème « Mise à jour de l'économie
cubaine », avec la participation de Deborah Ojeda et Isaac
Saney, a porté sur l'ample participation démocratique du
peuple cubain à la mise à jour et au renouvellement de
son économie. À la deuxième session, «
Défendre Cuba et la souveraineté et
l'indépendance de l'Amérique latine », Sandra
Ramirez et Filipe Stuart (Réseau de solidarité
Amérique latine et Caraïbes) ont parlé de la
victoire historique de la démocratie, de la souveraineté
et de la paix qu'incarne la Révolution cubaine. À la
troisième session, « Bâtir la solidarité avec
Cuba au Canada », les panélistes Nino
Pagliccia (Association d'Amitié Canada-Cuba-Vancouver), Don
Foreman (Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes) et
Yamil Martinez (ICAP) ont expliqué que malgré le
rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et
Washington, la guerre économique des États-Unis contre
Cuba se poursuit sans relâche. Ils ont parlé des
perspectives pour l'expansion et le renforcement de la
solidarité avec Cuba dans tous les secteurs de la
société canadienne, surtout parmi les travailleurs.
Le panel (dans l'ordre habituel) : Isaac Saney, Deborah Ojeda, Sandra
Ramirez, Filipe Stuart, Nino Pagriccia, Yamil Martinez et Don Foreman
Dans les sessions plénières et les
discussions, les délégués ont
réaffirmé l'engagement du Réseau canadien pour
Cuba à continuer d'approfondir les liens d'amitié et de
solidarité entre les peuples du Canada et de Cuba et
résolu de faire tout ce qui peut être fait pour vaincre le
blocus économique des États-Unis contre Cuba, mettre fin
à la
campagne actuelle de subversion de Washington et voir au retour
à Cuba du territoire occupé illégalement par la
base navale américaine à la baie de Guantanamo. Des
délégués ont souligné à quel point
il est important que le mouvement de solidarité Canada-Cuba voit
à ce que les relations entre le Canada et Cuba demeurent
basées sur les normes
internationales de respect et d'égalité entre les
nations.
À ces fins, des mesures ont été
prises
pour renforcer le travail du Réseau. Plusieurs
résolutions et initiatives ont été adoptées
fixant les priorités pour les deux prochaines années,
notamment la mobilisation de l'opinion publique et politique canadienne
contre la politique américaine et les actes
d'agression des États-Unis contre Cuba, l'organisation et les
activités de soutien à la commémoration
du 50e anniversaire de la mort d'Ernesto « Che »
Guevera et le renforcement du travail auprès des
députés au parlement et aux assemblées
législatives du Canada. Pour réaliser ce mandat, un
nouvel exécutif de sept personnes a été
élu : Iris Cogger, Julio Fonseca, Don Foreman, Elizabeth
Hill, Michael Oneill, Isaac Saney et Saleh Waziruddin. Elizabeth Hill
et Isaac Saney ont été réélus aux postes de
coprésidents de l'exécutif. Puis l'exécutif a
nommé à nouveau Isaac Saney au poste de porte-parole
national, Elizabeth Hill au poste de trésorière et Saleh
Waziruddin au
poste de secrétaire.
À la clôture
du Congrès, le
Réseau canadien pour Cuba a exprimé sa conviction
profonde que le peuple cubain saura relever tous les défis
auxquels il est confronté. Le Réseau a
réaffirmé que le peuple cubain peut compter sur la
solidarité et l'amitié constantes des Canadiens dans
l'affirmation de son droit à l'indépendance et à
l'autodétermination et exprimé sa grande admiration pour
les étonnantes réalisations du peuple cubain devant
l'agression sans relâche des États-Unis. Ce respect et
cette admiration ont forgé des liens incassables d'amitié
et de solidarité entre les peuples du Canada et de Cuba.
Les États-Unis imposent une amende
draconienne pour
une transaction faite au Canada
Non à l'application extraterritoriale du blocus
étasunien ! Non à la violation de la
souveraineté canadienne par les États-Unis !
- Isaac Saney, porte-parole national du
Réseau canadien pour Cuba -
Piquetage du 17 juin 2017 à Vancouver pour mettre fin au blocus
des États-Unis contre Cuba.
Il y a un piquetage chaque mois.
Le Réseau canadien pour Cuba (le CNC)
dénonce la violation de la souveraineté de Cuba par
l'Office of Foreign Assets Control (OFAC), rattachée au
département du Trésor des États-Unis. L'OFAC a
imposé une amende à American Honda Finance Corporation
(AHFC) de 87 255 $ pour avoir approuvé et
financé, entre
février 2011 et mars 2014, la location par les
Services financiers Honda (Honda Canada Finance Inc) de 13
voitures à l'ambassade de Cuba au Canada.
Il s'agit là d'un
acte ouvert d'hostilité
envers Cuba posé par Washington en territoire canadien.
L'application territoriale du blocus économique américain
contre Cuba cible non seulement le Canada, puisque AHFC est une filiale
de American Honda Motor Company qui est elle-même la
propriété de Honda Motor Co. Ltd et basée au Japon
et
non aux États-Unis.
Parce que Services financiers Honda est une filiale
contrôlée majoritairement par American Honda Motor
Company, Washington demande qu'il se conforme aux lois
américaines comme l'exigent la Loi Torricelli
de 1992 et la Loi Helms-Burton de 1996.
En d'autres mots, la législation
américaine supplante la législation canadienne en sol
canadien !
Non seulement cela viole-t-il la souveraineté du
Canada mais cela contrevient à la Loi sur les mesures
extraterritoriales étrangères (LMEE).
En réponse à la Loi Torricelli
et à la Loi Helms-Burton, le gouvernement du Canada a
expressément modifié la LMEE afin de protéger le
Canada contre le caractère toujours plus extraterritorial du
blocus économique des États-Unis contre Cuba. Ainsi, la
LMEE interdit aux sociétés canadiennes de se conformer
aux mesures
extraterritoriales qui sont imposées par les sanctions
économiques des États-Unis contre Cuba.
Cette violation de la souveraineté canadienne
par le département du Trésor des États-Unis montre
que Washington mène non seulement un blocus économique
contre Cuba mais également un blocus diplomatique et politique.
Est-ce que cette ingérence extraterritoriale
dans la souveraineté canadienne est un avertissement que les
relations canado-cubaines sont maintenant une cible directe de
l'administration Trump ?
