Numéro 26 - 23 juin 2017
Fête nationale du Québec
et Solstice d'été
à la veille de Canada 150
Des journées de
célébration
et de réflexion
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Fête
nationale
du
Québec
et
Solstice
d'été
à la
veille de Canada 150
• Des journées de
célébration et de réflexion
Le gouvernement du
Québec présente sa « Politique d'affirmation du
Québec et de relations canadiennes »
• L'Accord du Lac Meech version
réchauffée - de la tragédie à la farce
- Chantier politique
23 juin : 27e
anniversaire de la défaite de l'Accord du lac Meech
• Crise existentielle du Canada à la
veille des célébrations du 150e anniversaire
• Pour un État libre et souverain du
Québec - Parti marxiste-léniniste du
Québec
Fête nationale du Québec et
Solstice d'été à la veille de Canada 150
Des journées de célébration et de
réflexion
Marche à Vancouver
vers le Lac à la Truite à l'occasion de la Journée
nationale des
autochtones le 21 juin 2017 (Vancouver Public Space Network)
Le 21 juin, les peuples autochtones tiennent des
célébrations à l'échelle du pays pour
marquer le Solstice d'été, une occasion connue
officiellement depuis 1996 comme la Journée nationale des
autochtones. Le Solstice d'été, le jour le plus long de
l'année, est le moment où depuis des temps
immémoriaux les peuples autochtones
se rassemblent et commémorent l'événement.
Ces dernières années, la Journée
nationale des autochtones a été aussi l'occasion pour les
Premières Nations, les Métis et les Inuits de mener des
actions pour affirmer leurs droits face aux arrangements coloniaux que
le gouvernement fédéral continue d'imposer. Cette
année n'a pas fait exception. Alors que le gouvernement marque
Canada 150 sur un ton de célébration au moment
où il impose un État policier pour contrer
la lutte du peuple pour ses droits, les Canadiens disent clairement que
« Nos foyers sont en terre autochtone » et
réclament que justice soit faite. Alors que le gouvernement
Trudeau déclare que les questions constitutionnelles et
historiques sont hors de notre portée, les peuples autochtones
dénoncent le maquillage de l'injustice historique et font valoir
le besoin de réparations en pratique et non en mots seulement.
Le 24 juin, le peuple québécois
célèbre sa Fête nationale. Au Québec, la
célébration du Solstice d'été est «
une manifestation d'échange et d'amitié entre les nations
qui peuplent le Québec ». Les nations autochtones
organisent un « Solstice des nations » comprenant une
Cérémonie du feu pour le rapprochement des peuples
vivant sur le territoire québécois » afin que
« les braises de ce feu allument le feu de joie du Grand
spectacle de la Fête nationale du Québec, sur les plaines
d'Abraham ».
24 juin 1834 : Ludger Duvernay et les membres de la
société « Aide-toi, le ciel t'aidera »
instituent le 24 juin comme Fête nationale
du Québec. (www.fetenationale.qc.ca)
|
Il est bon de se rappeler cet objectif aujourd'hui alors
que les pouvoirs de police de l'État reviennent à ce
qu'ils étaient lorsque les Britanniques ont noyé dans le
sang la nation naissante du Québec en 1837-1838. Sur la
base de cette répression, ils ont créé ce qu'on
appelle les institutions démocratiques où ce sont les
mêmes pouvoirs de
police qui ont défini les droits et le processus
électoral qui prive toujours le peuple du pouvoir de se
gouverner.
Le patriote Ludger Duvernay était
l'éditeur et le rédacteur du journal patriote La
Minerve. Sous sa direction, la société qu'il a
fondée a organisé, le 24 juin 1834, le banquet
dans le jardin de l'avocat MacDonnell pour instituer la fête
nationale des Canadiens de toutes origines. Aujourd'hui, nous
disons des
Québécois de toutes origines. Ce fut la première
célébration tenue par le peuple de la nation naissante du
Québec, où Duvernay, les patriotes, les
députés patriotes et leur parti reconnaissaient le peuple
en tant que « source primitive de toute autorité
légitime ». Ils reconnaissaient donc la
souveraineté du peuple.
Cette célébration nationale
inaugurée par Ludger Duvernay et les députés du
Parti patriote tombait le même jour que la fête de la
Saint-Jean-Baptiste mais les deux événements
étaient très différents. En fait, la fête de
la Saint-Jean-Baptiste avait été créée il y
a fort longtemps par le roi de France et le haut clergé
catholique dans les colonies de
l'empire de la France pour s'opposer à la fête civile du
solstice d'été le 21 juin, que
célèbrent les nations autochtones.
Avec le Concile de Trente (1545-1563), l'Église
avait tenté de christianiser cette coutume de la
célébration de la lumière autour d'un grand feu de
joie pour lui substituer une représentation de soumission en la
personne de saint Jean, « l'agneau de Dieu ». Dans
cette même lignée, en 1702, monseigneur de
Saint-Vallier, dans son Catéchisme du diocèse de
Québec à l'intention des Canadiens, signalait que
l'Église catholique au Nouveau Monde (entendre dans les colonies
de l'empire français) dit qu'il s'agit d'une
cérémonie parfaite pourvu qu'on en bannisse les danses et
les superstitions, sous-entendues les croyances des nations
autochtones. Et ce n'est
qu'en 1908 que le pape Pie X, supportant la division du peuple
canadien en soi-disant « Canadiens-français »
et « Canadiens-anglais » que voulait imposer l'empire
britannique, décréta saint Jean-Baptiste patron des
« Canadiens-français ». Soixante ans plus tard,
le 24 juin de 1968 et 1969, en pleine
période de résurgence du mouvement pour
l'indépendance du Québec et de la souveraineté du
peuple, ce symbole de la division et de la soumission fut
écarté de la scène et le peuple dansa à
nouveau autour d'un grand feu de joie.
La célébration
de la Fête nationale du peuple du Québec inclut la
célébration des patriotes qui ont lutté pour
l'indépendance face à l'Angleterre au milieu du XIXe
siècle, les Nelson, De Lorimier, Côté,
Chénier, Duvernay, O'Callaghan, et plusieurs autres. Elle inclut
la célébration de tous ceux qui ont épousé
et continuent d'épouser la
cause des patriotes du Québec et en particulier ceux qui sont
résolus à élaborer un projet d'édification
nationale conforme aux exigences de notre temps.
