Numéro 23 - 10 juin 2017
Non à la politique de
défense guerrière du Canada
Intensifions la lutte pour faire du
Canada une zone de paix
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Non
à
la
politique
de
défense
guerrière
du
Canada
• Intensifions la lutte pour faire du Canada
une zone de paix
• Les conséquences antisociales et
antinationales de la militarisation de l'économie
• « Interopérabilité
» - un euphémisme pour l'intégration et l'annexion
des Forces canadiennes au service de l'édification d'empire -
Tony
Seed
Le sommet de l'OTAN
avance le renforcement militaire en Europe
• Le « partage du fardeau et la lutte au
terrorisme » impérialistes accroissent le danger de guerre
• Basse manoeuvre pour justifier
l'augmentation des dépenses militaires - Charlie Vita
• Annonces sur la présence militaire des
États-Unis en Europe et la création d'une « cellule
de renseignement sur le terrorisme »
Bellicisme de Trump au
Moyen-Orient
• La stratégie de diviser pour
régner de l'administration américaine - Sam
Heaton
• Des accords qui ciblent la résistance
au colonialisme, à l'impérialisme et à l'occupation
- Hilary LeBlanc
17e anniversaire de la
déclaration conjointe nord-sud en Corée
• Un mouvement déterminé du
peuple coréen pour la réunification - Yi
Nicholls
Nouvelle mission de
l'ONU en Haïti
• L'intervention et l'occupation
impérialistes sont la cause de l'instabilité et de
l'insécurité, pas la solution - Enver Villamizar
L'ingérence
antidémocratique du Canada dans les affaires du Venezuela
• Un sous-comité parlementaire continue
de produire des prétextes pour un changement de
régime - Margaret Villamizar
• Des forces canadiennes prennent part
à des exercices militaires américains près des
côtes du Venezuela
Non à la politique de
défense guerrière du Canada
Intensifions la lutte pour faire du Canada
une zone de paix
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) lance l'appel à tous à
condamner la « nouvelle politique de
défense » annoncée par les
libéraux de Trudeau le 7 juin. Cette politique ne
répond pas aux besoins du Canada en matière de
défense mais aux exigences des impérialistes
américains et des plus grands monopoles de la
défense et d'autres intérêts privés qui
demandent que les pays de l'OTAN augmentent leurs dépenses
militaires et accélèrent leurs préparatifs de
guerre. La nouvelle politique de défense comprend une hausse
de 70 % du budget militaire du Canada au cours des
dix prochaines années, l'accroissement des forces armées,
l'adoption des méthodes de guerre par les drones et la guerre
cybernétique, une plus grande militarisation de l'Arctique et
l'achat de nouveaux avions et bateaux de guerre.
Les scénarios
présentés par le gouvernement libéral dans
lesquels des soldats canadiens seront déployés dans des
guerres d'agression et d'occupation à l'étranger et
l'imposition d'une
« politique de défense » établie
sur la base de consultations avec des
« partenaires », à savoir l'industrie de
l'armement et les puissances étrangères, posent de graves
dangers. Dans l'approche de ce gouvernement pour qui la gouvernance est
une affaire de relations publiques, la participation du Canada à
la guerre est présentée comme un facteur
« contribuant à la stabilité et à la
paix dans le monde ». Ce qui est faux. La grande
insécurité que ressentent les peuples aujourd'hui est une
conséquence directe des guerres d'agression et d'occupation
impérialistes qui ont ravagé et menacent de ravager des
pays et des
régions entières. La « nouvelle politique de
défense » du Canada qui, par cette
phraséologie à la mode, est appelée politique de
« protection, sécurité,
engagement » promet
d'autres guerres en invoquant une suite étourdissante de
prétextes qui mettront les Canadiens et les peuples du monde en
danger.
Parmi les prétextes pour la guerre
énoncés dans le document du ministère de la
Défense nationale il y a :
- Détecter et dissuader les menaces ou les
attaques visant le Canada et s'en défendre ;
- Détecter et dissuader les menaces et les
attaques visant l'Amérique du Nord et s'en défendre en
partenariat avec les États-Unis, notamment par l'entremise du
NORAD ;
- Diriger des efforts de l'OTAN ou de coalitions visant
à dissuader et à vaincre des adversaires, y compris des
terroristes, à l'appui de la stabilité mondiale ou
contribuer des forces à ces efforts ;
- Diriger des opérations de paix et des missions
de stabilisation internationales avec les Nations Unies, l'OTAN et
d'autres partenaires multilatéraux ou contribuer à
celles-ci ;
- Participer au renforcement des capacités
à l'appui de la sécurité d'autres pays et de leur
capacité
d'apporter une contribution à la sécurité à
l'étranger ;
- Prêter assistance aux autorités civiles
et aux organismes d'application de la loi, y compris ceux
chargés de la lutte contre le terrorisme, à l'appui de la
sécurité nationale et de la sécurité des
Canadiens à l'étranger ;
- Prêter assistance aux autorités civiles
et aux partenaires non gouvernementaux à la suite de
catastrophes ou d'urgences majeures survenant au pays ou à
l'étranger.
Cette orientation imprudente annoncée par le
gouvernement
Trudeau est ni plus ni moins qu'un coup d'État pour le compte de
l'industrie de la défense. L'industrie de l'armement du Canada
ne se distingue pas de celle des États-Unis. Les plus grandes
entreprises ont leur siège social aux États-Unis.
À tel point que les ventes d'armes directes du Canada aux
États-Unis ne sont pas officiellement comptabilisées
comme des ventes à l'étranger. Elles n'ont pas besoin de
permis, contrairement aux ventes à d'autres pays. Il est futile
d'essayer de déterminer où finit
l'« industrie de la défense » du Canada et
où commence celle des États-Unis. Les prétentions
que ces ventes sont « bonnes pour
l'économie » et vont « créer des
emplois » n'ont aucun fondement.
Les plus de 30 milliards $ de dépenses
militaires additionnelles annoncées pour les dix prochaines
années, qui dans la plupart des cas seront versés aux
plus grands monopoles de l'armement, sont une expression du parasitisme
de l'économie canadienne et d'un énorme gaspillage de la
richesse sociale du Canada. Ce chiffre ne comprend pas les coûts
des déploiements militaires futurs ni des
« décisions concernant la défense continentale
et la modernisation du NORAD » qu'annonce le document du
ministère. Si beaucoup ont déjà noté quelle
grande différence ces sommes pourraient faire si elles
étaient investies dans le soutien au bien-être des
Canadiens, tout aussi significatif est le fait que cette richesse
sociale est soustraite au développement de l'économie
dans tous les secteurs et toutes les régions.[1]
L'insécurité que ressentent les Canadiens
et les peuples du monde aujourd'hui est en grande partie l'expression
d'un manque de contrôle sur leurs affaires, notamment sur la
direction de leur société. Cette « politique
de défense » est un exemple clair des
conséquences de ce manque de contrôle par la vaste
majorité et de l'usurpation de ce contrôle par une petite
élite dominante dépravée. Le PCC(M-L) affirme que
le peuple a le droit de délibérer des questions qui
concernent la guerre et la paix. L'examen de la politique de
défense et les consultations du gouvernement Trudeau habilitent
plutôt des intérêts privés et laissent les
impérialistes décider de la position du Canada sur ces
questions, avec pour conséquence d'engager le Canada sur une
voie toujours plus agressive et guerrière. Ce choix doit
être rejeté.
Arrêtez de payer les riches
monopoles de
l'armement !
Le Canada a besoin d'un gouvernement antiguerre !
Intensifions la lutte pour faire du Canada une zone de paix !
Note
1. À titre d'exemple, selon certaines
études avec 10 milliards $ par année, le Canada
pourrait financer entièrement l'enseignement postsecondaire et
abolir les frais de scolarité. On estime que le service
universel de garderie coûte 11
milliards $ par année. On connaît le besoin urgent
d'investissements dans les services de santé du Canada.
Les conséquences antisociales et antinationales
de la militarisation de l'économie
La politique de défense du Canada Protection,
Sécurité,
Engagement a été
dévoilée le 7 juin. Elle devait être
présentée en décembre dernier mais son
dévoilement a été retardé plusieurs fois.
Une indication de qui
cette politique sert est le fait qu'elle a été
présentée au gouvernement américain plusieurs
semaines avant d'être rendue publique au Canada.
Le thème « protection,
sécurité, engagement » est expliqué
comme suit dans le communiqué du ministère de la
Défense :
« Protection
au pays à
l'aide de forces armées prêtes et aptes à
défendre sa souveraineté, à apporter une aide en
cas de catastrophe naturelle, à appuyer les opérations de
recherche et sauvetage, ou à répondre à d'autres
urgences ;
« Sécurité en
Amérique du Nord active au sein du partenariat de
défense renouvelé avec le NORAD et avec les
États-Unis ;
« Engagement dans le monde en
faisant participer la Défense dans les opérations
canadiennes contribuant à la stabilité et à la
paix dans le monde. »
Depuis la publication de la politique de
défense,
le ministre de la Défense Harjit Sajjan a entrepris une
tournée pour en faire la promotion, notamment lors d'une
réunion de la Chambre de commerce de Vancouver le 9 juin.
Il a dit que l'essence de la « nouvelle
politique », qui
prévoit une augmentation massive des dépenses militaires,
est de « faire notre part sur la scène internationale
dans la protection de nos intérêts et en soutien à
nos alliés, guidés par les valeurs d'inclusion, de
compassion, de gouvernance responsable, de respect de la
diversité et des droits humains ».
Le leitmotiv du gouvernement Trudeau est
« Pour un gouvernement ouvert et responsable ».
À qui est-il ouvert et envers qui est-il responsable ? On
est censé comprendre qu'il est ouvert au peuple mais comment
est-ce possible si les citoyens n'exercent aucun contrôle sur les
décisions qu'il prend, surtout sur les questions concernant la
guerre et la paix ? La politique de défense démontre
clairement que le gouvernement Trudeau est responsable envers les
intérêts de l'oligarchie financière qui va tirer
des profits faramineux des dépenses militaires
effrénées. La prétention que la militarisation
renforce l'économie du Canada est tout aussi illusoire.