Le CNC appelle le gouvernement du Canada à
défendre la souveraineté du pays et à rejeter cet
effort et tout autre effort du genre pour mettre en oeuvre au Canada le
blocus économique étasunien illégal contre Cuba
qui a été condamné à l'échelle
internationale.
Le CNC demande instamment au gouvernement et aux
parlementaires canadiens de ne pas permettre que la politique du Canada
et ses relations avec Cuba soient compromises ou ciblées.
Déclaration de la Mission permanente de Cuba
aux Nations Unies
L'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du
département du Trésor a imposé une nouvelle amende
à American Honda Finance Corporation (AHFC), qui
s'élève à 87 255 $ pour violation
des règlements du blocus étasunien contre Cuba.
L'OFAC a prétendu
dans ce cas qu'une des
filiales canadiennes de l'AHFC a approuvé et financé
entre février 2011 et mars 2014 treize (13) contrats
de location de voiture entre un concessionnaire Honda et l'ambassade de
Cuba à Ottawa.
La sanction à l'AHFC, la première de son
genre sous l'administration de Donald Trump, montre la persistance du
blocus économique, commercial et financier et sa portée
extraterritoriale, avec les conséquences négatives qui en
découlent sur le développement économique et
social de Cuba ainsi que sur les relations économiques
étrangères.
Depuis les annonces du 17
décembre 2014, le gouvernement des États-Unis a
imposé à 11 entités, soit sept entreprises
étasuniennes et quatre entreprises étrangères, des
pénalités d'une valeur
de 2 842 429 064 $. Cette nouvelle amende
s'est ajoutée à la longue liste de sanctions
extraterritoriales
imposées par le gouvernement des États-Unis, dans le
cadre des lois régissant le blocus économique, commercial
et financier contre Cuba.
Cela entrave non seulement le travail des diplomates
cubains dans un pays tiers, mais aussi des entreprises et des citoyens
canadiens qui entretiennent des relations avec des entités
cubaines.
Nouvelles mesures hostiles de
l’administration américaine
Déclaration du gouvernement
révolutionnaire de Cuba
Piquet mensuel à l'ambassade des États-Unis à
Ottawa, le 17 juin 2017
Le 16 juin 2017, le président des
États-Unis, Donald Trump, dans un
discours chargé d'une rhétorique hostile, qui a
remémoré les temps de
la confrontation ouverte avec notre pays, prononcé dans un
théâtre de
Miami, a annoncé la politique de son gouvernement envers Cuba
qui fait
faire marche arrière aux progrès faits ces
deux dernières années, après que le 17
décembre 2014 les présidents
Raúl Castro et Barack Obama aient annoncé leur
décision de rétablir les
relations diplomatiques et d'entamer un processus de normalisation des
liens bilatéraux.
Dans ce qui constitue un recul dans les relations entre
les deux
pays, Trump a prononcé un discours et signé au cours du
même meeting
une directive de politique appelée « Mémorandum
présidentiel de sécurité nationale sur le
renforcement de la politique
des États-Unis
envers Cuba » prévoyant l'élimination des
échanges en matière
d'éducation « peuple à peuple » à
titre individuel et un plus grand
contrôle des voyageurs étasuniens à destination de
Cuba, ainsi que
l'interdiction des transactions économiques, commerciales et
financières de compagnies étasuniennes avec des
entreprises cubaines
liées aux Forces armées révolutionnaires et aux
services de
renseignement et
de sécurité, le tout avec le prétendu objectif de
nous priver d'entrées
de devises.
Le président étasunien a justifié
cette politique avec de présumées
préoccupations sur la situation des droits humains à Cuba
et la
nécessité d'appliquer rigoureusement les lois du blocus,
posant comme
condition pour sa levée, ainsi que pour toute autre
amélioration des
relations bilatérales, que notre pays fasse des changements
inhérents à
son
ordre constitutionnel.
Trump a également abrogé la Directive
présidentielle de politique «
Normalisation des relations entre les États-Unis et
Cuba », émise par
le président Barack Obama le 14 octobre 2016,
laquelle, quoique ne
cachant ni le caractère interventionniste de la politique
étasunienne
ni l'objectif de faire avancer ses intérêts concernant
l'obtention de changements dans l'ordre économique, politique et
social
de notre pays, avait reconnu l'indépendance, la
souveraineté et
l'autodétermination de Cuba et le gouvernement cubain comme un
interlocuteur légitime et égal, ainsi que les
bénéfices qu'aurait pour
les deux pays et peuples une relation de coexistence civilisée
malgré
les
grandes différences qui existent entre les deux gouvernements.
Elle
reconnaissait aussi que le blocus était une politique
obsolète et qu'il
devait être éliminé.
Une fois de plus le gouvernement des États-Unis
a recours à des
méthodes coercitives du passé en prenant des mesures de
renforcement du
blocus, en vigueur depuis février 1962, qui, non seulement
cause des
dommages et des privations au peuple cubain et constitue un obstacle
incontestable pour le développement de notre économie,
mais qui porte atteinte aussi à la souveraineté et aux
intérêts
d'autres pays, soulevant la condamnation internationale.
Les mesures annoncées dressent des obstacles
supplémentaires aux
très restreintes opportunités qu'avait le secteur des
entreprises
étasunien de commercer et d'investir à Cuba.
De plus, elles limitent encore plus le droit des
citoyens
étasuniens de visiter notre pays, un droit qui était
déjà limité par
l'obligation d'avoir recours à des licences discriminatoires,
à des
moments où le Congrès des États-Unis, comme un
reflet de l'opinion de
vastes secteurs de cette société, réclame, non
seulement que l'on mette
fin à
l'interdiction de voyager, mais aussi que les restrictions sur le
commerce avec Cuba soient éliminées.
Les annonces du président Trump sont en
contradiction avec l'appui
majoritaire de l'opinion publique étasunienne, y compris avec
celui de
l'émigration cubaine dans ce pays, à la levée
totale du blocus et aux
relations normales entre Cuba et les États-Unis.
Paradoxalement, le président des
États-Unis, une nouvelle fois mal
conseillé, prend des décisions qui favorisent les
intérêts politiques
d'une minorité extrémiste d'origine cubaine de
l'État de la Floride,
qui pour des motivations mesquines ne renonce pas à sa
prétention de
punir Cuba et son peuple, car il exerce le droit légitime et
souverain
d'être libre et d'avoir pris en main son propre avenir.