Le gouvernement du Québec
présente sa « Politique d'affirmation
du Québec et de relations canadiennes »
L'Accord du Lac Meech version réchauffée
--
de la tragédie à la farce
- Chantier politique -
Le 1er juin, le gouvernement Couillard a
annoncé sa « Politique d'affirmation du Québec et
de relations canadiennes ». Cette politique soi-disant
nouvelle est une version réchauffée du «
fédéralisme renouvelé » de Bourassa
d'il y a 30 ans. Elle n'a d'autre but que de renforcer le statu
quo en vertu duquel le Québec
est intégré dans les institutions d'État
anglo-canadiennes qui privent le peuple de son droit de gouverner. Cela
n'empêche pas le gouvernement Couillard de prétendre qu'il
vient d'inventer « la toute première politique du
genre » et que son objectif est d'« affirmer le
caractère national du Québec et son expression
entière au
Canada ».
L'essence de la politique c'est
que nous sommes Québécois, et c'est notre façon
d'être Canadiens. Selon le gouvernement, la politique va
être mise en oeuvre en deux étapes. La première
sera une période de « dialogue » avec les
institutions de la société civile au Québec et au
Canada pour promouvoir le « caractère national du
Québec » et la contribution du Québec à
la Confédération canadienne. Cette période de
dialogue serait suivie d'une réouverture des pourparlers
constitutionnels entre le Québec, les provinces et le
gouvernement fédéral en vue de l'adoption des
revendications que le gouvernement du Québec avait
présentées à l'occasion de l'Accord du Lac
Meech.
L'Accord du Lac Meech a mis la table pour cette
tragédie pour le peuple où les changements
constitutionnels allaient être décidés en secret et
imposés par les gens au pouvoir afin de servir leurs propres
intérêts, sans que le peuple ait aucun rôle à
jouer. Il a été bloqué à la dernière
minute le 22 juin 1990 par le député autochtone
du Manitoba Elijah Harper, ce qui a mené à une crise
politique pour l'élite dominante et son système. Cet
accord a échoué, doit-on rappeler au premier ministre
Couillard, mais son gouvernement ne s'acharne pas moins à ce que
l'histoire se répète, comme une farce cette fois-ci.
Le premier ministre Justin Trudeau a tout de suite
jeté une douche froide sur le projet. En conférence de
presse à La Malbaie le 8 juin, il l'a écarté
du revers de la main. « Je suis fier de cette réflexion
qui nous amène à réfléchir à comment
les Québécois peuvent encore plus se sentir chez eux au
sein du pays », a-t-il dit. Il a
ajouté que cela ne passe pas par des pourparlers
constitutionnels. « On ne rouvre pas la
Constitution », a-t-il dit.
Pendant ce temps, le ministre responsable des Relations
canadiennes et de la Francophonie canadienne Jean-Marc Fournier, qui
pilote le dossier, a dit :
« Monsieur le premier ministre, les moments que
nous partageons aujourd'hui marquent une étape importante dans
l'histoire de notre nation et ils donnent un nouvel élan
à nos relations canadiennes.
« Je suis Québécois, et j'en suis
fier.
« Je suis Québécois, et c'est ma
façon d'être Canadien.
« Il y a dans cette expression tout le sens et
l'essence de la participation du Québec à la
fédération canadienne depuis ses premiers jours.
« Il y a dans cette formule l'expression de la
pluralité d'appartenances qui caractérise notre
identité :
« -- une allégeance au Québec et
une appartenance au Canada. »
Comprenne qui peut ce
charabia sur l'appartenance et l'histoire, et « notre
façon d'être Canadiens », il reste que le
gouvernement du Québec ne traite pas de la question
constitutionnelle sur une nouvelle base historique. Les torts
historiques laissés par la Confédération et la
Constitution doivent être réparés par la
reconnaissance du droit
du Québec à l'autodétermination, par la
reconnaissance des droits ancestraux des peuples autochtones et par des
relations de nation à nations et par l'enchâssement des
droits de citoyenneté sur une base moderne.
Pour que cela se réalise, il faut élire
une assemblée constituante afin qu'elle rédige une
constitution moderne qui repose sur les principes modernes de
citoyenneté et de droits et qui est adoptée par
référendum. Les gens ne doivent pas permettre aux partis
politiques et aux institutions de l'État de s'ingérer
pour créer de l'hystérie contre les
propositions qui enchâssent les droits des nations et
investissent le peuple de la souveraineté. Au contraire, les
gens doivent s'informer eux-mêmes et discuter largement de ces
propositions et des principes qui sont en jeu. Les institutions
actuelles qui sont qualifiées de démocratiques mais qui
reposent sur ce qu'on appelle les « accommodements
raisonnables » et l'assujettissement des droits du peuple
aux « limites raisonnables » définies par les
pouvoirs de police ne sont pas acceptables.
Tant que le gouvernement du Québec ne traitera
pas de la question dans la perspective de réparer les torts
historiques d'une façon qui correspond aux demandes de notre
époque, mais va persister à mettre de l'avant des
motivations étroites et intéressées, cette
initiative va être un échec cuisant. Chose certaine, le
gouvernement du Québec n'a ni
le droit ni le mandat de signer la Constitution anti-peuple «
rapatriée » de 1982 dans le dos du peuple.
Couillard ferait bien d'y penser à deux fois.
23 juin : 27e anniversaire de
la défaite de l'Accord du lac Meech
Crise existentielle du Canada à la veille des
célébrations du 150e anniversaire
Le 23 juin 1990 échouait l'ignominieux
Accord du lac Meech, un ensemble d'amendements à la Constitution
du Canada négocié en 1987 derrière des portes
closes par le premier ministre du Canada, Brian Mulroney, et les
premiers ministres des provinces. La défaite de Meech signalait
un nouvel approfondissement de la
crise constitutionnelle et de la crise politique et les choses n'ont
fait qu'empirer depuis. À ce jour le Québec n'est pas
signataire de la Loi constitutionnelle de 1982, la version
rapatriée de la Constitution qui perpétue la
négation de la nation du Québec et de son droit à
l'autodétermination. Bien qu'elle ajoute une formule
d'amendement et une Charte des droits et libertés,
cette version rapatriée maintient le statu quo pour ce qui est
de la prérogative des pouvoirs de police qui privent le peuple
de son droit de décider de toutes ses affaires. Le premier
ministre Philippe Couillard a récemment fait des propositions
d'amendements qui, selon lui, pourraient
permettre au Québec de signer la constitution, mais il s'agit
des vieilles notions de « fédéralisme
renouvelé » de l'époque de Robert Bourassa. Ce
« fédéralisme renouvelé »
à la base de l'accord de Meech proposait tout simplement de
concéder au Québec le statut de «
société distincte », une formule qui ne veut
rien dire. Justin
Trudeau a tout de suite rejeté la proposition de M. Couillard et
a décrété que le débat constitutionnel ne
sera pas rouvert. Pendant ce temps, le gouvernement libéral du
Canada s'affaire à renforcer les pouvoirs de police
déjà contenus dans la Constitution et la question
nationale continue de s'envenimer à cause de l'offensive
généralisée de
destruction nationale néolibérale de la classe dominante
et de l'oligarchie financière qui se sont emparés du
pouvoir par la force.