Selon le document du ministère, le budget
militaire annuel du Canada va évoluer comme suit :
C'est plus de 62,3 milliards $ d'augmentation
sur une période de 20 ans. Selon les données du
ministère, le financement total de la défense pour les
vingt prochaines années sera de 553 milliards $ mais
en réalité l'augmentation sera beaucoup plus
élevée. Le ministère dit que « bien que
certaines opérations puissent être financées
à même le budget de défense existant, d'autres
exigeront que la Défense nationale présente une demande
de fonds supplémentaires ». Et cela ne
comprend pas « les décisions de financement
nécessaires pour les déploiements futurs ainsi que les
décisions concernant la défense continentale et la
modernisation du NORAD ».
Les médias et les cercles
officiels obscurcissent le but réel de la militarisation de
l'économie en affirmant à tort qu'elle renforce
l'économie, ou qu'elle sert à
« défendre » et à garantir la paix.
Elle n'a pas d'autre but que de soutenir l'agression et de produire le
profit capitaliste maximum pour les entrepreneurs de la défense
et les grands
intérêts financiers. Les travailleurs doivent être
particulièrement vigilants car ils se font constamment dire que
la production militaire produit des bienfaits, comme la
« création d'emplois », et que les
avancées technologiques dans les domaines militaires leur
apportent une
sécurité d'emploi.
On voit aussi envers qui le gouvernement Trudeau est
responsable dans le fait que les coûts de la nouvelle politique
de défense ont été établis
entièrement par des firmes privées. Le ministre de la
Défense nationale dit s'appuyer principalement sur le travail
« des
spécialistes en établissement des coûts de
défense à l'échelle mondiale de
Deloitte ». De plus, les méthodes
d'établissement des coûts « ont
été soumises à l'examen par des tiers,
effectués par cinq cabinets comptables externes,
à savoir : Ernst & Young, KPMG, FMC, Samson et
associés, et Raymond Chabot Grant Thornton ».
Au sommet de 2014, les pays membres de l'OTAN ont
formellement
accepté la demande des États-Unis que chacun consacre au
moins 2 % de son produit
intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires, demande qui
a été réitérée par le
président Trump. Le ministre de la Défense annonce
qu'« après consultation avec ses
alliés », le Canada a modifié sa façon
de calculer les
dépenses militaires en pourcentage du PIB. Il dit que
« le Canada a sous-déclaré ses dépenses
militaires » pour l'OTAN, notamment en excluant
« des dépenses militaires assumées par
d'autres ministères ». Selon la nouvelle
méthode
de calcul, en 2016-2017 le Canada a
consacré 1,19 % de son PIB à la défense
et d'ici 2014-25 il y consacrera 1,4 % de son PIB.
En 2024-25, l'achat d'équipements majeurs
représentera 32,2 % de ses dépenses militaires,
dépassant
le 20 % demandé par l'OTAN.
Les effectifs des forces armées canadiennes
seront augmentés. L'effectif total de la Force
régulière passera de 3 500
à 71 500 personnes et celui de la Force de
réserve de 1 500 à 30 000. Le Canada
achètera 15
nouveaux navires de guerre et 88 avions de combat pour remplacer
ses CF-18. Cela comprend l'achat des 66 avions à
réaction déjà annoncé. La politique de
défense ne dit pas si le gouvernement achètera les Super
Hornets de Boeing ou les F-35 de Lockeed Martin comme
remplacement. Le Canada a contribué environ 450
millions $ au développement des F-35 jusqu'à
présent.
La « nouvelle politique » tend
vers la spécialisation des forces armées canadiennes dans
les opérations clandestines et la guerre cybernétique,
dont la cible sont les Canadiens et les peuples étrangers. Le
ministère de la Défense créera 120 nouveaux
postes du renseignement militaire et 180 postes du renseignement
civil et renforcera la capacité du « Commandement du
renseignement des Forces canadiennes ». Il accordera la
priorité à « l'expansion des capacités
des FAC pour le commandement et le contrôle
interarmées, le renseignement interarmées, la
surveillance et la reconnaissance, tout en améliorant ses
capacités de collecte, analyse et fusion de renseignement et en
appuyant l'expertise du milieu universitaire en matière de
défense et de sécurité ».
Le Canada achètera et utilisera des drones
« capables de mener des opérations de surveillance et
des frappes de précision ». La nouvelle politique
annonce que le Canada va améliorer ses capacités de mener
des « cyberopérations actives contre
d'éventuels adversaires dans le contexte de la mission militaire
autorisée par le gouvernement ».
Tout cela montre qu'en plus d'être une
bénédiction pour les plus grandes entreprises
privées du secteur de la défense en position de
privilège, la nouvelle politique de défense du Canada va
remettre ses universités et centres de recherche à la
disposition de l'industrie de la
défense. À cet égard, le ministère entend
adopter un modèle de recherche qui s'appuie davantage sur la
recherche et le développement conjoints des secteurs
universitaires et privés. Cela comprend la surveillance, les
outils de la cyberdéfense, l'espace, l'intelligence
artificielle, les
systèmes télépilotés, l'analyse des
données et les contre-solutions aux engins explosifs
improvisés.
Les conséquences négatives de la
politique de défense ne s'arrêtent pas là. Le Globe
and
Mail rapporte que « si le document du
ministère est censé être complet, plusieurs
décisions n'ont pas encore été prises par les
libéraux, comme
si le Canada va adhérer ou pas au système de
défense antimissile des Américains ». En
fait, en référence à des rencontres prochaines sur
la « modernisation » des arrangements du NORAD,
le ministre Sajjan a laissé entendre que le Canada
pourrait adhérer au bouclier antimissile des États-Unis.
Sa réponse aux questions des journalistes laisse entendre que
toutes les options sont sur la table : « Notre
politique ne change pas concernant le bouclier antimissile. Nous allons
examiner toutes ces menaces, des airs, des mers et
sous-marines. »
Concernant le NORAD, le ministère affirme que le
Canada va « accroître sa capacité à
respecter ses engagements en vertu du NORAD en améliorant sa
capacité de surveillance et de réaction dans les domaines
aérospatial et maritime et en améliorant sa
capacité de satellite. Nous allons également nous munir
de chasseurs perfectionnés et nous assurer de demeurer
interopérables avec nos alliés
américains. »
Cette « nouvelle politique de
défense » n'est pas pour la paix mais pour la guerre.
Elle est antinationale et antisociale. Elle met le trésor public
à la disposition de la militarisation sans retenue de
l'économie avec toutes ses conséquences destructrices,
malgré la propagande
du ministre de la Défense et des médias
monopolisés à l'effet que cela va créer des
emplois et la stabilité. L'état de santé de
l'économie est déterminé par ses assises, pas par
des exercices de relations publiques de gouvernements qui ne rendent
des comptes
qu'à des intérêts privés. Une des
conséquences de la militarisation de l'économie est
l'inflation. Les lourdes dépenses à des fins militaires
créent l'inflation parce qu'en dernière analyse
l'augmentation de ces dépenses et la militarisation de
l'économie en
général représentent une réduction de la
production de biens et services pour les travailleurs et donc une
réduction de la circulation de ces biens. Des biens et services
sont produits pour maintenir une armée permanente, des forces de
répression et un arsenal militaire qui continue de grossir. Les
armes produites ne circulent pas dans l'économie. Les
dépenses militaires massives contribuent à créer
des déficits budgétaires que les gouvernements cherchent
à résorber en imprimant de l'argent, en plus d'augmenter
les taxes et impôts, de couper les services, etc. Cela
crée une disproportion inflationniste, une situation
décrite par la formule « trop de dollars pour trop
peu de biens ».
LML donnera d'autres informations sur les
effets destructeurs de la militarisation de l'économie
canadienne. LML appelle les Canadiens à s'opposer
à cette militarisation de l'économie et à
l'accélération des préparatifs de guerre.
Multiplions les efforts pour faire
du Canada une zone de paix !
« Interopérabilité » --
un euphémisme pour l'intégration et l'annexion des Forces
canadiennes au service de l'édification d'empire
- Tony Seed -
La « nouvelle politique de
défense » des libéraux de Trudeau appuie
l'objectif d'une plus grande «
interopérabilité » avec les opérations
militaires des États-Unis et de l'OTAN. Cela est
répété pas moins de 23 fois dans le document.
Pourtant le 6 juin les
médias et
l'élite dominante faisaient grand cas du discours du 6 juin
de Chrystia Freeland selon qui le Canada veut « forger une
nouvelle orientation souverainiste à la lumière d'un
climat politique international turbulent » et contrer
« l'isolationnisme ». Ce n'était que pour
justifier une expansion
militaire sans précédent sous prétexte de «
fermeté » . « Se fier uniquement au bouclier
protecteur des États-Unis ferait de nous un État client,
a dit la ministre. Une telle dépendance ne serait pas dans
l'intérêt du Canada. »
L'interopérabilité a un but
précis. L'OTAN définit elle-même
l'interopérabilité comme étant « la
capacité des alliés à agir de manière
cohérente, efficace et efficiente dans l'atteinte d'objectifs
tactiques, opérationnels et stratégiques ».
L'interopérabilité a été un
mantra des Forces armées canadiennes depuis que les
libéraux de Pearson et de Paul Hellyer ont intégré
les trois branches des forces dans les années 1960. En
fait, l'installation au pouvoir des libéraux a
été une opération de changement de régime
des États-Unis suite au refus du gouvernement conservateur
de John Diefenbaker de permettre aux États-Unis d'installer des
missiles nucléaires Bomarc en sol canadien.
Les fonctionnaires utilisent cet euphémisme pour
justifier le maintien et l'augmentation des budgets militaires, car des
fonds importants sont exigés pour la technologie militaire
utilisée par les États-Unis. Michael Byers a écrit
en 2015 que « l'interopérabilité est un
concept ambigu qui peut être facilement manipulé pour
générer les
résultats souhaités ».
C'est étroitement lié au diktat des
États-Unis que les « alliés » de l'OTAN
doivent adopter la soi-disant « normalisation » des
armes et de la technologie de l'OTAN. Les États-Unis ont
utilisé cette exigence pour tasser les monopoles d'armes rivaux
d'Europe, accroître leur domination sur le marché mondial
et intégrer toutes les
forces militaires sous leur commandement stratégique. Un exemple
de cela est la décision de la Marine royale canadienne de
remplacer les torpilles britanniques Tigerfish sur les sous-marins de
classe Victoria par des torpilles Mark 48 fabriquées aux
États-Unis. La marine est la branche des forces canadiennes la
plus intégrée aux forces
armées américaines.
Aujourd'hui, les avions de combat Rafales
français atterrissent sur des porte-avions américains,
tandis que les avions de combat européens Typhoons sont
utilisés par les forces aériennes britanniques,
allemandes, italiennes et espagnoles durant leurs opérations
avec les États-Unis.