Ultérieurement nous ferons une analyse plus
approfondie de la portée et des implications de cette annonce.
Le gouvernement de Cuba dénonce les nouvelles
mesures de
renforcement du blocus, qui sont vouées à l'échec
comme cela a été
démontré de façon répétée
dans
le passé, et qu'elles n'atteindront pas
leur objectif d'affaiblir la Révolution et de faire plier le
peuple
cubain, dont la résistance aux agressions de tout type et
origine a été
prouvée tout
au long de presque six décennies.
Le gouvernement de Cuba rejette la manipulation
à des fins
politiques et le double standard concernant le thème des droits
humains. Le peuple cubain jouit de droits et de libertés
fondamentales
et il montre des acquis dont il est fier et qui sont une chimère
pour
beaucoup de pays du monde y compris pour les États-Unis
eux-mêmes,
comme le
droit à la santé, à l'éducation, à
la sécurité sociale, à un salaire
égal pour un travail égal, les droits des enfants et le
droit à
l'alimentation, à la paix et au développement.
Avec ses ressources modestes, Cuba a contribué
aussi à
l'amélioration de l'exercice des droits humains dans beaucoup
d'endroits dans le monde, malgré les limitations que lui impose
sa
condition de pays en proie à un blocus.
Les États-Unis ne sont pas en mesure de nous
donner des leçons.
Nous avons de grandes préoccupations pour le respect et pour les
garanties des droits humains dans ce pays, où il y a de nombreux
cas
d'assassinats, de brutalité et d'abus policiers, où l'on
viole le droit
à la vie comme résultat des morts avec des armes à
feu, où l'on
exploite le
travail des enfants et où il existe de graves expressions de
discrimination raciale ; où l'on menace d'imposer plus de
restrictions
aux services de santé, qui laisseraient 23 millions de
personnes sans
assurance médicale ; où il existe
l'inégalité salariale entre hommes et
femmes ; où l'on laisse en marge des émigrants et
des
réfugiés, en particulier ceux provenant de pays
islamiques ; où l'on
prétend dresser des murs qui dénigrent des voisins et
où l'on abandonne
les engagements internationaux pour préserver l'environnement et
faire
face au changement climatique.
Il y a aussi d'autres motifs de préoccupation
comme les violations
des droits humains commises par les États-Unis dans d'autres
pays,
comme les détentions arbitraires de dizaines de prisonniers sur
le
territoire qu'occupe illégalement la Base Navale de
Guantánamo à Cuba,
où l'on a même eu recours à la torture ; aux
exécutions
extrajudiciaires et les morts de civils causées par des bombes
et
l'utilisation de drones ; et les guerres déclenchées
contre plusieurs
pays dont l'Irak, justifiées avec des mensonges sur la
possession
d'armes d'extermination massive, aux conséquences
néfastes pour la
paix, la sécurité et la stabilité de la
région du Moyen Orient.
Rappelons que Cuba est État Partie de 44
instruments internationaux
sur les droits humains, tandis que les États-Unis ne le sont que
de 18,
raison pour laquelle nous avons beaucoup à montrer, à
dire et à
défendre.
En confirmant la décision de rétablir les
relations diplomatiques,
Cuba et les États-Unis ont ratifié l'intention
d'entretenir des liens
respectueux et de coopération entre les deux peuples et
gouvernements,
basés sur les principes et sur les objectifs contenus dans la
Charte
des Nations Unies.
Dans sa déclaration, émise le 1er
juillet 2015, le gouvernement révolutionnaire de Cuba a
réaffirmé que «
ces relations devront reposer
sur le respect absolu de notre indépendance et de notre
souveraineté ;
du droit inaliénable de chaque État de choisir le
système politique,
économique, social et culturel, sans ingérence
d'aucune sorte ; et l'égalité souveraine et la
réciprocité, qui
constituent des principes auxquels l'on ne saurait pas renoncer, du
Droit International » tout comme l'a réaffirmé
la Proclamation de
l'Amérique latine et les Caraïbes comme Zone de paix,
signée par les
Chefs d'état et de gouvernement de la Communauté des
États
Latino-américains et Caribéens (CELAC), lors de son
IIème Sommet, à La
Havane. Cuba n'a pas renoncé à ces principes et elle n'y
renoncera
jamais.
Le Gouvernement de Cuba réitère sa
volonté de poursuivre le
dialogue respectueux et la coopération dans des thèmes
d'intérêt
mutuel, ainsi que la négociation des questions
bilatérales en suspens
avec le Gouvernement des États-Unis. Il a été
démontré ces deux
dernières années que les deux pays, comme l'a
signalé de façon réitérée
le président des conseils d'État et des ministres, le
général d'armée Raúl
Castro Ruz, peuvent coopérer et coexister de façon
civilisée, en
respectant les différences et en promouvant tout ce pouvant
profiter
aux deux nations et peuples, mais l'on ne doit pas attendre que pour ce
faire Cuba fasse des concessions inhérentes à sa
souveraineté et à son
indépendance ou qu'elle accepte des conditions d'aucune sorte.
Toute stratégie ayant pour objectif de changer
le système
politique, économique et social à Cuba, que ce soit celle
qui prétende
y parvenir à travers des pressions et d'impositions ou en ayant
recours
à des méthodes plus subtiles, sera vouée à
l'échec.
Les changements qui s'avéreront
nécessaires à Cuba, comme ceux qui
ont été faits après 1959 et ceux que nous
sommes en train de faire
maintenant dans le cadre du processus d'actualisation de notre
modèle
économique et social, continueront à être
décidés de façon souveraine
par le peuple cubain.
Comme nous le faisons depuis le triomphe du 1er
janvier 1959, nous
assumerons n'importe quel risque et nous resterons fermes et sûrs
dans
la construction d'une nation souveraine, indépendante,
socialiste,
démocratique, prospère et durable.
Conférence de presse du ministre cubain des
Relations extérieures
Cuba ne fera
aucune concession
inhérente à sa souveraineté et à son
indépendance, ne négociera pas sur
ses principes et n'acceptera
jamais l'imposition de conditions
Le Marxiste-Léniniste publie ci-dessous
une transcription
de la conférence de presse qu'a donnée le ministre des
Relations
extérieures de Cuba Bruno Rodriguez Parrilla le 19 juin
à Vienne en
Autriche. Le ministre Rodriguez y présente la position du
gouvernement
et du peuple cubains sur les nouvelles mesures hostiles
annoncées par l'administration américaine le 16 juin.