Les problèmes laissés non résolus
après l'échec de l'Accord de Meech ont pris une dimension
nouvelle. L'existence du Québec comme nation et de son droit
à l'autodétermination continuent d'être
niés, tout comme les droits ancestraux des peuples autochtones.
De plus, les droits de citoyen sont réduits à des
privilèges qui sont accordés et
retirés par les pouvoirs qui opèrent en dehors de
l'État de droit. En cette veille des célébrations
du 150e anniversaire de l'imposition de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867 par proclamation
royale, l'élite continue de concentrer le pouvoir
économique et politique dans les mains des quelques-uns et
d'intégrer le
Canada aux États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord,
compromettant l'existence même du Canada en tant que pays.
L'Accord de Meech avait été conclu dans
le contexte du référendum de 1980 au Québec
sur la place du Québec dans le Canada et du refus du
Québec de signer la Constitution de 1982 rapatriée
par le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau. Trudeau avait promis de
rédiger une nouvelle entente constitutionnelle après la
défaite du
référendum du Québec et cette promesse s'est
soldée deux ans plus tard par l'ajout de la Charte des
droits et libertés et d'une formule d'amendement à l'
Acte de l'Amérique du Nord britannique
de 1867 et de l'article 35 qui dit reconnaître et
confirmer « les droits existants ancestraux et issus de
traités des peuples
autochtones du Canada ». Le Québec a
refusé de signer l'acte amendé parce qu'il ne
reconnaissait pas son statut de nation. Le parlement britannique a
adopté l'Acte du Canada le 29
mars 1982 qui mettait fin formellement à la
dépendance britannique, bien que la reine d'Angleterre demeure
le chef d'État
du Canada et que la couronne demeure le détenteur de la
prérogative royale (pouvoirs de police). La nouvelle loi
constitutionnelle de Trudeau (de 1982) était l'«
équivalent canadien » de l'Acte du Canada
du parlement britannique. La Constitution a été «
rapatriée » en incorporant l'Acte du Canada
britannique
à la proclamation de 1867 pour devenir la Loi
constitutionnelle de 1982, bien que le Québec, qu'on
dit un des fondateurs de la Confédération de 1867,
ait refusé de la signer. C'est pour tenter de résoudre
cette crise qu'en 1985 le gouvernement de Brian Mulroney a
entamé des négociations constitutionnelles qui
allaient conduire à l'Accord du lac Meech le 30
avril 1987.
L'Accord de Meech proposait cinq
grands amendements à la Constitution. Il s'agissait des cinq
revendications formulées par le premier ministre du
Québec Robert Bourassa comme condition pour l'adhésion du
Québec et un fédéralisme renouvelé. Au lieu
de s'attaquer à la cause fondamentale de la crise
constitutionnelle, au besoin d'affirmer
le droit du peuple québécois à
l'autodétermination, y compris la sécession, et au besoin
d'une fédération qui soit une union volontaire de toutes
ses composantes, l'Accord de Meech déclarait le Québec
« une société distincte ». Il donnait un
veto constitutionnel au Québec, augmentait ses pouvoirs en
matière d'immigration, étendait et
réglementait le droit à une compensation
financière raisonnable pour toute province qui se retirerait de
quelque programme fédéral futur dans un domaine de
juridiction exclusivement provinciale et donnait voix au chapitre aux
provinces dans la nomination des sénateurs et des juges de la
Cour suprême.
Puisque Meech aurait changé la formule
d'amendement de la Constitution et modifié le processus de la
Cour suprême, il fallait obtenir le consentement de toutes les
législatures provinciales et du parlement canadien dans un
délais de trois ans. Les dix premiers ministres provinciaux
s'étaient tout de suite mis d'accord mais le consensus ne dura
pas les trois ans requis pour obtenir le consentement des
assemblées législatives. Une conférence des
premiers ministres fut convoquée vingt jours avant
l'échéance pour essayer de sauver Meech et il fut convenu
que Meech devait être suivi d'une autre ronde de
négociations constitutionnelles. Le premier ministre de
Terre-Neuve, Clyde Wells,
s'attaqua au secret du processus décisionnel. Le 22
juin 1990, un jour avant la date limite, Elijah Harper,
député de l'assemblée législative du
Manitoba et membre des Premières Nations, signala son refus de
consentement en brandissant une plume d'aigle, rendant ainsi impossible
l'unanimité requise de l'assemblée. Puis Clyde Wells
annula sa proposition de tenir un vote à l'assemblée de
Terre-Neuve et l'Accord du lac Meech était officiellement mort.
Une des principales caractéristiques de l'Accord
de Meech est qu'il embrouillait le statut du Québec. Il
affirmait que le Québec était une «
société distincte » et que « la
législature et le gouvernement du Québec ont le
rôle de protéger et de promouvoir la société
distincte ». En disant que ce qui faisait du Québec
une société
distincte était la langue française plutôt que le
fait que le Québec est une nation, il rejetait le droit du
Québec à l'autodétermination.
La « société distincte »
est restée indéterminée dans les documents, les
aspects « distincts » du Québec n'y
étaient pas énumérés et il n'y avait pas de
critères par lesquels les préserver et les promouvoir. Le
terme « société distincte » a
été le sujet de nombreuses interprétations mais
celle qui a dominé les cercles politiques
officiels était que le Québec est distinct en raison de
la langue française. En faisant de la langue la seule question,
la formulation de Meech sur la « société
distincte » niait l'existence du Québec en tant que
nation souveraine ayant évolué au fil de l'histoire avec
une communauté d'économie et de territoire et une culture
et une psychologie
portant l'empreinte de cette histoire. Qui plus est, elle niait au
peuple québécois le droit à
l'autodétermination.