L'interopérabilité est souvent
invoquée pour justifier la participation aux exercices
militaires et navals des États-Unis et de l'OTAN au Canada ou
aux États-Unis mêmes, ainsi que dans le monde entier. Le
commandant en chef des forces armées de l'OTAN issues des
traités ainsi que de NORAD est toujours un Américain.
Selon la constitution des États-Unis, tous les
commandants militaires des États-Unis sont subordonnés au
commandant
en chef des forces armées américaines, le
président des États-Unis. En fait, cela signifie que,
selon le traité NORAD, Donald Trump est le commandant en chef
des forces canadiennes, l'homme contre qui, selon les médias,
serait dirigée
la politique de Justin Trudeau !
La nomination occasionnelle d'un officier canadien pour
commander un exercice ici et là est présentée
comme un exemple de comment une force armée colonisée
fait le poids dans le panthéon romain et même comme un
exemple de « bilatéralisme » et de «
multilatéralisme » qui sert à maintenir la
souveraineté.
L'interopérabilité est un principe de
fonctionnement du ministère de la Défense nationale qui
dicte la nomination des plus hauts gradés parmi les commandants
les plus expérimentés des Forces canadiennes. Au cours
des quinze dernières années ou plus, il n'y a pas eu un
chef d'état-major qui n'a pas été approuvé
ou formé par les forces
armées américaines comme leur laquais.
Cela permet également leur intégration
transparente à des postes lucratifs dans les monopoles d'armes
américains basés au Canada. Le général
Charles Bouchard, promu comme « héros » par le
gouvernement proguerre de Stephen Harper durant une
cérémonie indécente sur la colline parlementaire
et durant la Coupe Grey pour sa
bravoure lorsqu'il a commandé de destruction
aérienne de la Libye par l'OTAN en 2011 - un crime de guerre - a
été immédiatement nommé lobbyiste en chef
pour le Canada par Lockheed Martin.
L'un des principaux objectifs de l'intégration
des forces canadiennes ainsi que de celles du Mexique à
l'armée américaine est de pouvoir opérer comme une
seule unité au sein du continent des
Amériques sous la bannière de « la
sécurité continentale » et de
l'intégration « binationale » ou «
trinationale ».
Cela permet aussi aux forces armées américaines d'entrer
facilement au Canada et au Mexique sous un prétexte ou un autre
sans faire face à une résistance significative. Depuis
le 11 septembre et le reproche fait au Canada d'avoir soi-disant
laissé entrer des terroristes aux États-Unis, les
gouvernements successifs ont mené des projets
détaillés
à différents niveaux de l'État qui vont dans ce
sens.
Aujourd'hui, il n'y a pas une journée sans que
les forces armées américaines ne
s'exercent en sol canadien au nom de «
l'interopérabilité ».
L'interopérabilité n'est pas réciproque. Les
exercices militaires qui mettent en pratique «
l'interopérabilité » visent à
acquérir une « connaissance du domaine » (de la
géographie, de la topographie, de la démographie, des
systèmes de transport et des routes) et sont
présentés comme des opérations «
conjointes ». Aujourd'hui, le territoire canadien qui
comprend les voies navigables et terrestres partagées avec les
États-Unis, comme les Grands Lacs, et l'espace aérien,
sont maintenant sous le commandement
militaire des États-Unis. Les forces de sécurité
des États-Unis opèrent au Canada sans même que les
diverses agences de sécurité nationale du Canada soient
au courant, alors qu'elles sont censées protéger les
Canadiens contre les menaces internes et externes.
Mis à part la base de sous-marins
nucléaires des États-Unis à Nanoose dans
l'île de Vancouver, les États-Unis possèdent bien
au-delà de cinquante autres installations au Canada, y compris
des bases de la CIA, du FBI, de la Garde côtière et
d'agents douaniers dont plusieurs sont inconnues du public.
Au-delà du commandement militaire, le
processus d'« intégration binationale » touche
aux domaines de l'immigration, des douanes, de la police et du
renseignement, des ports, y compris le déploiement
d'unités d'agences connexes dont la CIA, le FBI, la Garde
côtière et les agents douaniers sous le commandement du US
Northern Command (USNORTHCOM) qui est à l'oeuvre
au Canada de façon permanente. Ce nouveau commandement
régional, USNORTHCOM, a été annoncé par
l'ancien secrétaire de la Défense des États-Unis,
Donald Rumsfeld, le 17 avril 2002 sous les auspices du Plan
unifié de commandement américain (UCP).[1] NORTHCOM devait être «
dirigé par le président ou le secrétaire de la
Défense » dans le but de « fournir une
assistance militaire aux autorités civiles y compris des
opérations de gestion des conséquences »,
selon Rumsfeld.
On a conféré
à NORTHCOM la
responsabilité des États-Unis, du Canada et du Mexique,
ainsi que des régions des Caraïbes, y compris la
Jamaïque et Porto Rico, et les eaux contigües des
océans Atlantique et Pacifique dans un rayon de 500 milles
des côtes de l'Amérique du Nord. Pour sa part, USSOUTHCOM
exerce son contrôle sur
l'Amérique centrale et sur l'Amérique du Sud.
Des discussions secrètes ont eu lieu
en 2013 dans le but de « pleinement intégrer les
forces militaires » des États-Unis et du Canada. Les
réunions pour un « programme de forces
intégrées Canada-États-Unis » ont eu
lieu « aux échelons supérieurs avec l'ancien chef
d'état-major de la Défense, le général Tom
Lawson, et le
président des chefs d'état-major conjoint des
États-Unis, le général Martin Dempsey (aujourd'hui
à la retraite), et en de ‘nombreuses occasions' ils ont
discuté de la possibilité de mettre en oeuvre des ‘forces
pleinement intégrées' ». Selon la CBC :
« Les préparatifs furent délibérés et
soutenus et ont eu lieu aux échelons supérieurs des
deux forces. » Manifestement, « leurs efforts ont
éventuellement été suspendus pour ensuite se
concentrer sur l'amélioration de
l'interopérabilité des deux forces ».[2]
Lawson, un général de l'Armée de
l'air, était anciennement commandant adjoint du NORAD du
juillet 2011 à août 2012. En 1988, Lawson
avait été promu major et envoyé à
Montgomery en Alabama au United-States Air Force Air Command and Staff
College. En 2000, il était diplômé du United
States Air Force
Air War College.[3]
Une entente inégale a été
signée en décembre 2002 dans le contexte de
l'hystérie suivant les attentats du 11 septembre et elle
autorise les troupes étasuniennes à entrer au Canada pour
répondre à une « menace, attaque ou urgence
civile » affectant de l'infrastructure essentielle ou pour
protéger des « cibles potentielles »
telles que des centrales nucléaires ou des oléoducs ou
gazoducs. De surcroît, des ententes en vertu de l'Accord sur le
statut des forces (SOFA) de l'OTAN et du Visiting Warships Act
accorde l'immunité contre toute accusation criminelle au
personnel militaire étasunien et étranger au Canada.
L'examen de la politique de défense
précurseur de la « nouvelle politique de la
défense » des libéraux de Trudeau a mis
l'accent sur l'équipement de l'armée et s'il était
adéquat sans parler de l'objectif de l'armée et de qui
elle sert. Cette approche est conforme à celle établie
par les libéraux sous Chrétien en 1994-1995 qui ont
eux aussi examiné la politique étrangère et de la
défense sans remettre en cause le fait que le Canada est membre
de l'OTAN et du NORAD. Depuis ce temps, les gouvernements respectifs
ont tous été des gouvernements proguerre qui ont de
façon systématique placé l'armée canadienne
sous le contrôle direct de l'armée et des agences de
renseignement et du bellicisme des États-Unis. L«
'interopérabilité » est l'un des mantras qui
sert cet objectif perfide.
Oui à la
souveraineté, non à l'annexion !
Canada, hors de l'OTAN !
Il faut démanteler l'OTAN et NORAD !
Faisons du Canada une zone de paix !
Notes
1. « Northern Command To Assume Defense
Duties October 1 », American Forces Press
Service, 25 septembre 2002
2. James Cudmore, « Canadian Military
Explored Plan to Fully Integrate Forces with U.S. », CBC
News, 30 septembre 2015
3. Biographie : T. J. Lawson, CMM, CD Forces
canadiennes. NORAD.
Le sommet de l'OTAN avance le
renforcement militaire en Europe
Le « partage du fardeau et la lutte au
terrorisme » impérialistes accroissent le danger de
guerre
Le 24 mai dernier, le jour où les chefs d'État et de
gouvernement des pays de l'OTAN arrivaient en Belgique, 10 000
personnes ont marché dans les rues de Bruxelles à l'appel
des étudiants.
Les 24 et 25 mai, le premier ministre Justin
Trudeau a pris part au Sommet de l'OTAN à Bruxelles, en
Belgique, où l'organisation a son siège social. La
rencontre, qui coïncidait avec l'ouverture d'un nouveau quartier
général de l'OTAN en construction depuis
décembre 2010, a exposé l'aiguisement des
contradictions
entre les atlantistes européens, du côté
desquels s'est rangé le Canada, et le gouvenrement Trump qui
veut forcer les pays de l'OTAN à financer ses
préparatifs de guerre.[1]
Malgré les contradictions entre les pays
membres, tous se rallient en pratique à l'appel des
États-Unis d'augmenter les capacités militaires de
l'Europe.
Prenant la parole à Bruxelles le 25 mai, le
président américain Donald Trump a décrit sa
mission comme suit : « L'OTAN du futur doit se concentrer
sur le terrorisme et
l'immigration, ainsi que sur les menaces de la Russie et les
frontières à l'est et au sud de l'OTAN. »
Les États-Unis ont réussi dans ce sens
à faire du « terrorisme et partage du fardeau »
le thème de la rencontre. Cela veut dire obtenir la
participation officielle de l'OTAN à la mission
américaine en Irak et en Syrie et dans d'autres initiatives
dites de « lutte au terrorisme » ainsi qu'à
l'intensification des préparatifs de guerre et à
l'augmentation des dépenses militaires des pays de l'OTAN pour
atteindre la cible fixée par les États-Unis,
soit 2 % du produit intérieur brut (PIB) de chaque
pays.
Le Canada a répondu à cette demande en
annonçant une nouvelle politique de la défense le 7
juin qui prévoit une augmentation de 70 % de ses
dépenses militaires au cours des dix prochaines années,
pour se situer à 1,4 % du PIB. Le Canada consacre
présentement 1 % de son PBI à ses forces
armées, sans toutefois comprendre les dizaines de milliards de
dollars présentement alloués à l'achat de
nouvelles armes et de nouveaux véhicules.