***
Modérateur : Bienvenue
à cette conférence de
presse qui a été convoquée par le ministre des
Relations extérieures de
la République de Cuba, Son Excellence M. Bruno Rodriguez
Parrilla. Le
ministre fera sans plus attendre une déclaration en espagnol et
en
anglais, et répondra ensuite à quelques questions.
Nous tenons à informer que cette
conférence offre des services
d'interprétation en anglais. Ceci dit, ministre, je vous
cède la parole.
Bruno Rodriguez. - Merci beaucoup.
Je tiens tout d'abord à adresser mes
condoléances au peuple et au
gouvernement portugais pour la catastrophe qui a coûté des
dizaines de
vies humaines, ainsi qu'au gouvernement et au peuple du Royaume-Uni
après les événements récemment survenus
à Londres.
Je voudrais également exprimer nos profondes
condoléances au peuple
et au gouvernement de Colombie pour l'attentat terroriste qui a
causé
des pertes de vies humaines.
Le 16 juin dernier, le président des
États-Unis, Donald Trump, a
annoncé à Miami la politique que son gouvernement a
décidé d'appliquer
vis-à-vis de Cuba. Le gouvernement cubain a émis, pour sa
part, une
déclaration officielle. Les organisations de la
société civile cubaine
se sont également prononcées dans ce sens.
Le président des États-Unis a
adopté, entre autres, les mesures
suivantes : l'interdiction des relations économiques,
commerciales et
financières des entreprises étasuniennes avec des
entreprises liées au
ministère des Forces armées révolutionnaires et au
ministère de
l'Intérieur ; l'interdiction des voyages individuels de
citoyens
étasuniens dans la catégorie des échanges dits
« de peuple à peuple »,
et une surveillance accrue des autres voyageurs.
Il est également prévu une
révision de tous les programmes
subversifs contre l'ordre constitutionnel à Cuba, soi-disant
pour
s'assurer de leur efficacité.
Par ailleurs, l'abrogation de la Directive
présidentielle émise par
le président Barack Obama, en octobre 2016 qui,
malgré son caractère
d'ingérence très marqué et destinée
à bouleverser l'ordre
constitutionnel de la République de Cuba, reconnaissait
cependant
l'indépendance, la souveraineté et
l'autodétermination de notre pays ;
le
gouvernement révolutionnaire cubain comme un interlocuteur
légitime et
placé sur un pied d'égalité, et proposait
également une coexistence
civilisée favorable aux deux peuples.
Cette Directive, désormais abrogée,
considérait aussi le blocus
comme une politique ayant échoué, qui n'avait pas
fonctionné, n'avait
pas atteint ses objectifs et qui devait être
éliminée.
Toutes ces mesures ont été
annoncées par le président Donald Trump
au théâtre Manuel Artime, qui porte le nom du chef civil
de la brigade
mercenaire qui envahit notre pays à Playa Giron ou Baie des
Cochons. Ce
fut un spectacle grotesque, issu de la Guerre froide, en
présence d'un
auditoire restreint, composé de vieux sbires et de voleurs
de la dictature de Batista, de mercenaires de la brigade de Playa
Giron, de terroristes, de politicards et de profiteurs.
Le président Trump a en salué certains
par leur nom, il s'est
entouré d'autres de ces individus au moment de la signature du
document, parmi lesquels un terroriste arrêté en 1995
en Californie en
possession d'un arsenal d'armes destiné à
perpétrer des actes violents,
qui fut impliqué dans un attentat contre le président
Fidel Castro Ruz
en 1997 ; un autre participa à une infiltration
armée à Cuba en 1974 ;
un troisième fut l'auteur d'actions terroristes et d'attaques
pirates
en mer contre des pêcheurs cubains, entre 1972 et 1975.
La politique du président Trump marque un recul
dans les relations
bilatérales, comme le reconnaissent de nombreuses voix à
l'intérieur et
en dehors des États-Unis
Il y avait aussi l'épouse d'un sergent
tortionnaire de la dictature
de Batista, désigné comme l'un des individus ayant
financé la série de
bombes placées contre des objectifs touristiques à Cuba
en 1997,
précisément dans le New York Times, par le terroriste
notoire Posada
Carriles dans une interview. Posada Carriles fut l'auteur, comme
chacun sait, de l'explosion en plein vol d'un avion civil de Cubana de
Aviacion en 1976, le premier acte terroriste
perpétré contre un aéronef
en plein vol.
Plusieurs de ces personnages ont travaillé
à un moment donné à la solde de la CIA des
États-Unis.
Je proteste énergiquement auprès du
gouvernement des États-Unis
pour cet affront et je le somme de confirmer ou de démentir si
ces
terroristes dont j'ai fait mention se trouvaient ou non aux
côtés du
président Trump. C'est un affront au peuple cubain, au monde,
aux
victimes du terrorisme international sous toutes les latitudes.
Lorsqu'au cours de ce show le président des
États-Unis a fait
allusion au père de l'homme violon désaccordé qui
a interprété les
notes de l'hymne des États-Unis, il a omis de dire que le
capitaine
Bonifacio Haza, dont il a mentionné le nom à plusieurs
reprises, fut
reconnu comme l'assassin direct des jeunes Carlos Diaz et Orlando
Carvajal
vers la fin de la dictature de Batista, et participa personnellement
à
l'assassinat du célèbre combattant révolutionnaire
Frank Pais, de son
compagnon Raul Pujol, et à un autre moment du frère cadet
de Frank
País, âgé de 19 ans seulement. C'est une
offense que notre peuple ne
pourra pas oublier.
Le public était complété, en
qualité de figurants, par certains
agents étrangers qui, à Cuba, sont payés par des
agences du
gouvernement des États-Unis. Ce sont les nouveaux mercenaires.
Il était révoltant de voir ce public
annexionniste et plattiste
répondre à chaque phrase contre Cuba en scandant «
USA, USA ! ».
Il ne fait aucun doute que la politique du
président Trump marque
un recul dans les relations bilatérales, comme le reconnaissent
de
nombreuses voix à l'intérieur et en dehors des
États-Unis, qui dans
leur majorité s'opposent fermement aux changements
annoncés.
Je signale d'ores et déjà que ces mesures
affecteront les relations
des États-Unis avec l'Amérique latine et la Caraïbe
et entameront
gravement la crédibilité de leur politique
extérieure.