Un autre aspect important de l'Accord de Meech est la
promotion qu'il faisait de la désunion et de
l'inégalité. Le fait de définir une nation
uniquement par sa langue mène à la théorie que le
Canada est divisé en deux langues officielles et
deux cultures officielles et toutes les autres langues et cultures
doivent leur être subordonnées si elles veulent être
« canadiennes ». La dimension multiculturelle est une
ramification de la négation des droits de citoyenneté en
faveur de privilèges accordés par la Couronne (le pouvoir
de police). Les autres langues et cultures peuvent être
intégrées dans la mesure où les pouvoirs de police
jugent que cela n'affecte pas ce qu'on appelle les valeurs canadiennes
et ce que signifie être canadien.
Meech encourageait la désunion également
en déléguant certains pouvoirs fédéraux aux
provinces comme s'il s'agissait de dix petites nations (les provinces)
regroupées dans une grande nation (le gouvernement
fédéral). Les deux territoires (le Nunavut n'existait pas
encore) ne furent pas invités au lac Meech parce que le premier
ministre
considérait que leur pouvoir était insuffisant,
établissant ainsi la possibilité de différents
statuts selon la région. D'autre part, Meech accordait à
chaque province un pouvoir de veto en matière législative
et il était clair que chaque province s'en servirait pour
avancer les intérêts étroits des regroupements
économiques et politiques régionaux qui
finançaient les gouvernements plutôt que de mettre de
l'avant l'intérêt national d'ensemble.
Le troisième aspect de Meech était son
refus d'affirmer ou même d'aborder le sujet des droits ancestraux
des peuples autochtones, ce qui revenait à supprimer ces droits.
Les droits ancestraux des peuples autochtones ne sont pas un
élément périphérique, ils doivent
être garantis dans la Constitution. Les autochtones ont le droit
légitime de
revendiquer les terres de leurs ancêtres et d'en disposer comme
ils l'entendent. En tant que peuples souverains, ils ont le droit de
décider de leurs affaires mais aussi de participer à la
décision des affaires du Canada dans son ensemble. Aucune des
modifications proposées par l'Accord de Meech n'abordait ces
sujets. Les chefs autochtones
présentèrent deux autres objections. La première
concernait leur exclusion de l'ensemble des travaux de Meech. L'autre
concernait le transfert possible de services fédéraux aux
provinces prévu dans la clause sur le droit de retrait des
programmes fédéraux avec
compensation, ce qui risquait à leurs yeux d'entraîner le
démantèlement de programmes essentiels pour les peuples
autochtones.
Le quatrième aspect principal de Meech
était le caractère antidémocratique des
procédures. Toutes les consultations ont eu lieu derrière
des portes closes. Les gens disaient que c'était une rencontre
de onze hommes blancs à cravate pour décider du sort du
pays entre eux. Une fois l'accord conclu dans le secret, les onze
premiers ministres ont
tenté de l'imposer au peuple sans autre discussion ou
délibération. Il n'y a pas eu de consultation populaire,
l'ordre du jour n'était pas établi suivant les
désirs du peuple et les points discutés et inclus dans
l'accord étaient ceux que les premiers ministres voulaient
discuter et inclure.
L'extrême mécontentement de la population
face aux procédés de Meech a été
capté par le Forum des citoyens sur l'unité nationale
de 1990, appelé Commission Spicer, que Mulroney a
été forcé d'établir après la
défaite de Meech, disant que son gouvernement voulait entendre
les opinions des Canadiens. Le rapport de la Commission
Spicer publié en 1991 permet de constater que les Canadiens
étaient très conscients que quelque chose manquait dans
le processus politique canadien, qu'on ne pouvait pas faire confiance
aux hommes et aux femmes politiques et qu'il manquait les
mécanismes nécessaires pour habiliter le peuple. Beaucoup
ont réclamé la convocation d'une
assemblée constituante qui permettrait au peuple de
délibérer et de décider de la constitution qu'il
veut.
La signification de l'Accord
de Meech aujourd'hui est qu'à l'époque actuelle les
peuples veulent être les arbitres et les décideurs. Le
PCC(M-L) avait fait remarquer à l'époque de la Commission
Spicer que dans la forme de pouvoir politique héritée par
le Canada, le pouvoir absolu réside dans les oligarques
financiers et leurs représentants
politiques. C'est ce qu'exprime l'Accord de Meech quand il laisse
entendre que seuls le premier ministre du pays et les dix premiers
ministres des provinces sont habilités à proposer des
amendements à la
Constitution et que le peuple reste exclu du processus. Ce
problème est devenu mille fois pire du fait que les pouvoirs de
police qui sont par définition en dehors de
l'État de droit sont «
légalisés ». Cela montre à quel point
la primauté du droit est en crise au Canada.
Le peuple a rejeté l'Accord de Meech parce
qu'aujourd'hui l'histoire exige que le pouvoir soit
transféré au peuple qui agit de son propre chef et dans
son propre intérêt. Celui-ci veut retirer la politique des
mains des intérêts en place et la mettre entre les mains
de ceux qui s'attaqueront aux problèmes qu'il veut
régler, comme l'insécurité
économique qui est la préoccupation première du
peuple à l'heure actuelle.
L'échec de Meech a également mené
à la déconfiguration du parlement fondé sur
l'existence du « parti au pouvoir » (libéraux
ou conservateurs) et du « parti de l'opposition ». Le
Parti conservateur a été à toute fin pratique
radié de la carte à l'élection de 1993. En
dépit de la fusion du Parti réformiste et de l'ancien
Parti progressiste conservateur, qui a permis à Stephen Harper
de former un gouvernement majoritaire, le déséquilibre
qui s'est établi à l'époque n'a pas rétabli
un système à deux partis et a plutôt imposé
un système de partis cartéllisés de type mafieux.
Cela a
exacerbé la crise politique résultant du caractère
non représentatif de la démocratie
représentative et du fait que le processus électoral a
été conçu pour priver les citoyens du pouvoir.
Depuis Meech, comme l'a prédit le PCC(M-L), le
Parti libéral s'est également discrédité,
en commençant par le scandale des commandites en 2006, et
maintenant avec les sottises du gouvernement de Justin Trudeau.
Aujourd'hui, l'arrogance, le secret et la corruption du gouvernement
ont largement dépassé celui des progressistes
conservateurs qui ont été détrônés
lors des élections de 1993. La corruption du système
de partis est de plus en plus prononcée. Lorsqu'en 2006 le
scandale des commandites a ébranlé les fondements
mêmes du système des partis, les conservateurs avec
Stephen Harper ont rivalisé avec les libéraux en
matière de corruption électorale, de
nominations partisanes, de clôture du débat au Parlement
et de mesures antipeuple. Et maintenant c'est au tour du gouvernement
Trudeau de dépasser les conservateurs de Harper.