Tous les pays de l'OTAN sont officiellement d'accord
avec la demande d'augmenter leurs dépenses militaires
jusqu'à 2 % du PIB depuis 2014 et ils ont
réitéré cet engagement plusieurs fois. À
cet égard, ils se sont engagés à «
définir chaque année des plans nationaux afin d'augmenter
progressivement leurs dépenses en
matière de défense ». Ces plans comprendront
trois volets : « moyens, capacités et
contributions », a expliqué le secrétaire
général de l'OTAN Jens Stoltenberg. Il a ajouté
qu'en 2015 tous les pays membres avaient cessé de
réduire leurs dépenses militaires et qu'en 2016 les
dépenses militaires totales pour l'Europe et
le Canada ont augmenté de milliards de dollars. Les plans
nationaux annuels servent à « maintenir
l'élan », a-t-il dit.
Chaque pays doit compléter son plan annuel d'ici
décembre et doit dire comment il entend atteindre la cible
du 2 % du PIB, dont 20 % doit servir à
l'achat d'« équipements majeurs ». Les plans
nationaux doivent comprendre le financement de capacités
militaires clés et chaque pays doit dire comment il entend
contribuer aux missions, opérations et autres engagements de
l'OTAN.
La réunion de l'OTAN a également
été l'occasion d'annoncer que le
Monténégro, ancienne république yougoslave, est
officiellement le 29e membre du bloc militaire.
Note
1. Le Larousse définit l'«
atlantisme » comme suit : « Attitude politique de
ceux qui font du pacte de l'Atlantique Nord la base et le principe de
leur action et qui s'alignent sur la politique des États-Unis au
nom même de ces principes ».
Basse manoeuvre pour justifier l'augmentation des
dépenses militaires
- Charlie Vita -
À Bruxelles le 24 mai 2017
Une controverse a éclaté au Sommet des
dirigeants de l'OTAN à Bruxelles les 24 et 25 mai
après l'allocution du président américain Donald
Trump à l'inauguration de deux monuments au nouveau quartier
général de l'OTAN, le premier commémorant
les attentats du 11 septembre 2001 et le deuxième
dédié à l'article 5 de la Charte de l'OTAN
concernant la défense mutuelle. L'incident et la réaction
des pays membres ont démontré qu'en dépit de la
rivalité au sein des cercles dirigeants et des
entreprises privées du secteur de la défense et du
renseignement alliés à des intérêts
impérialistes rivaux, ils sont de mèche pour ce qui est
d'agir au détriment des peuples du monde.
Selon les rapports de presse, M. Trump n'a pas
prononcé le passage suivant de son discours écrit :
« Nous affrontons plusieurs menaces, mais je suis ici avec
vous avec un message clair : l'engagement des États-Unis
envers l'alliance de l'OTAN et son article 5 est
inébranlable. » Qu'il soit intentionnel ou pas, cette
omission concernant l'article 5 est un écart par rapport
à la coutume : les présidents américains font
toujours une mention spéciale de cette clause lorsqu'ils
s'adressent à leurs alliés de l'OTAN.
L'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord
qui établit l'OTAN, signé à Washington le 4
avril 1949, stipule que « les parties conviennent
qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles
survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera
considérée comme une attaque dirigée contre toutes
les parties ». Les parties conviennent que dans le cas d'une
telle attaque, elles prendront aussitôt,
« individuellement et d'accord avec les autres parties,
telle action qu'elles jugeront nécessaires, y compris l'emploi
de la force
armée, pour rétablir et assurer la sécurité
dans la région de l'Atlantique Nord ».
L'article 5 a été invoqué une seule fois,
soit par les États-Unis suivant les attentats terroristes
du 11 septembre 2001. L'OTAN a entrepris huit missions
officielles en
rapport avec l'article 5.
Les médias monopolisés, des analystes et
des représentants de gouvernement ont sonné l'alarme,
disant que l'absence de mention de l'article 5 dans le discours de
Trump signale une nouvelle attitude des États-Unis. On a tout de
suite laissé entendre que les pays membres de l'OTAN ne
pouvaient plus désormais compter sur les États-Unis pour
se défendre en cas d'attaque et devaient dorénavant
prévoir se défendre seules. Par la suite, le
secrétaire à la Défense de l'administration Trump,
James Mattis, le conseiller à la sécurité
nationale
H.R. McMaster et d'autres représentants de la Maison Blanche ont
réitéré que les États-Unis continuent
d'adhérer à l'article 5.
La suggestion que les pays de l'OTAN ne pourraient pas
compter sur le soutien des États-Unis en cas d'attaque s'est
avérée une manoeuvre cynique. Elle est maintenant
invoquée par le Canada, l'Allemagne et d'autres pour justifier
précisément ce que les États-Unis
demandaient :
l'augmentation des dépenses militaires. En effet, Trump a
lui-même utilisé l'occasion de son intervention à
la réunion de l'OTAN pour réitérer que les pays
membres doivent accroître le financement des préparatifs
de guerre.
« Vingt-trois des 28 pays membres ne
paient toujours pas ce qu'ils devraient payer » et
« doivent des sommes massives », a dit Trump.
« Nous devons reconnaître qu'avec ce sous-financement
chronique et les menaces croissantes, même la cible
de 2 % du PIB est insuffisante pour réduire les
manques à gagner dans la modernisation, l'état de
préparation et la grosseur des effectifs. Deux pour cent est le
minimum absolu pour affronter les très réelles et
nombreuses menaces d'aujourd'hui. »
La réponse du Canada est dans le discours
belliciste de la ministre des Affaires étrangères
Chrystia Freeland à la Chambre des communes le 6 juin.
« Pourquoi dépensons-nous des milliards de dollars
dans la défense nationale si nous ne sommes pas directement
menacés ? », a-t-elle demandé. À
cette question trompeuse elle a répondu en faisant
référence au changement climatique, aux guerres civiles,
à la pauvreté, à la sécheresse et aux
catastrophes naturelles et dit que le Canada dépense des
milliards
de dollars pour son armée à cause « de la
dictature en Corée du Nord, des crimes contre l'humanité
en Syrie, des extrémistes monstrueux de Daech ainsi que de
l'aventurisme militaire et de l'expansionnisme de la
Russie » qui « présentent toutes des
menaces
stratégiques claires » pour ce qu'elle appelle le
monde libéral démocratique.
Reprenant la controverse sur l'absence de mention de
l'article 5 de la Charte de l'OTAN dans le discours de Trump, la
ministre a dit : « C'est pourquoi il est si clairement
nécessaire de faire notre juste part. [...] C'est en faisant
notre part dans ce partenariat et dans tous nos partenariats
internationaux que nous
avons du poids. » Elle est même allée
jusqu'à laisser entendre que le militarisme du Canada a pour but
de faire en sorte que le Canada ne devienne pas un
« État client » des États-Unis et
« qu'une telle dépendance ne serait pas dans
l'intérêt du Canada ». Elle a conclu en
disant : « Il ne peut pas y avoir de signe plus clair
que l'OTAN et l'article 5 sont au coeur de la politique de
sécurité nationale du Canada. »
Les médias canadiens ont qualifié le
discours de la ministre Freeland de « radical »,
« rebelle », « axé fortement
sur les principes » et de rejet « des politiques
nationalistes de Trump », une « rebuffade
à l'isolationnisme de Trump », « un doigt
dans l'oeil de Trump » et un « virage majeur en
termes de politique ». La ministre a eu droit aux
applaudissements de l'élite dominante du Canada pour son
habileté à présenter l'exécution
fidèle des demandes de l'impérialisme américain
comme une rébellion contre les dirigeants des États-Unis,
voire comme une « défense de la
souveraineté » du Canada.
Cette « controverse » a aussi
été reprise par l'Allemagne et d'autres membres du
soi-disant camp des atlantistes qui prétendent maintenant que
pour s'opposer à Trump les autres puissances de l'OTAN doivent
appliquer fidèlement sa demande de hausser les dépenses
pour
les préparatifs de guerre.
Mis à part le fait que l'OTAN aurait dû
être démantelée quand le prétexte officiel
de son existence (la « menace communiste »
incarnée par l'Union soviétique) est disparu, son
expansion au-delà des frontières de l'Atlantique Nord
depuis l'a
plongée dans la crise et a accru le danger de guerre.
Malgré la disparition de sa raison d'être
antérieure, l'OTAN continue de ramener les pays limitrophes de
la Russie sous le contrôle américain et de préparer
les conditions d'un conflit meurtrier. De nouveaux prétextes
comme
l'hystérie au sujet de l'« expansionnisme
russe » et la « défense de la
démocratie » servent maintenant à justifier
l'escalade des préparatifs de guerre partout en Europe.
L'histoire a prouvé au-delà de tout doute
que l'OTAN est une alliance militaire agressive. Or, les arrangements
passés qui plaçaient les puissances européennes
sous le bâton des États-Unis, comme avec l'article 5
de la charte de l'OTAN, n'ont pas réussi à faire de
l'OTAN le seul gendarme du monde. Ces arrangements sont en crise
également. Quand les arrangements de
l'après-Deuxième Guerre mondiale en vertu desquels le
Conseil de sécurité de l'ONU devait être l'unique
arbitre sur toutes les questions relatives à la guerre et
à la paix ont
cessé de fonctionner, la tentative de faire de l'OTAN l'unique
gendarme du monde a également échoué à
cause des rivalités dans les rangs des impérialistes et
de leurs agences du renseignement et intérêts financiers
et militaires. On le voit aujourd'hui dans l'aiguisement des
contradictions entre les États-Unis et l'Allemagne et
l'idée d'une « parité » avec les
États-Unis avec l'unification des forces armées
européennes.
L'administration Trump a choisi une autre voie :
faire fi de tout État de droit, même en apparences, et du
soi-disant ordre international basé sur des règles que
prétendent défendre la ministre Freeland et les autres
« atlantistes ». L'administration Trump s'attend
à ce qu'ils se soumettent aux demandes américaines sous
peine d'être plongés dans une guerre nucléaire.
D'autres, comme l'Allemagne et le Canada, cherchent
désespérément à donner à leurs
préparatifs de guerre une apparence de légalité et
de
légitimité en les présentant comme humanitaires et
bénéfiques pour l'économie. Quel que soit le
prétexte, la rivalité et la collusion entre les
puissances impérialistes posent de graves dangers pour les
peuples du monde.