Ces mesures impopulaires, franchement impopulaires,
font fi du
soutien majoritaire en faveur de la levée du blocus et de la
normalisation des relations avec Cuba de la part de membres du
Congrès
étasunien, dont de nombreux républicains ; du
secteur des entreprises,
de diverses organisations de la société civile
nord-américaine, de
l'émigration cubaine, de la presse, des réseaux sociaux
et, en général,
de l'opinion publique.
Encore une fois mal conseillé, le
président Trump, qui avait perdu
le vote des Cubains dans les comtés à plus forte
concentration de
résidents cubains lors de l'élection
présidentielle en Floride, qui a
perdu le vote cubain en Floride, adopte des décisions qui ne
profitent
qu'aux intérêts mesquins d'une vieille minorité
extrémiste d'origine
cubaine
et d'une poignée de politiciens.
Toute analyse mesurée laisse prévoir que,
comme par le passé, les
mesures annoncées n'atteindront pas les objectifs qu'elles
recherchent.
Au contraire, elles restreindront les libertés des citoyens
étasuniens,
elles coûteront plus d'argent aux contribuables, elles
réduiront les
opportunités de leurs entreprises et de leurs hommes d'affaires
face à
la
concurrence, elles se traduiront par une perte de revenus et d'emplois.
Il est nécessaire d'attendre que le gouvernement
des États-Unis
rende publiques les réglementations pour l'application de ces
dispositions avant de nous exprimer sur leur portée et leur
profondeur.
Ces mesures ignorent aussi l'immense majorité du
peuple cubain, qui
souhaite entretenir une meilleure relation avec le peuple des
États-Unis, et elles infligeront des dommages et des privations
aux
familles cubaines. Elles entraîneront des pertes
économiques non
seulement aux entreprises d'État cubaines, mais aussi aux
coopératives,
et
affecteront particulièrement les travailleurs
indépendants ou privés.
Elles feront également du tort et augmenteront la discrimination
contre
l'émigration cubaine installée aux États-Unis.
Il est tout à fait infantile de penser que cette
politique pourrait
séparer le peuple du gouvernement ou les citoyens de nos
glorieuses
Forces armées révolutionnaires et de notre
ministère de l'Intérieur,
qui constituent le peuple en uniforme. Au contraire, ces mesures
renforcent notre patriotisme, notre dignité, notre
décision de défendre
coûte que
coûte l'indépendance nationale dans l'esprit de
José Marti, Antonio
Maceo et Fidel Castro Ruz.
Cuba rejette énergiquement les nouvelles mesures
qui durcissent le
blocus, ce que nous dénoncerons à la prochaine
Assemblée générale des
Nations Unies, parce qu'il est injuste, inhumain, génocidaire,
extraterritorial et viole le Droit international et la
souveraineté de
tous les États.
Nous rejetons énergiquement la manipulation
politique et les deux
poids deux mesures du traitement des droits de l'Homme de la part du
président Trump. Le gouvernement des États-Unis n'est
investi d'aucune
autorité morale pour donner des leçons sur les droits de
l'Homme, ni
sur la démocratie. Cuba a beaucoup à montrer et à
dire à ce
sujet.
Les nouvelles mesures n'ont rien de
démocratique. Selon des
sondages récents aux États-Unis, 73 % des
citoyens de ce pays sont
favorables à la levée du blocus, 63 % des
Cubains résidents et 62 % des
républicains eux-mêmes — c'est
curieux : 62 % des républicains. De
même, 75 %, soit les trois quarts des
Nord-américains sont pour la
normalisation des relations bilatérales, 69 % des
Cubains résidents et
des républicains.
Parmi les Cubains vivant aux États-Unis, plus
ils sont jeunes, plus
ils sont favorables à la levée du blocus et à la
normalisation.
Cependant, les nouvelles mesures renforcent
l'interdiction pour les
Nord-américains de voyager en touriste à Cuba et
restreignent leurs
libertés civiles. Elles constituent une atteinte à la
liberté de
voyager des Nord-américains.
En matière de droits de l'Homme, aux
États-Unis les assassinats, la
brutalité et les abus de la part des forces de police, notamment
à
l'encontre des Afro-descendants, sont nombreux et systématiques.
Tout
le monde connaît les restrictions au droit à la
santé, l'inégalité
salariale contre les femmes, le manque de couverture de l'enseignement,
l'absence quasi-totale de syndicalisation, la répression contre
les
immigrants et les réfugiés, la marginalisation des
minorités et la
discrimination croissante de la culture et de la religion islamiques.
Les crimes de guerre et les assassinats de civils dans
les
agressions et les interventions militaires étasuniennes sont
fréquents.
Les détentions indéfinies sans procès et les cas
massifs et
systématiques de torture commis dans la base navale de
Guantanamo sont
des pratiques non moins brutales.
Je réaffirme la volonté de Cuba de
poursuivre le dialogue
respectueux et la coopération sur des sujets
d'intérêt mutuel et de
discuter des questions bilatérales en suspens avec les
États-Unis, sur
la base de l'égalité et du respect absolu de notre
indépendance et de
notre souveraineté.
Comme l'ont prouvé les progrès atteints
ces deux dernières années,
Cuba et les États-Unis peuvent coopérer et coexister de
manière
civilisée, tout en respectant les profondes différences
entre nos
gouvernements et en promouvant tout ce qui pourrait s'avérer
bénéfique
aux deux pays et aux deux peuples.
Nous poursuivrons nos efforts aux côtés
des gens de bonne volonté
aux États-Unis, qui constituent la grande majorité. Mais
je préviens :
Cuba ne fera pas de concessions inhérentes à sa
souveraineté et à son
indépendance, ne négociera pas ses principes ni
n'acceptera
l'imposition de conditions, comme elle ne l'a d'ailleurs jamais fait au
long de l'histoire de la Révolution. Comme il est
souligné dans la
Constitution de la République de Cuba, jamais nous
négocierons sous la
pression ou la menace.
Nous agirons en invoquant la Proclamation de
l'Amérique latine et
la Caraïbe comme Zone de Paix, signée par les chefs
d'État et de
gouvernement de la région en janvier 2014 à La
Havane, qui reconnaît le
droit inaliénable des États à décider de
leur système politique,
économique, social et culturel ; rejette l'intervention et
l'ingérence étrangère dans les affaires
intérieures et s'oppose et
condamne la menace et le recours à la force.