Le contenu de la société actuelle a
dépassé les formes politiques en place et leur base
constitutionnelle. Même la continuation du statu quo qui a
posé de tels dangers pour le bien-être et les droits des
citoyens a maintenant été érigée en un
nouveau système. La concentration du pouvoir entre les mains des
plus puissants sur le plan financier a
atteint des niveaux inégalés. Cela a donné lieu
à une situation où des intérêts
privés appelés oligopoles se voient accorder des
positions politiques alors que les fonds et le pouvoir de l'État
sont ouvertement utilisés pour les appuyer et mener ouvertement
l'offensive antisociale en toute impunité contre les
intérêts du peuple. Le gouvernement Harper
a systématiquement attaqué le droit public et a
poussé l'irrationalité en prétendant que les
activités les plus sordides sont des « valeurs
canadiennes » et que quiconque n'épouse pas ces
valeurs est un ennemi de l'État. Maintenant, le gouvernement
Trudeau crée un gouvernement des pouvoirs de police et il
appelle cela un gouvernement des
lois. Tous les aspects de l'autorité publique qui a
constitué une société civile ont été
abandonnés en faveur des pouvoirs de police.
Le renouveau démocratique est à l'ordre
du jour. Le Canada a besoin d'une constitution moderne écrite
par le peuple. La Confédération en 1867 et tout ce
qui s'est ensuivi, y compris l'Accord du lac Meech, sont l'ancien
projet. Le nouveau projet exige que le peuple prenne le contrôle
de ses affaires. Les Canadiens sont éduqués,
industrieux et capables de gouverner une société moderne.
Le pouvoir politique ne doit pas représenter les quelques
privilégiés mais tous les êtres humains qui sont
membres de la société. C'est seulement sur cette base
qu'on peut parler de l'égalité au sein du corps politique.
Une constitution moderne doit au minimum
reconnaître la nation du Québec et son droit à
l'autodétermination et les droits ancestraux des nations
autochtones et établir avec elles des relations de nation
à nations. Elle doit reconnaître les droits des
minorités sur une base objective, non raciste et non
conflictuelle, et enchâsser l'égalité des droits
et des devoirs pour tous et toutes de manière à
éliminer tout vestige de privilèges, de racisme et
d'arbitraire.
Pour un État libre et souverain du Québec
- Parti marxiste-léniniste du
Québec -
Le document qui suit donne un compte-rendu de la
position du Parti marxiste-léniniste sur la question de la
souveraineté du Québec. Il a été
publié dans Chantier politique, journal du PMLQ,
le 28 octobre 2013.
***
En 2016, le PMLQ a
publié cette brochure
qui présente sa position sur la question nationale: il
appelle
à des arrangements constitutionnels modernes qui
enchâssent une union
libre et égale des peuples souverains du Québec, du
Canada et
des nations autochtones. Commandez-la du
Centre national de publications.
|
Le Parti marxiste-léniniste du Québec
(PMLQ) a été fondé en 1989 en vertu de la loi
régissant les partis politiques avec la signature de plus
de 1 000 adhérents au départ. C'était
à un moment très important dans la vie politique du
Québec, en plein coeur du débat sur l'Accord du Lac Meech
qui rejoignait la proposition de
fédéralisme renouvelé de Robert Bourassa.
Le PMLQ, comme une bonne partie des forces
souverainistes, avait fait campagne contre l'Accord du lac Meech parce
qu'il réduisait la nation québécoise à une
« société distincte » et ne
reconnaissait pas par conséquent son droit à
l'autodétermination. Au lendemain de l'échec de Meech
nous écrivions :
« Notre Parti est
d'avis qu'avec l'échec du Lac Meech, on peut maintenant affirmer
avec certitude que pour une solution aux problèmes qui se posent
au peuple du Québec, on ne peut plus rester dans les confins
d'une constitution fondée sur l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique. Nous croyons que le peuple du Québec a
besoin
d'une nouvelle constitution, d'une constitution qu'il aura
lui-même choisie sans ingérence extérieure, une
constitution qui sera démocratique et qui exprimera la
volonté populaire et servira à bâtir un avenir pour
la nation. »[1]
Sur la question de la souveraineté du
Québec, la position du PMLQ pour un Québec libre et
souverain fut clairement énoncée :
« 1. Le
Québec est une nation constituée de tous ceux qui vivent
sur son territoire ;
« 2. Le
Québec a, en tant que nation, le droit à
l'autodétermination y compris la sécession ;
« 3. En ce moment
le Québec doit exercer son droit à
l'autodétermination en tenant un référendum par
lequel le peuple du Québec est appelé à 1)
abroger l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique et
élire une assemblée constituante pour rédiger une
constitution, et 2) en appeler au reste du Canada à faire
de
même. »[2]
Il affirmait que :
« Comme toute nation,
la nation du Québec a sa souveraineté naturelle et en
particulier le droit à l'auto-détermination nationale, y
compris la sécession si tel est le désir du peuple. Le
peuple du Québec cherche précisément, depuis plus
de deux cents ans, le moyen d'exprimer cette souveraineté, la
façon d'exercer ce droit à l'autodétermination.
Or, nous croyons que l'exercice du droit à
l'autodétermination par le peuple du Québec, agissant en
tant que nation, est un prélude nécessaire à la
solution de tous les autres problèmes qui se posent pour lui et
une condition indispensable pour bâtir l'avenir de la
nation. »[3]
Opposition aux falsifications historiques du Rapport
Beaudoin-Dobbie
Après l'échec de Meech, le gouvernement
fédéral a continué de chercher les moyens de
maintenir le statu quo en ce qui concerne le Québec de telle
façon à le rendre acceptable pour les
Québécois et aussi pour les Canadiens. Quand dans son
dernier mandat le gouvernement de Brian Mulroney est revenu à la
charge avec le « Comité mixte
spécial sur le renouvellement du Canada » (la
commission Beaudoin-Dobbie) qui allait préparer l'Accord de
Charlottetown, le PMLQ a réitéré que les
tentatives de renouvellement du Canada échoueront tant qu'on
refusera de reconnaître le droit de la nation du Québec
à l'autodétermination.