Annonces sur la présence militaire des
États-Unis en Europe et la création d'une « cellule
de renseignement sur le terrorisme »
En dépit du subterfuge américain sur
l'article 5, à la veille de la réunion de l'OTAN, le
gouvernement des États-Unis a annoncé qu'il
contribuerait 4,8 milliards $ à l'« Initiative
de réassurance européenne », un fonds
militaire spécial visant à « assurer une protection
contre l'agression russe ». L'argent servira
à accroître la présence de troupes
américaines, à l'infrastructure militaire et aux
exercices de guerre en Europe.
Le secrétaire général de l'OTAN,
Jens Stoltenberg, a dit qu'il s'agissait d'une augmentation
de 40 % du financement de la présence militaire
américaine en Europe et que cette mesure signifie « plus
de présence militaire des forces américaines, plus
d'exercices, plus d'équipement, plus de formation, plus
d'approvisionnements
prépositionnés, plus d'armes, de munitions et
d'investissements en infrastructure ». Il a
ajouté : « Ainsi, après de nombreuses
années d'un déclin de la présence militaire des
États-Unis en Europe, nous constatons que pour la
première fois depuis longtemps il y aura une
augmentation. »
Le major général de l'Armée de
l'air David W. Allvin a dit aux médias que cette augmentation
assurerait aussi une plus grande « présence militaire
rotative sur le théâtre des opérations
européen capable de dissuader et, si nécessaire, de
réagir à toute menace régionale »,
ainsi qu'une « installation stratégique
d'équipements sur tout le
théâtre des opérations », ce qui veut
dire la présence plus grande d'armes lourdes et de destruction
de masse partout en Europe.
Le secrétaire général a fait
l'annonce suivante : « L'OTAN deviendra un membre à
part entière de la Coalition mondiale de lutte contre
l'État islamique dirigée par les États-Unis,
dont 28 pays alliés sont déjà
membres ». Stoltenberg a dit que l'OTAN ne «
participera pas aux opérations de combat en Irak et en
Syrie ».
Cette annonce qui a été hautement
médiatisée omet de dire que l'OTAN n'a pas sa propre
force militaire mais compte sur la participation de ses pays membres
qui sont déjà presque tous engagés militairement
dans la mission des États-Unis en Irak et en Syrie. L'OTAN
fournira donc un nouvel appui direct.
Lors de la réunion il a été aussi
décidé que l'OTAN créerait une « cellule de
renseignement
sur le terrorisme au sein de notre nouvelle Division de renseignement
» qui permettra un
échange d'informations entre pays membres de l'OTAN y compris
sur ce qu'on appelle « les
ressortissants étrangers qui luttent avec l'État
islamique »
Bellicisme de Trump au
Moyen-Orient
La stratégie de diviser pour régner de
l'administration américaine
- Sam Heaton -
Manifestation lors du passage de Trump en Palestine le 23 mai 2017
Les 20 et 21 mai dernier, le président
américain Donald Trump a visité l'Arabie saoudite
à l'occasion de son premier voyage à l'extérieur
des États-Unis depuis son assermentation. Après l'Arabie
Saoudite, Trump a visité la Palestine occupée et le
Vatican. Il a ensuite assisté aux réunions de l'OTAN et
du G7 respectivement
tenues à Bruxelles, en Belgique et en Sicile, en Italie. Selon
le conseiller en sécurité nationale de Trump, H. R.
McMaster, le voyage a visé à « réaffirmer le
leadership mondial de l'Amérique ».
Depuis 1974, à l'époque de la
présidence de Gerald Ford, les premiers voyages effectués
par les chefs d'État américains ont été au
Canada, au Mexique ou en Grande-Bretagne. Cependant, c'est bien connu
que toute visite d'État de Trump dans l'un des trois pays
entraînerait des manifestations monstres et des
dénonciations des
gouvernements hôtes.
Depuis sa création,
le royaume de l'Arabie saoudite n'a pas seulement été un
avant-poste britannique
et américain dans la région mais il est largement
accusé d'appuyer ouvertement et secrètement le terrorisme
dans le monde entier.[1] Il
joue également un rôle clé dans le blocus et la
guerre criminels
appuyés par les États-Unis et la Grande-Bretagne contre
le Yémen, ce qui a provoqué une famine dans ce pays et la
mort de plus de 10 000 civils. Malgré un
appui massif aux groupes terroristes en Syrie et aux innombrables
crimes qui en ont résulté, l'Arabie saoudite et les
États-Unis ont été incapables d'atteindre leurs
objectifs de
changement de régime en Syrie en utilisant leurs forces
mandatées. À cet égard,
la visite de Trump a constitué un encouragement à une
action militaire directe du royaume saoudien et d'autres sous la
direction des États-Unis.
Trump a profité de l'occasion pour consolider
les relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite au
détriment des peuples du Moyen-Orient. Il s'agissait notamment
de signer des accords sans précédent pour de l'armement,
d'établir de nouveaux arrangements militaires entre les
monarchies soutenues par les États-Unis dans la région et
promouvoir la politique de diviser pour régner contre les pays
et les peuples de la région. Malgré le rôle bien
connu des États-Unis et de l'Arabie saoudite dans le parrainage
du terrorisme, Trump a utilisé son voyage au Moyen-Orient pour
cibler l'Iran, la Syrie et les mouvements de résistance, y
compris en Palestine, et les accuser faussement de
terrorisme. L'Iran a été désigné comme la
principale source de terrorisme et d'insécurité dans la
région.
La promotion de la coopération
sioniste-saoudienne
contre la résistance des peuples
Les 22 et 23 mai,
Trump s'est rendu à
Jérusalem en Palestine occupée où il a
rencontré le
président et le premier ministre israéliens ainsi que le
président de l'Autorité palestinienne. Quelques heures
après avoir atterri en Israël, Trump a visité un
quartier de Jérusalem qui a été sous
occupation illégale depuis 1967 et qui n'est pas
reconnue comme faisant partie d'Israël.
C'était la première fois qu'un président des
États-Unis visitait le site. Trump est arrivé en
Israël par le premier vol direct entre l'Arabie saoudite et
Israël.
Trump a appelé à une collaboration accrue
entre les Saoudiens et les Israéliens contre les pays et les
peuples qui ne sont pas soumis aux États-Unis, et il a
agité le spectre de l'Iran. « Il y a une prise de
conscience croissante parmi vos voisins arabes qu'ils ont une cause
commune avec vous face à la menace posée par
l'Iran », a déclaré
Trump. « Ce qui s'est passé en ce qui concerne l'Iran a
poussé beaucoup d'autres parties du Moyen-Orient vers
Israël. » Il a également déclaré
que, sous son administration, l'Iran ne serait pas autorisé
à obtenir des armes nucléaires, faisant
référence à la « menace » sans
fondement qui est utilisée pour justifier les sanctions et
d'autres
mesures prises par le passé contre l'Iran.
La mise en place d'un plan
américano-saoudien-israélien
L'Arabie saoudite et ses alliés régionaux
ont ciblé une des monarchies du Golfe, le Qatar, pour sa
prétendue coopération avec l'Iran et son appui aux
mouvements de résistance palestiniens que les saoudiens et les
sionistes déclarent être du terrorisme. Le 5 juin,
l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis,
l'Égypte et d'autres ont
mis fin à tous les liens diplomatiques ainsi qu'à toute
circulation terrestre, aérienne et maritime avec le Qatar et lui
ont imposé un blocus économique.
Le président américain Trump a rapidement
pris tout le crédit pour ce développement, disant qu'
« il est vraiment bon de voir que la visite en Arabie saoudite,
avec ce geste du roi et de 50 pays, rapporte déjà
des fruits ». Le 6 juin, lors d'un discours
prononcé à Paris, le ministre saoudien des Affaires
étrangères, Adel
al-Jubeir, a demandé au Qatar de mettre fin à son appui
à l'organisation de résistance palestinienne Hamas. Le
Qatar abrite une base aérienne américaine qui comprend
plus de 8 000 soldats.
Puis, le 7 juin, 17 personnes ont
été tuées et 52 personnes blessées
dans deux attaques terroristes contre l'Iran que l'État
islamique a
revendiquées. Une des attaques a été
perpétrée contre le mausolée de feu l'Imam
Khomeini. L'autre, menée par un tireur armé et un
kamikaze, a été perpétrée contre le
Parlement iranien
(Majlis) alors qu'il était en session. L'attaque a eu lieu moins
d'un mois après la réélection du président
iranien Hassan Rouhani. Selon les médias, c'était la
première attaque terroriste à l'intérieur de
l'Iran en une décennie. La Maison-Blanche a émis une
déclaration menaçante du président Trump :
« Nous sommes attristés et nous prions
pour les victimes innocentes des attaques terroristes en Iran et pour
le peuple iranien qui traverse des moments très difficiles. Nous
soulignons que les États qui parrainent le terrorisme risquent
d'être victimes du mal dont ils font la promotion. »
Le 2 juin, le New York Times a
rapporté que la CIA a nommé Michael D'Andrea pour diriger
son centre de mission iranien. Selon le rapport, D'Andrea a
été une figure importante du programme de
détention et de torture de l'après 11 septembre, a
organisé des attaques terroristes qui ont visé des
groupes de résistance en
Syrie et a supervisé plus tard la guerre des drones du
président Obama au Pakistan et au Yémen.
Note
1. Peu de temps après la visite de Trump, les
médias britanniques ont signalé que le bureau de
l'Intérieur du gouvernement britannique a supprimé un
rapport sur le financement étranger des
groupes soi-disant djihadistes concentrés en Arabie saoudite.
Comme les États-Unis et le
Canada, la Grande-Bretagne a considérablement augmenté
ses ventes d'armes à l'Arabie
Saoudite.
Des accords qui ciblent la résistance au
colonialisme, à l'impérialisme et à l'occupation
- Hilary LeBlanc -
Pour cibler les peuples du Moyen-Orient et leurs
mouvements politiques, Trump et le roi saoudien, Salman bin Abdulaziz
Al Saud ont signé le 20 mai « une vision
stratégique conjointe » pour « entreprendre de
nouvelles initiatives pour contrer le message extrémiste
violent, perturber le financement du terrorisme et faire
progresser la coopération en matière de
défense ». Un « Groupe stratégique
conjoint consultatif » a été
créé pour mettre en oeuvre « le partenariat
stratégique » entre les États-Unis et l'Arabie
saoudite.