Ce n'est pas une directive présidentielle des
États-Unis qui pourra
dévier le cap souverain de Cuba, comme ils n'ont pas pu le faire
durant
plus de 50 d'agressions, de terrorisme d'État, de blocus,
de guerre
médiatique et de subversion. Nous avons tout vécu, notre
peuple a tout
vécu et il a couru tous les risques. Quelles autres menaces
peuvent-ils brandir contre nous qu'ils n'aient pas déjà
utilisé en
vain ?
Il faut dire qu'à Cuba personne n'était
en haleine dans l'attente
de l'annonce impériale. Notre peuple travaillait en toute
normalité, la
politique extérieure fonctionnait, nous avons
témoigné du respect à
l'Europe dans cette visite. De fait, le peuple cubain,
étroitement uni
à son Parti communiste, débattait et amendait ces
jours-ci les projets
de
Conceptualisation du modèle économique et social cubain
de
développement socialiste, et le Plan de développement
à l'horizon 2030,
et un appel à de prochaines élections
générales du Pouvoir populaire a
été lancé.
Ce sera au peuple cubain, et seulement au peuple
cubain, comme il
l'a toujours fait, de décider des changements qui seront
nécessaires à
Cuba. Nous ne demanderons ni l'avis ni la permission de personne.
Modérateur. - À
présent, le ministre est prêt à
répondre à quelques questions. S'il vous plaît,
merci de bien vouloir
vous identifier et d'utiliser les micros installés des deux
côtés de la
salle. La séance est ouverte.
George Jahn (AP) . - J'ai une question
en rapport
avec l'interdiction pour les Étasuniens de s'impliquer dans des
relations avec l'armée. Cuba est-elle décidée
à ajouter de nouveaux
impôts aux personnes souhaitant faire des affaires dans
l'Île ?
Acceptera-t-elle de livrer Assata Shakur, comme ils l'exigent ?
Bruno Rodriguez. - Les mesures
annoncées, comme je
l'ai signalé, affecteront notamment les citoyens
étasuniens et les
entreprises étasuniennes. Le gouvernement cubain étudiera
les mesures à
adopter au moment opportun. Il faudra attendre que le gouvernement des
États-Unis émette les réglementations
afférentes pour
évaluer la portée de ces mesures.
Contrairement aux objectifs invoqués, ces
mesures constituent non
seulement un recul dans la relation bilatérale, mais elles
porteront
préjudice à des secteurs avec lesquels les hommes
d'affaires étasuniens
préfèrent travailler dans notre pays.
Concernant la question des dénommés
« fugitifs étasuniens à Cuba »,
je peux réaffirmer que, conformément à la Loi
nationale et au Droit
international et à la tradition latino-américaine, Cuba a
accordé
l'asile politique ou le statut de réfugié à des
militants des droits
civiques des États-Unis. Il est bien entendu que ces personnes
ne
seront
pas déportées vers les États-Unis, qui n'ont
aucune base légale, ni
politique, ni morale pour les réclamer.
En deuxième lieu, des citoyens étasuniens
reconnus coupables de
délits à Cuba, comme les détournements d'avions,
ont été sanctionnés
par des tribunaux cubains à de longues peines
d'incarcération dans
l'Île. En vertu d'une décision unilatérale et dans
un geste de bonne
volonté, le gouvernement cubain a accepté de rapatrier
vers les
États-Unis 12 citoyens nord-américains
recherchés par la justice de ce
pays.
Vincent Montagud (TeleSur) .-
J'aimerais signaler,
ministre que beaucoup de temps s'est écoulé, qu'il s'agit
de deux
moments historiques différents... Mais, pourquoi pensez-vous que
le
président Trump revient à présent à cette
rhétorique digne de l'époque
de la Guerre froide ? En deuxième lieu, si vous me le
permettez, même si cela semble paradoxal, le président
Trump en
personne a dit qu'il pourrait envisager des améliorations dans
les
relations au cas où il y aurait des progrès concrets —
c'est ce qu'il a
dit textuellement — dans certains domaines de politique
intérieure. Ma
question : le gouvernement cubain serait-il prêt à
négocier un nouveau
traité avec l'administration Trump ?
Merci beaucoup.
Bruno Rodriguez. - Il faudrait
interroger le
président Trump sur les raisons réelles qui l'ont
poussé à ces derniers
actes. J'ignore si le président des États-Unis a
été mal conseillé et
si quelqu'un lui a « vendu » l'idée qu'il avait
gagné le vote de la
Floride grâce au vote cubain. Si c'est ce qu'ils lui ont dit, ils
lui
ont
menti. Les données des résultats des élections
dans les cinq comtés à
plus forte densité d'électeurs cubains en Floride sont
là pour le
confirmer : dans tous, le président Trump a perdu le vote
majoritaire,
autrement dit, il a perdu les élections dans les comtés
d'origine
cubaine. Il y a les données des sondages et celles des
résultats
électoraux.
On peut affirmer catégoriquement que le président Trump
n'a pas gagné
le vote cubain, et qu'il n'a pas gagné la Floride à cause
du vote
cubain, mais grâce au soutien d'autres secteurs électoraux.
Cuba rejette énergiquement les nouvelles mesures
qui durcissent le
blocus, ce que nous dénoncerons lors de la prochaine
Assemblée générale
des Nations Unies
Comme je l'ai déjà dit, Cuba est
prête au dialogue, à la
coopération et à la négociation sur les questions
en suspens de
caractère bilatéral, tout comme elle refusera de
négocier toute
question inhérente à la souveraineté,
l'indépendance et
l'autodétermination du peuple cubain.
De la même façon que le gouvernement
cubain ne réclamera pas au
gouvernement des États-Unis, comme condition pour
négocier, qu'il
change des éléments très impopulaires et que nous
n'apprécions pas du
tout de sa politique intérieure, ni qu'il mette fin aux guerres
internationales dans lesquelles il est engagé, ni qu'il ait un
meilleur
modèle
de garanties pour l'exercice des droits humains dans son propre pays ou
qu'il cesse de violer les droits de l'Homme sous différentes
latitudes.
Nous espérons que le gouvernement
étasunien ne commettra pas
l'erreur de prétendre que Cuba opère des changements
internes pour
favoriser des accords ou des négociations.