« Si le but du
document est de promouvoir l'idée d'un renouvellement du Canada,
il échoue dans sa mission tant qu'il refuse de reconnaître
le droit de la nation du Québec à
l'autodétermination. Il opte pour la reconnaissance du statu quo
et ne s'intéresse qu'au problème d'adapter ce statu quo
aux exigences de notre temps. Il le fait en se
portant à la défense du statut imposé au
Québec par les colonialistes britanniques avec l'Acte de
Québec de 1774 qui, affirme-t-il, «
répondait aux exigences formulées par le Canada
français qui tenait à préserver ses lois et ses
coutumes », et avec l'Acte constitutionnel
de 1791 qui « divisait le Québec en deux
parties correspondant au clivage linguistique et culturel de ses
habitants ». Le Comité mixte écrit en
effet : « Ces deux lois reconnaissaient l'existence au
Québec d'une société distincte, dotée
d'institutions, de lois et d'une culture très différentes
de celles des autres entités politiques d'Amérique du
Nord. » Il poursuit en disant
que lorsque l'État canadien fut établi par l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique en 1867, il incarnait
cette pratique des Britanniques. Le Comité mixte
écrit : « Les artisans de la
Confédération de 1867 ont reconnu le
caractère distinct de la société
québécoise et reconfirmé son statut de
collectivité politique autonome,
tout en embrassant le principe de la dualité linguistique des
institutions politiques de ce nouveau pays qui allait un beau jour
s'étendre sur tout un continent. »
Le PMLQ
écrivait : « On ne saurait dire mieux. C'est
précisément ce qu'on appelle subjugation de la nation du
Québec, négation de son droit à
l'autodétermination. Déjà à l'époque
des guerres coloniales entre Britanniques et Français, les
'colons français', que le Comité mixte ne reconnaît
que comme une entité abstraite, avaient donné
naissance à une nouvelle société. Ils
étaient devenus une population établie, faite de gens
nés et élevés sur un nouveau territoire, en partie
de parents français, en partie de parents français et
autochtones. Cette population établie forgea une nouvelle
économie à la sueur de son front. Elle créa son
commerce et s'affaira à établir des institutions
politiques, culturelles et juridiques propres à l'administration
de ses affaires. Durant tout ce temps elle demeura une colonie de la
France, gouvernée par le pouvoir colonial français et ses
institutions. En d'autres mots, le Québec était devenu
une nation en raison de sa communauté de territoire, de
population, de langue, de psyché et de
développement économique. Le fait que les Britanniques
aient gagné leurs guerres coloniales contre la France et de ce
fait conquis le Québec dans le cadre du Traité de Paris
de 1763 signifie tout au plus que la propriété
coloniale du Québec fut transférée de la France
à la Grande-Bretagne. Puisque c'était l'époque de
l'affirmation des nations
modernes, le peuple du Québec cherchait à donner
naissance à la sienne, à l'exemple des Français
qui, par leur révolution de 1789, mettaient fin au
féodalisme et prenaient la voie d'une république
bourgeoise moderne, ou à l'exemple des peuples des
Amériques, qui gagnaient leur indépendance du pouvoir
colonial. Mais les Britanniques
soumirent le Québec par leur pouvoir colonial ; ils
subjuguèrent la nation du Québec. Le Québec est
demeuré une nation conquise depuis, une nation qui s'est vue
nier le droit à l'autodétermination. »[4]
Référendum fédéral sur
l'Accord de Charlottetown en 1992
Lors du référendum fédéral
sur l'Accord de Charlottetown en 1992, lorsqu'on a tenté de
diviser le peuple québécois avec la notion que le
Québec est une « société
distincte », un refus flagrant de reconnaître la
nation du Québec et son droit à
l'autodétermination, le PMLQ a fait activement campagne pour le
camp du Non. Durant
la campagne, il a expliqué l'échec des arrangements des
bâtisseurs d'empire du XIXe siècle que l'Accord de
Charlottetown cherchait à maintenir dans tous ses
éléments anachroniques essentiels. Il a aussi
publié et distribué des textes théoriques
importants sur l'histoire de la nation et le pouvoir politique, ainsi
que sur une définition moderne des
droits et la distinction entre citoyenneté et nationalité.
Campagne nationale pour une constitution moderne et le
renouveau démocratique -- Septembre 1994
En septembre 1994, le PMLQ a lancé une
campagne nationale pour une constitution moderne et le renouveau
démocratique avec une série de conférences sur
l'avenir du Québec. Cette campagne avait aussi pour but de ne
pas permettre que le discours politique soit désinformé
par le faux discours des fédéralistes sur l'«
unité
nationale ». Le PMLQ a jugé que la question
d'investir le peuple du pouvoir de décider était plus que
jamais à l'ordre du jour. La campagne avait pour mot
d'ordre : « Pour un État souverain et
indépendant du Québec ».
Référendum sur la souveraineté du
Québec en 1995
Le PMLQ a participé activement à la
campagne référendaire dès son lancement en
septembre, avec comme mot d'ordre : « Pour un oui du
peuple ! » Le Parti juge qu'il a joué un
rôle important dans la formation des comités pour le oui
et tenu des conférences dans plusieurs universités,
cégeps et villes pour encourager tout
le monde à participer à la campagne
référendaire du côté du Oui.
Avant la campagne, le PMLQ a organisé une vaste
consultation interne et externe sur la position à
défendre à la lumière de la question
référendaire et a présenté un
mémoire à la Commission sur l'avenir du Québec en
février 1995.
Le PMLQ déclarait au sujet du
référendum :
« Une occasion
inouïe s'offre à la classe ouvrière du Québec
de diriger le projet d'édification nationale de sorte à
mener à la fondation d'un État au Québec qui suit
son propre modèle. [...]
« Dans
l'édification nationale, nous devons bien prendre garde de ne
pas partir de l'appartenance ethnique, comme l'ont fait les
Britanniques avec l'AANB.[5] Nous
devons au contraire partir d'une définition moderne selon
laquelle un corps politique moderne est établi qui
reconnaît les droits collectifs de tous au Québec et
reconnaît le peuple
comme étant souverain. »[6]
Nous proposions que le préambule de la
Constitution de la République du Québec se lise en partie
comme suit :
« Nous, le peuple
du Québec, investis de notre droit inaliénable
d'être un peuple souverain et exerçant nos droits
collectifs sans distinction de langue, de religion, d'idéologie
et de convictions politiques concernant les valeurs fondamentales et
les grands objectifs sociaux, et sans autres considérations
telles la couleur de la peau, l'origine
nationale, le sexe, le style de vie, les capacités, la richesse
et la position sociale, déclarons par la présente la
formation de la République du Québec, un
État-nation moderne et un corps politique moderne dans lequel
toutes les citoyennes et tous les citoyens jouiront des mêmes
droits et auront les mêmes devoirs et dans lequel tous les droits
de
minorité fondés sur une réalité objective
concrète seront reconnus comme étant inviolables et
inaliénables.