Un accord de 460 milliards $ a
été signé pour des ventes d'armes pendant dix ans
par les États-Unis à l'Arabie saoudite, dont 110
milliards de dollars sont alloués immédiatement. Selon
les médias, l'Arabie saoudite va acheter des navires de combat
dits « Littoral Combat Ships » (pour des
opérations près des côtes
susceptibles de renforcer le blocus naval actuel du Yémen par
l'Arabie saoudite ainsi que le contrôle des routes maritimes
stratégiques autour de la mer Rouge et du golfe d'Aden), des
systèmes de défense antimissile THAAD, des chars
d'assaut, des véhicules blindés de transport de troupes,
des missiles, des bombes et des munitions, des systèmes
de communication et de la technologie en cybersécurité.
Ce nouvel accord devrait augmenter de cent fois les achats annuels
saoudiens d'armes provenant des États-Unis.[1]
Trump a prétendu que l'accord « est un
appui à la sécurité à long terme de
l'Arabie saoudite et de la région du Golfe face à une
influence iranienne grandissante et aux menaces liées à
l'Iran ». L'accord sur les armes va également «
renforcer la capacité du royaume à assurer sa propre
sécurité et à continuer de contribuer aux
opérations
de lutte contre le terrorisme dans toute la région, ce qui
réduit le fardeau des forces militaires
américaines », a déclaré Trump.
Trump a affirmé que
l'Iran a été
derrière tous les actes de « terrorisme » dans
la région, qu'il a assimilé aux mouvements de
résistance contre l'occupation israélienne Hezbollah au
Liban et Hamas en Palestine. Parlant aux représentants du
Bahreïn, du Koweït, d'Oman, du Qatar, de l'Arabie saoudite et
des Émirats arabes unis, Trump a
dit : « Aucune discussion sur l'élimination du
terrorisme et de l'extrémisme ne serait complète sans
mentionner le gouvernement qui fournit aux terroristes les trois
ingrédients, un refuge sécuritaire, un soutien financier
et une situation sociale nécessaire au recrutement. C'est un
régime qui est responsable de tant d'instabilité dans la
région. Je
parle bien sûr de l'Iran ».
« Du Liban à l'Irak en passant par le
Yémen, l'Iran finance, arme et forme des terroristes, des
milices et d'autres groupes extrémistes qui répandent la
destruction et le chaos dans toute la région. Pendant des
décennies, l'Iran a alimenté le feu des conflits
sectaires et la terreur. »
« Jusqu'à ce que le régime iranien
soit disposé à être un partenaire pour la paix,
tous les pays de conscience doivent oeuvrer ensemble pour isoler
l'Iran, lui nier le financement servant le terrorisme et prier pour le
jour où les Iraniens auront le gouvernement juste et vertueux
qu'ils méritent. »
Les États-Unis et l'Arabie saoudite ont en outre
annoncé leur intention d'établir au sein des pays du
Moyen-Orient, une « structure de sécurité
régionale intégrée » où les
forces militaires et de sécurité des monarchies du Golfe
et d'autres États appuyés par les États-Unis sont
placées sous le contrôle conjoint
américano-saoudien pour les
déployer contre les peuples de la région.
Pour soutenir ces objectifs
sinistres, deux autres
institutions de « sécurité » ont
été mises en place lors de la visite. Un « Centre
qui cible le financement du terrorisme » sera
coprésidé par les États-Unis et l'Arabie saoudite,
auxquels doivent se joindre tous les membres du Conseil de
coopération du Golfe. Un « Centre mondial
pour lutter contre l'idéologie extrémiste » a
également été établi. Les deux seront
basés à Riyad, en Arabie saoudite. Trump et le roi
saoudien ont également annoncé une plus grande
coopération entre la « coalition mondiale contre
l'EI » dirigée par les États-Unis et «
l'Alliance militaire islamique pour lutter contre le
terrorisme » dirigée par les Saoudiens.[2]
Pour saper la résistance à l'occupation
sioniste, qui a eu le dessus lors de l'invasion israélienne du
Liban en 2006, les États-Unis et l'Arabie saoudite ont
annoncé qu'ils vont soutenir l'État libanais dans le
« renforcement de sa souveraineté sur l'ensemble de son
territoire, le désarmement des organisations terroristes comme
le Hezbollah
et le contrôle légitime de toutes les armes par
l'armée libanaise ».
En plus de la signature d'accords militaires et de
vente d'armes, de nombreux accords commerciaux ont été
signés entre les monopoles américains et les entreprises
d'État saoudiennes.
Notes
1. Afin de pleinement apprécier l'ampleur
de l'accord d'achat d'armes par les Saoudiens, Valentin Katasonov a
écrit dans Strategic Culture Foundation qu' «
entre 2011 et 2015, les États-Unis ont vendu une
variété d'armes à l'étranger, pour une
valeur totale de 46,4 milliards $, ce qui représente
près du
tiers (32,8 %) de l'ensemble du marché international des
armes. Pendant ce temps, l'Arabie saoudite a été le plus
grand importateur d'armes au monde (presqu'exclusivement des
États-Unis), avec des achats totalisant 4,57
milliards $, ce qui représente en moyenne près
de 1 milliard $ par année.
2. L'Arabie saoudite a fondé «
l'Alliance militaire islamique pour lutter contre le
terrorisme » et l'annonce en a été faite la
première fois en décembre 2015 par le ministre
saoudien de la Défense Mohammad bin Salman Al Saud. L'alliance
compte 39 membres dont les Émirats arabes unis, la
Turquie, Bahreïn, le Bangladesh, la Tunisie, le Soudan, la
Malaisie, le Pakistan, l'Égypte et le Yémen. Le centre de
commandement conjoint de l'alliance est situé à Riyad et
compte parmi ses dirigeants l'ancien chef de l'armée
pakistanaise, le général Raheel Sharif. L'Iran, l'Irak et
la Syrie ne font pas partie de l'alliance.
17e anniversaire de la déclaration
conjointe nord-sud en Corée
Un mouvement déterminé du peuple
coréen
pour la réunification
- Yi Nicholls -
Réunion
publique
à
Toronto
Travaillons-tous
à
la
paix
et
à
la réunification
dans la péninsule coréenne
Samedi
17
juin
—
14
h à 17 h
Salle 2214, Ontario
Institute for Studies in Education, rue 252 Bloor ouest
Orateurs : Hack Pil
Chung et Philip Fernandez
Participez à
cette réunion publique pour marquer le 17e anniversaire de la
déclaration conjointe historique du 15 juin 2000 entre la
République populaire démocratique de Corée (RPDC)
et la République de Corée (ROC) qui a ouvert la voie
à près de dix ans d'établissement de relations, de
paix et de stabilité dans la péninsule coréenne.
Informez-vous des développements récents et discutez du
besoin de faire en sorte que les Canadiens soient un facteur de paix et
que la Corée soit réunifiée pacifiquement.
Pour
plus
d'informations
et
annoncer
votre
participation : (647) 907-7915 ou
corfedca@yahoo.ca Organisé par le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) et la Fédération
coréenne du Canada
Piquet contre les préparatifs de
guerre américains sur la péninsule coréenne
Mercredi 14
juin - 17 h à 18 h
Station de métro Christie (Christie et Bloor)
|
|
Le 15 juin 2017 est le 17e anniversaire
de la signature de la Déclaration conjointe nord-sud du 15
juin entre la Corée du nord et la Corée du sud.
C'était là un moment historique qui a donné
élan et espoir au mouvement du peuple coréen pour la
réunification de son pays divisé, une
réunification qu'il désire
ardemment.
Le dirigeant de la RPDC Kim Jong-Il (à droite) et le
président sud-coréen d'alors Kim Dae-jung lors du sommet
historique des
deux Corées le 15 juin 2000
|
La Corée a été divisée par
les États-Unis par la force des armes après la
Deuxième Guerre mondiale et les États-Unis ont maintenu
cette division jusqu'à aujourd'hui. Si les États-Unis
mettaient fin à leur occupation de la Corée du sud et si
le peuple coréen était laissé à
lui-même pour régler ses propres problèmes sans
ingérence étrangère, le
pays en entier se tournerait vers la réunification. C'est ce que
ne vont pas permettre les États-Unis et des pays comme le Canada
qui lui-même a participé à la Guerre de
Corée. Si les États-Unis refusent de conclure un
traité de paix depuis ce temps, c'est pour empêcher que le
peuple coréen exerce sa volonté souveraine et
établisse des institutions
qui la reflètent vraiment.
Les États-Unis ont divisé la Corée
le long du 38e parallèle afin d'imposer leurs
intérêts géopolitiques impérialistes durant
la période de la Guerre froide. La Corée devait devenir
un tremplin pour les guerres d'agression des États-Unis contre
la Chine et la Russie tandis que le peuple coréen dans ce
contexte allait servir de chair à canon.
Le sud de la Corée a d'abord été occupé par
le gouvernement militaire de l'armée américaine en
Corée de 1945 à 1948 pour faire en sorte que
les États-Unis prennent le contrôle des usines, des mines
et d'autres industries que les Japonais avaient
développées en Corée au service de leur propre
machine de guerre pendant la Deuxième
Guerre mondiale. Les États-Unis ont instigué la guerre de
Corée en 1950 pour étendre leur occupation sur toute
la Corée mais ce plan a été défait par le
peuple coréen uni derrière l'Armée populaire de
Corée qui a forcé les États-Unis à signer
l'Accord d'armistice de 1953.
Les États-Unis continuent de maintenir une
présence hostile dans la péninsule coréenne et
leur refus répété de signer un traité de
paix avec la République populaire démocratique de
Corée (RPDC) conformément aux termes de l'Accord
d'armistice qui avait mis fin aux hostilités de la Guerre de
Corée révèle leurs véritables intentions.
Non
seulement la signature d'un tel traité contribuerait-elle
à la paix et à la stabilité dans la
péninsule coréenne, mais elle contribuerait à
stabiliser la région, ce qui serait bénéfique
à la fois pour le peuple coréen et pour les peuples
d'Asie de l'Est et du monde. La signature d'un tel traité de
paix serait aussi un pas important vers la réunification
nationale.
Les États-Unis, de même que le Canada, le Royaume-Uni et
d'autres pays qui ont envahi la Corée en 1950 font tout
pour bloquer la réunification car ils craignent comme la peste
qu'une Corée réunifiée serait une importante
puissance économique, défendrait l'indépendance et
l'autodétermination de toutes les nations et de tous les peuples
et
sonnerait le glas de l'impérialisme anglo-américain.