Le président Trump n'a cessé de
déclarer durant toute sa campagne
électorale qu'il soutenait le changement de politique
vis-à-vis de
Cuba, mais qu'il chercherait un « meilleur
arrangement », un meilleur
accord avec notre pays. Un meilleur accord signifierait lever le
blocus, restituer le territoire de la Base navale de Guantanamo,
accepter le concept de compensations mutuelles, qui
bénéficierait
grandement aux propriétaires étasuniens certifiés,
concernés par les
nationalisations dans les années 60.
Par ailleurs, il est faux d'affirmer que le
président Barack Obama
a fait des concessions à Cuba. Il a maintenu l'essentiel du
blocus
contre Cuba, tout en tentant de faire avancer les intérêts
étasuniens,
y compris de renverser l'ordre constitutionnel dans notre pays.
Le président Trump devrait reconnaître ou
devrait savoir qu'un
changement favorable, que la poursuite du processus de normalisation,
la levée du blocus favorisent les intérêts
nationaux des États-Unis,
les intérêts des électeurs nord-américains,
les intérêts de ceux qui
paient des impôts aux États-Unis, qui soutiennent le
gouvernement, et
pour
autant, il ne ferait aucune faveur à Cuba mais qu'il servirait
les
intérêts nord-américains et le Droit international.
De telle façon que oui, en effet, nous sommes
prêts à négocier avec
le gouvernement des États-Unis, à tenter de
résoudre des questions
bilatérales qui affectent les deux pays, mais sur une base
d'égalité
souveraine absolue et de respect total de notre souveraineté et
de
notre indépendance.
Luisa Maria Gonzalez Garcia (Prensa Latina)
. -- Bonjour ministre, si je peux me permettre, j'ai
deux questions.
La première : comme vous l'avez
signalé dans votre discours, de
nombreux sondages révèlent la volonté croissante
au sein de la société
nord-américaine d'aller de l'avant dans le rapprochement avec
Cuba.
Croyez-vous que, au vu de ce contexte particulier, les mesures
annoncées par Trump soient viables dans l'avenir ?
La seconde concerne la position cubaine. Cuba a
rappelé, -- vous
venez de le réaffirmer --, sa volonté de dialogue
toujours sur la base
du respect mutuel et de l'égalité des conditions.
Pourquoi maintenir
cette posture lorsqu'on n'a plus d'interlocuteur prêt à
dialoguer dans
ces termes ?
Je vous remercie.
Bruno Rodriguez . -- Les mesures que
le président
Trump vient d'annoncer, dont on connaîtra la portée avec
les
règlementations à venir, sont absolument insoutenables.
En premier lieu
parce qu'il y a une tendance historique qui détermine
l'époque dans
laquelle nous vivons. Le blocus est un élément de la
Guerre
froide ; il est criminel ; c'est un génocide, selon la
Convention de
Genève contre le génocide. En second lieu, il est
absolument injuste et
arbitraire. C'est une énorme violation systématique,
flagrante des
droits humains de tous les Cubains. Il porte préjudice aux
familles
cubaines, il provoque des dommages humains et des
privations.
Par ailleurs, le blocus porte préjudice aux
intérêts des citoyens
nord-américains, de leurs sociétés, de leurs chefs
d'entreprise et
constitue une violation des libertés civiles et des droits
politiques
des citoyens nord-américains, auxquels il est interdit de
voyager à
Cuba et, exclusivement, à Cuba.
En conséquence, il existe une tendance
historique : cela sera-t-il
durant le gouvernement du président Trump ou durant le
suivant ? Mais
il ne fait pas de doute que l'Histoire, l'époque, obligeront un
gouvernement des États-Unis à lever le blocus et à
normaliser les
relations avec Cuba. Quant à nous, nous ferons preuve de toute
la
patience, la résistance et la détermination possibles
pour attendre que
ce moment arrive et, surtout, pour travailler activement pour que cela
se produise, en compagnie de la vaste majorité du peuple
étasunien, de
l'émigration cubaine et de la communauté internationale,
sur décision
souveraine et un sentiment très largement majoritaire, avec le
consensus de notre peuple.
Les mesures que le président Trump vient
d'annoncer, dont on
connaîtra la portée avec les règlementations
à venir, sont absolument
insoutenables.
Nous ignorons si ce gouvernement sera un interlocuteur
valide ou
non. Ce sera une décision que devra prendre le gouvernement des
États-Unis. Ce sera dans son intérêt ou à
son encontre, selon ce qu'il
décidera, mais Cuba est prête au dialogue, à la
coopération et à la
négociation sur des bases d'égalité absolue et de
respect.
Brinley Bruton (NBC). -- Je vous
remercie ministre,
me feriez-vous la faveur de répondre en anglais, si cela ne vous
dérange pas, s'il- vous-plaît ? Je vais vous poser la
question en
anglais, également. Je vous remercie.
La semaine dernière, la NBC a donné des
informations, en
exclusivité, sur la vaste coopération entre Cuba et les
États-Unis qui
a permis au Département de la Sécurité
intérieure des États-Unis de
lutter contre des personnes qui faisaient un usage frauduleux de cartes
bancaires. Cela pourrait-il avoir pour résultat de modifier les
décisions prises
par le président Trump ?
Bruno Rodriguez. - Je n'ai pas
connaissance que
les décisions du gouvernement des États-Unis incluent la
révocation des
dizaines d'accords signés au cours de ces dernières
années entre les
deux gouvernements. Je n'ai pas connaissance non plus d'aucune mesure
visant à interdire la coopération bilatérale,
notamment dans le
secteur de la sécurité nationale et l'application de la
loi. Mal lui en
prendrait. Cela nuirait gravement aux propres intérêts des
États-Unis
et de ses citoyens, si le gouvernement nord-américain
interdisait ou se
désengageait de la coopération avec Cuba, qui est un pays
voisin qui
contribue à la stabilité régionale, à la
solution de problèmes
régionaux et
continentaux, qui a été victime et qui lutte activement
contre le
terrorisme international ; contre le trafic de drogues ;
contre la
traite de personnes ; contre les délits commis dans
l'espace
cybernétique ; contre l'utilisation de supports
numériques depuis un
pays pour lancer des attaques, de manière voilée, contre
un
tiers ; contre les délits de fraude, de blanchiment de
capitaux, dans
lesquels, nécessairement, il existe une convergence
d'intérêts des pays
du continent.