« Dans cet
État-nation moderne et ce corps politique moderne, nos droits
collectifs seront suprêmes, et les droits de l'individu seront
protégés par l'adoption de lois qui verront à les
harmoniser avec le bien-être général de la
société.
« Dans cet
État-nation moderne et ce corps politique moderne, le peuple est
souverain : c'est lui qui décide de la loi fondamentale et
se gouverne, comme nous l'avons fait avec le référendum,
c'est-à-dire en exprimant notre volonté collective
d'établir un État-nation moderne et un corps politique
moderne.
« Notre
premier acte en tant que peuple souverain sera de formuler,
collectivement, la loi fondamentale du pays, la Constitution de la
République du Québec, et de nous gouverner suivant cette
Constitution. » [7]
Conférences sur l'avenir du
Québec en 1998
En 1998, le PMLQ a organisé une
série de conférences sur l'avenir du Québec avec
comme but d'organiser les travailleurs et la jeunesse pour prendre la
question nationale en main. Les conférences avaient comme
thème : « Pour que la classe ouvrière devienne
la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain ».
L'enjeu
principal était de ne pas laisser passer la propagande qui
disait que l'économie exigeait une intégration aux
marchés mondiaux et l'abandon du principe de souveraineté
de l'État-nation.
« Aujourd'hui, le
problème de l'édification nationale concerne tous les
peuples du monde. L'offensive néolibérale qui dilapide
les ressources des nations, surtout leurs ressources humaines et
naturelles, pour rendre les monopoles concurrentiels sur les
marchés mondiaux, a inscrit cette question au programme des
peuples du monde. C'est une
question urgente. On ne peut pas ignorer le problème en rangeant
tout ce qui touche à l'édification nationale dans la
catégorie 'séparatisme'contre
‘fédéralisme', comme le font les libéraux
fédéraux et leurs amis. Que le Québec opte ou non
pour l'indépendance, l'approche qu'on prend face à
l'édification nationale déterminera l'avenir du
Québec.
Aujourd'hui, les intérêts de la bourgeoisie ne
s'identifient pas à ceux de la nation. Les intérêts
de la bourgeoisie signifient la mise à l'encan de toutes les
ressources de la nation, en utilisant le pouvoir d'État pour
s'approprier tout le produit social créé par la classe
ouvrière et le remettre à ceux qui l'investissent pour
réaliser le profit maximum.
C'est pourquoi il appartient à la classe ouvrière de se
constituer en la nation et d'engager la société sur la
voie du progrès. »[8]
Opposition à la loi sur la «
clarté référendaire » de 1998
Quand, précisément dans le contexte de
faire des monopoles canadiens des « numéros
uns » dans le monde, le Parti libéral de Jean
Chrétien a tenté d'en finir « une fois pour
toutes » avec la question nationale au Canada en adoptant
une loi sur la « clarté
référendaire » qui dictait les conditions de
l'État canadien pour la
tenue d'un référendum au Québec, le PMLQ a
participé à la campagne d'opposition. Il a publié
le document « Le renvoi à la Cour suprême sur la
souveraineté du Québec » en
février 1998 qui aborde le problème sous tous ses
angles.
La motion sur la nation
québécoise de Stephen Harper
de novembre 2006
Suite au scandale des commandites et à la
défaite du Parti libéral du Canada au Québec, la
guerre a encore une fois éclaté entre les partis
politiques des riches pour la conquête de l'électorat
québécois. Bien qu'ils refusent toute discussion sur le
besoin de renouveler les arrangements qui sont à l'origine de la
fédération canadienne et bien
qu'ils aient choisi de ne pas donner suite au rejet de l'Accord de
Charlottetown, ils sont maintenant forcés de prétendre
qu'ils ont un plan pour régler le problème. La raison est
simple : tant que la question du Québec n'est pas
réglée, aucun parti politique ne pourra prétendre
« gouverner le Canada d'un océan à
l'autre ».
Le premier ministre Stephen Harper et le gouvernement
conservateur sont entrés dans la danse en novembre 2006 en
déposant une résolution à la Chambre des Communes
stipulant que « les Québécois et
Québécoises forment une nation au sein d'un Canada
uni ». La motion adoptée déjouait une
stratégie de longue date du Bloc
Québécois de présenter des résolutions pour
que le Parlement canadien reconnaisse la nation du Québec.
La motion de Harper ne visait pas à
reconnaître le droit à l'autodétermination du
Québec ou quelques droits que ce soit émanant du fait que
la nation du Québec est une nation à part entière.
Premièrement, la motion n'accorde aucun pouvoir à la
nation que le parlement dit reconnaître. Le Québec est une
nation dans la mesure où il « forme
une nation au sein du Canada uni », précise-t-elle.
D'autre part, ce qui est autant condamnable, la motion Harper essaie
encore une fois d'établir la nation du Québec sur une
base ethnique, avec l'objectif délibéré de
créer la division au Québec. Ainsi, dans la version
anglaise de la résolution on peut lire que « the Québécois
form a
nation within a united Canada », ce qui révèle
son intention de faire du trouble en refusant de reconnaître que
tous les Québécois font partie de la nation du
Québec pour nier son droit à l'autodétermination.
Le lieutenant de Stephen Harper au Québec,
Lawrence Cannon, a donné plus tard l'interprétation de la
motion en déclarant à des journalistes qui lui
demandaient si le terme Québécois incluait tous
les résidents du Québec quel que soit leur origine :
« Non. Il y a 400 ans, lorsque Champlain est
débarqué sur les rives de la
ville de Québec, il parlait bien sûr des Canadiens. Et
à mesure que le débat a évolué, on a
parlé des Canadiens français et, au Québec, on
parle des Québécois maintenant qui occupent cette
terre-là, l'Amérique. » Cela signifie que les
conservateurs veulent perpétuer les divisions sur la base
ethnoculturelle en bloquant la définition moderne de
la nation et les droits qui en découle. C'était à
dessein, cela pourrait lui servir à promouvoir la partition d'un
Québec souverain.
Le PMLQ fait des tournées à travers le
Québec pour s'assurer que les intérêts du
Québec soient défendus contre les mesures prises surtout
par le gouvernement Harper qui brade les ressources naturelles du
Canada et intègre les forces armées canadiennes aux
guerres d'agression américaines.