Aujourd'hui, les États-Unis de même que le
Canada battent les tambours de guerre contre la RPDC dans le but de
garder le peuple coréen divisé et de maintenir les
troupes et les armes de destruction massive des États-Unis dans
le sud. Les États-Unis et le Canada propagent la
désinformation au sujet du système, du peuple et du
gouvernement
de la RPDC dans le but de saborder le mouvement pour la
réunification.
Le peuple coréen peut
faire des progrès
dans son désir de réunification de son pays aussi
longtemps que les deux côtés sont guidés par
l'esprit d'ouverture authentique et de coopération qu'on
retrouve dans la Déclaration conjointe du 15 juin. Lorsque
le gouvernement pro-américain de Lee Myung-bak a
accédé au pouvoir en Corée du sud en 2007,
les États-Unis ont réussi à
nouveau à entretenir un esprit d'hostilité dans les
relations nord-sud. Cette attitude hostile a aussi
caractérisé le gouvernement de Park Geun-hye qui est venu
au pouvoir en février 2013. La présidente Park, la
première femme présidente de la Corée du sud, a
été destituée en raison de sa
corruption généralisée. Elle est la fille du
dictateur anticommuniste et pro-américain Park Jung-hee qui a
régné sur la Corée du sud avec une main de fer
de 1961 à 1979 avant d'être assassiné par
un responsable de sa propre unité de sécurité. La
présidente Park était elle aussi hostile au mouvement
indépendant de réunification coréenne
et soutenait ouvertement que la Corée du sud devait forger des
relations économiques et militaires bilatérales fortes
avec les États-Unis. Elle a prolongé la
structure de commandement militaire conjoint
États-Unis-Corée du sud au-delà de
décembre 2015, en violation d'une entente antérieure
qui avait été conclue entre les États-Unis et
la Corée du sud. Elle a agi ainsi pour que le commandement reste
fermement entre les mains des États-Unis. Le gouvernement Park
est allé plus loin en acceptant que la Corée du sud
assume une plus grande part des coûts «
non-militaires » encourus par la présence militaire
des États-Unis en Corée du sud, ce qui représente
aujourd'hui 1,5 milliard $ US. Sous son régime, la
Corée du sud est devenue ce qui va être le plus grand
acheteur d'armes américaines des années à venir.
Le gouvernement Park a aussi intensifié ses efforts pour
criminaliser le mouvement de réunification coréenne en
vertu de la Loi sur la Sécurité nationale
anticommuniste
notoire introduite par les États-Unis en Corée du sud
en 1948.
Cette année cependant, sous le nouveau
gouvernement de Moon Jae-in, il y a des indications d'une
volonté de raviver les relations nord-sud. Le président
Moon a laissé entendre qu'il voulait rouvrir la Zone
industrielle de Kaesong qui a fonctionné pendant plus de dix ans
en tant que projet économique nord-sud conjoint à
avantage réciproque
jusqu'à ce qu'il soit mis aux rancarts de façon
unilatérale par le gouvernement Park en mars 2016. Le
nouveau gouvernement de Moon a jusqu'ici approuvé près de
dix requêtes d'organisations humanitaires désireuses de se
lier avec des organisations au nord et d'autres demandes sont en
attente d'approbation. Autre développement important,
cent membres du Comité sud-coréen pour la mise en oeuvre
de la Déclaration conjointe du 15 juin ont
été autorisés à se rendre à
Pyongyang pour célébrer le 17e anniversaire de la
Déclaration conjointe nord-sud. Il s'agit là de
développements positifs qui encouragent le peuple coréen
à travailler ensemble pour résoudre le problème de
la réunification de la Corée et arrêter le bras des
impérialistes américains.
Pour atteindre la réunification nationale il est
nécessaire de chasser les occupants impérialistes
américains de la Corée du sud. En dépit des
défis qu'il doit surmonter, le peuple coréen, comptant
sur la justice de sa cause, sur son unité politique et sur ses
propres efforts pacifiques, déploie fièrement la
bannière de la réunification nationale et
avance d'un pas ferme jusqu'à ce que celle-ci devienne
réalité.
Troupes américaines, hors de
Corée !
La Corée est une !
Nouvelle mission de l'ONU en Haïti
L'intervention et l'occupation impérialistes
sont la cause de l'instabilité et de l'insécurité,
pas la solution
- Enver Villamizar -
Le 11 avril, le Conseil de sécurité
des Nations Unies a tenu une session d'information sur la situation en
Haïti et a annoncé qu'un plan a été
adopté pour convertir la mission de maintien de la paix de l'ONU
en Haïti (MINUSTAH) en une nouvelle mission policière.
Sandra Honoré, représentante spéciale et chef de
la Mission de
stabilisation des Nations Unies en Haïti a informé le
Conseil des développements d'octobre 2016 et a
annoncé que la mission de maintien de la paix (MINUSTAH) qui
devait se terminer le 15 avril sera prolongée de six mois
et qu'une transition a commencé vers une nouvelle mission sous
un nouveau nom. La nouvelle force serait «
une plus petite opération de maintien de la paix axée sur
l'État de droit et le développement de la police ... [et]
la surveillance des droits de l'homme », a
déclaré Sandra Honoré. Selon un rapport du
secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, la
nouvelle force armée serait composée de près
de 300 agents de police de l'ONU pour «
soutenir la stabilité politique [et] la bonne gouvernance, y
compris la surveillance et la réforme
électorales ». La présence actuelle de troupes
d'occupation étrangères viole la constitution
d'Haïti qui interdit tout « autre corps
armé » que ses propres forces policières et
armées sur le territoire national.
Le représentant du Canada à la session
d'information du Conseil de sécurité a appuyé avec
enthousiasme le projet de transition. Marc-André Blanchard a
déclaré que les récentes élections
haïtiennes (à laquelle 2 % du million
d'électeurs inscrits a participé sur une population de
six millions de personnes ayant droit de vote) ont été
« l'occasion de faciliter la transition vers une nouvelle mission
des Nations Unies ». En d'autres termes, le Canada, les
États-Unis et la France, qui ont orchestré le coup
d'État contre le gouvernement démocratiquement élu
d'Haïti en 2004, ont obtenu le résultat qu'ils
souhaitaient avec cette élection et maintenant il est temps de
déplacer la mission. Sans tenir compte de la conduite notoire
des soi-disant pacificateurs en Haïti, et sans aucun sentiment de
honte, Bouchard a déclaré qu'une opération de paix
plus compacte et ciblée doit jouer un rôle clé dans
le renforcement des capacités de la Police nationale
haïtienne. Faisant fi des crimes de la police canadienne en
Haïti qui
ont été mis en lumière, en particulier contre les
femmes et les enfants, Bouchard a ajouté que la paix et la
sécurité dans la nation insulaire sont vitales pour tous
les Haïtiens, en particulier les femmes, les enfants et les plus
vulnérables. « Les progrès réalisés,
bien qu'indéniables, restent fragiles et
incomplets », a dit Bouchard, soulignant qu'ils
doivent être maintenus et consolidés grâce à
une transition efficace et responsable qui prendrait en compte la
situation sur le terrain. « Les prochains mois seront
décisifs dans la préparation et donc dans le
succès de cette transition », a-t-il dit.
En mars 2016, Le
Devoir rapportait que le
gouvernement Trudeau cherchait à prendre le commandement de la
mission de l'ONU en Haïti lorsqu'il devait être
prolongé en octobre de cette année.[1] Le refus des Haïtiens d'accepter
des élections frauduleuses tout au long de 2016 a
retardé les plans de « transition » vers une
nouvelle mission. Les remarques du Canada au Conseil de
sécurité indiquent que le Canada pourrait maintenant
chercher à se placer à la tête de la nouvelle
mission afin de s'ingérer encore plus dans les affaires internes
d'Haïti, y compris en réformant son système
électoral à un moment où le
système électoral du Canada est largement vu comme
antidémocratique et nécessitant un renouvellement en
profondeur. Le Canada a tardé à annoncer où il
engagera les quelque 600 soldats qu'il a dédié aux
« opérations de paix », tel qu'annoncé
peu après les élections fédérales
de 2015. Cet engagement était prétendument une
preuve d'un « retour au maintien de la paix », tandis
que l'élection de Donald Trump en tant que président des
États-Unis obligeait les libéraux à reporter les
annonces de l'endroit où ces soldats seraient envoyés.
Le Canada a formé et commandé la police
nationale haïtienne depuis la création de la force de la
MINUSTAH. Il travaille au sein du gouvernement haïtien qui
supervise la réforme du système judiciaire et finance de
nouvelles prisons. La « démocratie de l'escadron de la
mort » dans laquelle la GRC canadienne et d'autres forces
policières canadiennes ont formé d'anciens membres de
l'escadron de la mort en tant que policiers pour mener les mêmes
attaques contre les personnes a été la contribution du
Canada en Haïti. Il est inacceptable qu'un tel rôle soit
renforcé aujourd'hui. C'est le comble de l'hypocrisie que le
gouvernement Trudeau parle de son soutien aux réfugiés
alors que ses actions criminelles et les violations du droit
international en Haïti, en particulier sous le gouvernement
Chrétien et depuis, ont créé des milliers de
réfugiés et de personnes déplacées
d'Haïti. Plusieurs de ces réfugiés ont
été persécutés ou se sont vus
empêchés d'obtenir la citoyenneté au Canada en
raison de leur affiliation politique avec
le gouvernement démocratiquement élu en Haïti, que
le Canada a aidé à renverser. Que le gouvernement
canadien présente maintenant une participation de la police
canadienne comme moyen d'aider la démocratie d'Haïti est
inacceptable et ne doit pas passer. Le Canada doit plutôt payer
réparation aux Haïtiens et cesser de s'ingérer dans
leurs
affaires. Il faut également tenir responsable la police
canadienne qui a commis des crimes de nature sexuelle en Haïti et
veiller à ce que les victimes obtiennent réparation.
Les impérialistes cherchent à se
dégager
de leur responsabilité pour leurs crimes
Tandis que les Haïtiens connaissaient les crimes
commis contre eux par les forces de la MINUSTAH depuis des
années, les détails sont maintenant mis en lumière
à l'échelle internationale, alors que l'ONU cherche
à « passer » à une nouvelle mission.