Aussi, puis-je réaffirmer que Cuba appliquera,
respectera les
accords qui ont été signés et renouvelle sa
disposition à négocier et à
signer des accords de coopération dans d'autres secteurs, car
notre
logique, c'est de respecter, de manière civilisée, les
grandes
divergences qui existent entre nos deux gouvernements, tout en allant
de l'avant dans
tout ce qu'il sera possible dans l'intérêt des deux
peuples, dans
l'intérêt national et du peuple cubain.
Modérateur. -- Ministre, nous
avons reçu une
question depuis La Havane. Il s'agit du journal Juventud Rebelde, qui
nous l'envoie par courrier électronique. Permettez-moi de vous
la lire :
« Ministre, le président des
États-Unis veut se présenter comme un
défenseur du peuple cubain et prétend que les mesures
qu'il vient
d'adopter, dans le cadre de sa politique contre Cuba, n'affecteront pas
la population cubaine, mais seulement les entreprises d'État
liées aux
Forces armées révolutionnaires et au ministère de
l'Intérieur. Or,
s'interroge Juventud Rebelde, Le renforcement du blocus ne nuira-t-il
pas à la vie économique et sociale du pays, et, par
exemple, une plus
grande restriction des voyages à Cuba depuis les
États-Unis
n'affectera-t-elle pas toutes les modalités de gestion
économique à
Cuba, y compris le secteur privé.
Bruno Rodriguez. - Bien, il a un
grand sens de
l'humour. Il est évident que les mesures que le gouvernement des
États-Unis applique porteront préjudice au peuple cubain
et porteront
préjudice spécialement aux secteurs avec lesquels le
gouvernement des
États-Unis déclare avoir les plus d'intérêt
à nouer des relations.
À Cuba, il sera impossible de porter
préjudice au secteur d'État de
l'économie sans nuire gravement au secteur des
coopératives, des
travailleurs à leur compte ou aux petites affaires
privées, notamment
dans les domaines que touchent certaines de ces mesures, comme
l'interdiction des voyages individuels à travers la licence
« de peuple
à
peuple » accordée aux Étasuniens.
On pourrait imaginer que le gouvernement des
États-Unis
s'occuperait davantage des intérêts de ses citoyens que
des Cubains,
comme cela s'est toujours produit par le passé, mais ces
mesures, il ne
fait aucun doute, portent préjudice aux intérêts
des Étasuniens.
C'est un curieux paradoxe, car le président des
États-Unis a
déclaré que sa priorité, c'était les
citoyens étasuniens, c'était la
création d'emplois ; c'était favoriser, face
à la concurrence, les
opportunités pour les sociétés et les entreprises
étasuniennes.
Avec ces mesures, il fait exactement le contraire.
Quelles peuvent
bien être ses motivations ? Peut-être pense-t-il au
vote d'un secteur
cubain aux États-Unis, à une minorité vieillie et
illégitime ?
Souhaite-t-il obtenir quelques voix qui lui sont indispensables au
Sénat ? Ce serait une bonne question à poser au
président des
États-Unis.
Mais il ne fait pas de doute que ces mesures vont
à contre-courant
de la propre plateforme proposée par le président des
États-Unis à ses
électeurs et, apparemment, l'une des raisons pour lesquelles il
a gagné
le vote du collège des représentants, car il faut
rappeler que le
président Trump n'a pas gagné le vote des
électeurs, il a gagné la
présidence avec moins de voix que son adversaire. Telle est la
démocratie aux États-Unis.
Boris Kuznetsov (Rusia Today). --
Bonjour, M. le Ministre.
Voici ma question : en faisant marche
arrière dans la normalisation
des relations avec Cuba, Donald Trump est de fait en train de
ressusciter cette vieille rhétorique de la Guerre froide. Dans
ce sens,
d'autres pays devraient réagir d'une certaine façon pour
contrecarrer
cette politique agressive de Donald Trump.
Ainsi, par exemple, en Russie, on a effectivement
déclaré que tout
cela conduit à une nouvelle Guerre froide, cette politique
contreproductive vis-à-vis de Cuba.
Bruno Rodriguez. -- Le
président Trump s'est
présenté comme un rénovateur, il a gagné
les élections aux États-Unis
en proposant un changement aux Nord-américains. Ce qu'il a fait
avec
Cuba, ce n'est pas de l'innovation, il n'y a rien de créatif. Ce
qu'il
a fait, c'est revenir à la politique de dix gouvernements des
États-Unis, ce qui, en outre, est une politique qui a
échoué dans le
temps à rapprocher les États-Unis des objectifs qu'ils
s'étaient
proposés.
Un sénateur républicain connu a
déclaré : Bien, 50 ans d'une
politique qui ne donne pas de résultats est une raison
suffisante pour
la changer. Et c'est ce qu'a fait le président Obama.
Tout le monde connaît le proverbe ; «
la folie consiste à faire la
même chose encore et encore et à attendre des
résultats différents »,
disait Einstein.
Par conséquent, il ne fait pas de doute de ces
politiques exhument
des icebergs de la Guerre froide. Il faudrait se demander si cela ne
concerne que la politique vis-à-vis de Cuba. Je constate des
événements
alarmants dans la situation internationale, des menaces croissantes
à
la paix et à la sécurité internationales,
davantage d'instabilité, la
prolifération des conflits, l'augmentation des arsenaux
nucléaires et
des dépenses d'armements.
Je constate aussi une profonde ignorance sur la
façon dont il
faudrait lutter contre les causes de ces problèmes, y compris le
problème du terrorisme international, dont la seule solution ne
peut
être vue qu'à travers la coopération internationale
et pas la guerre.
De la même façon que les politiques liées à
la restriction égoïste et
brutale du
commerce ou la dénonciation de l'Accord de Paris sur le
changement
climatique, — une menace pour l'existence de l'espèce humaine
--,
indiquent qu'en effet la planète se rapproche d'une situation
très
troublée.
Sa Sainteté le Pape François a dit avec
raison que le monde est
déjà au coeur d'une 3e Guerre mondiale, par
étapes. Il y a des raisons
sans aucun doute de se préoccuper et surtout, d'agir, de
renforcer la
coopération internationale, pour mobiliser la conscience
mondiale en
faveur de la survie de l'espèce humaine et du changement de cet
ordre international qui est incompatible avec celle-ci. Un ordre
totalement irrationnel, insoutenable et qui menace gravement la paix
mondiale.
Je vous remercie
Modérateur. -- Je vous
remercie d'avoir assisté à cette conférence de
presse.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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