Un des projets spécifiques sur lequel le PMLQ
revient constamment est l'étude de l'expérience des
patriotes de 1837-1838 et la popularisation de l'histoire du
Québec du point de vue du peuple, non pas des Britanniques ou de
l'État fédéral. Le Parti amène
régulièrement des groupes de personnes, surtout parmi les
jeunes, à la Maison
nationale des patriotes à Saint-Denis pour qu'ils soient
inspirés par le rôle que le peuple québécois
a joué durant la grande époque des guerres
d'indépendance en Amérique au XIXe siècle. C'est
aussi pour leur montrer que le choix de République a
été supprimé par les Britanniques à
l'époque, laissant comme seul choix l'ultramontanisme et le
libéralisme, ce qui explique les origines des soi-disant
accommodements raisonnables de l'État fédéral au
XXe siècle, le siècle dit de Laurier, maintenant en crise.
La position du PMLQ se résume ainsi : le
PMLQ juge que la question identitaire du Québec devrait servir
à unir le peuple pour ouvrir la voie au progrès de la
société.
Pourquoi la classe ouvrière doit constituer la
nation
La classe ouvrière doit constituer la nation
parce que dans le monde d'aujourd'hui, la bourgeoisie s'affaire
à détruire la nation : elle vend les avoirs de la
nation et met ses ressources humaines, matérielles et naturelles
à la disposition de monopoles rivalisant sur les marchés
mondiaux. Les arrangements à la base de l'État-nation du
XIXe
siècle sont remplacés par des arrangements qui favorisent
la réussite des monopoles les plus puissants sur les
marchés mondiaux sans égard aux conséquences pour
la nation, son économie, son commerce, ses affaires politiques
et les droits de ses citoyens et résidents.
En pratique cela veut dire que les grandes
décisions concernant l'orientation de son économie sont
prises par des intérêts monopolistes privés
constitués en autorité publique. Les accords commerciaux
conclus sur cette base donnent aux monopoles mondiaux le droit de
contester l'autorité publique nationale et de détruire
les réseaux nationaux de
services publics et de programme sociaux et de subordonner le droit
public. Loin de répondre au besoin d'une définition
moderne des droits de tous et toutes en cette nouvelle ère
qu'entament les sociétés aujourd'hui, les droits sont
redéfinis selon le dicton du néolibéralisme qui
dit que la société n'est pas responsable du
bien-être de ses membres
mais doit par contre garantir en tout temps le droit de monopole.
D'autre part, le refus du renouveau n'offre aucune alternative que de
revenir aux vieux arrangements établissant une hiérarchie
de droits en fonction de l'origine nationale, de la race, du sexe et
des croyances.
Il n'est pas possible d'établir un
État-nation du Québec sans tenir compte de cette
réalité contemporaine. La question est simple : si
les nouveaux arrangements ne favorisent pas la classe ouvrière
et le peuple, qui aura intérêt à les établir
et à les défendre ?
Le PMLQ lance l'appel à la classe
ouvrière de devenir la nation afin d'ouvrir la voie au
progrès de la société. Cela n'est possible que sur
la base de définitions modernes et en établissant des
arrangements modernes qui investissent le peuple du pouvoir de
décider. Ces arrangements ne tomberont pas du ciel. Ils
s'établissent dans le cours de la
lutte pour affirmer les droits humains du peuple et les droits
politiques, nationaux, économiques, sociaux et culturels qui en
découlent.
La classe ouvrière doit diriger pour garantir
que l'avenir du Québec ne soit pas façonné par les
intérêts monopolistes privés mondiaux qui
mènent le monde à la guerre et à la catastrophe
économique et humanitaire.
Pour une union libre et égale des peuples
souverains du Québec,
du Canada et des Premières Nations.
En raison de sa conception du monde fondamentale, la
classe ouvrière ne s'arrête pas à
l'indépendance. Elle veut aller plus loin et établir une
union libre et égale entre les peuples souverains du
Québec, du Canada et des Premières Nations. Il ne peut y
avoir d'union libre et égale sans l'indépendance. En
d'autres mots, la classe ouvrière n'est
pas bornée. Elle ne considère pas ses
intérêts comme étant séparés des
intérêts des travailleurs du monde entier ou comme
étant en opposition à ces intérêts.
Le PMLQ est d'avis qu'une très grande occasion
s'offre à la classe ouvrière de montrer qu'elle est
capable de résoudre les problèmes contemporains de
façon avant-gardiste. Loin d'être paralysés par
l'hésitation qui caractérise les élites dominantes
et les partis politiques qui défendent des intérêts
privés, les travailleurs doivent se placer à
l'avant-garde de la société pour le renouveau
démocratique et l'exercice du pouvoir par le peuple. Ils doivent
appeler l'ensemble du peuple à dire oui à
l'autodétermination et oui à une union libre et
égale des peuples souverains du Québec, du Canada et des
nations autochtones.
Notes
1. Mémoire du Conseil
national du PMLQ, 2 novembre 1990
2. Ibid
3. Ibid
4. Conseil national du
PMLQ, mars 1992
5. La conception ou la
façon de penser et d'agir des patriotes était de
considérer comme étant canadien quiconque combattait
l'occupation, la domination et l'oppression de notre peuple et de notre
pays par l'empire britannique. Il n'y avait pas dans la
réalité de ces années de 1834
à 1840 des « Canadiens-français »
et
des « Canadiens-anglais », si ce n'est que dans la
bouche et les écrits des Molson, McGill, Moffatt et consorts.
Les membres de l'oligarchie économique, les monopolistes
d'alors, soit les Molson, les McGill, les Moffatt, avec leurs
supporteurs et les administrateurs bureaucrates, organisent des
sociétés qui ne sont en rien des sociétés
nationales mais qui sont des sociétés qu'ils
contrôlent pour diviser la citoyenneté sur la base de
l'origine nationale, la langue et les croyances religieuses. Ces
sociétés sectaires étaient organisées en
opposition directe à notre citoyenneté et à son
mouvement et au Parti patriote. C'est pourquoi ils
créèrent à l'époque la St. Georges Society,
la St.
Andrew's Society, la St. Patrick's Society et la German Society.
Le 28 janvier 1835, celles-ci étaient
regroupées sous l'égide d'une même
organisation : l'Association constitutionnelle de Montréal,
laquelle mettra en place « une organisation paramilitaire du
parti anglais », soit le parti représentant les
intérêts de l'empire
britannique. Le 16 décembre, cette organisation prend forme
sous le nom de British Rifle Corps.
6. Mémoire
à la Commission de l'Outaouais sur l'avenir du
Québec, 14 février 1995, Hull, Québec
7. Ibid
8. Présentation de
Christine Dandenault à la Conférence sur l'avenir du
Québec, Montréal, 20 juin 1998
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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