Le 31 mars, il a été signalé que des
représentants des États-Unis savaient, à
partir du début de l'épidémie de choléra en
Haïti qui a tué plus de 10 000 personnes, que la
responsabilité incombait aux forces de l'ONU, qu'ils ont
tenté de contenir et détourner les informations à
ce sujet et ont empêché l'identification des responsables.[2]
Cela vient après l'admission en
décembre 2016 par l'ancien secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon, du rôle de
l'organisation dans la contamination de l'eau d'Haïti par le
choléra. En présentant des excuses, Ban a proposé
un plan pour mettre fin à l'épidémie. Les
États membres de l'ONU, y compris les États-Unis, ont
refusé de
fournir les 400 millions $ promis à cette fin.
Entre-temps, de la manière la plus hypocrite, les
États-Unis ont accusé de divers crimes sexuels des forces
militaires et policières qui servent avec la force d'occupation
de l'ONU, MINUSTAH, pour cacher le rôle décisif des
États-Unis dans la supervision de l'occupation et de la
répression
en Haïti.
Une enquête de l'Associated Press sur les crimes
commis par des Casques bleus de l'ONU dans le monde a
révélé que quelque 150 allégations
d'abus et d'exploitation par les soldats de la paix et autres
personnels de l'ONU ont été signalées en
Haïti seulement entre 2004 et 2016. Un rapport interne
de l'ONU a établi
que 134 soldats de la paix srilankais ont exploité neuf
enfants dans un cercle d'exploitation sexuelle de 2004
à 2007. Il a également signalé de nombreux
cas de viol et d'autres crimes sexuels commis par d'autres forces de
l'ONU. Cependant, les Nations Unies n'ont commencé
qu'en 2015 à documenter officiellement les
pays d'origine des soldats de l'ONU accusés de crimes. Ce
rapport et d'autres ont été cités par des
responsables américains pour détourner l'attention de
leurs propres crimes contre le peuple haïtien en demandant la
réforme du maintien de la paix de l'ONU comme prétendue
façon d'arrêter les violences sexuelles et les abus.
Notes
1. « Oppose Canada's Decision to Send Troops
to Haiti ! », TML Weekly, 26
mars 2016
2. Jonathan M. Katz, « What they knew, when
they knew it », Slate.com, 31 mars 2017
L'ingérence
antidémocratique du Canada dans les affaires du Venezuela
Un sous-comité parlementaire continue de
produire des prétextes pour un changement de régime
- Margaret Villamizar -
Piquet à Toronto le 2 juin 2017
Le 16 mai, le Sous-comité des droits
internationaux de la personne du Comité permanent des affaires
étrangères et du développement international s'est
réuni pour entendre des témoins parler de la «
détérioration de la situation au Venezuela ».
Une grande partie de la discussion a porté sur comment le Canada
peut contribuer à «
rescaper la démocratie » dans ce pays. La
réunion s'est tenue un jour après la publication d'une
lettre ouverte dans le Globe and Mail intitulée «
Le Canada peut contribuer à sauver la démocratie au
Venezuela ». L'auteur de cette lettre est Lilian Tentori,
qui représente une section des forces de l'opposition
liées aux États-Unis
qui appellent à une intervention internationale pour les aider
à effectuer un changement de régime au Venezuela.
Tintori
est la femme du criminel vénézuélien
Leopoldo Lopez, qui a participé au coup d'État
de 2002 et qui purge
présentement une peine pour incitation à la violence qui
a mené à la mort
de 43 personnes en 2014. Elle a été le
témoin principal à ce que
le comité a qualifié de session d'information sur la
situation des droits
humains au Venezuela. Elle était accompagnée de la
mère de Lopez et de son
avocat basé à Washington, DC, Jared Genser, et de
l'ancien député et ministre
libéral Irwin Cotler qui a été appelé
à mousser
la fausse affirmation à l'effet que Lopez est un «
prisonnier de
conscience ».
Dans la biographie de Genser sur le site web de la firme
d'avocats, on lit qu'il est un membre du Conseil des relations
étrangères. Plus tôt cette année le
directeur pour l'Amérique latine du Conseil des affaires
étrangères a témoigné devant le
Comité sénatorial des États-unis sur les affaires
étrangères et y a présenté une série
d'actions et de mesures que pourraient prendre les États-Unis
pour effectuer un changement de régime au Venezuela. [1]
« Sauver la démocratie » au
Venezuela
Personne au sous-comité n'a
fait remarquer qu'un
appel à des gouvernements étrangers à «
contribuer à sauver la démocratie au
Venezuela » est un appel à s'engager dans un
changement de régime, ce que le Canada ne doit pas faire.
Personne n'a dit que pour soutenir les droits humains
au Venezuela il faut mettre fin à l'ingérence
étrangère dans les affaires du Venezuela, laquelle
comprend le rôle sordide que le Canada a joué à
l'Organisation des États américains (OÉA) et ce
que fait le sous-comité lui- même. La discussion a
plutôt été centrée sur ce que le Canada peut
faire à l'OÉA pour servir plus efficacement la cause des
forces antidémocratiques putschistes avec lesquelles le
gouvernement Trudeau s'est associé. On en a vu les
résultats à la déclaration hostile que le Canada a
mise de l'avant contre le Venezuela de concert avec les
États-Unis, le Mexique, le Pérou et Panama, mais qu'ils
n'ont
pu faire adopter lors
de la Réunion consultative des ministres des Affaires
étrangères de l'OÉA le 31 mai dernier. [2]
En dépit de l'échec qu'il a subi à
cette réunion grâce au front uni des États
caribéens et de plusieurs États d'Amérique latine
et centrale qui ont défendu la dignité de leur pays face
aux chantages des États-Unis et aux tentatives de les acheter,
le Canada va vraisemblablement continuer à mettre de l'avant le
complot impérialiste de changement
de régime contre le Venezuela à l'Assemblée
générale de l'OÉA qui aura lieu à Cancun au
Mexique du 19 au 21 juin.
Quelle sorte d'étude ?
Il est intéressant de constater que
l'« étude » du sous-comité
en vue de recommandations au gouvernement Trudeau n'a
entendu que des personnes qui depuis 18
ans sont des opposants virulents au progrès social au Venezuela.
Non seulement les représentants du
gouvernement du Venezuela et des partis qui gouvernent n'ont-ils pas
été invités à témoigner mais la
myriade d'organisations représentant les ouvriers et les autres
collectifs du peuple vénézuélien qui font partie
depuis longtemps de la majorité qui appuie la Révolution
bolivarienne n'ont pas été jugées dignes
d'être entendues non plus.
Une fois que les travailleurs et le gouvernement
constitutionnel du Venezuela sont exclus, que reste-t-il au
sous-comité sauf les suppositions, les allégations et les
demandes de l'élite et des forces réactionnaires qui
n'ont cessé de paraître devant lui comme témoins.
En plus de cela, le comité est inondé d'opinions de
soi-disant experts qui sont
payés pour justifier la politique étrangère
toujours plus agressive du Canada et qui servent de conseillers au
sous-comité, l'aidant à décider « quoi faire
avec le Venezuela ».
Les députés canadiens doivent refuser de
se prêter aux manigances impérialistes contre les
pays et les peuples souverains que ce soit au nom des droits humains,
de la démocratie, de l'aide humanitaire ou de tout autre
soi-disant noble idéal. Ils se couvrent eux-mêmes et le
Canada de honte en dissimulant l'ingérence, la
déstabilisation
et le changement de régime qui sont les véritables
objectifs du Canada et de l'impérialisme américain au
Venezuela.
Notes
1. Pour de plus amples informations, lire «
Qui est derrière la tentative de coup du département
d'État américain au Venezuela ? », dans
le numéro du 3 juin 2017 du Marxiste-Léniniste
2. Lire «
Dénonçons le sale
rôle joué par le Canada ! Ne touchez pas au
Venezuela ! » dans le numéro du 22
avril 2017 du LML et «
La manigance
impérialiste est éventée à l'Organisation
des États américains » dans le numéro
du 3 juin 2017 du LML
Des forces canadiennes prennent part à des
exercices militaires américains près des
côtes du
Venezuela
Du 6 au 17 juin, des membres du personnel de
l'armée canadienne participent à l'Opération
Tradewinds, un exercice militaire dans les Caraïbes
parrainé par le U.S. Southern Command (USSOUTHCOM).
L'opération se déroule en deux phases : la
première du 6 au 12 juin à la Barbade et
l'autre du 13
au 17 juin à Trinité-et-Tobago.
Le ministère de la
Défense nationale
décrit l'opération Tradewinds comme « un exercice
multinational et interinstitutions d'interception maritime et de
sécurité terrestre mené par le USSOUTHCOM qui se
concentre sur la lutte au crime transnational organisé et
à la prestation d'aide humanitaire et de secours aux
sinistrés pour promouvoir la
collaboration en matière de sécurité
régionale. » Selon le ministère,
environ 90 marins et soldats canadiens vont participer à
cet exercice du USSOUTHCOM en
plus d'un navire de défense maritime côtière, le
NCSM Kingston. Le communiqué mentionne qu'une
équipe d'évaluation des désastres des Forces
canadiennes et d'Affaires mondiales Canada a également
été déployée et que l'équipe va
« s'entraîner à la réponse aux crises
humanitaires ».
En incluant les États-Unis, 20 pays
participent à l'exercice dont le Canada, la Grande-Bretagne, la
France, le Mexique et différents États des Caraïbes.
Environ 2500 militaires vont y participer.
Trinité-et-Tobago est situé tout
près des côtes du Venezuela. Ces exercices d'assistance
humanitaire et de secours aux sinistrés se tiennent près
du Venezuela au moment où les forces de l'opposition
alliées aux États-Unis cherchent à créer
l'anarchie et le chaos dans les rues, espérant dépeindre
une situation où le Venezuela serait «
ingouvernable » et où la population aurait un urgent
besoin « d'assistance humanitaire ».
En avril, le commandant en chef du USSOUTHCOM, Kurt
Tidd a dit que « la crise humanitaire grandissante au Venezuela
pourrait bien exiger une réponse
régionale ».
En novembre prochain, les États-Unis
participeront à des exercices conjoints avec le Brésil,
le
Pérou et la Colombie dans la région amazonienne du
Brésil qui a une frontière commune avec le
Venezuela. Les exercices comprendront l'installation d'une base
militaire temporaire à la triple frontière qui borde ces
pays. Les États-Unis ont été invités
à participer aux exercices par Michel Temer, le dirigeant du
Brésil placé au pouvoir en août par un coup
d'État appuyé par les États-Unis contre la
présidente élue Dilma Rousseff.
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